Ca fait déjà deux heures que nous sommes dans cette salle de réunion, à éplucher les documents pour cette affaire. Les Ryders sont décédés dans un tragique accident d’avion, la semaine dernière. Ils laissent derrière eux trois enfants : Mary, Killian & Sara. Leur cas pourrait être assez simple, si le nombre de représentants légaux ne s’est pas doublé à l’annonce de leurs décès. Les Ryders sont une riche famille, qui ont véritablement tout céder à leur trois enfants. Vu le montant associée à cet héritage, nous devons décider de qui auraient le droit de garde des enfants : leurs grands-parents ? La sœur aînée de leur mère ? Le frère de leur père ou bien leur marraine ? Nous devions étudier chaque vie, chaque passé, chaque revenu pour s’assurer du bon choix et de l’intention qu’ils ont tous. Est-ce le bonheur des enfants ? Est-ce simplement l’argent ? Dans notre carrière, nous voyons littéralement tout passer. Alors, savoir que quelqu’un pourrait récupérer leur héritage en prenant leur garde ne serait pas impossible. Assise sur ma chaise, je gigote, parce que je commence à en avoir marre de ma robe cintrée et de mes talons. Je tente de trouver une bonne position, mais je n’y arrive pas. Mon cheveu remonté en un chignon totalement mal fait après en avoir eu marre, je devrais normalement être rentré depuis longtemps. Mais mon patron, Shiloh Gallagher, m’avait prévenu. Ce soir, nous devions travailler et finir cette affaire. Je comprends que lui ait qu’une vie : son boulot…mais moi, non. Ma vie familiale est déjà sur le qui-vive pour rentrer à pas d’heure, mais je ne dis rien. Parce que je veux être certaine de me remettre dans les bons rails pour le boulot. Après un an d’inactivité, j’ai bien le droit à ça, non ? Redevenir cette femme indépendante que j’étais ? Je relève la tête vers lui, qui semble concentré avant de me remettre sur mon dossier. Je n’en reviens toujours pas que ce soit le frère de James. Comment j’ai pu louper cette information hein ? De mémoire, je crois qu’ils ne partagent pas le même sang, mais…James que j’ai vu un milliard de fois, lui, c’est une première. Nouveau regard vers lui, alors qu’il relève les yeux vers moi au même moment. Ça me surprends tellement que je baisse les miens bien trop vite. Merde, à quoi je joue hein ? Je replonge dans mon dossier alors que je sens son regard toujours sur moi. Il veut quoi là ? Par curiosité, je relève la tête et il est prêt à dire quelque chose quand mon téléphone sonne, ce qui me fait sursauter. Le nom de Mason avec un cœur apparaît et je m’excuse : « Je suis navrée…Je…dois le prendre. » Il acquiesce sans un mot, et alors que je décroche, je me lève en même temps. « Oui ? »« Tu sais où est son doudou ? Elle refuse de dormir, et elle me hurle à l’oreille ! » « Je laisse toujours son doudou dans son lit »« Eh bien, il n’y est pas. »« Ah… » Je regarde Shiloh au loin qui ose des légers petits regards dans ma direction, malgré mon éloignement. Vu le silence de la salle, il n’est pas très dur de m’entendre. « T’as regardé dans son parc ? Julie l’a peut-être laissé là » Il me dit d’attendre, et je l’entends descendre pester, Natalia hurlant à la mort. « Il est là » Dit-il finalement d’une voix énervée : « Elle serait calme si t’étais là » « Je sais…Je…rentre pas tard »« Ouai ouai » dit-il avant de raccrocher, sans une once de compassion pour moi. Je prends une profonde inspiration, en encaissant sa réaction, avant de revenir m’installer, le regard baissée. « Désolé…Une histoire de… Doudou » Il me force à relever la tête en disant à l’unisson le mot Doudou.
