« Il faudrait que tu la gardes le temps qu’on revienne. » Cette phrase tourne en boucle et je sais que j’ai l’air totalement ahuri en fixant ma mère. Paniqué aussi, sans le moindre doute. Je suis venu ici aujourd’hui parce que je ne pouvais pas les voir le jour même de mon anniversaire. Or mes parents tiennent à nous voir à chaque fois, même si ce n’est que pour un repas. J’ai laissé Fenrir à la maison ayant bien assez de terrain pour qu’il aille se défouler quand bon lui semble et à midi tapante j’étais devant la porte de la villa de mes parents à Santa Monica. Mes progrès avec Faye, je sais qu’ils les remarquent. Je suis moins tendu en sa présence, moins en train de la fuir. Ce n’est pas encore l’amour fou et j’ai toujours un peu de mal à être tout à fait serein en sa présence, néanmoins je ne la repousse plus aussi catégoriquement qu’avant. Ce que je voyais au début comme quelque chose de forcée devient un peu plus naturel. Je ne pourrais pas passer une journée complète avec elle, ni même la garder à dormir chez moi mais c’est mieux que rien. En revanche, je ne m’attendais pas à ce que ma mère m’annonce de but en blanc que je dois garder Faye … seul. J’ai l’impression d’être un gamin qui panique parce qu’il n’a pas la moindre idée de comment être aussi responsable avec une enfant. « Vous en avez pour combien de temps ? » Parce si c’est pour des heures, jamais je ne tiendrais. Je veux dire, ma capacité à tenir en compagnie de Faye sans devenir dépressif va vite arriver à sa limite. « J’en sais rien, mon cœur. Le temps qu’on règle le souci. » Ce qui est très vaste pour être franc et ça ne me plait pas. Mais qu’est-ce que je peux faire ? Lui dire de se démerder ? D’emmener Faye avec eux ? A moi d’être un peu plus adulte avec elle pour une fois. « Okay … » Je capitule. Ma mère sait que je ne suis pas loin de paniquer une bonne fois pour toute. Sa façon d’embrasser ma joue en me disant que ça va aller est faite pour je puise dedans du courage. Sauf que ça ne va pas. Dix minutes après leur départ je me retrouve à me disputer avec Faye, refusant qu’elle passe une heure de plus devant la télévision. Résultat, je me retrouve fasse à une portée, la petite enfermée dans sa chambre. Désespéré, j’envisage d’appeler mes parents à l’aide, les supplier de revenir avant qu’une idée me traverse l’esprit. Portable sortie de ma poche arrière, je ne mets pas de temps à trouver son numéro, pas alors que nous échangeons si souvent désormais. Une sonnerie passe, puis et à la fin de la troisième j’entends sa douce voix prononcer mon prénom. « J’ai besoin de ton aide … avec Faye. » Elle m’annonce qu’elle vient de suite une fois l’adresse de mes parents … Plus qu’à patienter maintenant.
