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 (SÖREN!) this is the life

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Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) this is the life EmptyDim 18 Déc - 17:49
tw : violence conjugale, alcool, agression, sexe, accident.

Je soupire face à mon miroir. Encore une représentation. Si avec tout ça je ne m’en sors pas avec l’Oscar du meilleur acteur, c’est que le jury a pris le partie d’un autre ange déchu. La lumière illumine mon visage d’un halo ambré, fait briller mes pupilles comme si elles abritaient mille larmes. C’est faux, la majorité d’entre elles a déjà coulé sous les ponts, le long de ma mâchoire. Je serre un peu les dents. L’ombre de deux fossettes qui se dessine, sous le duvet rasé la veille. J’ai pris un coup de vieux, en un an. Les cernes sous mes yeux, résultat des deux dernières soirées, trahissent ma fatigue. La première m’évoque de bons souvenirs, la découverte d’un nouvel allié - en étais tu seulement un ? - et des murmures qui restent, naviguent entre les murs. Je me sens moins seul depuis que tu es là ; pourtant, la soirée de la veille, les verres de champagne qui s’entrechoquent, les grands sourires carnassiers. Richard, sa main sur ma cuisse, possession affirmée. Les alliances dont la lumière danse, se reflète jusque sur le plafond. Et ma morosité, apparemment, celle qui m’a valu une gifle, et en guise d’excuses, deux traces bleutées dans le coup, des baisers passionnés sur ma peau. Mon regard qui se perd ailleurs, me rassurant en me disant que cette sentence là sera la dernière pendant quelques jours. Comme à chaque fois. Deux suçons que le fond de teint ne fait pas disparaître. Pendant que je me préparais, j’ai hésité. Sortie à l’opéra disait code vestimentaire assumé. Mais sur quel col miser ? Un col qui monte, dernier bouton fermé, qui cache les ecchymoses sur la peau, ou un col affirmé, un bouton ouvert pour laisser circuler l’air, et l’exposition de ces œuvres ravageantes aux yeux de tous ? J’ai dû prendre dix minutes, une dizaine de cintres et autant de regards dans le psyché sur dressing. Puis je me suis résigné. Hier, tu n’avais pas vu mon signe, deux fois. Une seule pause pour me sauver de toute l’agitation, de toute l’ébullition de mes émotions. J’avais commencé à jouer de la fourchette sur la nappe, tentant d’y laisser des marques. Mes premiers regards étaient restés sans réponse, le tien circulant dans la pièce, surveillant chacun des mouvements de ce ballet maudit. Lac des cygnes sinistre, des heures à déblatérer sur une autre fortune et son choix d’épouse, puis sur la grossesse d’une comtesse en pleine chute. J’avais essayé de capter tes pupilles, en vain. Alors la pause avait été silencieuse. Trop muré dans mon air sombre, les bouches trop occupées avec le tabac pour accepter de se délier de leur silence forcé. Ça avait duré cinq minutes, trois cent secondes sur près de cinq heures. Cinq heures à longuement sombrer. Quand tu ne m’avais pas aperçu te faire signe la seconde fois, j’avais replié le tablier, l’avais jeté dédaigneusement sur la table. Dans ma tête. En réalité, je m’étais juste assuré de vider le plus de bouteilles possibles, jusqu’à ce que Richard me tape sur la main, tendue vers un nouveau bouchon. Je l’avais regardé, il avait fait un signe de tête ostentatoire et les convives s’étaient tus. Première fois qu’il me sermonnait en public. Ma main s’était pliée, glissée sous la table, et je n’avais pas bougé du reste de la soirée. Le sang dans mes veines n’était pas assez dilué à de l’alcool pour me rendre l’exercice supportable ; alors j’avais chuté dans mon lit dès la porte fermée, et sombré dans une mer noire. La clef qui tourne trois fois dans la serrure, et le sommeil lourd, infiniment réparateur.

Au matin, j’avais la bouche toujours pincée, la gorge sèche, et les paupières qui ne demandaient qu’à se refermer. J’avais pris soin d’éviter tous les domestiques toute la journée, me permettant même un rare éclat de colère avec Johanna, la femme de ménage du jeudi. Porte claquée, voix qui résonne jusque dans le hall, et puis le silence. Je m’étais glissé dans un bain, sans jamais en sortir pendant près de deux heures, l’eau devenant froide et ma peau commençant à se tirer. La main qui glisse sur mon cou quand je m’extirpe finalement de ma chambre, cache sans discrétion les deux marques bleutées, constellations qui fouettent le ciel trop clair de ma peau. Tu es le premier que je croise, Sören, et pourtant je ne t’accorde pas même un regard, à la fois vexé de ton abandon de la veille, et en même temps terriblement en colère contre chacun des habitants de la maison. Pas même un bonjour, je passe devant toi, enfile mon manteau, une paire de bottes en cuir, je sors l’ourlet de mon pantalon de mes chaussures et je m’appuie contre la porte, silencieux. Mon regard est rivé sur mon téléphone, sur lequel je malmène le clavier en répondant à des connaissances qui m’écrivent. Aucune compassion pour eux non plus, et un nouveau brasier de colère qui s’allume quand je lis les messages d’encouragement pour le spectacle du soir. C’est clair qu’il lui faut du courage, à ce chef d’orchestre émérite, ce compositeur fabuleux. Ma main cherche furieusement dans mes poches, sans trouver ce que je cherche. Au diable les règles, mes chaussures martèlent le plancher jusqu’à la cuisine, marquent mon tempo furieux sur le carrelage jusqu’au placard recherché. Une boîte de chewing gums qui glisse dans ma poche de veste, sous le manteau, smoking multi usages. Et de mes doigts, j’en sors un, secoue la tête, en avale deux autres. Le menthol dans ma bouche m’arrache les poumons, et je tire quelques gorgées d’air en reprenant ma position immobile dans le hall, appuyé contre la porte, les yeux qui dévient sur le portique, attendant en silence. Seul ma mâchoire tressaute régulièrement, fruit de ma colère. Richard arrive bon dernier dans le hall, enroule son écharpe autour de son cou - m’arrache une image violente, ma main qui serre le noeud jusqu’à ce qu’il tombe au sol -, puis fait tinter les clefs de la voiture dans ses mains.

Il attrape la mienne, et de l’autre te tend les clefs. "Je vous laisse conduire, Sören.." Je le regarde, te regarde, lève les yeux au ciel et un soupir. Tu n’es pas chauffeur, il le sait, mais je te vois mal lui refuser puisqu’il est déjà parti, ses doigts vissés aux miens. Je le suis jusque dans l’allée et m’assoit derrière toi, fuyant le rétroviseur des yeux. Il te parle, m’interpelle régulièrement et je ne réponds que des onomatopées attendues, mes iris perdus sur le paysage dehors. Je suis le premier à sortir de la voiture, il tente de me retenir par nos mains encore attachées, mais je défais ce noeud de chair d’un fin sourire. Il y a déjà du monde dehors, un arc en ciel de robes de soirées à paillettes, de costards bons marchés. Richard me rejoint, j’attrape le bras tendu et c’est un nouvel acte à ce spectacle de déchéance. Faux sourire sur les lèvres, je m’arrête quand il salue une connaissance, alors que je n’attend que d’être en haut, sur mon balcon, loin de lui et de son aura gluante. Au bout d’une trentaine de marches, empereur de l’opéra, il opère un nouveau mécanisme, se tourne, fait face à la foule, vedette de festival, puis pivote ma tête vers la sienne d’une main le long de ma mâchoire, sa paume épousant parfaitement les os tendus, puis m’embrasse, devant tout le monde. Mon souffle et mon cœur se mêlent puis se figent. Sans vraiment réfléchir, je me dégage lentement, le repousse, reculant de quelques pas pour te faire face. Mes yeux se perdent deux secondes dans les tiens. Je sais que tu pourras y lire toute une saga de déception, une encyclopédie sur mon envie de fuite. Je sais que tu ne pourras rien y faire. Alors je reprends ma montée des marches, détaché de vous deux.