J’ai pris l’habitude de travailler jusqu’à pas d’heure que ce soit au cabinet ou chez moi. J’ai pris l’habitude de me plonger corps et âme dans mes dossiers tout simplement parce qu’il s’agit de la meilleure façon pour moi de ne pas trop penser. A mes yeux c’est un bon compromis : je n’ai pas à me faire du mal et en contrepartie j’aide des personnes, ça pourrait être pire. Et, surtout, ça rattrape les saloperies que je peux faire pour mon grand-père, ces saloperies qui me bouffent désormais presque autant que sa mort. Seulement j’en viens parfois à oublier que tous mes collaborateurs et employés n’ont pas la même vie que moi. Certains ont même une famille, certains comme Kalia vers qui je lève les yeux avec une pointe de culpabilité. Je l’ai mise avec moi sur le dossier Ryders, un dossier épineux que nous devons finir avant la deadline, soit le 29 septembre. C’est court mais j’ai connu bien pire comme délai, or je parvenais à le respecter parce que je n’en dormais quasiment pas la nuit, voilà que j’ai entraîné une jeune mère avec moi. Une jeune mère canon et mariée que je me répète tandis que mon regard passe de son visage concentré à son corps sacrément bien foutu. C’est une règle que je respecte depuis des années : garder ma queue dans mon pantalon au boulot. Il n’est pas question que je baise qui que ce soit ici au risque de foutre la merde, même si cette personne pourrait me faire bander comme un malade avec un simple sourire. Je me répète une fois encore le mot "mariée" et replonge dans mon dossier. Le silence nous accompagne et lorsque je prends le risque de lever une fois encore les yeux afin de l’observer, je tombe directement sur son regard qui se baisse si vite que j’en souris en coin. Mariée mais visiblement pas contre le fait de m’observer. Subitement joueur, je pose mes avant-bras sur mon bureau et me redresse en la regardant qui relève la tête. Ma bouche s’ouvre, prêt à dire quelque chose, et la sonnerie de son téléphone m’arrête d’un coup. « Je suis navrée … Je … dois le prendre. » Si ça n’est pas un signe que je m’apprêtais à faire une connerie ça ! J’approuve sans rien dire et replonge dans mon dossier. Du moins j’essaye de le faire. La salle ne contenant que nous deux à une heure avancée de la soirée, je l’entends parler sans mal. Je peux même deviner la voix de son mari et des cris de bébé. Comme à chaque fois, mes muscles se contractent. Le terme "bébé" a souvent cet effet sur moi, parce qu’il me replonge dans une partie pas franchement reluisante de ma vie que je tente d’enterrer malgré mes proches qui font tout pour m’y empêcher. Un soupire m’échappe, non pas contre l’appel de Kalia mais contre la pensée qui vient de me traverser l’esprit. Je l’entends revenir s’asseoir sans pour autant redresser la tête. « Désolé … Une histoire de … Doudou », « Doudou » Je réponds en même temps qu’elle. Merde Shiloh, si tout voulait paraître froid et blasé t’as tapé dans le mile. Je me redresse pour aller me laisser tomber contre le dossier du siège sur lequel je suis installé, mains croisées sur mon ventre. « Si vous avez besoin que je vous mette sur un autre dossier, il faut me le dire. La communication ici c’est la clé, vous ne serez pas mal vue parce que vous voulez avoir une vie de famille. » Elle n’est, encore une fois, pas la seule à en avoir une ici. Je ne la jugerai pas pour ça mais en attendant qu’elle réponde j’ajoute : « Vous avez faim ? On va manger et mettre nos idées sur la table, ça nous fera du bien. » Dis-je en sortant déjà mon téléphone, prêt à commander ce qu’elle voudra.
« Doudou » Je ne sais pas ce qui me choque le plus, qu’il finisse ma phrase en même temps que moi, ou que son regard me semble être dégoûter à ce mot précis. Je ne connais rien de ce type, au fond. Même s’il semble être le grand frère de James. Ce dernier, je l’ai vu un milliard de fois. Il évoquait parfois son frère, mais je ne l’ai jamais réellement croisé. Alors oui, lorsque j’ai été embauché, je n’ai pas fait le rapprochement de suite…parce que j’étais stressée, et que c’était une grande étape pour moi. Il se laisse tomber finalement sur le dossier de son siège, pour croiser ses bras, tandis que moi je me tiens encore bien droite. « Si vous avez besoin que je vous mette sur un autre dossier, il faut me le dire. La communication ici c’est la clé, vous ne serez pas mal vue parce que voulez avoir une vie de famille. » Je le regarde, prêt à le contredire, parce que même si je tiens à ma vie de famille – ou du moins