Aujourd’hui, Mason a décidé de faire un effort. Notre conversation de l’autre soir a été difficile, mais je lui ai bien fait comprendre que cette situation commençait à me peser. On a tous les deux nos tords, mais j’ai besoin qu’il comprenne qu’il doit aussi faire des efforts pour que ça marche. Il m’a promis d’être moins à fond dans le Poker et plus être à la maison, m’aider avec Natalia…et moi. Si j’ai craqué en lui disant à quel point il me manquait, il a fini par s’approcher pour m’embrasser, et dans un élan d’émotions, on a craqué tous les deux. On a couché ensemble, chose qu’on n’avait pas faite depuis plusieurs jours. C’était profond, comme avant, et ça m’a fait du bien. Passer un week-end ensemble aussi, ça a faisait un moment, parce qu’on a pu se balader avec Natalia, aller lui acheter des petits vêtements, se retrouver réellement, comme avant. Mason n’est pas méchant, il est juste un peu perdu en ce moment. Mais ça me fait du bien, assez pour me redonner le sourire, et me sentir belle et aimée. « Humm…Chantilly en plus ? » Je demande, en regardant nos crêpes Nutella déjà énorme devant nous. « Chantilly ! » Il dit le regard pétillant et un grand sourire. Je ris alors que je la sors du frigo au moment où mon téléphone sonne. Mason me le tends et fronce les sourcils, en voyant le nom de Shiloh apparaître. Je n’ai pas réellement parlé de lui à Mason, de peur qu’il imagine un truc complètement idiot, mais je finis par ajouter : « Faut que je prenne cet appel » Il acquiesce tout en s’occupant de Natalia. Je m’éclipse et décroche : « Shil… » « J’ai besoin de ton aide … Avec Faye » me dit-il rapidement, alors que sa voix paniquer me transverse. « Mais tout va bien ? » Il m’explique alors qu’il est bloqué chez ses parents, seul avec elle et qu’il n’a aucune idée de comment l’occuper. Il est perdu, paniqué, et moi je lui ai promis. Je lui ai promis d’être là avec elle, alors je soupire et ajoute que je serai là dans pas longtemps. Une fois raccrochée, je file prendre mes affaires dans ma chambre, et reviens dans la cuisine : « Mais…tu vas où ? »« J’ai promis d’aider un ami, il a besoin de moi »« Un samedi à 16h ? » Je m’approche de lui, et vient embrasser ces lèvres sucrées. « J’ai promis, Mason. Mais je reviens ce soir, promis » Je vois bien qu’il est déçu, et qu’il pense que je ne fais pas des efforts, mais je n’ai qu’une parole. « Je t’aime » Je souffle, à son intention, avant d’embrasser Natalia et d’ajouter : « Toi aussi, je t’aime ». Quelques minutes plus tard, je suis dans la voiture, en direction de Santa Monica vers la luxueuse demeure des Gallaghers. Lorsque j’arrive, il a déjà ouvert la porte et m’attends devant. Il a dû me voir approcher dans la grande allée. « T’as l’air totalement paniqué » Je dis en sortant de la voiture, pour claquer la porte.
« Faye, ouvre cette porte … S’il te plait. » Mon front posé contre la porte de la chambre, mes yeux clos, je prie silencieusement pour qu’elle entende raison. Quelle idée ont eu mes parents de laisser la possibilité aux enfants vivant sous ce toit de fermer leur porte à clé ? Gamin je voyais ça comme l’assurance d’avoir mon intimité ce qui avec ma fratrie était souvent nécessaire, là c’est une véritable plaie ! Cette gamine n’a que cinq ans mais elle a très bien compris la fonction de la clé enfoncée dans la serrure de sa porte. Je me retrouve comme un idiot à regretter d’avoir accepté de m’en occuper le temps que mes parents reviennent. N’est-ce pas une preuve supplémentaire que je n’aurais jamais été capable de m’occuper d’elle sans Kate ? Je n’ai pas la fibre paternelle, c’est inexistant chez moi. Elle aurait été malheureuse avec un père comme moi, j’en suis d’autant plus persuadé maintenant. Voyant qu’elle refuse d’entendre raison – et priant pour