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 (vince) supermassive black hole

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Siegmar Luther
boîte de pandore et cœur doré
Siegmar Luther
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#  (vince) supermassive black hole EmptyVen 3 Mar - 19:16
Rythmes langoureux, chaleur indéniable, silhouettes qui me feraient remettre en question le moindre voeu de chasteté prononcé, j'ai les bras en arrière, la vue parfaite sur la salle si on oublie les grands rideaux violets, tous ceinturés en un seul pan par un noeud de lianes vertes, presque transparentes tant elles semblent sèches. Il faut croire que la flore entière sait se soumettre au maître des lieux. Ce n'est pas la première soirée que je passe au Bouquets, mais bien la première pour laquelle je me sers d'un des salons privés dans le cadre d'une réunion de ratons-laveurs. Parce que c'est un peu ça, finalement ? Les masques distribués à l'entrée par le staff - pas très vêtus non plus, mais ils semblent heureux de perdre autant de tissus que leur âme sur les pistes de danse - ne garantissent qu'un semi anonymat, n'ont pas du tout influencé ma décision. J'avais le choix entre l'un des grands salons du Bouquets ou bien un club paumé dans le sud, directement en zone de sécheresse. Les autres étaient tous bookés, du moins c'est ce qu'ils m'avaient répondu au téléphone. A Night in Los Angeles, m'sieur Luther, c'est plein partout, toutes les soirées sont vendues, y a plus de place. Une chance que le grand prêtre des fleurs m'ait accordé ses faveurs, ou bien que je les aie volées il y a quelques années, c'est du pareil au même. Le Bouquets, bien plus qu'un club à la flore délicate et pourtant carnivore, est une des plaques tournantes de la drogue. Ici, on se passe des pilules sans trop se poser de questions, de langue en langue, de bouche en bouche, et ça va d'extase en extase, jusqu'à ce que les types fassent des overdoses dans une des ruelles adjacentes. Personne ne s'était jamais endormi au Bouquets, on me l'avait soufflé une fois dans les rues, une légende urbaine disait que les plus ensommeillés finissaient leur nuit dehors, parce que fermer les yeux ici c'était se réveiller dans le ventre d'une plante carnivore. Tout un folklore que je n'avais même pas besoin d'inventer, à peine d'alimenter, tout ça pour un vieil amant aux cheveux blonds et aux mille fards. Il avait pour ordre ce soir d'accueillir lui-même les trois convives qui devaient se pointer. Je détestais les convocations, détestais aussi jouer les types autoritaires, surtout avec des mecs qui avaient pour unique mission dans la vie de faire un maximum de kills comme s'ils jouaient à un jeu vidéo les yeux grand ouverts, du matin au soir, chaque victime étant synonyme d'un nouveau sourire en coin. Mais je n'avais pas eu le choix, pas ce soir. Pas après les trois agressions, Stanislas qui avait ouvert le bal, visage tuméfié, messages incompréhensibles, accusant Mario. Pas après les deux - le pauvre - entourloupes qui avaient conduit Wilfried à l'hosto, à subir des opérations que j'avais payé de ma poche pour qu'il reste en vie et surtout qu'il reste fidèle. Ces conneries m'avaient coûté trois nuits à ne profiter d'aucun des plaisirs de la ville, et surtout l'équivalent de dix boîtes de Pandore vendues aux touristes les plus crédules. Un nom était revenu, un territoire gravé au rouge sur un putain de plateau de Monopoly, et depuis j'avais eu beaucoup de mal à m'absoudre de pensées sanguinaires. Cet enfoiré de Mario avait capté le deal avec Vincenzo, s'était senti en concurrence. Ils vendaient même pas les mêmes merdes, mais apparemment les cerveaux italiens les poussaient à se battre avant de parler. C'était ridicule et ça me faisait presque regretter l'époque où je ne traitais qu'avec les soviétiques et les allemands. Au moins, ils avaient le sang froid et l'intelligence de comprendre que leurs poings ne servaient à aucune négociation. Parce que c'était ça, la clef du problème - je croise une jambe, cocktail verdâtre comme toute la carte ce soir, Green Night du Bouquets avait chanté le seigneur des lieux -, c'est qu'aucun de ces crétins n'avait songé à venir me voir directement plutôt que de fracasser de pauvres petits gars en vélo ou en scooter. Ça avait eu le mérite de m'énerver prodigieusement, de m'arracher presque des rires sardoniques qui auraient rendus jaloux pas mal de grands dictateurs dans l'histoire. Je n'étais affilié à aucun de ces gangs, mais ils avaient jusque là tous compris l'essentiel ; sans Treasureland à leurs côtés, ils perdaient une grosse partie du marché, et de ce fait ils se rangeaient à mes côtés. Avaient pour ordre de ne surtout pas toucher mes livreurs, ni les blesser. Pourtant, en témoignaient les SMS de Stanislas que j'avais pris au départ pour conséquences d'une soirée de beuverie, ou le joli chèque à l'ordre de l'un des chirurgiens de Los Angeles, un d'entre eux avait décidé de se foutre du règlement et de tabasser les gentils petits soldats qui ne constituaient qu'un service de luxe pour les aider à écouler leur marchandise quand ils manquaient de monde. J'avais grogné, ragé, hurlé, menacé pas mal de types aussi, et puis deux noms s'étaient glissés. C'était pas que Mario, c'était aussi son cousin, ou son oncle, ou son fils, ou n'importe quel rameau merdique de son olivier généalogique, un type qui se faisait appeler Tito - paie ta street cred - et qui avait bien décidé de faire concurrence à Treasureland, tout en croquant un gros morceau dans Los Angeles pour s'attribuer sa belle part de marché. D'où la réunion d'urgence, donc. D'où la convocation. D'où cette foutue salle isolée qui laissait entendre à chaque fois que la porte s'ouvrait derrière le rideau, une chanson qui m'était familière, chanteuse de la Barbade qui vouait un culte le temps d'une soirée à tout ce qui était de cuir ou de piquant. Original, comme lieu de rendez-vous, et j'étais pratiquement sûr d'en voir un fuir ; mais tu n'étais pas encore arrivé, ce qui n'augurait rien de bon pour les prochaines retrouvailles obscures que je prévoyais jusqu'à ce que nos collègues italiens du Sud aient décidé de laisser tranquille mes gars.

Sergey est le premier à se pointer, son sourire froid bien vissé sur sa tronche de créature de Frankenstein, pourtant il me prend dans ses bras, me demande des nouvelles de Ray. J'en sais pas grand-chose, j'en sais même rien, pour tout lui dire, mais pourtant j'invente une histoire de caravane, de ranch, de vie au soleil pour passer ses vieux jours aux côtés de tresses blanches, promesses d'amour, et tout le bordel. Ça le fait rire, le Russe, à grands éclats, et puis il me dit qu'il s'est bien ramolli, le vieux Reiner. L'un des seuls à connaître le secret de Tonton, sa ville de naissance pas tout à fait américaine. Sergey sait tout, il est vieux, il a plein de rides et pourrait concurrencer la moitié de la boutique. Son rire me fait presque rater l'arrivée du second convive, plus discret, toujours bien sapé, qui s'assoit à un bord, l'air frêle, fragile, la langue pourtant acérée. Il salue à peine, écrit des dizaines de messages sur son téléphone. Hans a cela de pratique qu'il ne s'énerve que rarement, puisqu'il parle peu. Mais pour avoir assisté à un orage allemand, un jour, j'ai maudit mes oreilles de reconnaître les menaces, enfin, non, les ordres qu'il avait sifflé dans notre langue à ses gars. Pas un type commode, mais il contrôlait presque tout l'Est de la ville, et il était fidèle à la cause, adorant Treasureland d'un amour que je n'avais jamais compris. Il ne manquait donc que toi. Que toi sur l'échiquier, sans que je sache vraiment si tu étais plutôt un fou ou un cavalier, définitivement pas un pion, je l'avais vu à chaque éclat de fureur. Que toi que j'avais ramené au milieu des gros bonnets pour plusieurs raisons, parmi lesquelles, en vrac ; tester ta crédibilité à tenir tête aux deux autres, tester ta fidélité et m'assurer que tu n'allais pas te ranger au côté de la révolte bolognaise, tester aussi tes connaissances, puisque tu me l'avais glissé, tu viens d'une famille influente, et mes deux grands copains Russe et Allemand n'avaient pas tout à fait une page Wikipédia, mais pas loin. La porte s'ouvre sur Napo, la musique va baisser, les locaux vont se vider, il est trois heure trente du matin et je lui ai promis de régler la différence occasionnée par une fermeture plus tôt que les autres soirs. Baiser qui vole dans l'air, fait dresser un sourcil à Hans, éclater de rire Sergey qui le prend pour lui, avec ses gros airs bourriques, ses gros muscles tout fripés. Il ne se serait permis aucune injonction douloureuse en ma présence, sachant pertinemment de quel côté balançait mon coeur, et je crois même pouvoir assurer qu'il aime bien la façon chaloupée dont glisse le royaume des fleurs à la suite de leur empereur. Mains sur la table, je regarde l'heure. Si tu te foires alors que je suis prêt à t'introniser - je sais même pas pourquoi parce que t'as des pupilles flippantes et quelques soucis que j'ai pas encore réussi à cerner -, Vince de Venice, tu ne pourras t'en vouloir qu'à toi-même.

@Vincenzo Di Natale
Vincenzo Di Natale
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Vincenzo Di Natale
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#  (vince) supermassive black hole EmptySam 4 Mar - 14:15
Une adresse reçue par message, un nom, le bouquet et une heure qui n’augure rien de bon, trois heures trente. Voilà tout ce que je savais de cette étrange convocation que j’avais reçue la nuit dernière. Comme si tu étais en pouvoir de me convoquer quelque part. On était associé, je n’étais pas ton larbin. Mais tu avais tiré sur le bonne corde, celle qui fait vibrer ma curiosité maladive et qui va me faire rappliquer comme un gentil cane dans le lieu en retrait de l’hyper centre que tu as choisi. Je n’aime pas laisser le club sans surveillance, surtout au moment de la fermeture, surtout avec un gentil anglais derrière le bar. Le type est nouveau mais j’ai repéré son innocence au premier coup d'œil, comme un cane de flic qui aurait senti la coke à dix kilomètres. Décidément, deux fois que je me compare à un clébard en moins de cinq minutes, il faut croire que mon subconscient essaie de me dire quelque chose. Un sourire se reflète dans le miroir et je ne peux m'empêcher d’entendre ta voix à chaque fois, me glissant à l’oreille que j’ai l’air flippant quand je souris. Mon éclat de rire me surprend mais n’entache en rien mon humeur maussade. Je n’aime pas le plan de ce soir, je n’aime pas flirter avec l’inconnu et il y a toujours une possibilité que tu m’entraîne dans un traquenard où je ressortirai les deux pieds devant. Ce ne serait pas dans ton intérêt de m’éliminer de la partie, nos affaires marchent bien, on commence à engendrer pas mal de fric mais tu as l’esprit le plus tordu que je connaissance alors je ne serais pas étonné que tu décides de renverser le plateau d’échec pour mettre en place une toute nouvelle stratégie.

