Entendre Amy remettre à sa place un vendeur qui débitait des conneries sur les motos serait surement le moment le plus fun de la soirée car j'étais sûre que ça allait arriver. Elle y connaissait autant en moto que moi en voiture et je pense même qu'elle en connaissait plus car elle était capable de faire de la mécanique alors que moi très peu. Et je savais d'avance qu'un vendeur ferait un faux pas à un moment ou un autre. "Franchement je te le conseille de te laisser tenter, même si tu ne prends pas le modèle, je trouve ça bien moi d'essayer les nouvelles technologies. Ca permet souvent de mieux apprécier nos trucs roulants un peu plus vieux." Enfin cette phrase ne fonctionnait qu'a moitié pour moi car j'aimais les nouvelles technologies quand ça améliorait les perfs de mes voitures par contre je détestais quand c'était dans la voiture. Tous leurs écrans ça me gonflait.  

Bien vite je ne pensais plus du tout aux voitures ou aux motos, je pensais seulement à Amy et à tout ce que je ne pouvais pas lui faire à cause du moment. Le faire dans une voiture ne me dérangeais pas du moment que c'était pas la mienne mais là y'avait le chauffeur et je ne voulais pas lui offrir un spectacle gratuit. J'écoutais la réponse d'Amy mais je n'étais pas totalement d'accord avec elle, peut être que oui certains maintenaient des apparences mais pas tous. Ceux que je connaissais en tout cas étaient sincères dans leurs relations. Je la regardais en souriant gardant ma main dans la sienne. "Moi? sage? est ce que c'est déjà arrivé?" Jamais je pense. En plus il suffisait de me dire ça pour que je me comporte en démon. Je tiquais à sa réponse mais je le cachais très bien car je savais parfaitement qu'elle n'était pas capable de tous à mes côtés. Et la raison était aussi à l'origine de notre dispute il y a quelques temps. Je comprenais sa réticence donc je n'en parlais pas et je ne répondais pas non plus.

De toute façon je n'en avais pas le temps car le tourbillon des flashs d'appareil photo venait de commencer. A chaque fois c'était pareil mes yeux mettaient quelques secondes à s'habituer et après je me prenais un mal de crâne carabiné. Je fis mon plus beau sourire, ayant enfin compris comment fonctionnait ce monde. On vint nous voir assez rapidement pour nous faire rentrer et nous soustraire à tous ces vautours. Encore là ils ne me dérangeaient pas, ils faisaient leur boulot et c'était de l'officiel.  Une fois à l'intérieur un homme en costar s'approcha de nous deux avec un grand sourire, je le repérais et j'expliquais vite à Amy qui il était. "Le sourire Colgate qui arrive c'est le responsable de Mercedes pour les Etats Unis. C'est lui qui m'a proposé un contrat pour être ambassadeur ou truc du genre de la marque. Sa fille fait du foot à l'école donc je lui ai trouvé des places VIP pour la saison et parfois je vais la voir jouer avec son équipe, c'est une chouette gosse."

Le mec arriva toujours avec son sourire, façon je le voyais toujours sourire. Ce qui me faisait bizarre pour un gars vendant du Mercedes, j'avais une image assez rigide des allemandes. Oui car il était allemand, d'ailleurs ça s'entendait à son accent en parlant. "Bonsoir Brianna c'est un réel plaisir de te voir ce soir." Il reporta son attention vers Amy. "Bonsoir, je suis Wilhem, connaissant Brianna elle vous a déjà dit que j'étais." Il sourit encore plus mais on voyait que c'était sincère. "Si vous voulez bien me suivre, nous allons présenter deux nouveaux modèles et je veux que tu m'aides à lever les rideaux."

Tout d'un côté j'étais excitée comme un gamin le matin de noel, j'allais découvrir deux beaux jouets. Je serrais la main d'Amy l'entrainant pour suivre l'allemand qui marchait à une trop grande vitesse pour moi.  "J'ai toujours rêvé de faire ça, j'ai l'impression que c'est Noel pour moi."  Je ne tenais presque plus en place, je voulais voir le jouet, presque je sautillais sur place, les yeux pétillants. Je refusais même une coupe de champagne et des petits fours qu'on nous tendit, mes yeux restaient braqués sur ces deux voitures cachées par un drap noir.

Malgré sa gueule d’ange, la sagesse est clairement pas c’qui la caractéristique l’plus. C’pas pour rien qu’on s’entend si bien. Elle s’rait sage, j’me ferai sûrement chier. J’ai b’soin d’action dans ma vie. J’ai vite fait de m’ennuyer. Un état d’esprit qu’elle partage. Les moments de calme se font rares dans sa vie. Hormis les fois où elle chill en mode loque devant la télé à mater un film ou une série. Dans ces instants-là, elle est sage. C’plutôt moi qui s’montre vilaine à tenter d’détourner son regard de l’écran sur ma personne à travers diverses techniques dont la redoutable attaque d’chatouilles. « Quand j’te tatoue. » Une condition obligatoire. L’cas échéant, c’t’un coup à foirer le tatouage et/ou à l’amocher. Et aucune d’nous deux désire ça. C’soir, il est pas question d’imprimer sa peau. Alors rien n’garantir qu’elle soit sage. J’pense quand même qu’elle l’sera. Bri est une pro dans son boulot. Surtout qu’ça concerne sa seconde passion avec les bagnoles. Puis j’suis là. Un paramètre à pas négliger. J’suis persuadée qu’elle va vouloir m’impressionner. Elle tiendra une occasion d’me narguer comme ça en mode t’as vu comme j’ai été sage. Sans doute pour réclamer une récompense. J’commence à la connaître la vicieuse. Elle cache bien son jeu la fourbe. C’qui est loin d’me déplaire, au contraire.