que rien ne lui arrive dans sa chambre – je laisse la panique avoir raison de moi et j’appelle Kalia. James aurait pu aussi m’aider, après tout il connait Faye tellement mieux que moi, seulement … J’aime mieux savoir mon petit frère profiter du temps qu’il avec sa fiancée dès qu’il le peut. Et puis, Kalia a promis. Bien que je n’aie pas la moindre idée du pourquoi je me repose autant sur elle désormais, je sais avoir besoin de sa présence pour me calmer et surtout m’aider. Sa voix à l’autre bout du fil semble surprise. Je ne lui laisse pas le temps de dire quoi que ce soit que je la supplie de venir m’aider. « Mais tout va bien ? » Demande-t-elle avec une pointe d’inquiétude non dissimulée. Je résume rapidement la situation et l’entendant m’assurer qu’elle arrive, je raccroche en me sentant à la fois soulagé et coupable. Qui suis-je pour la tirer loin de sa famille un week-end ? Qui suis-je pour lui imposer ça hormis un putain d’égoïste qu’on devrait tenir éloigné des enfants ? Je tourne en rond un peu plus de vingt minutes puis j’entends des pneus crisser dans l’allée menant à la villa qui m’a vu grandir. Sans plus attendre, je dévale les escaliers pour lui ouvrir, impatient de ressentir enfin du soulagement. « T’as l’air totalement paniqué » Je pourrais la serrer dans mes bras si je m’écoutais mais je suis déjà bien assez expressif vis-à-vis de ma panique comme ça. « Je suis désolé surtout. » Je commence en la guidant instinctivement vers l’intérieur de la villa. « Je n’aurais pas dû t’appeler, t’as probablement mieux à faire mais je ne sais pas comment la faire sortir de sa chambre … » Nerveusement, je passe ma main sur ma nuque puis dans mes cheveux. M’arrêtant avant que nous ayons atteint l’escalier, ça force Kalia à me rentrer dedans de plein fouet. Par réflexe, je pose mes mains sur ses épaules pour l’aider à garder l’équilibre et plante mes iris sombres dans les siennes plus clairs. « Je préfère que tu lui parles. Elle ne m’écoutera pas et de toute manière, elle me déteste. » J’en suis persuadé. Pas seulement parce qu’elle me l’a dit en partant en courant vers sa chambre mais parce que je n’arrive pas à penser autrement. Peut-être qu’une part d’elle sait qui je suis, ce que j’ai fait et qu’elle me hait inconsciemment pour cette raison, je suis persuadé que c’est le cas c’est tout.
Je ne manque à aucune de mes promesses. Du moins, j’essaye. Forcément, lorsque Shiloh m’appelle désespéré pour lui demander de l’aide avec Faye un samedi après-midi, alors que pour une fois, tout va bien à la maison, je finis par y aller. Par obligation, mais surtout parce que j’ai envie de l’aider. J’ai envie de lui montrer qu’être à l’écoute d’une gamine, ce n’est pas si compliqué que ça. « Je suis désolé surtout » commence-t-il à dire lorsque je le rejoins, après m’être garée. « T’en fait pas pour ça, Shiloh, vraiment. » Parfois, les gens ont besoin d’une main tendue, pour aller mieux. Ils ont besoin d’un coup de main pour voir que la vie n’est pas si horrible que ça. Ils ont besoin de quelqu’un pour leur faire ouvrir les yeux. C’est peut-être un rôle de sauveteur que je me suis donné là, mais au moins, j’essaye. « Je n’aurais pas dû t’appeler, t’as probablement mieux à faire mais je ne sais pas comment la faire sortir de sa chambre… »« Manger de la chantilly, ça compte ? » Je dis taquine, en passant une main sur son épaule. « T’en fais pas, je suis là, c’est tout ce qui compte » Il me guide à travers la maison, mais mes yeux explorent un peu la grande villa des Gallaghers. Putain, ils sont bien Tommy et Tessa, quand même. Et sans faire gaffe, je lui rentre dedans parce qu’il s’est arrêté. Ses mains se posent sur mon épaule, et il ajoute d’un air sérieux : « Je préfère que tu lui parles. Elle ne m’écoutera pas et de toute