Dernier coup d'œil dans le miroir de mon appartement et à la boîte de pilules qui traîne depuis plusieurs semaines sur la tablette de la salle de bain. Aucun signe d’une crise depuis trois jours, je sais que ça peut tomber à n’importe quel moment, à la moindre contrariété mais je ne peux pas me permettre de débarquer en mode zombie. Autant directement me faire tatouer une putain de cible sur le front. Je peux sentir les basses de la fête qui bat son plein dans le club sous mes pieds. J’espère pour toi que tu as une bonne raison de me faire louper une très bonne soirée, Carino. Veste en cuir enfilée autours de mon uniforme habiituel, t-shirt et jean noir. On ne change pas une équipe qui gagne. Glock glissé dans mon dos sous ma veste, couteau logé le long de mon mollet, invisible sous mon jean et un poing américain dans la poche de ma veste. Comme je ne sais pas trop ce qu’il m’attend, je préfère être paré à toutes les possibilités. Je rejoins ma voiture qui porte encore les stigmates de ma dernière crise, gouttelettes de carmin qui sont venus décorer le tableau de bord dans une œuvre abstraite et morbide. Je m’en occuperai plus tard, tant que c’est mon propre sang qui orne le cuir de ma voiture, on peut dire que ça peut attendre. Les flics ne pourront pas me coffrer pour m’être moi-même cassé la gueule. Je fais vrombir le moteur, lance la musique et traverse les rues désertes de Los Angeles sur des rythmes psychobilly. L’avantage de me faire convoquer à cette heure entre fin de nuit et début de matinée c’est que je ne suis pas emmerdé par le trafic, je traverse la ville en un temps record jusqu’à une boutique de fleurs qui a l’air déserte. Je suis sur le point de chopper mon téléphone pour te demander à quel moment tu t’étais sentie pousser des ailes au cul au point de te foutre ouvertement de ma gueule mais du mouvement attire mon regard dans la ruelle attenante. Un groupe de mecs visiblement éméché ri fort et marche de travers en revenant jusqu’à l’avenue principale. Mais dans quoi t’es en train de m’attirer fratello…

Je m’arrache de ma voiture avant de changer d’avis et de faire demi-tour pour aller me bourrer la gueule dans mon club. Je pénètre dans la ruelle qui est maintenant déserte et observe un autre petit groupe sortir. J’attends qu’il me dépasse en triturant la petite croûte qui s’est formée sur mon nez quand celui-ci à malencontreusement percuté mon volant. Quand je suis de nouveau seul, j’avance jusqu’à la porte qui s’ouvre à mon approche grâce à la caméra qui se situe sous le toit. Je m’apprête à expliquer ma présence mais celui qui doit servir de vigile me fait entrer sans poser de question. Je suis accueilli par une tornade blonde qui arbore plus de paillettes vertes sur son visage que tous les irlandais réunis. Mon regard scanne rapidement les lieux, mon corps se crispe quand le maître des lieux passe un bras autour de mes épaules en me collant un cocktail de la même couleur que son rouge à lèvre entre les mains. Il me dit que j’ai l’air d’en avoir bien besoin et bizarrement, il me fait rire alors que j’aurai eu envie d’abattre n’importe quel autre type qui se serait permise ce genre de comportement avec moi. J’avale une gorgée sucrée bien imbibée de rhum et me laisse guider à travers les rideaux de velours et les couloirs envahis de fleurs multicolores. Finalement, le blond m’adresse un clin d'œil en m’ouvrant une porte. Je pénètre dans la fosse aux lions et retient de justesse un soupir de soulagement en reconnaissant toutes les personnes autour de la table. Chicago n’est pas à côté de Los Angeles mais les conventions des grands méchants des États unis m’a déjà fait rencontrer les représentants qui ont l’air aussi ravis que moi d’être ici. Le rire de Sergey s’élève dans les airs.

Vinnie ! Alors les rumeurs sont vraies, tu es encore en vie. C’est ton paternel qui doit être déçu.

Son rire gras m’irrite mais je rentre dans mon rôle sous ton regard qui ne me lâche pas d’une semelle. Le message est clair, je n’ai pas le droit à l’erreur. Alors je me contente de lever mon verre et de me diriger vers la dernière place vide.

Sergey, je ne dirai pas que c’est un plaisir de te revoir. Hans, toujours aussi chaleureux à ce que je vois.

Ce dernier ne relève même pas un regard vers moi et continue d’envoyer un nombre impressionnant de messages du bout des doigts. Une seule personne ici connaît mon histoire, une seule est un véritable danger et elle me scrute depuis l’autre bout de la table, un sourire mauvais aux lèvres. Les Russes ne sont pas nos copains, on peut même dire qu’on se livre une guerre sanglante dans plusieurs villes mais je sais que Sergey ne balancera pas mon sale petit secret. Il a tout de suite compris en voyant ma tronche que ça lui donnait du pouvoir sur moi et il va garder cette balle bien précieusement pour plus tard.

Alors Vinnie, t’aime l’endroit ?

Je lui offre mon plus beau majeur levé en sirotant mon cocktail, faux air décontracté alors que j’ai envie de lui planter mon couteau dans la carotide pour lui faire ravaler son putain de sous entendus. Pour éviter tout excès de violence qui pourrait déclencher un règlement de compte qui détonnerait avec le lieu que tu as choisi, je me tourne vers toi faisant sortir ce cazzo de russe de mon champ de vision.

Alors carino, tu t’expliques ? Qu’est ce qu’on fout là ?

@Siegmar Luther
Siegmar Luther
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Siegmar Luther
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#  (vince) supermassive black hole EmptySam 4 Mar - 18:41
Un quart d'heure s'écoule, en même temps que l'équivalent d'une bouteille de vodka avalée par la caricature du mafieux russe. Il rit gras, parle gras, mais je sais que je peux lui faire confiance. Opinion un peu plus mitigée néanmoins quand il s'agit d'Hans, ses pattes toutes fines et ses doigts qui pianotent trop vite sur son écran, occupé à distiller ses ordres à l'ensemble de ses légions, comme s'il les surveillait encore. Ça avait été un sujet de discorde, il y a des années de cela. Ray m'avait raconté. Tonton avait voulu lancer son premier service de livraison, pour limiter les allers et les retours à la sortie de son entrepôt et ne pas s'attirer l'attention des shérifs. Il n'avait pas encore réussi à se mettre toutes les étoiles dorées et tous les gyrophares dans les poches, alors il voulait faire attention. Hans avait cru bon, allié proche du vieux Reiner, de lui distiller quelques leçons sur la façon dont on s'occupait d'employés, comme si Treasureland n'avait pas en son temps une équipe entière de vendeuses et de vendeurs. Mais Hans avait insisté : là, c'était différent, on parlait d'affaires illégales et de liaisons avec la pègre. Il fallait des profils discrets mais suffisamment robustes pour ne pas se faire dépouiller. Des mecs souriant quand on leur faisait des vannes à la con, mais capables de tirer la gueule et de se montrer menaçants aussi. Et surtout, avait-il dit en appuyant sa main sur l'épaule du vieux Ray, s'exprimant par la même occasion en allemand, langue commune à leurs affaires et à leur histoire, il faut impérativement que tu les aies dans la poche, qu'ils te craignent comme ils avaient peur du croque-mitaine, qu'ils soient toujours sur le qui-vive. Tu dois leur donner l'impression d'être Big Brother, de les surveiller en permanence. Pour ça, tu communiques efficacement et en quantité. Personne n'avait jamais trop su comment la soirée s'était achevée, on avait juste retrouvé des bouteilles vides et éclatées, Ray et Hans chacun arborant une cicatrice de coupure sur la joue. Si celle de l'oncle s'était cachée sous une épaisse barbe au fil du temps, Hans arborait la sienne sur sa peau blafarde et bien trop fine, et s'en servait sans aucun doute comme un apparat de plus à son costume de super vilain. Toujours est-il qu'Hans ne parle pas beaucoup, avec sa voix haut perchée et son accent à découper de ce même couteau qui lui avait éraflé le visage. Silence en face de moi, donc, puisque l'allemand prenait un malin plaisir à s'échapper dès le dernier mot lancé, et que la proximité avec la porte représentait donc un atout de choix lorsqu'il devait s'asseoir. Sergey, à ma gauche, ricanait en russe puis en anglais, sans qu'on sache vraiment trop ce qu'il tramait. Et j'occupais la place de mon oncle, entre deux rideaux pliés, comme dans un lit à baldaquins, représentant du trafic d'art et de l'un des plus gros espaces de stockage de la côte ouest. Reiner Luther s'était imposé aux côtés des légendes, rivalisant d'astuces en poker, de facilités mathématiques et de cette même langue dorée qu'il m'avait transmise, celle qui distillait un milliard d'anecdotes à la seconde pour noyer les poissons et étouffer les menaces. Ray était nimbé d'une lumière qu'il m'avait transmise à la seconde où j'avais récupéré le trousseau des clefs de Treasureland. Lumière qui se déporte brièvement sur le rideau, porte qui s'ouvre, la musique qui pénètre dans la pièce en même temps que toi et ta démarche assurée. Tu avances en terrain conquis, alors que j'aurais été prêt à parier que tu aurais soit faussé compagnie à l'assemblée, soit que tu m'aurais décoché un vrai regard assassin pour me punir du blond aux mains baladeuses qui t'avait entraîné jusqu'à nous. Signe de tête à Napoleon, menton baissé pour le remercier, verre plein apporté en même temps que toi par un type brun qui vous a suivi, et je lève mon whisky à sa santé. Il s'en va dans un éclat de rire que l'on n'aurait pu prêter qu'à l'émissaire des fleures, le prêtre floral, Pan personnifié qui déjà disparaît derrière le rideau et la porte fine. "Signore Di Natale, bienvenue parmi nous." Je t'adresse un fin sourire. Recherches concluantes, mes petits oiseaux qui se sont baladés dans la ville pour extirper un maximum d'informations. Zones d'ombres qui persistent, tout ce que je retiens c'est le prénom de ton père, Angelo, et ta déchéance. Plusieurs interrogations subsistent. Pourquoi Los Angeles, pourquoi cette soudaine colère de ton père et des tiens, pourquoi l'éclat noir dans tes yeux ? Beaucoup de questions, très peu de réponses, et j'ai hésité à solliciter l'assistance d'une corneille, comme Ray appelait les détectives privés, oiseaux plus gros, plus vicieux, qui trouvent toujours une solution. Un cadavre dans une rivière ? Sans doute un type qui a glissé, ou alors, si l'homicide est reconnu, on trouve le coupable parfait, un ouvrier sans le sou qui n'aura pas le bon avocat, par exemple. Les corneilles trouvent des témoins pour appuyer leurs versions, des prostituées rémunérées plus grassement que s'il s'agissait d'une simple passe, une soudaine disparition des fichiers d'enregistrement vidéo. Corneilles aux plumes de jais, rapaces qui me brouillent la vue quand j'écoute Hans marmonner quelques mots, enregistrement vocal sans doute à l'un des bras droits, la langue qui joue les pieuvres et étale ses tentacules dans mes oreilles, m'empêche d'assister à vos retrouvailles avec le grand Russe à l'hilarité aussi lourde que ses muscles, ou que ses rides sur son front. Je note dans un coin de ma tête que tu es extrêmement familier avec mes deux autres convives, puisque tu n'as pas porté un seul regard interloqué sur Hans et son regard baissé sur son écran blanc, ni sur le polo prêt à éclater de Sergey, ses veines qui apparaissent sur chaque morceau de peau, prêt à rompre un cou à chaque instant.

