2014 ~ Après une semaine bien méritée de repos à me contenter d’aider mon père à retaper des bécanes et à surfer à Newport Beach quand l’envie m’en prenait, j’étais de retour au travail. La piste Washington, où j’étais pressenti pour le poste n’avait pas aboutie. Certains racontaient que le poste avait été confié à une connaissance de la hiérarchie plus que sur compétences, d’autres disaient que j’avais été mis sur un piédestal et que j’étais bien trop jeune pour accéder à un poste d’une telle responsabilité. Je ne m’en étais pas formalisé. Mon père avait crié au scandale, moi j’avais accueilli la nouvelle avec plus de légèreté. Je n’en avais rien à faire. L’unité spéciale dont je faisais partie m’avait demandé de chapeauter une équipe sur Los Angeles, ce qui me permettait de rester chez moi malgré les déplacements nombreux et de rester dans un service de missions de la plus haute importance. Tant que je restais sur le terrain, ça me convenait. Hier, mon supérieur hiérarchique m’avait signalé qu’on accueillait de nouvelles recrues pour renforcer un des services de notre bâtiment, étant en manque de moyens ces derniers temps. Il m’avait également signalé que ça ne devrait pas m’impacter car je n’étais plus formateur et que je savais ce que j’avais à faire. Heureusement. Je détestais devoir expliquer les choses aux recrues. Les précédentes avaient signalé que je parlais trop vite, que je ne donnais pas assez d’informations et que je ne leur répondais pas quand ils demandaient si la nourriture était bonne au réfectoire. Alors pour une fois, j’étais serein et arrivant avec ma tournée de cafés comme à mon habitude, ainsi qu’avec des pâtisseries pour ravitailler toute mon équipe, j’eus à peine le temps de poser chacun des cafés sur chaque bureau que déjà on m’attrapait au vol : « Ah agent Ellis, vous tombez à pic ! Howard est malade, il ne peut pas assurer la présentation du service à notre recrue, vous ne pourriez pas nous dépanner ? Vous connaissez vraiment bien le service… et j’avoue je suis un peu en retard sur ma paperasse… » Soupirant, je la regardais avec une pointe d’agacement et je lâchai alors : « Je le ferai. » Le regard de la jeune femme s’illumina : « Merci infiniment, elle est dans la salle de repos, elle est arrivée bien en avance. Je crois qu’on a récupéré une perle ! Et merci pour le café et le muffin ! » J’hochai la tête et me rendit dans la salle de repos où la personne était de dos : « Bonjour, je suis l’agent Ellis, je remplace… » Je n’eus pas le temps de finir ma phrase que la personne se retourna et mon ventre se noua avec force, tandis que j’avais l’impression de voir un mirage en plein désert : « Lennox ? » Quelle surprise de la retrouver ici, même s’il est vrai qu’elle m’avait stipulé une affectation à Los Angeles, je n’aurais jamais cru tomber sur elle. Un peu pris de court, j’en perdis mon latin. « …Je.. Howard est absent, alors je dois te faire découvrir les recoins du service. » Je me raclai la gorge, conscient que je disais n’importe quoi. « Enfin visiter les locaux... » Secouant la tête, je réalisais que j’avais encore la boite de pâtisseries dans les mains, ainsi que mon café. « Hum. Un café, une pâtisserie ? » Je posais le tout sur la table. Sans pour autant lui serrer la main. Ca pouvait mal finir. Je n’avais pas cessé de penser à elle depuis que nous nous étions séparés à Quantico, sans un véritable adieu, sans au revoir. Et pourtant, nous voilà dans le même service, bien que nous soyons pas dans la même unité, on serait amenés à se côtoyer tous les jours.
