Au total, le flic n'avait passé qu'une nuit en soins intensifs et cinq jours en chambre. Largement suffisant. Il n'avait pas vraiment eu l'intention de s'éterniser, y'avait mieux comme lieu de villégiature. Sa dernière mission avait été un bordel sans nom. Ouais et son épaule, qu'il portait en écharpe, le lui rappelait à chaque mouvement. Le flic avait exceptionnellement pris un antalgique le matin même, ce qui lui arrivait tous les trente-six du mois. Lui qui évitait de se taper des traitements avait bien dû reconnaître qu'il douillait. Les nombreux hématomes internes, sous son flanc gauche, et les quelques points de suture à l'arcade passaient encore. La luxation totale de l'épaule, beaucoup moins. Et la nouvelle était tombée à sa sortie de l'hôpital, il en avait pour un bon mois d'ITT. Délai qu'il avait négocié avec son chef dans la foulée. Le service avait forcément de la paperasse en retard et même si Rivera n'était clairement plus apte à tâter du terrain, il pouvait encore s'occuper de la saisie. Tout ce qui le gonfle profondément dans son job, en somme. Sauf que les seuls allers-retours entre l'hôpital, pour sa rééducation, et son appartement allaient rapidement lui taper sur le système. Et rester sur le canapé, le reste du temps, ne faisait pas vraiment partie des options. Alors ouais, jouer au gratte-papier était pas une si mauvaise alternative. ça lui permettrait de jeter un oeil sur les enquêtes du LAPD en cours et de continuer à avancer sur le dossier brûlant du FBI. Échanger avec son responsable lui aura aussi permis d'accorder leurs violons sur la version officielle de l'accident, celle qui serait servie à ses collègues. Le silence radio autour de la mission était toujours de mise.

Le flic toqua à la porte de la chambre avant d'entrer. Il repéra Ellis en premier, tapis dans un fauteuil près du lit. Clairement pas la mine des bons jours et vu ce qu'ils venait de vivre avec Lennox, ça se comprenait. Lundi dernier, le flic avait plutôt eu de la chance. Assise sur le lit, de dos, il devinait sans mal Lennox. "Content de vous revoir entiers," lança Rivera avec un léger sourire. Il le pensait, fédéraux ou pas.

Il avait été plus que reposant de retrouver ma fiancée en vie, sortie du coma. Elle avait beau rester encore un moment à l’hôpital, je m’en fichais, j’étais maintenant bien plus rassuré. Malgré tout, j’avais pas mal de soucis à gérer au travail. On me reprochait de m’investir pour ma vie personnelle, ayant pris la décision seul de travailler un maximum de l’hôpital, pour pouvoir rester avec Roxy autant que je le pouvais. Pourtant ses sœurs et son frère lui rendaient visite tous les jours, et je pouvais donc la laisser avec eux, mais c’était comme si je ne supportais plus m’éloigner plus de cinq minutes, la crainte de la perdre était encore trop vive. Et puis, il y avait la perte du bébé qui nous contrariait tous les deux encore beaucoup. Parfois, submergés par l’émotion, il fallait qu’on se retrouve pour tenir bon. Dire que j’étais épuisé était un euphémisme. Je dormais si peu que j’avais l’impression de tanguer dès que je me levais. Je me gardais bien de dire à Roxy que j’aurais besoin de dormir. De toute façon, je ne pensais pas pouvoir y arriver sans elle à la maison. Je ne rentrais que pour nettoyer la maison, me doucher et récupérer des affaires pour Roxy. Il me tardait qu’elle puisse rentrer à la maison, mais en même temps, je ne savais pas encore comment j’allais gérer cette éventualité, puisqu’elle allait devoir récupérer, et je n’étais pas sûr de pouvoir m’absenter du travail encore bien longtemps. Je ne voulais pas trop prévoir pour l’instant, car seule sa guérison m’intéressait. J’aviserais sur le reste plus tard. C’était d’ailleurs une grande première pour moi de ne pas planifier. Perdu sur mon ordinateur, tentant de travailler autant que je le pouvais dans cette position inconfortable, vissé sur la chaise de garde-malade, on frappa à la porte et je relevai les yeux dans la direction de cette dernière, après avoir regardé l’heure. L’infirmière était passée il y a peu, ça ne pouvait donc pas être elle et Casey passait généralement un peu plus tard. Peut-être Cameron et Ollie ? Au final pas un membre de la famille, mais une personne qui me fit tout autant plaisir de voir. Damian Rivera, où l’homme à qui je devais la vie de Roxy. « Tiens donc, le héros national ! » Que je lançais d’un sourire, bien que j’aie probablement une mine affreuse. Me levant de ma chaise, je le prie de s’installer à ma place. « Tiens, installe-toi là ! » Je l’observe un instant. Il a le bras en écharpe, et je me souviens de la scène de chaos comme si c’était hier. Je lui ai demandé d’appuyer sur la plaie de Roxy alors qu’il devait avoir une épaule luxée. J’avais fait fi de son état, me focalisant que sur celui de ma fiancée, et je culpabilisais de l’avoir mis à contribution, ayant peut-être endommagé davantage son épaule. « Comment tu vas ? » Question sincère et légitime, même si évidemment, il n’était pas là pour moi, mais pour ma fiancée, et je m’adossais à un mur de la pièce pour les laisser discuter tranquillement alors que j'avais refermé mon ordi, le rangeant dans ma sacoche.

