26 NOVEMBRE | Depuis quelques années, Thanksgiving est une fête familiale que mes parents ont tendance à fêter sur leur villa à Beverly Hills. C’est une fête conviviale, avec toute la famille, et les amis proches de la famille. Une soirée presque démesurée, qu’ils donnent chez eux, par plaisir et pour réunir tout le monde. C’est aussi le soir où nous avons décidé, Emma et moi, d’annoncer sa grosses à toute ma famille. Son ventre commence réellement à le voir, et je n’ai clairement pas envie que mes parents l’apprenne par les tabloïds. C’est une grande étape pour moi, mais je suis serein, en réalité. J’aurai pu paniquer, être tendu à souhait, mais je suis enfin dans mes baskets. Est-ce que je suis paniqué d’être père ? Oui. Mais l’idée fait son chemin, et je l’assume de plus en plus. Assez pour en parler à toute la famille ce soir. « T’es magnifique » Je dis à Emma qui se regarde dans l’immense glace de notre chambre. J’embrasse son épaule dénudée, en arrivant par derrière. Son sourire illumine son visage. On a beau se disputer pour un rien, elle reste ce que j’ai de plus précieux à mes yeux. Sans elle, je mourrais tout simplement. J’ai grandis, depuis que je suis avec elle. Je suis meilleur, depuis qu’on est ensemble. Je suis moi-même, depuis qu’elle sait. Elle se retourne, glisse ses mains autour de mon cou, et m’embrasse comme elle seule ose m’embrasser. C’est aussi ça, être amoureux d’Emma. C’est exactement la seule à me traiter comme j’en ai besoin, quand j’en ai besoin. La seule qui a osé tout pour moi, alors que toutes les autres ne faisaient qu’acquiescer. « Pa-paaaa, r’garde ! » Lily arrive dans nos dos, et nous force à nous détacher. Elle tournois dans sa petite robe, toute rose, fière d’être comme une princesse.« Oh, mais je vais te croquer toi aussi ! Je dis en quittant Emma pour saisir Lily, la soulever à terre et venir chatouiller son petit cou. Elle rit aussitôt, et je bénis ce moment encore plus. C’est encore étrange de l’entendre m’appeler Papa, mais, ça aussi…je m’y suis fait. Je suis la figure paternelle qu’elle n’a jamais connue, et j’en suis fière. « Vous êtes prêtes toutes les deux ? » Je demande aux deux femmes de ma vie, alors qu’Emma me regarde amoureusement. Elles acquiescent, et veste récupéré, nous voilà rapidement dans le garage, au volant de mon Audi. Parce qu’avec Lily dans les parages, il a fallu investir dans un autre véhicule plus adaptée qu’une Porsche. On retrouve rapidement la villa de mes parents, n’étant pas bien loin d’eux, et de nombreuses voitures sont présentes. Main dans la main avec Emma, Lily dans mes bras, on rentre dans la maison, et on se fait rapidement accosté par ma mère qui embrasse bien trop vite Lily, et moi par la même occasion. « Oh, comme je suis heureuse que vous soyez enfin là ! » Elle sourit grandement, nous informe que la plupart des invités sont arrivés, avant de se tourner et d’ajouter : « Victoria ! Viens-voir qui est enfin arrivé ! » J’ai beau avoir la main d’Emma dans la mienne, Lily dans les bras, j’ai l’impression que le sol s’ouvre sous mes pieds et s’enfoncent. Je ne l’ai pas revu depuis des années. Elle n’était pas censé être là, elle ne l’a jamais été, sous prétexte qu’elle vivait à l’étranger et que revenir à Los Angeles était trop difficile. « Je suis tellement heureuse que vous soyez tous là, comme avant. Toute la famille est enfin réuni » ose dire ma mère, dans son innocence. Parce qu’elle n’a jamais su ce que sa meilleure amie est en réalité. Alors, lorsque mon regard capte le sien, c’est un poignard dans le cœur que j’encaisse. Pire, en vrai. Je brûle sur place, en me figeant parce que je sais quel visage a le diable : celui de Victoria.
