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 (SÖREN!) killing me softly with his song

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Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) killing me softly with his song - Page 2 EmptyVen 16 Déc - 17:47
Comme un gros chat qui feule et met des coups de pattes sans jamais sortir les griffes (les rosiers ont été plus dangereux que toi ce soir, c’est dire), tu te plains, rugis, feules dans mon dos alors que je suis déjà parti dans l’autre pièce et que je me préserve en rangeant ma main libre dans ma poche, pour éviter de t’accorder un majeur. Je ne veux pas te mettre en colère, car j’ai beau jouer au caporal-chef et te donner des ordres – auxquels dans tous les cas tu n’obéis pas, insensible au son mélodieux de ma voix -, tu continues d’être bien plus imposant et bien plus sûr de toi. Et surtout, tu as quelque chose que je n’ai pas : un contrat fair play. Isabella m’avait prévenu, lors de la fête de fiançailles. Attention à toi Keith, Richard est du genre à ne pas en laisser une miette à ses adversaires. Tu aurais dû exiger une relecture du contrat de mariage. J’avais rigolé, bien trop happé pour la première fois depuis des années dans ces espèces de joyeuses célébrations, ces élucubrations de pingouins et de dames en robes-pantalons qui gambadaient dans mon jardin comme si on était en plein milieu d’une comédie musicale fantasque et grotesque. Je crois que c’est ce soir-là que j’avais franchi pour la première fois les portes de la cave. Que j’avais, une fois l’euphorie descendue, une fois les premières injures, les premières vociférations, dégoupillé deux trois bouteilles pour mieux faire passer la nuit. Et pourtant, le scénario n’était pas nouveau. Richard était parfait en public, distingué, élégant, plutôt bel homme, cultivé. Il avait alimenté pendant des années les rumeurs, quand on lui prêtait des liaisons ici et là, sans que jamais il ne se charge d’officialiser que l’autre moitié de l’édredon, celui qui écrivait ses compositions, c’était moi. Keith le petit étudiant débauché, le futur musicien à qui on avait coupé les ailes, bla, bla, bla. Eternelle litanie qui me lassait. Je n’en étais même plus à la déception, elle sonnait sur les coups de vingt-heures, dans un gling qui rappelait le deuxième verre de vin. Non, là il était tard, c’était l’heure de la colère, ou l’heure de la liberté, selon la journée et comment elle m’avait disposé. La fureur avait déjà eu lieu, en témoignaient les vestiges antiques qui parsemaient le plancher du hall. La rage aussi, puisqu’elle avait dessiné grâce aux roses de beaux motifs sur ma peau pâle. Bras aussi ravagé que je l’avais été en début de soirée, à crier grâce à la Lune, avant que tu ne viennes un peu plus m’embêter. Mais au fond, est-ce que tu m’embêtais vraiment ? L’honnêteté me poussait à dire que cette soirée, en dehors des tâches de sang sur le bois hâlé, avait quelque chose de rafraîchissant. Un petit air de renouveau, après tous ces soirs passés à cuver pour mieux oublier mon chagrin ; là aussi, je buvais, mais sans être seul. J’avais essayé de soudoyer John, ou même les femmes de ménage. Mais ils étaient tous tenaces, féroces, et n’en démordaient pas. Ils avaient juré allégeance à leur roi, pas à un fou. Je pouvais finir la nuit à marcher en diagonale qu’ils n’y prêteraient pas plus attention. Avec toi, c’était différent. Déjà, tu avais accepté sans te plaindre de finir la bouteille de whiskey – tant mieux, ça éloignerait John de la maison le temps qu’il aille en racheter. Mais en plus, tu ne t’étais pas contenté de me transformer en sac à pommes de terre sur tes épaules, tu avais pris le temps de désinfecter le fruit des ronces, et de me donner quelques conseils cachés pour que ses vices à lui ne le soient plus. Tu n’es pas un allié, mais pas un ennemi. Première pièce indépendante de cet échiquier. Et pas des moindres, puisque tu semblais férocement consacré à remporter la victoire, cette réussite de ton contrat. Bon, en même temps, du fond de mon cœur, Sören, ça ne sera pas compliqué. Il est détestable quand il le veut, mais Richard montre bonne figure aux autres. Je suis le punching-ball qui lui permet d’être souriant le reste du temps. Il a peu d’ennemis, et n’a reçu que quelques menaces de mort (ou quelques promesses de vie pour moi, ça dépend de quel côté tu te places) en plus de douze ans de carrière. Tu devrais réussir à le faire rester en vie. Je pense même qu’il me survivra. Désolé, le monde.

Tes réponses sont froides, bien plus froides que l’alcool qui vient me brûler de nouveau papilles et gorge. C’est de la myrtille. De la liqueur de myrtille. Quelle idée bizarre. Mais ça va, c’est bon, c’est fruité, c’est sucré. Je m’amuse à te regarder, à imaginer tes traits se tordre sous les impulsions d’une boisson un peu trop gentille pour les colosses dans ton genre. Il ne manque qu’un pétale de rose qui flotte dans le verre et je te perdrais. "C'est intéressant à savoir. On ne peut pas sauver tout le monde, je trouve que c'est un peu une excuse de lâche. Mais bon, si ça t'aide à dormir la nuit..." Léger rictus, nouvelle gorgée, mes yeux en forme de poignards bien plantés dans les tiens. Je sens que tu commences à t'amuser et à te lâcher un peu, puisque ta voix joue un peu moins les ours des cavernes. Pourtant, tu poses ton verre, tu te lèves, et tu ouvres la fenêtre : pendant deux secondes, j'ai une image de toi en train de courir après un potentiel assassin parmi les allées du jardin, et je me dis que ce serait bête que tu te déchires la peau dans les rosiers en sautant par la fenêtre. Heureusement -ou pas-, c'est juste pour allumer une cigarette. L'odeur du tabac remplit les poumons de la maison et je fais semblant de tousser pour te provoquer un peu plus. Tu tournes le dos, pour la première fois de la soirée, et je remarque les épaules noueuses, lourdes. Logique que tu aies pu me transporter pendant vingt mètres avec ce corps-là. C'est presque de la triche même. Par contre… "Sören, c'est les baskets ou la clope. Tu ne peux pas complètement casser le code de la maison non plus. Me force pas à t'arracher la cigarette pour mettre le feu à tes lacets. C'est de belles pompes, ce serait dommage." Je me laisse basculer en arrière dans le vide, patineur artistique à la renverse, la colonne vertébrale qui dresse une montagne contre l’accoudoir duveteux, alors que les dernières gouttes de cet énième verre me tombent dans la gorge. Oh et puis… "Tu sais quoi, passes m'en une !" Pas une question puisque je te tends la main, le regard vif après le bond que j'ai fait pour rejoindre la fenêtre voisine -pas trop proche de toi non plus. "Dans tous les cas, avec l'odeur du tabac qui reste, c'est moi qui vais prendre demain. Autant que j'en profite." Fin sourire. L'alcool fait disparaître les démons, il désintègre la peur de Richard, le place dans son lit, bien plus loin, là où il ne peut pas me toucher. Un semblant de liberté, finalement. Quelque chose de rare, entre ces deux mille murs. Le bout de la cigarette s'embrase et je tousse légèrement, avant d'en rire et d'aspirer à nouveau. "Je m'attendais à ce que tu fumes des cigarettes plus fortes. T'es pas un vrai cow-boy." Je souffle, un peu de fumée qui se heurte à la fenêtre du milieu, entre nous deux, celle qui est fermée, le regard triste, coincée entre ses deux voisines grandes ouvertes qui font rentrer la brise.

Puis tu me regardes à nouveau, ça dure une seconde mais je hausse un sourcil. La majorité des gens regardent un oeil ou l'autre, et c'est dérangeant car ça donne l'impression de loucher, ça sonne faux dans la partition. Toi non, tu regardes entre les deux yeux, le fameux triangle de la tristesse, et j'ai l'impression d'être happé par le givre qui fait glacer tes cils. Rien qu'une seconde, puisque je me détache de tes pupilles rapidement. L'alcool me joue déjà des tours. "Okay. Je crie un mot, tu cours. Les règles sont simples, en plus. C'est un jeu marrant. J'y avais jamais pensé, mais ça peut être sympa en soirée. Et puis ça change, les autres font des murder parties, des bals masqués, des Monopoly…" Nouvelle dose de fumée dans mes poumons, je m'amuse à faire sortir la fumée par mon nez, comme les adolescents qui font semblant d'être rodés à la nicotine. Comme les premières clopes, sur les marches de la Juilliard, les yeux plein de New York, et les oreilles bouchées par un quintal de symphonies inoubliables. Je me mords la lèvre, réprime un rire. Je l'ai, mon safeword. Je me racle la gorge, jette ma cigarette d'une pichenette dans les rosiers - karma -, et je te regarde, planté devant toi. "Je t'aime." Pas un frisson de rire, pas une lueur malicieuse dans le regard, je reste sérieux, et je te dévisage en silence, laissant couler l’instant, profitant. Dix secondes, vingt secondes. Puis je souris, penche la tête. "Je le dis jamais à personne, c'est le safeword parfait, tu pourras pas l'entendre dans ma bouche pour autre chose qu'un appel à l'aide."

Je réprime un éclat de rire face à ton visage, puis je retourne à mon fauteuil, reprenant au passage sur la pile de livres - sympa d'avoir niqué mon édition de Baudelaire - la bouteille isolée. "Ça vient d'où, Sören ? Tu es le premier que je rencontre, pourtant je lis beaucoup." Vraie curiosité à nouveau. Et cette fois-ci, pas pour une des cases de mon Rubik's Cube machiavélique - ou plan anti-Richard, le nom dépend de mon humeur. Keith, Kiss, mon prénom roule sur mes lèvres, passe d’une commissure brisée par le froid à une autre, joue sur mes lippes gercées, Keith. Et Chamberlain. Ca trahit que je ne suis pas de ce pays, normalement. Que je suis arrivé seul, et que j’ai fini seul aussi, ça tu le sais déjà. Pourtant, ce soir, la solitude est moins douloureuse.

@Sören Lindberg
Sören Lindberg
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#  (SÖREN!) killing me softly with his song - Page 2 EmptySam 17 Déc - 10:01
Affrontement avec des épées en mousse, on charge mais sans vraiment blesser l'autre. Notre duel ressemble plus à une danse chorégraphiée avec soin mais c'est plus divertissant que d'arpenter les couloirs silencieux de cette demeure qui ressemble à une maison témoin. Tout est agencé avec goût, chaque chose est à sa place, même toi en quelque sorte. Statue grecque au regard taquin, peinture de maître où une lueur dorée éclaire les traits du visage dans une douceur dissimulée. Je remarque ton sourire timide chaque fois que tu t'autorises une attaque et je me demande depuis combien de temps tu retiens cette fougue ? Richard ne doit pas aimer ton côté piquant, préférant le satin et le velouté des bons mots. Je déteste ce genre de personne, même quand un contrat m'oblige à ne pas lui foutre mon poing en pleine gueule pour lui remettre les idées en place. Pourtant, il mériterait que quelqu'un le descende de son piédestal, lui montre la dure réalité de la vie. Mais ce n'est pas ma place. J'ai beau jouer les dures moi aussi j'ai un rôle à tenir, plante verte qu'on place dans un coin de la pièce et dont on oublie presque instantanément l'existence.

