Il devait être dans les vingt-trois heure ce soir là quand je trinquais avec un visiteur du cabaret. Le spectacle semblait se dérouler dans les temps. Le rideau rouge en velours, qui encadrait la scène, semblait trembler aux différentes vibrations de la musique. Les danseuses se déhanchaient sur le parquet en bois de la scène, laissant les spectateurs ébahies par les mises en scènes. Tant tôt dénudées, tant tôt vêtues de quelques soies, elles divertissaient par leurs gesticulations charnelles et envoutantes. Je ne me lassais pas de regarder ce spectacle, mais surtout de voir dans les yeux de mes clients ces étoiles multicolores, semblables à l’addiction.
Je n’interdisais pas les fumeurs d’allumer leurs cigarettes en ce lieu si particulier. D’ailleurs, j’appréciais de voir les femmes tirer sur leurs portes cigarettes, symbole de classe et d’un statut social élevé. J’avais la mienne au bec, et m’étais appuyé contre le comptoir pour observer chaque visage absorbé par le numéro de mes artistes.
Je regardais souvent en direction de l’entrée pour m’assurer que les personnes qui rentrent ont bien été filtré par les videurs. Je n’appréciais guerre d’avoir des bagarres au sein du cabaret. Les gens venaient avant tout pour prendre du plaisir et faire de jolies rencontres, alors je souhaitais éviter toutes personnes malveillantes.
« Un galopin s’il te plait ! » Ce monsieur était un habitué des lieux. Il venait tous les samedis et appréciaient particulièrement les petites jeunettes qui se trémoussaient sur les planches. Alors je lui servais sa bière dans un verre répondant à ses souhaits, et lui souhaitait une bonne soirée. Comme beaucoup, il balançait quelques billets sur la scène et cela m’assurait la continuité du service. Il n’y avait pas plus satisfaisant que de voir son entreprise tourner, tout en voyant les salariés ravies de travailler. Tout n’était pas forcément rose, certes… parce que certaines ne souhaitaient plus danser ou certaines étaient fatiguées par le comportement des clients. Il fallait conjuguer avec et se dire que les prochains soirs seront meilleurs.
Je bus une gorgée de mon whisky et le laissais trainer sur le bar pendant que les clients venaient pour me serrer la main. Je fus rapidement intrigué par une femme qui me semblait inconnue, et qui pénétrait dans la salle. Je la regardais de haut en bas, un peu comme un morceau de viande auquel je n’avais pas encore goûté. Un style vestimentaire assez particulier. Un défi supplémentaire peut-être ? De pouvoir s’accoquiner avec une telle beauté. A moins qu’elle souhaitait retrouver quelqu’un ?
Je restais pour le moment sage face à mes divagations, et continuais de servir les clients. Malgré tout, j’étais sur mon lieu de travail et il était indispensable que l’alcool tourne. Je restais toutefois attentif à ce que cette demoiselle allait faire de sa soirée… Et si elle devait prendre place sur un divan, j’aurai été le premier à aller lui demander ce qu’elle souhaitait boire. Au frais du patron bien sûr…
@Joseph Moulin Soir de repos pour moi et pourtant, je n’ai pas pu m’empêcher de passer faire un tour au Redlips. Depuis qu’Ariel m’a embauché en tant que barmaid là-bas, j’y bosse tous les soirs en semaine et ai mes Week-end de repos. Pourtant, je ne me suis jamais senti aussi bien. J’aime ce monde de la nuit et cet endroit est ma seconde maison, ceux qui y travaillent, ma seconde famille. Alors je ne peux m’abstenir de passer au club, voir que tout se passe bien et qu’ils n’ont besoin de rien. Peut-être aussi, parce que j’ai grandi là-bas, jouant à cache-cache avec les filles et Dolly. Le club change de main, quitte la famille, mais j’ai confiance en Ariel. Je sais qu’il tient à cet endroit autant que moi. Et ce qu’il projette pour l’avenir, me rend impatiente. J’ai hâte d’y être. Hâte de voir grandir le projet et de le voir prendre forme. On pourra ainsi attirer une nouvelle clientèle. Mais aussi de nouveau danseur. Je vais devoir faire attention à ne pas faire chavirer de cœur chez ces messieurs. Beaucoup des filles du club ne s’intéressent pas à moi, fort heureusement et me considèrent simplement comme de la famille. Malheureusement, il y en a eu qui voulait tenter quelque chose avec moi et ça, il en est hors de question. Non pas parce que Dolly me l’interdisait, mais parce que c’est contre mes règles et ça malheureusement, Ruby, ne l’entend pas. Mais je tiens bon pour le moment… Enfin mise à part le dérapage de l’autre soir début janvier. Mais c’est la première et dernière fois. Elle ne m’aura pas à l’usure. Ni sobre ni alcoolisée. Hors de question. Il en sera de même avec les garçons. Encore plus si je travaille de leur côté, comme il serait logique que ça le soit. Mais nous n’y sommes pas encore et nous en sommes loin pour le moment. Chaque chose en son temps. Après un moment passé là-bas. Comme il était tard, je suis allée manger un bout dans un fastfood de Watts, avant j’ai pris ma voiture pour rentrer à la maison. Mais n’étant pas prête à rentrer et ayant envie de passer un début de nuit sympathique. J’ai roulé un moment à la recherche d’un endroit où me poser. J’ai roulé, roulé... et me suis retrouvé dans le centre de Los Angeles. Quand je me suis souvenue, d’un flyer retrouvé chez moi d’un cabaret de ce quartier. Je m’arrêtais pour chercher l’adresse exacte sur mon téléphone. Décidant de marcher un peu, puisque je n’étais pas loin, je suis descendue de la voiture et ai pris la direction du cabaret. J’arrivais rapidement devant l’entrée de ce cabaret où je m’étais promis d’y faire un tour un jour. Le jour est enfin arrivé, alors que je ne l’avais pas prévu. La nuit est jeune, je me refais une beauté, et entre. Une fois dans le cabaret, mes yeux parcourent l’endroit du regard. Un endroit différent du Redlips, mais qui me donnait envie de rester. Après avoir regardé un moment les personnes évoluer sur scènes, mon regard se tourne vers le bar, qui m’appelait. Pas envie de me poser sans pouvoir le faire avec un verre, même si les divans me faisaient de l’œil. Je marchais vers le bar remarquant rapidement la présence d’un homme derrière le bar… Loin de me laisser indifférente. Pas du tout le genre du Redlips pour le moment. Mais c’était loin de me déplaire. La démarche féline. J’arrivais au bar sans le quitter des yeux.
Bonsoir, je prendrais hum… Après avoir fait une petite moue qui était mienne, je lui souris.
