Je me suis toujours sentie bien près de Caleb, c'était vrai il y a sept ans, c'est toujours vrai aujourd'hui. Alors c'est tout naturel pour moi de me confier, même si c'est difficile, ce que je traversais à l'époque me hante encore aujourd'hui. Car je ressens encore la même douleur qu'il y a sept ans quand je repense à mon ventre vide. J'avais tellement voulu porter un enfant, offrir à Caleb un petit bout de lui, de moi, un petit bout de nous. Oui j'étais devenue maman aujourd'hui, mais ce n'était pas la même chose. J'aime Izia, de toute mes forces, autant qu'un enfant que j'aurais porté. Mais j'aurais tant voulu tomber enceinte, sentir un enfant grandir dans mon ventre et voir Caleb porter notre enfant tout contre lui. J'avais du recul aujourd'hui, assez pour réussir à lui en parler sans fondre en larme. A l'époque, je n'aurais pas pu me confier si facilement, j'aurais craqué et je lui aurais fait du mal, j'aurais réussit à la rendre coupable des défauts de mon corps. Et je ne le voulais pas, car il n'y étais pour rien. Aujourd'hui, c'était différent, le temps était passé, j'avais fait mon deuil malgré tout et j'étais capable de lui expliquer les choses plus facilement. C'était douloureux oui, mais j'avais avancé sur la question, j'avais accepté que je ne pourrais pas avoir d'enfant avec Caleb, pas de façon biologique en tout cas. Et puis surtout, Caleb n'était plus mon petit ami, mais un simple ami alors lui expliquer les choses étaient bien plus simple. Je me confie donc, expliquant pourquoi j'étais partie, pourquoi je l'avais quitté sans rien lui dire. Parler d'un enfant, avec l'arrivée d'une petite fille qu'il ne connaissait pas, ça n'avait pas été l'idéal à ce moment là. Il me dit qu'il comprends, enfin qu'il peut comprendre, puisqu'il n'as pas vécut la même chose « Merci Caleb, tu es gentil » Je m'attendais à des reproches, il pourrait, après tout je l'ai quitté sans explications à cause de ce que je viens de lui révéler, il pourrait être en colère, ce serait légitime. Mais non, car c'est Caleb, et que comme toujours, Caleb est gentil, peut être même trop. S'il était en colère contre moi, ça justifierais le fait que je l'ai quitté il y a de ça sept ans, mais il est compréhensif, gentil, trop. Je passe vraiment pour un monstre.

Puis la conversation dérive vers l'arrivée de sa fille, le chamboulement que ça avait crée dans notre vie et la place que je n'avais pas su trouver. Ce n'est pas la faute de Kira, ce n'est pas celle de Caleb non plus, ce n'est même pas la mienne. C'est juste que le timing n'as pas été bon. J'avais mes soucis au même moment, je n'avais pas su trouver le temps ni le courage de me confier et j'étais partie car à ce moment là je me sentais de trop. J'avais surement tord, ce que son regard me confirme. Mais à l'époque, je l'avais ressentit ainsi. Je m'en veut tellement maintenant, d'être partit comme ça, sans rien dire. Je ne peux pas me retenir longtemps, et je dit à voix haute combien je regrette d'avoir tout foiré. Car oui, j'ai tout foiré, il le sait, il ne peut pas me contredire. Si j'avais eu le courage de me confier, peut être qu'on serait encore ensemble. Mais Caleb reste Caleb, trop gentil. Il me dit que ce n'est pas vrai, qu'il ne m'en veut plus, que je ne le devrais pas. Je le regarde et secoue la tête « Caleb, arrête, tu sais que j'ai foiré. Si je m'en veux encore, même après sept ans... car je t'aimais tellement Caleb. C'est vrai, j'ai trouvé Izia, mais peut être qu'on l'aurait trouvé ensemble si j'étais restée... Et tu n'as pas besoin de m'en vouloir, moi je m'en veux » Oui, je m'en veux pour deux. Pour trois même, pour Kira, qui elle me déteste surement plus que son père. Sinon elle serait déjà redescendue non ? Je le suppose.

En parlant de la fille de mon ex, on discute de son caractère, je ne peux pas m'empêcher de taquiner mon ex sur sa capacité a être borné. Il m'affirme que sa fille tient bien plus de sa mère car elle est bornée sur tout. Je souris amusé avant de répondre « Oh et bien tu as du courage alors car déjà toi te supporter c'est compliqué ... » Je lui tire la langue avant de déclarer « Je t'embête, j'imagine que Kira est cool quand même, juste un sacré caractère » Je sais bien que ça ne doit pas être si terrible que ça, Kira a l'air d'être une chouette gamine tout de même, enfin de ce que j'ai vu en tout cas, aujourd'hui et à l'époque. Mais c'est vrai que j'en avais vu peu, j'étais partie bien vite.

On parle maintenant de ma fille à moi, Izia. Je raconte à mon ex une partie de ce que la petite a traversé, pas tout. Je garde une part de secret pour elle, je sais qu'elle veut oublier son passé, ce que ses parents biologique ont pu lui faire. Je finis par dire combien je suis heureuse de l'avoir, combien elle a besoin de moi. Je ne peux pas m'empêcher de regretter de ne pas pouvoir lui offrir assez. Ma petite fille mérite mieux. Je regarde Caleb, toujours trop gentil qui me dit que je lui offre ce dont elle a besoin et que j'en fais assez pour un père et une mère. Je finis par répondre « Je sais bien que le modèle d'avant, avec un papa et une maman n'est plus la norme, mais j'aimerais vraiment pourvoir offrir un autre parent à Izia. Et puis pour moi aussi, parfois j'aimerais avoir quelqu'un avec qui partager les tâches. Izia est un amour, mais certaine de ces questions sont compliqués et pouvoir lui expliquer à deux serait bien » Mais j'étais seule et je savais que je risquais de le rester. Mes relations amoureuses terminaient toutes bien vite, surement à cause de la personne face à moi. Car ma relation avec Caleb avait été plus que spéciale.

