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 (SÖREN!) killing me softly with his song

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Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) killing me softly with his song EmptySam 5 Nov - 19:43
tw : violences conjugales, sang.

Menton dressé vers la Lune, je regarde la fumée s'échapper, venir danser plus haut, teinter de brouillard le ciel tout entier. Grosse expiration. La journée a été compliquée. Richard n'était pas en forme, ces derniers temps. Il avait les mains qui tremblaient, l'intonation qui s'échappait, la voix qui se cassait. Musicien désarçonné faisant face au pire de ses cauchemars ; il ne manquait plus que la disparition de son inspiration. Mais comme ce n'est pas la sienne... On ne se rendait jamais trop compte de l'intérieur combien les lingots d'une prison dorée pouvait venir comprimer les côtes. On ne se rendait jamais compte que le perroquet, aussi beau son chant soit-il, avait les ailes trop à l'étroit. Et on ne se rendait jamais compte de la violence de son propriétaire. Avec le temps, je m'y ferais. Maxime en l'air, que je me répétais, les yeux dans le miroir, comme pour tenter de m'en persuader. Toutes les limites avaient été franchies il y a des mois déjà. Peut-être même des années. Enfer enduré dont j'avais perdu le goût tant et si bien que ses flammes m'échappaient, me brûlaient comme une habitude. L'avantage, c'est que les gifles étaient mesurées : même la plus noire des colères ne faisait pas perdre toute intelligence aux (prétendus) virtuoses. Les mains qui s'abattaient étaient suffisamment légères pour ne pas marquer, le poison venant se déverser dans le choix des mots. Rabaissant, humiliant. J'avais fini par m'y faire, à ce quotidien désabusé. J'y avais même trouvé mes propres repères. Le verre de vin sous le coucher du soleil, sur le balcon le plus haut. L'envie de flirter avec les nuages, un peu trop loin. Et puis, quand il rentrait, s'il était énervé, je subissais, quelques minutes, les foudres. Puis il se lassait, fatigué, allait retrouver notre lit. Dans le meilleur des cas j'étais libre, soumis à aucune obligation conjugale : le refus, Richard ne l'entendait jamais. Il ne le comprenait pas. Passer de la rage à l'envie lui est coutumier, pas à moi.

J'étais assis sur le banc en pierre, dans le jardin, bien loin de la piscine, bien loin de la maison immense et pourtant si étroite. Proie qui cherche à fuir ne trouve jamais forêt assez grande. Je m'étonnais parfois de voir le monde défiler autour, mener sa propre vie, sans prendre une seconde pour s'étonner de mes cernes, de mes peurs, des larmes qui affluaient à la moindre contrainte. Des murmures mondains disaient que j'étais un gosse mal élevé, un gamin qui ne se rendait pas compte de sa chance. Il partage la couche de Richard Monroe, et il trouve encore le moyen de se plaindre ! Peut-être que ces oiseaux de mauvais augure auraient savouré la vie aux rythmes des percussions sur ma peau de Richard -cet immense artiste savait jouer de ses mains et de ses hanches sur mon corps comme nul autre, il fallait le lui reconnaître, c'était sans doute grâce à son expérience. Mais comme une bougie qui se consume, je commençais à mon tour à perdre pied, à ne plus retrouver la robe pourpre dans mon verre le soir, à ne plus sourire autant face à des mélodies charmantes. A perdre l'inspiration. Et là était le crime ultime : si jamais je ne lui soufflais plus de nouvelles notes, allait-il enfin se laisser décider à m'accorder une liberté ? La bague autour de mon annulaire me pesait bien lourd. Long soupir, complainte étoilée. Au moins, j'allais être tranquille pendant quelques jours. Richard avait reçu de curieux hiéroglyphes, une encre bien sombre, teintée de haine ; le genre de missive que j'aurais rêvé de rédiger, dans l'obscurité des quelques pièces où il ne pouvait me trouver, n'étant pas maître de son propre château. Pourtant, cette bâtisse, il avait tenu à la faire explorer à son nouveau colosse de fer. Un garde du corps. C'était une belle connerie de la part de son agent. D'une part, puisque le pauvre type n'allait pas pouvoir tenir deux semaines. L'acidité allait finir par le ronger aussi. Ensuite, parce que si quelqu'un avait prévu de s'attaquer à mon tendre futur époux, j'aurais été ravi de l'aider. Mais celui qu'on lui avait dépêché, ce nouvel employé à notre charge, était grand, fort, le sourire absent. Un fantôme, discret mais brutal, je n'en doutais pas une seconde. Richard s'était amusé de ce nouveau jouet, avait tenu à le promener dans toute la maison. A lui montrer les plus beaux whiskies, les grands disques dans son bureau. Il lui a fait écouter ma musique.

Tout était histoire de signature. La mienne, sur le bas du contrat de mariage. Chamberlain et Monroe, unis pour la vie. Dans l'amour. De belles conneries. Une seule larme qui dévale la joue. Je ne me rendais même plus compte quand mes yeux décidaient de jouer les Niagara. C'était, certains soirs, triste à se demander qu'est-ce qui pouvait bien me porter, me forcer à me lever ces matins. Il y a quelques semaines, dévasté encore et toujours par cet ouragan récurrent, j'aurais répondu sans trop de cérémonie qu'il n'y avait rien. Mais la lueur à l'horizon s'était pointée. Un plan machiavélique, selon certains. Une échelle de secours, pour d'autres. Je ne devrais même pas être autorisé à y penser. Pourtant, les étapes affluent, sont autant de pensées qui s'accrochent, tenaces. Terminer par une belle cérémonie. Puis l'attaquer. Lui faire regretter sur la place publique ses vols, ses violences. L'époque était favorable à ces aveux. Je refusais de finir en martyr ; Richard allait finir par payer, j'en était sûr. Il me fallait du temps, de la résistance. Ne pas céder en larmes à chaque mot. Juste faire bonne figure, endurer les poings, les mains sur les côtes, les fringues jetées en bas du lit. Il ne sait même pas où est la panière à linge. Derrière, la maison jette par les baies vitrées de grandes lumières. Le couloir s'est allumé dans cette maison de poupées que je connais comme ma poche. Si celle-là au moins me revient, c'est une victoire de plus. Il n'y passe pas assez de temps, ne connaît pas chaque porte, chaque tapisserie : ses semelles n'ont même pas frotté tous les tapis. Pourtant, il te fait visiter la maison comme s'il la connaissait mieux que quiconque. T'entraîne dans une des salles de bain, t'avertit sur ses habitudes. Pour l'instant, son agent a tenu à ce que tu sois avec nous de jour comme de nuit. Il s'en était réjoui, ce bourreau, ravi de savoir que quelqu'un d'autre devrait endurer ses ronflements. Moi j'étais resté silencieux. Savoir qu'il allait avoir un acolyte silencieux, dévoué, omniprésent, m'avait pas mal déplu. Pour l'instant, il s'était contenu, avait rangé sa main chaque fois que son ton montait. Vous ne vous connaissiez pas encore assez, en quelques heures. Mais je savais que tôt ou tard, ses accès de violence allaient recommencer à se répandre. Et je n'étais pas ton employeur, pas ton protégé ; tu allais devoir y assister. Comique tragédie qui allait se jouer dans les prochains jours ; plus douloureux étaient ces derniers encore quand je me souvenais qu'il nous rapprochait de la date butoir, de ce printemps à venir, qui allait signer les faux sourires et les belles arches de plumes blanches, son baiser langoureux pour me faire oublier qu'il allait m'arracher mon nom. Toute mon identité, même.

Le halo jaune dans mon dos s'éteint. Je lève le poignet, et l'écran de ma montre connectée s'allume. Vingt-trois heures quarante quatre. Il n'allait pas tarder à prendre ses somnifères -probablement sans voir que je lui en avais piqué un ou deux, amusé de l'envoyer à la pharmacie de plus en plus souvent. Et toi, tu allais rejoindre ton lit, le drap indigo de satin, et en-dessous la couette et sa housse à rayures grises. Richard s'était moqué de moi avant ton arrivée -comme d'habitude. Il m'avait soufflé que si il y avait Dolores -ce n'était même pas son prénom, il avait dû l'oublier et se perdre dans les méandres de son racisme-, c'était justement afin que les lits soient faits. Que je ne devais vraiment rien avoir à faire, à errer dans les chambres pour enrober les lits de beaux draps. Je n'avais même pas osé lui rétorquer que tu étais finalement un invité. Pas seulement un trophée de plus, une sculpture qui s'harmonise avec les papiers peints et la déco -ma déco. J'avais fini mon oeuvre du jour, tapé le matelas pour enlever les plis, puis j'étais parti sur le balcon, Hélios entamant son sommeil, retrouver mon verre rempli, et m'assurer qu'il ne tarderait plus à l'être. Avant, j'étais redoutable, j'aurais fait une scène, j'aurais hurlé, l'aurait cordialement invité à aller se faire foutre. Mais le temps m'avait dompté, les sabliers m'avaient fait vriller, perdre quelques teintes. Maintenant, je restais silencieux, j'encaissais, et le soir, je venais exprimer mes regrets à Sélène et son beau corset argenté. Je ferme les yeux, me laisse porter par un peu d'air, allant même jusqu'à siffler un air familier, cette musique épique qui me trotte en tête, me fait faire des insomnies. Celle qui ne se matérialise sur le piano que lorsqu'il est absent. Secret bien gardé, chef d'oeuvre caché. Richard ne me la volerait pas, celle-là. A défaut d'avoir des enfants un jour, je m'étais fait à l'idée que je n'avais pas besoin de poupon quand j'avais de belles mélodies. Chacune avait une histoire, un caractère. Et si ça avait été suffisant d'en créer par dizaines, de les lui abandonner, de voir les foules l'applaudir comme s'il était le génie du siècle, c'était maintenant fini. Il n'aurait plus que les restes, et moi les odyssées lyriques, livrées au public dès que je me serais dépêtré de ce marais dégoulinant, malin. Je frémis. Il fait froid dehors. Et j'ai atteint la fin de la maigre partition que j'ai pour l'instant décochée.

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#  (SÖREN!) killing me softly with his song EmptySam 5 Nov - 22:26
L’écran de mon téléphone colore en bleu la chambre d’hôtel plongé dans le noir que j’occupe depuis quelques jours. Phare au milieu de la nuit, j’ai passé ces dernières heures à faire les cent pas autour de ce lit aussi désuet que le reste de la décoration. Pas que j’en ai quelque chose à faire, c’est juste que mon cerveau a toujours aimé noter ce genre de détail. Incapable de dormir, incapable de sortir profiter de la cité des anges, mon esprit est coincé dans un entre deux où flotte des songes aux odeurs de renfermé. Je déteste cette attente entre deux contrats. J’ai accepté de donner un certains nombre de mes jours de vie à l’agence et je savais que mon portable n’allait pas tarder à vibrer de tout son saoul pour m’informer du nouveau nom sur mon contrat. Richard Monroe. Seule information que j’ai pour le moment, et la seule dont j’ai réellement besoin. Le tambour de l’hôtel me propulse dans la rue, la main qui protège mes yeux face au soleil aveuglant. J’ai persuadé que Nyx avait déjà fait une descente sur la ville mais il faut croire que je suis encore déphasé par mon dernier contrat qui m’a amené à l’autre bout du monde. Mon jetlag sous le bras, mon sac à dos contenant l’intégralité de mes affaires bien accroché derrière moi, j’enfourche ma moto pour traverser les rues encore bondées de touristes jusqu’au bureau de Sandra. L'accélérateur bien enfoncé, je me propulse dans les ombres des immeubles toujours plus grands, alternant entre ombre et lumière. Mes doigts ne frôle pas une seule fois la manette de frein, défi avec moi-même, rythmant mon trajet de jurons venant parfois des véhicules motorisés, parfois de piétons interrompus dans leur balade. Je ne suis responsable que de l’intégrité de mon corps, ceux des autres ne sont pas mes affaires. Sauf si votre nom figure en bas de mon contrat, dans ce cas votre corps est aussi mon affaire. Juste le corps, qu’on soit bien d’accord.