Vous savez quoi ? Surprenez moi. J’avais envie de le laisser choisir ma boisson. Mon approche était quelque peu dangereuse, mais j’étais d’humeur joueuse...:copyright: 2981 12289 0
Une musique techno semblait taper dans les nombreux enceintes qui soutenaient la scène. Des femmes se présentaient à la barre dans des positions sensuelles et particulièrement coquines. Les projecteurs illuminaient ces jolies minois tout en gesticulant aléatoirement de part et d’autre. J’appréciais le show de ces filles qui n’avaient pas froid aux yeux pour se dévêtir. Mais pour une fois, mes yeux étaient posés sur une autre créature, bien plus intéressante… Cette inconnue qui se présentait au bar de manière assurée, donnant l’image d’une femme indomptable. Comment ne pas se laisser envouter par ce genre de figuration ? Je n’étais rien qu’un homme lorsque je la dévisageais de haut en bas, cherchant ces détails intimes que seules les mains peuvent toucher. Alors quand elle approcha tout en soutenant mon regard, je commençais à me dire que la soirée ne faisait que de commencer. Ce regard… ce fameux regard qui invite, qui incite et qui pousse à bousculer la personne qui semble nous plaire. Ce regard remplit de mystère, qui laisse parfois des questions en suspends concernant les intentions de l'autre. Cette femme présentait une attitude qui appelle les hommes à se soumettre à elle. Telles ces sirènes qui chantent pour attirer les hommes en plein milieu d’un océan. Très étrange comme situation, pour un simple échange de regard. J’avais comme cette musique de Madonna qui me trottait dans la tête. Justify my Love…
Surprenez-moi. En voilà une qui n’avait pas froid aux yeux. Plaisant… Il y a cet alcool le plus consommé aux Etat-Unis, comment ne pas le reconnaître pour sa couleur bleu comme le ciel. Séduisant par son opacité, translucide à souhait quand il est accompagné de quelques glaçons. Je pris quelques minutes pour lui préparer un Adios Motherfucker. Cette boisson se composait de plusieurs alcools à proportions plus ou moins égales. Téquila, Rhum, Gin, Vodka, poussés par l’acidité d’un jus de citron et les bulles d’une limonade. Avec délicatesse, je déposais la coupe du précieux sésame devant elle. « Je n’ai pas réussi à faire plus bleu que vos yeux, mais je ne suis qu’un homme. Alors j’espère que vous me pardonnerez mon échec… C’est le patron qui offre. » Je lui lançais un regard malicieux accompagné du sourire. Bien sûr que c’était pour déconner, mais j’avais envie de jouer dans un petit jeu de séduction. Cette déclaration avait de quoi lui faire comprendre que c'était elle la reine ce soir...
Les femmes sont des êtres bien plus cérébrales que les hommes. Il y a une parade à réaliser, un langage particulier à tenir. Je ne connaissais pas encore son prénom, mais je sentais que nous pouvions drôlement nous amuser ensemble. Déjà parce qu’elle était rentrée en contact avec moi par un regard rempli de défis, et parce qu’elle était avenante. J’aimais ce genre de femmes. Sauvages, séduisantes et joueuses. Elles sont de celles que l’on veut toucher, caresser. Loin d’être ces femmes faciles, elles ont une attente particulière de la gente masculine, comme une clé à trouver pour pouvoir ouvrir la porte. Une formule magique à réciter sans faute. Patience… J’attendais qu’elle trempe ses lèvres sur le bord du verre, curieux de savoir si ce cocktail allait lui plaire. L’exigence, c’était sans doute le maître-mot pour ce type de femmes. Sûres d’elles, elles savent plus que tout ce qu’elles valent aux yeux d’un homme, alors elles dansent et c’est bien quand on ne s’y attend pas qu’elles se donnent finalement à nous. Toute une histoire donc, pour comprendre les femmes, parce qu’il y en a bien d’autres… Je n’avais pas cette grande pratique de la femme cérébrale, principalement parce que je courrais rarement après elles. Il n’est pas difficile d’attirer les conquêtes quand on est chef d’une entreprise. Avait-elle compris que le patron de ces lieux, c’est moi ? « Je crois comprendre que c’est la première fois que vous franchissez le pas ici. Le cabaret est-il à votre goût ? »
Rien ne vaut une bonne cigarette pour accompagner un whisky, alors naturellement, je sortais mon paquet que je posais rapidement sur le comptoir. Elle pouvait se servir, j’espérais qu’elle ne se laisse pas surprendre par mes gitanes, cigarettes fortes. Déconseillées aux débutants. J’allumais ma cigarette avec mon Zippo en argent. Soutenant son regard, sans ajouter un mot, j’allumais le briquet en sa direction, comme pour lui proposer de lui allumer une cigarette… Les femmes qui fument, encore quelque chose bien sexy qui avait le don de m’exciter. Nous, les hommes, sommes des êtres faibles… Cette inconnue pouvait déjà deviner que je m'assouvais déjà à elle…
@Joseph Moulin La musique qui résonnait dans le cabaret depuis mon entrée ressemblait à celle du Redlips. Ce qui me rendait aussi à l’aise qu’un poisson dans l’eau. Mais pour une fois depuis plusieurs jours… Je n’étais plus celle derrière le bar, à servir les autres. Cette nuit, c’est moi qui allais me faire servir. Par un homme très charmant, qui n’avait vraiment rien à envier au garçon du Redlips. On ne va pas se mentir tous aussi beau les uns que les autres. Mais nous allons dire que l’homme du cabaret et eux ne joue clairement pas dans la même cour. L’homme dont je ne connaissais pas encore le prénom est très charismatique. C’est un homme, pas un petit jeune. Je réalise que je suis entourée par des petits jeunes. Ce n’est pas pour me déplaire. Seulement l’homme de ce soir est une créature qui donne envie de tenter le diable et de jouer un peu dans la cour des grands. Peut-être que la musique qui tape dans les enceintes du lieu y est pour quelque chose. Cette musique m’électrise. Je me sens pousser des ailes. Moi avec mon éternelle assurance. Celle qui en a fait défaillir plus d’un en les surprenant. Je pourrais très bien me brûler les ailes, mais peu importe. Ce soir, la nuit m'appartient, je le sens. J’en ai besoin. Quinze jours à travailler non-stop. Sans réellement me reposer. Et même si cela me rend heureuse. J’ai besoin de m’amuser, de me changer les idées et de relever des défis. Ce n’est pas au club, que je m’amuserais à draguer quelqu’un. C’est contre mes règles. Sans oublier que les garçons sont la famille. Je m’amuse avec la meilleure amie de l’un d’eux. Mais c’est pour m’amuser et peut-être un peu pour le faire réagir. On est comme ça lui et moi. Sa meilleure amie entre dans mon jeu, alors pourquoi m’en priver. J’aime jouer avec le feu, marcher sur la ligne. Le cabaret se prête à l’expérience. Il y a une atmosphère particulière qui me met en émoi, ou peut-être est-ce l’homme énigmatique qui m’attire. Quelque chose dans son regard. Ici pas de famille, d’amis ou d’interdit. Je souris. Il ne ressemblait à aucun des barmans, que j’avais croisé dans ma vie. Ni ici, dans la cité des anges, ni ailleurs. Ou peut-être à la Nouvelle-Orléans, dans le quartier français et encore. Il sortait du lot. J’observe l’homme dans la réalisation de ma surprenante boisson. Un homme habile de ses mains… Un savant mélange de différents alcools forts. Il s’amusait dangereusement. Voulait-il me tester ou s’amuser ? Malheureusement pour lui. l’. Ou peut-être, avait-il sondé mon âme ? Jouant légèrement avec ma langue. Curieuse de connaître le nom de cette boisson et de pouvoir y tremper mes lèvres. L’homme prit la coupe du cocktail et me la déposa délicatement devant moi. Me mordant la lèvre inférieure. Curieuse de découvrir le goût et l’intensité du cocktail qui coulerait dans quelques instants dans ma bouche. Ne l’ayant pas quitté des yeux un seul instant. Je l’écoutais me parler avec attention. Un charmeur né. Bien malgré moi, je ne pus m’empêcher de lui offrir un sourire.