Au vestiaire, j’abandonne mon manteau sans même récupérer un ticket - tu es derrière, Richard va s’y arrêter et vous pourrez vous en occuper. Je reprends ma course effrénée jusqu’aux escaliers. Une main m’arrête, accrochée à mon avant-bras. Richard. Le regard furieux, toutes les harpies dansant dans le ciel déchiré derrière ses pupilles. "On reparle de ça en rentrant." Je te cherche du regard dans le hall. Comme si tu pouvais m’aider, comme si ton contrat ne te liait pas à lui. Et puis je craque. Faux sourire, yeux embués que je masque. Les mots de miel m’échappent et partent l’ensevelir, cherchant l’issue de secours. "A toute à l’heure, chéri. Bon courage pour ton spectacle." Et je me dégage, remonte les marches jusqu’au balcon. En haut, une femme m’intercepte, une des placeuses. Elle me voit à bout de souffle, une larme au bord des cils, prêt à fracasser toutes mes belles attitudes de mannequin de cire. Elle me tend un bras, me donnant la direction, puis m’adresse un sourire désolé, un regard plein de compassion. Putain de compassion. Je rejoins mon siège, seul dans mon box, comme à chaque fois. Richard a voulu d’une relation ouverte, mais ne s’est jamais senti assez à l’aise pour me permettre de fréquenter d’autres personnes, sachant qu’il signerait l’arrêt de mort de nos faux semblants. Ma veste tombe à son tour, sur le dossier, et je ferme les yeux quelques secondes. Je ne te sens pas te glisser à côté de moi, comme je te l’avais demandé à mi-mot il y a deux jours. Et ça m’affecte plus que de raison, puisque je fonds en sanglots, en haut de mon balcon, mes larmes en fontaine au-dessus de leur tête à tous. Un mélange grave de colère, lourd de rancoeur, et surtout d’une fatigue collante qui ne part pas. Je déteste pleurer mais je ne fais que ça depuis des jours, brusquement plus fragile à mesure que les degrés chutaient. Ça doit être ça. Un effet hivernal. L’été reviendra et avec lui la fin de ces moments de sensibilité extrême - non. Une minute passe. Mes yeux se rouvrent, et je m’apaise. Ce n’est qu’un mauvais moment, Keith. Tu seras bientôt rentré, avec tes bouteilles, tes draps. De retour à la vie d’avant, le même quotidien que lorsque lui n’était pas encore là, ce faux allié qui avait attiré encore un peu plus de mes espoirs pour les noyer. C’est peut-être ça qui me blesse le plus ; toutes ces attentes que j’avais égoïstement placé sur tes épaules. Le spectacle débute dans vingt minutes et mon cœur est en suspend au-dessus de la salle. Quand une vendeuse passe, je prends trois verres de doré pétillant. Deux pour moi, que j’avale en une seconde, et le troisième qui trône entre les deux sièges.

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#  (SÖREN!) this is the life EmptyMer 21 Déc - 10:37
C’était à prévoir, le dîner de la veille avait été une horreur. J’avais pourtant préparé une stratégie pour assurer la sécurité de l’évènement. Le personnel avait été briefé l’après-midi, j’avais soigneusement expliqué les consignes de sécurité et fait parvenir une note aux invités pour leur préciser que chaque sacs et poches seraient fouillés. Je ne pouvais pas me permettre d’un convive sorte une arme entre deux morceaux de fromage français pour dessiner une œuvre abstraite avec le cerveau du maître des lieux. Mais j’ai vite compris que Richard ne prenait rien de tout ça au sérieux, je ne suis qu’un nouveau trophée à faire reluire devant ses amis, un nouveau step dans sa quête de gloire. J’ai à plusieurs reprises eu une très forte envie de lui balancer une bonne droite dans les dents mais mon côté professionnel a heureusement pris le dessus. Le contrat qui me lie à Richard met malheureusement en péril l’agence si je viens à merder et c’est la seule raison qui me pousse à continuer. J’ai eu des centaines de clients différents au fur et à mesure de ma carrière mais le musicien mégalo commence vraiment à me chatouiller les nerfs. Parfois, je me demande même si Richard ne s’envoie pas les lettres de menace tout seul. Elles arrivent à intervalle régulier, un peu trop à mon goût. Soit on a affaire à un maniaque, soit ta moitié à décidé de créer du buzz autours de son nombril en se posant en victime aux yeux des médias.

A chaque intervention de ma part pour inspecter les affaires des invités de la soirée, Richard se posait en grand seigneur en me disant de laisser tomber. Une fois, deux fois. A la troisième, je l’avais coincé entre deux portes pour lui livrer ma façon de penser. Son visage était passé par toutes les couleurs de l’arc en ciel mais face à mes traits tendus, il s’était résigné et m’avait laissé seul à l’accueil pour partir charmes ses convives. Le système de sécurité étant maintenant bien place, je n’avais plus besoin de l’avoir en visuel constamment. Le dîner avait été à l’image de ce début de soirée. Richard n’en faisait qu’à sa tête, mobilisant mon attention plus que de raison. Les déplacements, les demandes à accompagné tel ou tel personne jusqu’à un quelconque salon, il m’avait pris pour un putain de valet. La facture allait être salée pour ma prestation, aussi bien financièrement que physiquement. Mais pour garder le calme durant la soirée et éviter un mouvement de foule que je n’aurais pu maîtriser, je m’étais exécuté. Ma seule échappatoire avait été une bonne clope expéditive suite à un signe de ta part. L’air frais avait été salvateur pour mes nerfs, même si ton silence avait alimenté ma tension. Cinq minutes de liberté avant de repartir au front. Les dernières heures avaient été plus calmes, j’étais resté en retrait. Richard avait fini son show préférant discuter en petits groupes. Plus gérable pour moi.

