Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. Je fête déjà mes trente quatre ans. Clairement, le temps passe à une vitesse folle. Le cap des trente ans avait été déjà quelque chose mais de me dire que l’année prochaine déjà je serais plus proche des quarante ans que des trente ans me minait un peu le moral. En réalité, je cherchais plutôt des excuses pour justifier que je n’étais pas au top de ma forme. Cela n’avait en réalité rien à voir avec mon âge mais plutôt avec le fait qu’Elian, mon petit ami désormais, mais qui avait été mon ami, et mon colocataire avant, et qui n’avait jamais oublié mon anniversaire, l’avait oublié aujourd’hui. J’étais extrêmement déçue et affectée par le fait que celui pour qui j’avais des sentiments aient pu oublier de me souhaiter mon anniversaire. Évidemment, je n’attendais pas de lui de recevoir un cadeau énorme ni même un repas ou autre, mais juste l’attention de me souhaiter mon anniversaire, je ne souhaitais rien de plus, mais même si peu, il n’était pas capable de me le donner. Pourtant, nous avions pu nous parler par message à plusieurs reprises dans la journée, nous avions même eu un échange téléphonique, mais absolument rien de sa part. Moi qui pensait passer une superbe journée, un bon anniversaire, pour le premier que je passerais en tant que petite ami d’Elian, c’était plutôt râté. Une fois ma journée terminée, il fallait que je rentre à la maison, mais je n’en avais pas très envie en réalité, parce que je savais que j’étais déçue par Elian mais que je n’avais pas envie de le lui dire mais non plus de faire semblant que tout allait bien. Pourtant, il fallait que je rentre. Et si j’avais repoussé ce moment au maximum en terminant deux trois choses que j’avais en retard, il était temps pour moi de rentrer. Sur le trajet du retour, j’étais pensive, j’appréhendais un peu le déroulé de la soirée, songeant à une éventuellement excuse que je pourrais donner pour aller directement me coucher. Une fois garée devant la maison, je marchais tranquillement jusqu’à la porte puis l’ouvrais. En entrant, j’entendais Elian jouer du piano, ce qui eut pour effet de m’arracher un petit sourire, ce que je n’aurais pas cru possible. Refermant la porte derrière moi, je jetais mon sac sur le meuble de l’entrée et retirais mes chaussures en soupirant. “Je suis rentrée…” dis-je suffisamment fort dans l’espoir que ma voix puisse passer au-dessus de la mélodie du piano.

Je n’étais pas pressée de rentrer à la maison, parce que je me sentais terriblement mal du fait qu’Elian ait pu oublier cette date. Je ne demandais pas des folies, mais au moins qu’il me le souhaite, mais il ne l’avait pas fait. J’avais mis un peu de temps avant de rentrer, tentant d’essayer de camoufler ma déception, mais je ne pensais pas en être capable, c’était beaucoup trop difficile à accepter. Je n’aurais pas cru qu’Elian m’aurait entendu rentrer du fait qu’il jouait du piano, mais visiblement il m’avait entendu puisque je percevais un bruit de pas se diriger vers moi. Peu après, il arrivait devant moi, deux coupes de champagne à la main en me souhaitant mon anniversaire. « Merci... » Je sentis alors les larmes me monter aux yeux. Il n’avait pas oublier, il voulait juste me faire une surprise, et moi je n’avais rien compris. Je me sentais horriblement mal d’avoir pu croire qu’il ait oublié, mais d’un autre côté j’étais tellement soulagée qu’il y ait pensé. Il avait d’ailleurs vu directement que quelque chose n’allait pas rien qu’à l’expression sur mon visage. Bien qu’il n’avait pas les mains libres à cause des flûtes de champagne, j’allais tout de même me blottir dans ses bras un peu comme je le pouvais en prenant soin de ne pas lui faire renverser quoi que ce soit. « J’ai cru que tu avais oublié mon anniversaire... » lui avouais-je sans oser le regarder dans les yeux alors je restais contre lui, humant son odeur, ce qui me faisait du bien. J’espérais qu’il n’allait pas m’en vouloir d’avoir pu imaginer une chose pareille. Sans doute comprendrait-il... Je l’espérais en tous les cas, je n’avais pas envie qu’il m’en veuille, je ne me le pardonnerais pas.

