Il n'avait pas dormi de la nuit, si on pouvait dire cela. De toute manière, Luck était un oiseau de nuit, c'était son job. Mais le lendemain, huit heures, on le retrouvait au Molly's bar où il touillait sa tasse pleine de sucre, la tête un peu endormie mais plutôt euphorique. Faire la fête, c'était devenu son quotidien à force, même s'il était plus en charge de l'ambiance que d'en profiter pleinement. Toujours était il qu'il en profitait tout de même, malgré tout. C'était même l'une des raisons qui l'avaient poussé à faire ce métier là plutôt qu'un autre.
Il avait envoyé un message à sa soeur pour lui dire qu'il était en train de rentrer. Une sorte de petit jeu entre eux, si on pouvait qualifier les choses ainsi. Depuis ce qui lui était arrivée, cette dernière aimait se rassurer sur le fait qu'il ne décédait pas dans un coin, s'était fait kidnappé ou quoique ce soit de ce genre; En contrepartie, elle faisait un peu la même chose. Enfin, pas tout le temps, heureusement.

Sa tête s'évada quelques peu par ci par là. Il observait les gens passer, commencer à aller au travail, ce genre de chose. Entre autre, il était déjà un peu endormi mais avait encore trop d'énergie pour aller rejoindre son lit et les bras de Morphée. Ca n'allait pas tarder cependant, sa tête était tout de même lourde et ses paupières commençaient à donner des signes de fatigue. Mais il avait encore trop l'ambiance de la nuit passée pour pouvoir se reposer. Il avait encore de l'énergie à dépenser malgré tout.
Il était en train de s'ambiancer sur un son qu'il avait lui même remixé, totalement dans sa bulle quand il ouvrit les yeux et que son regard se posa sur une tête qui lui semblait familière. Une tête qu'il n'avait pas revue depuis un moment et qu'il fut surpris d'apercevoir dès lors.
Cette personne s'installa non loin de lui, à quelques tables. Luck se pencha sur le côté pour pouvoir mieux le regarder, mais à présent, l'individu lui tournait le dos. Il décida donc d'attraper son café et de s'installer naturellement en face de lui. Ce genre d'initiative qu'il aurait été incapable de faire quelques années auparavant et pour lesquelles il ne se gênait plus d'exécuter quand bon lui semblait. C'était incroyable à quel point il avait pu être... décoincé.

"Romeo?" l'appela-t-il dès lors, tout en l'interrogeant du regard.

Certes, il avait changé physiquement mais... il était tout de même reconnaissable. Lui, en tout cas. Roméo lui, il l'avait reconnu directement.

Les jours passaient et se ressemblaient tous plus ou moins. En fait depuis qu'il n'était plus là, depuis que Juliet et moi n'étions plus ensemble, ma vie me semblait sans saveur. Chaque jour j'avais de plus en plus de mal à me lever, j'avais l'impression que la journée qui arrivait serait encore plus grise que la précédente mais un peu moins que la suivante. Sans mon fils, sans ma femme, ma vie n'avait plus grand chose de joyeux, en fait il n'y avait rien. Juliet avait été toute ma vie dès que je l'avais rencontré et puis quand Liam était arrivé, lui aussi était devenu le centre de ma vie. Alors sans mon petit bonheur, sans ma femme, il ne me restait plus grand chose. En fait, il ne me restait plus rien et j'étais incapable de faire face a cette réalité. j'avais essayé de donner le change, de tenir ma boutique en souriant aux gens, en faisant de l'endroit un espace agréable, avec les plante les plus rare que je pouvais trouver, ma loutre qui dormait sur le comptoir et un petit coin livre de jardinage. Oui, pendant un moment, ma boutique était devenu mon nouveau bébé et je m'y sentais vraiment bien. Mais quand quelqu'un entrait et me demandait des fleurs pour une tombe, un enterrement, tout revenait et je m'effondrais de nouveau. Inévitablement, je pensais à mon fils, a ce moment où on avait du choisir son cercueil, sa tombe, celui où on avait du le voir partir sous terre. Alors la boutique était devenue à mon image, un fantôme, je l'ouvrais de temps en temps, de plus en plus rarement, les jours où il y avait un peu plus de soleil dans ma tête. Heureusement que mon ancien boulot m'avait laissé de quoi vivre tranquillement quelques temps, sinon je ne sais pas ce que je ferais. Je savais qu'il me faudrait trouver quelqu'un pour tenir ma boutique, au moins le temps que je réussisse à sortir la tête de l'eau, mais je ne prenais que rarement le temps de le faire. Alors je laissais ma boutique fermé et je restais la plupart du temps cloitré dans mon logement au dessus de la boutique. Mes journées sont rythmés par les émissions télé naze et les verres. Puis je m'endors d'un coup sur le canapé où dans mon lit et puis parfois sur le sol même, selon mon état d'ébriété. Hier soir, j'avais de toute évidence réussit à trouver mon lit , puisque c'était là que je m'étais réveillé. Ma tête tournait, mais j'y étais habitué. Je m'étais donc levé, habillé et puis j'avais décidé d'allez prendre un café pour me réveiller un peu plus. J'en avais un grand besoin, si je voulais faire quoi que ce soit aujourd'hui. J'étais allez dans le premier café du coin, j'avais commandé de quoi manger et un grand café, c'est là que j'avais réalisé qu'il n'était pas si tôt que ça. Mais je m'en moquais au fond, je n'allais surement pas ouvrir la boutique aujourd'hui alors les heures, ça n'avait pas vraiment d'importance. Installé a une table dans un recoin du café, je sirotais tranquillement ma boisson, les yeux dans le vide essayant de ne pas trop penser. Je me rendis soudainement compte que quelqu'un prenait place en face de moi et je regardais la personne qui s'installais. Je le reconnaissais, enfin il me semblait. Et en effet il prononça mon prénom, aussi je répondais tout aussi surpris « Luck ? » En effet, ce n'était pas si surprenant de le croiser à Los Angeles, après tout c'était là qu'on s'était rencontré. Mais je n'avais prévenu personne de mon retour, enfin presque personne. Il y avait eu Hannaël, c'était elle qui m'avait accueillit, mais je ne la voyais plus beaucoup elle non plus. La présence de sa fille, me rendait toujours mélancolique. Nala et Neal s'adorait, quand Hanna venait nous voir où quand on venait chez elle, les enfants jouaient toujours ensemble, alors voir Nala sans Neal, ce n'était pas supportable. Je préferais rester seul. Mais là, Luck était en face de moi, je n'allais pas l'ignorer. Alors je prend un peu sur moi, pour faire mine que tout vas bien, un sourire se compose sur mon visage et un faux air enjoué déclare « Je suis content de te croiser, ça fait un bon moment qu'on ne s'est pas vu dit donc » Je sais que j'aurais pu entrer en contact avec lui, mais c'est toujours la même chose. Luck, c'est la médecine, Luck c'est les souvenirs de la fac, c'est les souvenirs de Juliet et ça renvoie tout à Neal.