Le matin, j’avais retrouvé Richard dans son bureau pour parler de la soirée à l’opéra. J’en avais profité pour mettre les choses au clair. J’étais garde du corps, pas un domestique à son service et encore moins une médaille qu’il pouvait braquer devant le regard de ses admirateurs pour se faire mousser. Il avait élevé la voix en me mettant sous le nez que c’était lui qui payait mon salaire. J’avais attendu impatiemment qu’il ose lever la main sur moi, esquisser un geste mais rien n’était venu. Je m’en doutais. Un lâche. Il savait que j’aurais le dessus sur lui et il ne s'était pas risqué à aller jusqu’à l’affrontement. D’une voix calme et le regard plus glacial que jamais, j’avais remis les pièces en place sur l’échiquier géant qui prenait place sur les dalles de cette maison. Depuis, j’étais devenu l'ennemi numéro un des habitants du manoir. Que ce soit toi ou ton futur mari, j’avais le droit à des regards noirs, aux vents contraires qui faisaient virevolter les cheveux dans les longs couloirs de la demeure. J’étais devenu un fantôme qu’on ne prenait même pas la peine de regarder quand nos corps se croisaient. J’étais invisible. C’était au moins une situation que je savais gérer. Pas de contacts, pas de discussion, pas de révélations personnelles. Je vie dans le silence, les journées parfois entrecoupées de musique que je balance dans mon casque en faisant du sport. Je passe d’une pièce à l’autre, laisse couler mon regard aux grès des ombres, déambule pour effectuer des vérifications. Je suis revenu aux bases de mon métier.

L’ambiance change du tout au tout quand l’obscurité commence à prendre possession des jardins. Un voile sombre s'étend sur la maison mais à l’intérieur, les âmes s’éveillent. Elles s’illuminent à l’image des ampoules qui éclaire d’une lueur dorée toutes les pièces de la maisonnée. Richard a absolument tenu à ce que je troque mon jean et mon pull fin contre un smoking. Le lieu l’exige même si je sais pertinemment qu’il veut que sa horde face bonne figure à ses côtés. Je patiente donc dans le hall, entend les pas précipités courir dans tous les sens à l’étage. Tu es le premier à me rejoindre, paré dans ton manteau de laine et ta colère sourde. Aucun mot ne s'échappe de tes lèvres, aucun regard ne se pose sur mon visage. Tu fuis, je sais que tu m’en veux pour quelque chose même si les raisons ne sont pas évidentes de mon côté. Nous nous occuperons de ce point plus tard. Le star de la soirée fait enfin son apparition en me jetant ses clés. Après le valet, je suis donc chauffeur. Mais cette fois, je me garde bien de protester. J’aime conduire et je n’ai pas envie d’être passager face à votre spectacle tragique. Derrière le volet, je me concentre sur la route, fait mine de ne pas voir le jeu des mains et des mots qui se déroulent à l’arrière. Mes mains se crispent sur le volant face aux gestes brusques de Richard. Ce n’est pas mon rôle d’intervenir dans vos histoires de couple mais je sais aussi que je ne pourrais pas me retenir si de la violence éclate sur le siège arrière de la voiture. Je le sais, Richard le sait et lui aussi se met à éviter mon regard dans le rétroviseur. Parfois. Que tout le monde se mure dans le silence et la soirée se passera à merveille.

Sur place, je laisse la voiture à un voiturier et rejoins mon équipe. Un garde se place dans le hall puis on accompagne Richard jusqu’au coulisse où je le laisse en compagnie d’un collègue. J’argumente que j’aurais une meilleur vue depuis les balcons, que je pourrais superviser toute la scène mais je veux juste m’éloigner pour ne pas exploser. Je fais un détour par la cour arrière de l’opéra, grille une cigarette avec des serveurs, repousse les avances d’un barman. J’ai autre chose à faire pour le moment, selon la tournure de la soirée peut-être que je ferais un détour par son appartement sur la route du retour. Je glisse son numéro de téléphone dans la poche de ma veste pour laisser vivre l’éventualité d’un coup rapide dans la nuit pour me détendre. Une fois que tout le monde sera couché, je pourrais m’éclipser sans que mon absence ne gêne qui que ce soit. Le hall se vide des spectateurs impatients de découvrir le concert de ce soir. Je remonte la rivière de robes en velours et parures en diamants, jusqu’au escalier où je cherche le numéro de ta loge. La porte s’ouvre en silence, les lumières de la salle projettent encore leurs éclats dans les balcons qui dominent la scène. Je me glisse dans le siège à côté de toi et avale sans ménagement le contenu du verre posé entre nos deux sièges. Je fais sauter les boutons de ma veste et fixe du regard la scène. Mon téléphone en main, je suis prêt à intervenir à la moindre alerte.

Comment tu te sens ?

Ma voix résonne, manquant de te faire sursauter. Je vois ton visage du soin de l'œil qui ne semble plus aussi hostile que lorsque nous sommes partis. Si ma présence n’est pas souhaitée à tes côtés, je sais que tu ne prendrais aucune pincette pour me le faire savoir. Tu tournes le visage vers moi et le col de ta chemise glisse juste ce qu’il faut pour me laisser apercevoir les marques sur ta peau. Camouflage bien tenté. C’est à ce moment que nos regards se percutent. Tu sais que j’ai vu, tu prends quand même la peine de replacer ton tissu mais je ne peux retenir un soupir. Je vais vraiment finir par te donner des cours d'autodéfense si tu persistes à vouloir résider dans cette maison.

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#  (SÖREN!) this is the life EmptyMer 21 Déc - 12:14
La porte de la loge s’ouvre, fait entrer un peu de vent, sèche les dernières esquisses de mes larmes, alors que mon visage reste fixe sur la scène, sur les lourds rideaux qui pendent et s’écrasent sur le plancher de la scène. Sorte de cascade veloutée, carmin, et je devine déjà que tu as choisi ton camp ce soir, que tu es sur ces mêmes lattes, à accompagner l’origine de tous mes malheurs. Tu auras sans doute voulu le protéger d’un peu plus près, t’assurer qu’aucune balle ne viendrait siffler entre deux accords de violons. Dommage. Je m’apprête à repousser de la voix le spectateur venu se perdre sur mon balcon, et puis j’hésite, quelques secondes, les iris vissés sur le public en contrebas. Ca fait quelques fois, finalement, que j’hésite à me suspendre à de nouvelles lèvres, à de nouveaux mots. Pour peu que j’arrive à faire chavirer l’inconnu – c’est un homme, son parfum le trahit et est venu danser le long de mon visage quand il est entré -, je tiens une potentielle nouvelle échappatoire à tous ces nuages sombres qui planent depuis des mois et des mois. Ma main s’accroche à mon verre, dernière bouée, le porte à ma bouche pour le vider de ce qu’il reste de la petite flaque dorée pétillante, comme pour me donner du courage, de l’inspiration. Et puis, la silhouette se dessine, le musc se révèle, le troisième verre est aspiré en un quart de secondes. Je me laisse retomber au fond de mon siège. C’est toi. Je réprime un soupir de soulagement. Pas de faux-semblants aujourd’hui, tu auras droit à Keith dans toute sa splendeur, tourmenté par ces mêmes ouragans qui me font vibrer les côtes et couler les yeux. Pas de nouvelles larmes, cependant ; je me souviens du premier soir, de ton malaise face à cette foule d’émotions. Tu ne mérites pas une nouvelle séance de torture. Pourtant, quand tu poses la question fatidique, je tique, et j’ai du mal à ne pas tout te balancer. Mon amertume face à la veille, à ton absence de regards. Cette sensation horrible, étouffante, angoissante, de n’être finalement qu’un vase de plus, qu’un tableau accroché dans un coin de pièce, voir même pire, un enfant qu’on réprimande, la tape de Richard sur ma main et les chuchotements amusés dans les heures qui ont suivi. Ses invités ne m’ont jamais apprécié, et je le leur ai toujours plutôt bien rendu.