Que de belles paroles… Dis-je pour lui faire comprendre que je n’étais pas de celles à qui de simples paroles pouvaient suffire. Je fis une petite moue qui en disait long. Et son regard, mon dieu, ce regard. Ils me déstabilisent, bien plus que je ne l’aurais voulu. Mais je prenais sur moi, pour ne pas lui montrer. Le client était roi et il me traitait comme une reine. C’est le jeu. Il jouait avec moi et j’allais jouer avec lui. Une nuit amusante en prévision. À peine commencée, mais je n’avais pas envie qu’elle finisse d’aussi tôt. Une nuit pleine de promesses. J’avais envie de séduire et de passer du bon temps. L’inconscient avait pris le pas sur le conscient. Car c'est dès mon entrée dans le cabaret, que le jeu a été lancé. Il était ma proie et j’étais la sienne. Je plongeais délicatement mes lèvres dans le breuvage bleu. Une effervescence de goût. Une boisson aussi corsée que rafraîchissante. Une boisson complexe et forte à la fois.
Humm Reprenant, une gorgée de cette boisson pour en savourer la moindre saveur.
Une boisson qui me ressemble… Avez-vous sondé mon âme ? Dis-je avec un petit sourire, qui voulait dire beaucoup de choses. Un sourire et une étincelle dans le regard. Je l’observais en silence, tout en replongeant mes lèvres dans ma coupe. Désirant le boire de manière à faire durer un peu le plaisir… L'homme vint rompre mon silence. Fin observateur, il avait, j’en étais certaine, remarquée, que je n’avais jamais mis les pieds dans le cabaret auparavant.
Effectivement, on ne peut rien vous cacher de vous. Dis-je
Oui j’aime ce que cet endroit dégage, sans vraiment expliquer pourquoi. Il s’inquiétait de savoir si l’endroit était à mon goût. À ses quelques mots, je fronçais quelque peu des soucis. Quelque chose me fait repenser à ces quelques mots prononcés un peu plus tôt par l’homme… Offert par le patron. Comment… Sans réfléchir davantage.
Le patron… Vous êtes le patron ? J’aurais dû m’en douter. Je ne me démontais pas. Il n’était pas le premier patron, que j’avais le plaisir de rencontrer. Mais aucun comme lui. Je jouais avec mes doigts sur le pied du verre tout en regardant l’homme prendre une gitane entre ses lèvres. Une gitane, qui fait apparaître un sourire sur mes lèvres. Ce simple objet réveillait des souvenirs. Le souvenir de ma première cigarette. Je ne pus m’empêcher de vouloir reproduire ce moment. Cette gitane serait-elle une de mes madeleines de Proust ? Je vois l'homme allumer son zippo en direction de moi. Lis-t-il en moi ? Je pris son paquet entre mes doigts pour en sortir une. Je la glissais entre mes doigts, tout en humectant mes lèvres. Je la glisse entre mes lèvres avant de l’approcher de la flamme de son briquet pour l’allumer en tirant une bouffée. La glissant de nouveau entre mes doigts. Je souris de nouveau à l’homme.
Des gitanes ? Vous êtes plein de surprise. Dis-je sans l’avoir lâché du regard, ne serait-ce qu'un instant. Nous étions comme dans notre bulle. Comme si le monde continuait à évoluer autour de nous, sans que cela ne nous influence un tant soit peu.:copyright: 2981 12289 0
Le cocktail est un liquide composé de plusieurs ingrédients incontournables pour une production homogène et unique. Chaque composant a un rôle indispensable et possède une vêrtue particulière. Cela se décline par le goût, la couleur et le ressenti procuré. Ce mélange intelligent, semblable à une toile de peinture, à un morceau de musique ou encore un écrit, a pour but de procurer des sensations particulières à celui ou celle qui le consomme : provoquer une sensation, rappeler un souvenir, encrer une addiction, souligner une préférence, déclencher un frisson… Je réalisais mes cocktails avec réflexion, sans me hâter sur le produit fini pour privilégier la qualité à la quantité. Alors quand elle mit le breuvage à ses lèvres, j’étais comme suspendu à son geste, impatient de connaître son expérience.
Cette jolie inconnue ne semblait clairement pas facile à l’approche. Elle fait penser aux antilopes dans la savane africaine, en proies aux lionnes chasseresses. Un pas de trop et elle fuit. L’effleurement d’un bruit pourrait leur faire tendre l’oreille, alors j’imaginais qu’un seul de mes gestes pouvait rapidement se vouer parasite. Une belle rencontre qui annonçait un contrôle important de ma part, mais je crois qu’à mon âge, je n’avais plus grand-chose à apprendre... Quel âge avait-elle d'ailleurs ?...
Je l’étudiais, attentif à ses réponses. Les femmes aiment qu’on les écoute. Le défaut de l’homme, c’est qu’il a tendance à toujours ramener à lui, parce qu’il est soit disant le sexe fort de cette planète. Il a la maladresse de mettre la femme en second plan, alors qu’elle porte le monde. J’estimais cela vrai, alors même si j’avais un parler particulier, j’aimais croire que les femmes ont envie d’hommes galants mais pas trop non plus.
Vous avez sondé mon âme ? Je répondais par un sourire et un regard amusé. Chaque femme est unique et aucune ne peut être mise dans le même panier. C’est certains. Sonder son âme, peut-être pas, mais mes idées n'étaient pas forcément très claires non plus... « J’ai tenté de me fier à votre regard, il a tendance à en dire beaucoup... » Il est vrai que ces paroles sont belles aux yeux d’une femme. Mais certaines sont loin d’être stupides et ne se laissent pas attraper avec ça. J’étais plutôt honnête pour le coup. Je travaillais dans les bars depuis maintenant vingt ans, alors je n’avais aucun mal à imaginer la boisson adaptée à celui qui la désire. « Vous vouliez être surprise n’est-ce pas ? » J’avais bien du mal à la quitter des yeux.
Les serveuses du bar connaissaient mes rituels et savaient qu’il ne fallait plus m’ennuyer quand j’agrippais quelqu’un. Alors naturellement, je voyais les clients dériver sur la droite ou sur la gauche pour se faire servir. Il était aisé de comprendre que j’avais un rôle important ici, celui qui permet l’immunité du service. Elle fit la déduction d’elle-même en déclarant que j’étais sans doute le responsable de ces lieux. Elle avait totalement raison, et semblait apprécier l’idée…
J’ai toujours donné un point d’honneur à la qualité du service, que ce soit au bar ou sur scène. Un cabaret est un endroit particulier. Ce n’est pas un bar et ce n’est pas une boite de strip-tease. On y trouve une qualité de représentation et d’accueil. Ce genre d’endroit invite à l’intime sans que la barrière de celui-ci soit franchit. Une ambiance charnelle s’y respire et offre une excitation particulière à celui qui regarde. On s’hypnotise facilement à la vue des femmes qui dansent, ou même à celle des hommes déguisés. Une pensée particulière pour Gigi qui n’était pas là ce soir… Le cabaret offre à celui qui le désire, une vue imprenable sur la nudité et les courbes généreuses de femmes talentueuses. Il n’est pas difficile pour un homme de s’asseoir et de vouloir se gratter discrètement l’entre-jambe tout en observant ce beau spectacle. Mais ici les règles sont claires. Claires… mais peut-être que certains passe-droits peuvent être offerts à celui qui le mérite. Cette posture me donnait du pouvoir. Ce pouvoir de dire oui et dire non, à gérer avec modération et impartialité. Fuir la France a été comme un accouchement pour ma vie. Avoir pris un tunnel pour y trouver la liberté exponentielle comme une fleur qui fleurit au printemps. J’avais accompli le plus beau projet de ma vie.