La caisse aurait été la sienne, j’parie qu’elle aurait affiché sa face démoniaque. Au final, c’tout l’inverse qu’elle affiche. Arrivées sur les lieux d’la fête, elle dégaine sous plus beau sourire. Enfin plus beau, non. Celui qu’elle exprime manque d’sincérité. J’lui en veux pas. Elle est payée pour ça. J’sais c’qu’elle vaut réellement, et c’tout c’qui compte. J’vais pas la priver d’être dans la lumière. J’vais quand même faire attention à quiconque l’approche. C’pas qu’j’suis jalouse mais j’estime qu’la distance est insuffisante avec une personne, j’mordrai. D’ailleurs, j’me méfie d’ce gus qui arrive. Avec ses allures assurées, il a tout l’air d’la connaître. Bri anticipe mes questions et m’informe rapidement sur son identité. Oki, c’t’un type important. J’range mes griffes pour l’accueillir avec un superbe sourire hypocrite. Hochant la tête à ses propos, j’résiste pas à l’envie d’dire une connerie. « Jusqu’à votre pointure ! » J’éclate de rire dans la foulée. Bri va m’tuer. Après, c’pas méchant. Ils ont bien de l’humour chez les friqués ? Sinon, ben tant pis. J’peux pas chasser mon naturel indéfiniment. C’lui qui m’fait glisser ma main dans la sienne pour suivre c’mec. Mon sourire est bien plus franc quand j’croise son visage. J’en arrive même à venir déposer un baiser furtif sur sa joue. C’ma façon d’me faire pardonner d’mon comportement.

J’la sens stressée durant la marche. Plutôt excitée. Bri et son amour des bolides, c’t’un sacré truc. J’pourrai limite croire qu’elle les préfère à ma personne. «  A la différence près que c’que tu vas déballer est pas pour toi. » J’lui lance un clin d’œil. Désolée d’la ramener sur Terre. Elle va pas s’sauver avec une caisse pour juste avoir baissé un rideau. Maintenant, elle est capable d’en acheter une. J’la connais la donzelle ! Heureusement qu’j’suis là pour calmer ses ardeurs. C’pas qu’j’suis contre qu’elle ajoute une bagnole à sa collection, j’veux juste qu’elle prenne l’temps d’réfléchir avant. J’suis pas la voix d’la raison d’notre couple par hasard. Arrivées au bord d’la scène, l’responsable d’la marque s’y engage. Il déblatère un discours ennuyant vantant Mercedes, les dernières innovations et j’en passe. Sérieusement, tout l’monde s’en fout ! Moi la première ! Surtout moi. L’seul truc qui intéresse la foule alentour c’de découvrir c’qu’il y a derrière c’foutu rideau. Il commence à m’gonfler. Bri peut l’sentir à mon long soupir expulsé. « Dans la famille chiante, j’voudrais l’père… », qu’j’souffle à son oreille en gloussant. J’passe l’temps comme j’peux. « Et dans la famille beau gosse, j’voudrais la fille… » Et un compliment d’glisser. C’dingue comment elle m’a changée à c’niveau.

Sur l’point d’déposer un baiser dans son cou, j’entends l’gars l’appeler. Il a choisi son moment ! J’me recule, un brin dépitée. Mes opales noyées dans les siennes, j’résiste pas à l’envie d’l’embrasser. J’capture ses lèvres furtivement. « C’l’heure d’aller leur en mettre plein la vue. » Qu’elle fasse honneur à son styliste et à sa maquilleuse. En vérité, j’m’en bas les ovaires. J’agis égoïstement. C’moi qui veux la dévorer des yeux tant elle est superbe. Libérée d’ma prise, j’parcours ses courbes avec désir tandis qu’elle s’avancer vers l’drap. L’public l’applaudit chaleureusement. Croyez bien qu’j’suis celle qui fait l’plus d’bruit. Et pour m’en assurer, plus qu’taper dans mes mains, j’suis carrément en train d’la siffler. J’repasserai pour la discrétion. J’la laisse aux hypocrites. J’aime c’te meuf, j’ai aucune raison d’m’en cacher. N’en déplaise aux convention d’ce milieu.

Je ne suis pas étonnée de la répartie d'Amy lorsque Wilhem arrive et d'ailleurs il lui sourit. Ce mec a un peu d'humour pour un allemand. Oui c'est un cliché mais j'assume totalement. Je n'en veux pas à Amy pour cette répartie, dans ce monde j'ai vite appris qu'être hypocrite ouvrait des portes ouais mais alors c'était la purge après. Non je préférais les gens sincères quitte à perdre des contrats. Je serrais plus fort la main d'Amy mais surtout pour arriver à rester le plus calme possible. Je voulais déjà découvrir ces beautés et j'aurais même préféré les avoir que pour moi mais ce n'était pas possible, je n'étais pas assez riche pour ça.