de ce qu’il en reste – je sais que reprendre ma vie de femme indépendante est aussi important. Et peut-être que nous arriverons à mieux nous retrouver une fois que j’aurai retrouvé mon propre équilibre. « Vous avez faim ? On va manger et mettre nos idées sur la table, ça nous fera du bien » Il sort son téléphone, visiblement sûr de lui. Ce type arrêtera de parler et de nous laisser le temps de parler entre toutes ses interrogations. Je croise mes mains face à moi et j’ajoute : « Je veux ce dossier, on y est presque, ce n’est pas pour vous le laisser à quelqu’un d’autre, qui prendra encore plus de temps à le résoudre. On est short en timing, et vous le savez comme moi. » Il relève les yeux, parce que j’ai beau avoir un tempérament doux et généreux, face à mon travail, je ne laisse rien paraître. Lorsque je décide quelque chose, je le fais jusqu’au bout. Et c’est ce qui me permet de tenir face à la concurrence. « Et puisque vous êtes partis pour commander, je veux bien un bobun » Je lui souris avant de ranger quelques feuilles dans le dossier des grands-parents et de le fermer pour privilégier mes notes. Je le vois pianoter un peu sur son téléphone avant de revenir vers moi pour m’annoncer que ça arrive dans une petite vingtaine de minutes. Je m’adosse un peu sur ma chaise, et j’ajoute : « De mon côté, niveau grands-parents, c’est pas forcément la joie. J’ai trouvé des témoignages qui disaient qu’ils s’étaient embrouillés avec Liam, quand il était adolescent. Visiblement, ils voyaient leurs petits-enfants que très rarement, mais ils essayaient surtout d’acheter leur présence avec des cadeaux ou des choses de valeur. » J’humecte mes lèvres en venant détacher mes cheveux pour venir les libérer et y passer une de mes mains. Concentrée, je ne fais pas attention au regard de Shiloh et poursuis : « Le seul point négatif, c’est la maladie de Ted, qui semble être un gouffre financier, et qui risque de dévaloriser les enfants, avant même qu’ils aient accès à…. » Lorsque je relève les yeux, vers lui, il m’observe, et ça me surprends tellement que je me bloque. « …leur héritage » Je souffle, en finissant ma phrase, absorbé par l’intensité de son regard, si soudain.
Peut-être n’aurais-je pas dû réagir aussi vivement au terme "doudou" … Je ne voudrais pas passer pour un homme qui a les enfants en horreur, ce n’est pas vrai. Je fais mon métier, dans cette branche spécifique, parce que j’aime les enfants. Ma mère – adoptive mais qu’importe – m’a élevé de manière à aimer aider toutes les causes, particulièrement celle des enfants perdus. Elle-même orpheline pendant des années, il a été normal qu’elle adopte avec mon père autant qu’il le soit que j’aime les enfants. Le seul souci c’est … mon enfant. Cette enfant que je n’arrive même pas à regarder dans les yeux depuis cinq ans. Cette enfant qu’il m’est parfois difficile de regarder tout court. En réalité, ce sont avec les enfants qui ont des parents que j’ai le plus de mal puisque je ne suis pas capable d’être comme eux. Je ne suis pas capable d’être comme elle. Conscient que ma réaction la surprend, je passe à autre chose et tente de la rassurer. Ce n’est pas de ce cabinet que qui que ce soit la regardera de travers sous prétexte qu’elle veut voir son mari et son enfant. Nous travaillons sérieusement et dur, néanmoins nous sommes assez souples pour accepter quelques modifications dans l’emploi du temps. Même si, pour le moment, il nous faut travailler sérieusement sur ce dossier et surtout manger, ce qui nous fera souffler un peu – et me permettra de ne pas penser à ce que je n’aime pas ou encore à cette femme mariée incroyablement sexy. On la garde dans le pantalon, Gallagher ! Que je m’ordonne en silence. « Je veux ce dossier, on y est presque, ce n’est pas pour le laisser à quelqu’un d’autre, qui prendra encore plus de temps à le résoudre. On est short en timing, et vous le savez comme moi. » Mon regard trouve le sien à peine ai-je redressé la tête. J’aime ce tempérament. J’aime cette conviction que je lis dans son regard et je dois me faire violence pour ne pas sourire fièrement. « Et puisque vous êtes partis pour commander, je veux bien un bobun » Vietnamien ce sera. Bo Bun pour Kalia et banh mi pour moi-même commandés, j’ajoute une boisson pour chacun et commande. « Ça sera là dans une vingtaine de minutes. » L’informé-je en reposant mon téléphone sur la table de réunion. « De mon côté, niveau grands-parents, c’est pas forcément la joie. J’ai trouvé des témoignages qui