manière, elle me déteste » « Comme toutes les gamines de 5 ans quand elles font des caprices » Je lui souris en mettant mes mains sur les siennes. « Tout va bien se passer, je te le promets, d’accord ? » A force d’être en contact avec lui, cette drôle de sensation que j’éprouvais s’estompe au fur et à mesure. A vrai dire, je me sens simplement bien lorsque je suis avec lui – contrairement à ce que je pouvais ressentir les premières fois où nous avons interagit ensemble. Ou tout simplement à Boston. « Mais tu vas devoir m’aider, et tu dérogeras pas la règle. Je suis là pour t’aider, Shiloh. T’as promis » Autant que je suis là pour l’aider, lui. Lui rappeler qu’il veut faire des efforts est essentiel. Il soupire, se perds dans mes iris, avant que je n’ajoute : « Allez, montre-moi sa chambre » Il acquiesce, et finit par me guider à travers l’escalier, au premier étage. Une porte est fermée, et je devine au flocon affichée sur sa porte que c’est la sienne. Je m’approche, toc et entends un : « Non, tu ne rentreraaas pas ! C’est toujours fermééé » Je regarde Shiloh et secoue la tête, en murmurant : « Règle n°1 : ne jamais donner la clé à un enfant. Imagine il lui arrive quelque chose de l’autre côté, hein ? » Il faut qu’il prenne conscience qu’à 5 ans, ce n’est pas normal cette liberté. Mais je vais adoucir la situation, en me présentant. « Bonjour Faye. Je suis Kalia, une amie de Shiloh, mais aussi de tonton James et tata Emma. Tu m’ouvres pour qu’on puisse discuter toutes les deux comme des grandes ? » Le silence règne, mon regard croise selon de Shiloh qui commence à désespérer. « Promis, on mangera une glace tout en papotant, mais pour ça, j’ai besoin que tu ouvres cette porte. Tu crois que tu peux le faire ? »
Quand suis-je devenu cet homme effrayé par une gamine ? Quand me suis-je transformé en un homme qui n’est pas capable de gérer une situation et appelle à l’aide ? Je n’ai pas honte mais je n’en suis pas loin. Faye a cet effet sur moi. Sa présence, son regard et son comportement sont capables d’avoir raison de moi parce que je sais qu’elle est ma faiblesse. Elle est ce rappel constant de ce que j’ai perdu et des erreurs que j’ai enchaînées la concernant. Elle me désarçonne et me fait perdre mes moyens comme personne n’en est capable. Oh je voudrais être capable de gérer, de pouvoir avoir l’autorité nécessaire pour la faire sortir de sa chambre, toutefois j’admets rapidement baisser les bras. Il est probable que je ressente une sorte de haine la concernant ou des doutes parce qu’elle doit savoir non ? Elle doit savoir que je ne suis pas à l’aise avec elle. Il parait que les enfants sentent ce genre de choses, c’est le cas avec elle, non ? Pourquoi réagirait-elle de cette manière autrement ? Je n’en sais rien et ça me fatigue ! Je n’ai aucune expérience avec les enfants, je ne serais jamais un bon père, ce n’est pas pour rien que je refusais de m’occuper d’elle ces cinq dernières années. A vrai dire, je ne sais pas trop pour quelles raisons j’ai envie de changer ça. Elle semblait très bien sans moi et j’avançais sans être ce type sans arrêt en train de se questionner. Ça m’allait très bien alors pourquoi me prendre la tête, hein ? Parce que j’aime mon frère et que je sais qu’il tient à ce que je fasse le bonheur de sa nièce. J’ignore si j’aurais cédé aussi vite si James n’avait pas été malade et ça me tue d’avoir l’impression d’accorder une requête à une personne condamnée alors que je refuse de me dire que sa maladie l’emportera. Néanmoins, je dois admettre que c’est pour être sûr qu’il soit en paix que je tente d’être le frère et le père qu’il pense que je suis. Sauf que là j’ai complètement paniqué. C’est ridicule, ça me fait honte, mais sans l’intervention de Kalia je sais que je ne m’en sortirais pas.