Quand je pénètre dans le hall de la WPG - World Protection Group - je ne prends pas la peine de saluer la femme qui est assis derrière le bureau de l’accueil. Je sais que c’est ce que la société attend de moi, ce que Sandra m’a demandé cent fois de faire mais je ne vois pas l’intérêt de perdre du temps à saluer une personne que je ne connais pas. La susceptibilité de la réceptionniste ne fait pas partie de mes priorités alors je m’engouffre directement dans l'ascenseur et appuie sur l’étage réservé au VIP. Les VIP c’est les clients qui alignent des gros chèques, pas moi. Je ne suis qu’un rouage supplémentaire dans cette immense farce qu’est cette agence. Mais ça occupe mes journées alors autant que je continue d’alimenter mon compte pour de futurs projets. Du genre disparaître au fin fond d’une forêt suédoise où personne ne viendra me faire chier parce que je n’ai pas dit bonjour à une blonde insipide dont le front brille plus que ma carrière. Sandra me fait le laïus habituel sur l’importance de ce contrat et de mon comportement exemplaire. Je n’écoute pas un seul mot de ce qu’elle peut raconter. Elle le sait mais je suis le meilleur de son équipe alors elle fait semblant. Semblant que je ne suis pas un connard fini qui me croit plus intelligent que tout le monde, semblant que cette réunion va servir à quelque chose, semblant de ne pas être blessé par mon attitude. J’appose ma signature en bas du contrat, récupère mon sac à dos, l’adresse du client et l’heure à laquelle je dois me pointer. Je profite des deux heures que j’ai devant moi pour faire les recherches habituelles, mes recherches habituelles. Je n’aime pas les surprises alors je prépare minutieusement chaque mission : informations sur le client, son passé, son histoire, son entourage, ses antécédents médicaux, les plans de sa maison et toutes les informations que la magie d’internet peut me fournir.

Les gens sont inconscients de laisser des inconnus accéder à toutes leurs vies aussi facilement. Si je voulais buter ce fameux Richard, ça ne me prendrait pas plus de trente minutes. Et moins de dix minutes pour faire apparaître tous ses petits secrets aux yeux de tous. Mais je ne suis pas payé pour ça. Dommage. Je devrais peut-être songer à me reconvertir. A mon arrivée sur les lieux, la même mascarade recommence. Mais cette fois, je remballe mon associabilité pour afficher un air professionnel que j’ai déjà vu chez des collègues. C’est le masque que j’adopte pendant les missions, j’ai copié minutieusement chaque détail sur les autres gardes du corps que j’ai pu croiser. L’air sérieux, hors d’atteinte mais rassurant. Mon visage au naturel est vide de toute émotion vu que je ne ressens rien la plupart du temps. Mais ce masque vierge à tendance à faire paniquer mes interlocuteurs. Je comprends, les personnes les plus proches de moi disent que je ressemble à un psychopathe sur le point de faire une tuerie. Ils n’ont pas vraiment tort. Je pourrais. Je suis sûr que ça ne me provoquerait même pas un frisson. Mais je n’ai pas ce genre de pulsion, tu peux dormir tranquille Los Angeles.

Tel un bon toutou, je laisse le maître des lieux me faire la visite de son palais. Salons, salle de musique, boudoir, bibliothèque. Il se vante de la décoration, des tableaux hors de prix accrochés aux murs, aux trophées dorés qui ornent les étagères. Je hoche la tête de temps en temps, faisant semblant d’apprécier les bouteilles qu’il fait défiler sous mes yeux alors que je me fous bien de tous ses trésors. Ce qui m’intéresse et qui noircit les pages de mon carnet, c’est le nombre de portes et de fenêtres ainsi que le système de sécurité, quasi inexistant soit dit en passant. Mais le client se vante d‘avoir payé une fortune une société une fortune pour faire de son logis une forteresse. Il s’est fait avoir. Du travail d’amateur, même ma petite sœur aurait pu faire mieux. Et elle n’est pas le couteau le plus aiguisé du tiroir. J’endure la visite, le monologue sans fin qui franchit les lèvres du musicien. Quand enfin je peux en placer une, je donne les consignes de sécurité aux habitants des lieux qui ont tous d’en avoir rien à foutre. Personne ne prend au sérieux les menaces reçues. Mais ça ce n’est pas mon problème, je suis là pour maintenir tout le monde en vie. Les états d’âme de chacun ne me font ni chaud, ni froid. La journée touche rapidement à sa fin et Diane reprend ses droits dans le ciel nocturne. Fatigué d’avoir brassé du vent pendant les trois dernières heures, le maître des lieux se retire dans sa chambre me laissant le loisir d’aller explorer la demeure à mon rythme cette fois. Il va falloir que j’aille acheter des nouvelles caméras demain, je dois donc déterminer tous les angles non couverts par le système actuel. Ce qui risque de me prendre une bonne partie de la nuit.

Vous allez dormir devant ma porte ?
Vous voulez pas que je dorme dans votre lit aussi ?
Yeux écarquillés.
Soupire exaspéré.
Non. Ce ne sera pas nécessaire pour le moment.

Détours par ma chambre pour troquer ma veste de moto que j’avais toujours sur le dos contre un t-shirt noir propre. Vérification de la position des domestiques, il ne me manque plus que celle du mari de Richard. A croire qu’il n’a pas entendu quand j’ai formellement interdit à tout le monde de sortir de cette maison dès que les étoiles auraient fait leur apparition. Il faut toujours un rebelle, toujours. Une personne qui se fout des règles, qui ne respecte pas mes consignes, ce qui en fait une cible facile. Et s’il se fait abattre, je ne serais pas payé. Je n’ai jamais eu d’échec dans mes missions et ça ne risque pas de commencer ce soir. L’air frais de la nuit glisse sur mes bras nus, une cigarette se plante entre mes lèvres, signalant ma position dans le jardin endormi par un point incandescent. Je longe les arbres qui se transforment en monstres aux longs bras dans l’obscurité, me rapproche des bosquets en fleur, me laissant soudainement guider par une mélodie qui s’échappe d’un coin reculé. Évidemment, il a  fallu que tu choisisses un coin suffisamment sombre pour croire que tu passerais inaperçu. Tu n’as donc aucun instinct de survie ? Mon ombre se faufile parmi ses sœurs aux odeurs florales et sucrées, laissant une fumée blanche épaisse sur mon passage. Je me plante derrière toi, ma cigarette entre le pouce et l’index, appréciant ce moment où tu te crois encore seul, en sécurité. Désolé de faire voler en éclats toutes tes croyances. Non, en fait, je ne suis pas désolé du tout. Il va falloir que tu apprennes et si ça doit se faire dans la douleur alors ainsi soit-il.

Qu’est ce que tu as pas compris dans “périmètre de sécurité” ? Il y a un mot qui te pose problème ? Périmètre, peut-être ?

Je tire une nouvelle fois sur ma cigarette, comblant le silence par les grésillements du tabac qui se consume. Mauvais habitude datant de l’armée dont je n’ai jamais réussi à me défaire. J’aurais pu faire preuve de plus de tact comme dirait Sandra mais je suis garde du corps, pas baby sitter et je ne compte pas te courir après pendant toute la durée du contrat. Ton nom a été ajouté sur le contrat par Richard pour que je te maintienne en vie également alors il va falloir collaborer si tu veux que je sois plus sympa avec toi. Même si tu n’en a pas envie d’ailleurs.

@Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) killing me softly with his song EmptyDim 6 Nov - 1:48
Le cortège des muses est réuni sous les étoiles, alors qu'elle m'insuffle des visions paranoïaques, possédé par cet art qui me hante depuis mes plus jeunes années, depuis que mes index se sont pour la première fois égarées sur les touches noires et blanches. J'observe les étoiles, et j'y retrouve un orchestre tout entier ; là, la grande ourse dessine les prémices, les premiers rangs, violons lancinants et contrebasses alarmantes ; là, sa petite soeur nous offre les autres cordes, les sensibles, les douces, celles qui donnent des airs de macarons ; bien derrière, je devine quelques membres du zodiaque, sagittaire, bélier et verseau, qui déverse de nouvelles notes enchanteresses et magiques. Je devine dans le ciel, curieusement apaisé ce soir, baigné d'une brume typique de cette période de l'année, quand le froid succède à la chaleur, quand les nuits sont plus longues, délivrant aux humains des opportunités différentes, des desseins plus sombres, que mon espèce toute entière ne manque pas de s'asséner. Le plus obscur de tous, c'est Richard. Ça a toujours été Richard. Cette pensée me laisse un goût doux-amer en bouche. Elle avait un tout autre sens quand je venais de sortir des bancs de la Juilliard, les yeux rêveurs et les idées folles de la jeunesse. Je me voyais chef d'orchestre, compositeur émérite, surfant sur la vague du renouveau classique. Les oreilles de mes contemporains se paraient plus que jamais des accords réservés, des envolées lyriques. Spotify avait pris le relais des opéras, jetant dans leurs oreilles tous les espoirs déchus, toutes les envies démesurées, toutes les aspirations fantasques de la curieuse race à laquelle j'appartenais. Celle des artistes battus, des artistes souffrants, des artistes qui écrivent leurs chants comme on écrivait, autrefois, les prières aux dieux lupins. Ceux-ci m'avaient bien délaissé, et tout espoir de religion s'était envolé avec le temps. Mes parents étaient croyants, mon père, du moins, avait en Dieu une foi de fer, se remettant à lui pour chaque décision, lui attribuant ses plus belles victoires et ses plus lourdes défaites. J'avais choisi un chemin différent, moi qui m'étais emparé du Destin, cet étalon en plein galop qu'il m'avait fallu dompter pour obtenir mon visa américain, mes premiers baisers puis les dernières compositions que j'avais signé de mon nom. La nuit signifiait une trêve attendue, une paix rarissime. Pendant qu'il dormait, Richard n'osait d'ordinaire me toucher que de ses bras, pour me ramener à lui, coller nos silhouettes, n'en former qu'une. La sienne, comme toujours. Depuis que je m'étais laissé emporter dans les tourbillons de ce qu'il avait appelé amour, je n'avais plus été Keith. Plus été ce musicien qui avait enchanté mes parents, mes grands-parents, et tous les oncles et tantes qui se berçaient de mes sonnets lorsqu'ils venaient au bercail. Les illuminations de Noël faisaient pâle figure, selon ma mère, quand je me mettais à pianoter, à faire glisser mes doigts sur de nouveaux instruments, des gangs entiers qui m'avaient pris par la gorge et par le coeur, me soumettant à toujours plus d'envie, toujours plus d'apprentissage. J'avais toujours refusé d'arrêter de jouer, refusé d'apprendre le néant, refusé de délaisser les nouveaux instruments. Cette soif insatiable de musique me suivait partout, du lit jusqu'au lit, matin au soir, alors qu'elle venait posséder mes oreilles de sonorités entêtantes, alors que mes premières compositions me tenaient éveillé en pleine nuit, fasciné par toutes ces galaxies qui s'offraient à moi. Je ne pouvais me résoudre à abandonner mes épaules affaissées aux câlins de Morphée tant que je n'avais pas posé sur le papier chacune des mélodies qui venaient faire jouer mes doigts dans l'air. J'avais ce besoin naturel, insatiable, de toujours créer, de métamorphoser chaque bruit de la rue, du vent qui faisait claquer les couvercles des poubelles jusqu'aux cris du marché, en de nouvelles musiques. Les acteurs se perdaient dans leurs personnages, moi je me contentais de ne parler qu'en musique, de ne rimer qu'en nouveaux sons, de ne me perdre qu'aux détours d'anciennes partitions que je dévorais comme s'il s'agissait de lettres d'amour, enflammées, passionnées, sans retour. Alors quand cet autre, toi, s'était ramené derrière moi, une seule braise, point orangé dans toute l'obscurité, comme un lampadaire accusateur, m'avait ordonné d'obtempérer aux consignes de sécurité - je ne les avais évidemment pas écouté, bien trop captivé par la course des nuages que j'imaginais en une cartographie précise et semblable à nulle autre - je ne l'avais pas entendu, pas même attendu.

