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 (vince) supermassive black hole

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Siegmar Luther
boîte de pandore et cœur doré
Siegmar Luther
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#  (vince) supermassive black hole - Page 2 EmptyDim 5 Mar - 16:44
Cette histoire-là ne sera jamais racontée avec la même exactitude que mes mythes et légendes, pour la simple et bonne raison que je ne vois pas les secondes défiler, tout va très vite, tu te jettes presque par-dessus la table, par-dessus la banquette, Sergey sort sa langue de la bouche pulpeuse de la blonde qui manque gémir - ou crier, je ne me souviens plus. En moins de temps qu'il ne m'en faut pas pouvoir réfléchir à une issue ou analyser la situation, une lame glisse sur ta peau, manque t'égratigner, puis me tient en joug. Tu t'attends à ce que j'aies peur, je vois une lueur folle dans tes yeux, tu n'es pas tout à fait là, il n'y a que la nuit, les ombres qui dansent comme d'infernaux tourbillons, et puis une lueur revient dans tes yeux. Comme si tu reprenais conscience, comme si tu te rendais compte de la lourde erreur que tu es en train de faire. Ma colère fait vibrer mes muscles, j'ai un nerf qui saute sur ma cuisse, le regard de Sergey qui n'intervient pas, sait que je lui en voudrais d'hausser la voix ou de sortir son arme - sans oublier qu'avec son grammage, il pourrait bien se rater et me faire exploser la cervelle au lieu de te toucher en plein crâne. Pourtant, mon sourire réapparaît. Je lève un peu le cou, la mâchoire contractée, chaque os qui pointe sous la peau, toutes les dents dehors. Foutu diable, foutue créature que Ray avait façonné, sans aucune peur, parce que tu n'étais pas le premier à me mettre dans cette situation, et que contrairement aux autres, tu n'avais pas le courage de le faire. Ça signifierait la fin de ton empire, alors même qu'il n'a pas encore été construit, alors même qu'il se résume à une hutte paumée dans un désert pour l'instant. La blonde recommence à bouger, Sergey me fixe intensément, mon sourire s'agrandit encore, fossettes qui se dessinent, commissures qui se redressent encore un peu plus. Vas-y, Vincenzo. Tranche. Prouve que c'est pas un poignard en plastique. Lâche la bride de ta colère, laisse-toi aller à me planter. Je ne bougerais pas, je ne saignerais pas, c'est une promesse et un contrat entre moi et les démons. Tu ne pourras pas m'avoir, parce que si tu me tues, tu mourras dans la foulée. T'es trop opportuniste, trop égocentrique, pour te suicider de la sorte. T'as les doigts qui tremblotent, ça révèle que tu flippes ou que tu t'es laissé dépasser par des sentiments que t'avais pas envie de nous manifester ce soir. T'as pas la même étincelle que lorsque ton canon était pointé sur le Russe. Je n'ai pas la main sur ton poignet. Tu pourrais ciseler, m'infliger des cicatrices irrémédiables, peut-être même essayer de m'ôter la vie malgré mon pacte avec les sorcières. Mais tu ne bouges pas, tu ne bouges plus, ton souffle ralentit, parce qu'il fonctionnait comme un bolide depuis quelques minutes. Sergey détourne les yeux. Pas parce qu'il a peur du sang, plutôt parce qu'il sait que je contrôle la situation de nouveau. Tranche, Vince, laisse tous les vices s'abattre sur moi et délaisser ton crâne tourmenté. Fais-toi plaisir. Mais non, tu recules. Tu ranges ta lame. Et puis tu prends la fuite. Pendant dix secondes, je te trouve ridicule. Pendant deux secondes, je me dis que quelque chose vient d'éclater, que tu viens sans doute de devenir mon pire ennemi ou mon meilleur allié. Incapable de me saigner, incapable de me tuer, soit t'avais succombé au chant des sirènes en entrant dans la boutique pendant que les artéfacts étaient exposés, soit t'avais décidé que je méritais un peu plus qu'une trachée coupée au fond d'un club. Toujours est-il que t'as du mal à marcher en sortant, que j'évite la blague graveleuse de Sergey, parce que tous les points se connectent et que j'ai compris le secret, que j'ai compris les allusions, la colère depuis le début de la soirée, la tension en vagues qui se dirigeaient surtout vers le Russe, échouaient sur ses lèvres alors qu'il te vannait toujours plus, avec des mots semblables à chaque fois. Ma respiration n'a pas bougé, ma montre connectée me demande de me lever, assis depuis trop de temps. La blonde a disparu, Sergey enfile sa veste. "Tu devrais aller le retrouver, lui faire payer, à cette espèce de petit pé..." Je ne le laisse pas finir sa phrase, lève une main vers lui. "J'ai compris. Pas besoin de tourner autour du pot. Rentre chez toi, ou va t'amuser avec Blondie, mais arrête de me dire ce que je dois faire. J'ai pas besoin d'un deuxième modèle masculin." Il éclate de rire, s'échappe et la porte claque derrière lui, s'ouvre presque aussitôt sur Napoleon, ses essences qui dansent comme des feux follets, trois femmes derrière qui nettoient la pièce alors qu'il me déballe un questionnaire de satisfaction auquel je réponds par des bruits simples, le cerveau occupé à essayer de déchiffrer autre chose. Pourquoi t'avais pas voulu m'en parler, à moi directement ? J'avais jamais eu le moindre souci avec les gens comme nous, j'aurais été muet, tu l'avais bien vu pourtant, j'avais mené les négociations en ton sens, prenant des risques, haussant le ton, me fracassant les phalanges contre la table. Mais t'avais choisi de me tenir à l'écart, même pire encore, de me faire languir, me demandant presque de m'agenouiller pour connaître la teneur de ton secret. Les filles disparaissent, Napo aussi, dans un dernier murmure.

Je me lève, envoie valser dans un coin le cendrier, heureusement vidé par les troupes du Bouquets. Je déteste la colère, je la trouve trop brûlante, trop prégnante, elle donne des teintes à toutes les idées et colore les actions de nuances trop douloureuses, trop stupides. Pourtant, je la laisse me mener dans le couloir, franchir deux salons privés qui le sont moins que celui qui nous a été dédié, entend des râles, reconnaît aussi l'éclat de rire d'Ava derrière un autre rideau, sent le parfum liquoré du Russe contre chaque mur. J'apparais dans le club, déserté, le bar vide, Napoleon aux abonnés absents, sans doute parti rejoindre un amant d'une nuit. Mais je me souviens de ses mots, de chaque instruction, des détails aussi. Et j'avance dans la salle, doucement, mes pas muets sur le sol, mes mains qui le sont tout autant quand j'écarte le rideau, te trouve assoupi sur une banquette salie par d'innombrables pêchés, sans doute en train de songer aux tiens. Me glisse dans l'obscurité, souffle coupé, agent double aux murmures incessants d'habitude, qui se mue pour une fois en une coquille vide du moindre bruit. Et je fonds sur toi, un genou de chaque côté de ton corps, ma propre dague ornée d'or dans une de mes mains, sous ton cou, métal précieux et si cher qu'un meurtre vaut bien le contenu d'un coffre-fort. Contrairement à toi, je ne la fais pas glisser le long du menton mais juste au-dessus de ta pomme d'Adam, le long d'une artère qui se met à palpiter dès que tu ouvres les yeux, sentant ma pression. Mes muscles sont contractés, mon corps se fait lourd, de pierre, de marbre même, t'empêchant de me renverser pour t'enfuir. Un simple moment d'inattention, dû à la tension ou aux verres que tu as enchaîné, et je suis au-dessus de toi, prêt à te couper la gorge pour te faire regretter ce que tu m'as soufflé - des flammes ardentes, qui m'ont brûlé d'un peu trop près. Je me penche, suffisamment pour sentir ton alcool cramer mes cils, et appuie un peu avec la lame encore. "Bien joué, pour ce soir." Sourire qui se dessine de nouveau, sourcils dressés, je feins avoir été impressionné, parce que la réalité c'est que t'as fait bien plus que ça. "Tu as réussi à niquer toutes tes chances d'être un jour pris au sérieux par les russes, les irlandais, les allemands, et pratiquement tout le monde dès que les bruits courront." Pour ce que j'en savais, ça pouvait déjà être en train de se dire dans les rues ; le fils déchu, prince des nuits erratiques, n'a pas réussi à enfiler son masque et a menacé trois chefs de file de la pègre ce soir. Sergey et Hans n'allaient pas passer à autre chose tout de suite, du moins pas sans que je t'aide. Mots qui se muent en murmures quand je les souffle à ton oreille, mon arme solidement maintenue contre ta peau, quitte à te laisser un trait carmin comme souvenir. "Je n'ai pas rebondi sur ce que tu as dit toute à l'heure, Vincenzo Di Natale, mais je ne demande jamais gentiment les choses. Alors tu vas m'expliquer ce qu'il se passe, me remercier de t'accorder une chance d'être en vie plutôt que d'envoyer ta tête à ton cher papounet, et surtout tu vas arrêter de me prendre pour un con." Pouce qui appuie sur la dague, la peau qui pourrait bien se fissurer à n'importe quel instant sous la pression. Les rideaux sont fermés, il n'y a que l'obscurité, mes yeux qui s'y sont déjà faits et la lueur noire derrière tes iris, encore et toujours, plus sombre que la nuit elle-même. Le chuchotement devient encore plus bas, contre ton tympan directement, qui doit battre la chamade, alors que je renforce la prise de mes jambes sur ton torse. Tu ne pourras pas t'enfuir. Tu ne pourras pas m'échapper. "Tu devrais parler, et comme je suis bon joueur, je te laisse même choisir la langue. Si je dois te tuer, ton sang sera ma nouvelle boisson préférée. Je ne gâche jamais rien... Contrairement à toi." Fin sourire qui luit dans l'obscurité, mon autre main qui longe ma jambe, le muscle tendu, droit, terriblement contracté.

