@Ilaria Castellano

Je termine une livraison avant d’enfourner à nouveau ma moto pour rejoindre Venice Beach. J’avais passé la matinée chez Hadès à lui parler de mes problèmes et en quelques heures, il avait tout résolu. Comme d’habitude. Je ne sais pas comment je ferais sans mon meilleur ami. Sans lui, il est plus que probable que je serais déjà enterré dans un terrain vague à l’heure qu’il est. Quoiqu’il en soit, on avait beaucoup discuté et j’y voyais plus clair maintenant. J’avais tiré des leçons de ses erreurs avec Darius et j’étais maintenant prêt à avoir une discussion avec toi.

Le temps étant plutôt clément ces derniers jours, j’avais délaissé mon Hummer au profit de ma Harley. Je parcourais les rues de Los Angeles avec bien plus de facilité, me glissant entre les files de voitures. Je me garais non loin du bar dans lequel nous avions rendez-vous. Le trajet restant était parfait pour fumer une dernière cigarette avant le grand saut.

Je glisse mon casque autour de mon bras et avance vers le bar, ma cigarette entre les lèvres. Je suis aussi nerveux qu’un gosse de quinze ans qui va à son premier rencard. Mais cette discussion est nécessaire, je l’ai repoussé assez longtemps. Il est temps de mettre les choses à plat entre toi et moi. Je souffle une dernière fois et écrase ma cigarette lorsque je te repère à une table en terrasse. Je m’approche de toi par derrière et dépose un baiser rapide sur ta joue.

Bonjour belle inconnue.

J’esquisse un sourire en coin avant de m’installer en face de toi. Voyant que tu es déjà servi, je commande rapidement une bière en glissant mon casque sous ma chaise. Je remet mes cheveux en place et attaque par un sujet léger.

Comment s'est passé ta journée ? J’espère que tu n’as pas photographié d’autres hommes nus ?

Nouveau sourire. Profitons de cette bonne humeur avant d’attaquer le sujet principal de notre rendez-vous.

@Ilaria Castellano

Je remercie la serveuse qui dépose mon verre devant moi. Je hausse les sourcils et mon sourire s'agrandit face à la grande nouvelle.

Félicitations, ma belle ! C’est super !

Je savais que d’abandonner ta carrière de danseuse avait été dure mais tu avais su rebondir. Tu méritais ce boulot plus que quiconque. J’étais fière de toi. Tu allais pouvoir faire quelque chose qui te plaisait et continuer de t’améliorer en photo. Je suis sûr qu’un jour on pourra aller voir tes photos exposées dans une galerie. Tu es une artiste talentueuse. Je lève mon verre dans ta direction avant de boire une gorgée de bière.

Il faut qu’on fête ça, c’est une super nouvelle ! Alors, tu vas faire quoi exactement ?

J’étais vraiment heureux pour toi. Je réponds à ta réflexion avec un clin d'œil et un nouveau sourire. Je n’étais pas du genre jaloux alors si tu voulais faire du nu ce n'était pas un problème. Mais j’aimais être ton modèle pour ce genre de choses. J’aimais te voir en action, derrière ton appareil même si tu prenais la plupart de tes photos sans me prévenir, comme ce matin.

Je prends le temps de boire encore un peu de bière avant de te répondre.

Rien de spécial de mon côté. J’ai passé la matinée chez Hadès, ça faisait un baille que je ne l’avais pas vu. Il avait quitté la ville pour profiter de son mec et j’ai enfin pu profiter moi aussi de mon meilleur pote. Et cet aprem, j’ai bossé au garage. J’ai pas mal de retard à rattraper… Enfin, la routine quoi.

Je repose ma bière et attrape ta main sur la table. Je me sens d’humeur tactile ce soir. Cela contraste avec mon attitude de ces dernières semaines. Un vrai docteur Jekyll et Mister Hyde. Je caresse doucement ta peau avec mon pouce. La soirée est douce, je suis content qu’on puisse en profiter tous les deux.

@Ilaria Castellano

Je suis vraiment heureux pour toi. Ce boulot va te faire du bien au moral. C’était dur de voir cette lueur de tristesse dans tes yeux ces dernières semaines. Je sais que j’en étais responsable pour une très grande partie mais je sais aussi que ta réussite professionnelle est importante pour toi. J’ai hâte de te voir évoluer dans un studio et d’admirer ton travail. Tu es promis à un bel avenir, même si ce n’est pas en tant que danseuse professionnelle. Tu vas tout déchiré dans ce studio, j’en suis persuadé. Je rappelle la serveuse et lui demande une bouteille de champagne avec deux coupes.

Il faut arroser ça. Et hors de question de le faire avec un sirop.

Je lance un regard dédaigneux vers ton verre en laissant échapper un sourire. C’était bon de retrouver ce ton léger entre nous. Je laisse la serveuse s’occuper d’ouvrir la bouteille et servir deux verres. Je lève le mien devant moi pour porter un toast.

A la future photographe la plus célèbre de L.A.