Je te regarde approcher de plus en plus de ma zone de sécurité, celle dont il ne faut pas franchir la ligne sous peine de représailles. Tu as beau être une compagnie relativement agréable ce soir, tu n'as pas de passe droit pour t'approcher trop prêt. Derrière ta voix séductrice, tu pourrais cacher un canif, une arme ou un foutue chandelier puisque tu sembles avoir des prédispositions pour le drame vintage. Grande répétition pour le grand jour, ton grand jour. Alors je t'arrête d'un simple haussement de sourcils avant d'afficher le même sourire provocateur que toi.

J'aimerai bien te voir essayer.

En fait, je donnerai cher pour te voir bondir comme un chaton sur moi pour m'arracher ma cigarette ou mettre le feu à mes lacets, un jour nous parlerons de tes étranges obsessions. Avec ta carrure et ton absence de connaissance en termes d'art martial, je pourrais te maîtriser d'une main. Je ne te donne pas plus de cinq secondes avant de te retrouver immobilisé sur le sol, le nez collé au tapis hors de prix sur lequel je prends grand soin d'ancrer mes baskets. Nos sourires se répondent comme si nous étions en train de penser à la même chose. Est-ce que tu te vois victorieux dans tes songes ? Non, tu es intelligent et conscient qu'en cas d'affrontements physiques tu ne ferais pas le poids. J'ai été entraîné pour faire de mon corps une arme depuis mon plus jeune âge. Je n'ai pas ton talent, ton intelligence, ton charisme alors je me contente d'utiliser ce que j'ai à ma portée.

Pour te garder à bonne distance de ma fenêtre, je te lance mon paquet de cigarettes puis mon briquet. Mon sourire s'envole avec ta répartie doux-amer. Je ne te comprends, tu es une énigme pour moi, un puzzle où il manque la pièce centrale. Mais le mystère ne sera pas résolu ce soir, pas sûr que tu me laisses assez approcher pour comprendre pourquoi tu es coincé dans ton palais. Quoique vu ta descentes, il est possible que des bribes de vérités s'échappent de tes lèvres avant que Morphée te prenne dans ses bras.

Je comptais dire à Richard que l'odeur de cigarettes est de mon fait. S'il a envie de se servir de quelqu'un comme punching-ball, il peut venir me trouver.

Je sais qu'il trouvera n'importe quelle autre bonne raison pour s'en prendre à toi. J'ai déjà été témoin de violences conjugales et du cercle vicieux qui les entoure. Je ne vais pas entrer dans une danse qui n'est pas la mienne mais tu ne mérites pas des coups qui me sont destinés. Contrairement à toi, j'adore me battre alors si Richard le souhaite, il a un adversaire à sa taille à sa disposition. J'ai remarqué son regard sur mes bras tout à l'heure et l'éclat lubrique qui l'a accompagné, il n'esquissera aucune menace contre moi. Ce genre de mec préfère s'en prendre à plus faible, s'assurer d'avoir le dessus avant que sonne la cloche. Mauvaise pioche avec moi, mec. Je me contente de hausser les épaules et de reprendre mon observation des jardins.

Désolé de foutre en l'air l'image virile que tu avais de moi.

Je te jette un coup d'œil et secoue la tête de droite à gauche. C'est bien la première fois qu'on juge mes clopes ou ma virilité d'ailleurs. Nos regards se percutent une seconde et je me sens obligé de ramener la conversation sur un sujet professionnel. Surtout qu'il y en a un, important que nous n'avons pas abordé. Je t'explique mon fonctionnement même si techniquement je ne devrais pas appliquer cette stratégie avec toi. Seul Richard bénéficie d'une protection rapprochée mais puisque ta survie compte bien plus que prévue dans cette maison, autant qu'on se mette d'accord sur notre fonctionnement. Comme prévu, je me retrouve à grogner face à tes remarques. Tu es exaspérant.

C'est pas un jeu, Keith. Ne t'avise pas de me faire accourir juste pour ton plaisir parce que le jour où tu auras vraiment besoin de moi, je te laisserai te démerder sans hausser un sourcil. C'est clair ?

Je voulais te dire que je te laisserai te démerder sans la moindre culpabilité mais je ne connais pas ce sentiment alors autant ne pas te mentir. Je sais que c'est risqué de te donner ce pouvoir mais c'est mon instinct qui me guide depuis que tu as déposé des gouttes de sang dans le hall. Ça n'est jamais arrivé avec un client et dès demain, j'aurai remis une muraille entre nous. Cette nuit est une exception qui ne se reproduira plus. La fumée de ta cigarette passe à travers la fenêtre pour rejoindre les rosiers. Tu oses quelques pas supplémentaires dans ma direction et quelque chose de très étrange se produit. Le temps s'arrête. Littéralement. Mon cœur cesse de battre, mon corps de fonctionner, mes paupières de cligner pendant dix secondes. Trois mots et je suis mis à terre. Personne n'a jamais eu ses mots pour moi, je ne les ai jamais eu pour personne et de les entendre à voix haute, me stupéfie. J'avale difficile ma salive, fronce les sourcils comme si tu t'étais mis à parler polonais subitement. Je réprime un frisson en reprenant mes esprits. Je dois avoir l'air d'un idiot, la bouche entrouverte, le regard perdu. Ton éclat de rire me le confirme. Merde.

Skitstöve

L'insulte fuse entre mes dents. Tu retournes sur ton perchoir et j'écrase ma clope sur le bord de la fenêtre, laissant une trace noire sur le bois blanc. Une autre bonne raison de se battre aux premières lueurs matinales. Sans t'adresser de regard supplémentaire, je regagne moi aussi mon fauteuil, vexé comme un pour de m'être fait avoir par une tirade aussi basique. Quand je me relève, c'est uniquement pour aller dégoter une bouteille d' alcool plus fort que la liqueur carmin que tu t'enfiles. Foutue pour foutue, autant faire descendre la rancœur avec un bon bourbon. Mon trésor dans une main, un verre dans l'autre, je retourne à ma place pour me servir un verre. Tout mon professionnalisme vole en éclats dès le premier soir, bien joué Sören. Vraiment, bien joué. Mais tu as raison sur un point, la nuit est calme alors un verre ne changera pas grand chose.

C'est suédois. La littérature scandinave ne doit pas être ton fort.

Je te lâche une information personnelle, encore une règle qui saute. Cette mission s'annonce vraiment particulière, je l'ai su dès que je t'ai retrouvé allongé dans le jardin avec l'air le plus triste que j'ai jamais vu sur un visage. Heureusement que je suis incapable de ressentir des sentiments parceque sinon tu auras pu te révéler bien plus dangereux que ne le laisse supposer tes trais angéliques. Mille questions se bousculent derrière mes lèvres mais je me force à les taire pour retrouver ma position de garde du corps. Je ne suis pas ton ami, ton confident où je ne sais quelle connerie. Le brûlure du whisky anesthésie ma bouche puis ma gorge.

Alors princesse, c'est quoi ta spécialité ?

Oups, loupé pour ma position professionnelle. Mon regard court sur les partitions qui ornent les murs derrière des cadres en verre et les dorures des cadres. J'ai fais mes recherches avant de venir mais je veux que tu m'expliques, que tu commences à compléter ce puzzle a trou que tu me sers depuis mon arrivée.


@Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) killing me softly with his song - Page 2 EmptySam 17 Déc - 13:26
Toile parfaite, chef-d'oeuvre désavoué, ma silhouette et la tienne devant la Lune, partagées entre trois fenêtres. La symétrie est parfaite, même si je suis appuyé sur le cadran de bois et que je crache plus de fumée que toi. Tu es un étrange type, Sören. En moins de vingt minutes, tu es passé de celui qui rentre le sac de farine, le projette presque par terre, l'écharpe d'une couronne d'épines de rosiers - puisque oui, je t'en tiens pour responsable -, à celui qui ricane doucement à chaque fois que je tends ma lance pour laisser une petite cicatrice à mon tour.

Tu grognes, et tu grognes, et tu grognes encore, et plus tu le fais, plus je m'amuse. Je te regarde fumer ta cigarette en silence, pendant que tu me réprimandes une nouvelle fois, avant que mes yeux ne viennent rejoindre le plafond et ses moulures de marbre. "Oui, c'est clair, pardon Papa." D'un seul geste de doigts, je balaie cendre et son corps de papier, la cigarette éteinte par la brume nocturne vient s'écraser au milieu de quelques brins d'herbe balayés par tes lourdes semelles il y a quelques minutes.

Tu m'as dit que ce n'était pas un jeu, mais c'est ma maison, mes règles. Si je décide de noyer toutes ces souffrances, toutes ces idées noires, d'en faire des cases innombrables sur un plateau imaginaire, c'est mon choix. Tu n'as pas ton mot à dire, et tu finiras par danser comme les autres, pas à mon rythme à moi, mais à celui du vrai maître de maison, qui doit être en train de ronfler et de baver un étage au-dessus de nos passes d'armes. Je penche la tête à la fin de ma fausse confession, ouvre un peu plus grand les pupilles pour complètement y absorber les tiennes. Puis, c'est ma bouche qui me trahit, en une moue, un éclat de rire. Tes yeux t'ont trahi, j'ai failli te provoquer un infarctus. Mais qui aurait bien pu sauver mon tendre et cher des assauts répétés de ses ennemis invisibles, si tu étais parti ? Cette pensée est injuste, cruelle, un peu sévère. Pour l'instant, à part les quelques seaux d'eau gelée que tu m'as jeté en plein visage et le joli bracelet de bandage que tu m'as offert, il n'y a pas grand-chose que je puisse te reprocher. Au contraire, même. Tu rends la nuit un peu plus intéressante, à la fois - contre ton gré, bien évidemment - compagnon de beuverie et de discussions. Les autres statues de Richard étaient moins bavardes. Ils faisaient leurs tâches, puis fuyaient cet immense orage qui planait en permanence sur le plafond, et menaçait d'électrocuter de nouveaux visages, de faire flamber de nouveaux corps.

Quand tu quittes ton panorama sur le jardin et tous ses potentiels agresseurs dissimulés derrière les buissons finement taillés, je remarque sur ton visage que tu as l'air vexé. Non pas que ton sourire énorme ait fondu, mais c'est une lueur mauvaise dans tes yeux, un pli supplémentaire sur tes joues, qui dessine une fossette maligne. Je ne pensais pas que ma blague allait autant t'atteindre ; et dans le fond, je savais que je jouais sur une corde sensible. Je ne te connais pas assez, je ne sais pas ce qui peut te blesser, ce qui peut te renfrogner un peu plus. C'est un jeu dangereux. Tu avais peut-être raison, je ne veux pas casser ce seul microcosme. Je devrais arrêter les jeux, surtout si c'est pour me faire insulter sans comprendre les insultes. Mais à peine ma promesse faite, je ne peux m'empêcher de te remettre un coup de sabre, juste pour m'amuser un peu plus. "Edvard Storm, Peter Andreas Munch, Gunnar Heiberg... N'hésite pas à corriger mon accent, il est bien moins sexy que le tien." Un clin d'oeil et le verre qui se remplit pour mieux se déverser à nouveau. L'alcool m'aide à déplier mes plumes, à ne pas rester ce petit colibri affable, blessé, sous le choc d'une vie trop raide, trop intense. Les émotions restent décuplées, notes flamboyantes de do et de ré, les rires sont plus forts, les larmes plus rapides, les éclats de colère brûlent un peu plus les peaux alentours. Mais, curieusement, peut-être à force d'exercice, j'arrive à les contrôler, à les ranger en petits troupeaux, quand j'ai bu. Je prends la manette sur les sentiments mais je perds la main sur tous les mots, je parle sans réfléchir, et ta question suivante me fait pencher la tête. Tu essaies de me tirer des informations. Pour quoi faire ? Pour les ajouter à un dossier ? Pour mieux alimenter tes prochaines vannes ? Sourcils froncés, je reste muet quelques instants, incapable seulement d'imaginer que tu demandes ça par curiosité. Tu n'es pas ce genre de personnes, toi, tu arraches les infos qui te sont nécessaires. Attention, Keith.