disaient qu’ils s’étaient embrouillés avec Liam, quand il était adolescent. Visiblement, ils voyaient leurs petits-enfants que très rarement, mais ils essayaient surtout d’acheter leur présence avec des cadeaux ou des choses de valeur. » J’approuve d’un petit mouvement du chef mais me fixe au moment où elle détache ses cheveux. Je les observe tomber en cascade sur ses épaules et encadrer son visage. La façon qu’elle a d’humecter les lèvres m’assèche la bouche et me donne envie d’y goûter … Queue dans le pantalon. Je m’ordonne en continuant de la regarder. « Le seul point négatif, c’est la maladie de Ted, qui semble être un gouffre financier, et qui risque de dévaloriser les enfants, avant même qu’ils aient accès à … » J’ai cessé d’écouter, obnubilé par cette femme magnifique. Je connais sa jumelle, sexy et qui s’assume mais Kalia … Elle a cette petite retenue qui la rend encore plus désirable. « … leur héritage » Nos regards ont du mal à se quitter. Le silence plane dans la pièce et entre nous sans que je ne parvienne à détourner mon attention. Ses yeux doux, ses lèvres pleines et ce petit air sexy dont elle n’a probablement pas conscience. Je me force à me rappeler qu’elle est mariée et que l’allonger sur cette table pour la baiser n’est pas une option. « Rosaline Meyers est la meilleure option. » Dis-je en me râclant la gorge. « La marraine. » Lui rappelé-je quand elle semble elle aussi revenir à elle. « Le fait qu’elle soit célibataire risque de compliquer un peu la tâche mais elle a toujours été proche des Ryders et des enfants. Aucun antécédent, elle paye ses impôts et elle a un revenu plus que convenable. C’est aussi la seule qui se bat pour eux et non pas pour ce qu’elle pourrait obtenir. » Je me concentre à nouveau sur le dossier même si l’admirer encore un peu me tente beaucoup.
Je ne sais pas ce qui émane de cet homme. Ce petit truc qui fait que mon regard n’arrive pas à me détacher du sien. Est-ce sa prestance ? Est-ce une attirance ? Est-ce simplement le fait qu’il est canon ? Est-ce l’intensité de son regard ? Est-ce la manière dont il me regarde ? Je ne sais pas. Mais je devrais détourner mes yeux, je ne devrais pas m’y perdre d’une manière indécente comme je le fais…simplement parce que je suis hypnotisé. Autrefois, Mason me regardait comme ça. Autrefois, j’avais l’impression d’être la 7e merveille du monde, et ce simple regard me mettait à nue de bien des manières. Mais, je ne me sens plus désirable. Je ne me sens plus belle. Je sais que je le suis, c’est juste qu’intérieurement, ce n’est pas le cas. Ce n’est pas le cas depuis que mon mari ne me touche presque plus, depuis qu’il a osé me frapper et que je n’ai rien pu faire ou dire quoi que ce soit, depuis que je dédis ma vie à Natalia, et qu’elle est devenue mon monde. Je m’efface peu à peu, pour eux. Je ne trouve plus aucun sens à ma vie, excepté lorsque lui – il me regard. C’est étrange, je sais. Mais ces yeux redorent cette image que j’avais autrefois. Femme forte. Indépendante. Belle et désirable. « Rosaline Meyers est la meilleure option » Il se racle la gorge. Ça a le don de me ramener à la réalité, fuyant ces fantasmes et cette sensation qui me collait à la peau. « La marraine. Le fait qu’il soit célibataire risque de compliquer un peu la tâche mais elle a toujours été proche des Ryders et des enfants. Aucun antécédent, elle paye ses imports et elle a un revenu plus que convenable. C’est aussi la seule qui se bat pour eux et non pour ce qu’elle pourrait obtenir » J’acquiesce doucement, en remettant mes cheveux derrière l’oreille. « Et les deux autres ? Peter et Olivia ? Vous avez un peu regardé ? Parce que généralement, les juges préfèrent donner la garde à la famille et non pas aux parrains » Enfin, c’est ce que j’avais lu dans des bouquins. Je n’étais pas experte des enfants, et j’essayais de combler ce manque, en lisant pas mal de livre, et d’affaires pour comparer un peu à celles sur lesquelles je pouvais bosser. Je saisis ma gourde, l’apporte à mes lèvres pour en boire un peu, avant de la reposer. Ce qu’il vient de se passer entre lui et moi vient certainement de mon imagination, alors je préfère simplement passer à autre chose. Ce manque me joue des tours, voilà tout. « Est-ce que ce serait pas judicieux aussi de prendre en compte l’avis des enfants ? » Je demande, parce que si j’avais été à leur âge, et dans leur situation, j’aurai aimé qu’on considère mon avis, même si à terme, ça n’aurait sans doute pas été la décision finale.