@Vincenzo Di Natale
Vincenzo Di Natale
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Vincenzo Di Natale
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#  (vince) supermassive black hole - Page 2 EmptyDim 5 Mar - 17:27
Je vide mon verre, peut-être que j’en vide un deuxième, me laisse aspirer par les vapeurs tourbées qui s’échappent de mon propre corps. J’entends la voix de mon père résonner en boucle dans mes oreilles, que je ne peux pas réussir dans ce milieu avec ce trouble mais que ce n’est pas non plus possible si je ressemble à un zombie. Coincé dans cet entre-deux qui m’a conduit dans ce club, début de ma descente aux enfers, début de ma déchéance. C’est aussi à ce moment que le montre est né, celui que tu vois dans mon regard, celui qui te fait dresser les poils sur la nuque. Il y a longtemps, j’ai décidé que mon trouble ne serait pas un frein mais un atout. Je suis devenu ce monstre sanguinaire que mon père envoyait aux fesses de ses ennemis. Canines acérées, lèvres couvertes de sang, la bonne époque où je pouvais me déchaîner tranquillement sans que quiconque ne vienne me faire chier. J’étais un maestro dans mon domaine, j’étais craint, je n’ai jamais bandé si fort que quand les regards se détournent sur mon passage. C’était avant que le padre me renvoie tout au bout de la chaîne alimentaire, au fond de mon trou avec quelques cicatrices en souvenirs et une interdiction de remettre les pieds à Chicago. Les souvenirs emplissent mon crâne, le visage de mon paternel, ivre de colère, celui de ma mère qui pleure toutes les larmes de son corp face aux vices ultimes de son petit prince, celui de Jay quand il a compris qu’il ne sortirai pas vivant de cet appartement qui a accueilli la concrétisation de nos sentiments. Le cœur lourd, la poitrine comprimée, je me laisse porter par les effluves d’alcool, ferme les yeux juste une seconde, m’accorde une pause dans cette soirée qui ferait frémir de terreur un spectateur extérieur. J’ai frôlé la mort bien des fois dans ma vie mais ce soir…

… Elle décide de venir se rappeler à moi. Mes paupières s’ouvrent et ton visage se tient juste au-dessus de moi. Je mets une respiration pour remettre les lieux et le contexte. Les crises m’épuisent, me font perdre pied avec le présent mais tu es bien décidé à ne pas me laisser m’échapper trop longtemps. La lame de ta dague s’enfonce dans ma gorge, me tire un sourire qui me rappelle celui que tu m’as offert quand la situation était inversée. La tête engourdie par tout ce que j’ai avalé, je te laisse reprendre ton discours. C’est ton truc les grandes déclarations, tu prends un malin plaisir à m’envoyer tes mots à pleine vitesse dans le front, juste pour le plaisir de me faire vaciller. Je sais déjà tout ce que tu me dis, je n’ai pas besoin que le grand Siegmar Luther vienne me rappeler combien je me suis enfoncé dans ma merde ce soir. Cazzo, soit un homme, tranche ma gorge et qu’on en finisse. Le ridicule de la situation me tire un nouvel éclat de rire. J’ai laissé passer ma chance de te rayer de l’équation tout à l’heure et je suis certain que tu vas en faire de même. Si tu avais vraiment voulu m’éliminer, je serais déjà en train de me vider de mon sang sur ce canapé, le velour prenant la même teinte que mon sang. Tu es un vrai drama king, tu aimes l'emphase, les décors rocambolesques et là, tout de suite, tu me fais mal à la tête. Je bouge mes doigts juste pour vérifier que si je le voulais, je pourrais te déloger de mon buste. A la place, je relève la tête, enfonçant encore un peu plus la lame dans mon cou.

Fais toi, plaisir Siegmar. Va y tranches, bois mon sang, envoie ma tête à mon père. Je suis sûr que tu seras généreusement récompensé pour avoir débarrasser le clan Di Natale du prince déchu qui ternit la réputation de la famille.

Mon crâne retrouve la douceur du tissu, contraste saisissant avec la situation qui est en train de naître sur ses coussins. Je laisse un soupire m’échapper. De toute façon, ce n’est plus qu’une question d’heures avant que quelqu’un d’autre que moi ne vienne te conter mon histoire. Alors autant, rectifie la version que je t’ai livré l’autre soir au pub.

C’était pas une femme.

Ma voix est plus rauque alors que j’avoue pour la première fois mon crime à voix haute. J’ai enterré cette histoire, tiré un trait sur cette erreur qui m’a propulsée hors de mon trône. Ma mâchoire s'épaissit sous le coup de colère, contre moi principalement. Je ne détourne le regard qu’une seconde avant de revenir à toi, ma honte bien planquée derrière une bonne couche d’arrogance. Inutile puisque je m'apprête à laisser tomber toutes mes armes à mes pieds et à te donner ma bénédiction pour m’achever, ou me faire chanter à vie. J’aurai vraiment tout raté ce soir.

J’ai été amoureux, une fois. Il y a longtemps. Il s'appelait Jay, il était musicien, il me donnait l’impression d’être autre chose qu’une machine à tuer.

Rire forcé pour alléger mes révélations. Je ferme les yeux, les rouvre et décide de passer sur les détails. Tu te fous de savoir qui était Jay, comme tout le monde. Personne ne m’a jamais posé de question sur lui, comme s’il n’avait jamais existé, comme si mon père l’avait fait disparaître de la surface de la terre avec tous ses souvenirs.

Mon père et sa garde rapprochée nous ont surpris ensemble. Je ne t’apprends rien en te disant qu’être gay n’est pas vraiment accepté dans l’oufit. Jay a été abattu et sûrement jeté dans un quelconque lac pour se faire bouffer par les poissons. Mon père s’est occupé personnellement de mon cas et m’a laissé pour mort à la gare. J’avais assez d’argent pour me traîner dans un train et profiter d'un aller simple pour L.A. Premier train qui est passé par là, j’ai pas plus réfléchie à la destination.

Je te montre mon paquet de clopes du regard et rit quand je lis dans le tien que je peux aller me faire foutre. Ok, Carino, pas de nicotine.

J’ai été banni de Chicago et de la famille. Un oncle m’a récupéré à la gare et m’a remis sur pieds. Voilà tu sais tout, mio caro, maintenant fais ce que tu as à faire.

Geste du menton provocateur qui permet à une larme de sang de s’échapper de ma gorge. Je ne sais pas exactement ce que tu sais, ce que les autres savent et ce que tu as besoin de savoir. Je préfère garder mon trouble et ma relation tordue avec les femmes pour moi, pour le moment. Tu as l’essentiel pour comprendre d’où je viens et pourquoi je me suis relancé dans le business. Tu es assez intelligent pour comprendre que je veux attirer l’attention de la famille pour pouvoir remonter sur le trône. Tu rendrais service à tout le monde en m’enfoncant ta dague dans le cou et te faisant un masque facial avec mon sang, moi le premier. Juge haut perché sur mon ventre, j’attends le verdict et que la lame glisse rapidement sous ma pomme d’Adam. Tu sais où couper Carino, ça sera rapide. Je vais me vider de mon sang sur ce canapé et je te laisserai le soin de donner quelques billets au blondinet pour nettoyer le bordel que ça va foutre.

Oh, une dernière chose, ne laisse pas mon club tomber entre les mains des Russes. Mes employés sont bien trop mignons pour servir ces maiali.

Humour qui cache une requête sérieuse. Mon club s’est ma seule réussite dans cette putain de cité des anges. Je n’ai pas envie de perdre la seule chose qui brille dans ma vie.

@Siegmar Luther
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Siegmar Luther
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#  (vince) supermassive black hole - Page 2 EmptyDim 5 Mar - 18:03
Ma lame n'infligera qu'un sévice ce soir, du moins je m'en persuade, laisse un trait carmin dans ton cou, pas fatal, peut-être même pas douloureux, puisque dans tous les cas tu es sans doute trop alcoolisé ou furieux pour sentir la souffrance. Peut-être que les deux sont liés, peut-être que lors des rares moments où je t'avais quitté des yeux, pour fusiller du regard le Russe, pour rappeler à l'ordre l'Allemand, tu avais réussi à boire au goulot la fureur, une liqueur ancestrale qui enflammait les boyaux et faisait se tordre les plus émérites chevaliers. Peut-être aussi que si j'étais autant en colère après toi, c'est parce que t'avais mis un gros coup de pied dans l'échiquier sans me laisser jouer mes techniques spéciales, une première sans doute, et t'avais dû voir dans mon regard et sous mon sourire, quand ton couteau était contre ma peau, que ça me déplaisait fondamentalement. Dans le fond, je ne parvenais pas tout à fait à saisir comment tu pouvais m'en vouloir, m'étant mis au milieu de votre fusillade pour t'empêcher de prendre une balle bien méritée cependant, ou bien même quand je t'avais dégoté un gros territoire, de quoi avoir quelques jours heureux et de belles sommes pour lancer pour de bon ton empire. Je n'avais rien demandé en échange qu'un respect mutuel et la disparition de la fureur derrière tes iris. Tu n'avais tenu aucun de tes engagements et j'avais dépassé les miens. La colère était dès lors justifiée des deux côtés, mais je préférais me mordre la langue que de laisser cette vérité là m'échapper au cours d'un dérapage de pensées. Et puis tu parles, de ta voix rauque, de ta voix cassée, ton souffle teinté par l'alcool qui me fait me redresser un peu, maintenant que j'ai fini de glisser mes menaces derrière tes lobes d'oreille. Pas une minute qui ne passe sans que les miennes sifflent, sans que je sache d'où vient l'acouphène qui obstrue mes pensées, me donne envie de te planter, puis de faire de même sur mon propre torse pour mettre fin à tout ça une fois pour toutes. D'après l'histoire que tu me racontes, ton père serait bien content d'apprendre que son fils ancien prodige s'était retrouvé tué dans un club libertin. Il aurait jugé que l'endroit était parfait, que la césure était douce, belle, et que le karma avait probablement fait son affaire pour ces enfoirés de pêcheurs. Mais je m'en foutais pas mal de ce que pouvait penser le père Di Natale à l'autre bout du pays, et je ne comptais pas baisser les dents non plus devant lui s'il venait se perdre dans les rues de Los Angeles. Ce n'était qu'un ponte parmi tant d'autres. Parfaitement remplaçable, parfaitement fidèle à ses règles, à sa famille - du moins exceptée les enfants homosexuels qu'on plaquait dans un coin en arrachant le coeur de leurs amants. Peut-être même que le patriarche n'en avait pas, finalement, qu'il faisait partie de ces légendes urbaines qui couraient sur des monstres assoiffés de sang, de gloire, d'argent, dépourvus de l'organe le plus vital. Tout ce que j'apprenais, tout ce que tu me soufflais entre deux crachats, ne faisait que confirmer ce que je pensais. Aucune découverte, si ce n'est le portrait sombre de ton père. Tu le détestais, tu pouvais le soupirer, mais tu l'admirais et l'adorais de la même façon. Tu ne lui aurais pas plaqué un couteau sous la gorge, impossible. Tu avais trop peur de lui, trop besoin de lui prouver quel héritier modèle tu pouvais bien faire si tu t'appliquais. Tu termines ton histoire et déjà je recommence à avoir envie de te tuer, puisque tu joues la provocation, dresse le menton, la lueur nocturne dans tes yeux qui enfle alors que j'hésite. Je pourrais mettre fin à tout ça pour de bon. M'assurer que tu ne viendras plus niquer le moindre plan, m'assurer que Sergey sache que je pouvais aller jusqu'au bout aussi. Mais quelque chose me retenait. Une sensation, une prémonition. Tu avais le potentiel de devenir important, de devenir un pilier, mais tu gâchais tout avec tes explosions incontrôlées et ta cape de colère qui enveloppait des empires entiers pour les faire s'effondrer. J'appuie un peu plus, serre les cuisses, te comprime les côtes, et tes derniers mots sont à l'image de la goutte bordeaux qui perle sur ta peau dans l'ombre, vient couler jusqu'à ton épaule, jusqu'à ma main, jusqu'au sol. Une trace de toi laissée dans le Bouquets pour toujours ; quelle ironie après les aveux que tu venais de faire. Et puis je relâche un peu la pression. Tu es sauvé par ta dernière confession, l'amour de ton club, puisque la dernière pensée qui étreint un homme aux portiques des enfers est toujours très révélatrice. Tu me parles de ton club avec le même entrain que l'autre soir, cache sous des tonnes d'humour l'affection que tu lui portes, la fierté que tu en tires. "Tu mérites pas que je te saigne, mein hase. Tu mérites même pas que je te regarde." Ma main qui appuie sur ta cage thoracique alors que je me relève, creuse un trou qui te coupe la respiration quelques secondes. Je me laisse tomber à côté de toi, prend l'un des deux verres, le remplit. "T'es qu'un connard, Vincenzo, vraiment rien d'autre qu'un baltringue. Tu mérites pas ce qui t'est arrivé non plus. Je suis désolé pour ton ex." Verre vidé aussitôt, le coude dressé vers le plafond. Pas vraiment honte, pas vraiment peur de me saouler non plus puisque les nuits suivent les jours qui suivent les nuits, et pas une minute de sommeil n'a réussi à me faire dessaouler de ma vie. L'adrénaline marche mieux, ou la création d'histoires antiques et fantastiques.