Je la regardais prendre une cigarette dans mon paquet, elle acceptait de nouveau l’invitation. Ce geste n’était pas anodin. Elle me laissait allumer sa cigarette, me montrant que j’étais bien invité à rester près d’elle pour quelques minutes supplémentaires. C’était à se demander si quelqu’un ne l’avait pas envoyé par ici, pour qu’elle connaisse la marque de mes cigarettes... Je tirais sur la mienne et laissais lentement échapper la fumée par mes deux narines. La brume provoquée se mouvait dans la lumière des spots. Personne n’aurait pu dire quelque chose au patron. Dans cet élan de séduction, je me permis de m’exprimer en français. « Je crois que c’est à vous qu’on ne peut rien cacher... »
Je jetais rapidement un œil sur la scène car le numéro arrivait à sa fin. La transition des artistes est toujours un moment délicat en coulisse. Tout se passait à merveille et un nouveau morceau de musique se chargeait de l’accoutumance. Je reprenais mon attention sur la jolie demoiselle qui avait accepté d’échanger ces quelques mots. Je ne sais si elle comprenait le français, mais cela n’avait pas l’air d’être un langage inconnu pour elle. Je pris une gorgé de mon whisky, comme pour reprendre un peu d’énergie dans le but de partir à la conquête de cette inconnue. Elle avait l’air, de son côté, d’apprécier ce que je lui avais concocté. J’observais sa délicatesse à porter la cigarette à ses lèvres. Ses mains me plaisaient alors que mes yeux se posèrent sur ses doigts qui allaient et venaient à sa bouche. L’épaisseur de ses lèvres... Les pensées d’un homme sont forcément beaucoup plus limitées que celles d’une femme, mais je tentais de ne pas trop m’en éterniser. Son maquillage était bien exprimé à ses yeux, qu’elle avait du prendre le temps de remaquiller avant de rentrer dans ces lieux. Je savais, par l’intermédiaire des danseuses et de Gigi, quand le maquillage était juste posé ou fatigué d’une soirée bien mouvementée. Je commençais doucement à croire que sa venue n’était pas un hasard. Pourquoi ici ? Pourquoi ce soir ? Ce genre de questions qui n’ont pas lieux d’avoir leur place dans la tête d’un homme. Je les chassais en déposant la cendre de ma cigarette dans le réceptacle prévu à cet effet. Je ne souhaitais pas aller trop vite avec elle parce que je remarquais qu’elle prenait son temps pour chaque chose. Je concluais qu’elle était de ces femmes qui aiment s’approprier les valeurs du plaisir. Plaisant. Encore une bonne notion en lien avec l’exigence… Je repris quelques mots en français, pour voir si elle allait tenir la conversation. « Je ne pense pas que votre venue ici soit un hasard… Nous pourrions savourer le spectacle ensemble si vous le souhaitez. Il y a des espaces privés au fond de la salle, un peu plus en hauteur. Pour une meilleure vue du spectacle et … et un peu plus d’intimité... » Un frisson vint me surprendre dans le creux des reins, car je ne pus m’empêcher d’avoir cette image enjôleuse de nos deux corps… une image un peu plus intime que ce simple échange de courtoisie. A croire que je pouvais me surprendre moi-même à la pensée de ces jeux dangereux. Mais restons sur terre un instant, avait-elle compris mes propositions ?…
@Joseph Moulin Je n’avais pas imaginé que ma nuit allait prendre cette tournure en montant dans ma voiture, en sortant du fast-food. J’avais simplement laissé le destin décider de ma soirée. Roulant sans réellement faire attention à la route. Je n’avais pas eu envie de rentrer. D’humeur à m’amuser un peu, plutôt qu’à me retrouver seule dans des draps froids. J’étais arrivée sans pouvoir me l’expliquer, dans le centre de notre cité des anges. Quartier que je ne traverse pas pour rentrer à la maison. Réalisant où je me trouvais, j’avais pris un moment. Ce flyer que je n’avais jamais retiré du vide-poche de ma vieille Chevrolet se rappelait à moi. Le cabaret se rappelait à moi. Je regardais sur mon téléphone le chemin pour m’y rendre. Relevant les yeux. De mon téléphone. Je me rendais compte que je n’étais qu’à quelques pas de l’endroit. Comme si j’avais été attirée, aimantée par lui. Ce lieu, j’avais eu envie d’y mettre les pieds, dès que mes yeux s’étaient posés sur le bout de papier qui invitait à venir le découvrir. Il m’appelait sans que je ne puisse l’expliquer. Je l’avais oublié, vivant ma vie à cent à l’heure depuis plusieurs mois. Jusqu’à ce soir. Avant d'entrer, je n’avais aucune idée de ce qui allait m’arriver en entrant. La curiosité m’avait conduit ici. Mais c’était autre chose qui dictait ma conduite une fois les portes de l’endroit passé. Les corps qui évoluent sur scène, l’atmosphère, la musique et cet homme. Celui derrière le comptoir, vers qui je m’étais dirigée sans pouvoir détourner mon regard du sien. Je me mouvais jusqu’au bar, comme si mon être connaissait les lieux par cœur. Sans ressentir le besoin de devoir regarder où je mettais les pieds. Sans réfléchir, je lui avais demandé un élixir. Sans même le connaître, j’avais totalement confiance en lui. Au point de lui laisser le choix de mon breuvage. Il s’était plié à mon désir. Réalisant un cocktail à mon image. Corsé et haut en couleur. Lui et moi ne nous lâchions pas du regard. L’ambiance était si étrange et indescriptible. Je donnais l’impression de tout contrôler, sans plus rien contrôler. Consciente que l’on s’étudiait l’un l’autre. Que l’on jouait l’un avec l’autre. Je prenais le risque de me brûler, sans que cela ne m’importe. Me délectant de ma boisson, au goût intense et délicieux. Je l’écoutais me charmer. La musique était si électrisante. Mon être tout entier était comme dans un état second. J’étais physiquement là et à mille lieux de mon enveloppe charnelle. Je planais sans même avoir pris la moindre drogue. Tout me semblait si surnaturel. J’étais en compagnie du patron des lieux. Mais cela avait si peu d’importance. Ce n’était pas le patron que j’avais devant mes yeux. C’était l’homme. Cet homme dont le regard avait capturé le mien, à peine entré entre ses murs. Sans que je ne puisse rien y faire. Sans que je ne veuille lutter. Cela m’amusait et j’avais envie de m’amuser ce soir. Restée sage depuis bien trop longtemps. Ma déesse intérieure avait besoin de se sentir vivante et d’entrer en action. Dictant mes faits et gestes. Je n’étais plus totalement maîtresse de mes actes. Une part de moi menait la danse, en réprimant les autres. Chaque être humain est guidé par sa nature profonde, les dictactes de la société et… Ses pulsions. Ce soir, cette troisième facette avait pris les reines. Réprimée depuis plusieurs semaines. La voix de la raison avait été muselée. Mon regard, aimanté au moindre geste de l’homme, avait suivi ses mains. Ses mains déposant ce paquet de Gitane sur le comptoir. La vision de ce paquet me fait l’effet d’un électrochoc. Je fus happée dans un semblant de crise dissociative, hallucinatoire, lorsque l’homme alluma sa cigarette. Cette odeur forte et âpre. Ma mémoire olfactive reçoit à son tour une décharge électrique. Je fus ramenée quelques années plus tôt auprès de