Je ne pouvais pas dire que les derniers jours avaient été difficiles pour moi puisque je les avais passé dans le coma. J'avais fermé les yeux sur le sol de l'entrepôt pensant ne plus jamais les rouvrir mais finalement, je m'étais réveillée une semaine plus tard dans un lit d'hôpital. Mon heure n'était donc pas arrivée ou peut-être que la volonté de Blake et de Rivera avait été plus forte que le destin. J'avais demandé des détails à mon fiancé, j'avais voulu savoir ce qui était arrivé lorsque j'avais perdu connaissance et même si c'était douloureux à entendre, j'en avais eu besoin. Il fallait que je puisse comprendre tout ce qui m'était arrivé pour mieux me relever même si les étapes de ma reconstruction allait être longue. D'après mes médecins, mon physique ne serait pas un problème et je retrouverai d'ici peu ma motricité mais les séquelles psychologiques allaient me poursuivre quelques temps voir quelques mois. Comme si nous avions besoin de ça... Après l'atroce mission qu'avait subi Blake avec a perte de son équipe, voilà que je me retrouvais moi aussi, sur le banc de touche. Est ce que nous avions bousillé nos carrières ? La mienne surement plus que la sienne mais c'était comme ça et je n'avais pas encore assez de force pour être spécialement en colère contre mes patrons. D'ailleurs bien qu'il tentait depuis mon réveil de me montrer le contraire, Blake n'avait pas plus de force que moi ne dormant presque jamais hors de cette chambre d'hôpital un peu lugubre. Je tachais de négocier avec lui quelques heures de repos chez nous quand on toquait à ma porte. Je me tournais doucement et esquissais un sourire en voyant Rivera entrer. Bon sang ce que ça me soulageait de le voir et malgré son bras en écharpe, il était en vie et c'était tout ce qui comptait. « Contente de te revoir tout court. » Nous n'étions pas spécialement habitués à nous échanger des familiarités mais après ce qu'on avait vécu, le formel passait au second plan tout comme nos petites pirouettes verbales d'agent fédéral et de flic. Le laissant s'installer, je m'asseyais un peu mieux -comme je le pouvais- dans mon lit. J'attendais de savoir comment il se sentait et évidemment je n'avais qu'une envie, le remercier d'avoir été le meilleur co-équipier possible et de m'avoir sauvé la vie.

