Le jour, j’étais ce mec en costard qui passait inaperçu dans les rues de Los Angeles. Boulot chiant, tête blasé et pas sociable pour un sous. Tatouages cachés sous des vêtements hors de prix, mal être bien planqué derrière une assurance factice. J’avais voulu quitter la frénésie de New-York, ses tentations et ma belle dépression pour le soleil de L.A. Connerie. J’étais bien placé pour savoir qu’il n’était pas possible de changer de vie seulement en montant dans un avion. Si le jour, je portais mon masque, la nuit je m’autorisais à être moi-même. Je prenais la direction du Griffith Park et je courrais dans ses sentiers. Je courais jusqu’à ce que mon corps entier brûle, que mes muscles lâchent et qu’un voile noir recouvre mes yeux. Je courrais comme si j’avais la mort aux trousses et je fais semblant de vouloir sauver ce qu’il reste de ma vie. Trader banni, ancien alcoolique, âme solitaire. Rien de bien glorieux.

Les mains appuyés sur les genoux, je tente de reprendre mon souffle. L’air me manque et j’ai l’impression que le blackout n’est pas loin. Inspire. Compte jusqu’à cinq. Expire. Compte jusqu’à huit. Recommence. Je calme les battements de mon cœur pour pouvoir repartir et finir ma course nocturne. Alors que je me redresse, le craquement d’une branche brise le silence derrière moi. Je me retourne et plisse les yeux pour savoir si j’ai affaire à un animal errant ou à une autre âme solitaire. Nouveau bruit de pas perdu dans les arbres en face de moi. Je m’approche doucement.

Hey, arrête de te planquer et sors de là.

Je devrais peut-être avoir peur. Au moins me méfier. Mon instinct de survie est vraiment à chier.

@Don Morrigan

Hadès admira le soleil couchant depuis l'habitacle de sa voiture. Une berline noir, bien sûr, toujours du noir. C'était la couleur qui allait parfaitement à Hadès. Il était sur son téléphone à checker son agenda. Son assistant avait mit de nouveaux rendez-vous dans celui-ci. La fatigue le prenait à la gorge, il avait besoin de dormir. Pourtant, un verre d'alcool était dans sa main. Cela n'aidait en rien à se détendre, enfin, si, un peu. Il allait joindre une cigarette noire au goût de cerise à ce petit cocktail excitant. Quand soudainement, un grand boum. Et son chauffeur qui se garait sur le côté.

[Chauffeur] « On a crevé, Monsieur. »
« Oui, je vois ça. »

C'est alors qu'il abandonna l'habitacle pour la fraîcheur de la nuit dehors. Il décida de longuer un peu la route, pour finalement entendre quelqu'un qui parla. Sortant de derrière un buisson, Hadès sourit en reconnaissant Don.

« Jamais je n'aurais pensé vous croiser dans pareille circonstances, Morrigan. »

L’ombre finit par sortir de l’obscurité et un homme fait son apparition. Grand, élégant. Parfait contraste avec moi qui suit en short et t-shirt de sport et dégoulinant de sueur. Je suis prêt à reprendre ma course quand j’entends l’homme m’appeler par mon nom. Je me retourne de nouveau et m’approche du nouvel arrivant pour mieux identifier son visage. Un sourire en coin prend forme sur mes lèvres.

Amantis. Vous ne quittez jamais votre costard à ce que je vois.

Hadès Amantis. Un de mes clients. J’avais hérité de son dossier lors de mon arrivé à l’agence. C’était à moi qu’incombait maintenant la tâche de gérer la fortune d’un des hommes les plus influent de Los Angeles. Mais je n’étais pas au travail alors je pouvais me permettre d’être plus familier avec celui qui était un de mes plus gros comptes. Je montre la forêt d’un coup de tête.

Qu’est ce que vous foutiez dans la forêt ?

Les orientations sexuelles d’Hadès ne sont un secret pour personne puisqu’il est à la tête d’un club gay qui a beaucoup de succès depuis plusieurs années. Je me permets donc d’ajouter un trait d’humour. Je plisse les yeux pour mieux voir la tâche d’obscurité dont il vient de sortir.