J'ai pour habitude de fêter Thanksgiving avec ma famille ce qui, généralement, implique vraiment beaucoup de personnes. La famille Sheridan c'est comme une tribu, si en plus nous ajoutons les compagnons et compagnes des uns et des autres - sans parler des enfants - ça apporte immédiatement une certaine animation. J'adore ça. J'adore ce temps où je peux retrouver tout le monde dans un esprit convivial, hormis que cette année ça sera sans moi. Il y a une autre famille à laquelle j'appartiens désormais : la mienne. Par extension ça veut dire celle d'Eli et passer Thanksgiving chez ses parents est pour nous l'occasion d'annoncer ma grossesse. Mon stressée que ce que je pensais, je suis même assez excitée de leur annoncer, particulièrement en sachant qu'Eli accepte un peu plus chaque jour ce petit ventre qui prend de l'ampleur. « T’es magnifique » J'entends souffler à mon oreille. Des lèvres se posent sur mon épaule, des mains glissent sur ma taille et j'observe avec un sourire notre reflet dans le miroir. J'ai opté pour une robe légèrement plus sage que d'habitude. Légèrement rosée, décolleté sage mais visible, le tissu est léger mais assez large pour cacher mon ventre. « Et toi toujours aussi sexy. » Me retournant, je glisse mes bras autour de son cou, dépose mes lèvres sur les siennes. Il n'y aurait pas Lily dans les parages, je sais que nous aurions pris le risque d'avoir un peu de retard mais pile au moment où je suis prise de l'envie de profiter des fesses de mon petit ami, une petite voix me retient. « Pa-paaaa, r’garde ! », « Oh, mais je vais te croquer toi aussi ! » J'ignore ce qui me fait le plus d'effet : entendre Lily l'appeler papa aussi naturellement et souvent ou voir Eli à l'aise dans ce rôle et avec elle ? Quoi qu'il en soit, je sais que je ne cesserai jamais d'aimer éperdument mon homme. « Vous êtes prêtes toutes les deux ? », « Parfaitement prêtes ! » Attrapant mon manteau dans l'entrée et Lily couverte, nous gagnons le garage puis l'Audi. Il n'y a pas que Lily qui demande une voiture autre que la Porsche mais également ce futur siège bébé que nous allons devoir installer. Main posée sur mon petit ventre, je caresse la naissance des cheveux d'Eli durant le trajet nous menant à la maison de ses parents. Le nombre de voitures pourrait m'impressionner si je n'étais pas une Sheridan. A la place, j'observe en gagnant l'entrée, ma main dans celle de mon petit ami. « Oh, comme je suis heureuse que vous soyez enfin là ! Victoria ! Viens-voir qui est enfin arrivé ! » A peine ce nom est-il prononcé que je vois le changement opérer chez Eli. Je le connais aussi bien qu'il me connaît. Je sais que quelque chose ne va pas même s'il tente de garder le contrôle à l'extérieur. « Je suis tellement heureuse que vous soyez tous là, comme avant. Toute la famille est enfin réuni » Toute la famille … Il ne m'en faut pas plus pour comprendre. Mon regard passe de cette femme qui arrive, observe Eli sans m'accorder un regard. J'observe mon petit ami et je sais, oh oui je sais, qui est cette femme. C'est elle, cette femme que j'ai appris à haïr sans la connaître. « Victoria, enchantée. Je suis Emma, la fiancée d'Eli. » Je manque de m'étouffer avec ma propre salive en réalisant ce que je viens de dire. Le mot est sorti plus vite que je l'aurais voulu, poussée par le besoin de lui faire comprendre qu'elle n'a plus aucun droit sur lui et la poigne avec laquelle je serre sa main prouve que je suis prête à mordre si elle tente quoi que ce soit.
Comme à chaque fois, nous ne pouvons pas laisser nos masques tomber. Ils doivent être maintenus, parce que la douleur serait bien trop destructrice une fois qu’elle serait révélée. Nous avons trop longtemps réussi à cacher ce que nous étions devenus. Toutes ses fois ont été assez faciles mais ce soir, je ne sais pas si j’arriverai à me contenir. Parce que les années ont filés, et que mon masque que j’avais l’habitude de porter, Emma l’a fissuré. Elle m’a montré ce qu’il y avait derrière, et je m’y noie avec plaisir. Cependant, face à Victoria, les barrières que j’ai l’habitude d’ériger ne sont plus. Je crains que je vais me perdre. « Victoria, enchantée » dit Emma, en lançant à Victoria, une main qu’elle saisit : « Je suis Emma, la fiancée d’Eli » Le regard verrouillé sur moi, tentant de comprendre la situation – ce regard qui me demande en silence comment j’ai pu passer à autre chose, je le sais – finit par se tourner vers Emma. « Fiancée ? » Demande-t-elle avec un sourire impeccable, alors que ma mère me regarde et ajoute : « Eli n’a pas fait sa demande, mais tout le monde sait que c’est tout comme. N’est-ce pas mon chéri ? »« C’est le cas » J’ose dire, la voix déraillant un peu. Non, ce soir, je ne vais certainement pas y arriver. J’ai déjà envie de repartir, m’éloigner de ce démon tant que je peux le faire. Lily commence à gigoter dans mes bras, et je décide finalement de la relâcher à terre. « Va donc jouer avec les petits, ma puce » Lorsque je me redresse, j’ai trois paires d’yeux sur moi : Ma mère, émerveillée comme jamais de me voir aussi proche d’un enfant, Victoria, intriguée et sans doute possessive à souhait, et Emma…inquiète. Je lâche ma main d’Emma pour venir la glisser dans ses reins, m’approchant pour déposer un baiser sur sa tempe. « Si vous voulez nous excuser, on va trouver de quoi boire » « Oh, va y donc mon chéri » dit ma mère, en nous laissant le passage, tout en papotant avec Victoria, dont le regard ne dévie pas de moi. Je suis à cran, et je dois le faire ressentir à Emma. Sauf que je ne sais pas ce qu’elle pense, je ne sais pas si elle a réellement deviné qui elle était. Mais au regard qu’elle me lance, j’ai l’impression que oui. Dans l’autre pièce, je finis par l’arrêter, et plante mon regard dans le sien : « Je suis désolé…je…je savais pas qu’elle serait là » J’espère qu’elle n’imagine pas que j’ai pu faire en sorte qu’elle la croise. J’aurai sans doute décliné l’invitation de ma mère, si j’avais su qu’elle pouvait y être. J’aurai inventé n’importe quoi comme excuse, tout, vraiment tout, pour éviter de recroiser cette femme. Ma main se pose sur sa joue que je caresse avec douceur : « Je… » Je commence maladroitement. C’est le pouvoir de Victoria, ça. Il me ramène des années en arrière, avec un simple regard. Je ne suis pas fort, je ne l’ai jamais été, et c’est ce que cette femme ose me rappeler dès qu’elle entre dans mon monde. « Dis-moi quelque chose » Je supplie, parce que non, pour une fois, je suis tellement ébranlé par ces retrouvailles que je ne sais pas ce qu’il se passe dans la tête d’Emma. Pour une fois, depuis un moment maintenant, je n’arrive pas à comprendre ce que cache le regard d’Emma. Sans doute parce que j’ai trop peur de savoir ce qu’il se cache derrière.