En cet instant je percevais la présence d'Amy à mes côtés, je sentais son parfum mais clairement je n'entendais rien, même pas sa pique que les voitures n'étaient pas pour moi ou sur le jeu des sept familles. Je montais sur la scène quand je fus appelée et je ne perdis pas de temps pour dévoiler les voitures. Le discours m'avait moi aussi gonflé. Je voulais voir leurs lignes, leur allure générale, pas les deviner, et je n'étais pas quelqu'un de patient dans ce domaine. La première dévoilée fut un gros SUV électrique, mouais c'était beau mais bof. J'en avais déjà un et puis sauver la planète n'était clairement pas dans mon délire surtout pas avec ces voitures là. Je fis signe à Amy discrètement que bof là je m'ennuyais.

La deuxième fut ce que j'espérais en l'ayant imaginé sous le drap une voiture de sport racée et surpuissante. Mes yeux eurent des étoiles mais je dus bien vite m'éloigner pour laisser les potentiels futurs clients les voir de plus prêt. Je rejoignis Amy d'assez mauvaise humeur. "Pfff regardes les tous ces pétés de tunes là...ils ne connaissent rien à ces modèles mais du moment que c'est cher et nouveau ils achètent." Je pouvais être très capricieuse et là c'était un de ces moments. Je pris la main d'Amy et l'attirait avec moi vers le buffet. Je pris au vol une coupe de champagne. "Ca te dis d'aller voir les motos après avoir piqué des petits fours?"

Les petits fours étaient à portée de main mais surtout d'estomac, je réalisais que j'avais faim mais que c'était pas ces trucs qui allaient suffire. Je commençais à me dire que se barrer d'ici, s'arrêter à un fast food semblait être une bonne idée, de toute façon j'allais essayer mon futur jouet demain. Quelques personnes s'approchèrent de nous pour demander une photo, ce que je fis avec plaisir. "Tu ne t'ennuie pas trop ? J'ai fais ce qu'on attendait de moi pour la partie promo donc après les motos si tu veux te casser de là c'est avec plaisir."

Je savais que dans le coin il y avait un hotel très sympa avec vue sur la mer. Ok il était un peut être un peu trop romantique pour Amy mais de temps en temps j'aimais aller dans ces endroits. J'avais un côté fleur bleue et je voulais un bel endroit pour passer un moment agréable avec ma chérie.

Bri est lancée dans l’arène. La v’là dans son élément. J’me régale de ses courbes parfaitement moulées dans sa robe. J’me fous royalement des bagnoles dévoilées. Aucune caisse possède une aussi jolie carrosserie qu’la footeuse. C’clairement la plus belles des bolides, un avion d’chasse même ! Mon avion d’chasse personnel. Et j’suis pas décidée à la vendre ou même la prêter. Ils peuvent la mater autant qu’ils le veulent ces friqués, elle r’partira avec moi et personne d’autre. A moins qu’elle décide de s’barrer avec c’te sportive. J’vois parfaitement la lueur dans ses yeux. On dirait une gamine d’vant l’sapin d’Noël ! Mon avis est qu’est c’modèle va finir dans sa collection sous peu. J’mise sur dans une s’maine max connaissant la miss et son impulsivité. Et j’aurai pas été là, j’parie qu’elle s’rait aux côtés de l’allemand pour déjà passer commande. « J’ai mieux à r’garder qu’des riches en quête d’un nouveau jouet. » J’lui souris amoureus’ment. Elle est l’attraction d’ma soirée. J’ai d’yeux qu’pour elle. Avec une pointe de dérogation pour l’buffet, j’le r’connais. C’est qu’ils sont super appétissants les p’tits-fours. « Ok pour les p’tits-fours mais non pour les motos. » C’spectacle m’avait démontré la nullité des pros. A aucun moment, les caractéristiques des voitures ont été évoquées. C’est tout pour la vue et c’tout. Ça m’intéresse pas. C’t’un coup à c’que j’pose des questions embarrassantes pour faire chier. J’risque d’m’énerver des réponses merdiques des vendeurs d’pacotille. Il est préférable qu’on s’barre. J’suis pas encore prête pour passer une soirée complète dans son monde. J’ai b’soin d’temps même si j’pense jamais totalement réussir à m’faire à son univers. M’empiffrant d’amuse-gueule, Bri parait sentir mon malaise. J’suis pas vraiment étonnée. Elle commence à bien m’connaître et à savoir lire dans mon attitude. Après, elle a aucun mérite en soi. Dans mes mots comme dans mon comportement, j’suis franche. « J’me fais chier comme un rat mort. » J’repass’rai pour la forme. L’tact et moi, ça fait douze. C’qui fait une partie d’mon charme. Mais j’reste souriante. J’suis là pour lui faire plaisir. Et j’suis ravie qu’elle s’inquiète d’moi. Ça prouve qu’elle est pas égoïste. Et surtout, qu’elle m’aime plus que c’monde d’bobos. « Et tu l’as superbement fait ! » J’suis pas bernée par ma subjectivité. Elle a été top. Croyez bien que sinon, j’aurai pas raté l’occasion de la titiller à c’sujet. Là, force est de constater que j’ai à r’dire sur sa performance pro. « Alors qu’attendons-nous ? » Ni une, ni deux, sourire mutin aux lèvres, j’vire la coupe d’champagne d’sa main. J’la pose sur la table et récupère une dernière mini-quiche au passage. J’attrape ses doigts. J’nous dirige vers l’entrée, la sortie donc en l’occurrence. Mes pas sont pressés. Tellement pressés qu’j’entends pas l’gus d’mander un autographe à Bri et j’trace sans m’arrêter. D’retour dehors, l’air frais nocturne caresse mon visage. J’lève mes yeux au ciel. Il est étoilé c’te nuit. Et y a une magnifique pleine lune. Malheureusement, la pollution lumineuse formées par les lampadaires et autres nous empêche d’l’admirer. « J’sais où on peut admirer les étoiles sans ces merdes d’lumières pour nous pourrir, ça t’tente ? » J’ai un coin d’paradis. Un bord d’falaise au bout d’un ch’min d’terre en dehors d’la ville. Un endroit où j’vais m’ressourcer quand j’ai l’cafard. Un endroit qu’j’lui ai jamais montré. Un jardin secret en somme. J’me sens prête à lui dévoiler. J’ai une totale confiance en elle. Et un amour entier.