Pourtant, hier, ça avait été plus dur que d’ordinaire de le supporter. C’était sans aucun doute lié à cette bulle d’air frais, cette parenthèse inattendue de la veille, quand j’avais vu dans tes iris gelés la perspective d’une nouvelle ère, de l’inversion des forces. Et ma descente aux enfers à ce dîner maudit n’en avait été que plus douloureuse, finalement. "J'ai connu de meilleurs jours." Ma voix s’étrangle un peu alors que je réprime les sentiments, empêche la peur et la colère de venir délivrer leur fiel acide entre mes lèvres. Je ne vois pas l’utilité de te mentir, de te faire croire que tout va bien, alors que le sillon que les larmes ont laissé sur ma joue brille toujours un peu sous les projecteurs. Et puis j’ai bien remarqué ton regard sur le côté de mon cou, quand les traces bleutées ont échappé à ma surveillance et sont venues fuguer à la vue de tous. Je secoue la tête, prend une grande inspiration. Tentant de changer le sujet. "C'est un concert en deux actes. Tu vas entendre ma première et ma dernière composition." Les applaudissements ne me seront pourtant pas destinés. C’est un nouveau crève-cœur que d’en prendre pleinement la mesure, maintenant que les murmures des foules, en contre-bas et dans les balcons alentours, viennent bercer mes oreilles. Ce n’est pas moi qu’ils acclameront, pas moi dont ils parleront sur le chemin du retour. Ils salueront uniquement le génie de ce compositeur émérite, ce chef d’orchestre passionné, sans jamais savoir que le spectacle qui les a émerveillés n’est le fruit que d’un contrat malsain. Quelques mots m’échappent, diverti par mes pensées, harpies chantantes et armées. "Tu ne m'as pas vu hier. Je t'ai fait le signe trois fois. Richard m'a... empêché de boire. C'était compliqué. J'aurais aimé passer plus de temps avec toi, en coulisses." Long soupir, mon regard croise le tien et se heurte à cet iceberg transcendant. Je t’accorde sans doute un peu trop d’importance. Alors je reprends, fin sourire aux lèvres, un peu forcé, comme l’autre soir, dans la cuisine, après que tu m’aies égratigné. "D'abord, tu entendras les violons. C'est un accord vieux comme le monde, mais il me fait toujours vibrer. Ensuite, les autres bois, puis une flûte. Les percussions viennent en dernier, pour donner un autre sens au spectacle, soulever les cœurs et les poumons." Mes mains viennent se joindre à mes mots, et peu à peu, au fur et à mesure que mes doigts jouent des mélodies silencieuses dans l’air, je me détends un peu.

Richard joue mes symphonies, ça ne date pas d’hier. Il faut juste que je me poste en spectateur, que je regarde les scènes se délier comme si je ne les avais pas inventées. Que je savoure l’instant, ce qui est nettement plus facile depuis que tu es venu me rejoindre. "Comment ça a été, aujourd'hui ?" En haut, dans ma chambre, sur mon perchoir azuré, je n’avais pas pu assister au ballet qui avait dû se jouer en bas. Mon cher et tendre était toujours imbuvable, - plus que d’habitude, en tout cas – les jours de représentation. Sa manière à lui de gérer le stress était habituellement une nouvelle succession d’aboiements, qui, pour une fois, n’avaient pas pu m’être adressés, la clef dans ma porte me bloquant de toutes ses lubies douloureuses. Je n’avais pas été en reste non plus aujourd’hui, déchaînant quelques tempêtes sur la malheureuse femme de ménage qui ne m’avait finalement pas fait grand-chose. Je te le confesse en un chuchotement, alors que les projecteurs commencent à baisser en intensité et que l’opéra se couvre d’une aura tamisée qui m’est aussi familière qu’apaisante. "J'ai été infect avec Johanna ce matin. J'espère que ça ne s'est pas trop ressenti..." Elle faisait partie des fumeuses de la maison, et j’espérais qu’elle ne m’ait pas couvert d’injures ou pire – qu’elle ne se soit pas mise à pleurer à son tour, au détour d’un brin de nicotine échangé avec toi. D’un autre côté, je n’étais pas sûr et certain que tu sois celui vers qui le reste du personnel se tournait en cas de besoin de confessions. Tu avais le torse parfait pour donner quelques coups défouloirs, mais tu semblais tenir à marquer ta distance avec tout le monde. "J'irais m'excuser jeudi prochain." Encore un engagement. Comme la nouvelle année qui se profilait, tu me poussais sans le vouloir à faire des promesses, à prendre de bonnes résolutions. Devenir la meilleure version de moi-même pour rester blanc comme une colombe quand l’opprobre allait tomber entre les murs. Une chasse aux sorcières qui allait laisser pas mal de cendres, dans les salons, dans les chambres, et même dans la cuisine qui avait été le théâtre d’une fin de soirée particulièrement riche. D’ailleurs… "Tu as écouté la musique que je t'ai envoyée ?" Du bout des lèvres j’hésite à te demander si tu l’as appréciée, par peur de faire face à un non catégorique, ou à un oui hésitant. Je me ravise, et préfère fixer mes yeux sur les tiens, nouveau duel de regard que je me refuse à perdre. Je sais que tu n’aimes pas les interrogatoires, et pourtant je ne peux m’empêcher de vouloir faire fondre les nouveaux flocons qui ont dressé ce mur de glace entre nous, alors que quarante-huit heures plus tôt j’avais eu l’impression de cerner un peu mieux ta personnalité.

Ma main vient frotter mon cou, les successions de tissus sur mes bleus les ayant un peu irrités. D’un battement de cils je m’échappe de tes iris pour prendre une nouvelle inspiration et fuir la potentielle attention que tu leur accorderas. Pourtant, la voix basse, je ne peux m’empêcher de parler, de venir faire porter ma voix au-dessus de toutes celles dans la fosse, orchestre vocal qui se taira dans quelques minutes pour laisser la place aux vrais instruments de la soirée. Plus de bruit des robes cocktails, plus de bruit des hommes pingouins. L’air guindé qui se détendra quelques secondes, quand moi j’exulterais, porté par la musique, la tête appuyée sur les coudes, le long de la rampe qui nous fait face et empêchent nos jambes de se déplier correctement. "Ma peau marque facilement en ce moment. Tu pourrais croire qu'à force, ça deviendrait plus difficile de me laisser des traces, mais c'est tout le contraire." Les mandalas sont plus nombreuses, et si, adolescent, je me serais pâmé de ces tatouages de désir, tâches de guépard bleus laissées par des lèvres ardentes, maintenant que j’en pèse le coût, et que les lippes s’avèrent froides comme un jour d’hiver, c’est une toute autre déception, une toute autre façon de souffrir en silence. Au moins, ça s'était arrêté aux baisers langoureux, je n'avais pas eu à cambrer ma carrure pour me soumettre à d'autres tentations réfutées. Un frisson, une grimace de dégoût. Je suis mauvais pour dissimuler mes pensées aujourd'hui, la surface trop effritée par la veille pour vouloir faire semblant. Ma main vient détacher un bouton de mon col, alors que ma main pianote sur la rambarde, impatiente, curieusement. Puisque tu es là, je ne devrais normalement pas avoir cet empressement à me tirer de ce siège, de ce balcon. Une rapide bouffée d'angoisse, et mes ongles que je ronge sans vraiment me contrôler. Le cerveau qui carbure à mille à l’heure, comme d’habitude, alors que j’ai juste envie de me détendre, de me laisser couler dans ce siège et de profiter de ton aura rassurante, quelques heures, proie chassée par une meute qui trouve son premier abri.