Je me force à penser que je suis en train de frôler la connerie. En soi je ne fais rien de mal, je me contente de regarder, mais c’est déjà trop. Elle est mon employée. Elle est la sœur d’Emma qui me castrerait si je jouais au con avec son double. Et, par-dessus tout, elle est mariée. Ce devrait être la première raison pour laquelle je ne dois pas la regarder comme je viens de le faire, ça ne semble toutefois pas suffisant. Parce que j’ai déjà baisé des femmes mariées ? Parce qu’elle est bien trop canon pour que mon esprit ne crée pas des fantasmes ? Je n’en sais rien seulement ce petit jeu est une très mauvaise idée. Peu importe que je sois en manque et que mes nerfs sont mis à rude épreuve avec cette affaire, je ne peux pas penser de cette façon. La meilleure solution est de me focaliser une nouvelle fois sur la raison de notre présence aussi tard dans ces locaux : notre affaire. Gorge raclée, j’expose ce qui semble être pour moi la meilleure solution pour ces trois enfants, celle qui nous permettra de nous assurer qu’ils seront heureux malgré la perte de leurs parents. « Et les deux autres ? Peter et Olivia ? Vous avez un peu regardé ? Parce que généralement, les juges préfèrent donner la garde à la famille et non pas aux parrains » Inutile de chercher dans mes papiers ce que j’ai sur eux, je connais cette affaire quasiment sur le bout des doigts. « Peter a quelques soucis avec les autorités qui vont lui tomber dessus. Olivia … L’idée de s’occuper de trois enfants et devoir ralentir sa carrière ne semblait pas l’emballer plus que ça. » De ce fait je les ai immédiatement retiré des potentiels tuteurs des enfants et … Mon regard suit le mouvement de sa main qui prend sa bouteille et à l’apporte à ses lèvres. Je sais que mes yeux s’assombrissent lorsque je regarde sa belle bouche prend le goulot de sa bouteille pour boire. Putain, ma queue semble déterminée à réagir à chacun des gestes de cette femme. « Est-ce que ce serait pas judicieux aussi de prendre en compte l’avis des enfants ? » Ramené à la réalité par la voix de Kalia qui ne semble pas avoir remarqué ma réaction, je m’enfonce contre le dossier du fauteuil et tire sur le tissu de mon pantalon dans lequel je me sens quelque peu à l’étroit. « On pourrait mais le juge Paxton, que nous avons sur cette affaire, se fout un peu de l’avis des enfants. Pour le convaincre il faudrait un dossier un béton pour appuyer leur choix et nous sommes un peu à court de temps. » La seule solution est de faire le choix nous-même.
« Peter a quelques soucis avec les autorités qui vont lui tomber dessus. Olivia … L’idée de s’occuper de trois enfants et devoir ralentir sa carrière ne semblait pas l’emballer plus que ça » Alors pourquoi on se tue à réellement étudier tout le dossier, hein ? Si au final nous avons tous les clés en main pour prendre une décision rapide. Je propose néanmoins de mêler les enfants à cette décision, parce que moi, c’est ce que j’aurais fait. « On pourrait mais le juge Paxton, que nous avons sur cette affaire, se fout un peu de l’avis des enfants. Pour le convaincre il faudrait un dossier en béton pour appuyer leur choix et nous sommes un peu à court de temps » Ose-t-il dire, alors qu’il gigote un peu sur son siège. Quelle mouche le pire hein ? J’hausse les épaules, et finit par dire ce qui me trotte dans la tête : « Alors si la marraine est le bon choix, pourquoi sommes-nous encore là ? » Je reviens vers lui, plante de nouveau mes yeux dans les siens, en tentant de le comprendre. Mais non, Shiloh Gallagher est un véritable mystère, je l’avoue. Pourquoi se tuer au travail alors qu’il suffisait simplement de prendre le temps de lire tous les dossiers pour juger réellement de la décision à prendre ? Si Peter a des soucis avec les autorités, si Olivia ne veut pas ralentir sa carrière et si les grands-parents ont des gouffres financiers, il ne reste simplement que Rosaline. Une équation facile à répondre selon moi, et qui ne m’obligeait pas à rester aussi tard au boulot. Ou…peut-être que si ? Peut-être qu’il y’a autre chose et que je ne vois pas ? Que je ne comprends pas ? J’allais ouvrir la bouche pour appuyer ma réflexion, lorsque finalement, son téléphone sonne. Il répond, visiblement au livreur, avant de se lever et de sortir du bureau pour le rejoindre à l’entrée de l’étage. Le silence m’enveloppe une seconde, me faisant frissonner. Pourquoi je suis là hein ? Pourquoi je ne suis pas avec mon mari et ma fille ? Je devrais peut-être rentrer, non ? Je regarde mon téléphone, aucun message de Mason, et au fond, ça contracte mon cœur. Lorsque Shiloh revient finalement avec nos plats, je m’empresse de reposer mon téléphone et me laisse embarquer dans ces odeurs qui se diffusent déjà. J’ai faim, en réalité. Quitte à être là, autant…déjà manger. Il ouvre le sac, me donne mon bobun, ma boisson, mes baguettes avant que n’ouvre tout pour sentir en me mordant la lèvre. Bordel, ça a l’air bon. J’attends qu’il s’installe un minimum avant de finir par goûter. « Vous…ne déconnectez jamais ? » J’ose demander après avoir avaler ma première bouchée, ravie enfin de satisfaire mon estomac. Surpris un peu de ma question, il me regarde en fronçant les sourcils : « De votre boulot. » Je désigne la salle avec mes baguettes. A ses mains, je sais qu’il n’est pas marié. Mais il a forcément quelqu’un qui l’attends chez lui non ? une fiancée, une petite amie ?