J'étais, pour être à 100 pour-cent honnête, en train de pleurer. Mes larmes s'offraient au ciel étoilé comme s'il était seulement capable de venir panser chaque blessure, capable de me faire oublier tous les maux, cette foutue boîte de Pandore que j'avais ouverte, par amour, par passion. Mes idéaux s'étaient mis au garde-à-vous bien rapidement, il m'avait fallu plus de temps. Richard m'avait séduit, à coup de cadeaux, à coup de beaux mots, avant que ce ne soit les coups qui deviennent cadeaux et mots. Aujourd'hui, il ne restait finalement que la belle maison, les rares vacances et les soirées mondaines pour nous unir. Et ce n'était plus de mon plein gré : je me laissais uniquement porter par le vent puisque je savais que l'issue lui serait fatale et qu'il souffrirait comme j'avais pu hurler.  "Salut, titan de fer." Mes mots étaient presque moqueurs, un peu aiguisés par toutes les déceptions subies, par toute la lassitude. Le quotidien était lourd, pesant, quand j'étais à la fois victime et terriblement esseulé, mon unique allié.  Essoufflé de tous mes efforts, le seul réconfort s'avérant les rares pellicules de solitude, polaroïds à bout de nerfs. "Sören, c'est ça ?" Question rhétorique, j'avais bien entendu ton prénom, pour la simple et bonne raison que feu mon amoureux s'en était emparé depuis la matinée, ne manquant pas de faire rouler, entre deux cigarettes, sur ses lèvres ces quelques syllabes. Mon ton se durcit et les étoiles brillent moins fort. Elles doivent être intimidées de retrouver le Keith d'antan, celui qui se risque à hausser le ton quand quelque chose lui déplaît. "Merci de votre inquiétude, Sören. Mais je suis encore chez moi. Vous n'êtes qu'un invité, ici." Fin sourire, parure ridicule face aux larmes qui continuaient de se déverser. Ma voix, au moins, ne m'avait pas trahi : elle n'était pas tremblante, mais affirmée, faisant croire que c'était moi qui tenait les rênes de la maison.

Autrefois, c'était le cas. Richard m'avait donné un chantier monstre, sous forme de cadeau, bel emballage, beau ruban. J'avais eu le droit de tout décider, de tout customiser, de la couleur des murs jusqu'aux motifs du carrelage des salles de bain. Il y avait eu les camions, remplis de bobines à fixer partout pour des détails harmonieux. Puis d'autres camions, remplis de décoration, de babioles d'ici et d'ailleurs, des couleurs pour venir teinter un peu la toile trop vierge à mon goût. Puis, mon ultime caprice, les rideaux de velours, lourds, pesants, emmagasinant toute la poussière du monde, mais d'un bleu roi semblable à nul autre qui m'arrachait toujours - quel exploit! - des sourires sincères. Depuis, mon fiancé s'était mis en tête que c'était trop personnel, trop jeune, trop moderne, trop irisé. Il n'aimait pas les arc-en-ciels, leur préférait les orages. Et Dieu -pardon Papa- savait combien j'aurais aimé qu'il prenne la foudre, rien qu'une fois, lui électriser les cheveux et lui dresser les poils. Les rideaux bleus avaient fini dans la chambre d'ami principale, celle que tu occupais. Les carrelages avaient été brisés, les papiers peints arrachés. Douce anaphore que celle de mon coeur. Alors je m'étais relevé, t'avais fait face, me dressant de toute ma taille contre les injustices subies et la colère que j'avais retenue, profitant de la présence d'un étranger pour tout gerber. "Tant que vous êtes chez moi, je vous demanderais de me vouvoyer. Richard n'est, à ce que je sache, pas un fabricant d'or. Votre salaire vient de nous deux. Et il détesterait le ton que vous employez." Pas du tout, il s'en moquerait, ricanerait de voir combien quelqu'un d'autre pouvait aussi me blesser. Tout ce qui comptait pour lui, c'était de voir mon honneur bafouer, de voir combien je pouvais être le sujet de blagues graveleuses. A son bras, il y avait seulement le jeune artiste accompli de la Juilliard, garçon médaille bien plus jeune, qu'il ne pouvait s'empêcher de présenter à tous comme s'il s'agissait d'une chevalière héritée de sa foutue famille.

Diane m'avait vu m'approcher de toi, te fixer droit dans les yeux, mêlant les torrents sur mes joues aux quelques éclairs dans mes iris. "Il n'y a pas de périmètre à respecter pour moi. Vous le comprendrez bien vite." Les derniers mots étaient prononcés en un souffle seulement. Vile confidence que je t'adressais, toi qui n'avais vu que le bon côté du miroir, toi qui ne t'était confronté qu'au Richard séduisant, ce type fantastique qui déchaînait les foules et souriait à la ville entière. "J'ai besoin d'être seul. Vous pouvez rentrer ? Je suis sûr qu'un ninja, un alien ou toutes sortes de monstres n'attendait que votre rappel à l'ordre pour se jeter sur mon tendre et cher." Les mots sont crachés, sifflés, mélodie infernale et agacée. Je déteste qu'on me surveille. Si en plus de la cellule et des violences quotidiennes, je me retrouvais confronté à un soldat obéissant et un peu trop agressif, j'allais finir par faire de l'apnée dans la fontaine sans jamais reprendre mon souffle. Mes doigts se portèrent vers les tiens, saisissant - tu ne devais pas t'y attendre - la cigarette encore peu consumée, pour la jeter au sol et mieux l'écraser. "Si tu t'étais bien renseigné, Sören, tu saurais que le tabac est interdit dans la maison et dans le jardin. Ordre de monseigneur Monroe." Dernières cendres orangées qui s'éparpillent dans l'herbe, puis se fondent dans le noir. Mes pupilles sont plantées dans les tiennes, dans un air impérieux, un air de défi, bouche en coeur faussement angélique, prêt à remettre le couvert et à rugir de nouveau. "Rentre donc à l'intérieur, ton maître t'attend pour dormir sur ses deux oreilles. Et..." Yeux fermés, paupières offertes à Nyx, fin sourire aux lèvres, maintenant que les larmes sont parties. "Laisse-moi tranquille. Va donc t'amuser, partager son lit même si tu veux être sûr que rien ne lui arrive. Au moins, je serais exempté de toute charge conjugale." Je rouvre les yeux uniquement pour te faire face, avant de tourner les talons et de retrouver mon assise sur mon banc de pierre, jusqu'à ce que ma colonne vertébrale décide que la position couchée me serait plus agréable. Là, au moins, j'ai les yeux rivés sur la voie lactée et pas sur un visage condescendant et complètement offensif.

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#  (SÖREN!) killing me softly with his song EmptyJeu 10 Nov - 14:08
Depuis que j’ai choisi de mettre mes connaissances militaires au profit de la sécurité des personnes, j’ai été envoyé en mission auprès d’un large panel de clients tous plus riches les uns que les autres. La plupart de la population préférait m’éviter, flairant chez moi un truc qui cloche dans mes lèvres qui ne s’étire pas au bon moment, mais une autre partie, plus infirme, alignait des sommes astronomiques pour se payer mes services. J’avais trouvé une des seules voies qui offrait une vie presque normale à un mec atteint de sociopathie. Je n’étais jamais distrait par des sentiments, je ne me faisais pas avoir pas des vulgaires tentatives de séduction. Le mythe du garde du corps à la Bodyguard avait la vie dure mais il fallait assez vite refroidir certains clients sur ce point. Mais cette mission était la pire configuration possible, deux artistes dans une même maison. Un artiste, c’était déjà la merde parcequ’avec leur égo surdimentionné, ils avaient l’impression d’avoir la science infuse. Tout le monde devait se mettre à genoux devant ses génies, peu importe le domaine, c’était toujours la même rengaine. Alors deux artistes ensemble, on courrait à la catastrophe. Je me demandais comment cela était même possible que les vases soient encore en bon état et les cadres encore accrochés au mur. Mais ce n'était pas mon problème. Vous pouviez pas baiser ou vous entretuer entre ses murs, moi je devais juste veiller à votre sécurité. Quoique la dynamique de votre couple venait tout de même titiller une certaine curiosité chez moi. Lors de notre visite à travers la maison, Richard avait parlé moins de trois minutes de toi. Juste le temps de me glisser qu’il fallait te maintenir en vie également. Te maintenir en vie. Curieux choix de mot. Un homme amoureux m’aurait demandé de te protéger, de faire attention à toi, pas de te maintenir en vie. Encore plus étrange quand le même homme m’a informé de votre mariage à venir. Mais comme je le disais, ce n’est pas mon problème.

Ce qui est mon problème en revanche, c’est que tu ne respectes pas le périmètre de sécurité. Je ne peux pas venir te chercher au fond du jardin pendant que ton cher époux dort dans sa chambre. Pas sans un système de sécurité digne de ce nom. Si je suis ici à écouter tes pleurnicheries, je ne suis pas en train de vérifier qu’aucun intru est en train de se glisser par une fenêtre. Et ça m’emmerde parce que ce n’est pas que le premier jour et que tu t'amuses déjà à me défier. Et si tu crois m’amadouer avec les traces humides de tes larmes sur tes joues, c’est vraiment mal me connaître. Je ne vais pas m'apitoyer sur ton sort ou te demander ce qui peut bien te mettre dans cet état, je m’en fiche. Je veux juste que tu ramènes ton cul à l’intérieur. De grès ou de force. Je te contourne doucement, faisant fie du surnom ridicule dont tu m'accables, ne remuant pas la tête à la mention de mon prénom. Je me déplace lentement pour te faire face, sans provoquer ta fuite. Je ne te connais pas pour le moment, je ne peux donc pas anticiper tes réactions. Un mouvement brusque pourrait te faire paniquer et je n’ai aucune envie de me lancer dans une chasse à l’homme nocturne à travers les bosquets en fleurs. Et plaquer ton visage contre l’herbe humide n’est pas une manière socialement acceptable de faire connaissance. De ce qu’on m’a dit.