Partagée entre l’envie de lui sauter à la gorge et celle de l’ignorer royalement pour lui faire comprendre qu’elle ne peut pas m’atteindre, je ne saurais dire réellement dans quelle situation je me place. Le fait qu’elle m’atteint parce qu’elle touche Eli rien que par sa présence. Ses épaules sont un peu plus tendues, sa main se refermer un peu plus autour de la mienne et je ne suis pas certaine qu’il en ait réellement conscience. Elle l’atteint encore et étant donné ce que je sais de leur passé, ce que je sais tout court, je comprends. Mais j‘enrage. Elle est là et ça apporte déjà une ombre au tableau. Cette soirée en famille commence déjà à déraper vers une chose qui pourrait être incontrôlable. Il n’y a qu’à voir mon instinct à l’œuvre pour ça. Sans même réfléchir, j’ai balancé ce mot qui n’est pas réel. Un jour, quand nous serons prêts, mais là je l’ai dit pour faire passer un message et c’est dire à quel point je suis déjà sur la défensive. « Fiancée ? » Je souris avec une pointe de victoire mais assez discrètement. Ce terme la perturbe assez pour qu’elle ait des doutes. Tant mieux ! « Eli n’a pas fait sa demande, mais tout le monde sait que c’est tout comme. N’est-ce pas mon chéri ? », « C’est le cas » Rassurée de l’entendre capable de confirmer – ou de répondre tout court – j’observe Lily partir en courant avec la tendresse naturelle d’une mère ce que cette vieille peau ne parviendra pas à ébranler. En revanche, je n’aime pas le regard qu’elle lui lance, ces questions silencieuses qu’elle semble lui poser malgré la main possessive d’Eli sur ma hanche. « Si vous voulez nous excuser, on va trouver de quoi boire », « Oh, vas-y donc mon chéri » Sans dire quoi que ce soit, je le suis et nous n’allons pas en direction d’un quelconque verre. Il s’arrête avant, plante son regard perdu dans le mien ce qui suffit à éveiller la colère que je tentais de refouler il y a à peine une minute. « Je suis désolé…je…je savais pas qu’elle serait là » Pense-t-il sincèrement que je le considère coupable de cette rencontre imprévue ? Depuis quand n’est-il pas capable de deviner que ma colère est envers elle et non pas envers lui ? Elle l’atteint à ce point cette vipère ?! Je frissonne une fois sa main sur ma joue mais pas pour les bonnes raisons. « Je… Dis-moi quelque chose » Cette façon qu’il a de me supplier me fait plus mal que je ne l’aurais imaginé parce que je ne peux rien faire. Je suis impuissante face à ce que cette femme parvient encore à provoquer chez lui. « Je suis en train de me retenir d’aller lui coller mon poing dans son visage refait ! » Je grogne, les dents serrées. J’inspire un coup et soupire. « Eli, si tu me dis que tu ignorais qu’elle était là, je te crois, on a passé le stade du doute entre nous. En revanche … » Je prends sa main pour la serrer dans la mienne. « Je ne sais pas si je serais capable de garder mon calme avec elle dans les parages. Elle a cette façon de te regarder, cette possessivité dans son regard qui va avoir raison de moi. Et je te parle même pas du dégoût qu’elle m’inspire … » Mon regard balaye la pièce, regard les invités qui discutent sans savoir qu’un prédateur sexuel est parmi eux. Je frissonne d’horreur en sentant sa présence dans mon dos. « Ça dure depuis combien de temps tous les deux ? » Qu’elle demande d’une voix faussement intéressée. Je me tourne, me mets à côté d’Eli en passant un bras dans son dos. « Bien assez longtemps pour tout savoir de lui. » Mon sourire est assez hypocrite, mon regard assez clair, pour qu’elle comprenne mon sous-entendu et tans pis si je lance les hostilités.