Au final, ils s'en étaient plutôt bien sortis avec Lennox. Ouais, ils avaient gagné quelques jours d’hospitalisation mais le duo avait eu du bol de se faire cueillir par cette fichue bombe, d'entrée de jeu. A quelques minutes près, l'issue aurait probablement été bien différente. Des agents de terrain auraient clairement pu y laisser leur peau. Ellis l’accueillit avec un « Tiens donc, le héros national ! » Ouais, il irait pas jusque là. Ils connaissaient tous les risques du métier, Dam' vivait avec depuis qu'il était venu gonfler les rangs du LAPD. « Tiens, installe-toi là ! ». Le flic sourit à Ellis avant de s’asseoir, il s'éterniserait pas. Dam' avait prévu de faire un saut à l'appartement de Sydney. Jusqu'à présent, il avait cloisonné sa vie ; seul le boulot occupait son temps et il y avait toujours trouvé son compte. Sauf qu'à voir Ellis et Lennox sur le terrain lundi dernier, il était peut-être passé à côté de quelque chose. Une porte ouverte sur des options qu'il avait jamais vraiment envisagé avec Syd'. Enfin qu'il s'était jamais autorisé à envisager, et ouais ça changeait tout. « Contente de te revoir tout court. » lui souffla Roxy depuis son lit. Ils avaient tous une sale gueule, des traits tirés au possible. Fallait dire qu'ils venaient de vivre une sacrée semaine. « Comment tu vas ? » lança Ellis en détaillant son écharpe. « ça ? » plaisanta le flic en essayant de soulever son bras gauche, plus un poids mort qu'autre chose. Dam' s’octroyait le droit d'essayer de le faire bouger par moment. ça douillait, son médecin était contre mais il s'en foutait. Il avait besoin de savoir que ça reviendrait et vite. « Je l'ai piqué au service des pansements. » Rigole Rivera. Il avait juste du mal avec ça, comme une impression d'être diminué. Et c'était rude pour un flic de terrain. « Nan, ça va. » renchérit le flic avec un regard pour Lennox qui peinait à rester assise. « J'ai eu Malone ce matin. » Son chef avait tendance à fourrer son nez un peu partout mais ça restait un bon flic. De confiance ? ça, Dam' en aurait pas non plus mis sa main à couper. « Il m'a donné de tes nouvelles. » Après un regard circulaire dans la chambre, ça se voyait qu'Ellis avait passé des heures dans le coin. Un ordinateur portable par ci, des bouquins, denrées alimentaires par là. Ils s'étaient bien trouvé ces deux là. « Comment tu vas, toi ? » Avec un regard pour Ellis, le flic ajouta. « C'est quoi les dernières nouvelles ? Ils ont déjà commencé à parler de sortie ou c'est encore prématuré ? » Lennox sortait des abîmes, de jours entiers passés dans le noir d'une chambre. Alors ouais, il lui faudrait probablement pas mal de temps pour se remettre sur pied.

Je n'avais pas spécialement de souvenir de l'opération même si je savais que nous avions tous été happés par une explosion. D'ailleurs, j'attendais le rapport d'enquête mais de ce que j'avais compris, l'un des malfrats avait tenté de piégé l'autre avec cette bombe sans savoir que des fédéraux allaient leur tomber dessus. C'était sans doute un échec pour eux de ne pas avoir notre mort sur la conscience d'ailleurs. Je tentais tout de même de ne pas trop penser au travail puisque j'avais reçu l'ordre de me reposer et de ne faire que ça. En même temps, coincée dans mon lit d'hôpital, je n'avais pas grand chose d'autre à faire n'ayant pas mon ordinateur ni même mon téléphone. Rivera venait d'entrer et j'étais heureuse de le voir, malgré son bras en écharpe, il semblait allait bien. « J'ai toujours su que tu étais un voleur. » plaisantais-je en souriant alors que si je ne lui avais jamais clairement dit, j'avais énormément de respect pour lui ainsi que pour son travail. J'étais certaine que si il n'avait pas une aversion pour le FBI, il aurait fait un excellent agent, et je n'avais eu de cesse de le taquiner avec ça. « J'aurais aimé que tout se passe différemment, je suis désolée. » Désolée de l'échec, désolée de ses blessures et de tout ce qu'il devait endurer depuis. Si j'aimais les réussites comme tout le monde, je n'avais pas de mal à assumer mes échecs. J'étais responsable de tout ça, je le savais. « Malone prend de mes nouvelles sans que je ne le sache, je savais qu'il m'aimait bien. » Toujours de la plaisanterie parce que je n'étais pas certaine d'être dans ses petits papiers, surtout pas en lui piquant un agent pour une mission fédérale. Quel affront surtout qu'il n'avait pas eu son mot à dire. « Ça va, je reprends un peu mes esprits après tout ça... et je dois dire que si je suis encore là c'est grâce à toi. Merci, sincèrement. » J'avais déjà remercié mon fiancé, mainte et mainte fois mais je n'avais pas encore eu le temps d'exprimer ma gratitude directement à Damian. « Pour l'instant, je dois me reposer, reprendre des forces. J'ai mal au niveau du ventre mais d'après le médecin, ça va se remettre sans séquelles... Mais je n'ai pas de dates de sortie pour l'instant mais j'ai un fiancé aux petits soins, je ne suis pas malheureuse. » Même si j'aurais bien aimé parce que les 4 murs de cette chambre commençait à me sortir par les yeux. Je souriais à Blake avant de reposer mon regard sur mon visiteur. « Et toi ? Tu bosses ou tu es en repos forcé aussi ? » D'ailleurs, je ne savais pas ce qu'il en était de notre mission, des objectifs et du rapport final... J'espérais que l'aide du flic allait être récompensé à sa juste valeur.