Second verre que je me sers, je remplis le tien aussi, fait glisser le verre jusqu'à ta portée. T'es trop près, je suis trop près aussi, à moins d'un mètre l'un de l'autre alors qu'on a failli s'entretuer dans la dernière heure. "Je veux que tu prennes le Sud. Que tu arrêtes de la ramener tout le temps. Que tu fasses venir ton père et que tu lui arrache le coeur devant moi." Fin sourire qui luit dans le noir à nouveau, décidément mannequin d'Halloween ce soir, les cernes sans doute trop longues, mes certitudes quand au sommeil qui pourraient bien s'effondrer d'une nuit à l'autre. Trop éprouvé, aussi, par la tension à l'autre table, par vos flingues croisées, par la tentative de déduction des mots échangés par l'Irlandaise et le Russe. Par les potentielles conséquences de mon entrevue avec Hans, de mon ton qui l'avait suivi derrière la porte. Je n'étais pas Reiner, ils ne m'aimaient pas comme lui, ils ne me respectaient pas comme lui. Pourtant, il aurait fallu. C'était fatigant de toujours lutter. C'était sans doute pour ça, aussi, que je t'avais accordé ma confiance. Parce que t'avais eu l'air solide, t'avais eu l'air d'en vouloir, et j'avais été aveuglé. "Que tu arrêtes de me distribuer des ordres, et peut-être que je t'en donnerais moins aussi. Et que tu t'étonnes pas si un vigile te fouille à chaque fois maintenant, te retire toutes tes putains de lame et ça même s'il doit te désaper entièrement parce que..." Ma main me frotte la gorge, la peau encore un peu irritée. "Parce que ton couteau était bien aiguisé. T'as qu'à prendre cette soirée pour un pacte de sang. T'as versé le mien, j'ai versé le tien. Maintenant tu apprends à me faire confiance et je te laisse gérer tes affaires comme un grand." Je vide mon second verre, espère que l'alcool anesthésiera mon mal de tête, mais en attendant, je penche la tête en arrière, je laisse mes jambes partir en avant, te faisant sans aucun doute un peu trop confiance, les yeux fermés. Ma gorge entière frémit à chaque son qui sort de ma bouche, et mes verres se remplissent à l'aveuglette. Je n'ai jamais été fatigué. J'ai jamais eu à gérer les paupières lourdes, l'envie de disparaître. "Passe-moi une clope, Di Natale." Tant pis pour mes bonnes résolutions, tant pis pour mes beaux petits poumons. Il n'y avait que cette odeur-là qui puisse me donner l'envie de combattre Morphée et ses bras musclés. Je l'allume en dégainant une allumette hors de ma veste, inspire un grand coup, ne tousse même pas. Mais ça me réveille, j'ai les yeux bien ouverts, la nuque qui épouse toujours le dossier en se courbant. "Tu peux fourrer ta langue dans n'importe quelle bouche de la ville, je couvrirais tes arrières et je jurerais que t'as uniquement l'attrait des nanas, j'irais jusqu'à me mouiller en disant que j'ai essayé avec toi mais que t'as résisté. Les rumeurs passent toujours par moi. Mais je veux que tu me jures de ne pas me la mettre à l'envers, cazzo." Un soupir ou un râle de douleur, je ne sais pas. Un autre verre dont l'ultime goutte tombe droit sur ma langue, l'incendie autant qu'il l'apaise. "Je t'ai offert trois chances, celle-ci est la dernière. La prochaine fois, tu redémarres à zéro et je pense que tu as compris qu'il ne vaut mieux pas m'avoir pour ennemi. Affare fatto ?"

@Vincenzo Di Natale
Vincenzo Di Natale
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Vincenzo Di Natale
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#  (vince) supermassive black hole - Page 2 EmptyLun 6 Mar - 12:10
Le coup ne vient pas, la lame tarde à glisser contre l’épiderme de mon cou et mon cœur continue de battre tranquillement dans son coin. Désolé Satan mais ça ne sera pas pour ce soir, tu peux ranger le festin que tu avais dressé. Ma tête retombe contre le canapé, entraîne mon buste contre les coussins moelleux qui ont dû voir nombre de corps s’affaler sur le tissu, habillés, nus, à deux, à trois, des orgies arrosées de champagne et d’autres plus intimes. L’ironie de la situation ne m’échappe pas, crever dans un haut lieu de la luxure alors que j’y ai définitivement renoncé, je ne pouvais pas rêver mieux comme mort. Coup ultime porté à la réputation des Di Natale, on se serait souvenu de moi à jamais comme le monstre, l’erreur, le prince déchu qui avait réussi l’exploit de décevoir sa famille jusqu’à sa mort. Je bascule mes jambes dans le vide pour retrouver une position assise, le monde se balançant dangereusement autour de moi. Un soupir épuisé m’échappe, reste de la fatigue engendrée par ma crise. En aucun cas un soupir de soulagement parce qu’il aurait été bien plus simple que tu m’achèves, ou que je le fasse tout à l’heure. Maintenant, on a juste l’air de deux cons avec nos gorges écorchés et nos palpitants en parfait état de marche.

C’est pas mon ex. Juste une erreur.

J’attrape le verre que tu viens de remplir et avale d’une seule traite son contenu. Mauvaise idée de continuer à boire mais au point où en ai, on ne risque plus grand chose. On a déjà passé le stade des menaces, des insultes et même de la tentative de meurtre, qu’est ce qu’il pourrait se passer de pire. A mon tour de remplir nos verres avant d’agripper le mien en me laissant retomber contre le dossier du canapé. Quand mon bras frotte contre le tien dans mon mouvement, je prends conscience de notre proximité. Plus de distance de sécurité, apparemment ce n’est plus nécessaire maintenant qu’on a tous les deux essayé de buter l’autre. J’étends mon bras le long du dossier, retient l’envie de tirer un fil qui dépasse de ta chemise. Je reporte mon attention sur le liquide ambré qui anesthésie mon cerveau et hoche doucement la tête.

Bien, chef !

Quand nos regards se croisent par-dessus ton épaule, je lève exagérément les yeux au ciel et laisse un éclat de rire détendre l’atmosphère. Je crois que je suis censé t’en vouloir après avoir vu ta dague de près. Mais bon, je t’ai fait le même coup il y a même pas une heure alors que je crois surtout que je suis en position de la ramener. Encore moins après que tu m’ai servi le sud sur un plateau et que j’ai menacé tes charmants collaborateurs avec une arme. Mais ce n’est que du détail, l’allemand n’a pas assisté à ma crise et le russe était tellement bourré que je serais étonné qu’il se souvienne de ce club demain. D’ailleurs en parlant d’être bourré, j’avale une nouvelle gorgée de whisky qui est plutôt très bon. Il faut que je pense à remercier le blondinet avant de partir ou que je lui envoie un petit cadeau pour le remercier de son sauvetage. Il aurait pu me laisser perdre connaissance dans la ruelle mais pour protéger la réputation de son club, ou mon petit cul on ne le saura jamais, il m’a traîné jusqu’à ce salon. Mon rire perce de nouveau la brume alcoolisée qui est en train de s’étendre entre nous. Un pacte de sang rien que ça.

Tu veux dire qu’on est meilleur ami pour toute la vie maintenant ?

Je balance mon genou contre le tien en lâchant un nouveau rire qui tend les muscles de ton dos. Je peux les voir à travers ta chemise dont le tissu est tendu par ta position avachie.

C’est bon, carino, je vais faire des efforts pour me contrôler. Par contre, il va falloir apprendre  à me faire confiance à partir de maintenant. Hors de question que tu me fouilles à chaque fois qu’on se voit.

