allez viens on s'aime ? ou pas

Une journée qui commence toujours pareil. J'enfile mes baskets de bonne heure, je cours une petite heure, je rentre et je prends ma douche. Mon rituel du matin mais nécessaire pour bien démarrer la journée. Le travail à l'hôpital est intense et bien que parfois j'aime ce côté toujours dynamique, parfois je rentre épuisée. Une fois à la maison et propre de la tête aux pieds, je prends un bon petit déjeuner, un café avec des œufs et du bacon. Une fois prête je file en direction de l'hôpital et j'embarque pour une journée de folie. Ce matin j'ai des perfusions à remettre dans certaines chambres, des prises de sang à faire, des résultats d'analysés à récupérer et puis surtout beaucoup de petits bobos à soigner. L'heure du déjeuner sonne enfin et après avoir fait le tour de mes patients une nouvelle fois je prends enfin le temps de me poser et manger ma salade. J'attrape ma bouteille d'eau et m'installe tranquillement en salle de pause, je suis seule pour l'instant. Certaines de mes collègues ont souhaité manger un sandwich à l'extérieur et les médecins se relaient quand ils peuvent pour manger. Alors que j'entame seulement ma salade, la porte s'ouvre et je fus assez surprise d'y voir, Joaquin. J'avais presque l'impression que ma salade était restée au fond de ma gorge. Je toussote un peu et offre un petit. - Salut. - Je me râcle la gorge discrètement avant de boire une gorgée. Joa et moi on se parle plus, depuis le divorce on se fuit et très honnêtement même si je lui en veux toujours de pas assumer ses dépendances, je l'aime toujours. Je me suis souvent posé la question, est ce que j'ai bien fais de le quitter ? Je n'en sais rien. Dans tous les cas, c'est fait. On n'en parle plus. Le silence est glacial, il se sert un simple café et commence à vouloir sortir et je ne peux m'empêcher de le retenir. - Joaquin ? - Ma voix tremble un peu. Je ne sais pas vraiment ce que j'attends ou ce que je cherche mais, j'ai besoin qu'on parle. Je ne supporte pas cette distance entre nous ça me tue à petit feu... - Je... On peut parler ? - Je ferme le couvercle de ma boite et prend une nouvelle gorgée de ma bouteille d'eau. Je sais très bien que Joa est fâché après moi, je pense qu'on l'est mutuellement à vrai dire... Mais, il serait bon de crever l'abcès.

allez viens on s'aime ? ou pas

Six longues années ont suivi après le divorce, j'ai pris plus d'un mois à prendre la décision de reprendre le chemin de la lumière en sortant de nouveau de chez moi après avoir pleuré nuit et jour la perte du premier homme que j'ai aimé. J'ai fui, j'ai lâchement abandonné Joaquin et non pas parce que je ne l'aimais plus bien au contraire mais, tout simplement parce que le voir se détruire jour après jour, ne pas avoir pris pleinement conscience de la situation lorsqu'elle nous est tombée dessus m'a totalement mis hors de moi. Mon impulsivité a pris le dessus et j'ai préféré tout plaquer. Pas contre lui, bien sûr que non mais peut être qu'au fond j'espérais que cela fasse un électrochoc à cet homme que j'aime plus que tout au monde, mon premier amour, mon époux, mon meilleur ami, mon tout. J'étais perdu après avoir fuis. Je me suis rendu compte de ma bêtise quand il ne m'a même pas appelé une seule fois. Lorsque j'essayais de prendre des nouvelles il me raccrocher au nez et le père de celui-ci ne me disait rien de plus sur son état de santé. J'étais devenu la méchante aux yeux de tous, celle qui abandonne son mari au premier obstacle. Seulement ce que ces gens ne savent pas c'est que je suis une femme qui a essayé de lui ouvrir les yeux, qui l'a aidé comme j'ai pu à se rendre compte des risques qu'il prenait mais il disait toujours que ça irait. J'étais donc plus heureuse. Je l'aimais oui mais je ne pouvais pas être heureuse de vivre dans la peur, de voir l'homme que j'aime se détruire à petit feu. Bref, peut-être une excuse bidon pour certains mais pour moi c'était plus vivable et il me fallait agir pour moi et j'espérais que cela fasse réagir Joaquin en même temps et que tout puisse s'arranger. Au final, nous sommes au stade de non-retour, il m'évite comme la peste et moi je suis là à pas vraiment savoir ou me mettre. J'aimerais qu'on puisse parler et finalement le hasard me propose une chance aujourd'hui. Prenant une pause dans la salle adéquat Joaquin ouvre la porte finalement. Je soupire et le salut, il m'esquive comme toujours. Je finis par l'interpeller. Nous devons parler. Sa réponse me glace un peu le sang mais je prends sur moi. Je finis par avoir l’habitude de son ton plutôt désagréable mais il semble envieux de m’écouter alors je me lance. – Et bien, j’aimerais tout d’abord… M’excuser. – Je soupire longuement. – Je te demande pardon pour avoir fuis, pour avoir voulu me protéger de la souffrance que je vivais en te voyant dépérir… Je n’ai pas voulu te voir sombrer et je pensais que mon départ te ferait comme un électrochoc mais… Je me suis trompée. – Je sentais ma gorge se serrée. Je baissais les armes devant lui là maintenant, j’avais envie qu’on mette enfin les choses au clair, qu’on s’explique et qu’on essaie de se comprendre. J’imagine que mon départ a dû le faire souffrir aussi mais, il n’a rien fait pour me retenir non plus et peut être qu’au fond je lui en veux un peu de ça aussi… On était censé s’aimer, être mari et femme pour le meilleur et pour le pire et je suis peut-être la seule à souffrir du fait d’avoir abandonné mes obligations par crainte de perdre l’homme que j’aime sous mes yeux. Du coup j’avoue, j’ose au moins lui dire que je suis désolé et même si cela ne change rien pour lui, pour moi ces mots ont une grande importance à mes yeux. Et s’il tient encore un peu à moi il ferait de même mais, je connais son caractère il a surement des choses à me dire avant d’avouer ses fautes, et encore, s’ils les avouent. Bref, j’ose finalement relever la tête vers lui, il est là face à moi son visage, ses lèvres, ses yeux… Tout me rappelle tellement de souvenir, sentir la rudite de sa barbe contre ma peau nue lorsque nous faisions l’amour me manque… J’ai l’impression que cela fait une éternité mais, il est tellement important dans ma vie… Je, enfin… Je ne sais pas… Je crois qu’au fond mon amour pour lui n’a jamais cessé. Cela me consume jour après jour. – Joa… Je sais que tu ne me pardonneras surement pas mais, j’ai besoin que tu saches que… Que je tiens encore beaucoup à toi et que malgré ses six années je n’ai jamais cessé de penser à toi… - Je laisse une larme couler sur ma joue avant d’ajouter. – Je t’aime toujours… J’avais juste trop de fierté pour me l’avouer… - J’étais malheureuse de cette situation. Comment avons-nous pu en arriver là ? On s’aimait tellement tous les deux !