Amy a une façon tout à fait personnelle de vendre ses qualités. Manque de bol pour elle, je trouve que j'ai assez de tatouages, je n'en veux pas de nouveaux pour le moment. Par contre l'argument orgasme fait mouche. Maintenant que je sais vraiment ce que c'est, je n'ai pas du tout envie de m'en passer surtout si c'est Amy qui me les procure. Par contre vraiment je ne suis pas prête à rencontrer ses parents et pour être totalement honnête je ne suis pas prête à ce qu'elle rencontre les miens. Nous venons de deux mondes totalement différents et je ne veux pas faire de bêtises. Je me connais s'il y a quelque chose à ne pas dire, je vais la dire et quelque chose à ne pas faire? je vais la faire. Quand je stresse je suis encore plus maladroite et là je sais que j'aurais un level de stress qui bat tous les records.

Ma mère voyait d'un mauvais oeil tout ce qui impliquait un rassemblement de personne et de l'alcool. C'était sa déformation professionnelle je pense et aussi selon moi c'était aussi un peu hypocrite de sa part sachant tous les festivals de musique auxquels elle avait assisté en Europe. Mon père avait vendu la mèche. Et question alcool, personne ne pouvait rivaliser contre elle sur la consommation de whisky. "Si on rentre du festival en étant alcoolisées, il faudra faire gaffe à pas faire de bruit ou sinon on passera par la fenêtre."

Je ne sais pas si je serais encore de passer par la fenêtre mais ça me rappellerait quand j'étais en cours. Mes pensées furent vite stoppées quand je regardais devant moi, la vue était vraiment bluffante, je sortais mon tel pour prendre une photo. A la réponse d'Amy je lui lançais un regard de travers. "Ca peut être la Valley..et je te rappelle que je ne suis pas d'ici." Je me retournais pour faire face à Amy et plonger mon regard dans le sien. Parfois j'avais beaucoup de mal à comprendre ce qu'Amy voulait vraiment, dans ces moments là je ne disais rien et je la laissais nous mener.

Je levais la tête vers le ciel comme elle me l'indiquait et je restais immobile un long moment. Je me mis à sourire et pas instinct à me rapproche d'elle me blottissant contre elle. "Depuis que je suis ici, je crois que je n'avais jamais levé la tête pour regarder les étoiles, pourtant j'adorais faire ça au Texas." Je sais qu'elle va trouver ça trop romantique mais par moments j'avais besoin de douceur et quoi qu'elle en dise, elle aussi, je l'embrassais donc tendrement, puis me remis à regarder les étoiles. "Tu penses quoi quand tu regardes les étoiles?"