« T’en fait pas pour ça, Shiloh, vraiment. » Réplique-t-elle après que je me sois excusé et pendant que nous gagnons l’intérieur de la maison. Ça ne calme pas ma culpabilité pour autant et j’insiste sur le fait que je n’aurais pas dû l’obliger à mettre de côté sa famille pour moi. « Manger de la chantilly, ça compte ? T’en fais pas, je suis là, c’est tout ce qui compte » Est-ce vraiment le cas ? Est-ce vraiment tout ce qui compte ? Pourquoi est-ce que je me sens immédiatement plus serein lorsqu’elle pose ses yeux de biches sur moi ? Oh si je ressens toujours une attirance physique pour elle, je sais que nous sommes devenus bien plus que ça et je n’en ai pas l’habitude. Pas avec des femmes en tout cas. Son corps percutant le mien lorsque je m’arrête brusquement, je laisse encore une fois ma panique parler pour moi. « Comme toutes les gamines de 5 ans quand elles font des caprices. Tout va bien se passer, je te le promets, d’accord ? » J’approuve sans être vraiment convaincu parce que si j’ai des sœurs qui ont été capricieuses, elles n’étaient pas ma fille. « Mais tu vas devoir m’aider, et tu dérogeras pas la règle. Je suis là pour t’aider, Shiloh. T’as promis. Allez, montre-moi sa chambre », « Je vais essayer. » Je promets en reprenant ma marche. Chambre atteinte, je la laisse faire et la réponse de Faye est sans appel dès qu’elle entend frapper. « Règle n°1 : ne jamais donner la clé à un enfant. Imagine il lui arrive quelque chose de l’autre côté, hein ? », « Me regarde pas comme ça, c’est la décision de mes parents. » Je hausse les épaules me dédouanant totalement de cette erreur même si je sais que je pourrais avoir mon mot à dire – bien que nous ne soyons pas sous mon toit. « Bonjour Faye. Je suis Kalia, une amie de Shiloh (…) Promis, on mangera une glace tout en papotant, mais pour ça, j’ai besoin que tu ouvres cette porte. Tu crois que tu peux le faire ? » Nous attendons en silence et lorsque le cliquetis de la clé tournant dans la serrure nous parvient, je soupire de soulagement. Puis la petite tête de Faye apparait, analyse Kalia qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Emma – ce qui semble l’intriguer à son froncement de sourcils – puis elle me voit et croise les bras en boudant. « Lui, il a été méchant avec moi ! » Qu’elle lance de sa petite voix. Quand je disais qu’elle me détestait … « Je vous laisse toutes les deux ? » J’ose demander à Kalia, désireux de fuir le plus et le plus loin possible.
Je ne peux pas dire savoir y faire avec les enfants, mais avec Lily et Natalia, j’ai forcément développé ses réflexes. J’ai toujours été aussi celle qui, de nous deux avec Emma, a un côté maternelle naturel. C’est comme ça, depuis toujours. J’ai toujours eu voulu des enfants, là où Emma n’en était pas certaine. Et même si elle a fini par avoir Lily avant moi, j’ai fini par la rejoindre quelques temps après, à mon plus grand bonheur. Natalia est ma plus grande force. Même si parfois, c’est pas facile tous les jours avec toutes les allergies qu’elle possède, et ses quelques petits soucis de santé, elle reste mon petit trésor que je ne changerais pour rien au monde. Loin, de la même réalité que Shiloh. Et vu ce qu’il a subit, c’est tout à fait normal. J’essaye cependant de l’amadouer avec une glace, pour la forcer à ouvrir la porte. Lorsqu’on l’entend tourner le verrou, et ouvrir la porte, je souris à cette petite tête qui apparaît doucement. Elle m’étudie, l’air perplexe et je lui réponds : « Oui, je suis comme Emma » alors qu’elle finit par dévier vers Shiloh : « Lui, il a été méchant avec moi ! » Je m’accroupie au moment où j’entends Shiloh vouloir fuir, mais je leur secoue la tête à tous les deux, saisis la main de Shiloh et le force à s’accroupir pour qu’on soit tous au même niveau. « Ce n’est pas parce qu’il te dit non qu’il est méchant, Faye. Il ne veut que du bien, et regarder autant la télé n’est pas forcément très bon pour ta santé »« Mais moi, je voulais continuer à regarder ! » dit-elle d’une petite moue, alors que je viens de ma main libre remettre une petite mèche derrière son oreille : « Tu pourras regarder un petit épisode demain, si tu veux. Mais pour aujourd’hui, nous avons une glace avant ! Dis-moi, t’aime