Si je réponds franchement à ta question, je me mets en danger. Ce serait prendre le risque d'évoquer le plan de sortie, cette porte et son immense néon exit qui brille en rouge au loin et me fait tenir chaque matin. Tu n'es pas mon garde du corps à moi, tu dépends d'un contrat avec celui-là même qui me pousse à envisager toutes les issues. Je dois rester prudent. Alors je déglutis, avale une nouvelle gorgée, me racle la gorge à grands renforts de liqueur fruitée, puis mon regard se détache de toi. Je ne veux pas que tu remarques le changement de ton. Je ne sais même pas si je peux te confier l'étrange marché qui me relie à Richard, cet espèce de fil qui me maintient en vie et qui me donne l'existence dorée que tu dois admirer sans en appréhender le moindre sacrifice. Pourtant, quand j'ouvre la bouche, les vannes éclatent. Un premier secret, un test, pour voir si je peux te faire confiance ou pas. "Je suis compositeur. Mes parents m'ont payé la Juilliard, ils ont taffé comme des malades pour m'offrir ce rêve-là." Au fur et à mesure que les mots se délient, je m'apaise, mes muscles se détendent. Je ne te sauterais pas dessus ce soir, toutes griffes dehors. Il me faudra par contre un peu plus de temps pour établir ton statut : ennemi déguisé ou allié nonchalant, seul le temps m'aidera à trancher. "J'ai commencé avec un piano." Ma main dessine quelques notes, de mémoire, dans le vide, alors que je souris un peu plus. Ces souvenirs là sont joyeux. "Puis le violon, la guitare, et un tas d'autres instruments. Quand tu en maîtrises dix, les autres viennent naturellement. J'avais soif de musique. Ma mère écoutait tout le temps des vinyles, mon père s'était mis au CD et ne vivait que par ça." Dernière gorgée de la nuit pour moi, probablement. Mon verre rejoint le sol, part glisser sur d'autres pistes, le long de la fenêtre brûlée par tes traces de cigarette. "Mon rêve c'était de dessiner des histoires par la musique. J'en ai fait quelques unes, c'était pas un gros succès mais c'était ma fierté. Puis j'ai rencontré Richard..." Ma voix se casse, je plisse un peu les yeux, ces mots-là sont plus tranchants et passent moins facilement. "Et je suis devenu son compositeur. Enfin, non. Plutôt le type derrière ses grandes oeuvres. Tous ses opéras, toutes ses mélodies, chaque instrument, chaque note, c'est moi qui la calibre." Je hausse les épaules. "Mais c'est lui qui a la gloire et moi la jouissance de l'argent. J'ai une belle maison, c'est déjà ça." Je garde bien sous silence la peur affreuse de voir les symphonies m'échapper, cette sensation violente quand lui interprète mes créations, qu'il reçoit les applaudissements. La colère quand les autres murmurent à mon propos des infamies, que je suis là pour son génie, pour son argent. Crétins. S'ils savaient que cet empire, c'est le mien, s'ils savaient seulement la douleur d'offrir une partition entière, de la voir se désagréger entre ses mains... Au début, j'avais de l'affection pour chaque note, les voir m'échapper me crevait le coeur. Avec le temps, j'avais appris à me détacher ; la souffrance s'était amoindrie. "Enfin bref. Je suis sûr que tu dois te dire qu'il y a pire vie que de juste écrire de la musique pour un type riche, en profitant de son argent. Et tu as sans doute raison." Je ne me relève que pour te voler ta bouteille ; un nouvel engagement qui s'effondre quand je porte le goulot à ma bouche, m'intoxique un peu plus aux flammes des Enfers. Je ne contrôle pas tant que ça mes émotions finalement, puisque tu m'as fait basculer par-dessus la falaise, dans ce champ de tristesse infinie. La version sombre de Keith. Je me force un sourire. "T'es pas un artiste, toi. J'ai du mal à t'imaginer aller au cinéma par plaisir, ou même écrire de la poésie, marcher vers le théâtre... Si tu me prouves que je me trompe, je rends les armes et je te laisse tranquille." J'en ai pas tant envie non plus. C'est égoïste, mais discuter, me vider de ces pics acérés, de toutes ces acidités ingurgitées sans jamais broncher... c'est une sorte de thérapie. Et tu es bien meilleure oreille que tu ne voudrais le laisser croire, Sören.

@Sören Lindberg
Sören Lindberg
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#  (SÖREN!) killing me softly with his song - Page 2 EmptySam 17 Déc - 14:30
Les ambiance défilent tellement vite dans ce salon que j’en chope presque le tournis. Nous passons de la légèreté au drame dans des tourbillons multicolores auxquels je ne suis pas habitué. Tu tisses autours de toi une toile argentée dans laquelle je pourrais bien me prendre les pieds si je ne suis pas plus prudent. Je ne peux pas dire que je ressens quelque chose pour toi, de l’amitié ou peu importe comment les autres êtres vivants appellent ça mais tu fais vibrer quelque chose en moi, je ne peux pas le nier. Peut-être dans tes éclats de colère ou tes vibrations de tristesse. Peut-être que je me reconnais d’une certaine façon. Ou peut-être que j’ai juste trop bu pour ce soir et que je devrais aller dormir un peu avant d’attaquer la journée de demain. J’ai jeté un oeil à l’emploi du temps de demain et Richard fait passer un casting dans une salle qui se trouve à une heure d’ici. Le temps d’étudier les plans et le trajet, de faire ma séance de sport et de me préparer, mon réveil sonnera bien avant que les premiers rayons du soleil vienne réveiller le mal de crâne que tu vas te taper en mélangeant autant les alcools. Je me doute que tu te fiches bien de ce détail pour l’instant mais tu risques de vite déchanter quand je vais traîner tes fesses à l’arrière de ma voiture. Hors de question que tu restes seul ici tant que mon système de sécurité ne sera pas en place. C’est mon programme de demain soir pendant que vous dînerez dans un des nombreux salons de la demeure en compagnie d’amis très proches. Je reprends les mots de Richard, je me fous bien de savoir qui sont les personnes qui passent par ici, tant qu’elles se soumettent à une fouille et que leur casier est vierge alors elles peuvent bien assister à un dîner ou une orgie rythmée par Beethoven, ce n’est pas mon problème.

Ton accent est épouvantable, je te confirme.

Pique uniquement lancée pour la forme. Ton accent n’est pas si mauvais mais je ne veux pas me défaire aussi vite de mon statut d’ours mal léché. J’aime que tu répondes à mes ordres en craignant ce qu’une rébellion pourrait impliquer avec moi. Mais je sais pertinemment que ça ne va pas durer. A force de te soumettre au maître des lieux, tu as besoin d’un échappatoire et j’ai endossé ce rôle en répondant à tes provocations. Ça me va, je crois. T’es plutôt amusant dans ton genre et comme je ne risque pas de revoir mes amis de sitôt, autant que je profite égoïstement de la situation. Tu es aussi intriguant, j’ai toujours eu du mal à comprendre les autres car mon cerveau ne fonctionne pas comme le vôtre. Mais les humains ne sont pas difficiles à comprendre, ils sont uniquement attiré par le sexe, l’argent et le pouvoir. Pourtant toi, tu fous en l’air toutes les statistiques, abat à grands coups de pieds toutes les courbes sociologiques. Et j’ai besoin de comprendre. J’ai toujours eu ce besoin, avide d’explications, de connaissances. Peu de personnes étaient là pour répondre à mes pourquois mais les encyclopédies poussiéreuses de ma voisine ont été d’une grande aide. Je tourne les pages de celle qui réside derrière mes cils et cherche à la lettre K mais pour l’instant, la seule définition de Keith que j’y trouve est : sacré emmerdeur qui s'échine à faire le contraire de ce que je lui demande. On verra si cette définition a évolué à la fin de ma mission.

Je fais tourner le liquide ambré dans mon verre quand tu acceptes de répondre à ma question. Je cache mon air surpris derrière les parois transparentes de mon godet et termine la dose d’alcool que je me suis octroyée pour la soirée. Le whisky appelle un autre verre mais je résiste à la tentation. Je me fous peut-être de ma réputation mais quand j’accepte une mission, je vais jusqu’au bout. Même si cette soirée met à mal tous mes plans. Je dépose mon verre sur le sol dans un bruit mat et appuie mes coudes sur mes genoux pour écouter silencieusement tes explications. J’enregistre, mémorise tout ce que tu veux bien me livrer. Je ne sais pas si ça me sera utile dans le cadre de ma mission mais ça peut venir ajouter quelques pièces au puzzle qui forme une photographie figée de ton visage. Je savais déjà que ton truc c’était la musique mais maîtriser autant d'instruments force l’admiration. Tes yeux brillent d’une nouvelle lueur, la commissure de tes lèvres est bloquée dans un sourire que je pense sincère. Tu t'illumines, fait rayonner ta passion dans chaque recoin de la pièce. C’est beau à voir. Mais des nuages noirs viennent gâcher la fête, l’orage s’abat en même temps que le prénom de Richard. Je garde mes réflexions pour moi, j’ai appris que c’était un code à respecter dans une conversation. Les normes sociales ne sont pas innées chez moi alors j’essaye de retenir ce genre de détail pour m’intégrer un minimum. Jusqu’au moment où je ne tiens plus. Je t'observe et hausse les épaules à mon tour.

C’est pas ce que je me dis. En fait, je me demande pourquoi tu t’emmerdes avec un boulot comme Richard ? Il est odieux avec tout le monde, te traite comme de la merde, passe ses nerfs sur toi. Tu as l’air d’être brillant, jeune, beau et talentueux - J’expose juste des faits, te fait pas de films- alors pourquoi tu restes avec lui ?

J’ai lâché la question qui me brûle les lèvres depuis plusieurs heures. Surement la question à un million de dollar vu le regard assassin que tu me sers. Au lieu de sortir les griffes et de m’ouvrir la carotide dans un mouvement désespéré, tu me voles la bouteille de whisky et t’éloigne de moi. Comme si mon aura était empoisonnée, tu me fuis et repars aussi loin de ma carcasse que possible.Je crois que j’ai atteint ta limite comme tu as atteint la mienne tout à l’heure. On se teste constamment pour établir les contours de notre collaboration. Nous allons être colocataire pour quelques semaines et il est important de savoir jusqu’où on peut aller. Ta servitude est clairement la limite, c’est noté Keith. Heureusement que tu as éloigné la bouteille de mes lèvres sinon aucun doute que j’aurais craqué sur une nouvelle lampée pour dissiper le malaise que j’ai moi-même instauré dans la pièce.

Tu as décidé de jouer franc jeu avec moi, de me livrer des bribes de vérité pour compléter le dossier dans ma tête, celui qui porte ton prénom en capitales rouges. C’est donc à mon tour de jouer. J’avance ma pièce sur l'échiquier et accepte de te confier quelques détails de ma vie. Tu fais partie des rares personnes qui posent des questions sur les autres. A force d’observer les autres agir en société, j’ai constaté que tout ce qu’il voulait c’était parler d’eux. Ils lâchent leur logorrhée puis attendent que la personne en face termine la sienne pour recommencer. Ils repartent des soirées sans avoir la moindre idée du prénom de leurs interlocuteurs. Personne ne pose de questions, personne n’écoute les réponses. Je dois bien honorer ta curiosité, même si elle risque de me porter préjudice plus tard. Je sais que tu notes tous les détails pour griffer mon armure quand le bon moment se présentera. C’est de bonne guerre, Keith.