Vous… étiez avec quelqu’un ?

@Hadès Amantis

@Don Morrigan

Regardant son interlocuteur, Hadès se dit qu'il devait faire de la course à pied. Il était en vêtements décontractés, ce qui contrastait avec cet homme d'affaire dont il avait l'habitude, et surtout, il était couvert de sueur. Il gloussa face à sa répartie, tirant doucement sur les manches de sa chemise qui avaient remontées un peu dans son costume entièrement noir. Le noir était sa couleur et la nuit son élément. Tel un démon arpentant son royaume de luxure.

« Oui, en effet, le costume fait parti de moi, voyez-vous. »

Il s'approcha un peu plus de lui. Pour regarder l'horizon que donnait le panorama environnant. En contrebas, on voyait la ville briller de milles feux. Un sourire pervers et joueur s'afficha sur son visage.

« Cela aurait été tentant mais mon coeur est malheureusement déjà prit Morrigan. Simplement, je suis en voiture et mon chauffeur à crevé une roue. Il est en train de la changer pendant que moi… Je me balade… Et j'ai fais une très amusante découverte. Vous venez souvent courir ici ? »

C’était toujours étrange de croiser des clients en dehors de l’agence. Pour moi, un client était un compte en banque. Des chiffres, rien de plus. Je ne voulais pas penser que toutes ces personnes avaient des vies en dehors des baies vitrées de mon bureau. Je ne voulais pas penser à leur famille, leurs amis, amants. Pour bien faire mon travail, les sentiments ne devaient rester à l’extérieur. Mais je ne pouvais pas nier que Hadès Amantis avait le don de titiller ma curiosité. Classe, charismatique, toujours en noir. J’aurais été curieux de savoir ce que cachait réellement ses beaux costumes sur mesure.

Je me positionne à côté du brun pour regarder Los Angeles briller dans la nuit. Mon souffle redevient régulier. Il allait être difficile de repartir après une pause comme celle que j’étais en train de prendre. Je hausse les épaules d’un air absent.

Oh, l’un n’empêche pas l’autre.

J’étais plutôt du genre fidèle quand j’étais en couple mais je ne jugeais pas ceux qui avait besoin de s’envoyer en l’air dans les recoins sombres d’une forêt pour tromper le quotidien. Chacun aimait à sa façon, chacun faisait de son mieux. Je retiens un rire dans ma gorge. Mes séances chez le psy commençait visiblement à porte leur fruit.

Je suppose que votre chauffeur n’a pas besoin d’un coup de main puisque vous êtes ici.

Je glisse un regard amusé dans la direction d’Hadès. Je suppose que son costume est suffisamment hors de prix pour ne pas l’abimer en changeant une roue. Les riches…

Oui, je viens pratiquement tous les soirs. Courir me permet d’évacuer la pression et le stress de la journée. Vous devriez essayer.

Cette fois, je ne retiens pas mon rire qui résonne dans le silence nocturne. Je donnerais cher pour voir le grand Hadès en short de sport. Est-ce que ce mec a déjà fait du sport dans sa vie ?

@Hadès Amantis

@Don Morrigan

Que c'était amusant de rencontrer des gens hors des cercles connus. Hadès adorait ça. Ca libérait en lui une curiosité maladive et joueuse qu'il adorait exploiter. Hadès regarda Don, qui était tout ruisselant de sueur. Chose qui le dégoûtait au plus haut point. Il n'aimait pas la sueur, il était être frais et propre sur lui. Toujours impeccable, sans une accroche, sur son trente et un. Il fallait qu'il véhicule l'homme fort et inateignable qu'il était. Il gloussa sadiquement face à la conclusion de Don.

« Morrigan. Je paye assez cher mon chauffeur. Vous ne croyez tout de même pas que je vais aller me salire les mains à changer une roue ? Vous êtes fou ma parole. »

Cette petite pique qui n'en était peut-être pas une de la part de Don l'avait mit un tantinet en colère. Il soupira alors, sa colère retombant aussi sec qu'elle était arrivée. Il regarda l'horizon, c'est vrai que c'était beau.