Je n'étais pas étonnée d'entendre qu'Amy se faisait chier. J'étais déjà contente qu'elle ai fait l'effort de venir mais ce n'était pas le genre de soirée le plus amusant. En fait tous ces trucs comme ça étaient chiants mais d'autres évènements étaient bien funs comme assister à des concerts en VIP et aller faire la fête après. Mais là c'était un peu chacune ses gouts car je savais qu'elle aurait du mal à accepter de m'accompagner à un concert de MGK par exemple. Je fis la moue quand elle m'enlevait ma coupe de champagne...mais euh je ne l'avais pas terminé et ça ne se faisait pas de gaspiller du champagne.

Je m'arrêtais pour signer l'autographe parce que ça par contre je ne pouvais pas trop y échapper en évènement officiel, c'était aussi pour ça qu'on me demandait de venir et qu'on me filait aussi des voitures gratis. Se montrer, sourire, prendre des photos, signer des autographes. Je rattrapais Amy et soulevait un point auquel aucunes des deux n'avait pensé. "C'est pas que mais dans notre plan génial il manque peut être une voiture non?" Heureusement pour nous les vans qui avaient amené les invités étaient encore là attendant de ramener les VIP. Parfait, je pris la main d'Amy direction le premier véhicule que je trouvais. Je lui laissais dire où le chauffeur devait nous conduire. J'étais toujours partante pour suivre Amy dans ses idées de lieux calmes à voir à Los Angeles. Elle était d'ici et donc je me laissais guider pour découvrir sa ville. Une fois dans le van, je m'installais dans les bras d'Amy, tout contre elle. "Je te remercie d'être venue et d'avoir fais l'effort de subir mon monde quelques heures." Je l'embrassais tendrement.

De nous deux je ne sais pas qui était la plus douce, peut être moi , je ne sais pas trop et puis ce n'était pas un concours, on se comportait l'une avec l'autre de manière naturellement. On n'essayait pas d'être quelqu'un d'autres pour se plaire. Et tout ça remettait en cause tout ce que je pensais de l'amour, que c'était devenir quelqu'un d'autre pour plaire, mais pas avec Amy. Depuis qu'elle était entrée dans ma vie, j'étais beaucoup plus stable et ça se voyait même sur le terrain où je m'étais un peu calmée et devenue beaucoup plus efficace. "Tu sais que j'avais jamais été à un évènement officiel avec quelqu'un. Dès ce soir il y aura des photos, des questions etc, tu es prête à ça? Et le pire...mes parents ils vont l'apprendre via la presse, je vais me faire tuer..."

Tout à l'heure à l'aller je n'étais pas arrivée à lui parler mais là maintenant oui. Je n'étais pas non plus la star la plus suivie par les paparazzis mais dans mon domaine j'étais une des meilleures et j'étais différente ça attirait. C'était pour gérer cet aspect là de ma vie que j'avais accepté d'avoir une équipe autour de moi. Je ne voulais pas qu'Amy soit génée ou emmerdée par ça, je savais que tout le monde n'avait pas assez de neurones pour réagir avec intelligence. Quand j'étais seule à prendre les attaques je gérais mais maintenant que j'avais publiquement montrée que j'étais en couple j'avais peur qu'elle aussi devienne une cible.