Un air professionnel plaqué sur le visage alors que mes traits crient mon ennui sous ce masque je me force à porter, je te regarde cracher ton venin, tantôt debout, tantôt assis. Tu hausse la voix, fronce les sourcils, passe d’un pied à l’autre. Je note tous les détails de ton comportement pour les singer un jour où j’aurais besoin de paraître vulnérable. Toutes les émotions que je fais apparaître sur mon visage ne sont que des copies de celles que j’ai vu chez les autres. Je ne ressens presque jamais rien mais j’ai parfois besoin de me servir de certains traits pour obtenir ce que j’ai vu. Quand j’étais petit, j'utilisais beaucoup la tristesse sur mes professeurs qui prenait en pitié ce pauvre petit Sören dont la mère en avait absolument rien faire de lui. Puis j’ai monté rapidement les grades de l’armée en mimant les expressions et la manière d’agir de mes supérieurs. Je suis un mime expérimenté, un marionnettiste hors pair et toi, tu es une mine d’or. Tu as tellement d'expressions qui passent sur ton visage, dans tes gestes et tes postures que je pourrais en avoir le tournis. Comme on feuillette un catalogue, je pourrais choisir une carte empathie et te faire sentir important, et donner envie de te confier. Vu ton état de stress élevé, la fausse confiance en soi ne marche pas sur moi désolé, ce serait très facile de te faire aller exactement là où je veux t’emmener. Mais tu écrases ma cigarette par terre avant de retourner t’allonger, me donnant le top départ pour un nouveau jeu à deux. Cette soirée n’était pas des plus exaltante, tu viens de lui donner un tout nouveau souffle.

Je te regarde, allongé sur ton banc de pierre et hausse un sourcil.

C’est bon Princesse, t'as fini ton petit discours ?

Je sors mon paquet de cigarettes de ma poche et glisse un nouveau bâtonnet entre mes lèvres, prenant le temps d'illuminer le bout avant de m'approcher de toi. Entouré de volutes blanches, mon visage se retrouve au-dessus du tien. Je t’observe du haut de mon mètre quatre-vingt dix et n’essaye même plus de cacher mon air blasé.

Joli petit speech, tu l’as préparé ? Ce qui est dommage pour toi, c’est que seul le nom de ton futur mari est inscrit sur mon contrat. Pas le tien. Si je suis là, c’est uniquement parce qu’on m’a demandé, et je cite, de te maintenir en vie. Tes petits états d’âme, ce n'est pas mon problème. Je me fous que tu aies envie d’être seul ou que tu ne veuilles pas laisser Richard jouer avec ton cul ce soir. Pour les deux mois de mon contrat, c’est moi qui décide. Si t’es pas d’accord, je te laisse en référer à ton maître pour qu’il retire ton nom de mes missions.

Je me redresse et aspire un nouveau nuage de nicotine qui sature mes poumons avant de ressortir par mes narines. Une mini Sandra fait irruption sur mon épaule pour se plaindre qu’on ne parle pas comme ça à des clients, que le respect doit marcher dans les deux sens. C’est plus fort que moi, quand on m’emmerde, je me braque et je redeviens le connard que je suis habituellement. Plus de ton professionnel, plus de masque de plâtre, juste un mec qui ne sait pas agir en société et qui se fout bien de ses codes. Face à tes yeux qui se referme sous les assauts de la lune, je me retiens de pousser un soupir exaspéré. J’ai l’impression de me battre contre un enfant et vraiment, je n’ai pas cette patience. Je ne serais jamais père et je sais exactement pourquoi. Je tire longuement sur ma cigarette, faisant crépiter le tabac avant de laisser retomber le mégot au sol vers le cadavre de ma première clope. Si le maître des lieux doit se plaindre, il saura où me trouver.

Ok. Rappelle toi juste que c’est ton comportement qui m’oblige à faire ça.

Tes yeux s’ouvrent de nouveau, mais trop tard pour m'empêcher de me pencher par-dessus toi. De loin, on pourrait croire que je m’apprête à t’embrasser alors que je glisse juste une main sous ton aisselle et une autre contre ta hanche. Au lieu de capturer tes lèvres, je me contente de te tirer d’un geste brusque pour te hisser sur mon épaule. Je ne pousse pas la provocation jusqu’à allumer une dernière cigarette mais j’entame une traversée rapide du jardin, plongé dans l’obscurité.

Si tu veux jouer au gamin, je vais te traîter comme un gamin et crois moi, ça va pas te plaire.

Personne n’est présent pour assister à la scène et tant mieux, si cela venait à arriver aux oreilles de Sandra, je me prendrais un nouvel avertissement. Mais quelque chose me dit que Richard se moque de la manière dont je peux te traiter et si mon contrat est toujours intact demain, ce sera la preuve que votre couple n’est qu’une façade à une vérité bien moins jolie que la décoration chic mais minimaliste du salon dans lequel je te dépose. Tes pieds retrouvent le sol et je referme la porte fenêtre, activant les alarmes actuellement en place. Ce n'est pas un système performant mais ça a le mérite d’exister. Une fois les caméras en route et les alarmes activées, je me tourne une dernière fois vers toi.

Reste à l’intérieur, je suis sûr qu’il y a plein de coins où tu peux te planquer pour pleurer.

@Keith Chamberlain
Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) killing me softly with his song EmptyJeu 10 Nov - 14:55
Le gazon se fait théâtre d’ombres chinoises. Les épicéas qui bordent le jardin esquissent leurs longs traits, épais, les font s’éterniser jusqu’aux allées. L’herbe elle-même, un peu trop haute depuis que Richard s’est mis en tête qu’une tondeuse automatique serait la meilleure alliée de ses week-ends, strie le parc tout entier de fines rayures. Pourtant, c’est un tout autre tigre qui se déplace, silencieusement, appuyé sur ses imposantes pattes, avant de recouvrir ma bulle toute entière d’une noirceur tournant le dos à la Lune. Infâme calomnie, tentative vaine puisque je ne lève même pas les yeux pour te regarder, préférant de très loin la sphère lampadaire qui brille dans le ciel. Je n’ai pas le droit de sortir le soir, Richard me l’ordonne. Avant, je parvenais de temps en temps à me faufiler par l’une des haies mal taillées, pour rejoindre le bitume et ceux de mes amis qui se regroupaient, langues insidieuses et aiguisées pour mieux tailler mon geôlier. Mais quelque chose me disait que la simple mention de mon nom au-dessus de la signature de mon cher mari allait me coûter un peu plus de liberté. Une raison supplémentaire de me tirer au plus vite. Caméléon, quand tu te repositionnes enfin face au ciel, je vois sur ton visage quelques traits familiers, avant de prendre conscience que tes premiers mots imitent mon ton. Culotté. Mais dans le fond, tu avais percé mon seul joker, ma seule astuce : tu étais l’employé de Richard, peut-être au même titre que moi, les désavantages en nature en moins. Le chèque émanait de notre compte commun, des ressources que je lui prodiguais, les symphonies devenant milliers de dollars, de belles liasses mélodieuses que je ne pouvais que frôler des doigts sans jamais en faire un usage personnel. Tes pas sont lourds, presque autant que les ordres que tu me jettes, espérant peut-être que je vais me convaincre de basculer dans l’enfance pour t’obéir et rejoindre ma chambre. Au coin, Keith. Je ricane, à la fois sournois et en même temps triste. La mélancolie ne part jamais bien loin, et si mes yeux ont arrêté de couler, ça n’empêche pas mon cœur de rêver d’autres horizons et de toujours les voir plus lointains. L’échiquier était déjà complètement truqué, faisant de Richard le roi et de moi un simple fou. Pendant quelques temps, je m’étais contenté de naviguer sur le damier, me persuadant que le fou avait un rôle important, et la plus grande liberté de toutes. Mais la réalité m’avait vite rattrapé, et j’avais été rétrogradé au rang de pion. Une simple pièce qu’on déplace et affaire à sa guise, la parant de beaux rubans pour la faire resplendir dans les soirées mondaines, pour ne jamais laisser la vue du paysage délabré par nos fenêtres à tous ces nouveaux aristocrates, à tous ces crétins goguenards qui se remplissaient de champagne et me laissait le luxe de les contempler. Ils étaient vains, tous. Particulièrement les amis de Richard. Je le savais pour les avoir déjà vu faire : dès qu’il quittait la pièce, même en présence de son fiancé, c’était fiel et poison. Je ne leur en voulais pas, au contraire même, chaque pique était un petit soleil dans ce ciel d’orage. Pour autant, le jardin vide, les herbes balayées par le sirocco, tout ça avait été le théâtre de mes exaspérations nocturnes, la renaissance d’un Nirvana et la seule façon de tenir. Pas d’autre confidente que Sélène, et voilà que maintenant un autre de ces pions – ou peut-être était-ce un chevalier – s’était mis en tête de me dépouiller de cet unique plaisir. J’aurais pu hurler, te faire obtempérer à ton tour, mais je ne voulais pas que les fleurs se courbent sous un vent de ruines, et puis quelque chose me disait que tu n’étais pas du genre à obéir, même aux aboiements les plus sonores.

Alors j’avais adopté cette autre technique. La tête penchée vers le ciel, les oreilles sourdes à tous tes arguments, qui ne manquaient pas de perforer un peu ma cage thoracique malgré tout. Quand tu allumes une seconde cigarette, me narguant, avant de continuer, je joue moi aussi la carte extrême. Je ferme les yeux. Je ne t’entends plus, je ne te vois plus, je ne te parle plus. Les trois singes réunis au service de mon malheur pour ne pas le rendre plus important. Et pas une larme de plus, ce soir, je m’en fais la promesse silencieuse. Pourtant, les quelques secondes qui s’étirent et me laissent croire que j’ai la victoire, s’achèvent brutalement, ton souffle venant me heurter de pleine face, me crachant un peu de tabac au nez, alors que tu m’empoignes, comme si c’était normal et que j’étais un enfant de sept ans. Je reconnais que tu as de la force ; je ne pèse plus le poids d’un bambin depuis déjà de longues décennies. Pourtant, tu ne grimaces pas sous l’effort, et tu avances, louvoie dans les allées sans dire un seul autre mot, me bloquant complètement de tes bras pour m’empêcher de prendre la fuite. Si j’avais décidé plus tôt de laisser le zéphyr comme unique orchestre dans les jardins, tu m’avais fait revenir sur ma décision. "Mais t'es complètement dingue !? Lâche-moi, putain !" La colère me donnait la peau rouge, le souffle saccadé, et rapidement, bien que je l'avais évité au début, mes poings étaient venus marteler tes omoplates. Un pas, un uppercut. Mais c'était comme défaire la tour Eiffel avec une pelle. Vain, long, humiliant.