Personne ne me fout à poil, même pas toi. Je ne peux pas jurer que je n’essayerais plus jamais de te buter mais j’ai promis de faire des efforts. Je me calme, tu te calmes et tout va bien se passer. Tes doigts accrochent la fine ligne rouge que j’ai laissé sur ta peau et par automatisme, mon index se pose sur mon entaille. La pulpe de mon doigt est recouvert par une couche de sang qui termine dans ma bouche. Je t’adresse un clin d'œil pour répondre à ton air dégoûté. Dommage que tu sois si énervant parce que tu me fais beaucoup rire, carino. Peut-être que dans un autre univers, on aurait pu être pote. On se serait retrouvé autour d’un bon whisky pour papoter musique et bouquins. Mais ça n’arrivera pas dans cette vie. Trop de différences nous séparent, la vie nous ayant poussé dans deux directions différentes en agrémentant au passage mon jeu de quelques cartes noires. Tu adoptes la même position que moi sur le canapé, dos qui prend la forme de l’assise, pieds en appuie contre la table basse. Je termine mon verre, laisse retomber le contenant contre le coussin à côté de moi. Une cigarette atterrit entre mes lèvres, et très étonnamment, une autre va se loger entre les tiennes.

Oh cazzo, ça valait le coup de me faire chier avec tes réflexions sur mon odeur.

Trop tentant pour ne pas te titiller avec ta faiblesse momentanée. T’as pas l’air du genre à lâcher souvent la bride alors ça serait con de ne pas en profiter. Une nouvelle fumée vient nous entourer. Mes paupières se ferment pour tenter de retrouver un peu de concentration, la liqueur me joue des tours, endort mes sens alors que je ne dois pas oublier que le diable en personne est posé à côté de moi. Position chill en apparence mais au moindre geste brusque, on sortirait tous les deux une arme avant même que notre cerveau envoie le moindre signal électrique. Réflexe de gangster ou instinct de survie. Sûrement un mélange des deux, même après pas mal de verres de cocktails colorés et de whisky tourbé.

Jay était une erreur, je te l’ai dit. Ma langue n’ira nulle part.

Pas d’homme et quelques femmes que je choisis savamment trois soirs par semaine. Planning écrit à l’avance comme on note un rendez-vous chez le médecin. L’attirance n’entre pas en ligne de compte, c’est mécanique, juste fait pour renforcer ma réputation. Pas de désir, pas de foutu crépitements dans le ventre. J’ai enfoui profondément toute cette partie là de ma vie. Je fais ce qu’il faut quand il faut le faire. Comme n’importe quelle mission. Personne n’a jamais dit que la vie était facile ou plaisante. Je vais buter un mec comme je baise une nana quand une faille apparaît dans mon plan. Ce n'est pas une partie de plaisir mais ça doit être fait. C’est tout, c’est comme ça et ça me convient.

C’est pas parce que tu as aimé me grimper dessus que c’est pareil pour moi, mio caro.

Je dégaine mon humour douteux comme un gilet pare-balles. Tu as déjà vu bien assez de craquelures dans mon armure pour que je continue de te fournir des balles. Je tire une dernière fois sur ma cigarette, me sers de mon mégot comme excuse pour m’éloigner de toi. Je lève légèrement mon bassin pour aller écraser ma clope dans un cendrier et me laisse retomber sur le canapé en m’éloignant de ton corps toujours affalé. Ton odeur sature mon odorat et j’ai l’impression d'étouffer. Parce que tu en sais trop, parce que j'accepte de te donner bien trop de pouvoir sur moi, parce que tu pourrais m’achever ce soir si tu le voulais et d’une manière bien plus douloureuse qu’une balle entre les deux yeux.

Cambio di disco, tesoro. Affare fatto, te l'ho già detto.

Je suis à tes pieds, carino, pas besoin de me le rappeler toutes les deux phrases. Je sors mon téléphone de la poche de ma veste, vire les notifications sans prendre le temps de les détailler. Le seul message qui m’importait c’était celui qui disait que le club avait fermé à l’heure convenue et sans embrouille. Le reste pouvait bien attendre que je décuve demain matin. Je fais défiler les icônes des applications jusqu’à trouver celle des taxis de LA.

T’as besoin d’un taxi, carino ?

Voix instable, mots qui commencent à avoir du mal à sortir, vision floue, il est temps que je me traîne jusqu’à chez moi. J’ai besoin d’eau et de sommeil. Je viendrais récupérer ma caisse demain, je ne suis clairement plus en état de conduire.  L’application m’indique une attente de trente minutes avant qu’on vienne me récupérer. Fêtards de merda qui monopolise tous les taxis de la ville.

@Siegmar Luther
Siegmar Luther
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#  (vince) supermassive black hole - Page 2 EmptyLun 6 Mar - 13:52
Contrairement à ce que tu dois croire, j'ai pas de problème à me gérer sous tise. C'est pas la liqueur ambrée qui m'a fait te saigner la gorge, c'est pas non plus elle qui m'a glissé de venir te retrouver dans ce salon - non, cette confession là avait émané d'un diable blond qui semblait avoir disparu maintenant. Le seul point que je devais reconnaître à l'alcool, la seule vertu que je pouvais lui attribuer dans le déroulement des événements de la soirée, c'est qu'il m'avait fait jouer les boucliers une fois, et qu'il m'avait empêché de te couper le larynx ensuite. Parce que ton histoire à la con d'homosexuel refoulé que tu continuais de déballer m'agaçait plus que de raison, et qu'en même ça me touchait d'enfin voir une lueur humaine derrière tes cornes de démon. T'as une voix qui m'insupporte exceptionnellement ce soir, puisque même après les sacrifices que j'ai fait pour te laisser la vie sauve et les poches pleines de fric, tu trouves moyen d'avoir un air goguenard qui me donne envie de te pousser pour que tu tombes de ton piédestal. Dire que j'aurais pu profiter d'une bonne bouteille tout seul, me raconter son histoire en l'imaginant provenir d'une petite distillerie de l'autre bout du monde, m'inventer des termes pour décrire sa robe, son goût, son odeur. Mais non, il avait fallu que je m'ôte le spectacle de la vie qui quitte tes yeux, en reprenant position sur mes deux jambes sans qu'elles écrasent tes bras pour t'empêcher de fuir. J'allais sans doute regretter cette décision un jour, dans une semaine ou dans quinze ans, quand tu allais te venger pour de bon des affronts prétendument infligés en me poignardant dans le dos, ou pire, de face. S'il y avait bien une image que je ne voulais pas me forcer à trimballer dans le royaume des morts, c'était ta gueule victorieuse et tes yeux noirs. Ça aurait fait beaucoup, vraiment beaucoup. Sans aucun doute trop. Double punition, même. Toujours est-il que tu t'agites un peu trop, que ça fait claquer ma langue, mais qu'au moins tu as la décence de nous servir un nouveau verre, mon sourire qui s'était affaibli se regorgeant d'un seul coup. J'ai pas trop osé l'ouvrir pour une fois, quand t'avais dit que c'était pas un ex, juste une erreur. Parce que j'aurais eu des mots un peu durs sans doute, déjà parce que j'aimais pas trop cette façon de parler d'un être qu'on avait aimé, parce que tu l'avais aimé, que tu l'admettes ou non, sinon ton père en aurait buté un autre au hasard et pas spécifiquement celui-là. Parce que je t'aurais sans doute glissé que l'erreur dans l'histoire, c'était un peu plus toi sur sa route à lui, parce qu'il aurait pu continué à genre respirer, genre boire, genre vivre, s'il en avait croisé un autre que toi. Mais non, tu étais le prince des ombres, tu avais besoin que le monde s'agenouille à tes pieds et tu n'étais surtout pas capable de reconnaître l'importance que les autres avaient eu, ont ou auront sur toi. A nouveau, tu éclates de rire, me sort de ta psychanalyse, ton genou qui frappe le mien alors que j'aimerais que nos peaux restent à bonne distance, parce que j'accroche pas du tout avec les ondes que tu dégages quand tu te contrôles pas, que t'as déjà failli me trancher la gorge et que je suis capable de pardonner une seule fois, normalement, pas trois ; t'as déjà basculé le champ de mes probabilités, retourné complètement la vallée de mes hypothèses, et pourtant ça te suffit pas. A moi, oui. Je suis sûr que t'as la peau froide, sûr aussi que le moindre de tes poils s'avère être forgé en acier, dague taillée à même la peau pour déchirer et décimer. Mes épaules se contractent, j'aurais bien eu l'envie de te faire fermer ta bouche, mais je bouge pas, je te laisse enchaîner. J'ai pardonné trois fois. Ça tourne en boucle dans ma tête, et je me demande si c'est le genre de trucs que Ray a ressenti le jour où il a décidé de se faire la malle. Ou si c'est juste une simple culpabilité, celle de ne pas avoir rayé de la surface de la Terre le plus homophobe, le plus machiste, le plus ravageur de tous les Italiens. "C'est pas moi qui te fouille, j'aurais trop peur de révéler ton petit secret au grand jour en te touchant, mein hase. Mais ne t'en fais pas, ça sera pas trop souvent, et tu ne seras même pas tout nu, la dignité Di Natale sera préservée." Je termine mon verre, me penche en faisant se heurter nos genoux, jambes tendues et écartées de la même façon, et ça m'énerve un peu plus encore d'avoir l'impression de jouer le rôle de ton reflet dans un miroir. "Dans tous les cas on ne se verra pas beaucoup. Je n'ai pas l'habitude de beaucoup traîner avec le milieu, et tu as viré ton barman. Le nouveau gars est sympa, de ce qu'on m'a soufflé, mais ça vaut pas l'ancien." Je manque te dire que c'était pas très fair-play comme move, parce qu'à l'évidence tu l'as dégagé juste parce qu'il se laissait aller à des clins d'oeil virils sur d'autres corps d'hommes. Tu avais dû être jaloux, frustré, et tu ne t'étais pas gêné pour te débarrasser de ce pauvre type.

