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 (vince) supermassive black hole

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Siegmar Luther
boîte de pandore et cœur doré
Siegmar Luther
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#  (vince) supermassive black hole - Page 3 EmptyMar 7 Mar - 16:24
T'as un sourcil en l'air, un demi-sourire sur les lèvres, et moi je me contente de secouer la tête. Tu peux rouler des mécaniques ou prendre ton air le plus sombre, je sais que ça s'est apaisé entre nous en quelques secondes, en quelques mots. La preuve en est que tu me regardes avec une envie relative de me tuer, quand il y a quelques minutes tu étais encore en mode serial killer, prêt à abattre une pluie entière de coups sur mon corps si ça pouvait te soulager d'un peu de colère, d'un peu d'agacement. Je résiste à la tentation de te répondre sur le même ton, de te dire que je m'attendais pas spécialement non plus à te trouver sympa ou à me faire du souci par rapport à ce que tu pourrais bien penser de moi. Nos verres se remplissent sous ta main, détail anodin mais qui me laisse comprendre pour de bon que tu m'en veux pas. En tout cas, plus pour l'instant. Tu me maudiras presque quand tu seras rentré te coucher, ou bien dans quelques jours, en repensant à cette soirée. Tu pourras te convaincre que tu me détestes, j'en entendrais pas parler pendant quelques temps, et j'aurais réussi à glisser tous mes pions. Tu aurais ton territoire, j'aurais ma thune, Sergey et Hans se seront pliés à mes demandes. Tu fumes et j'ai les dernières saveurs du tabac qui agitent les papilles, me tentent à la fois de succomber une seconde fois à l'appel des sirènes, et en même temps me supplient de rester fort, de ne pas craquer. Je choisis la solution la plus compliquée, mes mains sur mes cuisses bien serrées pour sentir le muscle se redresser en même temps que mon dos se fait bien droit. J'écarte ton paquet d'un revers de main, doucement, signe de refus, sans que tu puisses le prendre pour une nouvelle insulte. Et puis tu évoques Ray. Il y a pas mal de choses que je pourrais dire, pas mal de secrets à balancer, pas mal de trahisons subies et surtout pas mal de déceptions de mon côté. Je m'étais retrouvé à trois ans, peluches dans une valise serrée, à déménager chez ce type que je n'avais presque jamais vu de ma vie, dont mes parents avaient tenu absolument à se distancer sans vraiment évoquer les raisons. Des histoires d'adulte, on disait. Mamie comprenait pas trop pourquoi ses enfants se parlaient plus, Papi disait qu'elle était morte de chagrin, mais j'avais que deux ans, alors difficile de vraiment avoir du chagrin pour une vieille femme qu'on a aperçu sans retenir son prénom. Difficile aussi de pas en vouloir à mon oncle, puisque l'accident avait eu lieu quand Papa était parti le chercher à la gare. J'avais jamais vraiment compris pourquoi la voiture avait fait un écart. Les journaux en avaient pas trop parlé, les Luther étaient en Autriche une famille parmi tant d'autres, c'était un drame qu'on se soufflait de maison en maison, et puis Reiner avait mauvaise réputation. On l'appelait l'Américain, on le trouvait louche, avec ses lunettes d'aviateur, son épaisse moustache, sa barbe mal rasée, et puis ses manières qui faisaient tâche. Reiner embrassait, il enlaçait, il riait fort et il chantait fort aussi. Ça déplaisait à pas mal de monde, sauf à Papa. Lui, il aimait bien son beau-frère. Ça devait agacer un peu Maman, j'aurais aimé pouvoir lui demander. L'interroger aussi, savoir si c'était normal que leurs visages disparaissent peu à peu de ma tête, malgré la photo dans mon portefeuille, malgré le cadre que j'avais volé à l'oncle. Lui m'avait subtilisé une jeunesse entière, alors ce n'était pas une photo sous verre qui allait nous mener à l'irréparable. J'hausse les épaules, me racle la gorge, aspire en même temps quelques unes de tes volutes. "C'était une ordure pour pas mal de monde. J'ai jamais trop cerné qui il voulait être. Trop de mensonges, c'est de famille." Sourire qui ne s'éclipse jamais, mains qui déverrouillent automatiquement les nouveaux plis, carte retournée que je te laisse attribuer, ta victoire ou ta défaite, je ne vérifie pas, te fais confiance au moins le temps d'une partie de bataille. Pas de millions en jeu. "Il voulait qu'on m'appelle Simon, à l'école. Simon Luther, parce qu'il avait du mal à me débarrasser du nom de famille. Un jour il est parti comme il voulait, et je ferais pas ça." Signe de négation, mes cheveux qui vont de gauche à droite, lèvres mordues en accordant un regard au pli que tu engranges. Tu vas finir par me déplumer complètement. "Donc non, je ne ferais pas ça. Pense ce que tu veux, mais je ne serais pas la même ordure que lui, mein hase." Et c'est vrai que je serais bien incapable d'infliger cet héritage lourd, pesant, sur les épaules d'une recrue. Pourtant, j'aurais pu trouver un gamin, dans les quartiers défavorisés, parce que c'était ma spécialité, de trouver un type et de lui apporter tous les trésors de la Terre en faisant ériger son blason dans le marbre. C'est ce que j'avais fait avec Ava, ce que je comptais faire avec toi. Alors j'aurais pu facilement me mettre un kiddo dans la poche, lui apprendre toutes les ficelles, en faire le meilleur marionnettiste de la ville et me barrer.