Tu ne me relâches que lorsque les loupiottes rouges sont actives et que les portes se sont fermées dans un cliquetis. Je reste debout, mutique, mes yeux plantés dans les tiens, leur jetant un milliard de dagues et tout autant de fioles empoisonnées. Ce type est un malade. Figé, statue de sel boursouflée par la colère, le torse montant et descendant au fur et à mesure de mes inspirations, je ne bouge que pour lever un bras. Les ronces du grand rosier, en bas des marches du jardin, y ont laissé une trace rouge. "Je n'en ai rien à foutre de ton contrat, rien à foutre de cette maison, rien à foutre même de Richard !" Les vagues de colère m’irradient, me transforment en un soleil qui consume tout, alors que je m’agrippe à un buffet, en tire la nappe hideuse, renversant sur le sol tout. Les clés, les stylos, et même un vase qui vient éclater sur le plancher de l’entrée. "Vous pouvez tous aller vous faire foutre !" Nouveau coup de poing, dans un cadre, belle photo en noir et blanc de notre jeunesse, quand tout était plus simple, moins laid. Un bruit, et puis des craquelures qui s’articulent, arachnide de verre brisé. Je m’attends à ce que le tableau tout entier s’effondre, éclate à son tour sur le sol, sème des cristaux entre les lattes. Je suis à bout de nerfs, les bras tendus, exultant toute l’énergie négative, toutes les ombres que tu as achevé de faire glisser en moi. Et puis, l’ampoule, l’éclair de génie. Je fonds sur toi, et me rapprochant plus que de raison, je te dévisage, le regard mauvais, léger sourire aux lèvres. Ca n’annonce rien de bon. "Tu sais, Sören, nous nous marions dans moins d'un mois. Richard détesterait qu'on pense qu'il me frappe. Laisse encore une seule putain de trace sur mon corps et je m'assure qu'on te renvoie aussi sec d'où tu viens, avec une jolie plainte en prime." Je te regarde, penche la tête, mon sourire s'élargit, et mes doigts s'attachent à la blessure sur mon bras, tirent dessus pour la faire s'écouler un peu. Le bouleau au sol s'assombrit de quelques gouttes. "Et si Richard n'en a, finalement, pas grand-chose à carrer de la façon dont tu me traites, je peux t'assurer que si je m'avère blessé et qu'il perd le fil de ses... De mes, compositions... Il se chargera de toi lui-même." Je laisse mes lèvres se mordre un peu trop fort, elles aussi, avant de me dégager de ton aura pour reculer. Si tu faisais un mètre de moins, je t’en aurais sans doute fait baver un peu plus. Je n’ai pas l’habitude de me cacher derrière Richard et son tempérament violent, au contraire, j’en suis plus souvent la poupée désarticulée que le marionnettiste enchanté. Mais il faut bien que je bénéficie parfois de certains des avantages à ses yeux fous et à son nuage noir qui nous suit partout.

Mon bras me fait mal, la peau me tire et me brûle en même temps. Quelle idée à la con. Je ne veux pas me vider en une flaque dans le hall, c’est un coup à me faire engueuler dès le matin. J’ai le souffle court, toujours sous le tourment des flots d’émotions qui m’inondent en continu. La fureur, la peur, la tristesse. Toujours mes trois petits diables. Et puis, je me souviens que je ne me suis jamais fait de bandages ; ma peau, ma chair, ont toutes deux été particulièrement préservés des accès de rage du monde extérieur. Ou alors, les traces étaient superficielles, douloureuses, mais pas sanglantes. Je te regarde. Impossible que je te demande de me bander le bras. Mais d’un autre côté, tout aussi impossible de me laisser goutter sur le sol. Je ferme les yeux, et m’accoude au buffet, le temps de réfléchir et de reprendre le contrôle de ma respiration, alors que le ploc ploc visqueux continue de jouer les tambourins en arrière-plan de cette bande originale infernale. Richard ne suffisait pas, il avait fallu qu’on m’en colle une version plus grande, plus musclée, plus incisive. J’avais besoin de me calmer : hors de question de te faire face avec de nouvelles larmes dans les yeux, ou avec la peau du visage échauffée par Lucifer en personne.

@Sören Lindberg
Sören Lindberg
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#  (SÖREN!) killing me softly with his song EmptySam 12 Nov - 22:09
Je te regarde mettre en pièce le décor de notre tragédie en cinq actes. Après un entracte mouvementé à travers les jardins, le silence se fait pour mettre en lumière le début de notre nouvelle scène. Et tu t’en donnes à coeur joie. tout ce qui passe sous tes mains, finis en milles éclats pailletés sur le sol. Vase, cadre, le verre se mêle à la porcelaine, les éclats tambourinent comme autant de coups de tonnerre. Immobile, mon regard suit chacun de tes mouvements. Mes sourcils se froncent alors que je tente de savoir comment un être humain peut se mettre dans cet état. Si avoir des sentiments mènent à ce genre de comportement alors je suis bien content de ne ressentir aucune des lueurs qui traversent ton regard et te donne un air de fou échappé d’un asile. Les mains dans les poches, je te regarde comme on regarde un documentaire, analyse chacun de tes choix, te regarde détruire des objets futiles qui n’étaient là que pour décorer cette pièce sans âme. Je ne sais pas qui ton compte énerver avec ta crise mais si c’est moi, c’est raté. Si tu avais braqué un flingue sur ma poitrine alors peut-être que j’aurais ressenti un petit quelque chose. Crever dans la maison de deux musiciens qui ne peuvent pas se blairer ne fait pas partie de mes plans. Mais là, avec ton vide poche au-dessus de la tête, tu m’inspire juste de la pitié. Je ne comprends rien aux normes sociales et aux relations entre êtres humains. Si tu détestes ton futur mari, casse-toi. Pourquoi s’infliger autant de souffrance alors que les portes sont grandes ouvertes ? Enfin façon de parler, j’ai tout verrouillé. Mais dès demain matin, tu seras libre de prendre ton envol de cet enfer.

Mais il faut croire que je suis une cible plus atteignable pour toi, plutôt que ce corps endormi dans votre lit conjugal. Tu te plantes devant moi et j’ai soudain une pulsion qui me donne envie de te faire ravaler ton petit sourire victorieux. Je n’aime pas qu’on me fasse chier, même dans le cadre d’une mission. Sandra serait très énervée si je venais à être viré pour coups et blessures mais franchement, je n’en aurais rien à faire. Peut-être que je n’attends que ça. Bosser pour l’agence est un confort. Je pourrais retourner en Suède ou bien me lancer dans une carrière de mercenaire. Je pourrais être bon à buter des gens pour des grosses liasses. Et ce n’est pas la culpabilité qui me rongerait. La majorité des gens sentent cette absence de limite chez moi. Leur instinct leur crie de rester loin de moi, de ne surtout pas m’approcher, de ne pas me chercher des noises. Ton instinct est soit en veille, soit il a pris de l’avance sur ton corps et s’est barré loin d’ici. Tu devrais reculer et vite. Bizarrement, tu m’intrigue autant que tu m'insupporte. Tu me donnes envie de jouer. Ce qui n’est pas une bonne chose pour toi. Et sûrement pour moi aussi.

Toujours immobile, j’attends que tu finisses d’aboyer pour bouger. Ma bouche s’étire dans un demi rictus amusé. J’avance de quelques pas, restant à une certaine distance pour ne pas relancer le disque. C’est drôle de te voir t’agiter dans tous les sens en hurlant mais j’ai eu ma dose pour ce soir, tu uses ma patience à trop grande vitesse pour que je te laisse continuer ton cirque.

Je ne sais pas ce qui te fait croire que me faire virer avec une plainte pour violence est une menace mais sache que ce n’est pas comme ça que tu vas m’atteindre. Ce boulot ou un autre, c’est pareil.

Le parquet est taché de sang mais encore une fois, tu ne réagis pas. A vrai dire, j’ai peur que ton visage dans ta main ne cache un malaise face à la blessure que tu t’es infligée toi-même. De nombreuses personnes ne supportent pas la vue du sang ou d’en perdre. A la moindre coupure, leur corps cesse complètement de fonctionner. Si tu venais à t’écrouler sur le sol, tu ne serais qu’un élément de plus dans ce décor apocalyptique. Mais ça voudrait aussi dire que je devrais te porter pour t’emmener dans ta chambre et même si tu ne pèses pas très lourd, un poid mort est plus difficile à manœuvrer qu’un homme survolté à l’adrénaline. Et j’ai envie de me débarrasser de toi pour aller tranquillement fumer ma clope. J’en ai assez de partager ma nuit avec un enfant incapable de gérer ses émotions.

Je sors de la pièce et regagne la cuisine selon le plan que j’ai mémorisé. J’ouvre plusieurs placards sur ma droite car je sais qu’on m’a montré une trousse de premier soin plus tôt dans la journée. C’est pour les domestiques et je suis persuadé qu’elle contient de quoi soigner la plaie qui barre la peau diaphane de ton bras d’un trait écarlate. Bingo, je trouve ce que je cherche et reviens dans le salon où tu as gardé la même posture, statue de cire au milieu d’une tempère. Je coince la trousse sous mon bras et tire deux chaises dans ta direction, faisant crisser les pieds sur les lattes en bois dans un son désagréable.

Assieds toi.

Je te désigne une chaise d’un coup de menton et prend place sur sa jumelle, juste en face. Ton hésitation me fait lever les yeux au ciel avant que mon attention ne se reporte sur le contenu de la trousse de soin. J’en sors un spray désinfectant, une bande en gaze blanche et du sparadrap pour faire tenir le tout. Les domestiques sont bien équipés et je ne veux pas savoir pourquoi. Est-ce que c’est eux qui te récupère abîmé au milieu de la nuit habituellement ? Est-ce que t’es déjà laissé aller à ses crises devant eux ou est-ce un privilège que tu me réserves ?

Assieds toi, il faut désinfecter ta plaie. C’est complètement con ce que tu viens de faire. Je sais que tu le sais mais je tiens à te le redire. Une griffure de rosier peut te filer le tétanos. Et en aggravant la plaie avec tes doigts plein de bactéries, tu augmentes tes chances de choper un staphylocoque. Et crois moi, tu ne veux pas de cette merde. Alors viens t'asseoir.

Peut être que tu t’en fiche de mourir avec ce genre de merde dans ton organisme mais tu ne le feras pas pendant ma mission. Une mort pendant un contrat, ça veut dire une enquête interminable et des tonnes de papiers à remplir. Et je n’ai aucune envie de me retrouver coincer dans ce genre d'engrenage. Je ne sais pas ce qui te décide mais après plusieurs secondes de réflexion, tu décides de t’installer en face de moi. J’attrape ta main et la pose sur mon genou pour avoir accès à ton bras sur lequel je vaporise du désinfectant avec de nettoyer la plaie avec une compresse. Mes doigts s’activent comme si je faisais ça régulièrement pendant que je reprends la parole.

Si tu veux qu’on pense que ton mec se sert de toi comme punching ball, fais toi des traces au visage. Une plaie au bras, ça se camoufle facilement et c’est trop banal pour faire réagir les gens. Par contre, une pommette violette ou un œil au beurre noir, c’est plus visuel, plus dérangeant.

Je relève rapidement le regard vers toi pendant que j’applique le bandage autour de ta peau. Je ne sais pas trop si c’est une tentative de plaisanterie pour détendre l’atmosphère à ma façon ou bien un vrai conseil mais je déballe tout ça bien avant d’avoir le temps de réfléchir à mes mots. C’est un des traits des sociopathes, on parle avant de tourner notre langue sept fois dans notre bouche. On frappe avant de se demander si c’est un flic en face de nous. Je pourrais écrire un guide des meilleures cellules de prison à travers les Etats-Unis (et même le monde, soyons fou) mais pas sûr que ça intéresse grand monde. Ma mère me disait tout le temps que je ferai mieux de ne rien dire plutôt que de lâcher des conneries. Je n'ai jamais su retenir, ni à six ans et encore moins à presque quarante ans. C'est trop tard pour changer de toute façon. Je suis condamné à crever en parfait connard et je crois que ça me va. Ce n'est pas comme si j'avais le choix de toute façon.