cette personne. Qui fumait ces mêmes cigarettes. J’étais comme spectatrice de ces deux scènes. À la fois présente, dans le passé et dans le présent. Instinctivement, voulant me rattacher à mon enveloppe physique, j'ai attrapé le paquet de gitanes entre mes doigts. Je voulais sentir les notes des Gitane me brûler la langue. Je voulais me sentir vivante et bien là. Je voulais m’assurer de ne pas être en train de vivre un de ces épisodes hallucinatoires, qui peuvent sembler si réels parfois. De par la puissance des émotions qu’ils nous font ressentir. Je tenais à me détacher de ce moment du passé. Pour pouvoir vivre pleinement et intensément le présent. Il m’était nécessaire de revoir cette dose de vie. Trop éteinte ces derniers temps. Trop à me questionner. Trop à me torturer l’esprit pour mon futur et mes futures attaches. Je voulais simplement vivre le moment présent. Carpediem. Vivre cette nuit comme si c’était la dernière. Comme si le futur n’avait aucune importance. J’avais rapidement attrapé et glissé la cigarette entre mes lèvres. Le soulagement de la brûlure provoquée par la taffe de tabac inhalé, ne mit pas longtemps à se faire sentir. L’homme avait dirigé la flamme de son briquet vers moi, je n’avais eu qu’à légèrement m’avancer pour allumer ma Gitane et inspirer lentement ma première bouffée. Je me sentais connectée à la réalité, bien en vie. Là, devant cet homme au regard envoûtant. Je battais rapidement des cils et tirais de nouveau sur ma cigarette. Observant l’homme laisser échapper la fumée par ses deux narines… L’homme entonna une phrase en français. Mon corps tout entier fut alors parcouru d’un doux frisson, ne pouvant réprimer un doux sourire. La musique, toujours aussi sensuelle, se fit plus douce. Je fis une petite moue bien à moi. Le temps d’une demie seconde, j’avais eu envie, par curiosité de me retourner pour observer le spectacle. Cette envie se volatilise aussi rapidement qu'elle fût apparue. Mon spectacle se déroulait sous mes yeux… Aucun besoin de me retourner. Ces quelques paroles en français résonnaient dans ma tête. Était-ce un test… Avait-il voulu faire un effet ou bien s'était-on croisé en Louisiane… Ou pendant un de mes voyages en France… Cette langue magnifique était ma seconde langue maternelle. Je la parlais couramment et avec grand plaisir. Je me plaisais à avoir des discussions dans la langue de Molière avec Ariel ou ma mère… Mais échanger des mots avec ce bel inconnu promettait un moment hors du temps et riche en émotions et sensations. Tout en reprenant une gorgée de ma boisson acidulée aussi bleu que le ciel par journée ensoleillé ou lorsque l’hiver vous pique au vif… Je détaille de mes yeux sa bouche, sans pouvoir m’empêcher de jouer de mes doigts sur le pied de mon verre. Reprenant une bouffée de cigarette de-ci-de-là. Le goût corsé de la boisson mêlé aux notes fortes de la cigarette se mariait étrangement bien. Laissant échapper délicatement la fumée entre mes lèvres. Tous mes gestes ressemblaient sans le vouloir à un jeu de séduction entre l’inconnu et moi.
Mon cœur manquait un battement lorsque l’homme s’adressait une nouvelle fois à moi en français. J’observais ses lèvres bouger délicatement. Le son des mots était une musique si douce pour mes oreilles. Sur mes lèvres se dessinait lentement et finement un sourire qui parlait pour moi sans que je n’aie besoin de parler. Pourtant un doux souffle sortis de ma bouche, pour laisser échapper quelques mots de Français.
Je ne crois pas au hasard… Une plaisante sensation se fit sentir dans mon bas-ventre. Je n’étais pas pressée de partir. Mon corps et ma tête avaient envie de rester. Je n’étais pas prête à le laisser m’échapper, ma déesse menait la dance cette nuit, mis ma nature profonde ne tenait pas à lui laisser entendre que j’étais une femme facile. Je n’étais pas prête à n’importe quoi pour son corps. Alors j’ajoutais, toujours en français.
J’accepte votre invitation. Une étincelle vint crépiter dans mon regard, bien malgré moi. Très envie de pouvoir observer le spectacle en votre compagnie. Dis-je en insistant tant bien que mal sur « observer le spectacle » Même si mon spectacle, c’était lui. La facette de mon être, maîtresse de mes pulsions, était sur un petit nuage. Je tentais malgré tout de me réapproprier un peu les manettes de mon être. J’étais prête à m’amuser et à me brûler. Je ne voulais pas pour autant lui faire mener la danse et finir bien trop rapidement entre ses doigts. :copyright: 2981 12289 0
Une connexion particulièrement forte nous liait. Il y avait comme un fil conducteur qui nous amenait à nous regarder, à nous fixer, à nous contempler. Une force imprévisible, non perceptible, qui rapprochait doucement nos corps. Un envoutement charnel. J’observais, bouche-bée, la fumée de sa cigarette qui s’évanouissait progressivement entre ses lèvres. Elle créait des arabesques mesquines et à la fois très aguicheuses. Je n’avais pas de mal à me laisser prendre comme si que cette fumée m’enveloppait de ses sens. Cette odeur de cigarette si unique et spécifique à son nom, nous partagions cette même religion… Je crois que nous étions tous les deux sur cette onde, cette vibration qui nous liait par le regard et l’oreille. Rien ne pouvait briser cette liaison, les mots n’étaient plus qu’has been à la seconde où elle avait tiré pour la première fois sur cette clope. J’appréciais le grain de sa peau. La longueur de ses doigts, les traits fins de son maquillage. J’étais l’homme emprisonné dans l’image de cette femme. Le bout de ses doigts sur le pied de son verre… Comment ne pas inoculer cela sur bien d’autres images ?… Comment garder ses envies loin des métaphores lorsque l’image devient plus forte que l’inadvertance et sa portée ?
Le langage humain, lorsqu’il n’est pas tenu par la parole, est semblable à celui de l’animal. Les mots ne sont qu’exploitation des ressentis. Alors quand une occasion comme celle-ci se présente, elle est nullement utile de parler. L’humain a le talent de dérouler son panel d’émotions et de sentiments autrement que par des expressions familières et disgracieuses. Il en était une magnifique démonstration entre nous, à ces secondes précises où nous nous regardions comme des loups. Cette prise de contact par un regard intense et envieux, comme si que c’était elle que j’attendais ce soir. Comme si que c’était écrit. De plusieurs mètres, elle a senti mon regard, cette accroche indélébile mais si translucide, invisible… Invisibles comme mes intentions, comme ses intentions. Nous maîtrisions parfaitement bien ce « feed-back », cette petite chose qui donnait réponse à l’autre sans être émise. Mes sens semblaient complètement décuplés par l’alcool et peut-être par le rail de coc’ que je m’étais sniffé quelques heures avant. Compliqué de décrire mes envies et les conséquences que cela avait sur mon instinct d’homme. L’envie de sentir son parfum troublé par l’odeur de cigarette. L’envie de toucher sa peau, son grain qui semblait si doux. L’envie de caresser ses lèvres avec les miennes.