J’aurai bien aimé me débarrasser de toi mais tu as raison, je ne suis pas un artiste. J’ai pas ce qu’il faut pour ça.

A commencer par des sentiments. Comment écrire sur l’amour, l’amitié, la tristesse quand on ne sait pas ce que c’est, qu’on a aucune idée de ce que ça provoque. Et puis ma mère ne m’a jamais emmené au cinéma ou au théâtre alors comment j’aurais pu savoir si j’aimais ça ou pas. J’ai grandi et je me suis intéressé à autre chose, des trucs plus concrets que tout cet imbroglio d’émotions qui me rappellait juste que j’étais différent.

Je suis plutôt un… sportif. J’ai jamais été bon à l’école ou dans la moindre activité. Par contre, j’étais le meilleur pour échapper aux flics et j’ai tout cartonné à l’armée. Je ne suis pas fait pour la contemplation, je préfère l’action. Je sais me battre mais je suis incapable de jouer du moindre instrument. Chacun son truc, je suppose.

Je hausse les épaules et me laisse retomber dans mon fauteuil. Tu brilles par ton intelligence et moi par ma force. On ne peut pas être bon partout et la beauté de mes vers n’est pas ce qu’on attends de moi. On ne m’accoste pas dans un bar pour mon éloquence et ça me va. Je suis une force brute qui pourrait bien te sauver la vie un jour, ainsi qu’à ton mec mais ce n’est pas un argument valable je crois. Mes mains retombent contre les bras de l’accoudoir dans un bruit sourd.

Ok, j’ai ma dose de confession. On change de sujet ou on va se coucher mais je t’en ai assez dit sur moi.

@Keith Chamberlain
Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) killing me softly with his song - Page 2 EmptySam 17 Déc - 15:34
Plus la Lune poursuit sa course, Sélène conduisant son char de destriers brillants, plus tu sembles t'apaiser, plus tu me sembles amical. On est bien loin du colosse qui voulait me terrasser par sa langue serpent ou par ses muscles. Ce qui était une des douze épreuves d'Hercule devient peu à peu un moment agréable, un peu hors de ces temps sombres qui composent d'habitude l'atmosphère de ma biographie. Pourtant, malgré toutes tes blagues, qui se font de moins en moins moqueuses et de plus en plus affûtées, l'ombre de Richard continue de planer. Nous n'avons toi et moi pas le même rapport à notre hôte ; pour toi il est client, relique précieuse à protéger, cible d'un million d'assassins potentiels que tu évalues et désarmera le moment venu ; pour moi il est geôlier, bourreau, maître de toutes les tortures et voleur de l'oeuvre d'une vie ainsi que de mes plus belles années. Là où il te laissera un compte en banque vert, plutôt bien fourni si j'en crois le contrat que tu as signé, il ne m'abandonnera qu'au sol, les bras et les jambes couverts de bleus. Au début, il y avait la terreur, l'horreur, les sursauts à chaque bruit, les frissons à chaque voix que sa voix prenait du volume. Je n'aimais pas ces envolées lyriques là, elles me figeaient, me transperçaient, comme ces foutus rosiers dehors, mais contrairement à eux, la main de Richard frappait aussi mon coeur à chaque fois, percussions destructrices dont l'ondée venait affaiblir corps et volonté de la même façon.

Peu nombreux étaient les badauds de cette histoire, encore moins nombreux étaient ceux qui m'avaient tendu la main, adressé un mot sympathique, tenté le réconfort. Non. Les domestiques étaient bien au courant, avaient déjà assisté à ce spectacle sordide, mais jamais un seul d'entre eux n'avait jugé bon intervenir, hausser le ton, lever la main à son tour. Ils n'étaient pas là pour ça, je ne pouvais pas leur en vouloir. Le seul regret amer à leur égard était leur propension à rester là, spectateurs, sans même fuir les projecteurs qui mettaient en valeur ces éclats de violence, ces éclats de colère qui venaient briser mon âme en un monticule de déceptions éclatées et de futiles espoirs étouffés sous le poids de tout ce qui avait été fait pour me faire prisonnier. Alors, quand tu avais repris la parole, troublant la quiétude du salon de ta grande voix grave, je n'avais pu retenir un ricanement amer. Si seulement je savais, Sören, si seulement je savais comment éviter tous les pièges qu'il me tendra. Tu parlais avec aisance, avec facilité, avec légèreté, comme si je te confiais que ma plus grosse peine c'était de ne pas avoir pu manger un clafoutis ce soir, et que tu me répondais d'aller m'en chercher une part. Ma main qui vient couvrir mon front, alors que je ferme les yeux, brisant le contrat scellé de notre échange de regard. "Si je m'en vais, il va détruire ma réputation. Je ne ferais jamais de musique. Et je préfère largement crever que de perdre ça. Et dans tous les cas, il me retrouvera et me tuera donc..." Bouteille attrapée à ta volée, de larges gorgées pour me faire oublier déjà ton impertinence et cette question sans aucun sens. Même tes compliments se noient dans l'alcool que j'absorbe. Jeune, beau, intelligent, talentueux. Quatre mots qu'on ne m'a pas accordé depuis plus d'une décennie.

Tu ne le sais pas et je ne t'en parlerais sans doute pas tout de suite, mais Richard était un grand romantique, au début. Il m'emmenait voir des comédies musicales, m'offrait de beaux cadeaux, de belles balades, de beaux souvenirs. J'étais vraiment tombé amoureux de ce mec plus vieux, plus riche, plus doué - du moins c'est ce que je m'étais dit à l'époque. On avait ensemble des projets, des pays à visiter, des films à voir, des restaurants à tester. Une vie sociale, aussi, loin des lèvres pincées de Los Angeles, sa nouvelle cour préférée. On recevait du monde, on sortait tous les soirs, on discutait beaucoup, et puis on s'aimait largement. Même notre vie sexuelle était fantastique. On était ce couple modèle, brillant, aimant, soudé. Et puis, ça s'était dilué. Nous étions devenus une simple vitrine. Toujours aussi parfaits en société, mais la flamme avait pris un coup d'extincteur quand j'avais reçu le premier de ma vie. Je l'avais mis sur le compte de l'alcool, de la fatigue, il enchaînait beaucoup de concerts avec toutes ces compositions que je lui avais offert. C'était un peu de ma faute, à trop vouloir lui faire plaisir, j'avais rédigé un disque entier de compositions enchantées. Puis il y avait eu les autres coups. Le chantage financier. La main-mise sur tout, le déménagement à Los Angeles, et la solitude, brusquement, douloureusement. Trop de palettes différentes pour que la peinture soit harmonieuse ; alors j'avais arrêté de vouloir peindre une vie parfaite, et j'avais rejoint les rangs de toutes ces épouses, de tous ces amants, qui avaient décidé de ne plus lutter pour leur couple. Et de parfait petit ami, Richard était devenu le plus gros enfoiré de tous les fiancés.

Mais toi, Sören, tu m'amuses. Tu me piques là où il faut, puis tu enchéris avec d'autres surprises. Comme quand tu décides de te confier. Comme quand tu souris en réponse à une blague. Comme quand tu contractes la mâchoire quand je parle de ma vie, et que tes yeux me laissent croire que tu m'écoutes. Ça doit faire au moins cinq ans qu'on ne m'a pas écouté. Doux paradoxe pour quelqu'un qui rédige les musiques les plus en vogue dans les théâtres angelins. La dernière phrase de ta confession me fait lever un sourcil, m'arrache un grand sourire. Tu as la belle gueule des acteurs de cinéma, avec ce petit côté cassé, et le corps que tu mets en avant pour faire s'écraser les autres à ta surpuissance. Pour peu, j'aurais pu rédiger une sonate qui accompagnerait tes aventures héroïques. Une bande originale éclatante, pulsante, pleine de soleil et d'explosions. Concrètement, exactement les symphonies qui me tentaient ces dernières années, moi qui avais commencé à rêver d'entendre mes mélodies jaillir des hauts-parleurs dernière génération dans les salles de cinéma obscures. Je ne convoitais même pas l'Oscar. Trop tôt. Pas assez connu sous mon propre nom. Je voulais juste faire vibrer les gens. Et tu ne me sors de mes pensées que pour fermer complètement le barrage, faire rentrer ton flot de confessions, avec tous ces petits poissons qui les rendaient étincelantes et précieuses. Je finis la bouteille, la dressant parfaitement à la verticale pour que toute la liqueur vienne s'évaporer dans ma bouche. "T'es vraiment un sale type. Je commençais juste à t'apprécier, j'allais même presque te faire un compliment, mais tu as tout gâché." Je secoue la tête. "Je ne suis même pas fatigué. Et tu peux pas aller te coucher tant que je suis réveillé, sinon je rouvre toutes les portes et toutes les fenêtres en grand." Je hausse les épaules. Depuis quelques mois, même ma chambre vide est trop proche de celle de Richard. Monter les marches devient un supplice, une torture. L'entendre parler dans son sommeil, invectiver Morphée et sa cavalcade de rêves, est devenu un nouveau rappel douloureux qu'il est bien là, dans les mêmes murs que moi. Et que contrairement à ce que toi, tu sembles penser, je ne peux pas tout abandonner et partir du jour au lendemain, sinon je signe mon arrêt de mort, et la fin d'une carrière que je n'ai même pas commencée.

"Je meurs d'envie d'aller marcher un coup dans la rue, mais je suppose que c'est non ?" Tant pis, dans tous les cas j'aurais essayé. J'ai besoin d'un peu plus d'air pur, de me remplir les poumons d'ondes plus positives, de reprendre une nouvelle dose de liberté pour pouvoir repartir sur de meilleures bases demain. Il y avait le dîner avec les grands amis de Richard, demain soir. Autant te dire que depuis des mois, je ne cuisinais même plus. Il se débrouillait avec un chef privé. Moi, je ne pouvais broyer que du noir. Finis les petits plats amoureux, les desserts alléchants, les sauces qui faisaient miroiter le monde entier dans leur éclat. Et puis soudain, je souris. "Tu as faim, Sören ? A défaut de marcher, j'ai envie de cuisiner." Je n'attends même pas ta réponse, passant d'un état à un autre, déjà je suis reparti du salon, te déposant la bouteille vide sur les genoux au passage, t'accordant une rapide tape sur l'épaule, avant de déguerpir vers la cuisine. Là, je sors tout ce que je trouve, tout ce qui me passe sous la main, ne prenant même plus la peine de faire attention au bruit. Que Richard vienne m'emmerder alors que j'ai une casserole d'eau bouillante à portée de main. Et au fur et à mesure que mes mains farfouillent dans les placards, à choper des boîtes inconnues, des ustensiles délaissés, je siffle. Ce n'est pas un son que je connais, juste de l'inspiration qui sort, comme si je griffonnais sur du papier blanc cassé de nouvelles notes, de nouveaux accords. "Tu aimes la tomate ? Ou est-ce que c'est une question trop personnelle ?" Je grimace, petite moue moqueuse puis grand sourire. Simples paroles qui viennent troubler mon instrumentale, puisque déjà mes doigts reviennent taper leur rythme sur le plan de travail, pendant que mon sifflement reprend. Tous les sons forment une musique ; celui du pot de miel qui s'ouvre difficilement, collé par le sucre ; celui de mes doigts qui jouent du tambour sur le marbre ; celui du gaz qui claque et se relance ; mais pour l'instant je n'ai pas de quoi noter ce nouvel air entêtant, mélodieux, mais je sais qu'il reviendra plus tard, et qu'il composera à merveille la suite des quelques notes que j'ai déjà couché sur papier. Pour l'instant, je suis à une toute autre création, et, en témoigne mon visage, je m'éclate sans vraiment savoir ce que je fais, à mélanger toutes ces épices et tous ces ingrédients. Le couteau qui coupe, coupe, coupe. "Tu comptes rester debout sans rien faire ou est-ce que tu vas venir m'aider ?" Yeux au ciel, à nouveau ; mais mes lèvres trahissent que tout ça m'amuse plus que ça ne m'énerve.

