Enième lutte pour mettre une fichue cuillère d’antibiotiques dans la bouche de mon gamin. Une bonne semaine qu’il supporte son otite et tout autant de temps qu’il pleure quasiment toute la journée ne s’arrêtant que lorsque la fatigue l’emporte. Mon business confié à Sophie le temps que mon garçon se soigne, je passe mes journées à la maison à jongler entre les pleurs de Naël et mes micro siestes. Qui aurait pu penser qu’une si petite chose puisse hurler aussi longtemps et aussi fort ? Pas moi en tout cas ! Épuisé par mes nuits courtes, sur les nerfs à cause des crises de Naël, je ne vois pas le bout du tunnel. Je pourrais appeler à l’aide, demander à ma belle-mère de m’aider mais j’ai bien trop de fierté pour ça. A la place j’encaisse ça comme un grand et trouve du temps pour composer quelques morceaux afin de me détendre un peu. Mes accords de guitare parviennent généralement à apaiser mon fils qui finit par s’endormir pour mon plus grand bonheur. Sa cuillère enfin dans la bouche, je bénis le seigneur qu’il ne recrache pas tout dans un sanglot puis le prends dans mes bras pour le calmer. Je reste comme ça, à faire le tour de la pièce, une bonne dizaine de minutes avant que sa respiration posée ne m’informe qu’il s’est endormi. Sa chambre rejointe, déposé dans son lit, j’ai à peine le temps de fermer la porte de la pièce que la sonnette de la villa retentit. Dents serrées, je tends l’oreille pour m’assurer que Naël ne s’est pas réveillé. Silence. Je n’attends pas plus longtemps pour courir en direction de la porte d’entrée et ainsi éviter qu’une nouvelle sonnerie ne réveille le petit garçon qui a mis du temps à s’endormir. Le portail n’ayant pas été fermé la veille, je ne suis pas surpris que mon visiteur ait pu gagner sans souci la porte d’entrée, je suis seulement agacé que le hasard ait fait qu’il arrive pile quand je couche Naël. Je m’apprête à envoyer poliment la personne balader lorsque, une fois la porte ouverte, je me fige. Sensation de déjà-vu. Mon regard dévisage la jeune femme sur le pas de ma porte, une personne que je ne pensais jamais revoir, pas depuis qu’elle m’a collé notre fils dans les bras sans explication pour ensuite disparaître de nos vies. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Est la seule chose que je lui demande une fois la surprise passée. Si elle s’imaginait me voir sauter de joie, elle se trompait. Rancunier, je n’ai jamais digéré le fait qu’elle m’a caché pendant plusieurs mois l’existence de Naël et j’ai encore moins apprécié qu’elle puisse se permettre de l’abandonner du jour au lendemain comme s’il ne comptait pas.
fire and ice.
Every word you're saying is a lie Run away my dear.