Mon verre tinte contre le tien et je bois une gorgée. Les bulles chatouillent mon palais. Avec ma bière ce sera mon dernier verre pour que je puisse ramener ma moto au garage. Je n’ai pas envie de me faire arrêter mais toi, tu peux profiter de la soirée. Je veille sur toi même si je n’étais plus le bienvenue dans ta vie ces derniers temps. Ce qui était tout à fait mérité. Je relève le regard vers toi et fronce les sourcils.

Une jolie blonde ? Est-ce que tu serais jalouse ?

Un sourire en coin d’accroche quelques secondes à mes lèvres. Je repose mon verre sur la table.

Calliope m’a dit que tu étais passé au garage. Cette jolie blonde comme tu dis est ma nouvelle assistante. Je l’ai prise pour gérer l’administratif au garage, je m’en sortais plus avec tous ces papiers partout. Et il s’est révélé qu’elle est aussi une bonne mécano.

Je plonge mon regard dans le tien pour te prouver que mes prochains mots sont sincères.

Aucune raison d’être jalouse. C’est juste mon employée.

Ma main attrape la tienne et mon pouce caresse ta peau douce. Mon entrevue avec Hadès m’a regonflé à bloc. J’avais besoin de me confier et comme d’habitude, il a pris les choses en main. Ce mec est vraiment toute ma vie, il est toujours là pour me sortir des pires galères. On s’est juré loyauté il y a de nombreuses années et aucun de nous n’a jamais trahi sa parole.

En fait… J’ai une bonne nouvelle pour toi. Même deux. Peut-être trois mais la dernière, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne nouvelle pour toi. Je dirais donc deux bonnes nouvelles et une information.

Je me rapproche de la table comme pour te confier un secret. Le timbre de ma voix baisse et mon regard plonge dans le tien.

J’ai parlé de pas mal de choses avec Hadès mais j’ai surtout parlé de toi. De ce qui est arrivé ces derniers mois. J’ai peut-être même parlé de mes sentiments autour d’un cappuccino.

Mon rire résonne doucement. Hadès savait comment me faire parler. Il était fort pour ça. Très fort. Je suis arrivé chez lui en étant à deux doigts de me foutre en l’air et j’étais reparti avec le sourire.

Première bonne nouvelle, Visco est hors circuit. Hadès s’est occupé de son cas. Apparemment, je manque de délicatesse et faire sauter tous ses établissements n’était pas une bonne idée. Il a géré ça à la Hadès.

Je hausse les épaules puis continue.

Tu n’as plus à t'inquiéter pour elle. Deuxième bonne nouvelle, tu as un nouvel ange gardien. Hadès veille sur toi maintenant. Plus personne ne va oser s’en prendre à toi. Tu retrouves ta liberté, Ilaria. Bienvenue dans la famille.

Je lève une nouvelle fois ma coupe dans ta direction et bois une longue gorgée. Le silence s’étire et je me mets à redouter ta réaction.

@Ilaria Castellano

C’est vrai que je ne t’avais pas parlé de Calliope. Cette fille avait débarqué dans ma vie à l’improviste au moment où j’en avais le plus besoin. Enfin, au moment où j’avais besoin d’aider pour maintenir le garage à flot. Je voulais t’en parler lorsque je l’avais embauché mais on c’était pris la tête ce jour là et ensuite, je suis simplement passé à autre chose. Il faudrait que j’en touche deux mots à mon assistante, savoir si elle c’était remise de sa confrontation avec toi. Je glisse un sourire avant de continuer à boire mon verre.

Calliope est très jolie c’est vrai mais c’est ces compétences au garage qui m’intéresse, pas autre chose. Et elle est là depuis début novembre alors s’il avait dû se passer quelque chose, ça serait déjà fait. Tu n’as vraiment rien à craindre.

Tu persistes à dire que tu n’es pas jalouse mais je reconnais cette étincelle dans ton regard. J’ai la même quand un mec t’approche d’un peu trop prêt. Sauf que je suis beaucoup moins calme que toi dans cette situation. Beaucoup moins calme comme tu en as déjà fait les frais. Je serre doucement ta main en signe d’excuse parce que je sais que nous pensons à la même chose en ce moment. Il est donc temps de changer de sujet. Et autant aller vers celui qui nous a emmené ici, ce soit. Hadès. La conversation que j’ai eu avec lui plutôt.

Oh, il faut bien plus qu’un cappuccino. Il va te manquer une poigne de fer capable de m’en coller une sans que je riposte, un regard assez perçant pour provoquer des sueurs froides et des années d’expérience en pratique du Styx.

Je ris à cette description. Hadès avait surtout un cœur énorme et une capacité à me comprendre mieux que moi-même. J’avais besoin de quelqu’un pour me busculer et me remettre dans le droit chemin, ce qu’il savait parfaitement faire. Je serre à nouveau ta main dans la mienne.