@Sören Lindberg
Sören Lindberg
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Sören Lindberg
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#  (SÖREN!) killing me softly with his song - Page 2 EmptySam 17 Déc - 16:43
La discussion se poursuit, tu alignes des mots que je comprends dans des phrases à la tournure parfaite. Et pourtant, je n'arrive pas à en saisir le sens. J'ai l'impression de m'évertuer à comprendre un étrangers dont la langue ne signifie rien pour moi. Tu remues les lèvres, agite les mains mais l'essence de ton discours me glisse entre les doigts. Tu préfères te prendre des coups et te faire voler tes œuvres plutôt que d'abandonner une carrière qui n'existe même pas ? Non vraiment, je ne comprends pas. J'essaye, je suis ton raisonnement mais impossible de saisir pourquoi tu ne balances pas ton genou dans les couilles de Richard avant de te casser en Europe. Tu n'as pas l'air du genre à aimer souffrir ou à manquer d'argent au point de t'imposer cette relation toxique. Mes sourcils se froncent sous la réflexion et j'ai beau te fixer, aucune ampoule lumineuse n'apparaît au-dessus de ma tête. Le mystère brumeux s'intensifie autour de ton être, ne laissant que tes yeux bleus transmis de colère braqués sur moi.

Je pense que la posture à adopter après ta confession est la compassion. Je devrais te mentir en te disant que tout va bien se passer, qu'on va trouver une solution pour te sortir de ta cage. Mais la compassion est une amie qui n'a jamais voulu marcher à mes côtés. Je t'épargne donc la mine concernée, le regard triste et le sourire de circonstances. Je suis un excellent menteur mais tu ne mérites pas mes petits tour de passe passe ce soir.

Si tu décides de te barrer, tu devrais prendre un garde du corps. Je suis plutôt bon dans mon domaine et je te ferais un prix d'ami.

Pas la réponse qu'on attend quand on avoue a un presque inconnu qu'on risque de mourir si on ose briser ses chaînes mais la seule que j'ai en stock. J'ai laissé tomber mon masque de normalité avec toi, tu veux m'épuiser en me tenant éveillé une bonne partie de la nuit alors il va falloir assumer le vrai Sören. Pas d'artifices, pas de mensonges, pas de faux sentiments mimés avec précision grâce à des années d'entraînement. Je ponctue ma remarque d'un clin d'œil et d'un sourire digne d'un commercial qui vend des voitures de luxe à des quarantenaires fauchés. C'est fugace mais je repère le sourire que tu planque derrière ta moue indignée. objectif atteint, les nuages noirs repartent d'où ils viennent et l'air devient de nouveau respirable dans le salon. J'ose même quelques concessions pour te sortir Richard de la tête pendant quelques minutes même si je suis sur que tu n'oublies jamais la menace qui plane au-dessus de ta tête. On ressort nos épées factices et on reprend le combat. Je préfère ce Keith combattant plutôt que la version résignée. Plus amusant, plus divertissant. Mais nous reviendrons sur le sujet, un autre soir. Je n'ai pas fini de compléter le puzzle dont des pièces continues de glisser entre les doigts.

Et toi, t'es un emmerdeur Keith. On s'est bien trouvé.

Je jette un coup d'œil à ma montre et regarde mes heures de sommeil s'envoler et se transformer en un sable qui ne sera jamais saupoudré au-dessus de mon lit. Tu es bien décidé à me garder éveillé et je reste uniquement pour savourer ton visage quand je viendrais te tirer du lit à six heures trente. C'est uniquement pour cette récompense mesquine que je reste à tes côtés. Et aussi parce que je sais que tu pourrais t'enfuir dans les jardins tentaculaires qui entourent la maison à la moindre occasion. Perdre le futur mari de son client dès la première nuit, ça ne serait pas très sérieux. Tu te lèves, déambule sans but dans le salon. Tu vas finir par me donner le tournis, tu es donc incapable de rester sans bouger pendant plus de trois minutes. Tu es pire qu'un gosse.

Bien sûr que c'est hors de question ! T'as toujours pas compris les…

Règles de sécurité. Je n'ai même pas le temps de finir ma phrase que tu as disparu. Je libère les jurons qui me viennent dans ma langue natale tout en me levant. Tu es un être vraiment insupportable. Je me note de ne plus jamais te laisser boire, l'alcool ne canalise absolument pas tes envies bizarres. Mais qui a envie de cuisiner en plein milieu de la nuit ? Sérieusement ? Je suis à deux doigts d'appeler mon agence pour leur dire qu'ils peuvent se carrer leur mission là où je pense mais je m'arrête nette à l'entrée de la cuisine. L'épaule appuyée contre le chambranle de la porte, je te regarde t'agiter. Tu reprends vie sous mes yeux et c'est un spectacle hypnotisant. Au point que j'en oublie d'être en colère. Les casseroles tintent, les feux s'allument, les portes claquent et le plan de travail disparaît sous une quantité monstrueuse d'ingrédients. Pour la première fois, tu sembles heureux. Tu as le sourire, l'insouciance et l'impulsivité de ton âge. Même un vieux grincheux comme moi ne peut rien contre ça. J'esquisse même un sourire à la question qui s'envole dans l'air sans que tu prennes la tête de vérifier si je suis bien là.

Trop personnel. Par contre, pour des raisons médicales, je me dois de te préciser que je suis allergique aux asperges. Mais c'est pas assez grave pour me tuer alors pas la peine d'en glisser dans ta sauce.

Je devine ton sourire plus que je ne le vois. Je ne sais pas ce que tu es en train d'imaginer mais tu composes une mélodie faite de saveur et d'épices sous mes yeux. C'est fascinant, moi qui est l'imagination d'un cafard. Pour ne pas perturber ton génie créatif, je t'observe en silence depuis mon poste d'observation en prenant soin de garder mes airs farouches alors que je pourrais me laisser aller à la décontraction sous tes sifflements joyeux.

Je compte aller m'asseoir et ne rien faire. C'est toi qui tiens à te lancer là dedans, j'ai rien demandé moi.

Je quitte l'entrée de la cuisine, refermant la porte derrière moi pour couper le reste de la maison du vacarme que tu fais résonner comme des percussions folles. Je me traîne jusqu'à un tabouret haut que j'installe non loin de toi, le long de l'îlot central. Mes pupilles suivent tes gestes qui paraissent désordonnés mais qui donnent vie à des odeurs alléchantes.

Ça t'arrive souvent de cuisiner en plein milieu de la nuit ? Ou peut-être que je dois m'attendre à d'autres activités nocturnes ?

J'aurais dû faire un stock de poudre avant d'arriver. Si ton cher et tendre me demande toute mon attention la journée et toi la nuit, je peux dire adieu à mes heures de sommeil avant un bon bout de temps. Je ne suis pas un grand dormeur mais j'ai quand même besoin de fermer l'œil de temps en temps pour être opérationnel. Si vraiment je suis au bout, j'ai toujours l'option de glisser un somnifère dans un de tes verres lors du dîner. Pas très réglo mais peut être nécessaire. Pour le moment, je me contente de de jouer avec une feuille de basilic du bout du doigt en attendant que le grand chef se décide à poser ses instruments.

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#  (SÖREN!) killing me softly with his song - Page 2 EmptySam 17 Déc - 17:20
Je ne me retourne pas pour voir si tu es là, d'une part parce que je sens tes yeux posés sur moi, comme si je risquais de m'évader entre deux coups de jets d'eau du robinet, ou comme s'il y avait la moindre chance que je brise une fenêtre et que je me taille dans la nuit entre deux morceaux de tomates coupés. Alors quand tu me réponds, je n'ai même pas besoin de tendre l'oreille pour décortiquer ta position dans la cuisine. Tu es contre le chambranle de la porte, sans doute la main sur la poignée, prêt à contenir ma mélodie pour ne pas qu'elle vienne envahir le reste de la maison. Manque de bol pour toi, j'aime la musique quand elle est forte, quand elle saisit, quand elle transporte, et ce n'est certainement pas un bête morceau de bois en travers du chemin qui empêchera la propagation des notes que je sifflote. Je ne m'interromps que pour prévoir d'autres accords, me concentrer sur la coupe en cubes des tomates, ou pour réagir à tes réponses. Ta voix s'accorde bien à ma composition. Elle rajoute quelques basses qui m'arrachent un sourire, prolongé par ta réponse sur tes allergies. "Les asperges ? Sérieux ?" J'éclate de rire et mon amusement se répercute en autant de coups de couteaux sur la planche à découper. Je ne fais même pas attention à la pulpe de mes doigts, bien trop occupé à ne pas laisser celle des tomates s'échapper et venir tâcher mes vêtements. "Tu devrais garder ça pour toi. Ou le glisser juste à notre chef, moi je cuisine rarement. Et surtout..." Je m'appuie des deux mains sur le plan de travail, et dans un nouvel éclat de rire, je dépose mon front à côté des tomates, le torse entièrement secoué par mon fou rire. "Surtout, putain, c'est ridicule. Tu fais plus de cent kilos de muscles, et il suffit de te coucher dans un lit d'asperges pour te mettre au tapis." J'ai du mal à reprendre mon souffle, et pourtant j'essaie de me calmer, pour éviter de te vexer une seconde fois ce soir. Se concentrer sur ma respiration. Contrôler l'air qui circule, et reprendre la joyeuse mélodie. Clac, clac, clac, j'ai fini les tomates. "Donc t'es Superman, et ta kryptonite c'est les asperges. Je note. Tant pis pour toi, tu goûteras jamais mon risotto aux asperges..." Moue désolé, nouvel haussement des épaules, et je reprends mon ballet et son bordel chorégraphié, passant des plaques de cuisson au plan de travail toutes les dix secondes. La porte se ferme enfin, et je manque te signaler que la claquer fait autant de bruit que mon concert. Pas le temps, il faut déjà passer au deuxième acte.

Ma main attrape un paquet au hasard dans la multitude des cartons qui ornent le fond du tiroir. C'est fou que je sache aussi bien m'orienter alors que je n'ai pas mis les doigts sur un de ces couteaux depuis que je les ai acheté. Linguine. Parfait. Je les fait chuter, doucement, pour ne pas les briser, sur le plan de travail. De la main je fais un cercle, rapide calcul mathématique, sifflement qui s'interrompt quelques secondes, juste le temps de doser. Puis je les plonge dans l'eau bouillante. Derrière moi, tu t'installes, toujours en pleine observation, et je manque te pousser quelques fois, juste pour récupérer ce qu'il y a dans les placards que tu bloques. "J'ai rien demandé non plus, mais lève-toi et va remuer un peu les tomates." Tu lèves un sourcil, comme pour me contester, ou abdiquer et me demander quelle cuillère, alors que je te la lance. Tu es bon en sport, tu l'as dit toi même, alors je teste tes réflexes, voir si tout ça ce n'est pas que de la gonflette et une histoire que tu te donnes pour éviter de raconter tes vrais problèmes.

