“ Tout passe et se succède, moi seul je demeure . Ah, le sud de la France, le soleil, les vignes et les champs qui s’étendent à perte de vue, la joie de vivre. C’est dans ce paysage idyllique qu’à commencé l’histoire d’Alexandre. Encore plus que pour les autres, à ses yeux en tout cas, son enfance n’a été que joie et bonheur. Il faut dire que quand on est né dans une famille aussi riche et immense que la famille de Faucigny, on n’a pas vraiment de quoi se plaindre. Toujours entouré par les siens et étant le plus jeune de sa fratrie, c’était un peu l’enfant roi.
Il passait ses journées à vagabonder dans le domaine à la recherche d’une quelconque nouveauté qui puisse piquer sa curiosité; animaux, plantes, ou juste paysage, tout était pour lui source de plaisir. Il ne savait vraiment pas tenir en place, il avait toujours besoin de satisfaire sa curiosité et de bouger à droite ou à gauche pour ne pas s’ennuyer. Aussi, contrairement à beaucoup d’autres dans sa famille, il n’était vraiment pas scolaire. Il n’avait pas de mauvaises notes en soi, ne souhaitant pas décevoir sa famille, mais, rester assis sur une chaise toute la journée à écouter quelqu’un parler, ce n’était pas vraiment son truc. Il préférait être celui qui parle, celui qui raconte à son frère ses découvertes et ses observations de la journée, celui qui explique à sa sœur pourquoi les oiseaux qu’il a vu sont si fascinants.
Lorsqu’il fut plus grand, Maxime lui offrit un kit de peinture après une des nombreuses discussions  qu’ils avaient eu ensemble - si on peut appeler ça une discussion quand ce n’est en fait Alexandre qui n’arrête pas de parler et Maxime qui l’écoute sans se plaindre. Suite à cela, Alexandre passa ses journées à peindre ce tout qu’il pouvait voirafin de pouvoir les offrir à sa famille même si, incapable de rester en place trop longtemps, la plupart de ses peintures restaient incomplètes. Son seul intérêt pour le domaine familial et les vignes étant leur beauté, autant dire qu’il était un peu loin des attentes de la famille. Il n’avait aucune envie de travailler dans ce domaine et sa famille s’est vite rendu compte qu’ils n’arriverait pas à l’y forcer. Malgré cela, leur relation restait heureuse et les années passèrent rapidement dans ce rythme aussi étrange que beau.
L’avantage d’être né dans une famille riche c’est qu’on n’a pas vraiment besoin de travailler. Alexandre l’avait bien compris et même une fois en âge de trouver un travail, ses seules envies étaient toujours de peindre et de bouger. Equitation, natation, football, il enchaînait les sports pour se défouler et ne jamais s’ennuyer alors qu’à côté il continuait de peindre tout ce qui piquait sa curiosité. Jamais excellent dans aucun domaine mais suffisamment bon dans tout ce qu’il entreprenait, c’était un peu le touche-à-tout de la famille.
C’est durant une de ses balades dans la région qu’il rencontre l’homme qui partagea les prochaines années de sa vie. C’était quelqu'un qui comprenait vraiment son besoin de toujours être en mouvement, de toujours vouloir changer les choses. Il avait déjà eu des relations par le passé mais rien de sérieux. Avec lui, il pensait enfin avoir trouvé quelqu’un avec qui il pourrait partager ses passions, faire des balades, peindre, tout ça, tout ça. Et pendant plusieurs années, c’était le cas, ils avaient même fini par se fiancer. Tout allait bien dans le meilleur des mondes comme on dit. Malheureusement, il est bien rare que les contes de fée se réalisent dans la vraie vie et, un jour, alors qu’il rentrait du sport, Alexandre entendit son fiancé au téléphone avec un autre homme. Il découvrit à travers cette conversation que tout n’était que mensonge, qu’il n’était là que pour son argent, pour son nom. Qu’il n’était qu’une marionnette et qu’il avait été assez naïf pour croire que quelqu’un pourrait l’aimer, vraiment. Après ça, sa famille s’est assuré de complètement se débarrasser de l’ex-fiancé en question, mais le mal était fait. Alexandre était complètement détruit. Il n’avait plus confiance en personne, en dehors de sa famille et il avait perdu sa motivation pour tout.
C’est finalement Maxime qui a pu le sortir de cette phase sombre. Il lui proposa de le rejoindre à Los Angeles, loin de chez lui et loin de cette histoire, pour pouvoir changer de paysage et se changer les idées. D’abord hésitant à quitter ce qu’il avait connu toute sa vie, il finit par accepter, comprenant bien qu’il ne pouvait plus vivre ici en repensant tous les jours à ce qu’il s’était passé et à quel point il était stupide.
C’est ainsi qu’Alexandre se retrouve dans l'avion en direction de la cité des anges. Toujours plein de doute quant à ce que cette nouvelle aventure allait lui réserver mais aussi plein d’espoir qu’il puisse enfin revivre normalement. Trente ans semble le moment parfait pour se reconstruire, ni trop jeune, ni trop vieux. Alors qu’il regarde par le hublot, c’est une nouvelle vie, une nouvelle histoire et, espérons-le, un renouveau pour Alexandre qui se dessine parmi les minuscules paysages en dessous.