Cela faisait quelques jours que j'avais quitté Quantico et je devais bien admettre que le retour à la réalité avait été un peu plus brutal que ce que j'avais imaginé. Pendant plus de 25 semaines, j'avais été enfermée, préparée voir modelée à l'image du FBI pour assurer au mieux mes fonctions par la suite. Si Quantico n'était certainement pas un centre de colonie de vacances, j'avais fini par m'y sentir en sécurité. Je devais toutefois laisser certaines choses derrière pour ne garder que l'enseignement que j'avais reçu. J'allais connaitre une nouvelle vie pleine de défis, j'en étais certaine et j'allais assurer, je n'avais pas d'autres choix. Mon affectation première avait été retenue et même si ce n'était pas le poste de mes rêves, je pouvais rester sur Los Angeles et c'était le plus important. J'allais faire mes armes dans ce service et j'allais encore apprendre pour devenir l'agent spécial que je désirais être depuis le premier jour. Ce n'était pas l'exercice le plus simple que j'avais eu à relever mais après ce que j'avais vécu, rien ne me semblait impossible. C'était peut-être aussi ça, être un agent fédéral, se sentir invincible en connaissant toutefois ses faiblesses et qui d'autre qu'Ellis avait mieux réussi à me le mettre en tête ? Personne. Je tentais d'ailleurs de ne pas trop penser à lui depuis notre dernier échange que j'avais volontairement conclu sans réels au revoir. Aussi forte que je puisse paraître, j'avais été incapable de lui dire adieu et j'avais préféré ne pas le faire dans l'espoir -peut-être- qu'il me retienne ou que simplement, la porte reste ouverte. Au fond, je n'étais pas naïve, je savais que rien n'était possible entre nous, ni avant, ni maintenant, ni jamais, pas dans cette vie. Nous étions trop différents, trop similaires aussi par moment, il y avait trop d'enjeux aussi, bref, le combo impossible. Je n'étais pas destinée à connaitre l'amour ou la stabilité, je devais me faire une raison. Mettant toutes ces idées de côtés, j'avais enfilé mon costume d'agent spécial comme aimait l'appeler ma petite sœur. A vrai dire, il ne consistait qu'à porter une chemise blanche et un pantalon noir classique mais j'aimais l'idée que Casey se faisait de mon travail. J'avais passé les contrôles sans soucis et j'étais légèrement restée bouche-bée par la taille du bâtiment et tous ces accès limités, restreints, contrôlés que j'avais découvert. J'avais salué ma supérieure et le feeling était tout de suite bien passé ce qui était rassurant même pour la tête brûlée que j'étais. J'attendais Howard dans la salle de repos mais finalement, ce n'était pas lui qui venait à ma rencontre. Je me tournais vers mon nouvel interlocuteur pas certaine d'avoir bien entendu son nom. Ellis, bordel. « Ellis ? » Que faisait-il ici alors qu'il était normalement en poste de l'autre côté du pays ? « Mais... Tu n'es pas à Washington ? Je veux dire... Qu'est ce que tu fais ici ? » demandais-je apparemment aussi surprise voir gênée que lui. Je regardais autour de nous sans réellement savoir pourquoi puisque clairement, je n'avais aucune échappatoire possible. « Hum, oui merci. » dis-je en prenant un petit donuts tout en me servant un café. J'allais en avoir besoin et pas que d'un.
2014 ~ Jamais je n’aurais cru la revoir ici. La surprise était de taille, et je pense qu’elle était on ne peut plus visible sur les traits de mon visage. J’avais tout fait pour la sortir de mon esprit. J’avais coupé avec Quantico de la meilleure des façons en coupant mon téléphone, en ne prenant pas mon ordinateur et en passant une semaine chez mon père à boire des bières et à faire de la mécanique. Mais quoi que je fasse, tout me ramenait à elle. Puis à Rhodes qu’elle enlaçait, à Yates qui avait lui aussi eu cette proximité. J’en avais brisé un outil de colère. Je ne lui avais pas dit au revoir parce que j’avais été trop con pour le faire. Et je m’en étais voulu, mais jamais je n’avais été agréable avec elle, et je songeais qu’elle allait s’imaginer des choses si je commençais à le faire. Mais n’était-ce pas limpide comme l’eau de roche ? Une histoire sans lendemain ne reste pas présente dans un esprit une fois qu’elle est terminée. Elle ne se répète pas, elle ne s’imprime pas comme un tatouage à fleur de peau. Je ne sais pas ce que Lennox a provoqué chez moi, mais ça en devient indélébile, et face à elle aujourd’hui, j’ai l’impression d’être face à un coup du destin. Elle a l’air encore plus surprise de me trouver là. En même temps, comme elle a bien intégré l’information, j’étais censé partir pour Washington. Je n’ai même pas un instant de réflexion, je me contente de lui faire part de la vérité, plutôt que de lui inventer des conneries juste pour ne pas retomber dans son estime – pourquoi je m’en soucie d’ailleurs ? « Quelqu’un d’autre a eu le poste. Donc… J’ai retrouvé mon unité ici. » Unité que j’avais intégrée avant de faire une pige à Quantico. Je ne sais même pas pourquoi je lui raconte ma vie. Ca ne la concerne pas. Et malgré moi, je fais la conversation après avoir bu une gorgée de café. « Je ne pensais pas que c’était celle-ci dont tu parlais la dernière fois… » Oui c’était une unité particulière, mais je n’aurais pas cru qu’elle soit affectée ici. Il y avait deux antennes du FBI à Los Angeles. Pendant