Ilan ne trouva rien à répondre à June lorsqu'elle dit que le chat serait un roi chez elle. Il rit doucement à l'imaginer avec Simba mais il n'alla pas plus loin que ça. Il n'avait aucun doute sur le fait qu'elle pouvait s'en occuper correctement, il lui faisait même confiance à ce niveau là, mais Ilan ne se sentait pas prêt à se séparer de ses animaux. Il aimait beaucoup ses chats, comme le reste de l'équipe d'ailleurs et tous s'en occupaient comme il le fallait. Mais il était certain que le jour où ils mettront les chats à adopter, il réserverait Simba pour elle. Après tous, ils semblaient bien s'entendre tous les deux et elle serait la parfaite maitresse pour lui.
"Je n'en doute pas" finit-il par répondre tout de même.
Puis vint les moments des présentations. A présent, il connait son identité et elle, connaissait la sienne. Ilan était réellement heureux de pouvoir mieux la connaitre, et d'être un peu plus proche d'elle de ce fait. Ils discutaient, peu à peu, d'un peu de tout et apprenaient à se connaitre l'un l'autre, même si pour le moment, c'était très basique. Mais c'était déjà un bon début! La demoiselle lui semblait intéressante et elle l'intriguait, et puis, il voulait la mettre la plus à l'aise possible. Lorsqu'elle le complimenta sur ses pâtisseries, Ilan sourit, un peu gêné par les compliments mais ravi que ça puisse lui plaire.
"Je suis ravi qu'elles puissent te plaire! Ca fait des années que je m'exerce et je prime la qualité surtout!"
Mais assez parlé de lui. Il voulait en savoir plus sur elle, et comme il avait parlé de sa profession, il était naturel qu'il voulait connaitre la sienne. Mais en voyant la réaction de June, il se pinça les lèvres en commençant à comprendre qu'il avait commis une erreur. Enfin, il ne pouvait pas savoir évidement, et il n'aurait pas imaginé cela. En tout cas, elle lui répondit qu'elle ne faisait plus rien désormais et peu après, ajouta qu'elle avait été dans l'armée. En temps normal, Ilan aurait été fasciné parce qu'il avait beaucoup de respect pour les personnes qui travaillait dans ce milieu là, mais il voyait bien qu'il avait touché une corde sensible. Elle effaça une larme du coin de l'oeil en s'excusant parce que c'était encore récent. Ilan ne connaissait rien à son histoire, mais il se doutait bien qu'il s'était passé quelque chose. Il avança sa main pour aller prendre la sienne, puis il lui dit :
"June, ce n'est rien, si tu as envie de pleurer, fais le, ne te dérange pas parce que je suis là. Pleurer ça fait parfois du bien, ça libère! Mais je me doute bien que ça te gêne aussi. En tout cas, je ne te juge pas et tu n'es pas obligé de m'en parler si tu n'en a pas envie."
Il la gratifia d'un sourire agréable avant d'ajouter :
"Quoiqu'il soit arrivé, j'ai beaucoup de respect pour toi, sache le. Et tu seras toujours la bienvenue ici pour te changer les idées! Comme tu dis, c'est un petit coin de paradis, un espace où les malheurs n'existent plus. C'est un peu mon but en créant cet endroit, de passer un bon moment. Et si ça peut te redonner le sourire, alors je suis le plus heureux de tous!"
Il lui caressa la main de son pouce pour la réconforter. Il faisait là le travail d'un ami mais il se sentait un peu ami à présent. Et puis, ça ne le gênait pas de faire ça, bien au contraire.
"En tout cas, si t'as envie de parler, de tout, de rien, que tu ne trouves personnes vers qui te tourner, tu sais que je suis là. Parfois une personne extérieure est meilleure, mais tu dois avoir des proches, j'imagine. Je te soutien, quoiqu'il advienne."
Il voulait la prendre dans ses bras pour la consoler, en toute amitié bien entendu, mais il se disait que c'était peut être trop tôt pour être aussi proche. Alors il se contentait d'être présent du mieux possible, sans être trop envahissant.