Doigt d'honneur qui fait ressortir un gros anneau argenté que je n'avais pas encore remarqué sur tes phalanges. Un détail de plus que j'annote dans le dossier Vince de Venice, fichier que j'alimente à chaque rencontre. Trois entrevues, deux à mon initiative, une que tu m'as mise sous le nez sans me laisser trop le choix, débarquant dans ma boutique avec ta tête de tigre à dents de sabre. Je souris. "Merci d'être venus ce soir, messieurs." Les remerciements, la formule habituelle, le début de chaque discours, l'introduction de chaque rencontre, comme Ray me l'avait appris. Professeur de langues, de sport, il s'adonnait à toutes les leçons possibles. L'académie de la pègre en dix ans et autant de classes. "On ne va pas tourner autour du pot longtemps, Sergey, Hans, je sais que votre temps est précieux." Clin d'oeil à peine dissimulé pour m'amuser de toi. "Vincenzo, je ne te présente pas mes amis, je crois savoir que tu les connais." Comme ça, tu sauras que je note chaque détail, chaque coïncidence, chaque hypothèse. Que je retiens chaque mot, chaque réaction, chaque sourcil dressé, chaque sourcil en coin et chaque fois que tu serres les poings, comme à Treasureland quand tu t'évertuais à ne pas me fracasser pour de bon. Pourquoi, d'ailleurs ? Par peur des hypothétiques caméras ? Par peur de te retrouver dos contre le torse d'un ami soviétique ? "Situation de crise qui nécessite une réunion de crise. J'espère que vous avez apprécié le Bouquets, Napoleon est un gros client de chacun d'entre vous et son club est... particulièrement lucratif." Pilules colorées vendues au propriétaire lui-même, dieu amateur des fantaisies et des fantasmes, quand ce n'était pas pour ses clients qui grillaient des herbes folles à l'arrière du club, dans cette ruelle adjacente, le rire alcoolisé, rails blancs qui se faisaient à côté d'un cactus ou d'un épicéa nain, dans les salles de bain secrètes, portes cachées derrière les portes, rideaux partout pour couvrir les traces des pêchés de chaque membre. "Le clan de Mario a fracassé deux de mes livreurs." Pas besoin de préciser l'étendue des dégâts, hors de question de faire la mention d'à quel point le service de livraison était fragile depuis quelques jours. Deux livreurs en moins, l'un complètement flippé, l'autre complètement blessé, toujours dans son lit d'hôpital. Aucun signe de faiblesse. "D'après les informations que j'ai eues..." Les indices sifflotés par mes oiseaux, les rapports entrecoupés de râles de la part des deux victimes. "C'est à cause de toi, Vincenzo." Mon regard qui se plante dans le tien. Une seconde passe, tous les yeux qui te dévisagent. Se demandent si je vais jouer le requin, ou continuer à m'enfoncer dans ce deal qui est un pari morbide, finalement. "Enfin, pas tout à fait à cause de toi, à cause de moi aussi." Hans lève la tête de son écran, penche la tête. "Notre nouvelle alliance a pas mal déplu aux ritals du Sud. Je ne peux pas laisser les agressions impunies. Mario a fait son temps, c'est le moment de récupérer quelques zones du sud." Ma main qui suit ma voix, porte mon verre à ma bouche, le temps d'une interruption rapide. "Sergey, Hans, mon oncle vous a toujours fait confiance et vous avez le soutien inconditionnel de Treasureland depuis des décennies. Je suis prêt à diminuer le pourcentage récupéré sur vos ventes, ou à vous accorder plus de place dans le hangar si vous m'accordez votre aide." Mes iris font le tour de la table, s'attardent sur les verres. Sergey boit beaucoup, depuis quelques années il tient moins bien l'alcool, en témoigne son visage rougi par les liqueurs. Hans n'a pas touché à son gin. Il risque de le déglinguer d'un seul coup avant de partir. Foutues habitudes. "Vincenzo, je pense que tu peux récupérer quelques-uns des territoires aussi. On reviendra sur les détails plus tard, une fois que les Russes et les Allemands auront récupéré les zones qui les intéresse mais..." Verre fini qui tinte sur la table. "Je crois savoir que le Sud n'a jamais été votre terrain de prédilection. Je baisserais mon pourcentage en fonction de ce que vous laisserez à notre nouvel ami." La dynastie angeline des Di Natale doit s'agrandir. Je te l'ai promis, me suis rangé à tes côtés en dégotant un bon pourcentage. Tout ça pour attirer l'attention de Chicago, de ton père. Pouvoir peut-être agrandir l'offre de Treasureland. Et en agrandissant ton territoire, j'agrandis mes poches, suffisamment pour pouvoir combler, normalement, le déficit lié à la baisse des revenus générés par les troupes européennes. Fin stratège, je passe mon doigt sous mon nez, mordille doucement la peau. C'est risqué, mais pourtant je n'ai pas un seul regard agressif qui se risque à me dévisager. Hans a arrêté de tapoter ; sourcils froncés, il réfléchit. Puis écrit un nouveau message. Sergey boit à même la bouteille, sourire immense sur les lèvres. Impossible de déterminer ce qu'il pense. "Vous reprendrez une tournée, messieurs ?"

@Vincenzo Di Natale
Vincenzo Di Natale
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Vincenzo Di Natale
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#  (vince) supermassive black hole EmptySam 4 Mar - 23:51
Signore Di Natale, j’ai presque le réflexe de me retourner pour chercher mon paternel au milieu des rideaux de velours façon émission de télé réalité complètement cringe, du genre à passer en deuxième voire troisième partie de soirée quand il n’y a plus que les personnes trop alcoolisées pour regarder ces merdes. Des mafieux ennemis qui se retrouvent dans une même pièce, le dernier qui reste vivant est celui qui remportera le territoire visé. Je devrais peut-être déposer le concept de Pègre Story, je me ferais sûrement plus de fric qu’en lançant un business parallèle à L.A., et je me ferai très certainement moins chier. Mais le seul Signore Di Natale c’est moi, mon nez qui trahit un secret et mon sourire forcé, un autre. Mon père en ferait une syncope s’il me voyait, mon cocktail émeraude dans la main, dans un club vivisblement gay friendly, à la même table que ses meilleures ennemis. Mais les temps changent, Padre et tu vas très bientôt t’en apercevoir. Pour ne pas te laisser voir mon trouble, je t’adresse seulement un geste rapide du menton et me concentre sur Sergey. Ce mec est le pire psychopathe que je connaisse. Non, en fait, je crois qu’il est plus bipolaire. Il passe du russe saoul et enjoué au tueur sanguinaire en moins de temps qu’il n’en faut pour dire Za vaché zdarovié. Je l’ai déjà vu rire à gorge déployée avec un homme, lui taper dans le dos après une plaisanterie tout en lui enfonçant un Karatel dans le dos. Complètement cinglé, complètement létal malgré son visage rouge. Mais il reste un chef de clan intelligent qui ne grillera pas toutes ses cartes même pour me tirer quelques grognements. Hans, c’est une autre histoire. Je l’ai déjà croisé deux fois lors de rencontres entre famille pour tisser des alliances. Il ne parle pas beaucoup et quand il le fait c’est en allemand. Je ne capte rien à ce qu’il raconte mais tous ses hommes lui obéissent au doigt et à l'œil. Padre semblait avoir trouvé une langue commune pour signer des accords. Je ne me suis jamais intéressé aux allemands, on ne joue pas sur les mêmes tableaux, et lui ne s’est jamais intéressé à mon cul alors je ne le classe pas encore dans la colonne de mes ennemis. Je repose mon verre et laisse mon regard glisser vers toi. Ennemis, amis, entre-deux un peu flou. Tu passes d’une colonne à l’autre constamment, mettant mes nerfs à rude épreuve. Et je mettrais ma main à couper que ce soir, tu vas encore passer du rouge au vert, et par toutes les foutues couleurs de l’arc en ciel me donnant envie, à tout de rôle, de me battre à tes côtés et de me faire un nouveau blouson avec ta peau. Il serait joli d’ailleurs, ton teint à une belle couleur brun doré.

Je te laisse faire ton petit speech d’introduction, résiste à l’envie de lever mon majeur dans ta direction mais j’ai déjà utilisé cette carte avec notre ami russe et je risquerai de passer pour un gamin capricieux. Je remercie le blondinet de m’avoir foutu un cocktail dans les mains, je peux adoucir mes nerfs avec de l’alcool et du sucre. Surtout du sucre même si je sens que ma boisson va être traître et qu’elle risque de me monter à la tête si je ne fais pas attention. Je repose mon verre seulement quand tu me désignes comme le coupable du chaos de ces derniers jours. Un de mes sourcils se hausse et j’espère que tu peux voir la lueur meurtrière qui s’illumine dans mon regard. Si je me retrouve crucifié sur un pentacle sanglant au milieu de la table, soit sûr que je reviendrais te hanter pour l’éternité. Et si tu me trouves relou en ce moment, ce n’est rien comparé à ce que mon fantôme te fera vivre. Je ne sais pas si tu sens la tension émaner par vagues dévastatrices de mon corps mais tu reprends ton discours, détournant par là même l’attention de nos amis européens. J’ai de nouveau envie de te frapper mais ce que tu es en train d’expliquer m’intéresse. Je range donc ma rage dans ma poche et pose mes coudes sur la table. Mes yeux rétrécissent au fur et à mesure de tes demandes. Je ne sais pas trop comment réagir et je sais que je n’aurais pas de seconde chance.

J’ai l’impression d’être la cinquième roue du carrosse, d’être le petit binoclard empoté qu’on choisit en dernier pour faire un foot. Tu gères la partie financière, offre de nouveaux territoires aux autres clans pendant que je récupère les restes. je ronge mon frein dans mon coin, regrette presque de n’avoir pas avalé une fichu pilule avant de partir. Mon regard ne croise jamais celui de Sergey parce que je sais qu’il aura ce qu’il faut de condescendance pour me faire partir en vrille et foutre en l’air ta réunion de famille. Je termine mon verre, acquiesce ta proposition parce que bordel, j’ai vraiment besoin d’une bonne dose d’alcool pour me contrôler. Puisque tu es maître des négociations et que visiblement, je n’ai pas mon mot à dire, je quitte la table, m'éloigne de quelques pas, cherche une fenêtre qui n'existe pas. Je recule de plusieurs pas, pose mon dos contre le mur du fond et allume une cigarette. Le russe qui a suivi mon mouvement m'interpelle de loin alors que j’observe la scène depuis mon nouveau poste d’observation.

Allez Vinnie, boude pas. On va te laisser quelques rues pour faire mumuse.

Tout mon corps se tend. Je sens la crise de profiler, les picotements dans le bout des doigts. Un voile bordeau se pose délicatement devant mes yeux et je sais que si je bouge le moindre membre, plus rien ne pourra m’arrêter. Je vais fondre sur ce fottuto stronzo, lui arracher sa langue et lui fourrer nel suo culone. J’ai envie de lui agrandir son sourire à grand coup de lame en acier mais je ne bouge pas, gentil nouveau cucciolo que je suis. Le russe me fixe, l’allemand jette rapidement un coup d'œil par-dessus son épaule. Pas de verres qui volent dans les airs, pas d’insultes qui fusent, pas de coups qui partent dans des craquements d’os sinistre. La crise reste présente au creux de mes poings mais elle se calme face à l’absence de nouvelles provocations. Je fume sans quitter le fond de la pièce, écoute d’une oreille ce qui se dit et regagne la table seulement quand un verre est apparu à ma place. Mon mégot termine dans mon verre vide pendant que je vide un tiers du nouveau pour faire descendre la boule de nerf qui s’est formée dans ma gorge. Les discussions continuent autour de la table, l’ambiance n’est pas tendue même si les visages sont graves. Et tout aurait pu bien se passer si notre ami en commun n’avait pas fait la réflexion de trop.

Et Vinnie, tu nous offres quoi pour te laisser un bout du gâteau ? Ton petit cul de rital ?

Pas de picotements dans les doigts, pas de bourdonnements dans les oreilles, mon trouble explose sans même que je puisse retenir mon bras. Il attrape l’arme dans mon dos et le pointe en direction de la tête du russe qui éclate d’un rire gras qui me donne envie de tirer dans son crâne dérangé.