« Je suis en train de me retenir d’aller lui coller mon poing dans son visage refait ! » Ses yeux sont en colère, toute la tension d’Emma émane en un simple clin d’œil maintenant. Bien sûr qu’elle la déteste, en sachant ce qu’elle a osé faire. Elle la détestait sans l’avoir réellement rencontré : quelle autre réaction j’aurais dû avoir hein ? J’aurai du m’y attendre. Elle prend une profonde inspiration et ajoute : « Eli, si tu me dis que tu ignorais qu’elle était là, je te crois, on a passé le stade du doute entre nous. En revanche… » Sa main serre la mienne, pour tenter de nous connecter. On a besoin de se sentir l’un l’autre, ça a toujours fonctionné comme ça. « Je ne sais pas si je serais capable de garder mon calme avec elle dans les parages. Elle a cette façon de te regarder, cette possessivité dans son regard qui va avoir raison de moi » Je pense forcément au bébé, et aux conséquences d’une telle tension chez Emma. « Et je te parle même pas du dégoût qu’elle m’inspire… » « Je sais… » Je souffle en suivant son regard malgré la foule, et j’ajoute : « Mais…s’il te plait…fais pas de scène. Mes parents n’ont pas besoin de ça » Je dis en tentant d’être convainquant. Je m’inquiète plus pour eux, que pour ce qu’elle peut infliger à notre couple – parce que je sais que nous sommes plus forts qu’elle, à deux. « Ça dure depuis combien de temps tous les deux ? » Sa simple voix me donne des frissons alors que comme Emma, je sursaute de la voir proche de nous. Bras d’Emma dans mon dos, elle ajoute d’un air hautain : « Bien assez longtemps pour tout savoir de lui »« Je vois… » Dit-elle en me regardant. « Je peux te parler en privé Eli ? » Je la regarde, puis regarde Emma qui me supplie de pas l’abandonner, mais lorsque Victoria ajoute : « S’il te plait… », Ma décision est déjà prise. J’ai des choses à régler, et je sais que si je ne les règle pas là, elles ne le seront jamais faites. « Va nous chercher un verre, bébé. Je te rejoins rapidement. » Elle me supplie de pas le faire, et je le vois dans son regard qu’elle a l’impression que je choisis Victoria, et non elle. Mais c’est justement parce que je la choisis elle, que j’ai besoin de parler avec mon ancienne geôlière. Mon regard soutient le sien, et si elle a décidé de garder sa position un temps, j’embrasse sa joue et murmure rien qu’à elle : « Désolé.. » Désolé de devoir faire ça ici, désolé de lui imposer toutes cette merde, désolé d’être simplement moi. Lorsque je me retourne vers Victoria, mon masque est mis, et victorieuse, Victoria me sourit : « On y va »« Après toi » Je l’invite à se glisser hors de la foule, sans un regard pour Emma, parce que je sais que je donnerai tout pour pouvoir la rassurer avant même qu’elle ne panique. Mais je ne peux pas, parce que cette conversation, elle doit être entre Victoria et moi. Une chose que j’aurai dû faire depuis des années. Elle m’a peut-être troublé en arrivant, parce que je ne m’étais pas préparer à la voir, mais maintenant qu’Emma m’a remis les idées en place, maintenant que je sais ce qui doit être fait, elle ne pourra pas m’en empêcher. Alors, je la guide vers la bibliothèque où nous serons seuls pour quelques instants.
« Je sais… Mais…s’il te plait…fais pas de scène. Mes parents n’ont pas besoin de ça » Regardant vers ses parents, je capitule aussitôt. Ils ont toujours été parfaits avec moi, parfaits avec nous, je me vois mal leur cacher leur soirée sous prétexte que j’ai envie de tuer la meilleure amie de Rosie. « Très bien … » Mais ce n’est que partie remise, c’est ce que mon regard exprime avant que l’autre arrive dans mon dos. Sa question m’hérisse le poil et malgré ça je ne me laisse pas démonter, réponds la tête haute. « Je vois… » Bon sang que ça m’insupporte de la voir regarder Eli et m’ignorer royalement ! Pour qui se prend-elle celle-là ?! Pourtant, si je voudrais être certaine qu’elle n’a plus aucune emprise sur Eli, je n’arrive pas à m’en persuader. Etant donné la réaction qu’il a eu dès leurs retrouvailles, j’ai forcément des doutes et ça m’agace. Parce qu’elle ne devrait pas avoir ce pouvoir sur qui que ce soit. Elle ne devrait rien avoir hormis une cellule dans laquelle elle resterait enfermée à jamais pour ces crimes sur un enfant. Il n’a pas dû être le seul, ce qui me donne la nausée. « Je peux te parler en privé Eli ? » Vraiment ? Il ose vraiment me regarder comme s’il envisageait d’accepter ? Je ne devrais pas réagir comme ça et pourtant je le supplie en silence de refuser. J’ai peur et je n’aime pas ça. J’ai peur de ce qu’elle peut dire ou faire. J’ai peur de ce que ça peut avoir comme impacte sur lui. « Va nous chercher un verre, bébé. Je te rejoins rapidement. » Je reste plantée là, à regarder mon petit ami, à la fois choquée et suppliante. Il prend réellement le risque de la laisser gagner ? Il choisit de la suivre elle plutôt que de m’écouter moi ? Lèvres pincées pour cacher mon mécontentement – même s’il me connait trop pour l’ignorer – je fulmine lorsqu’il s’approche et dépose un baiser sur ma joue. « Désolé... » Désolé ? Mais de quoi ? D’aller parler en privée avec celle qui a fait de lui son esclave sexuel ou désolé de m’abandonner comme ça en la préférant à moi. « On y va », « Après toi » Impuissante, je les regarde s’éloigner. Je reste plantée au même endroit en sentant la rage bouillir en moi. Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour un verre d’alcool maintenant ! Disparus de mon champ de vision, je sens quelque chose se briser doucement en moi. Ces murailles qui me protègent contre mes angoisses et mes doutes. Ces derniers s’insinuent que trop vite en moi et provoquent tout un tas de pensées dérangeantes. Et s’il se rend compte grâce à elle que je ne suis pas celle qu’il lui faut ? Que je ne lui apporte pas ce dont il a besoin ? Que j’en ai vraiment trop demandé dernièrement ? Oh mon dieu, est-ce qu’au moins je m’en relèverai ? « Maman ? » La voix de Lily me fait sursauter. Je réalise que j’ai les larmes aux yeux au moment je baisse la tête pour la regarder. « Je peux manger le pain avec la rillette rose ? » La quoi ? Je prends quelques secondes pour comprendre qu’elle parle de rillettes de saumon et j’éloigne mes pensées pour me focaliser sur ma fille. « Oui mais j’ai faim aussi, je viens avec toi. » Sa petite main attrape aussitôt la mienne pour m’entraîner vers les amuse-bouche alors que je me convaincs que j’ai tort. Eli m’aime. Il nous aime, tout va bien se passer.