un instant, qui dura probablement quelques minutes, ou peut-être trente secondes, mais les plus longues de ma vie, je l’observais en silence, sans détacher mon regard de son visage, que je connaissais par cœur. Je repris histoire de ne pas laisser mon corps décider pour moi cette fois, mais étrangement, ce n’était pas un désir sexuel que je ressentais actuellement, j’éprouvais une drôle de sensation dans l’abdomen. « Euh… Du coup tu connais ta supérieure je crois, et ton binôme, le temps que tu prennes tes marques, mais qui n’est pas là aujourd’hui… Ici c’est la salle de repos comme tu peux le voir, c’est pas très grand mais ça suffit, y a tout ce qu'il faut… » Je ne savais même pas ce qui avait pris à Howard de s’absenter aujourd’hui, mais ce n’était pas mon problème. L’observant prendre un donut, je lui lance un petit signe de tête, remarquant qu’elle est bien apprêtée, et lui lance : « Ca te change de ton uniforme de recrue, hein ? » Et je me maudis d’être si agréable avec elle. Quoique je ne fais que ma mission du jour, lui présenter le service. Tout ce que j’espère c’est que nos corps ne rentreront pas en contact, craignant cette sensation électrisante que j’apprécie pourtant plus que n’importe quoi. Merde, dans quel pétrin je me suis foutu ? C’est à ce moment que rentre un de mes hommes : « Ah patron bonjour, j’ai senti les donuts ! Oooh wooow qui est cette charmante demoiselle ? » Je lève les yeux au ciel en faisant les présentations : « Agent Lennox, voici Haynes, il bosse dans mon équipe. C’est le roi de l’informatique, et il me semble qu’il a mieux à faire que de trainer dans la salle de pause. N’est-ce pas ? » Derrière ses lunettes écarquille les yeux et prend congé non sans lancer un regard suggestif à la jeune femme. « Bref, prends ton café et ton donut avec toi, on va changer de pièce. » Direction la salle d’archives.
Est ce que je savais que Blake était à Los Angeles ? Pas du tout. Est ce que je savais qu'il était natif de la côte Ouest, encore moins. Je réalisais à cet instant que je ne connaissais rien de lui ou de sa vie personnelle. Lorsque nous étions à Quantico, nous nous étions cachés derrière nos grades d'instructeur et de recrue ne laissant pas de place à autre chose, ou presque. Nos échanges, nos ébats et ce qu'on avait partagé était physique, nos échanges verbales n'avaient jamais été plus poussé que ça surtout pas quand on ne se trouvait que tous les deux. Pour autant, je savais que je ressentais quelque chose pour lui et c'était surement ce que je ne comprenais pas dans l'amour -si on pouvait employer ce terme-. Comment pouvais-je ressentir autant de choses pour un homme dont je ne savais pratiquement rien ? Dans un sens, connaitre sa couleur préféré allait-il m'apporter quelque chose ? Pas vraiment. C'était un peu confus dans ma tête et le fait que je m'étais conditionnée depuis quelques jours à ne plus jamais le recroiser ne m'aidait pas à savoir quoi penser. Il était là, face à moi et je ne pensais pas me tromper quand je disais qu'il était aussi gêné que moi. Néanmoins, le point positif était surement que dorénavant il n'était plus mon supérieur hiérarchique. « Oh... » J'étais sincèrement déçue pour lui mais c'était comme ça que fonctionnait le FBI. De ce que j'avais pu voir à Quantico -déjà- le relationnel faisait souvent plus que l'expérience et c'était bien triste. « Je n'avais pas précisé l'unité dans laquelle j'allais parce que... Je pensais que tu t'en fichais. » Encore une fois, j'étais franche, peut-être trop ? Je ne savais pas, j'avais tendance à croire qu'on était jamais assez franc sur cette putain de terre. « Mon binôme... C'est presque drôle, qui aurait cru qu'on ferait équipe, même 24h, toi et moi. » ajoutais-je avec un léger sourire en coin avant de balayer la salle de repos du regard. Elle n'était pas grande mais elle était moderne, bien agencée et surtout lumineuse, il n'en fallait pas plus à mon sens surtout que nous n'étions pas censés passer nos journées ici. « Oui, espérons qu'il fasse autant effet. » Phrase totalement à double voir triple sens. Effet sur les mauvaises personnes -effrayant en somme-, effet sur les hommes -lui directement visé-, effet sur le reste du monde. J'aimais le mettre mal à l'aise et si on devait passer la journée ensemble, j'allais faire en sorte qu'il ne puisse pas l'oublier surtout pas en s'endormant ce soir. La vie nous donnait une nouvelle chance, je ne savais pas encore comment le prendre mais je n'étais pas mécontente de recroiser sa route même si je ne lui avouerai surement jamais à voix haute. Je tournais la tête en voyant un jeune homme entrer et je souriais légèrement. « Enchantée Haynes. » dis-je levant mon café vers lui en guise de bonjour amical. Je les regardais et arquais un sourcils, Ellis avait gardé son côté autoritaire, c'était presque familier désormais. « Dis moi, il n'a pas vu de femme depuis combien de temps ton informaticien ? Il serait temps de lui donner des congés Ellis. » Je souriais malicieusement avant de boire une gorgée de mon café tout en sortant de la pièce lui laissant le loisir, à son tour, de me dévisager des pieds à la tête. Une fois dans le couloir, je croquais dans mon donuts, prête à affronter mon nouvel espace de travail, mes collègues et ma hiérarchie.