Mon sourire me trahissait lorsque j’entendis sa première réponse, et j’en fis surpris des mots qu’elle évoquait. A sa manière de parler, elle avait l’air de maîtriser parfaitement les mots. De quoi me faire trembler d’impatience. Elle ne croyait pas au hasard… Je me passais la langue sur la lèvre supérieur, je compris à sa réponse qu’elle n’avait pas l’air de vouloir décoller d’ici avant certain temps… Bien. Elle m'offrait une magie incomparable à toutes celles que je pouvais connaître. Et bien que celle du cabaret soit majestueuse, cette inconnue avait provoqué quelque chose indescriptible. Elle avait émis ma langue maternelle et personne ici ne pouvait comprendre. Encore une règle, qu'elle venait d'ajouter à notre jeux, comme pour encadrer celui-ci par des mots codés. Des mots parlés par le français... Une intimité commençait à naître entre nous, car nul ne pouvait comprendre notre langage...
Alors qu’elle acceptait mon invitation, j’imaginais déjà comment préparer ce moment pour que nous ne soyons ennuyés le moins du monde par les aspects matériels. Des bouteilles de champagnes attendaient au frais, il suffisait d’amener deux coupes. Loin de moi l’idée de casser ce moment figé qui nous liait, alors sans brusquer les choses je pris le temps de préparer le nécessaire à notre escapade…
Le cabaret était fait de manière à ce que le bar soit présent au centre de la grande salle de spectacle. La scène trônait face au bar, embellie par ses divers tables dressées en conséquences. La lumière des lieux était tamisée, le tout relevé par la couleur rouge dominante. Le plafond était couvert d’une toile en soie rouge. Des sofas en velours de même couleur avaient été disposé de manière homogène aux différentes rangées de table. Des lampes aux formes arrondies régnaient sur les tables. Des balcons privés donnaient vue sur le spectacle tout en respectant l’intimité des visiteurs, privilège souvent offert aux personnalités célèbres ou importantes. Je m’étais un point d’honneur à recevoir ces personnes ici afin qu’elle puisse bénéficier de la tranquillité absolue. Des paravents camouflaient chaque côté des balcons pour une meilleure proximité. Quand aux divans installés, ils étaient de qualité supérieur et offrait un confort unique pour une envie d’éternité… Les balustrades en fer forgées noires des balcons semblaient ressembler à des cœurs mariés les uns aux autres, comme pour rappeler le thème premier du cabaret. Le sol était d’un parquet ancien et entretenu. Une petite table basse en verre se présentait devant les canapés afin d’y recueillir les boissons et autres.
Après avoir pris soin de rassembler le champagne et les coupes, je l’invitais à me suivre dans les méandres de cet endroit charnel… L’accès à ces salles privatives se faisait à différent endroit du cabaret, par des escaliers qui se voulaient discrets et surveillés par des personnes assermentées. Je n’avais osé lui proposer mon bras ou ma main, prenant compte de son faux avertissement. A croire qu’il y avait bien plus important que ma compagnie pour voir le spectacle… Il est parfois important de donner du crédit aux paroles des femmes, elles y prennent goût et cela permet de les rassurer. C’était un faux semblant au final. Autant elle que moi savions à quoi s’attendre, mais il y a cette immersion dans la séduction qui laisse la place au charme et à la surprise. J’avais tout de même pris aux mots ses avertissements, pensant que le temps est un paramètre intouchable. Mais il est la règle du jeu. Elle avait posé ses mots, comme pour me prévenir que la tâche ne serait pas des plus faciles. Elle avait avertit, imposant à notre une rencontre une notion importante à prendre en compte… Elle pouvait me faire confiance.
Quand nous fûmes arrivés devant l’escalier en colimaçons qui menait au balcon privatif, je lui fis signe de monter en premier, comme pour lui offrir cadeau de la vue qui l'attendait. Une forme de galanterie, qui allait m’offrir une vue particulière à moi-aussi. D’ailleurs, je n’avais pas réussi à me retenir de la regarder. Parce que malgré tout, il y a des choses qu’on ne peut pas regarder en étant derrière un bar… Sa tenue, son pantalon en cuir qui lui moulait sa féminité à la perfection. Une ceinture épaisse semblait scinder son corps en deux, laissant place à une vue discrète de son ventre. Cela pouvait d’hors et déjà me laisser imaginer certaines images délicieuses… J’aimais particulièrement ses cheveux ondulés et blonds, originales par ces mèches brunes qui venaient y danser… J’espérais que mon costume noir, simple, et ma chemise blanche suffisaient à lui plaire. Et même si je pouvais avoir l’haleine d’un fumeur, je portais tout de même un parfum perceptible au nez d’une femme…
Nous montâmes par l’escalier noir en métal, arrivant sur cet espace intime et voluptueux. Au delà de ses qualités d’accueil, la vue était imprenable. Les danseuses s’agitaient vigoureusement sur la scène, se laissant encourager par le public. Leur poitrine rebondissait à l'effort et au rythme du show. Je posais la bouteille de champagne et ses coupes sur la table basse en verre. J’espérais que l’endroit soit à son goût. Finalement, j’avais légèrement la pression, avec cette envie de faire plaisir.
Je pris finalement place sur le sofa où j’allumais une nouvelle cigarette, lui laissant le libre choix d'en griller une nouvelle. Elle aurait pu venir chercher celle que j'avais allumé, à sa guise. Je l'attendais patiemment sur le canapé, un bras posé sur le dos de l'assise, comme pour l'accueillir... C'était elle qui décidait ce soir... Cette endroit regorgeait de petits secrets, si elle avait envie de les découvrir, il ne tenait qu’à elle de me faire connaître ses désirs… Une petite table de chevet de couleur noir était timidement placée près des canapés. Je ne sais si elle venait dans ce genre d’endroit pour la première fois, mais elle aurait pu, si elle le souhaitait, goûter à des particularités qui ont le don de ne rester qu’ici…
@Joseph Moulin En passant les portes du cabaret mon être tout entier a plongé dans un monde où je suis devenue à la fois spectatrice et actrice téléguidée, capturée par le regard ténébreux de ce sublime inconnu, que mon cœur semble avoir reconnu. Un seul contact visuel avait suffi pour qu’il me capture et me fasse sienne. La cible était verrouillée,je n’avais d’yeux que pour lui et uniquement lui. Ce contact visuel est aussi troublant que nécessaire, aussi intense que ambiguë. Il nous rend vulnérables, sans que l’on ne désire nous en détacher. Comme si nous ressentions l’irrémédiable besoin de rester connecté. La parole est devenue si dénuée de sens. Lorsqu’il me regarde, je me sens percé à jour, comme analysé au rayon X, détaillant le visible et l’invisible qui me composent. Mais peu m’importe. Mon être le détail lui aussi aucunement gêné. Comme si nous n’avions rien à nous cacher. Le monde autour de nous n’existe plus. Il m’apparaît flou et futile. Tout ce qui m’importait, c’était ce sublime inconnu. Son regard et ses gestes m’obsèdent. Nous ne sommes qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, sans nous toucher ni même nous effleurer. Pourtant, je le sentais me caresser, me dévorer de son regard ténébreux. Notre sens de la vue a comme fusionné avec celui du toucher. La sensation qu’à chaque endroit où nos yeux se posent, nos doigts nous effleurent lentement en prenant tout leur temps pour nous détailler et nous redécouvrir sans aucune précipitation. Étrangement en confiance l’un avec l’autre, comme si nos deux âmes s’étaient reconnues et retrouvées après un long périple, s'apparentant à un long périple. Ayant vogué seules à la recherche