Je ne connaissais pas vraiment Rivera. Je ne savais pas quel genre d’homme il était, mais si j’avais une idée à me faire de lui, j’avais tendance à croire qu’il était assez rustre comme moi, le genre d’homme plutôt froid au premier abord, mais sur qui une fois que vous avez gagné sa confiance, vous pouvez aisément compter. En tout cas, c’était l’image que j’en avais maintenant que je m’étais rendu compte que sans lui, ma fiancée aurait péri dans cette mission qui aurait dû être une formalité. Ce flic avait plus que mon respect, et désormais, je me mettais à son service, s’il avait besoin de quoi que ce soit. Il ne pouvait imaginer à quel point j’étais reconnaissant. J’avais beau avoir perdu un enfant dans la bataille, ma fiancée et bientôt femme était bel et bien en vie et c’était grâce à lui. Ils étaient revenus de l’enfer ; un enfer que j’avais connu il y a peu et dont j’avais beaucoup souffert, plus mentalement que physiquement. C’était la raison pour laquelle j’avais posé la question à Damian, mais comme je m’y attendais, il s’attardait sur le physique, son bras en écharpe, qu’il minimisait. Aussi, je m’empressais de m’excuser : « J’espère qu’en te poussant à m’aider à sauver Roxy, je n’ai pas aggravé ta blessure. » Je souris alors qu’il en plaisante et que Roxy renchérit. Il faut croire que l’homme de loi est un dur à cuire. J’ai presque l’impression d’être plus épuisé que lui, alors qu’au fond, je n’ai pas fait quoi que ce soit dans cette mission. Cependant, le fantôme de la mienne me pèse toujours sur la conscience, et l’inquiétude de perdre Roxy m’avait achevé. « Je sais ce que c’est d’être diminué. On veut qu’une chose, c’est retourner sur le terrain. » Et pourtant, ma vision avait changé maintenant que c’était arrivé à Roxy. Je tenais à ce qu’elle se repose, qu’elle ne reprenne pas trop vite, alors que je n’appliquais pas cette règle à moi-même, puisqu’elle se battait pour que j’aille dormir à la maison plutôt que de somnoler à côté d’elle. A entendre ma fiancée s’excuser, je grimace, mais je ne dis rien. Elle se blâmait alors qu’il lui était impossible de prédire les agissements d’un groupe de malfrats rival. Je restais silencieux malgré tout, ce n’était pas ma conversation, mais la leur, que j’écoutais sagement, jetant un regard à mes mails sur mon téléphone, sans pour autant m’égarer dans mes esprits, puisque je restais focalisé sur ce qu’il se disait. Je lève les yeux, alors qu’elle me mentionne et lui rend son sourire. Je n’ai pas de mérite. Je ne fais rien d’extraordinaire. « Je ne fais qu’être là pour ma fiancée, ça n’a rien d’exceptionnel. » Je n’aime pas être mis en avant, alors comme d’habitude, j’atténue mes prouesses qui pour le coup n’en sont pas, si ce n’est que je me demande encore comment je fais pour tenir debout alors que je n’ai vraiment pas dormi depuis plus d’une semaine.