Sang dans ta bouche qui me fait frémir, je feins le dégoût en me demandant ce que ça peut bien avoir comme effet sur l'organisme, et puis je range mon diplôme de physique chimie pour le remplacer par d'intenses volutes de fumée blanche, le tabac qui me crame les poumons, mais c'est pas beaucoup plus grave de fumer une unique cigarette que de s'enfiler trois bouteilles de jack. "C'est pas le tabac qui me dérange dans ton odeur, c'est tout le reste." Fin sourire sur les lèvres, parce que dans les faits ça m'amuse pas mal aussi de te provoquer. C'est peut-être ça qui m'a fait dégainer la lame, l'adrénaline non pas d'une soirée chargée en testostérone, mais bien d'un jeu qui se passait à couvert, derrière des rideaux opaques, et dont je ne prenais conscience d'être le protagoniste que maintenant. Tu continues, enchaînes les manches comme si on était sur un ring, et je te réponds presque toujours du tac au tac, la bouche embuée d'alcool et de cigarette sans que j'essaie de me contrôler pour la fin de soirée. "T'es encore plus flippant vu du dessus, c'était pas un plaisir de me glisser par-dessus ton torse dans l'optique de te tuer." Même si ça réveille pas mal d'images d'autres soirées, bien avant mes serments, bien avant que je promette de devenir chaste pour ne pas être le parfait héritier de Reiner, ses conquêtes par centaines, ses enfants dans chaque port, et son foutu sourire de côté quand il trouvait une nouvelle cible. Je voulais être un mec bien, fondamentalement bien, avoir un héritage positif même s'il passait par l'illégalité. Mais je ne voulais pas qu'on puisse cracher sur ma tombe ou faire des reproches à mon spectre dans soixante piges ; parce que ouais, je comptais vivre vieux. Je me redresse en t'entendant parler italien, puis tu te désintéresses complètement de moi et ça me fait tiquer alors que ça devrait pas. Pour ce que j'en sais, tu peux être en train de réunir tes gars pour me finir à la sortie. Ou en train de préparer la nouvelle couverture féminine pour dissimuler tes pêchés les plus probants. Je secoue la tête, pose mon verre sur la table pour la dernière fois. Et tu parles de nouveau. J'ai pas ma moto. Je pourrais très bien rentrer à pied mais... "Ouais, je veux bien." Je me relève, fais un rapide tour du salon pour me dégourdir les jambes, m'étirer, retirer ma chemise de mon pantalon, toutes les conneries qui me feront gagner du temps quand je rentrerais chez moi, quand je passerais la porte en me demandant si pour une fois je ne serais pas tenté de dormir comme les autres. "Fais gaffe en te relevant, t'as la braguette défaite et surtout tu titubes comme un enfant alcoolique." J'éclate de rire, me rassois, évidemment bien plus à l'aise que n'importe qui, parce que chez les Luther, l'alcool disparaît dans le sang en un rien de temps, en même temps que le sommeil se glisse derrière les paupières. C'est un contrat d'antan avec le diable et ses enfants, il a accepté de nous laisser la vie sauve même sans nuit complète, même sans gueule de bois, pour peu qu'on accepte de vendre nos âmes jusqu'à l'infini. Pas de bol, moi je voulais récupérer la mienne.

@Vincenzo Di Natale
Vincenzo Di Natale
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#  (vince) supermassive black hole - Page 2 EmptyLun 6 Mar - 15:16
Et nous revoilà partie dans une joute verbale sans fin. Je grogne, lève les yeux au ciel mais intérieurement, bien planqué derrière ce truc noir qui devait être un coeur il y a bien longtemps, j’aime bien notre manière de fonctionner. Et tu peux cracher tout ce que tu veux, je sais que ça ne te déplait pas, sinon tu m’aurais vidé de mon sang sur le canapé de ton copain sans même te poser de question. Mon regard traîne une seconde sur ton profil et je me demande si tu as déjà ôté la vie. Tu parles beaucoup, fait des grands gestes mais je ne suis toujours pas sûr que tu sois vraiment capable de vivre avec une mort sur la conscience. Mais tu sais ce qu’on dit, c’est la première fois la plus difficile. Après, c’est juste une nouvelle routine à adopter. Mon père avait l’habitude de me dire que Chicago répondait aux mêmes lois que la jungle. Soit tu bouffes les autres, soit tu te fais bouffer. Soit tu descends tous ceux qui entravent ton chemin, soit tu finis au fond d’un lac avec un joli caillou accroché à la cheville. Et ces mêmes lois définissent la vie à L.A., soleil ou pas soleil, c’est la même partout. L’homme est un prédateur, quoiqu’on en dise.

Si tu crois que t’as ce qui faut pour me faire bander, carino…


Éclat de rire pour planquer mon malaise derrière mes dents blanches. Je retiens ma réflexion qu’il te manque de la poitrine pour me faire de l’effet mais j’ai peur de ne pas y mettre assez de conviction et de m’enterrer tout seul dans ma propre tombe. Je préfère jouer la sûreté surtout quand l’alcool risque de faire fourcher ma langue pour révéler des vérités qui ne devraient jamais sortir de mon crâne. Heureusement pour ma dignité, tu passes à autre chose. Je ne pense pas que ce soit pour m’épargner, ce n’est pas ton genre, mais plus parce que tu décides de ne pas rebondir sur toutes mes piques. Si tu faisais ça, on prendrait le risque de prolonger éternellement cette conversation et ni toi, ni moi n'avons envie de passer trop de temps côte à côte.

Mon ancien barman avait peut-être tes faveurs mais il n’était pas très doué. Le nouveau est bon, trop naïf sûrement mais il a un bon relationnel. Il s’est déjà mis les habitués dans la poche et génère pas mal de fric.


Coup d'œil en coin, dents qui accrochent ma lèvre inférieure.

Mais je sais où il travaille maintenant, je te filerai l’adresse. Tu pourras aller zoner là-bas plutôt que dans mon club.

Comme toi tout à l’heure, je balaie ta réflexion d’un geste de la main. Si je n’étais pas aussi méfiant de ma propre vision, je jurerait avoir vu la naissance d’un sourire sur tes lèvres. Mais le grand Siegmar qui sourit en présence d’un cazzo d’italien, ma vision doit vraiment me jouer des tours ou alors l’alcool te ramollis. Mon téléphone en main, je n’écoute plus le venon qui s’échappe de tes lèvres, bien que je sens d’ici qu’il est beaucoup moins acide que tout à l’heure. Je reste un mec très binaire, soit je discute, soit je suis sur mon téléphone mais je ne sais pas faire deux trucs en même temps. Contrairement à Hans qui a une capacité redoutable de ne jamais lâcher son écran des yeux sans perdre une miette des conversations autour de lui. La chaleur de ton corps s’éloigne et laisse une traînée de frisson sur ma peau, pourtant couverte de mon cuir. Je mets cette réaction physique sur le compte de mon aversion pour ton être. Je n’aime pas le regard que tu me portes quand on est pas juste tous les deux. Le même regard qu’un parent porte sur un enfant turbulent dont on a honte en public. Ce regard qui me fout les nerfs et me donne envie de te sauter au visage. Encore. Mais j’ai promis de bien me tenir alors je ne bouge pas d’un iota, commande notre taxi. Le chauffeur te déposera à la boutique avant de me ramener à bon port. Le fait de t’imposer ma présence et ma proximité encore un peu fait s’étirer mes lèvres dans un nouveau sourire. Et je m’applique à le rendre le plus flippant possible, selon tes critères. Je pose mon téléphone, allume une nouvelle cigarette, je ne sais pas avoir les mains vides non plus. Il faut toujours que je m’occupe, que j’accable mon cerveau de détails pour ne pas qu’il s’égare dans des coins peu recommandables.

Je reprends ma position, mi-allongée, mi-assis sur le canapé et relève le menton dans ta direction.

Vraiment cette obsession pour ma queue commence à être gênante, Carino.

Je pose une main sur mon cœur et prend un air outrée digne des plus grandes mama italiennes. Pour l’enfant alcoolique, t’as raison je peux difficilement cacher que j’ai abusé de l’alcool ce soir et surtout des cocktails couleurs sapins des alpes de notre hôte. Je me note de me méfier des boissons offertes par le club la prochaine. Non pas que je compte revenir hein, c’est juste dans le cas où tu tiendrais ta futur réunion au même endroit.

T’es joueur ?


Yeux qui se plissent pour te distinguer à l’autre bout de la pièce. Aucun problème de vue en temps normal mais ce soir, rien n’est normal je suppose. Même ma vision se la joue traître. Je jette un coup d'œil à ma montre avant de reprendre la parole.

On a une demi heure à tuer, enfin façon de parler, tu peux ranger ta dague Rahan. Tu as encore tes cartes ou un autre jeu sous la main ?

Je sais que tu es un homme plein de ressources et que tu vas nous trouver une occupation. Sinon, je vais être obligé de parler pour passer le temps et ça ne va être agréable pour personne. Ma première idée était de t'interroger sur ton arme. Evidemment que tu ne pouvais pas avoir un bon poignard de l’armée comme tout le monde. Il fallait que tu nous sortes un truc doré avec des pierres multicolores qui renvoie chaque éclat de peur des personnes sur qui tu l'appliques. Mais je sais pertinemment que tu vas inventer une histoire rocambolesque, juste pour le plaisir d’en faire des tonnes et de te foutre de ma gueule. Je zappe donc la partie histoire du soir et passe directement à la partie Joue avec moi ou j’arrête le temps pour te parler de mes vacances à Naples.