Va-y connard, redis moi ça !

Mon flingue pointe le russe, l’allemand vise ma tête et quand Sergey se lève à son tour, je me retrouve avec deux canons qui pointent sur ma belle gueule. Je ne flanche pas pour autant, sourire carnassier aux lèvres. On accède pas à la pègre en ayant peur de la mort, ils me rendaient même service à me dézingué maintenant. La scène aurait pu tourner au carnage si ta main ne s’était pas abattue sur mon poignet pour me faire baisser mon arme.

@Siegmar Luther
Siegmar Luther
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#  (vince) supermassive black hole EmptyDim 5 Mar - 1:23
Finalement, j'aurais bien pu naître en Irlande. Terre de lutins et d'arc-en-ciels, de trèfles et de légendes, les terres irlandaises avaient abrité au fil des siècles bien nombre de mythes qui continuaient de subsister encore aujourd'hui. Entre trois monstres poilus et quatre trolls barbus, il y avait Ava O'Farrell, si c'était bien ce nom-là qu'elle utilisait aussi. J'allais pouvoir le vérifier tôt ou tard, en regardant les registres d'entrée du Bouquets. Ava était de celles qui ne passaient pas inaperçues, pas grâce à une robe chaloupée ou à un clin d'oeil séducteur, mais plutôt du fait d'une chevelure rousse ébouriffée qui la suivait comme une tempête, juste avant que ce ne soit les vrais orages irlandais qui prennent forme et qui viennent dévaster des cités entières. Ava se faisait appeler Veronica à son arrivée aux Etats-Unis, sa main d'adolescente qui glissait dans celles des gardes du corps de son papounet, chef de file de la mafia irlandaise venu reprendre les quartiers d'un frère décédé, s'emparant par la même occasion de la Grosse Pomme. On n'avait jamais trop su ce qu'il s'était passé, mais à vingt-cinq ans, elle avait mis ses doigts tout entiers sur Los Angeles, faisant par la même occasion un ultime câlin à son papa qui avait succombé à des conflits internes quelques temps après. Ava était la cheffe de file des murmureurs, l'une de celles dont la gloire avait germé en même temps que la mienne, nous rendant complices par la même occasion. Elle savait parler aux oiseaux pour obtenir toutes les informations qui l'intéressaient, avait ramené dans ses ourlets de pantalon des dizaines de drogues différentes, et même de l'alcool, sans jamais franchir le cap d'ouvrir son propre bar. Elle s'était spécialisée dans les élites, offrant ses services aux plus riches des plus riches, et de son succès fulgurant jusqu'à son penchant pour la terreur, elle avait pas mal de choses en commun avec toi. Ma main sur ton poignet l'avait fait descendre, au bout de quelques lourdes secondes, mon regard vous torpillant tous les trois. "On va arrêter la bataille tout de suite, les enfants." Le ton un peu trop affirmé sans doute, mais ça aussi, c'était l'héritage de tonton Ray. De la cicatrice sur la joue de Hans jusqu'aux mains sur les épaules de Sergey, sans compter les innombrables photos de famille très souriantes réalisées avec ceux qui étaient venus réclamer du terrain et avaient fini par le perdre, pour le bénéfice d'une autre dynastie. "Si vous continuez de jouer les connards, vous sortez d'ici tout de suite. Je ne veux pas risquer de perturber la soirée de notre hôte, et vous n'avez pas l'air prêts à danser en vous donnant la main." Hans est le plus lent à ranger son arme, avant de repartir sur son téléphone portable, une nouvelle étincelle mauvaise sur les cils. Sergey se laisse retomber lourdement sur sa banquette, dans un soupir. Il n'est plus dans la fleur de l'âge, ne se sent plus trop sans doute à faire la course face aux jeunes étalons. Pour ce que j'en sais, il pourrait bien y avoir toute une escouade meurtrière à la sortie, et celle-ci ne serait pas forcément signée Mario. La porte se referme en claquant, d'un simple coup de talons rouges. Ava est finalement bien la dernière à faire disparaître son flingue, Sergey en joug qui peut respirer de nouveau, alors qu'elle glisse son arme dans une poche cachée d'une lourde veste en cuir marron. Elle est aussi la seule apprêtée pour se fondre dans le décor du Bouquets. Ce n'est sans doute pas sa première soirée ici. Probablement pas la dernière non plus, même si vos égos ont décidé de se donner en spectacle pour faire concurrence aux rythmes langoureux de la musique à chaque ouverture de la porte. Je me rassois, te laisse dans ton coin fulminer, maudissant sans aucun doute la soirée où tu étais venu frapper à ma porte, insultant au passage quelques générations d'autrichiens. Voix basse, à peine plus menaçante aussi. "Sergey, encore une blague de ce goût-là et je distille ma vodka au potcheen." Léger éclat de rire qui sonne comme une cloche, tornade rousse qui se saisit d'une chaise, l'écarte de son chemin, se glisse le long de moi. Me chuchote quelques mots à l'oreille. Évidemment qu'elle serait ravie de se débarrasser des Russes. Ça fait des années déjà que leurs langues s'entremêlent dans un borborigme presque douloureux pour les tympans les plus avisés. Je ricane doucement, inspire quelques notes de son parfum, mélange de miel torturé et de liqueur torturante. Elle a sans doute bu un verre au bar, accosté quelques types ou quelques nanas, s'est peut-être même risquée sur la piste. Déhanché qui ne lui a pas permis tout de suite de nous rejoindre, attendant la vibration d'un message dans sa poche ; si tant est qu'il y ait une poche sur sa robe du soir, un ensemble de tissus complètement déchiré qui a pourtant un charme certain, comme les objets de la boutique. "Messieurs, vous connaissez sans doute Ava. C'est une conseillère avisée et une grande amie de Treasureland. Nombre de nos marchés n'ont été scellés et fructueux que grâce à son intervention précieuse." Geste du cou, tête qui s'incline, comme pour me dire que j'en fais trop. Je sais qu'elle adore ça, pourtant. "Qu'on soit bien d'accord, tous les quatre. Il est hors de question de laisser à Vincenzo quelques petites rues au hasard. Hans..." Il ne lève pas tout de suite les yeux de son écran, les messages qu'il reçoit ou envoie étant sans doute bien plus intéressants que la conversation que je m'efforce de mener. Alors ma main tape sur la table, un coup fort, sec, de la paume toute entière, fait vibrer le contenu des verres, sans faire disparaître pour autant mon sourire des lèvres, amical.

Je déteste les bruits sourds. Sans doute une des nombreuses raisons pour lesquelles je ne m'aventure que très rarement - c'est à dire, le moins possible - sur le terrain. D'aucun dirait que c'est une façon de rester les pieds bien vissés sur mon perchoir doré, à l'abri de tout au pays des reliques magiques. Ils ont irrémédiablement fini sans la langue, ou alors avec juste un bout en moins. Courtoisie de n'importe laquelle des bandes qui formaient une garde rapprochée, protégeant les grands espaces de stockage de Treasureland et les contrats historiques formés avec mon oncle ou avec moi, selon l'âge des dirigeants. J'étais le spécialiste des nouvelles familles, de la jeunesse connectée, de tous ces gamins arrivistes et insolents qui voulaient une grosse part de fromage. Lui avait maîtrisé les cadors, leurs us et coutumes, avait imposé son règlement et sa conduite sans jamais leur laisser l'opportunité de déroger. Alliage savant donc qu'avait formé au fil du temps le duo Luther sur la ville. Je déteste les bruits sourds, donc. Et pourtant, ça avait eu l'effet escompté, l'Allemand levant les yeux au-dessus de ses genoux, exceptionnellement. "Tu comprendras facilement que je ne diminuerais aucun de mes bénéfices si c'est pour récupérer des noisettes. Et si tu penses que ce n'est qu'une affaire d'argent, ne viens pas chialer à ma porte le jour où Mario décide de défigurer ta fille. Ça vaut aussi pour toi, ta femme, vos jumeaux, Sergey." Le visage qui dévie, trouve sa nouvelle cible. "Les Russes occupent déjà une grosse partie de la ville. Il est temps de donner sa chance à du sang neuf. Vous diviserez le Sud de Mario en deux parties égales, et les Italiens..." Léger fou rire qui pointe, que je réprime, Ava à mes côtés qui lustre la crosse orangée de son Glock, ou plutôt de l'un de ses Glocks. "Je veux dire, les Italiens qui ne dépendent pas de Mario, mais bien de Vince, récupéreront la moitié." Je ne tends pas la main pour sceller un deal, puisque je sais d'avance qu'ils n'auront pas le choix que de me laisser trancher pour de bon. On frappe à la porte, tout le monde se détend et tu reviens même à table, en face de moi, ton regard continuant de me transpercer comme si j'avais promis ta tête à un prix très réduit. Une des dames fleurs de Napo qui arrive avec de beaux sachets glissés le long de son long manteau transparent, qui ne cache pas grand-chose de ses sous-vêtements en cuir. Sourire de mon côté, Ava qui ronronne très fort, puis éclate de rire, faisant par la même occasion se dérider le grand Russe ; sachets qui glissent sur la table, atterrissent devant moi. Des billets retirés dans un sachet en plastique, et un sac d'osier dont la ficelle s'enroule autour de mes doigts. Je glisse mon argent dans ma poche, petite démonstration de force involontaire - ou l'est-ce vraiment ? - puis défait pour de bon le noeud de corde, laisse s'échouer sur la table de lourds jetons de poker et un paquet de cartes arborant la même enseigne que Treasureland, un oeil et des cils de chaque côté. Je me défais de mon propre flingue pour le glisser entre l'irlandaise et moi, seule alliée de confiance à cette table tant que je n'ai pas cerné exactement tes intentions et ta volonté de me tuer ; les deux autres sont trop anciens, trop habitués à mon sourire et aux angles que j'arrondis. Ça ne m'empêche pas, cartes battues entre mes mains, de glisser contre Sergey, de lui glisser quelques mots à l'oreille qui font disparaître pour de bon ses dents derrière ses épaisses babines, assez fort pour que tu les entendes, mais le volume dosé pour ne pas que l'Allemand me dévisage. Il ne tarde pas trop à se lever, d'ailleurs, à enfiler sa veste de costume, puis son manteau, une écharpe, à tendre une main pour taper au centre de la table, comme il le fait toujours. Légère révérence. "Ravi de savoir qu'on a un nouveau deal, Hans. Je t'enverrais les chiffres et les détails demain." Je contiens un bonne nuit ironique et forcé, empêche aussi mes doigts de s'agiter dans l'air comme pour renforcer la moquerie en mode coucou, me contente de le laisser partir dans un grognement que je ne discerne pas. Porte qui s'ouvre, nouvelles mélodies qui se déversent, et pourtant la musique se tait avant que le bois ne soit rentré dans son cadre, avant que le rideau ne se soit déplié de nouveau. Fermeture du Bouquets. "Messieurs, madame, cette nuit est à nous. Si vous voulez boire, manger, ou n'importe quoi d'autre, on trouvera un moyen de vous sustenter." Je ne cherche plus à capter ton regard, tu dois m'ignorer obstinément, ou m'en vouloir de m'être interposé, de vous avoir empêché de repeindre les rideaux verts en d'intenses pétales rouges. Un clin d'oeil à Ava et elle passe sur mes genoux pour atterrir de l'autre côté, échanger sur quelques différends russo-irlandais avec Sergey et son visage toujours plus cramoisi. J'entends qu'elle vocifère, discerne même quelques obscénités qui le font devenir encore plus rouge. Elle a de la poigne, c'est une harpie qui ne joue les colombes qu'avec moi. Parce qu'elle se sait en sécurité. Parce que j'ai suffisamment joué au poker avec elle pour savoir quand elle bluffe. Je me déporte sur la droite, tente une ultime fois de capter l'onyx dans tes yeux. Avec succès, cette fois. "Smettila a rimuginare quando ti offro tutto l'oro del mondo su un vassoio." Duolingo a été pas mal utile ces derniers jours, je l'avoue. En partie parce que je voulais pouvoir décimer la famille de Mario sur des générations et leur dire des derniers mots humiliants, en ridiculisant les leurs. On ne touchait pas à mes gars, et je m'étais lancé dans une vendetta qui avait pour objectif principale de les rayer de la surface du monde, de les effacer de l'Histoire. "J'en ai rien à foutre de ce qu'ils pensent de toi, mein hase. Tu es venu me voir parce que tu veux des ailes, je te les offre, alors arrête de me manquer de respect et comporte toi comme un adulte. Scheisse." Les yeux en l'air alors que je distribue les cartes, mon ancienne place définitivement abandonnée à Ava qui roucoule et rugit d'une seule et même voix, alors que son pistolet n'a jamais été aussi brillant sous mes yeux.