2014 ~ Elle avait l’air désolée que je n’ai pas eu le poste. Moi je m’en fichais royalement. Je n’étais pas entré au FBI pour gravir les échelons à toute berzingue. Je voulais me rendre utile pour la sécurité du pays. La satisfaction personnelle ne comptait pas pour moi. Si mes supérieurs estimaient que j’étais plus utile ici à Los Angeles, je n’allais pas pleurer sur mon sort de ne pas avoir été choisi à Washington. J’exécutais les ordres, peu importe ce qu’on me demandait, sans état d’âme. Aussi, je n’épiloguais pas sur la situation, il ne servait à rien de se morfondre. La nouvelle promue m’expliqua ensuite ne pas m’avoir divulgué l’identité de l’unité dans laquelle elle était tombée parce qu’elle considérait que je n’en avais rien à faire. A l’époque, il me semblait qu’elle avait parlé de secret professionnel, mais je ne m’en formalisais pas, après tout, elle avait raison, je me fichais d’où elle atterrissait. « C’était le cas. » Que je lui répondais directement, sans varier mon ton monocorde. Je voulais lui montrer que j’était passé à autre chose et qu’elle m’importait peu. Et pourtant, ce n’était pas tout ce que mon esprit et mon corps me criaient. Mon esprit se demandait, voire espérait qu’elle reste dans l’Etat de Californie, qu’elle fasse pourquoi pas un jour de ma propre équipe, ou mieux encore qu’elle accepte qu’on se retrouve autour d’un verre ou d’un repas. Interloqué par mes propres pensées, je me fais violence pour hausser les épaules et rétorquer – comme à mon habitude – de façon désagréable : « Ca sera pas 24h Lennox, j’ai pas mal de travail, je dépanne juste parce qu’on me l’a demandé. » Et pourtant, elle s’efforce d’être agréable, comme si elle et moi en terre inconnue, c’était différent de Quantico. Et je la hais momentanément pour ça car elle me fait tergiverser. J’ai déjà remarqué tous les détails de ses vêtements, j’ai remarqué que ses talons allongent un peu plus sa silhouette déjà parfaitement fuselée ; j’ai constaté qu’elle porte du parfum et qu’il lui colle à la peau. Trop de choses qui me bouleversent et que je préfère ignorer. Qu’elle veuille faire son petit effet ne doit pas me toucher, et je préfère d’ailleurs la mettre en garde, qu’il s’agit d’un tout autre environnement. « …C’est pas Quantico ici. Tu l’apprendras vite. » Mon regard accompagne d’ailleurs les nombreuses caméras présentent dans la pièce. Ici, c’est encore plus sécurisé qu’ailleurs. Seul endroit où il n’y a pas de caméras ? Les toilettes et les douches pour des questions de vie privée. Alors j’espère que braver les interdits ne lui traverse pas l’esprit. Je me demandais quels étaient les chances que Roxane et moi nous nous retrouvions ici ? Ca semblait improbable, un gros concours de circonstances, un message envoyé. Mais je refusais de le voir, de saisir cette chance offerte pour mon plus grand plaisir. J’avais merdé suffisamment de fois. Alors qu’Haynes s’éclipsait, Lennox se permit de faire une remarque sur lui et moi, et j’arquai alors un sourcil. Ne saisissait-elle pas qu’elle était plus que séduisante, et que les hommes du bâtiment se rinceraient tous l’œil sur elle ? « C’est pas moi qui lui donne des congés, mais le type même quand il en prend, il bosse. Il est toujours sur son ordinateur. Et je ne me mêle pas de sa vie privée. Chacun fait ce qu’il souhaite. » S’il avait un compte premium sur un site interdit aux moins de dix-huit ans, je m’en lavais les mains tant qu’il faisait son job et qu’il ne poussait pas le vice dans des choses interdites. Je soupçonnais la jeune femme d’avoir fait en sorte de sortir avant moi pour reprendre son petit jeu de Quantico. Elle savait que cela marchait car déjà je retrouvais son corps contre le mien, dans des ébats brûlants qui se rejouaient inlassablement dans ma tête. Secouant la tête, je l’emmenais jusqu’à la salle d’archives sans la regarder. Saluant un à un le flot de personnes qui se présentait à nous. Rentrant dans la grande salle, on s’avança vers le réceptionniste des archives que j’introduisais brièvement à