Mes doigts viennent taper de nouveau le plan de travail, de plus en plus vite, de plus en plus fort. Complètement maniaque. Et puis le rythme revient. Un, deux, un deux, trois. Le sifflement reprend, les bulles d'eau bouillante éclatent alors que je viens baisser le feu. Tu as déjà repris ta place sur ta chaise. Rapide coup d'oeil aux tomates, avant que mes yeux ne reviennent sur toi, l'air blasé. Cuillère en main, je reprends la mission que je t'avais confié - si tu pouvais foirer ta mission actuelle de la même façon, ma vie serait fabuleuse. Les tomates commencent à céder, à envoyer leur odeur partout dans la cuisine. Prochaine étape alors. Je m'approche de toi, te vole la feuille de basilic entre les mains, dérobe par la même occasion toutes celles qui te font face, avant d'en plonger une bonne partie avec les tomates. Quelques grains de sel, le frottement du poivre quand il s'effrite dans son moulin. Nouveau coup de cuillère. "J'ai pas cuisiné une seule fois depuis que je suis arrivé ici. Je pensais que c'était une cuisine témoin." Pourtant, elle aurait pu résoudre pas mal d'obsessions. Me pousser à venir élaborer n'importe quel plat, plutôt que de rester immobile à attendre que le temps passe. Faire des expériences avec un tas d'ingrédients rarissimes. Et pimenter les steaks de Richard avec un peu d'arsenic. Non, décidément, j'étais passé à côté de pas mal de moments sympas. "Je vais souvent me promener par contre. Ce soir, tu m'as tenu en cage parce que je ne voulais pas foutre en l'air ton premier jour." Et aussi parce que tu fais la taille de la montagne sur laquelle se perche l'observatoire. Et un petit peu parce que je devais courir sacrément moins vite que toi. Autant de raisons pour ne pas essayer de me barrer à l'improviste et jouer franc jeu avec toi. "Mais je ne vais pas pouvoir rester immobile tous les soirs. Déjà parce que, visiblement, ça fait de la vaisselle." Fin sourire, l'évier rempli de verres, de bols, de saladiers, pour la plupart utilisés le temps d'une demie seconde, à peine. "Ensuite parce que j'ai vraiment, vraiment, besoin de sortir de temps en temps. Le jardin me suffit pas. J'ai besoin d'un peu plus de vie, un peu plus de vagues." Je repars en une envolée lyrique, un instant artistique auquel tu restera sans aucun doute complètement insensible. Alors je préfère arrêter de parler, reprendre mes machinations, mes automatismes, et surtout cette foutue chanson qui me reste en tête sans que je puisse la coucher sur le papier. Sur le papier. Sur le papier. Un éclair de génie, alors que j'ouvre un tiroir, fait voler un couteau pour mieux le rattraper.

La planche à découper est déjà sale ; j'en prends une autre, la couche sous mes yeux sur le plan de travail, puis, sculpteur musicien, je me mets à mon enfer. De grandes lignes pour dessiner la partition. Et puis, à renforts de mes doigts qui appuient aussi fort que possible sur la lame, je dessine quelques notes, quelques accords. Ceux qui me manquaient, la transition. Le passage d'une mélodie à une autre. Ça fait des semaines que je les attendais, alors quand elles tombent enfin, se gravent en traits blancs sur le marbre noir de la planche, un immense sourire s'illumine sur mon visage. Fantastique. Je rechante en quelques secondes les notes, d'abord accélérées, puis ralenties, puis au bon rythme, peu soucieux que tu entendes ma voix chantée ; tu pourras te moquer, je ne t'entendrais pas avec l'ébullition des tomates. Mes doigts tapent le rythme, l'index victime d'une seule coupure lors de mon effervescence artistique. Ça rentre parfaitement, ça s'inscrit à merveille. J'applaudis, je manque de hurler de joie, puis je reprends mon ballet culinaire sans un mot de plus. Tu ne comprendrais sans doute pas et je ne veux pas que tu viennes apporter de la pluie sur ce premier instant ensoleillé. "C'est bientôt prêt." Je t'accorde un nouveau sourire. "Pasta alla puttanesca. J'espère que tu aimes les câpres." Je chante en boucle ce nouvel accord, ravi d'avoir résolu l'une des énigmes qui m'empêchaient de dormir. Obsessionnel, je ne pense qu'à cette réussite quand je passe les pâtes à la passoire. Toujours un grand sourire quand j'ouvre le réfrigérateur, trouvant une bouteille de vin rouge. Quelques gouttes dans la sauce, bien plus directement dans ma bouche, avant que je la pose devant toi, avec un verre - tu voudras sans doute te montrer plus civilisé que moi, mais il est trop tard et l'on s'est trop parlés pour que je fasse preuve de fausses bonnes manières. Deux assiettes qui dansent le long de mon bras, trouvent leur chemin, puis les pâtes, la sauce, les dernières épices. Je pose ton assiette devant toi. Je t'en ai mis le double de ma portion, me disant qu'une machine comme ton corps devait forcément avoir son propre carburant. "Bon appétit Sören." La bouteille qui revient alors que la fourchette enroule, le vin qui coule avant que je ne mange, toujours mon sourire aux lèves, l'envie de partager mon bonheur avec le monde entier. Première symphonie complétée, et me voilà de nouveau sur le marché. La musique ne s'échappera pas. C'est mon alliée, ma cavalière. Ma maîtresse, même. "Je suis super fatigué mais je suis content de cette soirée." C'est peut-être dit un peu trop crûment pour toi, un peu trop franchement. Mais l'alcool m'a enlevé de nombreuses barrières, et la joie a fini de les achever. "Je croyais que tu allais être un sale con, mais en fait non. Je t'aime bien." Les derniers mots glissent en confession, juste sur le bout de mes lèvres, entre deux bouchées, alors que je fuis ton regard.

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#  (SÖREN!) killing me softly with his song - Page 2 EmptySam 17 Déc - 22:24
Je balaye ton rire d’un mouvement de main dans l’air, ne déviant pas de ma trajectoire. Je ne pensais pas déclencher ton premier fou rire avec une vulgaire histoire d’allergie aux asperges. Je ne comprends même pas ton hilarité mais soit, c’est mieux que d’apercevoir tes larmes briller dans les reflets de la lune. Celles qui perlent aux coins de tes yeux en ce moment même sont tolérables. Je serre la mâchoire pour rester dans mon rôle et ne pas laisser échapper un éclat de rire qui foutrait en l’air mon rôle de gros dur. Je secoue la tête de gauche à droite, attrapant un morceau de pain qui traîne sur l'îlot pour le mâchouiller dans mon coin. Je t’adresse mon plus beau doigt d’honneur quand tu te tournes vers moi avec ta moue faussement désolée.

T’es un gamin, Keith. C’est une allergie. C’est pas ridicule, c’est juste… Une allergie. Tu ferais mieux d’apprendre à poignarder correctement avec ton couteau plutôt que de tout miser sur les asperges pour me mettre au tapis.

Je grommelle dans ma barbe que j’en ai rien à secouer de ton risotto aux asperges, maintenant au loin, comme je peux, le fou rire qui me guette aussi.Mais je réussi à maintenir en place ma poker face même si je sens bien que tu ne te sens absolument pas coupable de te moquer de moi. J’ai l’impression qu’on vient de franchir un cap tous les deux. Je me sens bizarrement à l’aise dans cette cuisine avec toi, au milieu des casseroles, à nous envoyer des piques en pleine tête. Les premiers jours chez mes clients sont toujours difficiles. Je dois m’adapter à eux et surtout, ils doivent s’adapter à moi. Avoir un mec qui vous colle aux basques vingt-quatre heures sur vingt-quatre demande un petit temps d’adaptation. Mais avec toi, on dirait qu'il nous a fallu seulement deux heures pour s’apprivoiser. Je ne prends pas ce moment de détente pour un acquis, la hache de guerre a peut- être été enterrée pour le moment mais rien ne t'empêche de la ressortir à tout moment pour me la planter dans le dos.

Par contre, un détail me chiffonne dans ce que tu as dis. Rien à voir avec mes muscles ou mon surnom de superman. Non, c’est plutôt quand tu as admis que tu cuisinais rarement. Tu sembles tellement à l’aise dans cette pièce que c’est difficilement concevable que tu n’y mette jamais les pieds. Encore un mystère qui vient d’ajouter à ton dossier, une pièce de puzzle qui s’envole dans les courants d’air provoqués par tous tes mouvements. Tu te prives de quelque chose qui te rend visiblement heureux. Encore quelque chose que je ne comprends pas et que j’ajoute à ma longue liste de questions pour tenter de te cerner. Que tu ne veuilles pas cuisiner pour Richard, ok ça j’ai bien. Mais pourquoi te priver de te préparer quelque chose ou pour des amis à toi. Pourquoi préférer vider des bouteilles de vin en laissant le spleen prendre possession de toi alors que tu pourrais laisser libre court à ta créativité ? Je sens le mal de crâne pointer le bout de son nez, je me pose beaucoup trop de questions. Mes doigts vont masser mes tempes pendant que tu continues à virevolter autour de moi, tantôt pour attraper des bouteilles en verre renfermant des épices, tantôt pour récupérer un nouveau récipient. J’ai l’impression que tu prépares un banquer pour cent personnes alors que nous n’allons être que deux à déguster ton plat.

Tu me redemandes de t’aider et cette fois j’abdique. Je pousse quand même un soupire parce que je suis garde du corps, pas commis. C’est la première fois qu’un client m’utilise comme un jouet. La plupart me craignent et franchement, ça me plait plutôt pas mal. La main en lévitation au-dessus du pot à ustensiles, j’hésite entre les dix cuillères à disposition. Les riches n’ont vraiment pas les mêmes problèmes que le commun des mortels. Personne n’a besoin d’autant de cuillères. Tu dois sentir mon hésitation car du coin de l'œil, je vois un objet arriver en plein dans mon nez. J’ai le temps de lever la main et d’intercepter la cuillère en bois avant le choc.

T’es vraiment un emmerdeur.

Bien décidé à ne plus te lâcher un seul bout de terrain, je m’occupe de ma tâche et laisse la cuillère retomber contre la planche en bois qui traîne à côté des casseroles. Les tomates sont remuées, mon objectif est atteint. Je retourne poser mes fesses sur le tabouret haut abandonné il y a moins de vingt secondes et boulotte des miettes de pain, une moue provocatrice clouée au visage. Je répond d’un clin d'œil à ta moue blasée, bonne récompense pour ma manœuvre pas très fair play, je l’avoue. Mais j’ai été bien trop sympa jusqu’ici, tu risquerais de t’y habituer. Pendant que mon index fait rouler un grain de poivre sur le bois, tu te lances dans un plaidoyer pour ta liberté. C’est bien argumenté, passionné, plutôt convaincant je dois le reconnaître. Mais j’ai envie d’être un enfoiré parce que ton visage horrifié me fait terriblement rire. Je te laisse finir et quand je suis sûr que tu as terminé de me débiter toutes tes demandes, je relève la tête vers toi et lâche un sonor et expéditif

Non.