Je sens bien qu'Ilan est mal à l'aise quand je dit que le chat serait bien chez moi. De toute évidence il n'est pas prêt à laisser partir un de ses chats. Ce que je peux comprendre, ces bestioles sont attachantes. Mais j'évoquais surtout ça car c'était ce que j'avais vu ailleurs. Certains bar laissait les chats partir pour en sauver de nouveau. On changea donc de sujet, je lui donnais mon prénom et mon nom. Puis j'apprenais qu'il se nommait Ilan et que c'était lui qui préparait les pâtisserie. Je le félicitais donc pour ça, c'était délicieux. Bon en même temps mon niveau de cuisine est médiocre alors je ne peux rien comparer. Et je ne parle même pas de la bouffe de l'armée, ça c'est un affront à la notion de cuisine. Mais Ilan me remercie, me disant qu'il s’entraîne depuis longtemps. Je souris doucement « Et bien encore une fois bravo » Je voyais bien qu'il semblait mal à l'aise face au compliment mais je ne pouvais m'en empêcher. Ses pâtisseries était un autre point, avec les chats, qui me font du bien ici. Alors je me dois de le remercier. Cet endroit est vraiment un havre de paix pour moi. Mais ce havre vacilla quand il me questionna sur mon métier. Evidemment j'aurais du m'y attendre, je l'avais questionné sur lui, c'était normal qu'il me retourne les questions. Mais je n'étais pas prête et je craque. Je m'en veux. Je me crispe. Et puis malgré moi je pleure. Je chasse mes larmes et m'excuse. Je sens la main d'Ilan qui se pose sur moi. Je plante mon regard dans le sien alors qu'il me dit que ce n'est pas grave de pleurer. Mais je suis mal à l'aise, j'ai l'impression de me rendre ridicule. Je l'écoute et quand il me dit que je serais toujours la bienvenue ici. Je le laissais faire quand il passa son pouce sur le dos de ma main. Et je me retrouvais à hésiter, oui parfois je ressentais le besoin de me confier mais franchement je me voyais mal étaler ma vie « C'est gentil, mais je ne veux vraiment pas t'embêter » Je laisse ma main dans la sienne, prête a craquer. Mais soudain un bruit sourd se propage dans mon oreille droite. Je grimace, c'est insupportable. Alors je retire ma main de la sienne et vais retirer de mon oreille mon appareil qui est en train de se décharger. Je l'éteins et soupire, je sais que le second ne vas pas tarder à lâcher et bientôt je vais me retrouver totalement vulnérable.

Ilan était bien embêté. Il n'avait pas voulu la faire pleurer, même s'il ne pouvait pas savoir qu'aborder son métier serait un sujet sensible. Il voulut la rassurer du mieux qu'il le pouvait, et il voyait bien qu'elle faisait son possible pour se retenir. Il ne cherchait pas non plus à connaître les moindres détails de l'histoire, parce que ça ne le regardait pas et qu'en plus, il n'était personne pour ça. Mais il voulait au moins s'assurer qu'en cas de pépin, elle avait une épaule sur laquelle pleurer. Qu'il pouvait tout encaisser, ça lui était égal. Surtout venant de sa part à elle! En tout cas, il se sentit mal de l'avoir mis dans cet état là. En tout cas, elle apprécia ses efforts et lui dit qu'elle ne voulait pas l'embêter. Ilan émit un petit rire timide, qui se voulait être pour apaiser l'atmosphère dans laquelle ils étaient entrés, puis il essaya de capturer son regard en se penchant vaguement vers l'avant.
"Hey June, sache une chose, c'est que tu ne m'embêtera jamais! D'accord?" la rassura-t-il alors. Ce n'était pas lui qui irait la juger sur quoique ce soit, il serait mal placé pour cela. En tout cas, il espérait pouvoir la réconforter même si ce n'était qu'un tout petit peu.
Un bruit se fit entendre et il provenait de June. Aussitôt, le jeune homme se mit à l'observer avec curiosité. Elle prit de son oreille un appareil et Ilan se mit à comprendre peu à peu. Il en avait déjà vu des appareils de ce genre et c'était très différent d'oreillettes sans fil.
"Oh! J'imagine que tu ne vas plus entendre bientôt." finit-il par dire sans vraiment trop se rendre compte de ce qu'il venait de dire. "Désolé, c'est peut être maladroit de ma part." ajouta-t-il peu après sans être certain qu'elle l'ait entendu. Il comprenait mieux pourquoi elle ne l'avait pas calculé au départ à présent. Il ne savait rien de ce qui lui était arrivé, si c'était de naissance ou si c'était un accident, et il ne cherchait pas non plus à savoir. Ils en étaient qu'à leur première approche, et ce serait peut être mal convenu d'être trop curieux maintenant. Et si elle avait envie de parler, elle savait qu'elle pouvait tout lui dire sans qu'elle ait peur d'un quelconque jugement.