@Vincenzo Di Natale
Vincenzo Di Natale
I see fire
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Vincenzo Di Natale
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#  (vince) supermassive black hole EmptyDim 5 Mar - 10:17
La colère gronde encore dans mes oreilles, bruit sourd qui ressemble au ronronnement d'un moteur bien huilé, qui m'accompagne depuis mon plus jeune âge. Chez les Di Natale, être impulsif, colérique, violent n'est pas une tare. C'est plutôt même un pan de personnalité qui fait de vous un leader né, un homme qu'on craint, qu'on respecte pour ne pas finir dans un congélateur en version sashimi. C'était une fierté pour mon père de me voir si différent de mes sœurs, si douces en apparence parce que si on prenait le temps de savoir ce qui se cachait derrière leurs airs angéliques, on comprenait très vite que la terreur n'était pas qu'une affaire d'hommes. Mes sœurs sont plus discrètes mais pas moins dangereuses. C'est ma mamma qui m'a traîné chez des médecins, des psys et tout un tas de connards qui m'ont fait passer des examens aussi inutiles qu'hors de prix. Selon elle ce n'était pas normal de se faire mal aussi fréquemment, de ruiner ses articulations contre des murs, de piquer des colères noirs à chaque contrariétés, d'être incapable de se contrôler pour une réflexion anodine. Le verdict était tombé assez vite, posé par un psy aux fortes intonations françaises, puis confirmé par trois de ses collègues. Mamma qui s'inquiète, papá qui se vante auprès de ses amis d'avoir donné naissance à un monstre. Le mythe du petit prince sanglant était né et je venais de lui ajouter un chapitre ce soir. Bien que il n'y aurait pas de fin digne d'un Tarantino pour clôturer ce conciliabule de malfrats. Mais je suis sûr que tu pourras arranger ça dans tes mémoires, donner plus de punch à cette soirée, plus de couleurs.

Tes doigts sont toujours posés sur mon poignet, avertissement qui me brûle l'épiderme et me donne envie de retourner mon arme contre toi, juste pour voir si un éclat de peur peut s'accrocher à tes cils. La porte s'ouvre sur une créature rousse, bien connue du milieu elle aussi. Je n'ai jamais eu le plaisir, ou la chance, de la rencontrer mais Ava a une réputation qui tient presque de la légende. Robe moulante, talons aiguilles qui font balancer ses hanches à chaque pas, flingue coloré pointé en direction du russe. C'est donc ton joker pour la soirée, ton dernier argument pour tenir tous les égos en laisse et éviter que ce club ne fasse les gros titres des journaux demain matin. Bien joué, Carino, malin. Je baisse mon arme, effet domino pour que tout le monde reprenne sa place autour de ta table ronde, roi qui se pare d'un nouveau chevalier qui n'a en commun avec la dame du lac qu'une couleur de cheveux. Les restes de la crise s'accrochent encore à mes pores, font poindre un mal de crâne qui ne passera qu'avec une nouvelle salve de cachets colorés. Je repars faire des cents pas dans mon coin pour me calmer, faire baisser l'adrénaline qui m'entraîne vers une pente glissante et surtout sortir de ton champ de vision le temps que tu finisses les négociations.

Ta voix s'élève de nouveau, seul chant de sirène pour mener à bien cette réunion sans créer une rivière de sang au milieu des fleurs. Quoique j'aime plutôt bien l'esthétique. Tout le monde s'accorde pour ma laissée gérer la moitié du sud, je devrais me réjouir de mettre la main sur un nouveau territoire prometteur mais je garde quand même un arrière goût d'humiliation amère au fond du palais. Tu négocies pour moi, tu me trouves des territoires, je ne donne pas deux jours avant que Sergey ne fasse dire à ses moutons que je suis passé sous le comptoir de Treasureland pour avoir tes faveurs. Je reprends ma place sur ma chaise, termine mon verre d'une seule traite et apprécie la chaleur du rhum qui réchauffe mon ventre. Hans quitte la table, tu te rapproche du russe avant de revenir à mes côtés. Je ne suis pas assez naïf pour ignorer que tu vas tenter de compléter ma fiche avec les informations qu'il a sur moi. Reste à voir qui lui fera la meilleure offre pour récupérer le butin ou sceller à tout jamais le coffre. Avant de repartir, je commande un nouveau verre à la jolie fleur tout en transparence et m’obstine à garder mon regard fixé sur les jetons qui s’étalent sur le centre de la table. Pas la peine de me lever, tu ne me laisseras pas quitter les lieux sans une petite mise au point. Elle arrive à mes oreilles, et dans ma langue natale. J’apprécie l’effort Carino, même si tes intonations germaniques enlèvent tout le charme aux roulés italiens.

Tutto l'oro del mondo non vale le mie palle, mio caro

On va voir à quel point tu as pratiqué ton italien ces dernières semaines. Je rapproche ma chaise de ta place, je ne veux pas élever la voix, donner l’impression d’un différend entre nous. Ca serait ouvrir une faille dans laquelle notre ami russe sauterait à pied joint, trop content de pouvoir continuer à distiller son poison pour ternir notre accord. Un nouveau verre est déposé sous mon nez, clin d'œil de remerciement à la serveuse qui est suivie de près par le regard d’Ava qui continue tout de même de distraire son petit monde à grand coup de remarques salaces teintées d’injections de terreur. Malgré mon air maussade, elle arrive à me tirer un demi sourire auquel elle répond à son tour par un clin d'œil. Danse du corps bien plus importante que tous les mots qui pourraient être prononcés ce soir. Le moindre tressaillement de muscle peut vous faire ressembler à une passoire à spaghettis en un battement de cils ou au contraire, vous attirer les faveurs de l’assemblée.

Si je t’avais manqué de respect, j'aurais refait la déco avec la cervelle de Sergey. Si j’ai baissé mon arme, c’est uniquement pour tes beaux yeux alors me fait pas trop chier, Carino.

Nouvelle gorgée qui commence à engourdir mes lèvres. Ce sera donc mon dernier verre. Je ne peux pas me permettre d’être saoul avec un russe autour de la table. Un moment d'inattention et je pourrais ne plus jamais revoir la lumière du jour. Je sort une nouvelle cigarette, bout camel qui se glisse entre mes lèvres, nicotine salvatrice qui a le pouvoir d’adoucir mes nerfs. on se décolle légèrement, fait glisser les cartes que tu distribues devant moi même si j'ai autant envie de jouer avec vous que d’avaler une poignée de verre pilé. Sergey a arrêté les sous-entendus, muselé par la rousse qui ne le lâche pas d’une semelle. Je profite de cette distraction pour te souffler encore quelques mots, en même temps que ma fumée blanchâtre.

La prochaine fois que tu veux m’offrir des plumes supplémentaires, brief moi avant. Je suis passé pour un cazzo à dépendre de toi pour les négo. Si je récupère des territoires mais que je perds ma crédibilité, è inutile parce que je vais me faire descendre avant qu’on puisse récupérer le moindre billet.

Je jette un coup d'œil à mes cartes, empile mes jetons dans des tours parfaites qui trônent à ma gauche. Je tire sur ma clope, sature mes poumons de nicotine pour intimer le calme à tous mes sens. Je soupire, passe une main dans mes cheveux pour les remettre en arrière, une mèche rebelle retombe sur mon front malgré la gomina à l’ancienne que je continue d’utiliser comme un putain de cliché du mafieux italien. Mais ça excite les femmes alors je ne vais pas me passer d’un atout de taille pour maintenir tous mon palais des illusions.

Je peux te fournir des hommes pour remplacer temporairement tes livreurs abîmés.

Main tendue en contrepartie de ce que tu viens de faire. Je n’ai pas encore beaucoup d’atouts dans ma manche mais je ne compte pas passer pour un de tes soumis.

Siamo partner Carino, è dare e avere.

Du mouvement attire notre attention de l’autre côté de la table. Ava quitte le russe qui menace d’exploser à tout moment tellement son visage est rouge. Je me demande comment il fait pour continuer de respirer avec cette tronche là. Lui aussi regarde ses cartes et continue d’enchaîner les shots de vodka pure. Inconscient ou beaucoup trop en confiance pour craindre une attaque, je n’ai pas encore choisi quelle étiquette coller à ce connard. Les doigts de la rousse glisse sur mon épaule avant que poitrine généreuse vienne se reposer sur le haut de mes dos, ses bras autour de moi comme des lianes épineuses. Mots susurrés comme un vilain secret à mon oreille pour que personne d’autre que moi ne puisse entendre.

Ça faisait longtemps, Vincenzo. Ne t’inquiète pas, Sergey ne dira rien.

Son rire me donne froid dans le dos. Et après tu oses dire que c’est mon sourire qui te fait flipper. Tu ferais mieux de regarder tes amis de plus près. J’esquisse un sourire, dépose un baiser sur le dos de sa main avant qu’elle ne me libère pour disparaître de la salle, sûrement à la recherche de la serveuse habillée comme pour participer à une soirée BDSM. Je ne serais pas surpris que cette soirée batte son plein en ce moment même dans un des salons privés de l’établissement.