Victoria est quelqu’un de très manipulatrice, je le sais. Elle veut tout contrôler, et lorsqu’elle a l’impression de le perdre, elle redouble d’effort. Parce qu’elle déteste perdre. Elle déteste avoir l’impression de n’être pas le centre du monde. Peut-être par-dessus tout, elle déteste qu’on lui tienne tête. Généralement, elle arrive à retourner les esprits pour que les gens pensent que certaines idées viennent d’eux, alors qu’elle en ait la seule initiatrice. Elle sait être persuasive, mais ce soir je sais ce qui m’attend. Et ça ne marchera pas. « Elle n’est pas faite pour toi, tu le sais » ose-t-elle dire à peine la porte franchis. C’est exactement ce à quoi je m’attendais. « Qu’est-ce que tu en sais ? »« C’est moi qui t’ai tout appris Eli. Je sais ce qui est bon pour toi » Ce qui est bon pour moi ? Bon sang, a-t-elle une idée de comment elle m’a bousillé ? Toutes les punitions qu’elle m’a infligées, tous les démons avec lesquels je dois me battre chaque jour pour survivre. Tous les traumatismes qu’elle a laissés parce que pour elle, je n’étais qu’un jeu. Un putain d’esclave dont elle pouvait disposer à sa guise. Est-ce que j’ai été le seul durant toutes ses années ? Je n’ai jamais été capable de l’affirmer, en plus. Je secoue la tête avec rage tout en faisant un pas en arrière lorsqu’elle ose vouloir me toucher l’épaule. Je ne tomberai pas là-dedans, non. C’est terminé. « Non, tu n’as jamais su ce qui était bon pour moi. Mais c’est terminé, Victoria. J’ai construit ma vie, sans toi. T’as plus aucun droit dessus » Elle détenait toute ma vie à l’époque, elle décidait de quand je devais manger, dormir, lui faire plaisir, la baiser. Non, j’en ai bien assez souffert dans ma foutue vie. « Tu vas pas me dire que t’es heureux avec…elle ? » dit-elle avec un ton presque dégouté. Ma voix commence à s’échauffer, et je lui pointe mon indexe sous le nez : « Elle est bien plus importante que tu n’as jamais été, Victoria. Maintenant, je t’interdis de l’approcher, ni même sa fille. Je doute que tu veuilles faire une scène ici. »« T’osera pas… » Elle semble comprendre que plus rien n’existe entre nous. Le lien entre nous est mort depuis des années, maintenant. Elle semble le comprendre que maintenant. « C’est la dernière fois que t’ose mettre les pieds dans cette maison, Victoria. Et si tu m’en crois pas capable, essaye-donc. » Je soutiens son regard une seconde, et pendant un laps de temps, les rôles se sont inversés. Elle est celle dominé, je suis le dominant. Le dominant qui la vire royalement de sa vie pour de bon. Alors, sans attendre, je tourne des talons, et rejoins la foule en quête d’Emma. Je la retrouve près du buffet avec Lily en train de se goinfrer. Je m’avance vers elles deux, au moment où le regard d’Emma croise le mien. J’y vois des doutes, de la peur aussi. Alors la gorge nouée, je viens me glisser près d’elle, dépose mes mains tremblantes sur son corps, et souffle à son oreille : « Je te choisirai toujours, tu le sais » Elle acquiesce sans répondre, parce que je sais qu’elle est sur le point de se mettre à pleurer, tout comme moi je suis sur le point de partir en vrille. Je tremble – et ça ne m’est pas arrivé depuis longtemps. Depuis le jour où elle m’a annoncé être enceinte, à vrai dire. « Elle ne mettra plus les pieds ici » Je souffle encore dans son oreille avant d’ajouter : « Mais attendons qu’on soit calmés tous les deux avant d’annoncer quoi que ce soit, tu veux bien ? »
A plusieurs reprises mon regard se pose en direction du dernier endroit où je les ai vu ensemble et à chaque fois je ne peux pas m’empêcher de ressentir une pointe de déception en ne le voyant pas apparaître. Je n’ai pas la moindre idée de ce qui est dit entre eux. Je ne sais pas non plus si mon inquiétude est justifiée. Cette femme a eu une emprise sur lui pendant si longtemps que je ne peux pas être certaine à cent pour cent qu’il ne se fera pas manipuler. Elle semble être particulièrement douée pour ça. L’angoisse n’a rien de bon pour moi, ni même pour le bébé, ça reste impossible de faire autrement. La peur me vrille l’estomac et si Lily entame déjà son deuxième toast, je n’ai même pas réussi à en avaler un seul. Rien ne passera tant que je n’aurais