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#  (SÖREN!) this is the life EmptyMer 21 Déc - 14:03
Le balcon nous place au-dessus des chuchotements de la foule. Cocon de velours qui pourrait donner envie de profiter de sa douceur. Pourtant, l’ambiance est polaire à l’intérieur de la loge. Tu t’es entouré d’une épaisse couche de glace pour masquer les larmes dont les dernières traces humides s'accrochent à tes joues. Tes yeux rougis et tes doigts impatients crient que ce qu’il va se passer en contrebas ce soir va être une épreuve. Mon cœur jongle avec des ressentis, pas vraiment des émotions, des états d’âme tout au plus. Tu es un monstre Sören. Les paroles de ma mère résonnent toujours dans ma tête dans ce genre de moment. Je sais que je devrais ressentir quelque chose, de la compassion sûrement, mais rien ne me vient. Comme une coquille vide à la dérive, ton comportement m’irrite pour pas de raison. La numéro un c’est que je ne te comprends pas. Je crois que je ne suis pas capable de comprendre et ce n’est pas nos œillades génies en coin qui vont m’aider à mieux te cerner. J’ai l’impression de recroiser un plan d’un soir et qu’on ne sait pas quoi se dire. Pourtant, nous n’avons fait qu’échanger des banalités ponctuées de vérités criantes. Peut-être que c’était aussi une façon de se mettre à nu et que nous n'assumons plus nos confessions nocturnes. Je tente quand même de briser la glace sans grand succès. J’obtiens des lèvres pincées et une semi-vérité. Ta réponse est convenue, tu n’ajoute rien et je retourne me planquer derrière ma muraille de pierres. Mon regard fixe la scène où des techniciens mettent en place les derniers ajustements. Mon téléphone effectue des rotations entre mes doigts et le silence retombe. Nouvelle tentative d’alléger l’ambiance, c’est à toi de service. Je tourne légèrement la tête dans ta direction et hausse les épaules.

Tu sais, moi la musique classique…

Je ne vais pas faire semblant de comprendre de quoi tu me parles ou de m’intéresser à ce genre de musique. Je n’y connais rien et je serais bien incapable de tenir une conversation sur le sujet. A part reconnaître les instruments installés sur scène, je ne suis bon à rien. Et encore, il y en a quelques uns qui ne me sont pas familiers. Nouveau silence. Nouveaux regards gênés dans la direction de l’autre. Prunelles qui fuis quand elles ont le malheur d’en croiser une autre paire. J’avale ma salive et j’ai l’impression de faire un boucan d’enfer. Mes doigts ne lâchent pas mon téléphone qui affiche la conversation que j’ai avec mes collègues ce soir. RAS. Voilà tout ce que j’ai à me mettre sous la dent pour m’occuper. Je regarde l’heure et nous donne dix minutes avant de m’éclipser pour une nouvelle pause cigarette. Peut-être que j’accorderai un peu de temps au barman pendant le concert finalement. Tirer son coup dans des toilettes de luxe ne peut pas être pire que ce silence angoissant qui nous colle à la peau. En même temps, je ne fais rien pour le dissiper. Tu es le seul à ramer sur notre bateau. Ta voix résonne de nouveau, attirant cette fois mon attention. Le sujet est bien plus intéressant que le spectacle de ce soir et il expliquerait le fait que tu m'ignores depuis la veille. Nos regards s’accrochent quelques secondes, la glace et le feu. Les étincelles passant d’un protagoniste à l’autre. Je fronce les sourcils et ça fait tilt. Tu m’en veux parce que j’ai loupé tes appels à l’aide. Comme si j’avais passé une bonne soirée pendant que tu souffrais.

C’était compliqué pour moi aussi. Richard en a fait qu’à sa tête. Je n’ai pu sortir qu’une fois et tu étais avec moi.

Je ne perds pas de temps dans des excuses hypocrites ou des justifications. Il faudra te contenter de ça. Je n’ai pas passé ma soirée à enchaîner les clopes ou les verres sur la terrasse. Les invités étaient aussi dissipés que le maître de cérémonie et ont accaparé mon attention. D’ailleurs, j’étais posté derrière toi alors était au première loge pour assister à ma propre prestation. Tu as souffert, je l’ai vu mais je ne pouvais rien faire de mieux. La seule échappée que j’ai pu tentée, je t’ai emporté dans mes filets pour t’offrir ce bol d’air salvateur. Si j’ai été désigné grand coupable de ta déchéance alors soit, mais ne compte pas sur moi pour me vautrer dans des excuses ou me jeter à tes pieds. Pourtant, une autre phrase me brûle les lèvres. Celle de te dire que j’ai fait mon maximum. Que ce n’était pas intentionnel, que je n’ai pas vu tes signes. Mais tu me devances et te lance dans une tirade musicale. Je me renfrogne dans mon siège et tire sur la chemise qui me compresse la poitrine. Je suis des yeux les instruments dont tu me parles, laisse tes doigts s’élever devant nous et me prend au jeu d’imaginer à quoi va ressembler le concert. La tension retombe légèrement même si l’électricité continue de crépiter dans l’air. La moindre étincelle et la loge entière prendra feu. Ton sourire, aussi factice qu’il puisse être, me tire un étirement des lèvres. Pas un sourire mais juste la commissure qui se relève. Mes dents se plantent dans ma lèvre inférieure pour ne pas offrir plus que je ne peux le supporter moi-même. C’est un jour important, je ne peux pas me louper. Pourtant, c’est une vérité brute et un peu moche qui s’échappe sans que je puisse la rendre socialement correcte.

Richard est un connard. On a eu une petite explication sur son comportement et sur mon rôle dans son bureau ce matin. Il n'a pas apprécié je crois. Mais au moins il m’a évité toute l’après-midi et j’ai pu installer le nouveau système de surveillance.

Encore une fois, je planque mon amusement face au comportement d’enfant de Richard derrière mon masque glacial d’homme nordique. Je ne sais pas si tu as été témoin de nos éclats de voix, difficile de savoir ce qu’il se passe derrière la porte close de ta chambre. Richard a bien dû se garder de répéter qu’il s'était fait réprimander par son vulgaire garde du corps ou alors il aura modifié l’histoire pour se mettre en avant. En vrai, je me fout bien de savoir ce qu’il raconte derrière mon dos. Tant qu’il est en vie, ma mission est accomplie. Bientôt, il ne sera qu’un mauvais souvenir et nous pourrons tous reprendre nos vies. Ou ce qu’il en reste.

Johanna en a parlé, tu as été affublé d’un bon nombre de noms d'oiseaux. Je pense que c’était mérité. Achète-lui une bouteille de Sherry et tu seras pardonné.