@Siegmar Luther
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Siegmar Luther
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#  (vince) supermassive black hole EmptyDim 5 Mar - 11:34
Chaises qui font grincer le parquet ont toujours été le signe d'un moment d'histoire. Les négociations entre Churchill et d'autres dirigeants avaient forcément vu craquer une chaise. La naissance d'un prince d'Angleterre avait forcément provoqué la contorsion d'une reine anodine dans son fauteuil de bois. A vrai dire, les chaises et les fauteuils se vendaient si bien car ils étaient la trace d'une histoire tout en étant seulement de royaux coussins pour des séants qui l'étaient tout autant. N'importe qui pouvait se permettre de glisser une nouvelle assise chez soi. C'était plus facile, plus discret, une richesse culturelle moins clinquante qu'un vase Ming, par exemple. Et ce soir encore, chaise qui grince était synonyme de quelque chose d'inédit, quelque chose qui aurait bien pu renverser l'histoire si je n'avais pas en permanence un self control absolu, mentant à mes sentiments comme si c'étaient d'autres négociateurs pour toujours laisser tomber un voile sur eux, ne pas les laisser me diriger. Mon ton était en permanence doux, amical, mon sourire chaleureux, mes mains et mes bras ouverts. Je pouvais glisser la menace de tortures infinies, douloureuses, traumatisantes, mais les faire rouler sur ma langue comme s'il s'agissait d'une recette de tarte aux pommes. Mais pas de pomme, pas de menace même, pour l'instant en tout cas, quand tu me murmures quelques mots en italien. Évidemment que j'ai capté, fratello. Ce qui compte le plus quand on apprend une langue, du moins quand on exerce les métiers multiples que j'exerce, ce qui est le plus marrant aussi, c'est l'apprentissage des injures, des mots familiers. Ne jamais pouvoir se faire insulter au détour d'une rue sans en avoir conscience et sans pouvoir rendre la pareille. "Là-dessus on est d'accord, mein hase. Tes couilles ne valent rien du tout si tu ne fais pas fonctionner ta tête." Je pourrais presque cracher tant tu me tends, Sieg comme appareil électronique qui se retrouve en surtension. C'est incroyable, je t'offre le marché du bout des doigts, l'un des territoires les plus vastes de la ville, une clientèle privilégiée, mais tout ce que tu trouves à me dire, c'est que je te tiens en joug. J'aurais dû laisser Sergey et Hans te décocher quelques salves, aurait même dû ordonner à Ava d'un geste de main de faire la même chose. Et elle l'aurait sans doute fait, cette vipère rousse, elle l'aurait fait en chaloupant un peu, aurait décoché quelques balles élégantes qui auraient au moins eu le mérite de te faire taire pour de bon. Parce que pour l'instant, tu as l'air bien décidé à me les briser, enchaînant toujours plus de colère, toujours plus d'ingratitude. "C'est toi qui me fais chier, Vincenzo. Je sais même pas pourquoi t'es là. J'ai voulu te tendre la main, mais t'es décidé à te comporter comme un connard jusqu'au bout. Regarde tes cartes." J'aurais aimé avoir un ton encore plus impérieux, j'aurais aimé aussi pouvoir dégainer à mon tour mon flingue pour te le coller entre les deux yeux, appuyer entre tes sourcils et que tu arrêtes d'avoir cette sale gueule alors même que le monde s'offrait à toi. Je secoue la tête dans le vide quand tu t'éloignes, regarde mes propres cartes, deux rois et un valet, seules têtes intéressantes de ma main, je soupire pour feindre la colère à nouveau.

C'est Ray qui avait instauré cette sorte de rituel après des négociations bien menées. Une partie de poker, souvent un peu plus qu'une d'ailleurs, puisque les types sortaient de l'arrière-boutique de Treasureland complètement éméchés vers midi, reprenaient le cours de la journée comme s'ils n'avaient pas passé la nuit à s'abreuver, à menacer, à fulminer. Je les voyais déjà, gamin, tenter de marcher droit entre les étagères de la boutique, ça me faisait régulièrement monter les yeux au ciel parce que je trouvais ça ridicule, de se mettre aussi mal, surtout en aussi bonne compagnie. Être éméché, c'était finalement un signe de confiance, avait fini par m'expliquer Tonton. S'ils étaient tous bourrés, soit ils se flinguaient les uns les autres, soit ils apprenaient à se relâcher, le temps de quelques heures. Alors j'en avais fait mon habitude aussi, mais jamais à Treasureland. C'était devenu trop intime d'accueillir des gens une nuit entière aussi près de chez moi. Et puis ça me permettait d'étoffer mon catalogue des clubs en vogue, de m'attirer de nouveaux clients, à l'époque aussi de séduire des habitués erratiques pour les attirer jusqu'à un motel et me décharger de ces rares pulsions qui enlaçaient mes reins. Ta fumée me ramène à la réalité, et tu me glisses quelques mots pendant que je remercie le ciel de ne pas m'avoir programmé pour fumer, puisque c'est vraiment l'une des odeurs les plus immondes ; et ça vient d'un type dont la boutique se recouvre souvent de poussière, qui récupère des machins tout crasseux et passe des heures à les redorer, le nez bien près d'un million d'histoires olfactives qui en feraient gerber plus d'un. "Si tu te fais descendre, les autres se feront descendre aussi. T'as toujours rien compris, pas vrai ?" Léger rire qui trouble ta fumée, me fait en aspirer par la même occasion, et mes sourcils se froncent un peu plus, mon sourire peine à se maintenir. Heureusement, de l'autre côté, russe et irlandais continuent de se mélanger en un concours d'insultes, et personne n'a l'air décidé à m'écouter. Pas même toi, dans tous les cas trop borné pour appréhender la moindre syllabe qui sortirait de ma bouche. "Il n'y aura pas de prochaine fois. Tu feras tes preuves sur ces terrains-là, pour le reste, j'arrête de t'aider. T'es ingrat et tu te comportes comme un con. J'aurais mieux fait de ne pas intervenir et de les laisser te flinguer." Je vois que tes tympans n'enregistrent pas tout ce que je te dis, parce que t'as le regard vissé sur tes tours de Pise de jetons colorés, puis sur tes cartes, puis sur les jetons. Pourtant, tu rouvres la bouche, tu te coiffes, et je te regarde faire, fasciné du manque de respect que tu m'imposes. Tu as de la chance, Vincenzo, beaucoup de chance. Si je ne t'appréciais pas ou si je n'avais pas compris que tu avais le potentiel de devenir un des grands chefs de Los Angeles, je t'aurais déjà fait traîner dans une ruelle sombre, et tes vestes en cuir t'auraient encerclé dans une benne. Ta main se tend vers moi, tu proposes quelque chose et pendant quelques secondes, j'hésite. Mais non. Pas même quand tu enchaînes en italien. Je ne veux plus te faire confiance, pas ce soir. Pas de nouvelles déceptions, en Autriche on a un dicton qui dit qu'on ne les encaisse qu'une fois, sinon on est idiot. "Non, c'est bon. J'ai un arrangement avec Sergey et Hans." Vaffanculo qui glisse entre mes dents, bien trop faiblement pour que tu puisses l'entendre, et je m'éloigne un peu plus sur la banquette, profite de l'écart d'Ava pour récupérer ma place originelle ; est-ce que j'étais déjà aussi loin de toi au début de la soirée ? Le Russe est cramoisi, on dirait qu'il s'est couvert de tomate, mais c'est plus probable que ce soit de honte. La rousse m'envoie un baiser dans les airs, je l'attrape, le plaque contre mon coeur et ça la fait rire, puis elle se penche sur toi, impose un mur capillaire enflammé entre vous et le monde, et ça me surprend. Donc vous vous connaissez. Et à en juger par ton sourire quand elle se décolle, repart se perdre dans le royaume des fleurs et des épines, la porte qui se ferme derrière elle, prédatrice partie en chasse pour les dernières proies de la soirée, elle est de ton côté. Un peu trop, d'ailleurs. Mais Ava n'est pas comme Sergey, pas comme Hans. Impossible de la tenir en laisse, impossible de lui trouver une faille. Parce que c'est justement sa folie qui la rend dangereuse, sa folie qui la rend aussi appréciable. Difficile dès lors de pouvoir lui imposer le même traitement qu'aux autres. Doigts qui tapent sur la table, une minute silencieuse s'écoule, entrecoupée de la toux grasse de Sergey, puis la porte se rouvre. Plateau couvert de verres, des shots, des alcools forts, des cocktails, les résidus sans doute de la soirée, mais j'hausse les épaules, dépose mes lèvres sur la main de Napoleon, le laisse s'enfuir de nouveau. Dans son sillage, en dehors de l'odeur d'orchidées, il y a aussi les teintes de mille alcools et surtout il emporte sans trop le vouloir un drap transparent qui me laisse trop d'interrogations. Pourquoi tout le monde agit comme si tu avais un secret d'une capitale importance ? Pourquoi ça semble si évident et pourtant tellement caché ? Je relancerais mes chuchoteurs dès demain. Je veux comprendre ce mystère et pourquoi tu te comportes comme un tel connard. Mais pour l'instant, la partie commence, je te guette du coin de l'oeil, entre deux gorgées imbibées de flammes. "Sergey, comment vont tes gamins ?" La phrase m'échappe mais mes iris ne se posent pas une seule seconde sur le Russe, je continue de te surveiller, d'analyser tes réactions. J'essaie aussi de deviner si tu es un pro du bluff. Si tu sais aussi bien mentir que menacer. Parce que pour l'instant je te tiens dans de mauvaises grâces, décidé à ne plus jamais t'aider ; tu m'en veux de t'avoir offert des plumes sans t'avoir briefé, mais carino, c'est toi qui me tiens à l'écart, alors même que c'est toi qui es venu réclamer ta part du gâteau. J'ai tant d'arguments explosifs à te servir que je me couche au premier tour, mes cartes s'abattant sur la table avec un peu plus de force que prévu, trahissant mon agitation, Sergey qui dresse un sourcil et arrête de déblatérer sur ses gamins, et je capte tes yeux dans les miens, termine mon verre d'une traite. Je reste muet, les bras croisés sur le torse, vous observe vous livrer une guerre de pouvoir. Le Russe est complètement bourré. Il finira sûrement le troisième round la tête entre les mains, sur la table, endormi et ronflant comme un sanglier.

@Vincenzo Di Natale
Vincenzo Di Natale
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Vincenzo Di Natale
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#  (vince) supermassive black hole EmptyDim 5 Mar - 14:30
Dialogue de sourd, chacun reste campé sur ses positions et pourtant, un accord tacite nous empêche de nous foutre sur la gueule une bonne fois pour toute. Peut-être que c’est la solution pour qu’on soit plus détendu tous les deux, pour acter définitivement notre confiance. Un combat d’homme à homme, à mains nues, en toute intimité. Juste toi, moi et non poings. Je devrais te proposer l’idée pour ta prochaine convocation. Mouvement du menton comme signal, celui que tu t’approches très près de mes limites, celui qui te préviens qu’une lanterne rouge s’est allumée dans mon crâne et menace de tout enflammer à la prochaine insulte. Je ne sais pas non plus pourquoi je suis là, pourquoi j’accepte de suivre ton plan sans ouvrir ma bouche mais je le fais et si t’es pas capable de voir mes efforts alors il est temps de mettre fin à notre deal, fratello. Parce que je t’assure que je suis à pas grand chose de faire une tournée de lasagnes avec les cervelles qui traînent encore dans cette salle. Nos regards se quittent, comme nos corps qui reprennent leur position initiale. Je contracte la mâchoire, ne réponds plus à tes provocations de peur de laisser à nouveau mon trouble prendre le dessus. Pointer mon arme sur Sergey passe encore, ce n’est pas la première fois et certainement pas la dernière, mais la pointer sur toi aurait une toute autre signification. Même si je ne te le montre pas, je te suis reconnaissant pour ce soir. Je repars avec un quartier en plus, des bénéfices à la clé et surtout une certitude que le padre va entendre parler du prince maudit. Mais plutôt me tirer moi-même une balle dans le crâne plutôt que de te l’avouer. Je soulève mes cartes contre la table, feint l’indifférence quand deux as côtoient un roi entre mes mains. Je joue au poker depuis que je suis capable de reconnaître des cartes. Ce n’est pas à ce jeu que tu vas pouvoir m’humilier même si tes qualités de faiseur d'histoire doivent te rendre redoutable.