Mais pour aller où ? J'avais pas de famille dans le monde, pas d'amis réellement en dehors de Los Angeles - et très peu à l'intérieur des murs de la ville déjà. Des envies de voyage ? Ouais, comme tout le monde. Des aventures dans des forêts lointaines, sombres, humides, ou bien des treks dans le désert, dans des montagnes avec un minimum d'oxygène. Des défis comme ça, qui passaient dans ma tête et la quittaient à peu près aussi rapidement. "Ouais, tant que tu seras à Los Angeles, en vie, en train de cramer des billets, je risque d'être dans tes pattes. Pour ça que je préfère qu'on soit potes." Aussi parce que, comme je l'ai déjà mentionné plusieurs fois, t'es le seul à avoir moins de cinquante ans, le seul qui ne reste pas dans espèces de vieux films de gangsters aux effets spéciaux ratés. Tu représentes les old money, okay, toutes ces dynasties établies dans le pétrole et dans le noir et blanc. Mais t'as un truc plus moderne, t'as un bar sympa, vintage, du goût pour les bonnes choses. Pas juste un padre planqué dans un coin de la ville, dans une belle bâtisse, à attendre que les pigeons se brûlent entre eux, se volent dans les plumes, récoltant les restes et l'argent que les combats rapportent. Les minutes ont passé vite, j'ai même pas vraiment remarqué les cliquetis de l'horloge qui trône, pourtant terriblement imposante, entre deux rideaux, cernées de fleurs sèches qui ont dû voir pas mal de soirées loufoques se dérouler, pas mal de mouvements chelous s'articuler. Horloge que j'aurais vendu comme une merveille du monde antique, l'aurait fait trôner en haut d'un phare, en bas d'une tour, dans un village lointain décimé par des croyances impies ou par de la sorcellerie. Elle fait suffisamment Salem pour évoquer les procès, suffisamment industrielle pour parler de Jack l'éventreur aussi. Beaucoup de possibilités, une vraie merveille abritée sur un mur. Mes yeux se détachent des aiguilles, reviennent sur toi, mon sourire qui s'agrandit, Sélène personnifiée. "J'ai essayé de te trancher la tête, je t'ai tiré les vers du nez, je t'ai volé une cigarette, je ne suis pas sympa avec toi. Je me repose juste en jouant aux cartes, et je te fais confiance pour me laisser finir la partie sans une nouvelle tentative de me soutirer la vie." Dernière carte qui justement d'ailleurs se retournent, on joue en miroir, reflets presque identiques maintenant, sauf qu'il y a la blancheur de mes dents, la noirceur de tes yeux. Un dessin parfait pour les apprentis artistes qui voudraient jouer sur le contraste aux détours d'un croquis. "Dix de pique contre neuf de coeur. Tu as gagné." Ma main qui dessine une serrure en coeur sur ma bouche, doigts qui articulent une clef qui tourne, tourne encore, tourne toujours, fermée à triple tour, clef faussement lâchée sur le sol. Muet, comme l'impose le deal. Hors de question de chuchoter quoi que ce soit, et puis ça risque de te faire du bien de ne pas te confronter à mes gerbes d'acide doré ; c'est sans doute mieux pour tout le monde, et pourtant plus j'ai les lèvres fermées, plus mon cerveau tourne vite, machine mise en oeuvre pour contourner, penser plus car je ne peux pas parler. Pas amateur de la langue des signes, les mains dans les poches, je me relève, m'approche d'un rideau, m'appuie sur un poteau sans bouger, attendant la suite, les cartes abandonnées sur la table comme une offrande au Bouquets pour avoir fait naviguer toutes les émotions, nymphes dangereuses, ce soir autour de ses tables.

@Vincenzo Di Natale

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