La rencontre avec ses parents m’emballe pas plus qu’ça. Maitenant, j’sais qu’elle aura lieu un jour. On va pas pouvoir s’enfermer dans notre bulle indéfiniment. Les fêtes d’fin d’année vont nous mettre au pied du mur. Va falloir qu’on cause de c’qu’on fait. Mes parents vont m’demander d’passer Noël avec eux, comme d’hab. La concernant, j’en sais rien. Sûrement qu’elle va retourner à San Antonio avec sa famille. J’serai pas contre le fait qu’elle reste à L.A. et soit à mes côtés. Ce s’rait un beau cadeau. Elle pense p’t-être la même chose si j’la suis jusqu’au Texas pour Noël. Sans aucun égoïsme, j’me dis qu’la rencontre avec mes parents est la plus simple. J’suis certaine qu’ils l’accepteront. D’toute, ils ont pas l’choix. Ça dépendra d’son envie. J’suis prête à lui concéder c’choix. J’lui concède beaucoup d’choses. Par contre, j’ai mes limites. J’compte pas rentrer comme une voleuse chez elle. J’me fous qu’sa mère soit pas d’accord sur notre degré d’alcool dans l’sang. « Y a pas d’si, on rentrera forcément alcoolisées. » J’lui souris. J’bois pas d’l’eau dans un festival. J’sais même pas si y en a d’dispo. J’tourne à la bière. « Ta mère est si terrible qu’ça ? » Bri à vingt-quatre ans. C’plus un bébé bien qu’ça doit être encore et s’ra toujours son bébé. Elle est majeure et vaccinée. Elle a l’droit d’donner son avis, mais pas d’lui imposer son style d’vie. Ce s'rait pire qu'être un démon, elle s'rai un monstre. « On dormira à la belle étoile pour être certaines d’pas la déranger. » J’lui lance un clin d’œil complice. L’problème est réglé comme ça. Doit bien y avoir un jardin dans leur baraque. En plus, ce s’ra mieux pour masquer l’bruit d’nos ébats passionnés. J’tiens pas à c’que ses parents nous entendent en pleine action. Pour l’coup, j’avoue qu’le malaise s’rait justifié au p’tit déj. Pour l’avoir déjà vécu avant qu’j’possède mon appart,en ramenant une meuf chez mes darons, c’vraiment pas cool. Dehors, y a que la nature pour entendre notre amour. Exactement où s’situe actuellement. Au bord d’c’te falaise, la vue sur la Cité des Anges endormie. Une ville qu’elle r’connait pas tout d’suite. J’en profite pour la taquiner. J’pouvais pas n’pas saisir c’te perche. Tout comme j’peux pas m’empêcher d’sourire face à son r’gard. C’est dingue comme il est profond ! Surtout quand il brille d’une lueur amoureuse d’la sorte. Y a rien b’soin d’ajouter quand ses pupilles brillent comme ça. J’romps l’contact oculaire à regret pour qu’elle observe l’ciel. J’l’imite dans la foulée. L’silence berce nos oreilles l’temps d’notre contemplation. Lorsqu’on s’met sur pause, nos opales s’retrouvent. Nos corps s’rapprochent jusqu’à s’toucher. Elle capture mes lèvres d’un tendre baiser. C’tellement niais et tellement merveilleux à la fois. J’glisse ma main autour d’sa taille. J’me régale d’la douce chaleur émanant d’son corps. « Les lumières d’la ville nous captivent trop. Faut oser en sortir pour les admirer. » Quitter son cocon, plonger dans l’inconnu, sans savoir où aller. C’comme ça qu’j’ai découvert c’t’endroit. Au hasard d’une balade à moto. J’ai pris l’risque d’m’engager sur c’chemin escarpé alors qu’ma Ducati était clairement pas adaptée. L’aventure a payé. Et aujourd’hui, j’peux partager ma découverte avec ma copine. Ma tête s’relève vers les astres. « J’pense plus quand j’les r’garde. » Les r’garder m’déconnecte. C’t’une façon d’m'évader, avec mes virées en bécane. J’éteins mon cerveau devant ce spectacle céleste. J’oublie mes soucis. J’arrête de réfléchir. J’profite simplement d’la vie, du fait d’être vivante. « Et toi, à quoi tu penses ? » Il est l’heure des confidences. Exercice compliqué pour nous, plutôt adeptes du secret et de l’introversion d’nos ressentis. Même si j’ai changé. Avec elle - grâce à elle - j’exprime plus mes sentiments.

Je me mis à rire en entendant la question d'Amy. "Non ma mère n'est pas terrible, mais elle voit tellement de trucs à son taf que ça l'a déformé. Et puis en plus question alcool, mon père m'a dit que quand ils étaient jeunes, elle avait une meilleure descente que lui." Et je voulais bien le croire. Les Irlandais étaient reconnus pour être des buveurs, ce n'était malheureusement pas qu'une légende. Depuis qu'elle était doc oui elle était devenue beaucoup plus sage mais je le comprenais totalement. Elle voyait tous les jours les ravages que faisaient l'alcool, la drogue. "Une fois j'étais allée à l'hosto pour aller la chercher et au moment de partir une ambulance arrive, on voit un gars sortir avec une hache dans l'épaule..Quand elle a demandé ce qu'il s'était passé, le mec était saoul et avec son frère ils s'amusaient à faire un combat avec des haches, ces cons se prenaient pour des vikings...Bon je t'accorde aussi que le Texas a pas mal de spécimens un peu bêtes."

Ce qui me fit penser qu'une Californienne, ne devait rien savoir du Texas. C'était un état particulier, il faudrait aussi que je lui en parle si y venait. Je regardais Amy bizarrement. "Moi? dormir à la belle étoile? alors que j'aurais un lit trèèès accueillant à côté? Aurais tu oublié que je suis une princesse?" Amy en était surement capable mais pas moi. J'aimais trop les lits pour m'en priver. Puis sérieux..le sol et l'herbe, je m'y retrouvais le cul dessus tous les jours et plusieurs fois par jour avec les entrainements et les matchs..ben je peux vous dire qu'un lit est vachement plus accueillant pour y faire un somme.