En lui proposant d’lui montrer cet endroit, j’abaisse l’ultime barrière séparant mon monde du sien. Après ça, elle saura tout d’moi. Ça a d’quoi m’faire flipper sur l’papier. En fait, j’en suis ravie. J’suis une personne sincère, entière. Sans doute à son grand dam si elle doit m’trimballer dans c’genre d’soirée. Elle risque de d’voir faire face à une de mes boutades, à mon humour foireux utilisé à mauvais escient. Son image va être mise à rude épreuve. J’sais à quel point elle y tient. La footeuse est plutôt basée sur les apparences. Ma foi, elle f’ra avec. L’amour c’est faire des concessions. Puis d’toute, elle a pas l’choix d’m’accepter comme j’suis. C’pas comme si elle était pas au courant d’mon comportement. J’agis ainsi d’puis qu’on s’connaît. « C’pas comme si l existait un truc génial appelé taxi. » J’reprends son ton, y ajoutant une touche d' moquerie réglementaire. Le moyen de transport est pas un souci même si j’y vais toujours en moto d’habitude. J’suis pas certaine que l’chauffeur apprécie d’s’engager dans un chemin d’terre et d’crader sa caisse. Après, contre un joli pourboire, y a des chances qu’il accepte et qu’il nous propose même de nous attendre pour nous ramener chez nous. Sur l’point d’me mettre en route pour en chopper un, Bri m’entraine vers un van. Comme ça on prévoit même de r’conduire les friqués chez eux. C’monde bobo m’dépasse vraiment. Enfin, j’suis contente d’pas avoir à perdre du temps à trouver un taxi. Dans la bagnole, j’indique au conducteur la direction à prendre pour quitter la ville. J’lui en dirai plus une fois sortie d’la Cité des anges. La destination est pas entrable dans un GPS. Partie, la sportive s’montre tactile. C’pas souvent qu’elle affiche son affection. Elle aussi change. J’savoure son doux baiser en caressant son dos. « Crois pas qu’j’vais m’contenter d’un si p’tit remerciement pour c’gros effort… » J’lui offre un rictus mutin. J’ai pas b’soin d’en dire plus. Encore moins en pensant qu’on s’est pas vues depuis une s’maine et notre dispute. Une fois ses lèvres délicatement capturées, j’l’écoute s’confier. Un moment rare, elle qui plutôt secrète sur ses émotions. « J’ai l’choix ? » Pas vraiment. J’savais qu’me montrer à ses côtés impliquait m’exposer. J’ai pas pris la pose pour rien en descendant d’la voiture. J’tenais à être superbe sur les photos. « On a pas encore mon identité. Et j’vais pas t’apprendre qu’j’sais m’défendre si on vient m’emmerder. » J’lui lance un clin d’œil complice. Elle connaît mon caractère d’feu. J’attends d’pied ferme l’premier qui va s’aventurer dans mon salon pour causer d’notre couple. Il va s’faire renvoyer illico après s’être fait cracher un souffle d’dragon visage, il va pas comprendre. « Mais non, tu vas pas t’faire tuer. Pas tant qu’serai vivante en tous cas. » J’la protégerai corps et âme. J’donnerai ma vie pour la sienne sans hésiter. « J’te parie qu’il s’ront contents pour toi. Ils vont voir à quel point t’es rayonnante, à quel point t’es heureuse. » Elle peut pas l’masquer. En ma présence, elle est solaire. L’démon brille plus qu’un ange ou encore qu’une déesse. C’t’un des pouvoirs d’l’amour. « Tu vois, moi j’ai pas c’souci. C’l’avantage d’avoir des parents qui s’foutent des people et lisent pas la presse qui s’y consacre. » Mes parents sont à images : simples. La vie des autres les intéresse pas. Ils préfèrent s’occuper d’la leur. « Mais y a des chances qu’on les prévienne… » Entre les clients du garage et du bar, y a forcément des fan d’la vie des stars. Il est impossible qu’personne leur balance la photo d’une couverture où j’suis avec Bri. « Au final, c’moi qui vais m’faire tuer… » Après une poignée d’secondes, j’éclate d’rire. J’pense plutôt qu’j’vais recevoir un coup fil d’mon père qui va m’demander quand est prévu l’mariage ? Ouais, l’humour merdique est héréditaire chez les Rise. « Dans environ cinq bornes, y aura un chemin sur votre gauche. Prenez-le. » Venant d’sortir d’la ville, j’indique la suite du trajet au chauffeur. « T’es prête à voir mes parents ? » Elle va plus pouvoir y échapper. C’t’une nouvelle étape d’notre r’lation qui s’pointe. Surtout qu’j’ai jamais présenté quiconque à mes darons. Volage, j’en ai jamais en b’soin. Sauf que là, c’du sérieux. Bri est la femme d’ma vie.

"Mes parents ne se soucient pas des peoples mais c'est leur seul moyen d'avoir des informations sur moi car comme tu sais j'en donne peu. Et puis ma mère est contente car elle récupère des photos de moi autrement qu'en jogging ou sur un terrain de foot." Mes parents n'aimaient pas le monde des peoples et en ça ils seraient surement content que je ne sois pas en couple avec quelqu'un évoluant dans ce monde. Même si dans leurs domaines respectifs ils étaient très respectés et reconnus pour leur parcours, en dehors de ça ils aimaient vivre simplement.