de l’autre, elles n’ont aucunement l’intention de se séparer de si tôt. Elles ont pris le contrôle de nos corps. Assez déstabilisant nous simples mortels qui ne comprennent pas vraiment ce qui nous arrive. Il nous est impossible de réfléchir, nous sommes emplis d’un désir qu’il nous faut assouvir. Je tente de donner la sensation que je maîtrise la situation, je tente de garder une certaine contenance, mais mon corps se liquéfie sous son regard. Il ressent l’irrésistible besoin de sentir les doigts du beau ténébreux pour prendre vie. Alors il joue avec lui, il l’hypnotise par ses mouvements calculés. Le mouvement de sa langue sur ses lèvres, celui de ses doigts sur le pied du verre, celui de sa bouche qui joue avec la fumée de cigarette. Cette fumée a aussi son rôle à jouer dans notre envoûtement. Elle nous enveloppe dans une bulle invisible. Nos corps sont irrémédiablement et indubitablement ensorcelés, sillonnés par d’intenses frissons. Délicieux, ils deviennent un véritable supplice pour nous. L’inexplicable attirance charnelle que nous ressentons est décuplée par ce ce langage parlé qu’est le français. Il intensifie notre connexion, mettant en effervescence tous nos sens. Il décuple nos sens, il nous procure une intimité particulière. Sa prononciation me procure de légères électrocutions qui me mettent en émoi et m ‘affole. Il est plus qu’évident, qu’il en est de même pour lui. Car à peine eu-je soufflé quelques mots dans cette langue si particulière, son être réagit. Observant sa langue sur ses lèvres, je ressentais une douce sensation sur les miennes, ma déesse intérieure impatiente provoquait en moi une délicieuse agitation dans mon bas-ventre. Ne pouvant empêcher mon être d’accepter son invitation, ma bouche avait prononcé des paroles françaises que je n’avais pu retenir. La seule action que je pus faire, fut d’en accentuer certaine, pour lui donner l’illusion que j’étais encore en procession de toutes mes capacités physiques et mentales. Même si je sentais bien que c’était peine perdue. Nos âmes communiquaient entre elles. Elles avaient le dessus, il me fallait l’accepter du moins pour cette nuit. La femme forte que je croyais être perdait peu à peu la bataille du contrôle. Mais au fond luttai-je réellement ? Ou était-ce une simple réaction de défense lancée par cette partie en moi, maniaque du contrôle, qui ne comprenait pas ce qui lui arrivait ? Si peu habitué à réellement se laisser aller au fond. Ce soir, je n’étais pas de taille à lutter contre les puissances qui m'habitent. Ces amorces de plaisirs ressentis au creux de mes reins, de mon bas-ventre et tout au long de mon épine dorsale, me donnaient bien du fil à retordre. Je n’étais pas femme à me donner au premier venu. Mais quelques choses en moi me faisaient comprendre qu'il était loin d’être un inconnu en fin de compte. Nous nous comprenions sans avoir besoin d’échanger aucune parole. Cela était un signe fort pour moi. J’observais l’inconnu derrière le bar, ne perdant aucun de ses gestes, je restais là silencieuse, à avaler délicatement les dernières gouttes de mon cocktail, sans me poser la moindre question. Je le regardais attraper des coupes et du champagne avant de passer devant le bar. Sans la moindre parole, mon être avait compris que je devais le suivre. J’étais totalement et entièrement asservi à lui. Un regard avait suffi, pour que je le comprenne et me mette en marche. Le suivre est un délice pour les yeux… Il était mon cinéma, mon trésor hollywoodien, j’avais envie de faire mien, ne serait ce que pour une nuit. Il évoluait devant moi et j’en profitais pour le détailler dans les moindre détails. Mon regard partis de l’arrière de sa tête à ses fesses en passant par son dos bien dessiné. Il me donnait chaud rien qu’à le regarder. Toujours dans notre bulle, je le dévorais des yeux sans m’en cacher. Arrivé à la base d’un escalier en hélix, il m’invita à le précéder. Quelque peu boudeuse de lui céder ma place, passant d’observatrice à observée, je fis claquer ma langue sur mon palais avant de venir la déposer délicatement sur ma lèvre supérieure, finissant par la rétracter en le regardant. Terminant mon action en une petite moue lourde de sens et un regard quelque peu grivois. Je me glissais lentement devant lui, pour monter les marches qui nous mènent à notre petit coin intime situé au-dessus de la salle principale. En me faufilant pour prendre ma place, je ne pus m’empêcher de m’enivrer un peu plus, laissant mes poumons s’emplir de son odeur, mon corps s’imprègne un peu de son parfum. Prenant tout mon temps pour grimper chacune des marches. Chacun de mes mouvements devenait une parade amoureuse, décomposant chacun de mes gestes sensuellement, laissant deviner chaque partie de mon corps encore invisible à l’œil, jouant avec ma chevelure blonde qui suivait le moindre de mes pas. Arrivée à l'étage, je découvrais un balcon en fer forgé. Je m’y dirige d’un pas léger et m’y appuie légèrement. Un de mes avants-bras posé, le second replié pour accueillir ma tête dans la main, qui suivait son prolongement, balançant un peu mon bassin en arrière. Au rythme de la musique qui résonnait dans le cabaret mes jambes jouaient quelque peu, offrant en cadeau mes fesses moulées dans mon pantalon en cuir. Je restais là un petit moment pour découvrir la vue imprenable et observer les danseuses si aguichantes se mouvoir sur scène. Sentant une puissance m’attirer en arrière, je finis par me retourner pour découvrir l’inconnu non chalamment posé sur un sofa en velours, une cigarette à la bouche. Je me mis à l’observer en m’appuyant contre la rambarde. Je détaillerais son visage, ses yeux, son nez et sa bouche. Cette bouche si appétissante. Mes yeux finirent par se poser sur ses lèvres, entre lesquelles était pincée sa cigarette. L'odeur si particulière de la gitane vint me brûler les narines. Sans plus attendre, j’allais me poser près de l’inconnu, prenant l’initiative de l’effleurer, avant de me lover dans le sofa et fermer les yeux un instant, respirant lentement et tentant de ressentir le moindre mouvement de l’inconnu. Posant mes mains sur mes cuisses, je viens me mordre la lèvre inférieure. Ouvrant doucement les yeux, j’observais la table basse en verre sur laquelle était posée une bouteille de champagne. Je me redresse pour me mettre de trois-quarts, afin d'observer l’homme assis à côté de moi, en le dévorant des yeux. Prenant ma main la plus proche de sa cuisse pour la poser délicatement dessus, sans le quitter du regard, avant de m’appuyer légèrement sur lui pour basculer à califourchon face à lui. Sourire aux lèvres, j’approche mes doigts de sa cigarette pour lui voler en la glissant entre mes doigts, avant de la glisser entre mes lèvres pour en inspirer une bouffée et expirées aussi sensuellement possible la fumée entre mes lèvres en relevant la tête, finissant par reposer mes yeux sur lui, tout en gardant la cigarette entre mes doigts, avec un petit sourire aux lèvres. :copyright: 2981 12289 0
Il y avait bien plus beau que ces danseuses sur scène. J’avais ce spectacle, cette femme, contre le fer forgé du balcon. Mes yeux s’éternisaient sur ses formes. J’examinais le grain de sa peau, trompé par les différentes couleurs des projecteurs. La texture de ses vêtements qui renfermaient le secret de son intimité. Impossible de rester insensible à ses courbes, telles que la taille de sa poitrine ou le dessin de ses fesses au cuir de son pantalon. Ses cheveux longs et blonds qui retombaient sur ses épaules et dans le creux de ses reins. Cambrure que j’aurais aimé toucher du bout des doigts, mais que seuls mes yeux savaient pour l’instant caresser.