Je prends le temps de regarder ta bouche entrouverte et tes yeux exorbités. Je peux presque voir les rouages de ton cerveau se mettre en route et chercher tous les contre arguments que tu pourrais me servir. Je tiens bon, serre les mâchoires, plante mes yeux glaciales dans le brasier des tiens. Le silence s’étire, l’air se charge d’électricité comme avant qu’une tempête éclate. Mais dans cette cuisine, c’est mon rire qui vient briser la tension. A mon tour de me laisser aller à un vrai rire, sonore, qui vient du cœur. Je crois que ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Je mets une bonne minute à calmer les tressautements de mon corps, j’inspire profondément et reprends.

J’ai bien compris que t’avais besoin de t’échapper. Laisse moi le temps de mettre en place un système de surveillance digne de ce nom et ensuite, on pourra se casser en douce la nuit. Par contre, ma seule condition sera que je vienne avec toi. Je sais me faire discret si t'as besoin de solitude mais tu ne sors pas seul. C’est pas négociable.

Alors que je m’attends à des protestations enflammées, ton regard se voile et je te perds pendant une seconde. Tu es ailleurs et quand tu reviens, tu oublies totalement ma présence. Tu chopes un couteau, te retourne contre le plan de travail et émet des bruits dignes d’un film d’horreur. Intrigué, je me lève pour pouvoir regarder par-dessus ton épaule ce que tu manigances. Tu ne sembles même pas sentir ma présence dans ton dos alors que nous n’avons jamais été aussi proche. Avec la pointe de ton couteau, tu grave des notes dans la planche, des lignes et d’autres symboles qu’un néophyte comme moi ne peut pas interpréter. Je fronce les sourcils face à ton manège et recule brusquement d’un pas quand tu te relèves. Je remercie intérieurement mes réflexes d’avoir épargné à mon nez de se retrouver cassé par ton crâne. Ton air victorieux me passe l’envie de lacher quelques moqueries alors je me contente de murmurer en retournant à ma place.

T’es bizarre comme mec. Vraiment bizarre… J’aime bien.

Je hausse les épaules. Je ne sais pas si tu m’as entendu ou pas. Peu importe. Je hoche la tête pour approuver le menu et me rend compte que mon estomac gargouille d’impatience. Je n’ai pas mangé depuis ce matin et je dois avouer que ce que tu as préparé sent terriblement bon. On s'installe sur l’ilôt central et je suis surpris que personne ne soit venu troubler notre petite fête. Avec tout ce boucan que tu as fait, il est étonnant que les domestiques n'aient pas rappliqué fissa en ce demande si un cambrioleur n’était pas en train de dévaliser les casseroles. Mais il faut croire que dans cette maison, personne ne se soucie des autres. J’attrape mon assiette et me verse du vin. Au point où en est cette soirée…

Merci Keith. Ça sent vraiment bon.

Je plante ma fourchette dans les pâtes et la glisse dans ma bouche. Je prends le temps d’apprécier la cuisine et hoche la tête de contentement. C’est bon, genre vraiment bon. C’est dommage que tu ne cuisine pas souvent parce que je pourrais facilement prendre goût à tes plats. Mon regard se lève à tes mots avant de les replonger dans mon assiette.

Te fais pas avoir, je suis un sale con.

Et c’est vrai de vrai. Ma sociopathie me rend pas définition très con. On s'habitue au bout d’un moment je crois mais rare sont ceux qui reste assez longtemps pour le savoir. Je n’ai pas de filtre et balance tout ce que je pense sans me soucier des bonnes manières ou des conventions sociales. Ce n’est pas toujours facile à encaisser mais tu te défends bien. Tu es sans doute assez habitué aux coups bas pour me supporter. Mais ce n’est que notre premier jour, pas la peine de s’emballer. Le repas se passe dans le silence, j’apprécie ce qui se trouve dans mon assiette et me concentre uniquement sur la divine sauce à laquelle tu as donné vie. Quand je repose ma fourchette, mon assiette est vide et parfaitement propre.

C’était vraiment excellent. Tu vois si tu te casses d’ici, tu pourras toujours ouvrir ton resto.

Bien joué, Sören. A ton regard, je vois que j’ai merdé. Adieu ambiance légère et air italien qui flotte dans l’air. Je n’ose plus relever le regard vers toi. Je ne me sens pas coupable pour ce que je viens de faire mais je n’aime pas l’air triste qui est passé furtivement sur ton regard.

Désolé.

Il ne fallait pas parler trop vite. Il se peut que tu n'aimes plus beaucoup avant la fin de notre soirée improvisée.


@Keith Chamberlain
Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) killing me softly with his song - Page 2 EmptyDim 18 Déc - 12:37
Les quelques nuages noirs qui ponctuaient mon horizon il y a de cela une heure encore, quand je m’imaginais cloîtré à vie, ou du moins jusqu’à ce que celle de Richard s’arrête brusquement, me semblent bien loin. Il y a dans la cuisine une atmosphère douce, agrémentée par toutes les odeurs de tomate et d’herbes qui voltigent dans les airs et viennent éclater contre les quelques notes que je réussis à encore siffloter, revigoré par ce bref instant de succès et ce fragment de partitions, en suspend dans les airs, que je ne manquerais pas d’aller cacher dans le buffet dès que j’aurais trouver le moyen de la poser sur le plan physique et dès qu’arrivera l’heure de retrouver Morphée. Il faudra y aller à petits pas, tâcher d’être discret, puisque même si mon orchestre symphonique ne semble pas avoir trouvé les oreilles du Cerbère, un simple craquement de lattes dans l’un des petits bureaux boisés de l’étage pourrait faire revenir à la vie celui dont je préfère le sommeil aux râles. Le silence à l’étage doit être bien plus lourd que la joyeuse cacophonie d’inspiration qui règne dans la cuisine. Tu sembles y être sensible aussi, puisque tu m’accordes des sourires francs, et tes mains qui viennent jouer de chaque morceau de nourriture passant à proximité de tes doigts trahissent que tu es un peu plus à l’aise ici que dans le salon, quand j’essayais de te disséquer à des fins scientifiques et personnelles. Puis tout se brise quand tu me réponds, le regard de nouveau glacial, la mâchoire presque aussi contractée que la mienne. Non. Comment ça non ? Je reste indécis, fixe, un fouet dans la main, l’autre en appui sur le plan de travail, à attendre que tu développes, mais tu ne le fais pas. Si tu me refuses mes envolées nocturnes dans les rues silencieuses du quartier, c’est que tu me coupes les ailes, que tu me condamnes à ne rien être de plus qu’un canari en cage. Tu ferais presque pire que lui en m’imposant ça. Non, vraiment, ce serait un move de sale type. Tu ne reprends pas la parole, et je reste debout, fixe, les yeux envoyant des déflagrations à défaut de pouvoir t’envoyer des rafales de balle d’argent. J’ouvre la bouche un instant, prêt à riposter ou à t’envoyer en pleine poire la casserole pleine de sauce brûlante. Mais tu me coupes en pleine action, par un éclat de rire qui résonne, éclate la bulle des quelques notes qui flottaient encore en l’air et viennent s’écraser sur le carrelage, météorites en état de choc. J’inspire. Et j’expire une longue tornade, qui vient balayer quelques grains de poivre sur le comptoir et les restants du cadavre d’une feuille de basilic. Très drôle. Tu as voulu te venger de mon tour de maître dans le salon. Mon coeur reprend ses battements, et je claque l’îlot central de frustration alors que tu te lances dans une nouvelle tirade sur la sécurité, comme si j’étais premier homme du président des États-Unis d’Amérique. Je lève les yeux au ciel à nouveau, et brise le contrat fixé par tes pupilles dans les miennes. Tu vas finir par me faire rester coincé dans cette position. "Gros crétin." Les mots que je vocifère ne viennent pas se perdre jusqu’à tes oreilles mais glissent de ma bouche jusqu’à une des plaques de cuisson, avant d’y fondre, petits monts de cire qui s’évaporent presque aussitôt.

"J’ai pas le choix dans tous les cas, je serais obligé de te supporter." C’est pas si désagréable que ça non plus. Mais je préfère ne pas te le dire, continuer d’endosser cet étrange attirail, tous les muscles bandés sous l’acier de ma langue, prêt à riposter à chacune de tes nouvelles charges. Et puis, je ne sais pas si tu connais bien la ville. Ce sera l’occasion de te montrer quelques coins où j’aime bien venir me perdre, sans jamais te montrer l’endroit secret qui est devenu mon écueil à larmes et regrets. Celui-là restera seul quelques temps encore, jusqu’à ce que tu me fasses confiance et que je puisse m’échapper en solo. Je soupire, faussement agacé. Et puis la suite, l’éclair de génie, la planche à découper, le couteau qui gratte, esquisse, couche enfin les notes qui m’obsèdent depuis des jours. Le visage satisfait, et ton souffle bien trop proche de mon cou. Si je n’avais pas été complètement obnubilé par mon œuvre, je t’aurais sans doute repoussé en arrière, quitte à ce que tu te cognes contre une des étagères. Pourtant, même quand j’ai terminé mon ouvrage, j’attends quelques secondes. Il y a quelque chose de rassurant à ta présence tout près de la mienne. Ça doit être lié à ta carrure, à ton métier ou à je ne sais pas trop quoi, mais c’est agréable et je ne bouge pas tout de suite. La danse reprend en une explosion de mon corps qui fait crépiter sa joie un peu partout, à base de mélodie enjouée chantonnée, et tu reprends ta place sans plus de cérémonie. Je n’entends même pas ta phrase, seulement quelques bribes de syllabes qui ne suffisent pas à me faire comprendre l’entièreté de ton propos.

Les assiettes devant nous, linguine noueuses et les tâches de couleur, rouge, vert, jaune. Je souris à nouveau - on dirait que j’ai du mal à arrêter depuis que nous sommes dans la cuisine. C’est une belle œuvre aussi. Je reste immobile quelques instants, capturant des yeux les formes, les teintes, et du nez je ne garde que l’odeur qui fait grogner mon estomac. Puis mon regard revient sur toi, et la façon dont tu dévore - plus que tu ne manges -, faisant rouler les pâtes autour de ta fourchette. Ça a l’air de te plaire. Mon sifflement s’interrompt, mais je ne range pas mes dents, d’abord pour sourire, ensuite pour à mon tour me mettre à vider l’assiette. L’instant flotte dans le temps, comme un fil suspendu au-dessus du vide, mais ce n’est pas un silence gênant. C’est terriblement naturel. Je fronce les sourcils. Ça doit être l’alcool, quoi d’autre ? Demain, tu me l’as déjà dit, tu redeviendras l’employé de Richard, et je ne serais qu’une des cibles collatérales de ta mission. Rien de plus qu’un nom en lettres majuscules. Autant en profiter pendant que l’accalmie dure, pas vrai ? Tu es pourtant le premier à troubler le silence, et si le début de ta phrase fait bondir mon cœur de joie, tu termines par une nouvelle instrumentale, du style lancinante et affreusement douloureuse - pour moi. Aïe. Ce que tu viens de dire m’atteint bien plus que de raison. Je reste muet, fourchette en l’air, regard dans mon assiette. Un monde sans musique, un monde sans accord, sans symphonie. Aucune histoire à raconter, mais bon à quoi bon raconter au monde de belles légendes si je peux juste les nourrir ? Ça me fait plus mal que de raison, d’autant plus que je m’étais promis de finir la soirée sur de belles notes avant demain, quand tu allais redevenir cet autre, colonne froide dans un coin de chaque pièce. Tu murmures trois syllabes, et je me redresse, tente de masquer la douleur et la tristesse, de les envoyer ailleurs en un nouveau raclement de gorge. "C’est pas grave. C’est gentil." Incapable de m’étaler davantage, de faire des expériences ou des observations sur le retour des orages au-dessus de nos têtes. Ma main reprend ses vieilles habitudes ; le verre de rouge empoigné, descendu en un quart de secondes. Pourvu que je finisse complètement bourré. Ça m’aidera peut-être à ne garder en mémoire que la première partie de ta phrase, que la seconde partie de cette soirée houleuse. "Je suis content que tu aies aimé." Et je me fais une nouvelle promesse silencieuse ; je ne cuisinerais plus pour toi. Tant pis pour tes sourires, tant pis pour tes compliments. J’essaie de reprendre à coup de lasso le fil de la conversation, de passer sous silence ce moment sinistre. De le glisser sous un pont de galets. Sans succès.