Je laissais Amy indiquer le chemin au chauffeur, il ne devait pas être plus étonné que ça car il est surement habitué aux excentricités de certains. Je pris mon téléphone pour envoyer un sms disant à Wilhem que je m'étais cassée du lieu mais que je serais là demain comme prévu. Mes parents m'avaient appris à être polie et respecteuse...je tentais de l'être à ma façon. Je me mis à rire aux paroles d'Amy.."Je te dirais bien que je te protégerais mais si tes parents comme toi, je ne ferais pas le poids à deux contre un. Mais en tout cas ils risquent d'être surpris..et peut être se faire chambrer non?"

C'était une des premières fois où on parlait autant de nos parents. Nous étions toutes les deux assez indépendantes pour vivre notre vie sans avoir nos parents en permanence dans nos vies. En plus les miens étaient assez loin et je ne pouvais les voir que lors de mes pauses dans la saison. J'observais à travers les fenêtres les quartiers défiler et je me demandais bien où Amy m'emmenait. J'avais compris qu'on sortait de la ville c'était déjà pas mal. Même après deux ans à L.A j'arrivais encore à m'y perdre tellement la ville était grande et bien souvent San Antonio me manquait.

Je ne m'étais pas du tout attendu à la question d'Amy et je me figeais totalement. Rencontrer ses parents? "Non je ne le suis pas du tout...les gens m'apprécient jamais quand on me rencontre, regarde même toi ..." Oui bon là normal, je lui avais un ballon en pleine tête sans faire exprès, du coup je me demandes comment je serais capable de foirer une rencontre avec ses parents tellement je suis maladroite. Et en plus de ça, j'étais presque tout ce qu'ils n'aimaient pas non? "Tu penses que tes parents m'accepteraient? les paillettes tout ça...je gagne beaucoup d'argent pour juste taper dans un ballon..." Ce n'est pas que je ne voulais pas les rencontrer car j'aimais leur fille, je comptais rester avec elle, donc oui je voulais rencontrer les personnes lui ayant donné ces valeurs.

Bon une partie de mes revenus provenaient de placement fais dans des sociétés mais ça ils n'avaient pas à le savoir. "Et toi tu serais prête à aller au Texas pour rencontrer les miens?" Imaginer un voyage là bas avec Amy serait amusant je pense, il me semble qu'elle m'avait dit ne jamais avoir quitté Los Angeles. Là on parlait vraiment de passer une nouvelle étape dans notre relation et ça me faisait un peu peur comme toutes les étapes qu'on avaient passées ensembles.

"Tu comptes nous faire dormir à la belle étoile?" Oui clairement je voulais changer de sujet. Même si j'assumais de plus en plus de choses dans ma vie d'adulte, j'avais mes limites. En regardant à nouveau par la fenêtre, je ne reconnaissais plus rien. Là je m'en remettais totalement à Amy.