Visco ne prendra plus contact avec toi. Hadès va s’en assurer. Et personne d’autre de notre… milieu ne viendra te faire chier. On est deux à surveiller tes arrières même si à ta place, je ferais plus confiance à Hadès qu’à moi pour te protéger mais c’est une autre histoire.

Je te souris doucement et rapproche ma chaise de la tienne pour que mon visage soit beaucoup plus proche du tien.

J’en viens donc à cette troisième nouvelle que tu sembles avoir deviné. Hadès m’a conseillé de te donner de l’espace et du temps. Apparemment, il dit que tu es assez grande pour faire tes propres choix. Et que si tu veux être avec moi malgré ma famille de fou, mon business, le club, mes secrets, mon caractère, mes addictions et toute la merde que je trimballe alors je dois juste fermer ma gueule et l’accepter.

Je te laisse poser ta main sur ma nuque et me rapproche de toi. Nos lèvres se touchent presque. J’aspire ton souffle à chaque respiration.

Alors si tu veux toujours être ma… Petite-amie, la place est pour toi.

Ce mot me fait toujours grincer des dents et je n’aime toujours pas les étiquettes mais il est temps d’avancer. Et si Hadès a réussi à le faire avec Darius, on devrait être capable de le faire aussi. Ma décision est prise et je veux tenter d’avancer avec toi. Peut-être qu’on va se planter et qu’on va le percuter finalement ce mur mais on aura essayé. Je ne veux pas vivre avec des regrets.

@Ilaria Castellano

Je me sens mal à la pensée de ta confrontation avec Calliope. La pauvre, j’aurais dû la prévenir que je fréquentais une rousse au caractère parfois aussi explosif que le mien. Et j’aurais aussi dû te prévenir que j’avais pris quelqu’un au garage pour m’aider mais ça m’était complètement sortie de la tête. Je n’avais pas prémédité cette situation, c’est juste qu’avec tout ce qui c’était passé ces derniers temps, j’avais eu bien d’autres chose à penser que la tête blonde qui partageait désormais mes journées. Ta réflexion m’arracha un sourire.

Fais attention ma belle, tu commences à prendre goût à ma vie.

Je t’adresse un clin d’œil mais intérieurement, le cœur n’y ai pas vraiment. A cause de moi, tu as fait ton entrée dans le milieu des gangs et je n’en suis vraiment pas fier. On a réussi à sortir vivant de ce merdier mais ce n’était pas passé loin. L’un de nous aurait pu y rester. Surtout avec cette folle d’italienne complètement imprévisible. Le sujet dévie sur Hadès et encore une fois, tu arrives à me faire rire alors que mon esprit partait vers des horizons bien trop sombre pour notre soirée. Hadès. Je vais devoir vous présenter maintenant.

C’est certain que tu as certains arguments de poids….

Je me laisse aller à rire pour que l’atmosphère se détende. Mais la tension fait de nouveau son apparition, de ton côté cette fois. Je me rapproche de toi et caresse ton visage pour te rassurer.

Tu n’as absolument rien à faire. Hadès t’offre sa protection parce qu’il m’aime et qu’il veut prendre soin de ceux qui sont importants pour moi. Il ne te demandera jamais rien en échange. Je peux te le jurer, il n’est pas comme ça.

Ca me fait de la peine que tu puisses penser qu’on va te réclamer quelque chose en échange. En seulement quelques mois, j’ai réussi à foutre en l’air ton innocence et ça me fout en l’air. Ma belle et naïve Ilaria est bien loin maintenant. Tu n’es pas aussi foutu que moi mais il faut que je fasse attention pour que tu gardes encore ce qui fait de toi cette jeune femme pétillante et insouciante. Je ne pourrais jamais me le pardonner si tu devenais aussi méfiante et cruelle que moi. Mais ça n'arrivera pas, c’est une promesse. Mais assez de démons pour ce soir, il est temps de passer à la partie la plus satisfaisante de notre soirée.

Main dans la main, yeux dans les yeux, je te confie enfin que je ne vois plus aucune objection à notre histoire. Hadès m’a ouvert les yeux. Tu es assez grande pour faire tes propres choix et je n’ai pas à décider pour toi. Alors si tu choisi de rester à mes côtés, je dois l’accepter. Tout simplement. Je regarde autours de moi en souriant. Je murmure à ton oreille.

Tu crois que je dois me mettre à genoux ? Tout le monde à l’air de croire que je suis en train de te demander en mariage. Je me sens con, je n’ai même pas de bague.

Mon rire se mêle au tien puis je me lève brusquement en clamant.

Elle a dit oui !

Toute la terrasse du bar nous applaudis et nous félicite. Tes joues rouges augmentent encore mon rire et j’ai vraiment du mal à reprendre mon sérieux quand je me rassois à côté de toi après avoir serré beaucoup trop de mains. Ca fait du bien de rire, vraiment. Je reprend ta main et la serre doucement.

Pour ce soir, je pensais… Qu’on pourrait peut-être remettre tes affaires chez moi. Qu’est ce que tu en penses ?