Lennox, avant de lui montrer l’intérieur de la pièce. « La salle d’archives. Tu as des PC qui t’indiquent où sont rangés les dossiers. Il y a plusieurs catégories. La première par numéro, puis par ordre alphabétique et enfin par lettre d’affaires, ou personnes. » Une fois de plus je focalisais sur ses lèvres, et ça me rendait dingue. Avançant un peu plus entre les allées, je me forçais de lui expliquer : « Tu peux envoyer les formats électroniques des affaires récentes sur ta boite du boulot, les plus vieilles qu’au format papier, donc tu signes le registre à la réception pour dire que tu sors l’archive. » Evidemment il fallait toujours avoir son badge pour vérifier l’identité de l’agent. Je ne sais pas si ce que je disais la passionnait ou si c’est moi qui fabulait, mais j’avais l’impression qu’il se passait quelque chose. Putain Lennox pourquoi tu me regardes comme ça ?! J’étais anxieux, ça ne me ressemblait absolument pas. Je me passais une main sur le visage, et je me reprenais : « Des questions pour l’instant ? »
Jusque là, les commentaires peu sympathiques de Blake ne m'avait jamais vraiment touché. Je n'étais pas une petite chose fragile, bien au contraire et j'avais une armure en béton. De plus,j 'avais toujours pensé qu'il se cachait derrière ça pour mettre de la distance entre nous et pour justifier aux yeux de tous, qu'il ne pourrait jamais rien se passer entre un instructeur et une recrue. Ce qui commençait par contre à m'échapper, c'était le fait qu'il continue en dehors des murs de Quantico à être aussi peu agréable. Étais-je réellement qu'un one shot pour lui ? Une expérience enivrante qu'il avait laissé derrière lui en quittant l'académie ? En vérité, j'aurais aimé que ce soit pareil pour moi mais il fallait se rendre à l'évidence, j'appréciais plus que de raison ce type. « Je ne m'étais pas trompée au moins. » rétorquais-je un peu vexée mais tout en gardant un calme olympien. « Il n'y a que toi que ça embête de passer 24h avec moi Ellis, mais pas de problème je m'adapte vite de toute façon. » Plus il me repoussait et plus j'allais m'amuser à le provoquer parce que je savais pertinemment jusqu’où je pouvais le pousser et si j'étais amenée à rencontrer son corps, une nouvelle fois, je ne disais pas non. Je savais que ce petit jeu était tout de même dangereux pour moi puisque si lui ne ressentait possiblement rien, je commençais à m'attacher et ce n'était pas du tout une bonne chose. On ne pouvait pas s'attacher aux hommes comme Blake Ellis et il était hors de question que je le laisse me faire du mal. « Non ça semble plus excitant. » dis-je en souriant en coin alors que j'aimais le provoquer et si je ne pouvais actuellement faire que ça, j'allais m'en donner à cœur joie. Bien sur, le fait de le voir plus souvent que prévu me donnait un léger espoir de pouvoir reprendre nos escapades nocturnes mais je tentais aussi de ne pas trop compter là dessus. Je le regardais et haussais les épaules pour toute réponse sur Haynes avant de le suivre et de saluer les gens que nous croisions. Il y avait décidément énormément de monde ici et si je n'allais pas me souvenir de tous les noms, je devais au moins me souvenir de leur grade. Une fois dans la pièce, je n'écoutais Blake que d'une oreille, inspectant le tout d'un œil avisé. Il y avait énormément de choses ici, beaucoup d'informations contenus dans si peu de mètres carrés. Je repérais aussi les caméras et les angles ou elles ne semblaient pas fonctionner. Oh Lennox, serisouly ? Je posais mon regard sur Blake et esquissais un sourire, appréciant de le voir un peu désarçonné par ma présence. « Je crois que j'en ai une... » Je me rapprochais de lui et brisais totalement son cercle intime, lèvre légèrement mordues sur la côté de ma bouche. « Cette étagère là, elle sert à quoi ? » Oui, je me foutais de l'étagère mais elle était dans ce que je croyais être un angle mort et je n'allais certainement pas laisser passer ma chance. Blake Ellis, tu allais rêver de Roxane Lennox ce soir et tous les autres soirs de ta vie.