Ilan ne pouvais pas savoir qu'il allait me troubler en me questionnant sur mon travail. Alors je ne peux pas lui en vouloir. En fait j'aimerais vraiment pouvoir lui répondre. Mais je n'y arrive pas. Le passé est trop douloureux et je n'arrive pas à le chasser. Alors inévitablement les larmes coulent sur mes joues. Larmes que je chasse pour ne pas le faire culpabiliser. Il me dit qu'il est là si je veux discuter, c'est adorable, vraiment. Ilan est un type bien et j'hésite un peu. Mais non, je ne veux pas étaler ma vie. Je déteste ça. Alors je préfère le remercier et lui dire que je ne veux pas le déranger. Mais encore une fois il me rassure, me disant que je ne l'embêterais jamais. Il est adorable. Et si je n'étais pas moi, je crois que je me laisserais allez à la confidence. Mais ce n'est pas dans mon habitude de m'étaler alors je me contente de lui sourire avant de répondre « C'est très gentil de ta part mais je ne suis pas prête à en parler. » Car oui si jamais j'en parle je sais aussi que je vais fondre en larme de plus belle. Je ne peux pas encore affronter la réalité. Alors je cherche une façon de m'excuser pour m'éclipser. Soudain mon appareil fait des siennes et franchement je le remercie. Voilà mon excuse. Mais en attendant il faut quand même que je résolve ce petit soucis. Le bruit est trop strident pour moi. C'est d'un désagrable. Alors je retire l'appareil et pousse un soupir de soulagement quand le bruit cesse. Je sais que le second ne vas pas tarder à me lâcher. Je regarde Ilan qui dévisage l'appareil et je me demande alors un truc qui me surprend. Mon regard ne quitte plus ses lèvres, je n'entends plus très bien et je ne veux pas louper une phrase. Il s'excuse pour ce qu'il vient de me dire et je secoue doucement la tête « C'est rien. Tu as raison je ne vais bientôt plus entendre et je ne suis pas encore assez douée pour suivre une conversation en lisant sur tes lèvres » Je prenais des cours, mais c'était loin d'être simple quand on avait grandit en entendant. Je rangeais l'appareil dans mon sac, passait instinctivement une main sur le seul encore en état de marche et soupirait « Je vais te laisser, merci encore pour le café »

Bien sûr, Ilan n'était pas un psychologue et il n'allait pas la forcer à parler de ce qu'elle ne voulait pas. Ils venaient à peine de faire connaissance qu'il l'avait déjà fait pleurer! Mais tout ce qu'il pouvait faire à présent, c'était la rassurer, lui montrer qu'elle n'avait rien à craindre avec lui, qu'il saura être discret sur ce qui venait de se passer. Il secoua la tête lorsqu'elle lui dit qu'elle n'était pas prête à en parler et la gratifia d'un petit sourire, doux et apaisant. Il était désolé pour elle, désolé que les choses tournent ainsi. En plus, elle était la fille qui lui plaisait alors forcément, ça lui déchirait un peu le coeur de la mettre dans un état pareil. Elle était plus fragile qu'il ne l'aurait cru et il se promit de faire plus attention à l'avenir. En espérant qu'elle veuille bien le voir après cette conversation.

"Ce n'est rien, je comprends. Prends soin de toi en tout cas!" lui dit-il doucement.

Peu après, un bruit étrange se fit entendre et June prit un appareil qu'elle avait aux oreilles. Ilan comprit alors et vint le moment où ils devaient se séparer. June lui confirma qu'elle allait bientôt plus pouvoir entendre et qu'elle n'avait pas la force de le suivre sur les lèvres. Ilan secoua à nouveau la tête pour lui signaler qu'il comprenait.

"Oui d'accord, je vois. C'était un plaisir en tout cas, enfin.. pour moi." lui dit-il un peu timidement.
Après quoi, elle décida de prendre congé et le remercia pour le café. Nouveau sourire aimable pour lui, il l'observa une dernière fois avant de lui répondre :

"Il n'y a vraiment pas de quoi, ça m'a fait plaisir. Et puis, j'espère te revoir malgré tout. Je comprend que tu ne veuilles plus venir avec ce qu'il s'est passé mais.. Enfin, laisse tomber, je m'égare. Passe une bonne soirée et rentre bien."

Il s'était rendu compte qu'il parlait trop alors qu'elle entendait pas très bien, aussi, il préférait écourter les au revoir. Pour elle et parce qu'elle allait partir. Juste avant qu'elle ne parte, il ajouta :

"Quoiqu'il se passe, tu as mon numéro de toute façon."

Il lui fit un clin d'oeil amical avant de la laisser quitter l'établissement.