Elle était ma succube ce soir, cette démone séductrice, manipulatrice de tous mes sens. Cette femme approchait lentement mais sûrement vers moi. Mon corps s’enfonçait naturellement dans le sofa, comme intimidé par la vision de cette magnifique créature. Nous nous regardâmes pendant quelques secondes, quelques minutes… J’avais complètement perdu la notion du temps. Elle était à ce balcon et avait l’air de me fixer. Elle était maîtresse des lieux et je n’étais plus le patron. Sa manière de me déshabiller du regard faisait monter la température. Comme si qu’elle me mettait à nu, par la force des yeux et la volonté des pensées… Elle fit sa progression finalement pour s’approcher très lentement de moi. Féline, elle était semblable à une panthère qui approchait près lentement pour attraper sa proie...
La parole n’existait plus, et ce depuis que nous avions refermé la porte de cet espace privé. Mes yeux la regardaient de ses jambes jusqu’à ses yeux. Ces longues jambes qui feraient fantasmer tout homme normalement constitué. En effet, je m’estimais si chanceux d’avoir croisé son chemin. Mais je pensais sincèrement que ce n’était plus une question de chance. Il y avait, entre nous, un élément incontournable qui faisait que nous étions naturellement attirés l’un vers l’autre. Je m’éternisais surtout sur son visage, ses yeux, sa bouche… Cela semblait nos principaux outils de communication. Quand elle prit place près de moi, je la laissais s’installer comme elle le désirait.
J’avais développé une approche très particulière avec elle. Je prenais le temps de la regarder et de me fondre dans chaque détail qu’elle pouvait me dévoiler. Me dévoiler par la pensée, par le regard ou par la simple pression de son souffle. Elle dégageait un parfum, une odeur, une finesse dans ses gestes qui laissaient présager un moment intense. Elle ferma les yeux pendant quelques secondes, et je ne pus m’empêcher de faire de même, comme pour prendre une pause dans ce tsunami d’émotions. C’était beaucoup pour deux être humains. Séduire cette femme était un exercice périlleux et cérébral, non pas parce qu’il fallait trouver les mots, mais surtout parce qu’il fallait garder ce subtile silence tout en tenant cette tension sexuelle. Elle finit par ouvrir de nouveau ses yeux. C’était sa soirée, alors je la laissais prendre place comme elle le souhaitait jusqu’à sentir sa main sur ma cuisse. Nous nous regardions intensément et j’aurais crevé d’envie de l’embrasser, goûter à la douceur de ses lèvres… C’était tout comme. La regarder suffisait pour bénéficier de cette futile intimité. C’était au delà des corps, nous étions déjà en train de fusionner. Était-elle en train de me tester pour connaître mes limites ? Je ne pensais pas à cela à ce moment là. C’était trop intense pour réfléchir à autre chose. Cette force indescriptible qui nous unissaient, nous isolaient complètement du monde extérieur. Il aurait pu y avoir un problème technique, une danseuse manquante au spectacle, une bagarre entre deux individus, je n’aurais jamais remarqué cela. J’étais absorbé par cette femme qui allait de surprise en surprise... Elle basculait, à califourchon, comme à cheval sur moi. Elle aurait pu me faire rougir, mais je pensais pouvoir me contrôler assez pour cela. Par contre, mon corps lui ne pouvait retenir sa satisfaction. Elle me rendait facilement tremblant parce que ses postures et ses gestes provoquaient une immensité de frissons dont je n’avais pas le contrôle. L’excitation montait à l’intérieur de mes tripes, pour ne pas dire que je bouillonnais de la toucher. Et tellement surpris de son aisance que je me retrouvais comme stoïque. D’ailleurs, elle arriva à prendre ma cigarette sans crainte. Son sourire amenait le miens en réponse. Je la désirais tellement, tellement fort. Je crois que j’aurais pu jouir sans la toucher, car elle avait trouvé cette sensibilité chez moi. Elle avait touché quelque chose à l’intérieur que je ne pourrais expliquer. Nous semblions nous être trouvés, sans s’être cherchés, et pourtant, c’est comme si que nous n’avions attendu que ça depuis des années, des décennies… des siècles… Je la regardais tirer sur cette cigarette. J’étais à ses pieds, elle me maîtrisait. Elle avait les rênes… La voir faire était un spectacle magnifique. Je regardais la fumée qui se dégageait entre ses lèvres. Frissons… La voir fumer ma cigarette donnait cette image qu’elle embrassait mes lèvres. Moi qui avais tiré sur cette cigarette quelques secondes plus tôt. Je ne pouvais plus cacher cet effet qu’elle me faisait. Elle devait bien le sentir à la façon dont elle était installée sur moi. Il y a des choses qu’on ne peut pas maîtriser comme certaines parties de notre corps qui se gonfle de sang à la vue de la plus belle beauté de ce monde. Elle m’avait comme jeté un sort et je restais là, hypnotisée par ses manières. Mais la résistance a ses limites. La voir faire… Difficile de ne pas agir… Alors doucement, je viens attraper la cigarette avec l’index et le majeur. Sans la lâcher du regard, je tirais à mon tour. D’ailleurs, cette gitane était-elle le compte à rebours avant le grand frisson ? Je jouais, comme elle, à relâcher doucement la fumée entre les lèvres, l’appelant au baiser. Je voyais son sourire au coin et ses yeux malicieux. La beauté de cette femme était indescriptible. Je ne pouvais m’empêcher d’inventer des scenarii à l’intérieur de mon crâne. Mais rien n’était plus excitant que la situation que nous vivions…
Il y a des instincts qui amènent à provoquer. Mes mains étaient restées sages tout le temps de ce petit jeu. Mais étant déjà dans un état avancé en matière d’excitation, j’approchais lentement ma main gauche pour toucher l’extérieur de sa cuisse. Ce geste doux, comme pour lui demander l’autorisation de pouvoir la toucher. Elle avait annoncé la couleur avant de monter, j’avais cette crainte que les choses arrivent trop tôt. Mais je me laissais vite rattrapé par cette position qu’elle avait prise, au-dessus de moi, décideuse des événements. Je me sentais faible à la vue de son corps qui se dressait devant moi. Son cou ne demandait qu’à être embrassé, je désirais y laisser courir mes lèvres et ma langue. Le lobe de son oreille, le mordre. Sans parler du reste qui pour l’instant était complètement inimaginable. Tout simplement parce que je la respectais et que je ne souhaitais pas paraître grossier. Et simplement parce que j’avais naturellement besoin de son regard pour la désirer plus que tout… Le bout de mes doigts dansaient très lentement au niveau de son genoux, toujours à l’extérieur de sa cuisse, pour remonter très lentement vers sa fesse. Je dessinais des arabesques, tentant de deviner son grain de peau, devant simplement me satisfaire du cuir de son vêtement. Je me mordais la lèvre inférieure, avec ce regard qui ne cessait de fixer le sien. Elle attisait mon envie... Elle attisait mes envies…