J’avais entendu parlé de ta crise pendant une pause cigarette en compagnie des femmes de chambre. Être proche des domestiques est toujours payant. C’est l’âme des maisons, ils sont partout, tout le temps. Invisible aux yeux des propriétaires, ils sont au courant de toutes les rumeurs, de tous les bruits. Et comme des oisillons qui rentrent au nid, ils s’échangent les derniers potins autour d’une cigarette que je suis toujours heureux de partager avec eux. Je suis à jour sur les dernières coucheries de Richard, tes crises et vos engueulades. Les coups sont par contre passés sous silence. La violence est trop malaisante pour être l’objet de chuchotements pendant une pause cigarette. Mais tout le monde est bien au courant des gifles qui résonnent, des marques rouges qui zèbre ta peau, des paillettes de sang qui parsèment parfois le carrelage. L’avantage de faire partie des deux mondes et que je sais comment utiliser toutes ces armes en mouvement. Et le goût un peu trop prononcé de Johanna pour le Sherry pourrait bien faire revenir le calme dans ta chambre. Ce n’est pas une mauvaise fille et surtout, elle n’est pas rancunière. Elle a aussi d’autres vices mais tu ne seras pas intéressés par ces courbes alors autant tout miser sur l’alcool, monnaie d’échange universelle.

Ouai, j’ai été courir avec ta playlist ce matin. J’ai bien aimé, c’est… Puissant. Certains morceaux vibrent de colère, c’est mes préférés. Je garde les plus doux pour cette nuit. Je ne sais pas parler de musique alors il va falloir te contenter du fait que j’ai aimé. Je la garde dans mon téléphone.

J’esquisse un sourire rapide en te faisant un clin d'œil. Je ne suis pas un beau parleur, peu importe le sujet. Et je crois que c’est ma plus longue phrase depuis notre entrevue d’il y a deux jours. Il va falloir t’y faire, je ne suis pas aussi à l’aise que toi avec les mots, les notes, ou quoique ce soit d’ailleurs. Mon truc c’est plutôt les actes, le passage à l’action. Ma main se plaque sur la tienne pour arrêter tes percussions contre l’accoudoir. C’est notre premier contact physique. Je te lance un regard et retire doucement ma main pour la replacer sur ma cuisse.

Arrête, ça me stresse.

Je sais que tu es stressé aussi mais je ne supporte pas les bruits parasites. Ca me fait vriller et crois moi, tu ne veux pas me voir vriller. Encore moins ici. Ou peut-être que si, ça t’offrira un autre spectacle que tes créations volées par un mec contre qui tu n’oses pas t’opposer. Ma colère est de retour, je la sens dans mes entrailles. Et elle augmente encore d’un cran en suivant tes doigts jusqu’au bleu qui viennent colorer la peau de ton cou. Et cette fois, je ne peux plus porter mon masque. Je n’ai aucun conscience des normes sociales, je redeviens le vrai Sören, le sociopathe qui fait honte à sa mère, qui est inapte à la vie en communauté, qui est voué à passer sa vie en prison. Je ne retiens plus ma nature qui passe devant tout le reste avec la colère qui pulse dans mes veines. Je me tourne franchement vers toi cette fois et t’oblige à me regarder. Plus de faux semblants, plus de regards fuyants. C’est toi et moi. Tant pis si je suis à l’origine d’une nouvelle crise de larmes, je ne peux plus me taire.

Si tu ne veux plus de traces, défends toi ! Si tu acceptes ce qu’il te fait alors arrête de te plaindre.

Les flammes de la fureur brillent dans mes yeux et carbonise tout ce qui peut passer dans ton regard. Je ne devrais pas m’emporter mais il faut que quelqu’un te secoue. Tu ne peux pas rester comme ça, tu ne peux pas continuer à te faire traîner dans la boue sans réagir. C’est trop. Pour toi et pour moi. Les domestiques ferment les yeux, les amis de Richard aussi mais moi, je n’ai pas peur de lui. Je n’ai pas peur de toi non plus. Il faut que tu te bouges et si tu dois t’en prendre à moi pour avoir un électrochoc alors allons-y !


@Keith Chamberlain
Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) this is the life EmptyMer 21 Déc - 15:47
Quelques braises qui voltigent dans l’air du balcon, sorte d’aquarium colérique et enflammé, dont les poissons sont finalement nos mots – les miens plus que les tiens, puisque tu restes mutiques à mes premières tentatives d’alléger un peu l’atmosphère des tornades qui le secouent sans réserve. Les cendres de nos cigarettes, sur le côté du salon, me semblent bien loin. J’espère qu’elles feront leur retour dès que la Lune se couchera, d’autres soirs. C’est peut-être dangereux, mais je me raccroche à toi comme un crustacé à un rocher, tentant de résister face aux vagues qui ne demandent qu’à me balayer pour de bon. Si leur écume venait à me transporter à mille lieues de là, ce serait peut-être pour le mieux. Tu avais raison, l’autre soir. J’aurais dû partir il y a des années de cela. Quand les serres de Richard n’avaient pas encore pris leur marque sur mes bras, sur ma peau, sur mon cœur. Quand j’avais encore un tant soit peu de liberté, même si ce n’était qu’un oasis virtuel, fruit de mon imagination fébrile. Bien avant que ce ne soit ce désert lourd, étouffant, balayé de tous les vents du monde, statue de glace qui fond, jour après jour, jusqu’à ce qu’un matin les domestiques ne finissent par retrouver qu’une flaque de regrets et de ressentiments. Mais les fennecs me semblaient bien loin, tout de suite, perdu dans cet entre-deux de banquise et de flammes avec toi. D’abord, tu repousses toutes mes bonnes intentions. Tu balaies à la fois notre contact visuel, mais aussi ma tentative de t’intéresser à celles de mes œuvres qui joueront la bande sonore de notre nouvelle passe d’armes. Mon sourire retombe net, et je casse à mon tour le regard que je te porte, le déviant vers la scène et son public. Il y a des couples, partout. Des hommes aux belles montres, des femmes aux talons raisonnés. Et puis quelques rares amateurs, seuls. J’étais de ceux-là à chaque représentation avant que tu ne signes ton contrat. C’est la première fois depuis une décennie que je suis accompagné – ce n’est sans doute pas le bon mot, tant pis – pour ce genre de spectacles. C’est sans doute pour ça que je ne parviens pas à t’en vouloir, et qu’au contraire, j’en remets une couche, la voix tremblante sous le coup du stress et d’un peu de fatigue. "C'est ma musique, elle n'appartient à personne d'autre, et n'est de ce fait pas classique." Léger sourire. "Laisse-moi au moins définir mes propres œuvres, Sören." Comme d'habitude - puisqu'on pourrait bientôt parler d'habitudes -, ton prénom glisse sur ma langue, qui s'est finalement peu prêtée à l'exercice des syllabes nordiques.