2014 ~ J’ai beaucoup de mal à expliquer pourquoi je suis aussi désagréable avec Roxane. Ce n’est pas le cas avec les autres, il n’y a qu’à voir comment je me comporte avec sa supérieure, femme qui a également tenté de me séduire il y a quelques années. Pourtant, jamais je n’ai été aussi mesquin qu’avec la nouvelle recrue du FBI. Il est évident que je sens qu’elle a une emprise sur moi et ça me déplait fortement. Si elle savait que nos nuits font souvent irruption dans mon esprit, elle en serait trop fière. Je ne sais pas ce qu’elle cherche à toujours tisser un lien avec moi. En redemande-t-elle ? Rien ne nous empêchait de poursuivre en dehors des heures de travail. Mais non, si ça finissait par se savoir, ma carrière serait impactée et elle, aurait l’étiquette de la nouvelle venue qui couche pour progresser. Je doutais que ce soit le cas, sinon elle aurait tapé plus haut que moi, mais je n’arrivais pas à saisir son comportement. A croire qu’elle aimait vivre dangereusement et que son taux d’adrénaline n’était pas assez haut. Fustigeant la jeune femme du regard alors qu’elle insinue que j’ai un problème avec le fait de passer du temps avec elle, je me retiens de l’assassiner sur place à lui dire que le FBI n’est pas un site de rencontres pour jeunes femmes aux hormones en ébullition et je rétorque : « C’est le moment de le prouver. » A voir si elle peut retenir le flot d’informations qu’elle va encaisser aujourd’hui. De toute façon, ce n’est pas mon problème, si demain elle ne se souvient pas de quelque chose, elle peut toujours demander à Howard ou à sa chef. Le comportement de Lennox me faisait tiquer parce que je n’étais pas indifférent. Tout chez cette femme provoquait en moi des sensations indéfinissables et si je la repoussais, j’admirais son courage et son abnégation, faisant face malgré tout, sans que je sache si elle était sérieuse, ou si elle était simplement joueuse. Je lève les yeux au ciel alors qu’elle fait encore des allusions plutôt évidentes et j’ai été stupide de lui montrer les caméras parce que je sais maintenant à quoi elle pense. Il en est hors de question. Ce n’est pas l’académie ici, on est très nombreux, et tout se sait. Lui offrant un sourire en coin, je lâche alors : « On verra si tu trouveras excitant de faire de la paperasse toute la semaine… » Parce que c’était clairement ce qui l’attendait dans un premier temps. On déléguait aux rookies. Pour l’instant, je parvenais à me contrôler en sa présence, ce qui était plutôt une bonne chose, mais je n’étais quand bien même pas serein. Je m’effondrais presque déjà alors que nous étions dans la salle d’archives. Elle exerçait une telle attraction, que je perdais le fil de mes explications. C’était comme si j’avais besoin de retrouver son corps, ses lèvres pour faire sens. Merde jamais je n’ai laissé personne dicter mon comportement, pourquoi ça commencerait maintenant ? Je n’avais même plus fait attention à Roxane Lennox, si elle écoutait ou non, aveuglé par le fait de la désirer si ardemment que ça m’en coupait le souffle. Et puis, elle fondit sur moi, comme si l’éthique était un mot qu’elle ne comprenait pas, qu’elle n’avait jamais rencontré. Elle était bien trop proche de moi, et je m’en étais arrêté de respirer. Je déglutis, complètement mis à mal par les effluves de son parfum qui s’infiltraient dans mes narines jusqu’à envouter la moindre de mes cellules. Frustré de la situation, je lui chuchote : « T’as complètement perdu la tête Lennox ? La salle d’archives est pleine de monde ! » Mais je sens un battement effréné dans ma poitrine, qui s’accélère à une vitesse folle que j’en ai presque du mal à respirer. Je ne la repoussais pas pour autant.