« J'ai toujours su que tu étais un voleur. » lui lança Roxy. Le flic sourit, il préférait la voir dans cet état. Ils avaient beau avoir un relationnel particulier en temps normal, ils s'accordaient plutôt bien dans les faits. Et la savoir clouée sur un lit d'hôpital l'avait fait chier. Ouais, sauf qu'il allait pas le crier sur tous les toits. Le FBI resterait le FBI. Et Ellis avait dû encaisser pas mal la semaine passée. « J'aurais aimé que tout se passe différemment, je suis désolée. » Ils auraient tous préféré. Rivera secoua la tête, c'était pas de sa faute si cette foutue bombe les attendait. L'unité avait foncé droit dessus mais s'il y en avait à blâmer dans l'histoire, c'était ces connards de trafiquants. Pas Lennox. « T'as fait tout ce qu'il fallait. On pouvait pas savoir que ces salauds nous attendaient de pied ferme. » Parce que c'était clairement ce qu'il s'était passé. Ils avaient dû être informés d'une inter' imminente. Sinon, ils se seraient pas fait chier à piéger l'entrepôt. Dam' aurait pu perdre gros dans l'histoire. Des collègues faisaient partie du voyage. Ils auraient pu payer un plus lourd tribut que celui qu'ils connaissaient aujourd'hui. « Ça va, je reprends un peu mes esprits après tout ça... et je dois dire que si je suis encore là c'est grâce à toi. Merci, sincèrement. » Et le flic pouvait pas dire que le plaisir était pour lui. Son épaule avait sacrément pris cher dans la bataille mais il s'en foutait. Si c'était à refaire ? La même. Le flic ne se poserait même pas la question. Des hommes de terrain restent des hommes de terrain. Ils partent ensemble, ils reviennent ensemble. ça faisait partie des valeurs des flics et probablement du FBI aussi. « T'as pas à me remercier Roxy. » Il l'appelait rarement par son prénom. Fallait croire que ça allait peut-être changer dans les semaines à venir. « ça j'en doute pas» répondit le flic avec un regard coulant vers Ellis. Il avait eu les épaules plus que solides avec ce qui lui était tombé dessus. Il y avait une chance pour qu'ils soient fait du même bois. « T'imagines bien que pour le terrain, va falloir attendre.» lança Damian en soulevant légèrement son épaule. « J'ai pris quatre semaines d'ITT. » Au bas mot lui avait fait comprendre son chef. « Mais j'ai pu négocier un retour anticipé avec Malone. De la paperasse à faire en attendant de reprendre les interventions. » Ce serait toujours mieux que de rester à tourner en rond dans son appartement. Bon dieu, qu'il se défoulerait sur les sacs de sable de la salle une fois qu'il serait remis sur pied. « J’espère qu’en te poussant à m’aider à sauver Roxy, je n’ai pas aggravé ta blessure. » Tiens, des remords Ellis ? Le flic pencha la tête pour l'avoir de plein pied dans son champ de vision. « T'en fais pour ça. Arrêté pour arrêté de toute façon. » répondit le flic avant d'ajouter. « Si j'avais été à ta place, j'aurais réagi de la même manière. » Et c'est probablement ce qui faisait d'eux des bons flics. Ou bons fédéraux. Réagir dans l'urgence. Ils étaient formés pour ce cas de figure. Ellis avait fait ce qu'il devait faire et Rivera s'en remettrait. C'est pas une épaule en moins qui allait le freiner. Pas pour bien longtemps en tout cas. « Ouais... » Dam' était un flic de terrain. Alors l'adrénaline dans les veines ; il ne faisait son job que pour ça. Il était né pour servir sa ville. Dam' s'abstint de poser la question mais il supposait qu'Ellis avait pris sur ses jours de congés pour rester auprès de Roxy. Accident ou pas, si le FBI fonctionnait comme le LAPD ; ils faisaient pas de cadeau dans ces cas là.