@Keith Chamberlain
Keith Chamberlain
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Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) killing me softly with his song EmptyMer 14 Déc - 20:00
Fin filet pourpre qui s'écoule, mon regard horrifié qui se penche du décor démonté jusqu'à tes yeux impassibles. Bon. Tout le spectacle n'aura apparemment pas réussi à ancrer en toi la colère grondante, monstre dévorant. Soit tu en as l'habitude, ta vie se trace au milieu des valses de notes dorées qui hurlent, rugissent, s'entrechoquent et explosent, soit tu es un très bon acteur. Je n'ai pas les idées claires. Il y a peut-être eu un verre en trop ce soir. Un autre filet pourpre empoisonné, coulant du verre à ma gorge. C'est un curieux engrenage, le corps humain, puisque mes cours de science m'ont appris que dans le sang qui coule le long de mon bras, il y a forcément un peu de ce même breuvage. Ma main saine et sauve quitte les veines de bois du buffet, trouve un nouveau jeu contre ma joue, frottant la barbe de quelques jours que j'ai laissée pousser. Ce n'est pas une jungle, tout juste l'orée d'un bois, mais ça me donne un visage plus dur, des traits plus âgés. C'est ce que m'a dit John, en tout cas, au moment de me servir le troisième verre. Il arrivait toujours à point nommé, ce pingouin dévoué. Juste pour m'asséner les derniers centilitres, ceux qui seraient devenus une bouteille entière si j'étais resté seul. Du bruit à l'étage, des pas sur la mezzanine. Je me redresse, tous les sens en alerte, la douleur mise de côté rien que quelques instants. La lourde symphonie se tait. Richard a dû rejoindre les toilettes. Faux rictus sur mes lèvres. Evidemment que c'est ça. Il ne se serait jamais levé pour deviner l'origine d'un couinement, pas plus que la provenance d'un cri d'agonie. Tout ce qui comptait pour lui, c'était... Lui. Son sommeil, avec son petit masque bourgeois noir, belles insignes Calvin Klein sur le côté, comme si on risquait de le surprendre à dormir et qu'il ne voulait pas se montrer sans être greffé d'une marque de haute couture. Son visage danse devant mes yeux, alors que toi tu t'agites, quittant la pièce quelques secondes, de ta démarche assurée, de tes pas bien trop lourds, trop imposants, qui font à peine claquer les lattes du parquet. Comme si tu étais un valseur, un danseur étoile, maîtrisant parfaitement chaque muscle de ton corps pour ne pas faire de bruit tout en étant cette espèce de montagne humaine.

Deux chaises qui grincent sur le sol, alors que ma bouche se tord. Tu vas laisser des traces sur le bois de bouleau. Pas pire que ma tempête carmin, sorte de crop circles sanguinolents. Ta voix m'ordonne, et j'obtempère. Je n'ai plus tout à fait la tête à la lutte. Je suis exténué. Et pourtant... "Tu as oublié de dire s'il te plaît." C'est presque un murmure, et même si je vois bien dans tes mains les instruments salvateurs, qui vont me permettre de conserver un peu de sang à l'intérieur de moi, je ne peux m'empêcher de jouer les gamins rebelles. C'est cet environnement malsain qui m'a transformé en un espèce de connard. Ou alors c'est peut-être l'excuse idéale. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je me laisse tomber contre le dossier qui ne ploie même pas sous le choc. Foutu mobilier de designer. Je ne te regarde pas dans les yeux, bien trop occupé à démonter ce mot que tu viens de prononcer. Il devrait me filer la chair de poule, me faire trembler, mais tout ce que j'arrive à en faire, c'est le trouver mélodieux. Staphylocoque. Le mot résonne sur mes lèvres, en un soupir. Comme si je cherchais où le placer sur une partition. Tu agrippes ma main, avec toute la douceur du monde que je découvre à chacun de tes gestes, et tu pulvérises le désinfectant. "Aïe, putain !" Je couine, je me mords les lèvres, contient un cri olympien, bien trop drama. Mes sourcils se haussent, un ploie, et mes iris se fixent sur toi. Tu continues ton manège, comme si tu avais fait ça toute ta vie. Tu es un drôle de personnage, Sören. Vraiment très étrange. La compresse appuie sur la plaie en une nouvelle flammèche douloureuse, et je me redresse à peine, inspirant pour me placer en apnée. Curieusement, je me détends, et mon poing se relâche, mes doigts se déplient. Ma tête se balance, à droite, à gauche, derrière, devant, faisant craquer mes cervicales. Je parviens même à laisser un fin sourire s'échapper, alors que tu me dévoiles le requiem aeternam de lutte contre les bourreaux, parchemin sombre, lignes entremêlées qui me feraient ravager toute cette histoire sordide. Pendant quelques secondes je m'abandonne, ferme les yeux, réfléchis. C'est pas une mauvaise idée finalement. Un simple coup de front dans un meuble, comme ce buffet. Juste avant de partir en soirée, pendant que Richard se passe un coup de peigne. Le genre de marque qui apparaît en quelques heures, qui me donnera la couronne bleutée idéale pour leur montrer à tous que cette putain de cage en est une, et que les barreaux sont dorés mais incandescents.

Et puis je m'imagine, me baisser, me cogner volontairement la tête contre un meuble. Me laisser tomber dans les escaliers. Trouver une violence qui ne soit pas aussi secrète que celles qu'il me fait subir. Richard est un chirurgien des coups, bien meilleur chef d'orchestre quand il s'agit de percussions. Il ne prendra jamais le risque d'une gifle qui laisserait des traces, il ne me saisit au bras que par le haut, là où les manches tombent. Là où les marques restent sans que je ne puisse les montrer à qui que ce soit d'autre qu'à sa fine cavalerie de domestiques. Mais c'est un jeu dangereux. Autodestructeur. Si je me fais mal, je peux y prendre goût, recommencer jusqu'à ce que le spectacle prenne fin, que les rideaux se referment, que les murmures de la cour commencent pour faire tomber sa Majesté. Il peut y avoir d'autres séquelles que la tendance à l'autodestruction. La perte de la mémoire, ou d'autres fonctions qui me sont vitales. Et si je perdais l'envie de m'envoler, ou la force de battre des ailes ? Et si je perdais la créativité, les millions de notes qui m'assaillent pour dessiner des concertos endiablés ? Non. C'est pas la bonne solution. Tu me mets de mauvaises idées en tête, Sören, des idées terrifiantes qui pourraient prolonger ce scénario d'horreur. "Tu n'as jamais blessé un client ?" Je ne sais pas quand mes yeux se sont rouverts, fuyant le bandage de secours pour en trouver un autre dans les tiens, concentrés à leur tâche. Je ne sais pas plus pourquoi j'ai ouvert la bouche (de la curiosité malsaine, peut-être, diraient certains, ou alors une façon de meubler le silence), alors que tu risques de m'envoyer bouler à nouveau. Je ne sais plus grand-chose, à vrai dire, depuis pas mal de temps déjà. "Ce n'est pas une proposition, je précise." Ton sens de l'honneur te semble important. Je ne vois pas trop pourquoi tu aurais transporté le conjoint d'un client, aussi riche soit-il, comme un sac de chiffon, si ça n'avait pas été le cas. Un autre que toi aurait pu me laisser me morfondre sous les étoiles. Chanter les ultimes sonates de mon dies irae. Trouver dans le murmure des épicéas une chorale funèbre. Un autre que toi aurait pu me laisser digérer tout cet alcool, voir la lune tourner au rouge, puis le noir dans le ciel. Mais non. Tu m'avais tiré du cri des étoiles, du sulfureux chant des brins d'herbe, juste parce que c'était ta mission. "Comment je peux me faire un oeil au beurre noir ? Je ne suis pas make up artist, je suis musicien." Je me relève sur mes deux pieds, avant de me rasseoir aussitôt. J'ai la tête qui tourne un peu. Quelques notes de piano au fond de ma tête. "Merci Sören." D'un coup de menton je désigne mon bras. "D'avoir sauvé ma main. Je ne ferais pas d'autres bêtises ce soir." J'irais peut-être me taper un verre ou deux. Ou peut-être une bouteille. Quitte à plonger dans le vin, autant que ce soit dans une mare. Une source froide. Revigorante. "Est-ce que tu vas être obligé d'en faire un rapport à... Richard ?" Ma voix tremble à peine. Je danse toujours entre deux instruments ; le son qui se répercute, colère sourde et dévastatrice, que tu parviens apparemment à canaliser ou du moins à encaisser ; et puis ces notes plus douces, plus apeurées, plus muettes. La vérité, c'est qu'il me terrorise. Et que je n'ai personne à qui en parler ; en tout cas, ce ne sont pas les mots qui te feront t'émouvoir. "Je peux te faire un virement, te filer du cash, de la drogue, des clopes, ce que tu veux... Mais s'il te plaît. Ne lui en parle pas, Sören." C'est une supplique un peu désespérée, un appel du naufragé. Au fond de moi, je sais bien que le bateau est déjà en train de couler, mais je ne peux m'empêcher d'essayer.

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#  (SÖREN!) killing me softly with his song EmptyJeu 15 Déc - 15:46
Nous sommes deux adultes, pas si différents l’un de l’autre finalement. Tu tentes de camoufler tes émotions tout comme je cache le fait d’en avoir aucune. On est des menteurs tous les deux, on joue avec les autres avec plus ou moins de succès. Et je pense que c’est pour ça que nos interactions créent des étincelles qui éblouiraient quiconque serait spectateur de nos échanges houleux. Il n’y a pas de faux semblants entre nous, pas de masque de cires pour cacher notre vraie nature. On est juste nous. Seuls dans le silence de la maison. Et je trouve ça terriblement dangereux. J’ai appris depuis le plus jeune âge à me maîtriser, à agir comme un être humain, à feinter des émotions qui me sont étrangères. Avec toi, je n’ai pas besoin de faire semblant et je ne sais absolument pas ce que ça peut donner. Sûrement quelque chose de terrible. Est-ce que notre rencontre fait partie des signes avant coureur de l’apocalypse ? Cette pensée m’amuse alors qu’elle devrait me terrifier.- Je te regarde m'obéir avec ce regard digne d’un enfant qu’on gronde après avoir été pris sur le fait en train de dessiner sur les murs. Tu finis par t’asseoir sur la chaise en face de la mienne mais avec cet air de défi dans le regard qui me donne envie d’attraper ton visage dans ma main pour te soumettre à ma volonté. Tu n’aurais pas l’air sur le point de t’effondrer que je l’aurais fait. La subtilité ce n’est pas ma spécialité, je préfère utiliser la force. C’est plus rapide, plus direct. Mais je sens que ça prendrait des heures de te faire plier et je n’ai pas la patience de me lancer dans cette entreprise ce soir. Nos prochaines rencontres seront peut-être plus propices. Ou peut-être que c’est la raison de l’homme qui dort au-dessus de nos têtes que je serais amené à briser. Je n’arrive pas encore à me situer dans votre chorégraphie. Je ne sais même pas si j’ai envie d’entrer dans la danse. Ma tranquillité contre un peu d’adrénaline.