Alors que j’avais avoué à Elian que j’avais cru qu’il avait oublié mon anniversaire, je l’entendais pester même s’il avait essayé de le dire le plus doucement possible pour ne pas que je l’entende, mais j’avais entendu. Et aussitôt je m’en voulais encore plus d’avoir pu croire qu’il avait oublié. Je le connaissais bien pourtant, il était incapable d’oublier le jour de mon anniversaire. Depuis que nous étions amis, il n’avait jamais oublié le jour de mon anniversaire alors comme j’avais pu croire qu’il aurait pu oublier cette fois-ci, alors que nous étions désormais en couple. J’aurais dû me douter qu’il préparait quelque chose. Je me sentais tellement stupide, j’avais tellement honte, et je culpabilisais beaucoup. « Je suis désolée d’avoir cru que tu avais pu m’oublier... Je m’en veux tellement... » J’esquissais un petit sourire alors qu’il déposait un baiser sur mon front. « Et en plus tu as passé la journée à préparer quelque chose pour moi... » dis-je en soupirant. J’étais vraiment qu’une idiote. Il se donnait du mal pour moi et puis j’arrivais là et je gâchais tout, parce que je n’étais pas capable de lui faire un minimum confiance en allant croire directement qu’il avait oublié. « C’est moi qui suis désolée Elian... J’espère que tu ne m’en veux pas ?! » demandais-je en restant blottie contre lui, n’ayant pas la force de le regarder dans les yeux, parce que je redoutais l’éventualité qu’il puisse m’en vouloir, et aussi parce que j’avais peur d’avoir gâcher ma soirée d’anniversaire, alors qu’il s’était donné du mal pour prévoir une superbe soirée, j’en étais convaincue.

Je relevais doucement la tête vers lui quand il glissa son index sous mon menton délicatement pour que je le regarde. Je me sentais terriblement honteuse, parce qu’il avait les choses bien et que moi j’aurais pu tout gâcher en croyant qu’il avait oublié. Je restais alors silencieuse, me contentant de le regarder, mon regard plongé dans le sien. Alors que son visage s’approchait du mien, je me doutais bien qu’il allait m’embrasser, et j’en crevais d’envie. Donc, je restais immobile, attendant que ses lèvres viennent effleurer les miennes afin que l’on partage un tendre baiser. Je savourais ce moment, aussi court avait-il pu être. Ce n’était pas assez, j’en voulais encore plus, mais je saurais me montrer patiente. Je secouais doucement la tête à sa remarque en esquissant un petit sourire. Je frissonnais quand il glissa sa main dans mes cheveux. J’adorais sentir le contact de sa peau contre la mienne, il me faisait un effet fou que je n’étais pas capable d’expliquer. Puis à ce qu’il dit ensuite, je hochais la tête. « Je crois que c’est là une excellente idée. Bien sûr que je veux ! » répondis-je en souriant en venant l’embrasser langoureusement, tendrement et amoureusement. Je ne doutais pas que l’on allait passer une excellente soirée, j’avais hâte de savoir ce qu’il nous avait concocté. « Je peux savoir ce que tu mijotes ou c’est une surprise ? » lui demandais-je en le regardant avec un air de chien battu, peut-être que je parviendrais à l’amadouer et qu’il me dirait tout ? Si ce n’était pas le cas, j’aurais au moins essayé.

Je souris à sa remarque. Comment pouvais-je me faire trop de grandes idées alors que j’avais été capable de penser qu’il avait oublié mon anniversaire ? Et en réalité, même s’il n’avait prévu que quelque chose de très simple, cela me convenait parfaitement. Tout ce que je voulais, c’était de passer une bonne soirée pour mon anniversaire, et surtout de la passer avec lui, tout en sachant qu’il avait dû se donner du mal pour organiser tout ça, ne pas vendre la mèche. J’avais honte d’avoir pu croire qu’il ait oublié, mais j’étais fière de lui d’avoir préparer tout ça sans que je ne me doute de rien. « Oh... Dommage ! » dis-je d’un air faussement déçue, avant de rire doucement. Je voulais qu’il comprenne que j’étais heureuse d’être là avec lui, et du fait que je ne doutais pas une seconde que nous allions passer une superbe soirée tous les deux. Peu après, il attrapait quelque chose qu’il avait laissé sur le piano, et il me tendait une boîte. Je répondis à son sourire, fronçant cependant les sourcils car je me demandais bien ce que cette boîte pouvait contenir. « Merci... » dis-je doucement. « Qu’est-ce que c’est ? » demandais-je bêtement en gardant la boite dans les mains. Question stupide, car je connaissais déjà sa réponse, le fameux « ouvre et tu verras ». Alors, plutôt que d’attendre sa réponse, je commençais à ouvrir cette boite, qui visiblement contenait mon cadeau d’anniversaire.