Faire le dur à Quantico était une chose mais continuer de le faire ici, ça n'avait pas vraiment de sens. Cela dit, je connaissais Blake, il n'était pas du genre à démontrer quoi que ce soit et si on me trouvait dure parfois, j'avais trouvé mon maître. Peut-être que c'était sa façon d'être en général même si je l'avais vu être plus sympathique avec d'autres recrues qu'avec moi. J'avais tout de même de l'avance sur elles, je n'avais pas la gentillesse mais j'avais eu son corps musclé entre mes mains et pas que. Repenser à ces moments là me faisait du bien sans savoir réellement pourquoi... Au fond, nous étions tous des êtres humains et nous ressentions des besoins, des envies et parfois ils se confondaient totalement. « Ce n'est pas moi que ça embête. » répondis-je en terminant rapidement mon donuts. Serrer des mains avec les doigts légèrement collant n'était pas vraiment recommandé pour une première journée, heureusement j'avais embarqué une petite serviette de la salle du repos pour m'éviter ce genre d'ennuis. « Parce que tu crois que je m'attendais à être mise sur le terrain avec une arme et une enquête digne de New-York 911 ? Je ne suis pas naïve Blake, je vais me coltiner des mois de paperasse avant que ça devienne intéressant mais... ça vaut le coup. » Encore une fois, il pouvait interpréter mes derniers mots comme il le voulait, est ce que je parlais du job et de ma carrière ? Ou de lui ? J'aurais aimé être dans son esprit le temps de quelques secondes pour voir à quelle hypothèse il avait réfléchi en premier. J'adorais reprendre ce petit jeu entre nous même si je savais, encore une fois, que je pouvais me brûler les ailes. Tant pis, j'aimais trop le regard qu'il posait sur moi quand il n'était plus dans le contrôle. Une fois dans la salle des Archives, je devais reconnaître que je n'avais absolument rien écouté de ce qu'il m'avait dit ou du moins d'une oreille histoire de savoir me repérer si besoin, un jour. Tout ce qui m'intéressait, là tout de suite, c'était de voir si après une semaine sans se voir, ce qui n'était pas beaucoup, il allait réussir à me résister. Quelque chose me disait que non même si il aurait probablement du après tout comme il l'avait dit bien dit, j'étais un poison. Un putain de bon poison. Toujours plus proche de son corps, je peux presque désormais sentir son souffle lorsqu'il parle et ce sans que personne ne puisse le remarquer. Personne ne faisait attention à nous et personne ne pouvait réellement nous voir de là ou on se trouvait, merci les étagères et les cartons d'archives. « Je t'ai connu moins farouche Ellis, les vestiaires de Quantico, ton bureau, la foret, les chambres pas fermées... ça ne t'arrêtait pas. » chuchotais-je alors que ma main glissait sur sa ceinture puis son entre-jambe. Ce n'était clairement plus de teasing que je faisais, on pouvait même dire que je prenais les choses en main -dans tous les sens du terme- mais je voulais voir sa réaction, voir son attitude et aussi voir jusqu’où nous pouvions aller tous les deux.
2014 ~ J’aurais pu faire comme si je ne la connaissais pas. Ca aurait été plus facile pour moi. L’ignorer, me comporter comme si j’étais amnésique ou ne l’avais jamais rencontrée. Mais je n’avais pas réfléchi sur le coup, tellement surpris de la voir débarquer dans mon unité. Elle avait cette aura qui m’empêchait de réfléchir, comme annihilé par son charisme, sa prestance. Elle avait toujours son mot à dire, et quelque part j’espérais pour elle qu’elle ne se comporte pas de la sorte avec sa supérieure. Elle la recadrerait directement. « J’ai compris. Je ne suis pas sourd. » Que je lâchais alors qu’elle réitérait ses propos. Elle pensait que ça me dérangeait, mais je n’en avais que faire de passer une heure ou quinze avec elle tant qu’elle gardait ses distances. Sauf que je ne me fais pas d’illusions, je sais que comme se taire, elle ne sait pas mettre de barrières et rester à sa place. Aussi, alors qu’elle me fait un speech sur une série télévisée, je lève les yeux au ciel et ironise : « Déjà ici c’est pas New-York, puis encore moins 911. Tu sais toujours pas le métier que tu fais, Lennox ? Bien pour une major de promo… » Elle n’a vraiment pas l’intention de me foutre la paix, et si j’ai envie de l’abandonner en plein milieu du couloir pour vaquer à mes occupations, je ne peux le faire puisque j’ai accepté cette responsabilité pour l’heure qui suit. Toutefois, il y a quelque chose qui me chagrine dans son comportement, c’est qu’elle prend bien trop d’aises. « Et je ne crois pas t’avoir autorisée à m’appeler par mon prénom. » Que je lui dis d’un ton ferme alors que je m’arrête momentanément pour lui faire face. Personne ne m’appelle Blake ici, pas même les personnes avec qui je travaille depuis des années. C’est comme à l’armée, c’est le nom de famille. Je ne sais pas de quoi elle parle quand elle dit que ça vaut le coup, mais j’essaie de ne pas trop analyser le moindre de ses dires car j’en perdrais la tête. Une semaine que je ne l’avais pas vue, et mon corps la réclamait comme si un an d’abstinence s’était écoulé. Je ne pouvais pas la repousser avec virulence, les caméras la verraient reculer, et ça poserait problème à un gars de la sécurité car elle apparaitrait sur l’écran de contrôle si elle reculait d’un mètre. Son souffle se mélangeait déjà au mien, et j’essayais de me concentrer un maximum pour ne pas flancher. Trop de monde était présent ici. Qu’on soit cachés ou non, je ne pouvais craquer parce qu’on nous entendrait. Ce n’était pas comme si on faisait partie d’un petit commissariat, nous étions l’élite de la nation, on ne pouvait se comporter selon des besoins primaux. Et pourtant, je savais que telle une bombe à retardement, j’avais un compte à rebours lorsqu’elle s’y mettait. Elle savait me faire défaillir. Ses mots me firent frissonner. Tout me revenait en tête. J’avais envie d’elle. « Qu’est-ce que tu veux ? Bousiller ma carrière ? Ca t’amuse ? » Que je peste tout bas en fronçant les sourcils, jusqu’à ce que sa main se balade sur mon pantalon et mon bassin réagit immédiatement. Pourtant je lui saisis la main avec fermeté, l’attirant contre moi malgré moi. « Tu veux jouer ? » Je ne sais pas pourquoi je la regarde avec défi, mais avec vivacité je la bascule contre l’étagère, approchant mes lèvres de son oreille : « Je t’ai tant manqué que ça, Lennox ? » Ma main libre glisse directement sur son intimité, dans son pantalon, laissant mes doigts la titiller autant que ce qu’elle me rend dingue. « Alors Lennox, j’ai pas bien compris, on est accro ? » Et je lui mordille la lèvre pour achever ma phrase. J’ai beau croire que j’ai la situation sous contrôle, je suis en train de me condamner.