Rivera ne semblait pas m'en vouloir de l'échec de la mission et dans un sens, ça me rassurait. Je l'avais entraîné là-dedans allant même le chercher dans son bureau pour lui demander de se joindre à moi, il était donc évident que je prenais sur moi les responsabilités de ce qui était arrivé. Bien sur, personne ne pouvait s'attendre à ce qui était arrivé mais dans un sens, peut-être que nous aurions du. Je n'avais pas envie de me tourmenter l'esprit pour le moment, j'avais bien le temps d'y penser lorsque je ferai mon retour au bureau. « J'espère qu'ils vont le payer cher. » Du moins ceux qui avait été attrapés juste après l'explosion, pour le reste du réseau, c'était une autre histoire. Je remerciais le flic d'avoir aidé Blake à me sauver et j'avais la sensation qu'un simple merci n'était pas vraiment suffisant mais c'était, pour le moment, tout ce que je pouvais faire. Je lui souriais alors que sa réaction me faisait penser à celle de mon fiancé et je commençais à croire qu'ils avaient plus en commun que ce que j'avais imaginé. « J'y tiens quand même Damian. » Finalement, ce n'était pas désagréable de s'appeler par nos prénoms et après ce qu'on avait vécu, c'était peut-être quelque chose qu'on allait garder. « Je m'en veux vraiment que tu te tapes de la paperasse... » Parce qu'il était accroc au terrain tout comme nous l'étions et ce n'était pas pour rien que j'avais pensé à lui pour cette mission. Je regardais Blake puis Damian avant de reprendre. « Je crois que sans vous deux, je ne serai plus là pour en parler. » C'était même une certitude et je me sentais chanceuse d'être si bien entourée autant dans mon travail que dans ma vie privée. « Tu dis ça mais si ça l'est. » répondis-je à mon fiancé alors que dans les films, c'était chose commune de sauver son ou sa bien aimé(e) mais dans la vie de tous les jours, ça restait un exploit. « En tout cas, quand je serai enfin de retour chez nous, tu es le bienvenue pour dîner, je te dois au moins ça. » proposais-je lui laissant bien sur le loisir de refuser si il n'en avait pas envie. Peut-être que j'avais assez traumatisé son quotidien pour qu'il m'accorde du temps mais si il était venu me rendre visite, je supposais quand même qu'il n'était pas en overdose de fédéraux.

« De ce que j’ai entendu, ils ont été coincés, et sachant que des agents et des flics sont morts, ils vont prendre perpétuité. » Ceux qui avaient assassinés mon équipe courraient toujours et si je savais de qui il s’agissait, je n’en avais pas informé ma hiérarchie à cause des menaces qui planaient sur Roxy. Mais ça ne ramènerait pas les défunts. Remarque, ils avaient de la chance, ils les avaient coincés. Les excuses fusent, et quelque part c’est normal quand une mission ne se déroule pas comme prévu. Quoi qu’il en soit, j’étais heureux de savoir qu’ils soient tous les deux là pour en parler. Au regard du déroulé des événements, ils pouvaient s’estimer heureux d’être en vie et sans de graves séquelles, même si pour Roxy, on ne pouvait pas en dire autant puisqu’elle avait frôlé la mort, subi une opération et perdu notre bébé. Il m’était très difficile d’apprendre à gérer toutes les émotions contraires que je ressentais car j’avais été à leur place quelques semaines plus tôt et évidemment, je n’avais eu qu’une hâte, celle de reprendre le travail, alors que Roxy me sommait de me reposer. Aujourd’hui, on inversait les rôles, même si je n’étais pas encore totalement réhabilité à mon poste. J’acquiesce en lui suggérant d’ailleurs que ça prendrait surement plus de temps que ce qu’ils pensaient. « Avec l’impact psychologique d’un échec en mission c’est même pas sûr que tu reprennes complètement d’ici un mois. Parole d’agent suspendu ! » Dis-je en levant les yeux au ciel. J’avais encore du mal à admettre que j’avais été affaibli et je supportais mal l’éloignement du terrain, mais je savais que c’était nécessaire à ma santé et à la sécurité du pays. Le dénommé Damian, que je ne connaissais que sous le nom de Rivera auparavant, se pencha pour me regarder et j’eus un léger sourire en coin. « Si je suis honnête, je te dirais que ta vie importait peu à mes yeux à ce moment-là. Mais tu as sauvé ma fiancée, donc j’espère que tu te remettras vite. » Je n’étais pas attaché à quoi que ce soit, seule Roxy importait, mais avec les heures à penser et à rester sur cette chaise, j’avais réalisé que je ne m’étais même pas assuré de son état. Roxy nous remerciait à sa façon, et je lui souris avec bienveillance pour qu’elle chasse les mauvaises idées de sa tête. « Mais tu es là. » Donc, plus besoin de refaire le monde. « Tu ferais la même chose. Je le fais volontiers. » Certes j’avais une mine affreuse étant complètement sur les rotules, mais je ne changerais pas d’attitude tant qu’elle n’irait pas mieux. Histoire de détendre l’atmosphère, à la proposition de diner à la maison, je plaisantais : « Un flic chez les fédéraux, c’est une première ! » Je jugeais aussi un certain aspect de l’invitation qui ferait probablement sourire Rivera : « J’espère que tu n’as rien contre, mais c’est moi le cuisinier à la maison… » Et il valait mieux pour lui puisque ma fiancée n’était pas l’archétype de la parfaite ménagère.  