Un cri franchit tes lèvres et me sort de mes pensées. Je relève le regard vers toi, agacé. Je mords ma lèvre inférieure pour retenir toutes les remarques blessantes qui se bousculent derrière mes dents. Je ne sais même pas pourquoi je prends la peine de t’épargner. Je pourrais te mettre à terre, te laisser tâcher tes draps de rouge carmin ou te prendre une nouvelle salve de reproches de la part de ton cher et tendre. Je pourrais. Et pourtant, je suis là avec toi en train de soigner ta blessure à laquelle j’accorde bien trop d’importance. Un pansement aurait suffit mais je prends le temps de désinfecter et d’en faire trois tonnes pour te rassurer. Tes joues prennent une couleur rose tendre et t'éloignent un peu du bord du précipice sur lequel tu enchaînes les pas chassés. Mes doigts autours de la compresse absorbent les dernières tâches de sang et le regard que tu poses sur moi à ce moment précis éclaire d’un nouveau jour la situation. La violence que tu subis, j’ai vécu la même. Je crois que je me reconnais en toi en quelque sorte. Mon premier sentiment ne vient pas d’éclore subitement dans mon torse, je fais juste une projection de mon état sur le tien. Il faut que je mette fin à cette comédie avant de dépasser les bornes de mon statut. Je suis là pour te maintenir en vie, pas pour te sauver d’un mariage foireux. Tu es bien assez grand pour prendre des décisions et te casser d’ici.

Le nettoyage de la plaie effectué, j’applique une compresse propre ainsi qu’un sparadrap par-dessus ton bobo. Il n’y aura plus de traces de ce rosier vengeur d’ici quelques jours. Par contre, cette scène vivra dans mon crâne un petit peu plus longtemps. Je ne te comprends pas et tous ces sentiments qui gravitent autours de toi comme autours de planètes autours d’un système extraterrestres me dépasse complètement. Je laisse un rire s’échapper de mes lèvres à ta demande. Peut-être que si je mets vraiment en oeuvre ma reconversion en tant que mercenaire, tu sera mon premier client. La mission ne serait pas difficile. La sécurité est quasi inexistante, autant dans cette maison que dans vos vies.

Non.

Je me débarrasse des compresses souillées et des instruments qui trainent autour de nous. Ton silence accueille ma réponse et tes yeux braqués sur mon corps courbé me font comprendre que tu attends autre chose de moi. Je prends le temps de ranger et nettoyer, teasing de pacotilles mais je savoure tes lèvres pendues aux miennes.

Pas volontairement en tout cas.

Je ne développe pas plus, laisse ton imagination faire le boulot. Je sais exactement à quoi tu penses, les images qui ont assailli ton esprit. Mais ce n’est pas à moi de te sortir de ton enfer. Chacun est responsable de sa situation, je l’ai compris il y a bien longtemps. Il n’y a que toi qui pourra t’offrir la vie que tu souhaites. Tu ressembles à un canari dans une cage dorée. Tu voles dans tous les sens, chantent à tue-tête mais tu vas t’épuiser et mourir. Je hausse un sourcil et donne un léger coup de pied dans ta chaise. Mes bras sont venus recouvrir mon ventre comme pour me protéger de cette discussion qui joue avec mon malaise. Les interactions sociales ont toujours été compliquées pour moi.

Tu veux pas arrêter de faire ta drama queen deux minutes ?

Je me lève et pars ranger la trousse de secours dans la cuisine, te laissant quelques instants dans le salon. J’espère que tu auras assez de jugeote pour ne pas faire un truc stupide pendant mon absence. Je reviens avec dans les mains une bouteille en verre à la place de la petite valise blanche. Tu as besoin d’un verre. Enfin pas qu’un mais commençons par le début. Je reprends ma place sur la chaise et verse le liquide ambré dans un verre avant de reposer la bouteille sur le parquet, à mes pieds.

Avale ça et respire un coup.

Je t’observe un instant et je ne suis pas surpris de te trouver en train de faire la même chose. Mes coudes se posent sur mes genoux et je suis vraiment à deux doigts de me griller une clope au milieu de votre palais des glaces. Mais je sais que le poing percutera ton plexus et non le mien alors je m’abstiens gardant cette récompense pour quand je pourrais m’installer à la fenêtre de ma chambre.

Première chose, je suis garde du corps Keith. Je suis pas le putain de toutou de ton mec alors je ne vois pas pourquoi j’irai lui raconter ce qu’il se passe dans ta vie. Garde ton fric et tes clopes. Ce qu’il se passe quand il n’est pas là, ne le regarde pas. C’est la première et la dernière fois que tu m’obliges à te préciser ce genre de chose.

Je récite ma tirade d’une voix ferme qui ne laisse aucune place à des protestations. Autant que les choses soient claires entre nous dès le départ. Je n’aurais pas la patience de gérer tes sous-entendus tous les soirs. Je profite de ton silence pour remplir de nouveau ton verre. Il va falloir dégager cette lueur que je vois dans ton regard et qui ne me plait pas. Tu dois reprendre le contrôle avant de finir comme un vulgaire piaffe dans le salon d’une quinquagénaire aux rêves brisés.

Pour l’oeil au beurre noir, pas besoin de make up. Tu vas porter tes couilles et faire ça comme un grand. N’importe quel meuble ici fera l’affaire si tu n’as pas le courage de te cogner toi-même.

Un sourire en coin vient étirer mes lèvres.

Si tu demandes gentiment, je peux te donner quelques cours d'autodéfense un soir. Et il se pourrait que mon poing arrive malencontreusement en plein de tes jolis yeux bleus.

Ton mec à l’air d’être un couche tôt alors la nuit nous appartient, en quelque sorte. Si je dois te courir après pour te garder dans cette foutue maison de cire, autant qu’on occupe nos nuits en faisant quelque chose d’utile. Moi je m’entraîne et toi, tu apprends à encaisser et à riposter si un jour tu en as le courage.


@Keith Chamberlain
Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) killing me softly with his song EmptyJeu 15 Déc - 16:51
Tu dis non, resserrant un peu la pression de tes phalanges sur mon bras décimé par les rosiers, et je penche la tête. Ma bouche s’articule, prête à laisser jaillir quelques mots, mais les formules m’échappent. Dire dommage, ce serait insinuer que j’aurais bien aimé que tu choisisses de revenir sur ces épopées et que tu veuilles bien te mettre à blesser la main qui signe ton contrat. Pas un très bon plan pour moi, parce que jouer le veuf éploré, ou pire encore, devoir aller amener des roses et du chocolat à Richard tous les jours, c’est une toute autre notion de l’enfer, une comédie musicale risible que je préfère encore m’épargner. Je peux aussi dire que c’est bien. Avec un petit sourire. Mais quelque chose dans l’éclat sournois de tes yeux ou dans le haussement de tes épaules quand tu soupires (plus ou moins à chaque fois que j’ai parlé jusqu’à présent), me laisse croire que un, tu n’attends pas mes remerciements, deux, un merci pour moi se transforme en dague pour toi pour mieux me planter à la prochaine ruelle de mots. Alors je reste juste silencieux, contre mon dossier de chaises, à hocher la tête dans le vide, les lèvres retroussées. Je ne sais pas si c’est ton instant confession, tes conseils maquillages ou bien juste le désinfectant brûlant qui a tout décimé, mais je me sens plus calme. A mille lieues du briseur de vases, du démonteur d’œuvres modernes, du déchireur de toiles. Et puis tu rajoutes le pas volontairement. Toute petite nuance qui change tout. Je suis presque tenté d’en rajouter une couche, de continuer mon interrogatoire, mais ton regard envoie des bombes gelées, et je préfère me taire. Dessiner la cinématographie dans ma tête. Je te vois sortir d’une limousine, la nuit, le soleil déjà tombé, et tirer du siège arrière une pop star en robe rose flashy, bien éteinte malgré la lumière des lampadaires. Lui cogner la tête en sortant son corps ivre de l’habitacle. Je t’imagine un petit rictus, après juste un sursaut de cœur. Ton but, c’est de les protéger des menaces extérieures, toutes ces starlettes. Tu t’en cognes pas mal si tu les abîmes un peu au passage. Surtout qu’elle a bâillé et recommencé à baver sur ton épaule, alors ça doit aller. Puis j’imagine d’autres scènes. Un combat dans la rue, pour protéger un politique désavoué. Tes coups qui partent bien, cette chorégraphie que tu maîtrises pas mal. Poing, poing, pied. Genou. Et puis nouveau poing, mais le coude se perd dans le mouvement, glisse sur le vent, percute le nez de ton protégé. Lui n’a pas dû en rire. Mais vous avez dû vous réconcilier autour d’un whiskey. Les riches adorent boire dans des grands verres des petites doses. Ca résout leur complexe, toutes les opérations esthétiques ne sont pas encore fructueuses. Et puis en même temps, je me dis que tu dois pas mal t’en foutre de trinquer avec ces gens-là. Ce qui compte pour toi, c’est qu’ils restent en vie. Point final. Un peu comme avec mon boulet de cheville qui dort en haut. D’ailleurs, ça me force à me poser une question… Entre deux suppliques, j’ouvre à peine la bouche que tu me coupes. Et nouvelle douche froide. Je me retiens de te tirer la langue. De t’envoyer un coup dans l’épaule. Mais tu disparais avant que j’ai pu choisir ma super parade, alors je me laisse retomber en arrière, et dans un soupir, je murmure. "Drama queen toi-même. Retourne à la gym."

Tu reviens dans le hall sur ma dernière syllabe, les mains chargées comme si tu n’avais rien posé. Bouteille blanche, verre d’or, et tu me le tends. Je n’ai même pas le temps de te répondre, bien trop obnubilé par le soudain duel de regards que tu immisces, que déjà, tu reprends la parole de ta voix forte. Tu déblatères pendant près de deux minutes, devant la danse de mes sourcils, qui se haussent, se plient, témoignant de ma surprise, du ricanement que je réprime, et de toutes ces émotions que je camoufle pour ne pas que tu rallumes un nouveau braséro sur mon cadavre. Et puis, entre deux phrases, je bois. Poker face absolu. Pas de grimace face au cul sec. J’aurais préféré de l’eau, là tout de suite. Mais bon, ça inhibe. Et je m’endormirais plus vite, quand j’irais me coucher. Si ton but est de te débarrasser de moi, tu es très fort, puisque déjà, au milieu de deux injonctions au meurtre –ou peut-être était-ce une invitation à me fracasser le front contre un meuble, j’ai oublié-, tu me ressers un nouveau verre, tes deux yeux froids toujours bien plantés dans les miens, qui ont du mal à soutenir à la fois la douleur qui irradie de mon bras, le poids de tes mots et les nouvelles petites brûlures qui viennent parsemer ma gorge à chaque gorgée. Et puis il se passe quelque chose d’inouï : tu souris. Tu laisses entrevoir tes dents, sans aucune ironie. Et je relève vite le regard, ne voulant pas trop m’attarder sur ta bouche. Une blessure à la fois, Kiss. Rapide raclement de gorge, je te tends mon verre de la main droite, en un rapide clin d’œil. Chacun sa tirade, Sören. "Okay, j'arrête de penser que tu es à la solde de celui qui te paie même si... oh wait... C'est le principe d'un contrat." Fin sourire. Il faut que j’arrête de te chercher puisque tout laisse à croire que tu n’aimes pas trop être taquiné. Mais en même temps… Tu es le seul être humain de toute cette planète désabusée avec lequel j’ai échangé plus de cinquante mots, ces dernières années. Et surtout des gros mots. Ceux-là m’avaient le plus manqué.