Et puis, égoïstement, quand tu me confies que ta soirée s’est mal passée, je ressens un soupçon de joie. Déjà, parce que ça confirme que Richard est un sale con. Si certains en doutaient encore… Ensuite, parce que ça me donne des pistes d’explication sur ton regard évitant mes signes désespérés, et l’envie de nicotine qui avait grandi, grandi, grandi, sans que je puisse même la compenser par des verres incessants. Enfin, parce que l’installation du système de sécurité, ton sourire le trahissant, avait dû te soulager, te permettre de souffler un peu. Les balades nocturnes allaient bientôt avoir lieu. Et tu n’avais pas pu remarquer, je l’espérais du moins, ma journée d’ombres et de grognements à l’étage. Seuls mes éclats de voix avec Johanna étaient venus perturber le fil de l’après-midi. Je ne retiens pas un sourire franc quand tu me parles de l’envolée ornithologique qui a eu lieu lors de l’une des pauses. "Une bouteille de Sherry, c'est pas con. Merci pour l'idée, j'enverrais John en acheter." Sauf s’il avait reçu pour consigne de m’éloigner de toutes les bouteilles… Mais même auprès du majordome je jouissais d’un statut inaliénable ; j’étais moins détestable que Richard, et même si les sourires de l’homme en costume restaient polis, qu’il n’intervenait pas plus que les autres quand j’étais sous les spotlights carmin, il me préférait indubitablement au propriétaire réel des lieux. Mon sourire se dédouble presque, brume de bonheur et de soulagement, quand tu me proclames ton affection pour les quelques sons que je t’ai adressé par SMS. Je me redresse, mains sur mes genoux, brusquement surexcité. Personne n’avait jamais écouté mes playlists, intimité secrète que j’avais toujours cachée. Pourtant, l’autre soir, je m’étais senti en confiance et j’avais eu besoin de me confier un peu. Je suis simplement content que tu aies aimé. Nouvelle morsure sur mes lèvres, contenant un peu de cette joie simple. "Tu parles très bien. Les morceaux vibrent de colère... C’est joli." Syllabes abyssines qui glissent sur mes lèvres alors que je t’adresse un franc sourire, l’ambiance s’étant autant tamisée que la salle, au fur et à mesure du déliement de nos gorges. La mienne, il y a quelques minutes encore serrée par le chagrin inconditionnel, me faisait moins mal. C’était peut-être l’effet du champagne, ou peut-être ton effet à toi. Impossible de me décider, alors je me contente de rester silencieux, plongé dans une brume de stress, mes doigts trahissant le grondement dans mes entrailles. Je malmène le bois du bout des ongles, jusqu’à ce qu’un éclair frappe l’intérieur de l’opéra, dessinant en son ventre de grands éclairs lumineux. Nos yeux s’entrechoquent sous le tonnerre, alors que j’arrête de respirer, en apnée, victime une nouvelle fois de ces foutues sensations exorbitées. J’arrête ma mélodie forestière, et ma main se retrouve contre la tienne, rapidement, avant que tu retrouves le confort de ta cuisse. La mienne hésite quelques secondes avant de retrouver le chemin de ma propre jambe. Si ton but était de calmer mon stress débordant, c’est en réalité tout l’inverse. Mon autre main, déjà moite, vient se plaquer contre ma tête, caressant mes cheveux et tirant le col sur les marques indigo qui jonchent ma peau pâle. Je n’ose pas bouger pendant quelques secondes, avant que finalement ma bouche ne parvienne à s’ouvrir, à murmurer quelques syllabes, qui se heurtent aux étincelles dans l’air pour s’y électrocuter, victimes de nos impulsions électriques – ou du moins des miennes, qui me tyrannisent, les lèvres ouvertes quelques secondes, les yeux perdus dans les tiens, muet, silencieux, sourd aux murmures des foules. Je me passe la langue sur les lippes, tentant de reprendre un peu de constance. "Pardon, j'arrête." Mots étouffés par le rythme de mon cœur et de tout le sang qui circule dans mon corps. C’est la première fois que nous partageons un geste que je considère si intime. Tu m’avais déjà fait buggé – erreur 404-, avec ton numéro sur mon poignet, ou quand tu étais venu étudier ma partition sur la planche à découper, ton souffle dans mon cou. Mais ça… C’est un autre niveau. Ce ne sont pas les bonnes émotions qui germent ; je vois déjà venir les gerbes de fleur pêle-mêle, les plates-bandes multicolores, jardin harmonieux mais dans un désordre complet. Je ne devrais pas être aussi touché, pas aussi perturbé. Mais je reste muet, interdit. Mes pensées se taisent aussi, deviennent cet autre champ de silences. Je ne reprends pied sur terre que lorsque ta voix vient gronder, relancer l’orage qui menace d’exploser au-dessus de nous.

Ta voix est plus lourde, plus imposante, avale dans son centre tout l’air qui circulait, en un seul typhon. Et je sens ma pomme d’Adam qui remonte, et descend, ascenseur fulgurant et continu, unique signe, je l’espère, de ma soudaine détresse. Tes mots sont cruels, et tu dois voir, malgré tous mes efforts, combien ils m’atteignent. Je baisse le regard, lentement, de tes iris jusqu’au sol. retire ma main doucement de mes jambes, frôlant la peau de ta cuisse sur quelques centimètres, avant que mes pupilles ne reviennent se perdre sur toi, dotée d’une énergie nouvelle, plus lancinante, plus dangereuse. Je comprends le message que tu veux m’envoyer. Je comprends qu’il peut être lassant de voir quelqu’un s’effondrer sans jamais qu’il essaie de tout reconstruire. Mais ce que toi tu n’as pas compris, c’est que ce tempo est imposé. Il ne le sera plus, un jour. Quand j’aurais réuni les moyens, la force, et tout le courage pour m’en tirer, une fois pour toutes. Mais tu aurais pu t’arrêter là. Que tu me demandes d’arrêter de me plaindre est une goutte supplémentaire, peut-être même la première la pluie poisseuse et noir d’encre qui commence à couler. Mais j’ai assez gâché de larmes aujourd’hui. L’orage revient, dans mes yeux, et ma bouche crache des éclairs. "Va te faire foutre." Mes ongles griffent l’accoudoir d’un côté, de l’autre ma jambe, qui a réussi à se faufiler entre deux sculptures d’argile pour venir faire pendre mon pied dans le vide. "Je sais que t'en as rien à faire, mais parfois tu es la personne la plus sympa de ma vie, et d'autres fois, comme là, t'es le pire des poisons." Je mâche mes mots, déglutis une nouvelle fois. La colère monte en intensité et me fait parler. Peut-être pas le pire. Tu es devancé par mon fiancé. "Je me casserais quand j'aurais la force et le pouvoir de me casser. Tu vas réussir à l'imprimer ?" Tant pis pour ta haine des sursauts, tibia et cheville marquent des coups de percussions réguliers, ininterrompus, sous le coup de stress que tu m’imposes. "Mais t'as raison. Je vais arrêter de me plaindre. La vie est si belle, c'est pour ça que t'arrêtes jamais de sourire."