Pause rousse qui nous coupe du monde deux minutes avant de disparaître. Je te jette un regard rapide, te vois fulminer. Oh tu peux maintenir ta poker face mio caro, je sais très bien que tu es sur les nerfs. Mon attitude te fout les nerfs en pelote parce que tu ne comprends pas, ces chapitres manquants sur ma belle gueule commencent à t'échauffer sérieusement surtout maintenant que tu sais que les autres savent. En passant la porte, j’ai d’ailleurs pensé que tu l'avais fait exprès. Me foutre face à deux hommes qui connaissent mon passé, c’était un curieux hasard qui jouait beaucoup trop en ta faveur. Mais les insinuations de Sergey n’ont pas allumé la petite flamme sadique dans tes yeux, celle qui m’aurait certifié que tu prenais un pied d’enfer à me voir me faire humilier par un cazzo de russe. Et puis, j’ai vu ton regard de travers quand Ava m’a glissé quelques mots à l’oreille. Tu ne sais pas et ça te rend dingue. Mon passé n’est plus qu’un secret de polichinelle. Trop de gens autour de toi sont au courant maintenant et ce n’est qu’une question de semaines, peut-être même de jours avant que tu ne découvres presque tout. Tu peux savoir comment je me suis fait virer du clan Di Natale mais il y a un secret que tu n’es pas prêt de découvrir car il n’y a que deux personnes sur cette putain de planète qui sont au courant. Cinq si on ajoute mes médecins mais je ne peux pas assurer qu’ils sont encore vivants alors restons sur deux.

La soirée reprend, le blondinet est de retour, troque mon cocktail vide contre un verre de whisky comme s’il était capable de lire dans mes pensées. Ou comme s’il s’était comme mission de me faire repartir à genoux et j’espère que l'ordre ne vient pas de toi. Je m’autorise à me détendre légèrement quand Sergey se lance dans des explications interminables sur la scolarité de ses rejetons, noyant un mot sur deux dans la vodka. La première main continue à deux, presque tout seul vu l’état d’ébriété très avancé de mon adversaire. Mon dos retombe contre le dossier de ma chaise, ma cigarette s’écrase dans un cendrier qu’on m’a apporté et je remporte mes premiers jetons avec une vulgaire paire d’as. Ça va être la partie de poker la plus rapide de l’histoire vu que le russe n’est plus capable de garder ses deux yeux ouverts. Et pourtant, même dans cet état, il arrive à me provoquer. Un véritable don de Dieu

Comment va Guilia, Vinnie ? Elle est toujours sur le marché ?

Ma mâchoire se serre encore plus, me donnant l’impression que je pourrais faire sauter toutes mes dents d’une simple pression. Mon cou part à gauche, puis à droite dans des craquements qui résonnent dans ma tête. Du calme, je sais que tu me surveilles. Je claque de la langue en prenant mes nouvelles cartes.

Un peu de respect pour ma sœur, Sergey. Ne m’oblige pas à ressortir mon arme ou Siegmar va nous faire une attaque.

Je planque mon sourire provocateur derrière mes cartes, le russe ne prend pas cette peine en éclatant d’un rire gras qui titille mes poings. Je le vois attraper le poignet d’une serveuse venir recharger sa bouteille vide mais il se contente de lui glisser des mots à l’oreille, lui tirant un sourire entendu avant qu’elle ne disparaisse. Ce mec n’a aucun savoir vivre, je me demande vraiment comment il fait pour être encore en vie. Mes doigts tapent un rythme tribal sur la table, la discussion reprend sur les habitudes détestables des Américains selon notre ami soviétique. Pas le temps de demander à changer quelques-unes de mes cartes qu’une blonde entre dans la pièce pour aller directement se loger sur les genoux du russe. Ses fringues ont l’air d’avoir été faites pour une gamine de douze ans tant il ne laisse aucun mystère sur l’enveloppe de la nouvelle venue, même son maquillage arrive à être vulgaire. Il donne quelques mots en russe que je ne comprends pas et la blonde glisse sa langue dans sa bouche, provoquant haut le cœur généralisé autour de la table. Je balance mes cartes devant moi, non pas que je n’ai pas une bonne main mais je refuse de rester face à ce porc qui fait venir ses prostitués d’un claquement de doigts. Elle est venue rapidement d’ailleurs, est-ce qu’elle attendait dehors dans cette tenue ? Ou dans la voiture ? Aucun respect donc, dans tous les domaines.

Perfetto.

J’allume une nouvelle cigarette et me tourne dans ta direction, surpris d’y trouver déjà ton regard. Je laisse mes prunelles traîner sur ton visage le temps d’une seconde avant qu’un sourire viennent grignoter une partie de mon visage. Difficile de faire abstraction des bruits qui viennent de de ta gauche mais j’ai trouvé un nouveau terrain de jeu.

Ça t'énerve, hein ?

Je laisse un éclat de rire m’échapper quand tu lève un sourcil pour feindre l’indifférence. Pas à moi, fratello. Pas à moi.

De pas savoir ce que tout le monde ici sait. Je comprends, ça doit être frustrant pour un type comme toi, habitué à avoir dix coups d’avance.

J’avale mon verre, le whisky venant se mélanger au rhum dans mes veines, rivière alcoolisée qui se répand dans mon organisme. J’ai le sourire plus facile, l’âme plus légère. Illusion d’une soirée qui ne risque pas de finir dans un bain de sang alors qu’on est tous plus armé les uns que les autres. Hans a bien fait de se barrer, l'électricité est palpable dans la pièce et rien de bon n’arrive jamais après trois heures du mat’. C’est la règle.

Tu sais, si tu demandes gentiment…

Je bouge mon sourcil, nouvelle provocation. A mon tour d’avancer mes pions pour tenter de définir tes barrières. La clope au bord des lèvres, je fais rouler un jeton jusqu’à toi. C’est toi qui a toutes les cartes entre tes mains depuis le début, laisse moi profiter un peu de mon joker. Je ne sais pas si tu vas t'abaisser à me poser frontalement la question ou si tu vas continuer de chercher par toi même. Tu es plutôt du genre imprévisible alors je ne m'avancerai pas à tenter de découvrir tes prochains coups. Alors Siegmar Luther vas-tu réussir à résister à la tentation d'ouvrir une nouvelle boîte de Pandore ?


@Siegmar Luther
Siegmar Luther
boîte de pandore et cœur doré
Siegmar Luther
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#  (vince) supermassive black hole EmptyDim 5 Mar - 15:05
Sergey se pare de vodka et de mèches blondes, sa langue qui roule, qui roule, qui roule, comme le rocher de Sisyphe, sauf que ce soir, le supplice est pour ceux qui l'entourent et se retrouvent vite dégoûtés des bruits de bouche. Tu jettes ta deuxième main, j'emporte donc la manche, Sergey trop occupé à faire balancer les hanches de la blonde sur ses genoux. Et puis, ce n'est pas comme s'il y avait de vrais enjeux pour lui ce soir. Il a suffisamment de fric pour faire abstraction d'une partie, pourrait perdre chaque manche qu'il aurait réussi pendant la durée du jeu à engranger suffisamment de cash pour ne pas être en déficit. Sa montre lourde frappe contre le bois à plusieurs reprises, donne un rythme infernal à la suite de la soirée, et pour la première fois de l'histoire, je me surprends à avoir envie de partir. Ce n'est pas dû qu'aux bruits gutturaux de notre ami soviétique, mais aussi à ton regard qui reste dédaigneux, qui reste colérique, sans que je puisse vraiment appréhender ce qui te fait me détester autant. J'ai par deux fois fait des efforts colossaux pour t'approcher, séduit par l'idée d'un nouveau marché italien qui pourrait faire concurrence à Mario ; parce que j'avais évidemment deviné qu'il pouvait se mettre à tabasser les livreurs, mais que je n'avais pas vu les coups venir assez vite. En boxe, on t'apprenait à contrer, on t'apprenait à frapper, mais la compétence principale demeurait l'observation, la divination presque, puisqu'il fallait appréhender chaque coup à venir pour orienter sa stratégie, un peu comme aux échecs. J'avais donc fait deux mouvements dangereux, prenant le risque de perdre la tête du roi et le collier de la reine, tous mes cavaliers abattus un à un, me laissant seul fou sur le damier. Déjà, j'étais venu dans ton bar, avait profité de la musique, de l'alcool, du barman, tout ça en une seule soirée. Tu m'avais chassé de ton arrière-cour alors que notre deal était scellé, t'étais contenté de m'envoyer valser dans un coin du club comme si j'étais cette blonde sur les genoux du grand Russe. Je n'avais rien dit, j'avais même serré les dents, accepté tes premières marchandises, les bénéfices faibles, car, Vincenzo, tu m'avais pour l'instant coûté plus cher que ce que tu m'avais rapporté. C'était ça et ma foi inébranlable en la nouvelle génération qui m'avait donné envie de revenir vers toi, de te tendre la main une seconde fois en t'offrant une grosse part du marché, rayant de la liste Mario et ses pions par la même occasion. Tu avais regardé les lignes de ma paume, craché dessus, puis lacéré mon bras entier de tes regards et de tes menaces. Pire encore, tu avais menacé les autres bras autour de moi, et j'avais mis ma position en danger pour qu'ils évitent de te défigurer. Mais non, ça n'avait pas suffi, rien ne suffisait réellement pour contenter l'empereur des voleurs, l'empereur des fuyards, l'empereur des colères, puisque c'était un thème récurrent que la rage dans tes yeux, quand tu te sentais humilié, quand tu te sentais en danger, quand tu te sentais tout simplement agacé. Quelque chose me disait qu'il y avait anguille sous roche, sans que je puisse lever ladite roche, portée à bout de bras par un Atlas au regard noir qui aurait tôt fait de m'écraser pour me faire disparaître. C'est peut-être ça qui m'avait fait m'approcher plus près de Sergey, plus près de ce bouclier russe que je maîtrisais et dont je connaissais les travers. Ça, et le fait de m'éloigner de ton tabac, son odeur âcre qui se perd dans mes cheveux, teinte mes fringues, comme ça l'a déjà fait l'autre soir, m'ayant donné le temps d'une nuit une raison supplémentaire de vouloir intenter à ta vie. Je n'en avais rien fait. Pas par manque de moyens, ça, tu avais pu le deviner au fur et à mesure de mes différents tours de magie ce soir, j'étais un sorcier émérite, entouré par une sirène rousse, par un monstre allemand reconstitué et plein de cicatrices, et par une espèce de loup garou russe qui aboyait plus qu'il n'hurlait à la Lune désormais. Aboiement suffisant néanmoins pour te faire rugir toi, petit lion qui te voit déjà gouverneur de la savane entière, alors que mes doigts sur la table tapotent mes cartes en même temps que mon torse se gonfle. Je suis à pas grand chose de souffler un ouragan qui t'emporterait très, très loin de nous, romprait par la même occasion tous nos accords, me réconcilierait avec Mario, ses troupes, et te placarderait comme ennemi public numéro un. Mais je ne fais rien, je reste assis à ruminer, imagine mon oncle qui me secouerait les épaules, me demanderait de réagir, de ne pas te laisser t'imposer aussi tôt, sous peine de me faire mordre dans quelques temps. Je penche la tête quand tu allumes une nouvelle cigarette, mon sourire disparaît quelques secondes, incapable de maintenir la façade quand ce sont mes cinq sens à la fois qui sont assaillis. Tu me regardes, silencieux d'abord, puis tu ouvres la bouche, déverse un peu plus de fiel, et je sens mon corps entier se tendre. Tu sais que je ne suis pas encore au courant de tous tes pêchés, tu sais que je meurs d'envie d'enfin résoudre ce mystère, Sherlock Holmes en herbe, Inspecteur Gadget dont tu crois savoir que les rouages sont rouillés. Mais ce que tu ignores, cariño, c'est que si je ne sais pas ce qui a fait de toi cette espèce de monstre aux yeux luisants, c'est uniquement car j'ai chassé mes oiseaux pour ne pas les laisser me dévoiler toute ta nature.