@Siegmar Luther
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#  (vince) supermassive black hole - Page 2 EmptyLun 6 Mar - 16:15
Je m'éloigne avec ma fumée, comme si tu pouvais m'en vouloir de fumer à côté de toi, mais c'est surtout que tu m'inspires pas mal de choses et rarement du positif. Tu pourrais avoir envie de me faire avaler mon mégot brûlant juste parce que tu trouverais ça marrant, ou alors tu pourrais continuer à jouer les hétéros et ce serait encore bien plus humiliant pour toi, puisque personne ne suivait ton petit jeu. Pas moi, pas Sergey, pas Hans, surtout pas Ava, sinon elle ne se serait pas étalée en une tornade rousse de vices autour de ton cou. Ton sourire plein de dents me suit dans la pièce, et ça me fait frissonner. C'est pas bon, parce qu'à force de me mettre en danger pour te défendre, t'as cru pouvoir me dresser une laisse en cuir autour du cou, et c'est typiquement le genre de trucs que je déteste. Je m'appuie dans un coin, sort une mandarine de mes poches, petite astuce de l'oncle pour dissiper en quelques minutes les effets de l'alcool, la dépèce, les morceaux de peau qui tombent au sol alors que je sais que Napoleon ne pourra pas m'en vouloir d'ainsi souiller ses sols. "Je crois rien du tout, je constate. Range-la mieux la prochaine fois et putain, arrête de me parler de ta queue toutes les trois secondes, Vincenzo. T'es passé d'enfant bourré à ado qui découvre le sexe, c'est ça qui me gêne le plus avec toi." Un quartier qui se faufile dans ma bouche, jus acide et salvateur qui me réveille déjà, chasse les mauvaises idées, comme celle de me laisser tomber dans mon lit aux draps immaculés de ma présence, aux oreilles encore emballés. Jamais je n'étais rentré dans ma chambre avec l'envie d'y passer des heures, les yeux fermés. C'était une pièce fonctionnelle, et j'avais même longtemps songé à la transformer en bureau, sans jamais passer le cap, par manque de temps ou certitude qu'un jour viendrait où j'allais avoir envie de me blottir sous une couverture une nuit entière. Pensée faible qui me donne envie de me gifler, mais je ne laisse rien voir, te laisse continuer ton manège, constate avec joie que tu refermes le zip de ton pantalon, renfermant par la même occasion dans sa cage l'hydre que ton père aurait dû couper pour ne pas le laisser se multiplier et se perdre dans toute la ville. "Ton ancien barman était super talentueux, t'as juste pas digéré qu'il assume être gay." ... quand toi tu te planques dans un placard criblé de trous de balle, tout le monde peut voir dedans qui s'y trouve, mais tu persistes à croire que t'as une cape d'invisibilité sur les épaules, qu'on te voit pas perdre ton regard trop fréquemment comme quand tu perds le contrôle, colère et désir qui s'entremêlent bien souvent malheureusement. T'es fait de ce cocktail-là, toi, du cocktail sanguinaire, violent, des deux pires muses qui pouvaient inspirer un Homme. La fureur et les fantasmes. C'était presque dangereux d'être juste dans la même pièce que toi, pouvaient en témoigner les nations russe et allemande qui allaient réfléchir à deux fois avant de se pointer à ma prochaine convocation. Le moins que tu me devais, le moins que je pouvais exiger, c'était au moins que tu arrêtes de te moquer de moi, en sachant pertinemment mon goût pour les mâles, et en dissimulant le tien en faisant passer tout ça pour des erreurs, des problèmes, des incompétences. Je m'en foutais pas mal de ton rapport au sexe, de ton rapport à ton orientation sexuelle, tant que tu restais respectueux et cessait d'inspirer de nouvelles flammes pour colorer la pièce en rappelant que tu détestais les homosexuels. Tu me donnais l'impression que j'allais à nouveau traverser ton faux couloir sans lumières, avec tes grognements dans le dos, puisque t'avais tourné de l'oeil quand t'avais appris que ma couronne serait la même que celle de celui qui viendrait s'asseoir à mes côtés sur les toits de la ville. Affabulateur pour tout, sauf pour l'amour. Enfin, j'imagine. J'ai pas assez fréquenté de près ce type-là pour m'en souvenir. On dit qu'il fait tout remuer, qu'il peut secouer le plus buté de tous les cavaliers solitaires, mais on ne m'avait jamais donné le privilège de le rencontrer de nez à nez, de bouche à bouche. "Je prendrais ses coordonnées avec plaisir. C'était un mec sympa, désolé qu'il n'ait pas pu subtiliser toutes tes faveurs, mein hase." Et t'en faisais un sacré, de lapin, avec tes dents qui luisaient dans le noir, prêtes à trancher toutes les carotides, prêtes aussi à se planter dans une jugulaire pour de bon rompre la vie d'une proie plus faible que toi. Pas trop compliqué à trouver, tu avais toujours pensé être le plus fort, ça suintait de chaque partie de ton corps, et c'était cette odeur de confiance qui me faisait le plus d'effet, me poussant à m'éloigner et à froncer le nez quand t'étais dans les parages.

Tu te redresses à peine, me fait un signe du menton, je secoue la tête, je sais pas ce que tu veux mais moi je ne veux pas. Et puis t'enchaînes, me crible d'une nouvelle salve de balles alors que je me rappelle t'avoir sauvé des slaves, une fois de plus me maudissant de ne pas les avoir laissé te transformer en un morceau de gruyère. "Si ça te dérange tant que ça, t'as qu'à te casser. Je te l'ai dit suffisamment de fois ce soir, la porte est ouverte." Je me rassois à mon tour, le verre qui se remplit de nouveau, j'ai une deuxième mandarine si besoin, et quelques gorgées. "C'est ton obsession pour moi qui me fait plus peur. T'as pas pu me trancher la gorge, t'as pas réussi. Et tout ce que tu fais depuis toute à l'heure c'est me parler de ton sexe en me demandant de pas en parler, comme si c'était une des sept merveilles du monde moderne et pas juste un morceau de chair désabusé." Je secoue la tête entre mes mains, l'air fatigué mais pas tant que ça, les vitamines fruitées m'ayant réanimé pour encore quelques heures. Je grogne un peu aussi, laisse mes dents gratter mes lèvres dans un geste de stress, parce que tu déverses des étincelles dans toute la pièce et que c'est pas super désagréable. J'ai bien fait de pas me parer de cachemire ce soir, ça aurait été un coup à devenir une de ces boules de foudre qui rentrent par les fenêtres et détruit tout sur son passage ; bien le contraire de tout ce que j'avais essayé ce soir, à me mettre entre toutes les animosités pour tenter de calmer le jeu. Jeu qui reprend d'ailleurs quand tu hausses un sourcil, me demande si j'ai les cartes, ou un autre jeu. Mais non, je ne me balade pas encore avec une étagère ludique, je réprime la phrase entre mes lèvres pour ne pas accentuer davantage ton animosité à mon encontre, sort de mes poches le paquet de cartes, seul rescapé du salon privé dans lequel gisent encore les jetons. "J'ai les cartes mais c'est tout. J'espère que tu connais un jeu sans mise." Je pose le tas sur la table, le frappe de la tranche de ma main, et la ligne est presque droite, presque parfaite, cadavres de cartes retournées, logo de Treasureland à l'envers, et ça me fait sourire. Bien plus sourire que la suite de la soirée, parce qu'être à l'arrière d'un taxi avec toi me filait la chair de poule aussi, et paf ! Je commençais enfin, sans doute pour ton plus grand bonheur, à me sentir ivre, mais pas que, à me demander si tu n'avais pas cet effet effrayant sur moi juste parce que je te l'avais attribué le premier jour, quand tu t'étais pointé avec tes grandes vérités écrasantes et ton regard mauvais, et que depuis, je ne pouvais voir que le noir sombre, encre suprême, lave des enfers, qui coulait dans tes yeux. C'était la seule explication possible, la seule qui soit viable, je ne pouvais t'avoir accordé ce pouvoir que parce que je ne pensais pas le reprendre. Et aussi simplement que ça, un battement de cils, sourire en coin, je ne voyais plus le fantôme derrière toi, plus de spectre, plus de côté impressionnant, je m'étais menti, m'étais raconté une belle histoire, et ça avait suffi pour dissoudre ton effet Pokémon ténèbres. T'avais l'air moins impressionnant si on se persuadait que tu n'étais pas un danger létal - pourtant, t'avais essayé de me tuer, mais là était la subtilité, essayer signifiait l'échec ou l'abandon, et t'avais fait un peu des deux quand moi je m'étais contenté d'échouer à te saigner. "On joue à quoi, cariño ?"

@Vincenzo Di Natale
Vincenzo Di Natale
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#  (vince) supermassive black hole - Page 2 EmptyMar 7 Mar - 10:51
Mon regard amusé se perd dans les fumées qui ont envhais le salon qui accueille notre affrontement. Parce que c’en ai un, n’est-ce pas ? T’es venu me rejoindre pour faire couler mon sang, arrêter mon palpitant de remuer et me rayer de la carte une bonne fois pour toute. Pas encore bien compris ce qui t’as fait renoncer. Je ne crois pas en tes mots, tu es bien trop habile pour laisser la vérité passer tes lèvres, magicien des formulations, capable de planquer n’importe quoi derrière une belle histoire. Tu me dis ce que je veux entendre ou ce qui m’atteint le plus selon le cas, comme en ce moment. Je sais que tu scrutes mes réactions, notre tous mes points faibles dans ton joli carnet qui orne un coin de ta tête. Je n’aurai jamais dû te raconter pour Jay, j’aurai dû garder ce souvenir pour moi et ne pas te laisser t’en servir pour me foutre au sol. Parce que tes insinuations sur ma prétendue homosexualité me font bien plus mal que toutes les lames que tu pourra faire glisser dans mon cou. Parce que ça me rappel que je suis faible, que je ne suis pas digne de l’héritage de Di Natale, que je me trouves à me rouler dans la merde de Los Angeles alors que j’avais une bulle dorée à ma disposition à Chicago. Je t’en veux de faire sauter la lueur de malice dans mon regard, de me faire revenir à cet état sombre que je déteste mais qui persiste à s’accrocher à mon cuir. Regard dur, mains crispées qui font ressortir le rouge de mes phalanges blessées. Je tire sur ma cigarette, range mes insultes pour ne laisser sortir qu’une réplique acide.

J’ai aucun problème avec l’homosexualité des autres, Siegmar. Le nouveau est gay aussi et j’en ai rien à foutre. J’aime pas ce que tu insinues.

D’un geste du menton, je te défis de continuer sur ce chemin là. Je ne rigole plus, j’ai perdu tout mon humour quand tu m’as balancé tes critiques à la gueule. Certaines font plus de mal que d’autres, j’ai pu passer outre toutes tes attaques de la soirée mais là, ça ne passe plus. La température de la pièce chute de plusieurs degrés, mon regard fixe son corps détendu, plus intéressé par ton fruit que par ce que je suis en train de te raconter. Tu chatouilles mes envies de violence, me donne envie de laisser libre court à mon trouble, de laisser une crise gonfler dans ma poitrine, encore et encore comme un ballon de baudruche et de la faire éclater dans des envolées destructrices. Mais le blondinet a été sympa avec moi toute la soirée, je m’en voudrait de ruiner cette pièce. Il ne mérite pas le carnage qui est en train de prendre forme dans mon crâne. Alors je me contente de tirer fort sur ma cigarette, de t’effacer de mon champ de vision et de ruminer dans mon coin en attendant que les vagues écarlates refluent doucement. Ça va finir par passer, ça finit toujours par se calmer là-dedans.