« J'espère qu'ils vont le payer cher. » lança Roxy. Y'avait intérêt que ce soit le cas, vu le nombre d'agents qui s'étaient retrouvés en ITT suite à l'inter'. Enfin, dans le meilleur des cas, comme Lennox et lui. Et pour les autres, flics et fédéraux qui ne remettraient plus un pied chez eux... ils allaient morfler ces salauds. Même si Damian avait un bras en écharpe, ça ne l'empêchait pas de faire son boulot de flic. La tête comptait autant que les jambes. ça servait à que dalle d'avoir une arme si on ne savait pas se servir du reste. Et il allait pas lâcher l'affaire comme ça, aussi prêt du but. S'ils s'étaient pris une bombe dans la figure, c'était pas pour rien. Ils avaient touché un point sensible, commencé à mettre la pagaille dans leur petit business. « De ce que j’ai entendu, ils ont été coincés, et sachant que des agents et des flics sont morts, ils vont prendre perpétuité. » Info qui fit naître un sourire sur les lèvres du flic. « J'ai bien fait de passer, j'ai l'impression. » lança Damian en souriant. Lennox se remettrait petit à petit et une belle brochette de connards allaient prochainement passer en jugement. Avec ce genre d'affaires, la justice savait aller vite. Le genre de bonne nouvelle qui faisait plaisir. « Malone a omis de me communiquer ces infos. » A croire qu'être en ITT l'empêchait de suivre l'enquête. Le flic haussa les épaules. La paperasse, ce serait mieux que rien. Histoire de rester dans le rythme des affaires du bureau. Plus que de se remettre du fiasco de leur inter', c'était de ça dont le flic avait besoin. Rester dans les petits papiers du LAPD, continuer son job coûte que coûte. « Si il y a que ça... t'auras celui de notre inter' à faire.» plaisanta le flic. Ils s'en étaient pas si mal tirés, c'était tout ce qui comptait. Dam' pensait déjà à la suite, il avait eu plusieurs jours coincé dans sa chambre d'hôpital pour se rejouer la scène. Le flic avait besoin de repasser à l'action même si cet épisode resterait dans un coin de son crâne pendant un petit temps. « Avec l’impact psychologique d’un échec en mission c’est même pas sûr que tu reprennes complètement d’ici un mois. Parole d’agent suspendu ! » Ouais, sauf qu'il était pas à la tête de l'unité au moment des faits et qu'il faisait pas partie du groupe le plus touché. Il avait bon espoir de passer à travers les mailles du filet. Même s'il y avait des chances qu'il se mette le doigt dans l'oeil. Pour le LAPD, c'était un flic comme les autres - dans le rang. Ni plus, ni moins. Avec un dossier béton depuis qu'il y bossait mais ça suffirait pas si son boss décidait soudain de freiner des quatre fers pour une reprise. « On verra dans un mois. » répondit le flic. La situation était différente de celle d'Ellis. Il était pas suspendu mais en arrêt. « Si je suis honnête, je te dirais que ta vie importait peu à mes yeux à ce moment-là. Mais tu as sauvé ma fiancée, donc j’espère que tu te remettras vite. » S'il y avait un truc d'appréciable avec Ellis, c'est qu'il prenait pas de pincettes. Tant mieux, il avait horreur de ça. « Ouais, je pense qu'on peut faire difficilement plus honnête... Et un flic chez les Ellis ? » lança Rivera, surpris. Apparemment autant que Blake. « Ouais, pourquoi pas. Avec plaisir. » Avec Roxy, ils s'étaient toujours limités au strict minimum. Le privé restait à la porte. Sauf que finalement, flics ou fédéraux ; ils étaient pas si différents. En ce qui concernait les Ellis. Rivera serait pas aussi clément avec de nouvelles têtes. « Et je pense que ça devrait aller. » ironisa Damian. Lui n'avait pas de temps à passer derrière les fourneaux avec ses journées à rallonge. Il commençait de bonne heure, la plupart du temps, et terminait à perpèt. C'était le métier. « Je passais juste faire un saut. » Il avait pas l'intention de s'éterniser. Roxy avait besoin de reprendre du poil de la bête... et Ellis de dormir, visiblement. « On se tient au courant ? » dit-il en se levant du fauteuil sans s'appuyer sur ses bras. La simple flexion lui arracha une grimace. Bordel et dire qu'il était parti pour plusieurs semaines comme ça.