Et le revoir me le rappelait, c'était douloureux. Alors quand il me proposa de se revoir, je refusais. Je sentis bien que je lui faisais du mal. Je n'avais pas le temps d'expliquer, il fuit. Et moi, je m'effondre. Trop de sentiment. Je le vois revenir et je fond en larme alors qu'il vient me prendre dans ses bras. Je me blottie contre lui. Je me sens bien, je n'ai pas envie de le relâcher. Je tente de m'expliquer, mais je sui faible. Il ne comprend rien a ce que je raconte, me demande d'être plus claire. Je tente de me calmer. Et finalement je murmure « Je ne supporterais pas de te fréquenter en faisant semblant que tout vas bien, qu'être ton amie me suffit Caleb. Et je ne veux pas que ce que je peux encore ressentir pour toi gâche tout » Oui c'était trop douloureux d'être proche de lui sans pouvoir être vraiment proche de lui comme j'en mourrais d'envie. Est ce que j'ai été claire ? Est ce qu'il a compris, je ne sais pas. Mais je ne veux pas en dire plus. Je ne veux pas qu'il comprenne ce que je ressens vraiment pour lui. Je finis par changer de sujet, pour parler de ce fameux chocolat. On vas donc dans sa cuisine et je le regarde faire. Je me sens un peu inutile, alors je tente de me donner une contenance en sortant des tasses pour l'aider un minimum. Puis la conversation dérive sur sa fille, je sais qu'il ne m'a pas dit la vérité quand il m'a dit qu'elle était un peu malade. Je l'écoute me dire qu'elle est juste perturbée, qu'elle a eu du mal à accepter mon départ. Je le regarde mal à l'aise « Je suis vraiment désolé, quand je suis partie, je ne pensais pas que ça l'affecterais elle aussi ...» Je m'asseoit sur le comptoir et regarde mon ex avant de lui demander « Bon nos vies amoureuses sont au point mort... mais la sienne ? Elle a un petit copain ? Une petite copine peut être ? » Après tout on pourrait peut être avoir quelques ragots croustillants.

Pourquoi fallait il que ça fasse si mal de le revoir et en même temps tellement de bien. Pourquoi je l'avais retrouvé si tard. Le voir est douloureux car ça me rappelle combien j'ai foiré en partant sans lui parler. Je vide mon sac, je lui explique tout ce qu'il s'est passé avant mon départ et je me rend compte que j'aurais du le faire bien avant. Si seulement je m'étais confié à lui avant, on aurait pu affronter ça ensemble. Peut être qu'on serait encore ensemble. Il me manquait chaque jour mais maintenant que je l'avais en face de moi, ça me frappait encore plus. Je regrette, je lui dit. j'ai besoin de me confier. Mais au fond il a raison, on ne peut pas savoir ce qu'il se serait passé si les choses avaient été faites autrement. Tout ce qu'on sait c'est ce qu'il se passe maintenant. Et ce qu'il se passe, c'est moi qui craque, pitoyable petite chose qui s'effondre. Je lui avoue que je ne peux pas le voir comme un simple ami, car il m'a suffit de quelques minutes en sa présence pour me rappeler combien je l'ai aimé, combien il m'a manqué. Je prend sa réponse comme un coup de poignard, je n'ai pas le droit de lui dire ça. Au fond il a raison. Je ne devrais pas lui dire ça, mais je veux vider mon sac, lui dire pourquoi je ne veux pas le voir. C'est pas que je ne l'aime pas, au contraire, c'est que malgré les années qui sont passé, je l'aime trop, je l'aime toujours. Evidemment, il me parle de Kira, je n'ai jamais voulu faire de mal à sa fille, mais de toute évidence, je lui en ai fait, bien malgré moi et j'en suis désolé, tellement désolé. Si seulement je pouvais retourner dans le passé, je serais plus forte, j'irais lui confier cette épreuve que je lui avait caché. Pourquoi ai je tout foiré? Je murmure alors « Je suis désolé Caleb, tellement désolé » Peut être que je n'aurais pas du ramener Kira aujourd'hui, je n'aurais pas remué le passé. A quoi bon revoir Caleb, raviver combien je l'aime en sachant qu'entre lui et moi c'est terminé. Je passe une main sur mes joues, chassant les larmes. Je lui souris comme je peux avant de murmurer « Je suis désolé, je vais y allez, je crois que c'est mieux pour tout le monde. J'ai été heureuse de te revoir, même si c'est douloureux. Tu n'as pas changé, tu es toujours si beau, si gentil » Comment étais ce possible qu'il soit toujours seul ? Je ne sais pas, c'est inconcevable pour moi. Mon regard se porte sur l'escalier, vers là où sa fille a disparu. Je murmure « Tu diras à Kira que j'ai été heureuse de la revoir ? Et tu lui diras que je suis désolé de lui avoir fait du mal, je ne pensais pas qu'elle avait besoin de moi » J'avais toujours pensé que j'étais de trop, qu'elle avait besoin de créer des liens avec Caleb et que je les dérangeait. Est ce que si j'étais resté j'aurais pu jouer le rôle de mère de substitution ? Peut être, mais je ne le saurais pas. C'est trop tard, j'ai laissé passer ma chance. Je le sais. Mai main vient se poser sur la joue de Caleb, j'en meurs d'envie. Je lui souris doucement avant de murmurer « J'aurais tellement aimé pouvoir te garder dans ma vie Caleb ... je suis désolé »