Y a pas qu’avec moi qu’Bri est secrète. J’comprends qu’c’dans son caractère. J’suis comme elle dans l’fond. Si mes parents prennent pas d’mes nouvelles, j’en donne pas. C’pas qu’j’suis mal avec eux. Au contraire, on s’entend très bien. C’juste qu’j’vois pas l’intérêt d’les appeler pour rien dire. Ok, j’admets qu’leur annoncer être en couple, c’pas rien dire. En c’sens, Bri a raison. J’vais m’faire chambrer. « Clairement. Mon père va pas m’rater ! » J’ris dans la foulée. J’ai tellement taillé les gens en  couple qu’en faire partie va l’surprendre. Lui aussi était comme moi à l’époque, jusqu’à c’qu’il rencontre ma mère. L’éternel célibataire a fini par s’caser. Et même par s’marier ! Si j’m’estime casée et qu’j’crois dur comme fur à la durabilité d’mon histoire avec Bri, l’mariage est pas du tout au programme. Malgré mon amour, j’doute m’marier un jour étant donné ma vision d’la chose. J’ignore l’point d’vue la footeuse à c’sujet. J’espère qu’elle désire pas une grande cérémonie en robe blanche avec une fête et des centaines d’invité.e.s. Même un simple passage à la mairie m’ennuierait. C’bien l’union libre. Ça évite les embrouilles du divorce. C’pas qu’j’pense au pire mais avec nos caractères, on sait jamais. C’t’aussi une façon d’affirmer mon indépendance. J’veux pas profiter d’son statut et d’son fric. « Ouais, mais moi ça compte pas ! T’as failli m’envoyer à l’hosto ! » J’ris d’bon cœur. J’exagère l’truc. J’ai juste eu une bosse sur l’front. Rien d’méchant. Mais j’aime en faire des caisses avec cette anecdote. J’aurai jamais cru qu’elle s’rait l’point d’départ d’une belle histoire. Sans c’ballon, on s’rait jamais rencontrées. La vie et ses surprises. Qui a fait entrer en collision deux mondes différents. Bri a des raisons d’douter. Le milieu aisé est à l’opposée d’la modestie d’mes parents. J’pose délicatement ma main sur son genou tout en lui souriant pour la rassurer. « J’le pense pas, j’en suis certaine. Mes parents sont tolérants. » J’ai pas eu une critique négative l’jour d’mon coming-out. J’ai plutôt eu l’droit à un câlin et un moment émotion rare chez les Rise. La seule fois où on a pleuré tous les trois. «  Et ils m’aiment. M’voir heureuse suffira à c’qu’il t’accepte. » C’leur seul souci : mon bonheur. Qui ? Quoi ? Comment ? Ça les intéressent pas tant que j'me mets pas en danger. Ils sont pas dans l’jugement. Preuve en est d’mon boulot. Tatoueuse est pas l’métier l’plus gratifiant d’la Terre. C’pas l’mieux payé non plus. Ils m’ont quand même soutenue dans tout mon parcours, dans toutes mes démarches. « Mais j’admets qu’si tu viens avec un chèque, y a des chances qu’ils t’acceptent plus… » J’lui lance un clin d’œil avant d’éclater d’rire. Ils s‘foutent de l’argent. Ils veulent juste d’quoi s’payer leur toit, manger, et aller aux festivals d’metal. Et une bière d’temps en temps. M’calmant après ma connerie, la réciproque m’tombe dessus. J’avais oublié qu’elle était pas du coin. L’Texas est pas la porte à côté. « Ça fait une trotte, mais ça m’semble jouable. J'ai toujours voulu à San Antonio et au River City Rockfest en plus ! » Un festival réputé d'rock comme elle doit s'en douter. J’ai jamais eu l’occasion d’y aller. Ce s’rait la parfaite occasion. Et également une occasion d’entrainer la sportive un peu plus dans mon monde. Bon par contre, c't'en septembre. On va attendre si longtemps pour aller là-bas. Enfin j'retiens l'idée. Dans ma tête, c’déjà acté. Dès d’main, j’me renseigne pour réserver deux billets pour l'prochain. « Na ! J’sais qu’en bonne princesse qu’t’es, t’as besoin d’un lit douillet pour dormir. » J’affiche un rictus malicieux. Est-ce que j’me fous d’sa gueule ? Complétement ! J’allais pas rester sérieuse tout l’long du trajet. Elle va croire qu’j’suis docile après. « Et sache qu’il est probable que tu dormes pas beaucoup cette nuit… » J’repasserai pour la finesse du sous-entendu. Après une s’maine privée d’son corps, j’ai des choses à rattraper. Évidemment, j’ferai rien au bord d’c’te falaise. Un minimum d’confort est nécessaire. J’attendrai sagement qu’on rentre d’notre escapade nocturne. Une escapade qui s’précise. Désormais sorties d’la ville, le van avale l’bitume. J’mate l’extérieur pour pas rater l’a route et prévenir l’chauffeur. Il s’engage sur l’chemin. Arrivé au bout, on descend. J’lui indique d’filer sans nous attendre. On s’démerdera pour rentrer. J’improviserai. J’laisse Bri s’imprégner d’l’ambiance des lieux en silence, patientant son premier commentaire.

Ce que j'apprécie chez Amy c'est que jamais elle n'exagère, genre le ballon a faillit l'envoyer à l'hosto. Je ne dis pas que ça ne m'est pas arrivée d'envoyer une autre joueuse à l'hôpital mais ça n'avait pas été de ma faute...j'y suis pour rien si elle avait mis sa tête sur le trajet d'un tir à pleine puissance... "Heureusement que ce ballon ne t'a pas envoyé à l'hôpital car tu aurais fais tomber sous ton charme une infirmière.."

Amy penses que ses parents m'accepteront, je dois lui faire totalement confiance. J'avais bien remarqué que la tatoueuse avait été élevé avec des valeurs, un peu les mêmes que les miennes sauf que mes parents étaient moins simples. Après tout ils s'étaient expatrier aux USA aussi pour mieux gagner leur vie et on peut dire que j'avais vécu dans une famille aisée. "Que je rende leur fille heureuse n'est pas suffisant pour eux?, parce que si je dois payer, je ne sais pas si l'investissement va me rapporter...c'est que le produit est assez risqué quand même" Je lui fais un clin d'oeil. C'est nouveau pour moi de parler de rencontrer les parents de ma chérie et je suis soulagée que ça se fasse dans le rire. Dans ma tête je voyais tourner les scènes des films où on rencontre les parents de l'autre et que ça tourne au carnage genre le film "Mon beau père et moi."

"J'ai entendu parler de ce festival mais je n'y suis jamais allée car ce n'est pas mon style de musique, par contre je sais que ma mère ne l'attendait pas avec impatience car ça faisait augmenter les patients à l'hôpital." Elle n'avait jamais critiqué pour avoir elle même fait beaucoup de festivals plus jeune mais elle en connaissait les dangers et les conséquences sur les services d'urgence. Je commençais vraiment à me demander dans quel endroit elle voulait m'emmener. Les alentours de Los Angeles avaient beaucoup de petits endroits cachés et pour les connaitre il fallait le faire avec quelqu'un étant né ici, par contre ouais l'idée de passer la nuit à la belle étoile m'enchantait moyen. En effet j'étais une princesse pour ça et j'assumais totalement qu'il me fallait un lit pour dormir ou au minimum une banquette de notre bus d'équipe.