« Morrigan… Je bois un bon whisky pour faire baisser la pression. Courir ce n'est vraiment pas pour moi. Je vous assure. N'allez pas croire que je ne fais pas de sport. Mon corps est un roc. Simplement, je laisse ses séances dans l'ombre de ma demeure. »

Il sourit, satisfait par sa tirade, et se mit à réfléchir à toute allure, lui il dit.

« Je vous ramène ? Ou vous voulez courir pour le retour ? »

Il s'imaginait Morrigan courir derrière sa berline, l'imagine le fit rire.

Je sens de la colère dans la voix de mon interlocuteur. Alors comme ça, on est riche mais susceptible. Je note ce détail dans un coin de ma tête. Mon but n’était pas de l’offenser, c’était juste un constat. Mais je n’y avais pas mis les formes. J’avais tendance à aller droit au but et ce n’était pas toujours apprécier. Je faisais un effort au travail mais en dehors, je me fichais bien de vexer les autres.

Ouai, je dois être fou.

Un léger rire me secoue et tout le monde se détends. Les yeux fixés sur les lumières de la ville, j’écoute les mots portés par la voix grave du brun. Hadès est décidément un sacré personnage. Je n’arrive pas encore à déterminer s’il est pudique ou vaniteux. Surement un mélange des deux. Je me retiens de faire une blague sur les séances de sport qui se déroulent dans l’ombre. Il reste un client malgré tout.

Vous n’aimez pas les séances de sport en extérieur et moi, le whisky. J’ai le regret de vous informer que nous ne sommes pas compatible, Amantis.

Mon rire résonne de nouveau alors que je glisse un regard en coin vers l’homme qui se tient à côté de moi. Je mens. J’aime le whisky. Beaucoup. Beaucoup trop. Mais je n’ai pas touché une goutte d’alcool depuis plusieurs mois grâce à mes réunions aux alcooliques anonymes. Je préfère donner l’image d’un homme sain qui prend soin de lui plutôt que d’un ancien alcoolique. Je hausse les épaules.

Je veux bien que vous me rameniez. La pause est beaucoup trop longue pour que je reparte en courant.

Là encore, je mens. Ca me vient de plus en plus facilement depuis que je suis de retour à Los Angeles. J’aurais pu repartir en courant mais j’ai bien trop envie de voir à quoi ressemble la voiture d’Hadès et ce que ça fait d’avoir un chauffeur. Ma curiosité me perdra mais la tentation est bien trop grande pour passer à côté de cette expérience.

@Hadès Amantis

@Don Morrigan

Hadès sorti son téléphone de sa poche. Il regarda ses messages, mais rien d'alarmants, encore heureux, car il ne pouvait pas bouger tant que son chauffeur n'avait pas changé la roue. Il envoya d'ailleurs un SMS à Darius pour lui dire qu'il pensait à lui en cette heure de la soirée. Sans doute irait-il lui rendre visite le lendemain. Hadès ne pu s'empêcher de glousser face à la répartie de Morrigan, quand celui-ci se disait fou. Ils devaient être fou tout les deux. La réalité était une forme de folie après tout.

« C'est bien dommage que vous nous voyez incompatible Morrigan. J'espère cependant que vous me garderez comme client. N'est-ce pas ? »

Un petit trait d'humour ne pouvait pas faire de mal.

« Soit. Venez, allons voir si mon chauffeur à terminer sa besogne. »

Et il lui emboita le pas, passant par le chemin qu'il avait empreinté pour rejoindre la route et sa voiture. On pouvait alors voir le chauffeur se frotter les mains sur un vieux torchon.

« Alors ? Vous avez réussi à changer la roue ? »

Le chauffeur répondit par l'affirmative, et qu'ils pouvaient dès à présent se mettre en route. Hadès invita Don à monter dans sa berline, à l'arrière, avec lui. Le chauffeur, voyant l'homme ne posa aucune question indiscrète. Une fois dans l'habitacle, il récupéra son verre d'alcool qu'il avait laissé en plan.