pas récupéré Eli, tant qu’il n’aura pas effacé ma peur. « Doucement, Lily. Tu vas pas manger à table sinon. » Secouant vivement la tête pour me faire comprendre qu’elle a bien entendu – ou pour me dire que si, elle mangera à table – elle continue de mâcher lorsque je lève une énième fois la tête. Je ne saurais exprimer le soulagement qui me gagne en le voyant nous chercher et foncer droit vers nous. J’ai beau remarqué qu’il tente de cacher certains tremblements, je suis heureuse de le voir venir vers moi et de mettre fin à mon supplice. « Je te choisirai toujours, tu le sais » Il me souffle en posant ses mains sur moi. Mes nerfs sont sur le point de lâcher, je le sens, si bien que je me contente d’agiter la tête de crainte qu’un seul mot me fasse exploser en sanglots. « Elle ne mettra plus les pieds ici. Mais attendons qu’on soit calmés tous les deux avant d’annoncer quoi que ce soit, tu veux bien ? » Collée à lui, je prends ses mains sur mes hanches et les fait glisser vers mon ventre. Qu’importe si quelqu’un remarque ce geste, j’ai besoin de ça pour me calmer, pour effacer un minimum tout ce que j’ai ressenti en un laps de temps que trop réduit. « Je t’aime. » Je chuchote à son oreille, déposant un baiser juste en-dessous. Je me retiens de me retourner afin de me glisser dans ses bras et de le serrer contre moi. On comprendrait que quelque chose ne va pas et j’ai promis d’éviter une scène. Cela dit nous restons ainsi un long moment, à puiser dans l’autre la force de se calmer alors Lily nous abandonne pour retourner jouer. « J’ai pas envie de m’éloigner mais … il faut que j’aille aux toilettes. » J’annonce dans une grimace. Ma vessie est pleine mais si j’ai du mal à me détacher d’Eli, je le fais non sans l’embrasser avec tendresse.
Mains lavées et séchées, je ressors, prends la direction de la pièce que j’ai quitté quelques minutes plus tôt pour m’arrêter devant le petit bureau que je connais déjà un peu. Attirée par la photo de famille qui trône sur la cheminée, je l’attrape et observe Eli comme je l’ai connu à l’époque : mystérieux. « Il était déjà très mignon à cet âge, n’est-ce pas ? » Bordel mais est-ce qu’elle est partout cette femme ? Reposant le cadre, je me tourne vers elle, le regard particulièrement froid. « Et ça semble vous plaire, les enfants aussi jeunes … » J’ai promis de ne pas faire de scène, or personne n’est là pour nous voir et au regard mauvais qu’elle me lance, je sais avoir réussi à l’agacer. « Vous n’avez pas ce qu’il faut pour lui, Emma. » Pour qui elle se prend putain ? Mes bras croisés contre ma poitrine, je cache mes poings serrés. « C’est vrai que je donne pas dans le viol et la maltraitance … » Que je lui crache au visage, me retenant d’être plus violente dans mes propos. Elle, elle s’avance vers moi, m’oblige à me coller plus à la cheminée fort heureusement éteinte. « Vous ne comprenez rien, j’ai fait Eli. Je peux vous l’arracher ! » Pendant quelques secondes je vois rouge. Je m’imagine déjà l’attraper par les cheveux et lui exploser la tête contre le manteau de la cheminée, mais je souffle et tente de garder mon calme. Pas de scène. « Approchez-vous encore un peu et je vous promets que je vous casse ce qui vous sert de nez ! » On se fixe l’une et l’autre, attendant de voir qui cèdera en premier. Certainement pas moi en tout cas ! « Tout va bien ici ? » Demande Rosie, nous sortant de notre combat silencieux. Un faux sourire apparait sur les lèvres de Victoria qui se tourne pour faire face à sa meilleure amie mais avant qu’elle n’ait pu dire quoi que ce soit Rosie me regarde avec inquiétude. « Emma, ça va ? Tu es pâle. » Et c’est là que je réalise que la nausée que Victoria a éveillée est en train d’avoir raison de moi. Son parfum au jasmin m’a donné le haut-le-cœur dès qu’elle s’est approchée de moi. Être forcée d’en prendre conscience me fait perdre mes moyens. Je cours en direction du bureau, attrape la corbeille et vomis dedans. Je peux dire que cette femme me donne littéralement envie de vomir. Trop concentrée à rendre ce que je n’ai pourtant pas dans l’estomac, pleurant sous la douleur, je réalise qu’Eli nous a rejoint qu’en sentant sa main caresser mon dos et l’autre soulever mes cheveux.