Alors j’attrape ton assiette, glisse tes couverts dedans. Un peu de sauce tomate sur mon doigt blessé, je le glisse sur mes lèvres, goût d’acier et d’aromates. Pas mauvais, fin sourire. Je te tourne le dos et l’eau commence à couler. Ça pique un peu, surtout quand elle est aussi froide, surtout quand la plaie est à vif. Mais ce n’est qu’à peine un centimètre de chair, ça passera vite. Je retiens entre mes dents une réplique sanglante. Je n’ai pas envie de me battre avec toi, ce moment-là est passé. Le bruit de l’eau et du liquide vaisselle couvre tout le reste et m’occupe pendant une minute, loin de ton visage, loin de ton désolé, loin des réprimandes et loin - malheureusement - de mon verre de vin qui, je l’espère, s’est rempli de nouveau. Quand je me tourne enfin vers toi, c’est avec un sourire un peu faux, de quoi garder un semblant de consistance. "Demain soir, tu seras là, pas vrai ?" C’est une question à la réponse évidente. Tu m’as bien fait comprendre que tu serais là à chaque instant dans les prochaines semaines. "J’aurais bien besoin du safeword pour te glisser mon envie de cigarette entre deux discussions bourgeoises." Je n’aime pas du tout les amis de Richard, ça tu le sais déjà. Alors les supporter dans ma propre maison, ma propre cage, c’est comme jeter un super prédateur dans une fourrière et attendre l’imperius rex. Alors, naufragé désespéré, je me raccroche à la première bouée que j’aperçois depuis des mois, loin de la houle et des tempêtes. "Et après-demain, Richard a sa soirée de consécration à l’opéra." Ma consécration. Je sais que tu le sais déjà. Je ne le souligne pas. Je parle sans vraiment m’arrêter, sans marquer l’affront, la bouche anesthésiée par tout l’alcool. "Il donne un concert avec deux autres chefs d’orchestre. Trois œuvres, trois morceaux de moi, il les a tous choisi. J’espère que tu seras là." Et pour une fois, c’est sincère, les mots sortent directement de mon coeur. Ça te fera découvrir ma musique, tous ces enchaînements d’instruments inspirés par mes propres muses, ces vicieuses empêcheuses de dormir. D’autant plus que, scène oblige, je serais normalement seul, sans mon fiancé. C’est ce que j’entendais par le là ; à mes côtés, sur un des balcons. J’en attends peut-être un peu trop de toi, un peu trop des ondes qui se déversent entre nous. Quelque chose me dit que tu aurais initialement prévu d’attendre en coulisses, là où tu peux intervenir en dix secondes. Mais après l’affront douloureux que tu viens de remuer, plaie béante que je panse comme je peux, tu me dois bien un peu de compagnie pour ce genre d’événement. Je ne comptais pas te supplier, mais ta réponse allait déterminer mon comportement dans les jours à venir ; et notamment, ma résilience à adopter ton plan de sécurité.

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#  (SÖREN!) killing me softly with his song - Page 2 EmptyDim 18 Déc - 15:48
L’ambiance légère du repas semble se transformer en chape de plombs. Les sourires ont disparu, le rictus poli que tu affiches est tellement forcé que je peux presque voir le muscle de ta joue résulter. J'ai tout foutu en l’air avec ma réflexion et je m’en veux, c’est rare chez moi je regrette des mots mais tu ne les méritais pas. Tu fuis mon regard, fuit même tout contact avec moi et je ne sais plus où poser mon regard sous peine d'aggraver encore la situation. Alors je fixe mes yeux sur mon verre de vin, le pied en cristallin rouge entre mes doigts, faisant valser le velour carmin à l’intérieur. Mes dents s’accrochent à ma lèvre inférieure pour m’éviter de balancer des nouvelles conneries. Je porte finalement mon verre à mes lèvres et bois une longue gorgée de vin, ne prenant le temps d’apprécier ni les arômes, ni la douceur du breuvage. Grand cru ou bonne affaire de superette, je serais bien incapable de faire la différence. Je bois pour dissiper mon malaise, rien d'autre. Tu parles d’un professionnel. En même temps, tu es le premier client à me proposer autant d’alcool durant mon service. Les autres me considèrent plutôt comme une plante qu’on laisse dans un coin, ou une nouvelle décoration. Avec toi, j’ai l’impression d’exister, de ne plus être un fantôme juste bon à jouer des muscles. C’est pourtant ce que j’ai recherché pendant longtemps. Pas d'interactions avec les autres, pas de prises de tête. Pendant quelques minutes, j’ai cru que c’était facile avec toi, que j’aurais pu faire illusions, être normal. A la vue des rides qui creusent le sillon entre tes yeux, c’est loupé.

Keith, je… Merci pour le repas.

Je, quoi ? Je me suis toujours refusé l’utilisation de la carte joker ‘je suis malade’ pour justifier mon comportement. Ce serait trop facile de tout faire passer avec ça. Et pourtant, ce soir, après deux verres et un dîner, j’ai failli tout te déballer. Mais qu’est ce qu’il m’arrive,bordel ? C’est vexant que tu arrives à faire fondre toutes mes barrières avec seulement une sauce tomate et quelques jets de câpres. Il faut que je me reprenne. Je suis un connard et il faut que j’assume. Le reste de mon verre termine dans ma bouche et je remplis de nouveau nos verres. Quitte à avoir une sale gueule demain matin -enfin dans quelques heures maintenant- autant ne rien avoir à regretter. Le bruit des assiettes qui s’entrechoquent résonne de ton côté de la pièce pendant que je reste figé sur mon tabouret. Je ne sais pas ce que je suis censé dire après ça, est-ce que je dois te réconforter ? Mes excuses n’ont pas eu l’air de te toucher alors je préfère ne pas m’enfoncer en renouvellent l’expérience. Après une intense réflexion, je décide de garder le silence. C’est plus sûr. Le silence a toujours été mon refuge. Je n’étais pas un petit garçon causant, ce qui a été une source de déception supplémentaire pour ma mère. Mais qui a été une force non négligeable lors de mon nombreux passages au poste de police. Mauvais à l’école, mauvais à la maison mais un cas facile pour mes avocats commis d’office. Plongé dans mes souvenirs, je ne réponds pas tout de suite à ta question.

Je hoche la tête à retardement et contemple le sourire factice que tu m’offres. Ok, retour à la case départ. Nouvelle gorgée de courage liquide avant de me tourner légèrement vers toi. Mon pied tressaute sur le barreau du tabouret, faisant vibrer le sol autour de moi. Je n’aime pas ton regard en ce moment parce qu’il me rappelle celui de ma mère, celui de la déception après un énième renvoi ou de la phrase de trop lors d’un dîner avec ses amies. Mais tu n’es pas ma mère, tu es… un client alors je reprends le ton froid que je réserve à mes contrats, celui qui fonctionne à merveille pour tenir le monde à distance.

Pas sûr que Richard apprécie les Je t’aime lancé à tout bout de champ à sa table. Mais selon le plan de table qu’on m’a transmis, tu seras assis à sa droite. Je serais donc en poste derrière toi. En cas de besoin, forme juste un anneau avec ton pouce et ton index sous la table et je te ferais sortir.

Je ne fais pas de commentaire sur le fait que le safeword doit être utilisé en cas de danger immédiat. Je sais que tu sais et que tu cherches juste à m’emmerder en foutant en l’air mes règles comme j’ai piétiné les tiennes. C’est de bonne guerre. Ce dîner ne m’enchante pas plus que toi. Assister à des discussions ennuyeuses pendant des heures ne fait pas partie de mes moments préférés en mission alors si on peut s’échapper quelques fois pour en griller une, je ne vais pas dire non. Je pourrais toujours prétexter des informations de sécurité à vérifier. Richard ne voudra pas être dérangé devant sa cours et te déléguera cette tâche sans rechigner. La demande suivante qui s’échappe de tes lèvres résonne comme un test. Je ne capte pas lequel mais à ta manière d’attendre ma réponse, je sais que je risque le nouveau faux pas à tout moment. Je sors mon paquet de cigarettes, soudaine envie de nicotine. Je n’aime pas les tests, je n’aime pas qu’on se foute de ma gueule et je n’aime pas sentir que je marche sur un fil. Je me contente de faire tourner le paquet entre mes doigts, ne lâchant pas ton regard. Comme si je pouvais transformer tes prunelles en boule de cristal qui affichait miraculeusement la réponse appropriée.

Je termine mon verre et me lève pour venir me poster à côté de toi. J’en ai marre de ton petit jeu, je ne suis pas là pour ça. Tu veux faire la gueule, très bien. J’ai merdé et je me suis excusé. Je ne m’excuse jamais. Alors si ça n’est pas suffisant pour sa majesté, tant pis. Ça ne fera qu’une animosité de plus à gérer.

Richard m’a parlé de ce concert et oui, je serais là. Une requête particulière, Keith ?

Ma question est intentionnellement vague. Si tu n’es pas cash avec moi, ça ne pourra jamais fonctionner. Je ne suis pas né avec le bon décodeur alors exprime toi. Si tu comptes sur moi pour décrypter des sous-entendus, interpréter des regards ou lire entre les lignes, on a pas fini de vivre ce genre de moments très gênants tous les deux. Le seul truc que je comprends c’est les appels à l’aide. Ceux-là, j’ai appris minutieusement toutes leurs apparitions sur les traits humains à l’armée et lors de ma formation. Tout le reste, c’est du chinois. Je te fixe, te défiant du bout des cils d’oser détourner le regard. Il est plus facile de mentir ou de se dérober quand son âme n’est pas mise à nue.

Je hoche doucement la tête et fait rouler une clope sur le plan de travail, dans ta direction. Cadeau de paix à ma manière. Je laisse l’oxygène reprendre possession de ta zone de confort en reculant en direction de la fenêtre. Richard va péter un câble quand je vais lui dire que j’ai cloper dans toutes les pièces de sa maison témoin. Ou pas, je n’ai pas encore bien cerné le personnage. Est-ce qu’il osera être détestable avec un mec sur lequel il n’aura jamais le dessus ou est-ce qu’il va me servir sa crème hypocrite en me disant que ce n’est pas grave ? Réponse au réveil. J’allume ma cigarette et inspire profondément en te regardant terminer la vaisselle. Des centaines de questions me brûlent les lèvres mais je ne suis pas sûr que tu sois encore très enclin aux confessions.

Tu viens courir avec moi demain ?


Un sourire insolent vient recouvrir mon visage. Avec toute la frustration que tu accumules, un peu de sport ne te fera pas de mal. Aucune réflexion sur ta consommation d’alcool et de cigarettes puisque je ne suis pas un modèle.

@Keith Chamberlain
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