Mon regard passe de la porte à toi et pendant un instant, j’envisage de me casser. La soirée a été rude, pour des raisons autres que celles que tu as pu observer. Je suis bourré et fatigué et j’ai tellement les nerfs à vif qu’il ne me faudrait pas grand chose pour éclater de nouveau. Mais une nouvelle crise maintenant serait destructrice, plus pour moi que pour le destinataire de ma colère. Je n’ai plus les forces nécessaires pour résister, je m’écroulerais comme un sac de linge par terre, inanimé, faible, et rien que d’imaginer ton sourire satisfait face à ce spectacle me donne envie de m’enfoncer moi-même mon poignard en plein cœur. Même conclusion pour la solution de fuite. Ça te ferait bien trop plaisir que j’abandonne et je ne veux plus te céder de terrain ce soir. Tu en as déjà bien trop pris, je t’en ai déjà bien trop donné.

Oh mio dio, t’es en train de me reprocher de ne pas avoir tranché ta gorge ? Non parce que si c’est ce qui te pose un problème, on peut régler ça rapidement. Et si j’ai retenu mon geste, c’est…

Je me coupe avant de laisser passer un autre indice qui serait une arme supplémentaire entre tes mains pour lancer ma mise à mort. Non oggi, satana.

Ca n’a rien à voir avec ta belle gueule ou une putain d’obsession.

Je n’ai jamais mis aucun de mes comportements sur le compte de mon trouble. Jamais. Et je ne compte pas commencer aujourd’hui. J’assume chacun de mes comportements. Et même si je n’ai aucune idée de comment je me suis retrouvé sur toi, ma lame contre ta gorge, j’ai pas mal de bonnes raisons de te maintenir en vie malgré ton attitude détestable et tes putains de jugements que tu me craches dessus à longueur de temps. Déjà, j’ai besoin de toi pour monter mon nouvel empire hors du club. La marchandise s’écoule bien, t’es réglo et tant que tu n’ouvres pas la bocca, on bosse bien ensemble. Ensuite, je dois reconnaître que tu fais tout pour que mon business grandisse rapidement. T’aurai pû m’exclure de ton plan contre Mario mais ce soir je repars avec une entaille supplémentaire mais aussi un beau territoire à gérer. Dès que j’ai passé la porte de ta boutique, je savais qu’on ferait des trucs bien ensemble. Une intuition, une sensation dans le ventre, j’en sais rien mais je savais. Si on arrive à ne pas s’entretuer, je sais qu’on peut monter un affari del cazzo pour montrer aux russes qu’on a pas besoin d’eux pour faire pleuvoir des billets verts.

Je me laisse tomber sur le sol, les jambes repliées contre la table basse, j’attrape les cartes et les mélanges entre mes mains. Je n’ai plus envie de jouer, ni aux cartes, ni avec toi. Ton putain de mood à la con a contaminé ma bonne humeur. Et il en faut pour faire disparaître mon sourire, Carino. Bien joué. Je ne sais pas à quel jeu tu sais jouer et je n’ai aucune envie de me lancer dans des explications sans fin. On a juste quelques minutes à faire passer alors je me contente de distribuer les cartes en deux tas égaux, toujours sans t’accorder un seul regard.

Va pour une bataille alors.

J’attrape mon paquet de cartes et hausse un sourcil pour savoir si tu es partant. Je m’en fous de savoir si tu acceptes ou pas, j’ai juste envie de me casser et de ne plus te voir pendant plusieurs semaines. Tu l’as très bien dit, on a pas besoin de se voir souvent. Les affaires roulent toute seule et si je ne fais pas de vague, je n’ai pas à croiser ta tronche ce qui ma va bien.

Le perdant ferme sa bouche jusqu’à ce qu’on se sépare. Affare ?

J’en suis à un stade où ça ne me ferait même pas chier de perdre et de ne plus pouvoir ouvrir la bouche jusqu’à ce que le taxi te dépose. Je lance la partie en retournant ma première carte, mes dents triturant nerveusement ma lèvre inférieure.

@Siegmar Luther
Siegmar Luther
boîte de pandore et cœur doré
Siegmar Luther
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#  (vince) supermassive black hole - Page 2 EmptyMar 7 Mar - 12:19
Tourmenté par des harpies que je ne comprends pas mais que j'aurais sans doute glissé dans ton crâne en passant ma lame sur ta gorge ou mes mots dans tes oreilles, tu te laisses chuter au sol, ne me fais aucun signe pour que je te rejoigne, puisque t'es contrarié sans vraiment que je puisse savoir quelle partie de notre discussion égrenée dans plusieurs salons différents, a pu te troubler à ce point, te placer ce filtre photo rouge devant les yeux qui te donne envie de planter tes incisives dans une artère ou de revenir quelques minutes en arrière et de m'asséner le coup fatal sans trop réfléchir cette fois. T'as les jambes repliées, Ray m'a appris à déchiffrer le langage corporel, ta mâchoire qui tressaute à peine, c'est pas super visible, très subtil. Tu distribues les cartes en les lançant presque, ce qui me fait définitivement comprendre que j'ai merdé à un moment sans vraiment savoir quand. Super. Peut-être que j'avais mal géré la soirée, c'était même sûr puisque sans Ava pour équilibrer les flingues tendus, tu te serais fait descendre sans que j'ai la moindre opportunité d'intervenir. Mais le résultat est là : tout le monde est vivant, tout le monde est reparti. Sauf que tout le monde est contrarié aussi. J'imagine mon oncle secouer la tête. Tu as merdé quelque part, Siegmar, et t'as laissé partir trois convives importants, complètement frustrés de la façon dont tu avais décidé d'imposer ta loi ce soir. Loi imposée pour te dégager plus de terrain à toi, loi imposée pour leur montrer que les Luther restaient bien en place, alliés fidèles à leurs petites ou grandes activités, prêts à tout pour faire vivre encore et encore les alliances entre nos familles. Parfois, je m'étais mis à penser dans une ultime volute de fumée dégoûtante, me rappelant pourquoi je ne fumais pas, parfois, je me disais que c'était trop lourd, cette montagne que l'oncle Reiner avait mis sur mes épaules. Parfois, je me disais qu'être Atlas n'avait pas que du bon, surtout qu'à l'échelle galactique, Treasureland et la pègre de Los Angeles ne représentaient pas plus que des atomes violents aux multiplications terribles. J'avais déjà réfléchi à me barrer, à tout laisser en plan, pour que le retour de Ray lui fasse prendre conscience d'à quel point il avait raté en se cassant sans prévenir du jour au lendemain, me laissant le trousseau de clefs, le trousseau de relations, pensant sans aucun doute que ça y est, c'était bon, j'avais suivi toutes ses instructions, maintenant il pouvait partir se dorer la pilule sans que je puisse vraiment contester. Il aurait fallu que je trouve un neveu aux parents accidentés, orphelin soudain, la solution miracle. Quelques années à le former à tout, au tir, aux poings, à la diplomatie, aux négociations, à la reconnaissance des oeuvres d'art, à la reconnaissance des drogues, aux mathématiques, aux mensonges, aussi, puisque les cours de mensonge étaient sans doute ceux qui me servaient le plus encore aujourd'hui. Et quand il aurait eu l'âge de se comporter en adulte, je me serais barré à mon tour. Lui laissant l'empire entier sur les bras, empire bancal en plus, puisque Ray était apprécié mais son successeur l'était un peu moins. Treasureland s'apparentait souvent à une malédiction, pesante, lourde, poisseuse. J'avais décidé il y a bien longtemps de ne plus voir le négatif, de me concentrer uniquement sur ce que ça m'apportait : des sorties, de l'honneur, des relations aussi. Un carnet de bars dans lesquels faire la fête, les inscriptions griffonnées plus nombreuses chaque jour. Mais est-ce que tout ça faisait vraiment le poids face à la solitude, face à la pression, face aux regards agressifs ? Aucune idée. Et pas de nuit pour me porter conseil, puisque je ne fermais les yeux que quelques minutes, comme là tout de suite, le mégot s'éteignant pour de bon entre mes doigts avant que mes paupières ne se rouvrent pour me conduire à le jeter dans un cendrier orné de roses piquantes. "Okay pour la bataille." Jeu sélectionné avec choix, illustrant parfaitement la situation, puisque c'était un peu ça aussi, ce soir. Une bataille. Entre toi et Sergey. Entre moi et Hans. Entre Ava et Sergey. Entre toi et moi. Batailles impromptues, batailles nombreuses, et tu distribues les cartes en me proposant un autre deal qui me fait ricaner doucement. Déteste moi comme tu voudras, je reprendrais la parole sitôt la soirée achevée, sitôt mes quartiers regagnés... Si tant est que je rentre chez moi. J'ai de plus en plus envie de rompre cette ceinture de chasteté mise en place pour ne pas lui ressembler à lui, et d'aller perdre mon souffle entre deux omoplates étrangers, petite dose de dopamine à laquelle me shooter, puisque j'avais toujours réussi à slalomer entre toutes les drogues jusqu'à présent. "Ça roule." J'ai pas envie de m'étaler davantage, j'ai pas envie de me lancer dans de grandes conversations concernant le choix du jeu, tout ce bordel ne mérite pas l'attention que je lui porte, t'aurais pu choisir un Uno que j'aurais rien dit non plus.