"Par contre, tu t'y feras vite, mais il y a ici une pièce qu'on appelle le salon, avec des fauteuils drôlement plus confortables, comme s'ils étaient faits pour qu'on s'y asseoit. Et de l'alcool dans les petits bars aussi. Je suis sûr que tu vas aimer, c'est un concept franchement altermondialiste, perso ça a tout changé dans ma vie." En une fois je vide le troisième verre. Quitte à faire pâle figure, autant que la bouteille me suive. "Et je déteste boire seul. Tu devrais prendre un verre. On n'a jamais été en danger ici, d'où le système un peu trivial." La bouteille d’ambre est quasiment vide, tu pourrais la finir en deux gorgées. Je te teste des yeux, quelques secondes, attendant que tu te décides derrière ce mur froid. Mon regard te quitte, perd sa moue moqueuse, se concentre sur les angles, sur les caméras éteintes -mais le sont-elles vraiment ? "Je serais bien plus à l'aise pour parler auto-défense dans le salon. Là, si Richard nous écoute, il a toutes les cartes en main pour contre-carrer mon contre-coup. C'est pas très productif."

Je me relève, mon épaule laisse tomber la chaise par terre, ou peut-être lui met-elle un coup ? Tout ce qui compte, c’est que la chaise s’écrase au sol, alors que ma main se pose sur ton épaule. "Viens, le salon est à côté. En plus j'ai deux trois questions d'ordre professionnel, ça devrait te plaire." Rapide clin d'oeil, je frotte à nouveau mes joues, puis sans voir si tu me suis, j'avance, joue sur les lattes du plancher comme s'il s'agissait d'un puzzle. Ne pas marcher sur les lattes abîmées. Ne pas tomber d'une latte, funambule suspendu. La foule est en délire. La chance. Je me laisse tomber sur l'accoudoir d'un des fauteuils vintage bleu canard. Ça fait trois plombes que je demande à John d'acheter des draps pour les recouvrir en noir. Que la maison entière soit une veillée funèbre. Il ne doit pas être fan du concept, puisqu'il ramène les asperges et le vin mais jamais les couvertures. Je tombe de l'accoudoir pour rejoindre l'assise, avachi, sans aucune réserve. Je ne suis pas une marionnette, la nuit, puisque mes fils sont relâchés. Alors j'ai tendance à m'affaler. "Il se passe quoi si tu tues ton boss ? Admettons que tu ne sois jamais désigné coupable. Tu perds ta réputation, et tes futurs contrats, c'est ça ?" Je me penche, les pieds du fauteuil me suivent, en lévitation. Ma main tendue fait tourner la clef de la petite commode, mes doigts attrapent une nouvelle bouteille. Liquide rouge sombre. Liqueur de cerise ? De mûre ? Aucune idée. Mon verre se remplit, et j'en tire un second, qui vient rouler sur le carrelage jusqu'à tes pieds. "On va faire un marché équitable. J'ai trois verres d'avance, t'es de garde, je t'en enlève un. T'en as deux de retard." La bouteille suit la même glissière. Se retrouve aussi entre tes chaussures. "Et enlève tes pompes dans le salon, Sören." Je hausse les épaules, les mains tendues. "C'est pas moi qui fait le ménage, j’obéis juste au code de la maison. Ca fait bien longtemps que je n'assume plus les tâches conjugales. Bois." J'essaie de me calquer sur ton ton impérieux, de prendre une voix plus grave, des intonations plus fortes, alors que mes chaussures se dégagent, viennent se jeter sur le sol en un bruit sourd, comme des percussions supplémentaires au dies irae qui s’apaise. Comme si je pouvais me dégager de ce rôle de victime tremblotante au bras douloureux. C'est vrai qu'il me fait mal, ce fichu bras. Le jardinier viendra couper les rosiers demain, tant pis pour eux. Pas les premières victimes collatérales de cette maison, et pas les dernières.

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#  (SÖREN!) killing me softly with his song EmptyVen 16 Déc - 16:15
Je lève les yeux au ciel face à cette conversation lunaire. Je ne suis pas un grand communiquant, encore moins avec mes clients. Comment je me suis retrouvé sur cette chaise à t’expliquer comment ajouter une touche de violet sur ton visage angélique ? Aucune foutue idée. Quand je t’ai balancé sur mon épaule pour te ramener à l'intérieur, j’aurais dû te jeter dans ton lit, ou dans un lit peu importe lequel. Si j’y avais mis assez de force, tu aurais perdu connaissance et j’aurais été tranquille jusqu’à demain matin. Pourtant, tu taquines une petite partie de mon cerveau qui aime ta répartie et tes réflexions.Cette même partie qui me pousse à me lever de ma chaise pour te suivre dans le salon.

T’es une princesse en plus d’être une drama queen ? Ton cul ne supporte pas de rester sur une chaise ?

Je hausse un sourcil en abandonnant notre scène. Les lumières s’éteignent, le noir se fait progressivement et la pièce se poursuit dans le salon. La bouteille de whisky en main, je lui jette un regard. C’est tentant de boire quelques gorgées d’alcool, pas de quoi finir couché sur le tapis qui a l’air plus moelleux que la plupart de mes couches jusque là mais juste assez pour me relaxer. Les missions rapprochées sont toujours épuisantes car elles nécessitent une attention constante. Je dois rester concentré pour ne rien louper, être à l'affût du moindre danger, même la nuit. Impossible de me reposer vraiment pendant toute la durée de la mission, je m’apprête à ne dormir que d’un œil pour les quelques semaines à venir. Je ne suis pas un gros dormeur de toute façon mais la fatigue a tendance à me mettre sur les nerfs. Encore plus qu’en temps normal. Tu vas adorer le Sören crevé, aucun doute la-dessus.

Encore une fois, tu vise juste avec tes sous-entendus. Je ne résiste pas à l’envie de savoir ce qui se cache derrière tes questions d’ordre professionnel. J’ai déjà compris que l’objectif final était de te débarrasser de Richard et j’ai hâte de savoir comment tu comptes t’y prendre. Il me manque tellement de pièces que le puzzle de ta situation ressemble à un immense gruyère pour le moment. Je contourne les trous de ta vie, saute par dessus les abymes que tu sèmes autour de toi et pénètre dans le salon où j’abandonne la bouteille de whisky sur le premier guéridon qui passe à ma portée. Tel un félin j’arpente la pièce en longeant les murs. J’ai étudié les plans de la maison avec de venir et j’ai fait mes repérages, je connais parfaitement chaque pièce ainsi que ses ouvertures. Mais déformation professionnelle oblige, je fais les checks d’usage, tout en te gardant en visuel du coin de l'œil. Les fenêtres, les portes, les éventuelles sorties de secours. Je sais d’où peut venir le danger ou une potentielle intrusion. Ma main se repose sur le dossier d’un immense fauteuil bleu roi à oreilles. Le velour caresse ma peau quand je le tire contre la bibliothèque. J’ai ainsi une vision d’ensemble sur la pièce sans qu’on puisse arriver dans mon dos.

Tu te laisses tomber sur la première assise qui se présente à toi en plein milieu de mon champ de vision et je me laisse tomber dans le fauteuil que j’ai sélectionné. Je me suis toujours imaginée dans ce genre de fauteuil quand j’étais petit. Ils font terriblement adulte et sérieux. Un jour, j’en ai trouvé un chez une des voisines qui, prise de pitié, m’avait récupéré devant l'école alors que ma mère m’avait encore une fois oublié. Elle m’a laissé m’y installer avec un verre de lait et des biscuits à la cannelle. Je faisais tâche avec mes habits sales et mes genoux écorchés mais elle n’a rien dit. Je chasse ce souvenir d’un mouvement de tête et me reconcentre sur toi. Mon regard n’est plus voilà par le passé et je retiens un sourire face à ta position. Tu es vraiment un drôle de personnage Keith.
Bien que ma position puisse paraître décontractée, je suis toujours en alerte. Les jambes écartées, je suis prêt à bondir en cas de besoin. L’arme dans mon holster me rentre dans les côtes mais je décide de la laisser en place. Vu tes penchants pour le drama, tu pourrais te remettre à hurler si je venais à sortir une arme en face de toi. Peut-être qu’un jour tu seras reconnaissant de me savoir armé mais pour le moment, mieux vaut éviter. Ta question ne me surprend pas et je m’autorise un nouveau sourire. Mes doigts entament une valse sur l'accoudoir mais mon regard ne dévie jamais du tien.

On va dire que ça dépend de pourquoi je le tue. Si je choisis de le faire, c’est que j’ai une bonne raison. Je me fous de ma réputation et de mes contrats, la seule conséquence sera la logistique à organiser derrière. Changer de pays, peut-être d’identité…

Oui, j’ai déjà réfléchi à tout ça. Je ne suis jamais passé à l’acte mais si un jour ça devait arriver, il vaut mieux que je sois prêt. Je sais que des émotions devraient accompagner mes mots, je devrais me sentir coupable de penser à tout ça ou au moins mal à l’aise. Mais c’est le calme plat dans ma tête. Je me suis fait à ce silence alors je me contente de hausser les épaules.

Si c’est un accident ou que tu le laisses penser, que je suis désigné non coupable alors il ne se passera rien. C’est les risques du métier. On ne peut pas sauver tout le monde.

Je hausse un sourcil comme une provocation pour savoir ce que tu penses de tout ça. Est-ce que tu vas oser me faire part de ton plan ? Est-ce que je vais passer de spectateur à acteur ? Mais tu prends la fuite en direction d’un petit bar. Tu n’avais pas menti sur cette pièce. Un verre roule jusqu’à mes pieds, très vite rejoint par une bouteille. Mon regard se pose quelques secondes sur mes baskets avant de revenir sur ton corps qui retrouve le confort du fauteuil.

Tu rêves. J’emmerde le code de la maison et je ne bois pas pendant que je suis en service.

J’attrape le verre et la bouteille que je pose sur la pile de bouquins qui décorent la table haute à ma droite. Je suis presque sûr que tous ces livres sont là uniquement pour la déco et que personne n’a pris la peine de déchiffrer les lignes qui noircissent ces milliers de pages. Mais j’aime plutôt bien le fait que tu t’affirmes plus. Je préfère ça plutôt que de te retrouver en larmes, planqué entre deux buissons dans le jardin. Pas que j’en ai quelque chose à faire mais… Je me lève et ouvre la fenêtre pour poser ma hanche contre la balustrade en bois.

Ouai je sais, j’ai pas le droit de fumer non plus.

Je tire mon paquet de cigarettes de la poche de mon jean et coince un cylindre entre mes lèvres. Mon briquet enflamme le tout, entourant mon visage de volutes blanches. Mon regard explore le jardin plongé dans ma nuit mais mes sens sont concentrés sur toi et ta respiration. Je sais où tu te trouves dans la pièce en suivant tous les indices que ton corps sème derrière toi. Je me retourne finalement dans ta direction en tirant une nouvelle taffe.

Pendant qu’on parle de truc professionnel, il faut que tu choisisses un safeword. Prends ce que tu veux, on l’utilisera en cas d’urgence. Si tu te retrouves en danger et que tu l'utilises, je saurais que tu te trouves dans une situation critique. Tu m’appelles, tu m’envoie un message, tu hurles ce mot et j’arrive.

Je laisse ma phrase en suspens. J’utilise cette méthode avec mes clients pour des situations d’urgence, s’ils viennent à se retrouver menacé physiquement, s’il y a une intrusion pendant mon absence ou ce genre de chose. Je ne te fais pas l’affront de parler de Richard, à toi de décider à partir de quel moment tu te considères en danger.

@Keith Chamberlain
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