Perfectionniste, je ne me lance jamais dans une affaire sans être certain de ce que je vais amener devant un juge. Il faut que tout soit bien calculé et que rien ne soit laissé au hasard. L’inverse serait presque le risque qu’on puisse démonter mon dossier sans que je sois capable de le défendre, or j’ai trop de fierté pour ça. A vrai dire, j’ai une certaine réputation à tenir. Je suis un requin dans mon travail, je ne me laisse pas marcher sur les pieds et il m’arrive souvent de me foutre de savoir si je vais trop loin ou non. Si je finis par obtenir le mieux pour des gamins qui n’ont rien demander, vendre plus ou moins mon âme au diable pour parvenir à mes fins ne me dérange pas. En revanche ce soir je réalise que j’ai sans doute entraîné une personne qui avait mieux à faire avec moi. Une personne que je ne suis pas capable de regarder sans penser à tout ce que j’aimerais lui faire ou qu’elle me fasse. Clairement, après cette réunion tardive il va falloir que je me trouve une femme avec laquelle passer la nuit. J’ai besoin de vider mes couilles au point que je vais jusqu’à avoir des pensées impures liées à mon employée. Une employée dont le corps et les lèvres me font saliver ce soir. « Alors si la marraine est le bon choix, pourquoi sommes-nous encore là ? » Mon regard se pose une énième fois sur elle. Il la sonde pour je ne sais quelle raison. Une autre personne aurait eu le droit à un réponse cinglante de ma part, je me surprend à me contenir avec Kalia, parce que je sais que j’ai abusé. « Je tiens toujours à ce que mes collaborateurs donnent leur avis, on ne sait jamais. Je veux être certain qu’on ne puisse pas aller contre notre dossier, si vous n’avez pas de meilleurs arguments ça veut dire qu’on a une très grande chance de l’emporter. » Je réponds simplement en haussant les épaules. Nous continuons à nous regarder un instant jusqu’à ce que mon téléphone sonne. Sauvés par le gong ! Prendre le risque de nous dévisager de la sorte serait prendre celui d’avoir de nouveau de nouvelles pensées obscènes. Portable collé à mon oreille, je sors de la salle de réunion pour aller chercher notre commande. Bon pourboire laissé au livreur, je remonte, lui donne ce qu’elle a commandé puis m’installe en laissant l’odeur délicieuse de mon repas chatouiller mes narines. J’ai faim, bien plus que ce que je pensais. « Vous … ne déconnectez jamais ? » Sans être certain d’avoir bien compris de quoi elle parle, je fixe Kalia avec une expression interrogative, l’invitant à développer. « De votre boulot. », « Pourquoi je le ferais ? » La questionné-je comme si elle avait réellement la réponse. « Je n’ai aucune raison de rentrer chez moi, personne ne m’attend. » C’est faux. En partie du moins mais ça je refuse d’y penser. « En revanche c’est votre cas et j’ai déjà trop abusé. On va finaliser en mangeant et je vous libère ensuite. » Déclaré-je en attrapant mon stylo pour noter les derniers détails que nous allons échanger avant de rentrer. De toute manière, plus vite nous nous séparons et plus vite je pourrais aller baiser en la chassant de mon esprit.
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Lun 21 Sep - 17:16