C'était sans doute une vilaine déformation, puisque j'aspirais définitivement à découvrir les gens autrement que par les rumeurs. Avec toi, je m'étais dit que j'avais une chance de discerner autre chose que la bête noire ridicule qui avait glissé sous les paupières de Sergey et d'Hans quand tu étais entré. Ava t'avait réconforté, elle ne le faisait qu'avec les chats de gouttière perdus, et ça m'avait donné l'illusion que, peut-être, j'allais réussi à trouver autre chose que des regrets et de la violence à tes côtés. Qu'on pourrait trouver une base solide pour fonder ta dynastie et agrandir la mienne. Mais plus la soirée s'écoulait, plus tu me regardais méchamment, et plus j'étais tenté de te faire arracher les iris. "Je suis parfaitement renseigné, cariño. J'ai eu les informations que je voulais te concernant. Si j'en veux plus, je demanderais plus." Mon ton est plus froid qu'à l'accoutumée. Ne trahit ni la colère, ni le dégoût, juste le profond ressentiment qui masque bien la fascination que m'inspire ton personnage, cette haine virulente et ces yeux noirs de jais. "Sauf que ça ne m'intéresse absolument pas. Tu ne m'intéresses absolument pas. Je sais ce que je veux savoir, si je pars à la chasse aux scandales, je les trouverais en moins de temps qu'il ne t'en faudra pour le découvrir." Les corneilles sont douées, rapides, furtives, décortiques les cadavres de journaux en un rien de temps, interrogent les anciennes relations, se montrent persuasives. "Si je veux apprendre ta position sexuelle préférée, je le saurais. Si je veux savoir à quelle heure tu te lèves chaque matin, je le saurais. Réjouis-toi plutôt de n'être qu'un allié et pas un ami, une fois de plus." Je hausse les épaules, finit mon verre d'une traite. L'alcool est brûlant mais il joue les congélateurs avec mes syllabes et mes airs. Mon sourire semble avoir disparu, alors je le réanime, pour ne te laisser aucune satisfaction, aucune emprise sur moi. "Tu devrais te renseigner alors, l'Autrichien, parce que je t'assure que..." Ma main tape sur la table, une seconde fois, cette fois-ci dressé en poing. "Ferme ta gueule, Sergey." Pour quelqu'un qui ne voulait rien laisser transparaître, c'est raté. Je suis toujours implacable d'habitude. Ça doit être l'alcool qui me fait dépasser mes limites, mais le Russe n'en tire aucune colère, ses mains baladeuses qui se propagent sur la blonde qui l'enfourche. Mon regard est devenu mauvais, il se déporte sur toi par instinct. "Tu devrais faire la même chose, Vincenzo Di Natale. Réclame donc une prostituée, je suis sûr qu'on trouvera quelqu'un pour s'occuper de toi. Une brune, je parie. Je sais que tu les préfères brunes. Ou une rousse, quelqu'un qui te fera crier en même temps que tu joueras aux cartes." Je prends un shot, un second, d'affilée, m'empoisonne un peu plus. "Ou alors tu peux arrêter de te foutre de ma gueule, pour de bon cette fois. Parce que tu ne m'amuses plus, à vrai dire ce soir je te trouve juste... Pathétique. On devrait annuler le marché, ça sert à rien, tu préfères la jouer solitaire et empereur des rues." Les mots m'échappent, comme le poing sur la table, comme la vulgarité pour le Russe. Je regarde ma main, la pose sur la table, pas de cartes intéressants, même le jeu cherche à se venger de moi. Soirée de merde, j'aurais mieux fait de laisser la vodka couler dans les rues de la ville, au moins elle est silencieuse, fidèle, loyale, et ne cherche pas à tout prix la moindre étincelle dans mon regard pour me déstabiliser.

@Vincenzo Di Natale
Vincenzo Di Natale
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Vincenzo Di Natale
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#  (vince) supermassive black hole EmptyDim 5 Mar - 16:05
A force de foutre des coups de pieds dans la boîte du diable, je m’attendais à ce qu’il finisse par me sauter au visage un de ces jours. Ton calme légendaire, tes réflexions acides mais toujours prononcées sur le même octave, tes gestes maîtrisés, tout ce qu’il me manque pour être un parfait malfrats, tout ce que mon père a essayé de m’enseigner. Mais mon cerveau ne fonctionne pas de cette manière, incapable de laisser filer une provocation, incapable de pas teinter de rouge tout ce qui m’entoure à la moindre étincelle. Zéro self contrôle quand le monde semble obéir à doigt levé.  Alors je ne suis pas peu fier de te faire lâcher la rampe, de te rendre plus humain, de faire vriller ce regard condescendant et hautain que tu portes en permanence sur moi. Petit prince qui n’a plus rien de doré, souillé à vie pour une erreur mais qui ne renoncera jamais à la possibilité de retrouver sa place dans la dynastie Di Natale. Quitte à couper la tête du roi pour reprendre la place qu’on m’a promis à ma naissance. Pourtant, ton petit discours commençait bien. Ton froid et air détaché, du grand Siegmar dans toute sa splendeur. Le genre de ton qui me donne des envies de violence que je remplace par de l’alcool. Mon verre de whisky se remplit comme par magie alors que je ne vois même plus les serveuses à moitié nue et les serveurs aguicheurs passer entre nous. J’ai définitivement trop bu, j’en ai conscience et pourtant, ça ne m'empêche pas d’enchaîner les verres pour faire passer tes paroles qui me restent coincé en travers de la gorge. Yeux dans les yeux, nos regards s’échangent des éclairs mais pour le moment tu maîtrises encore ta voix alors que je place chaque pièce de mon armure sur mon corps. Ma respiration se fait lourde, les muscles de ma mâchoire se contractent, dents qui grincent et cœur qui saignent sans que tu aies conscience de la portée de tes mots. Tes lèvres se referment l’une contre l’autre et une voix que nous avions presque oubliée s’élève. Mon insulte fuse en même temps que la tienne.

Sei veramente uno stronzo, Sergey.

Il repart à sa blonde mais cette incartade n’est pas la fin de notre affrontement, elle n’est même que le début. L’alcool coule une nouvelle fois dans ma gorge, je me fous du regard noir que tu portes sur moi. Je n’attends qu’une chose, c'est que tu lances les hostilités. Aller un peu de nerf, une gifle, brise moi le nez, crache moi dessus, donne moi une bonne raison de déchaîner ma violence. Parce que te détester c’est facile, rejeter chaque petits trucs qui font de toi ce que tu es, c'est facile, ne pas m'arrêter sur tes longs cils ou sur tes lèvres à la courbe parfaite, c’est facile. Tout à l’air si facile pour toi, tu mènes tous les clans par le bout du nez sans avoir à changer qui tu es vraiment. Maîtres des tableaux défraîchis qui valent des millions, connaisseurs de milles histoires fantastiques, admirateurs des formes masculines sans que personne n'ait quoique ce soit à redire. Tu ne sais pas ce que c’est d’être un monstre. Alors tu tapes où ça fait mal, les mots plus aiguisés que des poignards. Ca vrille dans ma tête, ma vision devient floue, impossible de retenir ce qu’il va se passer. C’est comme si je perdais connaissance et qu’un autre Vincenzo se présentait sur le devant de la scène. Je ne suis plus moi, je deviens ce monstre que le padre voit quand il pose son regard sur ma carcasse, je deviens ce prince maudit aux formes disgracieuses, aux cornes d’obsidienne. Pathétique. Tu as raison, je suis pathétique de vouloir récupérer un trône qu’on me refuse. Mais si je n’ai plus d’objectifs alors je n’ai plus de raison de continuer. La vengeance est ce qui me maintient en vie. Tous les matins, je me lève et j’enfile ma vengeance comme une seconde peau, menton haut et regards brillants. Et tous les soirs, je la laisse tomber à mes pieds en m’accordant quelques heures pour être moi, juste moi. Mais si je ne la porte plus, tout perd de son sens, de sa saveur. Je ne sais plus qui je suis sans elle et je ne peux pas me permettre de douter. Pas maintenant que le plan est en route. J’ai trop galéré pour me sortir du merdier dans lequel je me suis moi-même fourré, je ne peux pas laisser tous mes efforts être vains.

Quand je reprends conscience, mon bras barre ta trachée, le couteau dans ma manche à coulisser dans ma paume et la pointe appuie contre ton menton. Il n’y a plus aucun bruit dans la salle, tout le monde retient sa respiration. Je cligne plusieurs fois des paupières pour me reconnecter à la réalité et tenter de savoir ce que j’ai bien pu foutre pour me retrouver dans cette situation. D’habitude, je peux sentir ce genre de crise arriver. Je peux la gérer avant que ça dégénère. Mais tes allusions aux femmes que j’aime, le fait que tu me trouves pathétique, tu as appuyé sur le bouton magique, celui qui me fait dégoupiller. J’avale ma salive, seul bruit qui résonne dans la salle. Même Sergey a arrêté de rouler des pelles à sa belle, mais il n’a pas sorti son arme non plus. Comme tout le monde, il attend de voir si je vais oser franchir la grosse ligne rouge sur le sol.

Mon regard croise le tien sans que j’arrive à déchiffrer ce que j’y lis. Je viens de te dévoiler une de mes plus belles cartes, tu as maintenant toutes les armes pour m’enterrer et faire de moi un homme mort. Je recule doucement, retire mon bras de ta gorge, range mon couteau. Mes jambes tremblent sous l’effet de l’adrénaline mais je tente de ne rien laisser paraître, la main autour du bord de la table.

Tu as raison, on devrait tout annuler.

Ma voix est cassée comme si j’avais hurlé toutes les insultes de mon répertoire et dans les deux langues. Clairement, ça ne marche pas entre toi et moi. On se bouffe la gueule, on se défie constamment. On risque de s’entretuer au lieu de se focaliser sur nos ennemis. Parfois, les êtres sont juste incompatibles. On pensait faire de la magie tous les deux alors qu’on est juste en train de creuser nos propres tombes en forçant l’autre à faire des erreurs. Et devant témoin. Quoique, vu la tronche de Sergey, il est fort possible qu’il ait tout oublié demain. Le russe n’a même pas eu le réflexe de sortir une arme pour se défendre alors que j’avais un poignard en main. Pezzo di merda. Je range mon couteau, fait demi-tour et passe la porte pour laisser ce silence assourdissant derrière moi. Je pars à la recherche de la sortie avant d’être intercepté par le blondinet qui passe son bras autour de mes épaules. Je n’ai plus l’énergie de l’insulter ou de me dégager, effet secondaire de ma petite crise. Il dit qu’il sait exactement ce qu’il me faut et je me laisse à croire que c’est vrai. L’alcool rend mon pas moins assuré et il me pousse dans un salon vide, occupé par un immense canapé rouge en velours. Il ouvre une armoire dissimulée dans le mur, en sort une bouteille en cristal et la laisse sur la table avec deux verres alors que je suis tout seul. Pendant un instant, je pense qu’il va me tenir compagnie mais il disparaît dans un mot, sûrement conscient que je n’ai aucune envie de lui faire la parlotte maintenant.

Le tissu est doux quand je m’allonge dessus. Ma main passe sur mon visage, essayant de faire disparaître toute la culpabilité de mes traits.

Che stronzo.

Je viens de claquer la porte à ma seule issue de secours. Demain, il faudra tout recommencer. A nouveau. Je verse le liquide ambré sorti par mon nouveau meilleur ami dans le verre et reprend ma course avec l'oubli. Avec un peu de chance, un coma éthylique me sortira de ce cauchemar.  L'alcool me rend nostalgique, c'est pas bon. Mais ce soir, au milieu de cette jungle, j'ai envie de m'accorder une pause. De souffler un coup avant de repartir miser ma vie contre quelques billets, tout ça pour attirer l'œil du patriarche des Di Natale. Après ça, je le défie de me balancer que je ne mérite pas ma place. Qu'il ose. Je ne suis plus le Vincenzo qu'il a laissé pour mort à la gare et il va bientôt le savoir.


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