"Comment ça je ne vais pas beaucoup dormir? tu veux me faire écouter ta musique de vieux toute la nuit?" Je savais très bien de quoi elle parlait mais j'avais envie de la provoquer un peu. Le van s'arrêta enfin et j'en sortis avant même que le chauffeur vienne nous ouvrir. Par moments je ne supportais pas tous ces trucs là à attendre qu'on nous ouvre les ports, j'étais pas bête je savais ouvrir une portière. Une fois dehors je respirais l'air frais de la nuit, je regardais autour de moi pour tenter de comprendre où on était. Je m'avance doucement vers la falaise, mais en faisant gaffe car je portais des talons, que j'étais pas douée avec ça aux pieds et que le terrain était pas super plat. Le van était parti et on se retrouvait dans un silence total. "C'est calme, en hauteur, c'est Los Angeles qu'on voit avec les lumières?" Deux ans à L.A et je n'arrivais pas à reconnaitre la ville sous mes yeux...ouais bon je suis footballeuse moi pas prof de géographie.

J’rêve où elle vient d’vanter mes charmes à travers sa remarque ? C’rare un compliment d’sa part, même déguisé. Par contre, ça a pas duré longtemps. Derrière, elle me tacle par rapport à mes parents et mon sale caractère. Me v’là rassurée ! J’ai cru un instant qu’elle était d’venue affectueuse. Quelle horreur ! « Mon bonheur paye pas les factures ! Et ça pourrait d’rapporter des tatouages gratuits, des baiser, des orgasmes… J’serai toi, j’réfléchirai. » J’lui rends son clin d’œil. Bri a déjà tout c’qui j’viens d’énoncer. J’ai pas attendu qu’elle soit acceptée d’mes parents pour lui offrir mon monde. C’pas une obligation qu’elle soit appréciée d’mes parents. C’ma vie, c’mon amour, leur avis compte pour du beurre. Évidemment, j’préférerai qu’ils l’apprécient et qu’ils s’entendent bien. A mon avis, ce sera pas difficile. J’imagine déjà mon père lui indiquer comment m’agacer – croyez bien qu’elle pas besoin d’lui pour ça, elle s’débrouille très bien toute seule – et des blagues à la con. La relation sera un plus compliquée avec ma mère. Elle va la passer sur l’grill, à coup d’interrogatoire poussé, pour s’assurer qu’elle m’mérite. Rien d’méchant. C’plus pour s’donner un style et lui rappeler qu’j’suis la première femme d’sa vie.

J’appréhende plus l’autre côté d’la rencontre parentale. J’sais qu’ses darons ont des boulots « élitistes », très loin d’mon univers. A entendre la footeuse, y a déjà un point d’litige sur l’festival. Ça promet ! « Y a toujours des blaireaux pour pas savoir s’tenir ! Mais faut pas généraliser, c’moins l’bordel que ça en a l’air dans un festival. » Tout l’monde est pas là pour picoler et crier en écoutant d’la musique à fond à s’en défoncer les tympans. Y en a, j’vais pas l’nier. Ceux qu’on croise souvent dans les reportages télé pour faire passer les métalleux pour des écervelés. La vérité est juste qu’on s’retrouve autour d’une passion commune pour la partager entre passionnés durant quelques jours. C’pas pire qu’un fan d’foot qui s’rend au stade. Dans l’absolu, c’la même chose avec un loisir différent. Bref, j’espère qu’sa mère sera pas obtus à c’sujet. Ça m’ferait chier d’me prendre la tête. Surtout qu’ça pourrait avoir un impact négatif sur notre couple. « Jusqu’à l’aube ! Et j’vais même t’faire chanter ! » La malice étire mes lèvres. Nul doute qu’elle comprendra dans chanter mon désir d’lui faire faire des vocalises d’plaisir. On aurait qu’toutes les deux, j’aurai commencé à échauffer sa voix dans c’van.

Ça attendra notre retour. Surtout qu’on est arrivées à destination en plus. L’temps d’se débarrasser d’notre transport et la vue est à nous. J’souris en écoutant Bri. « Tu veux qu’ce soit quoi ? San Antonio ? » On a fait que quelques kilomètres d’puis qu’on est sorties d’la ville. C’est une évidence qu’c’L.A. J’serai méchante, j’lui dirai qu’c’pas une lumière. J’me retiens, j’ai pas envie qu’on s’clashe. Pas ici. Pas maintenant. « Mais j’t’ai pas emmené ici pour c’te vue… » J'me fous de L.A. à l'heure actuelle. J’m’approche d’elle. Mes mains sur ses hanches, doucement, j’la fais pivoter jusqu’à c’que nos regards s’croisent. Elle peut voir dans l’mien tout l’amour qu’éprouve. C’pas ç qu’j’veux lui montrer. Ça, elle peut voir à chaque fois qu’on s’voie. J’remonte une main l’long d’son corps – caressant son flanc au passage – jusqu’à poser délicatement mon index sous son menton. J’la force lentement à lever la tête et à admirer l’tout qui nous surplombe. « C’ça qu’j'veux qu’tu voies. » Un ciel dégagé rempli d’étoiles, sans pollution lumineuse pour nous pourrir. Un paysage sublime. Tant pis si ça casse mon image pragmatique par son esprit romantique. Tant pis si ça m’vaut une pique. J’tenais vraiment à partager c’coin d’paradis avec elle.