Ses mains glissent sur les miennes pour emmener exactement là où elles aiment être : sur son petit vendre qui je sais s’arrondis chaque jour. Elles se rejoignent là où notre amour s’est exprimé. Si j’ai vu cette grossesse comme une faiblesse auparavant, c’est désormais devenu ma force. Notre force. On se rattache à cet enfant – notre enfant – lorsque tout va mal. « Je t’aime » souffle-t-elle en embrassant ma joue. Je reste près d’elle, ma tête sur son épaule, pour puiser ma force et faire taire ces tremblements. « Je t’aime aussi, Emma » Que je finis par dire, en appréciant ce moment à nous malgré la foule. Lily nous interromps de temps en temps mais ne nous force pas à nous défaire. J’en ai besoin autant qu’elle de cette proximité, parce que nos peurs et nos doutes peuvent être la source de nos débordements, on le sait tous les deux. « J’ai pas envie de m’éloigner mais…il faut que j’aille aux toilettes » dit-elle en grimaçant. Je sais que la grossesse est un fléau concernant sa vessie, et ça me fait sourire au moment où elle m’embrasse. « Va y, je t’attends là » Je dis avant de finir par goûter à quelques petits fours et de saluer mes frangins qui se trouvent dans un coin. Mais si je compte les rejoindre, c’est mon père qui m’interpelle : « Tiens donc Eli, comment tu vas fiston ? » Son bras sur mon épaule me rassure et je souris : « On a quelque chose à vous annoncer avec Emma, tu sais où est maman ? »« Je crois l’avoir vu passer près du bureau. Rien de grave ? » Demande-t-il avec un sourire jusqu’au sourire. Bien sûr qu’il sait qu’une grande annonce va suivre, parce qu’il me connait. Il sait que je fais les choses dans l’ordre. « Non, rien de grave, mais je vais la chercher, alors » Je tourne des talons et me faufile jusqu’au couloir où elle semble apparaître. Je la suis et me fige en l’entendant parler au loin : « Emma, ça va ? Tu es pâle. » Mon cœur s’accélère, ma tête se vide, et je fonce dans la pièce, pour découvrir Emma qui saisit une corbeille et vomis dedans. Ma mère reste plantée là, Victoria me regarde traverser la pièce, et saisir ses cheveux. J’ai les nerfs à vif, ma colère monte en flèche. C’est une chose que Victoria ose s’attaquer à moi, mais qu’elle le fasse avec Emma ? Comment ose-t-elle faire ça ? Est-elle si désespérée ? « Qu’est-ce que tu lui as dit ? » Je crache un regard à Victoria, mes mains toujours sur Emma qui tente de survivre à ses haut-le-cœur. « Rien, je… » « Je t’avais prévenu, Victoria ! » Ma voix crie cette fois, et alors qu’Emma se relève et tente de me retenir, moi j’en oublie tout. J’oublie Emma, ma mère, la soirée plus loin. Il n’y a que cette haine qui se déverse en moi et que je ne saurais arrêter. Pour une fois, je veux qu’elle me consume littéralement. Je veux qu’elle me dévore tout entier pour la renvoyer vers cette femme. « Je te connais, Eli…tu » commence-t-elle à dire pour se défendre, mais je ne veux rien entendre : « NON ! Tu ne me connais en rien. T’as simplement appris à un gamin de 13 ans comment baiser ! Tu l’as détruit, tu l’as séquestré, et tu l’as traumatisé à vie ! Tu ne m’as jamais connu, tu t’es simplement servi de moi pour ton propre plaisir ! T’as plus aucun droit sur ma vie, désormais ! » Je sens les mains d’Emma tenter de me calmer, et de me retenir, mais c’est terminer. La haine m’aveugle, et rien ne m’arrêtera à lui dire toutes ses choses. « Emma m’a appris à aimer, elle m’a donné un avenir, une famille, putain elle est enceinte ! ELLE PORTE MON ENFANT ! TU SAIS CE QUE CA REPRESENTE ? » Je hurle, tremblant en voulant m’approcher d’elle, mais les mains d’Emma me repousse en arrière. Je jure que je n’ai jamais voulu taper une femme de ma vie, mais elle…Bon sang, elle me donne envie de le faire. Et alors que je lutte contre la haine, c’est ma mère qui entre dans le champs de vision pour venir donner une sacré gifle à Victoria qui résonne dans tout le bureau. « Sors de chez moi » « Rosie...c’est… » Mais la fermeté de ma mère est sans appel : « Dégage de chez moi, Victoria et m’oblige pas à te sortir par moi-même ! » C’est là que je comprends que mes émotions ont pris possession de moi. C’est là que je réalise ma faute, et que je viens de détruire l’une des femmes qui compte le plus pour moi : ma mère. Elle ne se tourne vers moi, que lorsque Victoria décide enfin à quitter la salle. Ses yeux sont larmoyants. De la douleur, de la pitié, des regrets ? Tout est mélangé, et moi j’ose même plus respirer. « Maman…je… »« Emma, puis-je parler à Eli en privé ? »