Ce moment à regarder les étoiles est à part pour moi. Je m'en rappellerais surement pendant longtemps. Tout est calme autour de nous, on pourrait croire que l'obscurité nous empêche de nous voir mais non, la lune arrive à nous éclairer juste ce qu'il faut. "Je pense que j'aimerais pouvoir aller dans l'espace et à l'immensité que ça représente." Mon amour de l'espace très peu de moment le connaissait, seulement mes parents et ma meilleure amie. "J'aimerais pouvoir observer la terre de la haut.". J'étais étonnée qu'elle ne pense à rien en voyant ce ciel si inspirant pour moi. Je rebaissais le regard vers Amy, un regard doux mais curieux. "Les étoiles et tout ça ne t'inspire rien? tu penses vraiment à rien en le regardant? Du coup pourquoi tu aimes venir ici? pour le calme ?" Nous étions ensembles depuis plusieurs moi maintenant et on aurait pu croire qu'on se connaissaient parfaitement mais ce n'était pas du tout le cas me concernant. Amy restait souvent un mystère dans ses réactions. Je trouvais ça génial car je la découvrais tous les jours et tous les jours je la connaissais un peu mieux. C'était ça qui m'avait fait peur dans une relation, apprendre à connaitre quelqu'un et me rendre compte que je n'aimais pas ce que je découvrais mais avec elle ce n'était pas comme ça. Je trouvais génial de découvrir de nouvelles choses sur elle, de mieux la connaitre.

Les parents sont souvent pavés de bonnes intentions sans être des modèles irréprochables. Ma mère est comme la sienne. Elle s’est toujours montrée très protectrice envers moi alors qu’elle était une vraie casse-cou dans sa jeunesse. Dans le fond, c’t’une marque d’amour même si c’lourd. J’ris comme une baleine à son anecdote. Les gens sont encore plus stupides bourrés en général. Ça va qu’j’l’ai l’alcool joyeux et surtout somnolant. J’ai tendance à pioncer avec un coup dans l’nez. « C’pas lié au Texas, mais à la connerie humaine ! Ma mère t’en racontera de sacrées qui lui sont arrivées au bar, tu s’ras sur l’cul ! » J’pourrai l’faire en soi. J’préfère réserver c’moment à ma daronne pour être certaine d’pas oublier un détail. Puis l’heure est pas à s’raconter des histoires d’autres. C’l’heure d’profiter des étoiles, d’nous. D’la taquiner aussi. C’tellement amusant d’la chercher sur son confort. Ça fait mouche à tous les coups. « J’te croyais aventurière, j’suis déçue… » J’affiche une moue. J’tiens cinq secondes avant d’éclater d’rire. Libre à elle d’dormir où elle veut. Moi, j’disais ça pour son bien, pour pas s’faire incendier par sa mère au réveil. C’t’elle qui la craint, c’pas moi. D’ailleurs, ça va être fun à voir. Elle va moins faire sa maligne. Un peu comme moi en l’instant face à ce spectacle lumineux et à sa question. M’livrer est si compliqué. C’pas un manque d’confiance en elle. J’suis juste habituée à être secrète. C’dans mon caractère. Bri est plus ouverte et m’confie ses envies d’voyage dans l’espace. J’reconnais bien là la fan de Star Wars. J’la découvre rêveuse par contre. D’ordinaire, elle est plus terre à terre, à parler d’sa carrière pro. « J’peux toujours t’emmener au septième ciel pour t’en donner un aperçu. » J’ris doucement. J’ai pas pu m’empêcher d’lancer une blague foireuse. J’viens déposer un bisou dans son cou pour m’faire pardonner. Tout est bon pour l’embrasser ou m’montrer tactile avec elle. J’suis pourtant pas coutumières des marques d’affection. Cependant, mes yeux ont jamais autant brillé qu’en la r’gardant même quand elle s’fait curieuse, qu’elle creuse mon être et par extension mon âme. « Pour l’calme ouais. » L.A. vit à cent à l’heure et dort jamais. C’l’endroit l’plus proche qu’j’connaisse pour m’couper d’la folie d’la Cité des anges. « J’relativise également. J’me dis qu’j’suis qu’une minuscule particule dans l’univers. » Mes soucis empêchent pas l’monde d’tourner. L’univers est pas basé sur ma personne. J’suis qu’un infime engrenage du système comme celleux avant moi et celleux après moi. J’suis qu’une poussière. Oui, j’suis un brin philosophe d’temps en temps. « Puis elles te trahissent jamais. Tous les soirs, elles reviennent te saluer. Tous les soirs elles sont là. Même si j’t’accorde que parfois les nuages les cachent. » L’ciel est pas toujours aussi dégagé. Ça m’oblige à voir au-delà de ce que mes yeux me proposent. Ça m’oblige à voir avec mon cœur. D’la même façon qu’j’ai dû l’faire avec elle pour prendre conscience qu’elle était plus qu’ma meilleure amie. J’me rapproche d’elle et enroule mon bras autour d’sa taille. « Elles ont été là pour m’remonter l’moral. Elles ont séchés mes larmes. Venir ici, c'leur rendre hommage aussi. » Quand tout va mal, quand j’touche l’fond, j’viens m’réfugier ici. C’mon confessionnal grandeur nature. J’leur parle, j’vide mon cœur, et j’repars apaisée.