le chocolat ? »« Ouiii ! » Je lui souris, et regarde Shiloh qui m’étudie : « Mais avant ça, fais un câlin à ton oncle » Elle hésite, une seconde, avant de capituler et de foncer dans ses bras » Je lui lâche la main pour qu’il puisse l’enlacer, même s’il semble surpris, avant que je n’ajoute : « Un petit bisou ? » Elle s’effectue, sans broncher et vient claquer un bisou sur sa joue. « Chocolat avec des petites étoiles toutes colorés ? » « On devrait pouvoir trouver ça » Je souris en me relevant, les forçant aussi à faire de même. La petite se met à courir vers les escaliers alors que je lui dit : « On ne court pas dans les escaliers ! » Elle s’arrête net, avant de descendre doucement. Moi, je saisis le bras de Shiloh que je garde près de moi. « Il suffit simplement de savoir comment bien leur parler. Le chantage aide beaucoup aussi » Je souris, et ose demander : « Tant qu’on y est…y’aurait pas de la chantilly au frigo ? »
La tête que fait Faye en voyant Kalia ne m’étonne pas. Elle connaît Emma depuis des années pour l’avoir vu très souvent avec son oncle James, en revanche Kalia est une inconnue … Une inconnue qui ressemble trait pour trait à une personne qu’elle connaît. Ça doit être déroutant pour une demoiselle de son âge. « Oui, je suis comme Emma » Lui confie Kalia avec un doux sourire qui amène à la confiance. A chaque fois elle m’impressionne par cette douceur et cette patience qu’elle dégage. Cette femme est exceptionnelle, rien ne me fera changer d’avis à ce sujet. Il faut beaucoup de patience pour supporter mes peurs. Moi qui parvenais à les cacher ces cinq dernières années, à faire avec, elle est venue tout chambouler. Elle m’a forcé à m’ouvrir plus et, par conséquent, à faire face à ce que je refoulais depuis tout ce temps. Autant dire que ce n’est pas simple et que j’ai parfois du mal. Je n’étais pas prêt à ce que tout m’assaille d’un coup, à ce que je me sente dans le besoin de changer ma vie et de le faire aider par cette femme mariée qui pourtant m’obsède. Ramené à la réalité par l’attaque de Faye à mon sujet, je lève les yeux au ciel. Ne lui ai-je pas dit que cette gamine me déteste ? Mais comme toujours Kalia ne se laisse pas démonter et s’accroupit devant l’enfant. « Ce n’est pas parce qu’il te dit non qu’il est méchant, Faye. Il ne veut que du bien, et regarder autant la télé n’est pas forcément très bon pour ta santé », « Mais moi, je voulais continuer à regarder ! » Cet instinct maternel, cette douceur qu’elle donne à Faye, ça me chamboule. Je ne suis pas capable de faire ça. Je ne suis pas capable d’être aussi tendre avec Faye parce que ça me fait du mal. Ça me fait du mal d’être doux avec elle alors qu’elle me rappelle autant sa mère. Est-ce qu’un jour au moins j’en serais capable ? Là est la question ! « Tu pourras regarder un petit épisode demain, si tu veux. Mais pour aujourd’hui, nous avons une glace avant ! Dis-moi, t’aime le chocolat ? », « Ouiii ! » J’admets laisser Kalia tout gérer n’en étant pas capable. Tout ce que j’ai fait c’est affronter une porte fermée à double tour et la colère d’une gamine de cinq ans, autant dire que je suis parfaitement misérable. Il est loin le Shiloh sûr de lui, ce requin qui donne tout pour gagner ses affaires et qui n’a pas froid aux yeux. « Mais avant ça, fais un câlin à ton oncle » J’essaye de ne pas avoir un mouvement de recul lorsque Faye s’approche de moi. Je me penche pour lui faire un câlin et accepte même le bisou que Kalia la force à m’offrir. Puis Faye s’empresse de courir vers la cuisine alors que Kalia la reprend et que je reste planté là, comme l’idiot que je suis. « Il suffit simplement de savoir comment bien leur parler. Le chantage aide beaucoup aussi. Tant qu’on y est…y’aurait pas de la chantilly au frigo ? » Qu’elle enchaîne avec ce sourire qui me fait un effet pas possible. « Je suis pas doué pour ça, je te l’avais dit. » Dis-je en haussant les épaules, puis je lui rends son sourire. « On devrait pouvoir trouver ça, suis-moi. » Je pose une main dans son dos et lui ouvre la voix d’un geste de la main. Je peux bien lui offrir un peu de chantilly en plus d’un bon chocolat après qu’elle soit venue me sauver, une fois de plus.
Accueil
Sam 21 Nov - 16:50