Une main sur ma carte du dessus, pile soigneusement ordonnée aux angles tous alignés, je te regarde, attends un signal, et on retourne une carte en même temps. Tu as le six de trèfle, j'ai le trois de carreau. Je te laisse récupérer le pli. Je ne dis rien, comme s'il fallait déjà que je me glisse dans la peau de celui qui perd. Seconde manche. Tu dégaines le valet de pique quand je sors le roi de coeur. Ça me fait sourire, tout doucement, imperceptiblement, puisque j'ai toujours eu cette carte-là avec moi, c'est une sorte de porte-bonheur ou d'étoile dans le ciel qui me suit. Peut-être un signe de mes parents. Je secoue la tête. Non. Je récupère les deux cartes. Huit de pique contre huit de coeur. Une carte repliée, je te regarde en souriant. C'est un jeu pour gamins, sans doute, mais j'ai toujours trouvé ça marrant. Une carte de chaque côté, lentement retournée. Ton dix de carreau chute face à ma dame de coeur. J'ai le couple royal, donc. Comme un enfant, je découvre la mise, tu ne m'offres qu'un six de carreau là où j'avais caché un as de trèfle. Le destin est contre nous deux à la fois. Je range les cartes. "Je ne pige pas trop pourquoi t'es en colère contre moi. Je pensais avoir été cool... Si tu mets de côté la tentative de meurtre, mais on a dit qu'on oubliait ça, y a un partout, balle au centre." Ma bouche s'articule et parle sans trop comprendre, habitude qui a toujours fâché les joueurs les plus experts, qui m'en voulaient de pouvoir discuter pendant une partie de cartes. Mais comment mener les négociations sinon lorsqu'ils dégainent des poignées de jetons ? Roi de trèfle abat le dix de coeur. Je rapproche le pli de toi, pas vraiment une offrande, mais nos doigts se frôlent et ça nous crispe tous les deux. Ouais, pas bon. "Si c'est à cause des histoires d'homosexualité ou quoi, je m'en fous complètement. J'en parlerais pas, et j'en parlerais même plus du tout en sortant d'ici. Tu fais ce que tu veux de ce côté-là, tant que t'es à l'aise c'est tout ce qui compte." Corde sensible sur laquelle j'essaie de faire des acrobaties, parce que je sais pas trop quels mots choisir, c'est pas ma tasse de thé ce soir, mais je veux pas qu'on reste sur un malentendu, sur un regard noir. Huit de coeur contre trois de pique. Je te laisse récupérer les cartes, hausse les épaules, léger éclat de rire. "Je profite de pouvoir parler encore un peu, dans quelques minutes je devrais me taire." Valet de carreau contre sept de trèfle. Encore un pli pour toi, et je suis pas tout à fait dans la partie. J'aime pas savoir que mes alliés sont en colère contre moi, pour tout un tas de raisons évidentes ; tentative d'assassinat, tentative de meurtre, tentative de crime, entre autres. Je ne voulais pas que tu puisses me tuer. Ou même que tu puisses avoir envie de me tuer. "Tu sais, l'oncle Ray était pas super chaud pour me récupérer au début, quand mes parents sont morts. Il trouvait qu'un gamin c'était une charge, et puis il a compris qu'il pourrait se casser rapidement dès que j'aurais été en âge de récupérer ses conneries." Ouais, parce que maintenant c'était devenu des conneries dans ma tête, tout ça. J'avais jamais rêvé de passer une soirée entouré de pontes du crime organisé qui voulaient tous se faire sauter la tête, ni de jouer aux cartes avec un Italien furieux qui rêvait juste de me trancher la gorge. Et le pire, dans tout ça, c'est que la partie jouer aux cartes était ce qui s'apparentait le plus à une vie normale. Haussement d'épaules à nouveau. Dix de pique contre valet de coeur. Toute la famille royale du cardiaque est à moi alors. Bon à savoir. "Du coup il m'a un peu formaté à plein de choses. A ce que je dois dire, à ce que je dois faire, à ce que la famille doit représenter aux yeux des autres. Il voulait qu'on soit une menace, j'ai essayé de redorer le blason, je veux pas être une menace pour qui que ce soit, je préfère la bonne collaboration." Roi de trèfle aspire ma dame de carreau. Je te tends le pli. "Donc me fais pas la gueule, per favore Vince. Pas quand j'me suis mis à dos tous les autres pour essayer de t'aider à... je sais pas trop quoi d'ailleurs. Mais on est potes, non ?" Main gauche qui gratte ma gorge, appuie un peu trop fort sur la ligne de sang sur ma pomme d'Adam, me fait à peine grimacer.  

@Vincenzo Di Natale
Vincenzo Di Natale
I see fire
I see fire
Vincenzo Di Natale
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#  (vince) supermassive black hole - Page 2 EmptyMar 7 Mar - 15:22
Plus tu parles et plus je me crispe. J’abat mes cartes machinalement, remarquant que le destin à un humour douteux quand tous mes plis portent un pique acéré ou un trèfle obscure. Cartes aussi noires que les tourbillons sous mon crâne. J’ai envie que tu te taises, que pour une fois tu acceptes que j’ai juste envie de rester avec moi-même sans avoir à subir tes remarques. Évidemment que t’ai dû genre à vouloir communiquer, qu’on explique nos gestes, nos mimiques. Toi qui a rêvé tellement de fois que je ferme ma bouche -plus ou moins de manière définitive-, te voilà me me tirer les vers du nez pour savoir d’où viennent les ondes de choc qui partent de mes yeux pour déferler sur la pièce. J'esquisse un demi-sourire avant de me mettre à parler, sans trop savoir pourquoi. Mes yeux se braquent sur une touche poisseuse en forme de cercle, déjà un souvenir de ce qui s’est joué dans ce salon ce soir. J’imagine des hommes et des femmes rire en toute innocence, onduler sur de la musique psychédélique, boire des boissons d’émeraude à la paille, vivre leur meilleur vie pendant que j'essayais de sauver la mienne dans la pièce d’à côté. Parfois, je me demande ce que serait devenu ma vie si j’avais changé un seul tout petit élèvement de mon histoire, engrenages qui auraient fait avancer ma machine dans une direction opposée. Si j’avais renoncé à l’héritage familial pour faire des études, si je n’avais pas rencontré Jay, si mon train m’avait mené à New-York plutôt qu’à Los Angeles. Est-ce que je serais toujours le même Vinnie ? Sûrement pas. Est-ce que je serais le même Vince ? Non, lui n’existe qu’à L.A. Est-ce que Vincenzo serait encore de ce monde ? Nessuna idea.

Je suis pas homophobe ou quoique ce soit, ok ? C’est tout ce que tu dois savoir.

Nouvelle carte et c’est de nouveau un pique qui me nargue depuis le centre de la table. Les tas à nos côtés grandissent chacun leur tour mais tu prends un léger avantage. Je ne sais pas si c’est l’alcool qui me fait te souffler une nouvelle confession, ou si c’est juste tes pouvoirs de sorcier qui ordonne à mes lèvres de se mettre en mouvement alors que mon cerveau a déclenché le branle bas de combat au-dessus pour que toutes les issues de secours soient verrouillé. Je devrais la fermer et pourtant.

Il n’y a rien d'autre à savoir de toute façon, il ne se passe plus rien.

Plus d’homme, plus de femme, juste des illusions pour les ratti de mon père. Plus de risque qu’on débarque dans ma chambre pour fusiller le corps emmêlé dans mes draps. Plus de risque de m’attacher à une autre âme que la mienne, plus de risque que ma faiblesse viennent de putain de sentiments. J’ai coupé court à tout ce qui pourrait me porter préjudice. Je ne sais pas pourquoi j’ai survécu à mon père, mais si mon cœur a continué à battre malgré mes organes explosés et mes os broyés, c’est pour une bonne raison. Je ne crois pas en un dieu omniscient qui guide nos pas même si je vais à l’église tous les dimanches, mais je crois au destin. J’ai survécu pour une raison. J’ai atterri à Los Angeles pour une raison. Mes pas m’ont mené droit dans ta boutique pour une bonne raison. Je n’ai pas fait tout ça, bravé la faucheuse pour reproduire les erreurs du passé. J’étais jeune, j’étais idéaliste. Le désir est une faiblesse, les rapports charnels aussi. Je me limite au stricte minimum, fait ce que j’ai à faire, débranche mon cerveau pour ne pas penser à ce qui se trouve au bout de ma queue et tout va bien. Je ne suis pas à l’aise parce que je n’ai pas à l’être. Je ne suis pas homo, pas hétéro, je suis rien. Fin du débat. Nouvelle carte et je remporte la main avec un huit de trèfle. Cazzo. Nos indexs se touchent au moment où je récupère les cartes et on a un mouvement de recul tous les deux. Ce n’est pas des étincelles qui circulent entre nos deux corps, ce sont des lignes haute tension.

J’attrape les cartes dans tes mains, roi de trèfle et dame de carreau. Nos regards se rencontrent et pour une fois, aucun de nous deux ne fuit. On reste juste comme deux cons à se regarder dans le noir des yeux, barrière de cils qui na cachent plus aucun missile pour l’instant. Je hausse un sourcil avant de tirer d’un coup sec pour récupérer mon dû.

On est pote, maintenant ? Oh mio dio, j’aurais vraiment tout entendu ce soir.

Je coince une nouvelle cigarette, sûrement la centième depuis le début de la soirée. Mais mon sourire est de nouveau accroché à mes lèvres. Je ne résiste pas à un nouveau verre de whisky et remplit par la même occasion ton verre vide. C’est une sorte de verre de l'amitié puisqu’on est pote apparement. J’avale une longue gorgée qui me brûle la gorge, étouffe le tout avec une bonne salve de nicotine. Mon paquet retombe entre nous deux, si des fois tu décides de faire une deuxième exception au tabac.

Sacré uomo l’oncle Ray. C’est quoi le plan ? Tu te trouves à ton tour un héritier et tu le formes avant de te casser ?

Aucune moquerie dans ma voix, je veux juste en savoir plus sur ton schéma familial qui à l’air d’être aussi foireux que le mien. Et sur tes plans pour l’avenir, juste pour savoir combien de temps on va pouvoir collaborer tous les deux. Si ce genre de soirée doit se répéter, je dois pouvoir être prêt. Peut-être que la prochaine fois, je ferais l’effort de gober la moitié d’une pilule pour être plus calme même si ça doit endormir mes réflexes. Le plus simple serait de tout t’avouer pour qu’on puisse définir ensemble si la soirée nécessite mes compétences en arme à feu ou si je dois me tenir tranquille. Mais rien n’est simple dans ma vie et même si on est “potes”, je ne suis pas encore prêt à te confier toutes mes cartes joker. Je relève doucement la tête, évite de fixer tes lèvres qui sont étirées dans ce sourire qui tend un muscle dans ma nuque.

Il faut que tu arrête d’être sympa avec moi, Carino. Je te jure que ta tronche là, elle me fait plus flipper que quand t’as voulu me buter tout à l’heure. Redeviens… Toi.

Je dessine des traits imaginaires du bout de ma clope, face à ton visage. Verre de nouveau vide et esprit plus léger quand nous abattons tous les deux nos dernières cartes.

@Siegmar Luther
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