« Je ne vous propose pas un verre Morrigan. »

Nos rires emplissent le silence qui s’étale devant une ville plongée dans la nuit. La vie est décidément pleine de surprises. J’étais partie pour courir en solitaire afin d’évacuer toutes les tensions de ma journée et je me retrouve à discuter avec un de mes clients, en toute détente, avec comme seuls spectateurs, les lumières criardes de Los Angeles qui s’étalent sous nos pieds.

L’argent avant le plaisir, vous savez bien.

Cette réflexion relance mon rire car elle n’est vraie pour aucun de nous. Je connais le gérant du Styx uniquement par nos rendez-vous professionnels mais je sais qu’il n’est pas du genre à être obsédé par les chiffres de son compte en banque. Certains de mes clients m'appellent au moindre mouvement sur les lignes de leur relevé bancaire. Lui, il est plutôt du genre à découvrir ses comptes quand je les expose sur l’écran de mon ordinateur. Quant à moi, si j’étais obsédé par l’agent, je serais resté à New York. La chute de mes revenus a été vertigineuse avec mon arrivée en Californie.

Je décide de suivre le brun jusqu’à sa voiture, bien trop curieux de découvrir l’envers du décor. Je n’ai aucune idée de qui est Hadès Amantis quand il sort de mon bureau et notre rencontre fortuite est une occasion unique de le découvrir. Je retiens mon rire en entendant la conversation guindée et bien trop formelle à mon goût entre mon client et son chauffeur. Je ne comprendrais jamais l’intérêt d’avoir des employés. A quelle moment de sa vie ont décide qu’on est beaucoup trop bien pour conduire sa propre voiture ?

Mais la curiosité est un de mes vilains défauts alors je me glisse sans broncher sur la banquette en cuir. Je sens le regard du chauffeur sur moi dans le rétroviseur. Je suis presque sûr qu’il me prend pour une nouvelle conquête d’un soir qui aurait succombé au charme ténébreux de l’homme assis à mes côtés. Désolé mon beau mais tu te plantes complètement. Le charme de ton patron n’opère pas sur les cœurs de pierre dans mon genre.

Non merci. Je me contenterais d’eau quand j’aurais regagné mon domicile.

A chaque fois qu’on me propose de l’alcool, une partie de moi à envie de tout envoyer en l’air. Tous ces jours de sobriété, toute cette maîtrise de soi et ses restrictions. Et pour quoi finalement ? En ce moment, je ne sais plus trop si tous ces efforts servent à quelque chose. La seule chose qui me maintient dans le droit chemin est cette rage que je garde bien profondément planquée dans le creux de mon ventre. Cette rage de vivre et de prouver à tout le monde que je ne suis pas ce déchet alcoolique qui a fini à l’hôpital sous le coup de ses excès.

Alors Amantis, c’est quoi les plans de votre soirée ?

@Hadès Amantis

@Don Morrigan

Hadès eut un rire de gorge prononcé. Le rire de Don était communicatif ma foi. Il garda son verre en main et commença a en boire le contenu. C'était agréable de croiser des gens comme ça à l'improviste. Ca lui changeait les idées. Et la nuit sur Los Angeles était magnifique.

« Ma soirée ? Vous voila bien curieux Morrigan. »

Il esquissa un sourire. Il savait que la curiosité était un vilain défaut, et il fallait dire que c'était son défaut premier. Il adorait gratter des informations par-ci par-là pour les garder en mémoire et les ressortir au moment approprié.

« Eh bien… Je vais d'abord rentrer chez moi, retrouver mon compagnon et mon chien nouvellement adopté. »

Oui, un début de soirée tout ce qu'il y a de plus normal.

« Ensuite, après avoir passer du temps avec eux, j'irais au Club pour voir si tout se passe bien. Et je me mettrais à travailler sur un nouveau projet. J'envisage d'ouvrir un Club exclusivement fait pour les femmes. D'ailleurs, il faudra que nous parlions budget à notre prochaine entrevue. Et vous, votre soirée, après ce sport ? »