Blake avait décidé de continuer à être désagréable. J'acceptais son côté rustre, ce n'était pas un problème, je savais que derrière cette apparence d'ours mal léché se cachait autre chose, quelque chose de bien plus attirant et sexy, quelque chose que j'avais aperçu lors de nos nombreux ébats à Quantico. Peut-être que me repousser ainsi était sa façon de se contrôler ou de tenter de se contrôler car il ne fallait pas être aveugle pour voir que si nous nous approchions trop près l'un de l'autre, il n'y avait plus aucune notion de contrôle qui existait. « Je croyais que tu aimais les répétitions. » Oui, je ne parlais pas de mes paroles mais belle et bien de nos ébats à répétition. Je lui adressais un sourire presque hautain mais je savais qu'il allait comprendre, comme toujours. « Tu veux vraiment aller dans les détails comme ça ? T'as compris ce que je voulais dire, fais pas genre. Et c'est bien de ne pas oublier que j'étais major de promo. » Il se mettait face à moi et je ne baissais pas le regard et ce malgré sa tête de plus que moi. « T'es plus mon instructeur, t'as pas d'ordres à me donner, en tout cas pas ici. » Encore un sous entendu, mais avais-je dit que c'était comme une religion chez moi ? Ce qui l'était presque devenu aussi c'était mon attirance physique pour Blake. Bon sang, je devais me retenir, il n'était pas du tout fait pour moi mais... Impossible, c'était trop bon surtout lorsqu'il craquait à son tour ne cherchant pas à me repousser ni même à me recadrer. Je ne l'aimais jamais autant que lorsque il prenait me dessus sur moi. « Non, je te veux toi. » dis-je en le regardant avec un petit sourire en coin ne pensant pas une seconde à sa carrière ni même à la mienne. J'avais toujours la sensation de tout contrôler dans ma vie et je faisais toujours en sorte que ce soit l'image que je renvoie... Là en l'occurrence, je savais même plus ce que ce mot voulait dire. Il attrapait ma main avec fermeté et je souriais de plus belle avant de m'avancer encore plus contre lui sentant que je lui faisais son petit effet. « Je veux jouer. » répondis-je sur le même ton que lui avant qu'il ne me pousse contre une étagère et qu'il me chuchote à l'oreille. Manqué ? Si tu savais Ellis. Je sentais sa main glissais dans mon pantalon et je mordais mes lèvres sentant parfaitement ce qu'il tentait de me faire. Il y arrivait parfaitement d'ailleurs. Prise à mon propre jeu. Je serrais mes mains sur ses bras alors qu'il mordillait ma lèvre tout en continuant de me faire un bien fou avec ses doigts. « Dans tes rêves Ellis... » dis-je doucement avant de laisser sortir un léger gémissement que je ne pouvais contrôler. A vrai dire je perdais pieds et mon corps était totalement à sa merci tout comme mon esprit. Bordel, non ! J'agrippais ses lèvres dans un baiser langoureux et passionné, tout comme ce qu'il me faisait vivre quelques centimètres plus bas. Mon corps le réclamait d'une force indéniable et difficilement domptable mais je n'étais pas certaine, nous connaissant, que l'on puisse s'envoyer en l'air ici sans que personne ne le sache, quoi qu'on était bien partis.
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Mer 18 Mar - 15:56