« Je t’aime aussi, Emma » Ces quelques mots m’aident à tenir, à effacer tout ce que j’ai pu ressentir en un laps de temps que trop restreint. Je m’y accroche en faisant face à cette femme qui me donne envie de vomir. Je m’y accroche en sachant qu’elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour m’atteindre. Une femme comme elle ne supporte pas de perdre l’emprise qu’elle pouvait avoir sur une tierce personne. Il me suffit de la regarder se comporter avec Eli depuis notre arrivée pour le savoir. Elle a vu l’acceptation de la discussion en privée comme une victoire et je sais qu’elle a rapidement déchanté. Trop vite elle s’est rendue compte que le pouvoir qu’elle avait sur le gamin qu’il était à l’époque, l’homme que j’ai retrouvé il y a pratiquement un an, n’est plus. Pour une personne comme elle, ça n’est pas possible. Sans doute s’imagine-t-elle que je suis une personne douce et docile. Peut-être pense-t-elle qu’il s’agit de la seule explication quant à notre couple, parce qu’Eli est un dominant. Elle ne pourra pas avoir plus tort que ça. Si je me laisse soumettre par besoin et envie, j’ai pour habitude de tenir tête à mon petit ami. C’est la raison pour laquelle nous avons cette fâcheuse tendance à nous disputer pour un rien. Je ne me laisse pas marcher sur les pieds et Eli non plus. Nos caractères sont forts, entre en collision, mais c’est ce qui nous a permis de nous accrocher l’un à l’autre. Je ne suis pas une gentille petite fille qui dit oui à tout. Je ne suis certainement pas le genre de femme qui va accepter que cette pédophile me brise pour récupérer ce qu’elle pense – à tort – lui appartenir. Eli est homme libre de ses choix, un homme libéré d’elle, je compte bien faire tout ce que je peux pour que ça reste ainsi. Je n’ai pas pensé à mon état physique, au fait que mes nerfs et mes hormones pourraient me jouer des tours. Je suis sortie des pires moments des débuts de grossesse. Je suis supposée avoir laissé derrière moi les nausées … jusqu’à elle. Jusqu’à ce qu’elle parvienne à m’atteindre quelque part. Vomissant ce que je peux dans la pauvre corbeille, je sens déjà que mon état ne va pas lui plaire. « Qu’est-ce que tu lui as dit ? » Je voudrais me redresser pour lui dire que ce n’est pas tant ce qu’elle fait mais plus ce qu’elle représente qui me rend malade mais je vomis une fois encore, ma nausée refusant de se calmer. « Rien, je… », « Je t’avais prévenu, Victoria ! » Je renifle, les larmes aux yeux, redressée alors que je prends quelques mouchoirs sur le bureau pour essuyer mes lèvres. Une main automatiquement posée sur le bras d’Eli, je l’empêche de partir vers elle tout en sachant qu’il va exploser. Je connais cette expression. Je connais cette tension, je l’ai déjà vu assez souvent pour deviner qu’il va craquer. « Je te connais, Eli…tu », « NON ! Tu ne me connais en rien. T’as simplement appris à un gamin de 13 ans comment baiser ! Tu l’as détruit, tu l’as séquestré, et tu l’as traumatisé à vie ! Tu ne m’as jamais connu, tu t’es simplement servi de moi pour ton propre plaisir ! T’as plus aucun droit sur ma vie, désormais ! » Oh bon dieu … Mon regard passe d’Eli à Rosie qui se décompose en comprenant petit à petit ce que son fils est en train de dévoiler. Ma main presse son bras, essaye de le calmer, de le faire revenir à l’instant présent. J’essaye de lui faire réaliser ce qu’il dévoile à sa mère malgré lui mais rien n’y fait. « Emma m’a appris à aimer, elle m’a donné un avenir, une famille, putain elle est enceinte ! ELLE PORTE MON ENFANT ! TU SAIS CE QUE CA REPRÉSENTE ? » Bien … Ce n’était pas réellement de cette façon que nous avions prévu d’annoncer le fait que je suis enceinte mais c’est fait et vu son hurlement, je sais que tout le monde a dû entendre dans l’autre pièce. Avant même de pouvoir dire quoi que ce soit, Rosie traverse la pièce et gifle violemment Victoria. Le claquement résonne dans la pièce et me fait sursauter. « Sors de chez moi », « Rosie...c’est… », « Dégage de chez moi, Victoria et m’oblige pas à te sortir par moi-même ! » Je devrais prendre ça pour une victoire, être heureuse que ce monstre soit dévoilé au grand jour, qu’elle soit éloignée de l’homme que j’aime et de sa famille, seulement je pense surtout à la douleur que Rosie doit éprouver. Celle d’une mère qui comprend qu’elle n’a jamais pu protéger son enfant. Et je pense à Eli qui va devoir affronter le regard de celle qui l’a porté, élevé et aimer. « Maman…je… », « Emma, puis-je parler à Eli en privé ? » Je voudrais rester là pour Eli, le soutenir, je sais néanmoins que c’est une conversation qu’ils doivent avoir tous les deux. « Je t’attends dehors. » Je caresser ses cheveux, embrasse sa joue et tremblante de ma nausée, je titube mais me redresse et sors en fermant la porte derrière moi. Ce n’est qu’une fois fait que je sens que je craque en voyant le père d’Eli arriver vers moi, inquiet. « Tout va bien ? » J’explose dans un sanglot bruyant, les bras de mon futur beau-père me rattrapant pour me caler dans ses bras.
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Ven 20 Nov - 16:07