Je casse l'échange électrique entre nos pupilles pour tourner la tête vers le sol. Tu t'es plaint de mes sanglots, de mes larmes ; tu ne pourras pas me reprocher de t'exposer d'un peu plus près à l'épicentre de la tempête colérique que tu as provoqué, toi, la fatigue, le stress, le ras le bol. Je marque un silence de quelques minutes, le regard qui tire, revolver surchargé, vers la scène. J'aurais dû les écrire moi-même ces menaces. Et les mettre à exécution. Me mettre en colère me défoule, mais fait battre mon coeur presque aussi vite que lorsque tu enrobais ma peau de bandages, ou de tes doigts. Au moins, il n'y a pas de glacier entre nous. Juste de l'électricité statique. Ma voix est plus douce quand je reprends la parole, violoncelle apaisé. Les émotions chargent et déchargent sans que je puisse les contrôler. "Je n'attends rien de toi, Sören. Je pensais que tu étais monté pour qu'on discute, pour qu'on passe un peu de temps ensemble, comme l’autre soir. J'aime bien être vers toi." Confession qui s'étrangle dans le dernier mot. Un peu trop de vérité crue, peut-être. "Mais il faut vraiment, vraiment, que t'apprennes à être un peu plus gentil. Même si c’est un concept qui t’échappe, même si c’est qu’avec moi." Epaules qui se relâchent, dos qui s’enfonce dans le dossier moelleux, alors que ma jambe cesse de marteler le sol pour se loger contre la tienne, te donner un rapide coup, joueur, fin sourire sur les lèvres. Puis un autre. Et encore un autre. Juste de quoi évacuer quelques volts. Jeu qui ne me lasse qu'au bout de vingt secondes.

@Sören Lindberg
Sören Lindberg
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#  (SÖREN!) this is the life EmptyJeu 22 Déc - 10:13
Ma vie a toujours été une sorte de voyage en mer. Souvent mon quotidien ressemble à une mare d’huile. Extérieur à tout sentiment, je regarde les autres vivre autours de moi. Ils tombent amoureux ou en dépression. Ils pleurent, crient, exultent, chantent, sont heureux, vivants. Derrière mes parois de verre, je ne suis qu’un simple spectateur du panache de la vie. Je suis né au milieu d’une muraille qui empêche quoique ce soit de m’atteindre. Je ne tomberais jamais amoureux, je n’aurais jamais peur de perdre quelqu’un qui compte dans ma vie, je n’aurais jamais honte d’avoir dit la phrase de trop, celle qui blesse sans même laisser une traînée de sang. Parfois, bien sûr, la tempête déchaîne mes eaux. Si je suis insensible à tous sentiments, il me reste quand même des émotions pour me rattacher à l’humanité. La colère, les pulsions, l'excitation, c’est bref mais bien présent. Aujourd’hui, ma tempête a pris les traits d’un musicien déchu, qui a un penchant pour l’alcool et les cours de cuisine nocturne, qui aime braver toutes mes règles et déambuler dans l'obscurité de la nuit. Tu fous en l’air tout ce que j’ai mis en place pour empêcher mon bateau de tanguer. Coup de pied dans la fourmilière de mon quotidien, du souffle le froid et le chaud, à l’image de ce qu’il se passe dans cette loge. Tes mains battent le tempo en même temps que tes yeux envoient des éclairs. Et moi, tel un équilibriste, je tente de rester sur mon fil pour ne pas tomber. Qui sait ce qui pourrait se passer si mon pied venait à déraper sur le câble ? Cette possibilité me fait peur et tu devrais la craindre aussi.

Tu es bien trop vivant pour moi Keith. Tu abbat tes barrières à mes pieds et pendant ces moments où tu me laisses une ouverture pour passer dans ton intimité, je balance des grenades dans ton jardin secret. La fumée est étouffante, les sons sifflants de nos respirations retentissent et pourtant, aucun de nous n'esquisse un geste, bien trop désireux de se sentir vivant au milieu des paysages désolés. Les yeux dans les yeux, on se juge, se condamne. Je n’aurais pas dû te balancer mon jugement comme ça. Même si je ne peux pas m'empêcher de laisser échapper la vérité, j’aurais au moins pu faire l’effort de mettre les formes. Comme toujours, c’est trop tard. L’insulte fuse entre tes dents et je ne bouge pas, elle est mérité. Je suis un connard, tout autant que Richard. On te blesse tous les deux, intentionnellement. Je pourrais me planquer derrière mes intentions louables, dire que je fais tout ça uniquement pour te faire réagir. Mais tu n’as pas besoin d’un sauveur, encore moins de moi. Tes mots aussi font mal mais je ne montre pas que tu as trouvé la brèche pour m’atteindre. Aucun sursaut ne vient brouiller mes traits.

Fait comme tu veux, Keith. C’est ta vie, pas la mienne.

Je suis un poison, tu as raison et je te le prouve encore. Ce n’est pas ce que j’aurai aimé dire. J’aurai voulu te réconforter, trouver les mots pour faire revenir ton sourire, la légèreté dont tu es capable quand tu te laisses aller. Le contact visuel est rompu et on se reconcentre tous les deux sur la scène même si aucun de nous ne la regarde vraiment. L’ambiance perd plusieurs dizaine de degré et redeviens glaciale. Des flocons de neige tomberaient sur nos smokings sombres que je n’en serais pas surpris. Plus aucun son ne vient perturber le brouhaha des spectateurs qui s’agitent sous nos pieds. On fulmine dans notre coin, ne laissant aucune chance à l’autre de réparer ce qui vient de se briser. Toujours aucun message pour me sauver, aucune excuse pour voler dans d’autres parties de l’opéra, dans d’autres corps qui ne nécessitent aucun mot pour fonctionner. Je retiens mon souffle puis décide que c’est trop. Je n’ai pas à m’infliger cette situation et tu n'as pas à la vivre non plus. Je me redresse dans mon fauteuil et ouvre la bouche pour laisser sortir la première excuse qui me passe par la tête mais tu me devances. Par réflexe, tous mes muscles se crispent pour affronter le deuxième round de notre combat. Mais la brise est douce, elle s’est réchauffée contre tes lèvres avant de venir caresser mon visage. La surprise me rend muet, incapable de formuler la moindre remarque. Une première.

Ma tête s'incline légèrement, curieux choix de mots. Un concept qui m’échappe. Belle manière de décrire mon trouble. Pendant une seconde, je me demande si tu as deviné, çe serait plus simple si tu étais au courant de ma manière de fonctionner. Mais je refuse de dévoiler cette tare à qui que ce soit, je ne veux pas de la pitié des autres, ni de leur condescendance. S’il y a bien une manière de me faire fuir, c’est de prendre mon trouble comme excuse, de me dire qu’on comprend et que les choses vont changer. C’est faux. Je fixe ta jambe qui tressaute puis vient frapper la mienne. Une fois, et ma mâchoire se relâche. Tu n’as pas pu deviner. Tu dois juste me prendre pour un rustre, un mec juste pas à l’aise avec les contacts humains, un nordique dans tous ses plus beaux clichés. Deuxième fois, et mes muscles acceptent de lâcher du mou. Je me détends légèrement et repose mon corps contre le fauteuil en velours. Troisième fois et je lève les yeux au ciel. Tu es exaspérant, Keith. Je laisse ma jambe en place pour sentir les coups de la tienne qui me retombe dessus. Un sourire étire légèrement mes lèvres, signe d’abdication.

Je vais essayer d’être plus gentil.

Autant demander à un aveugle de nous décrire le paysage mais je vais faire des efforts. Il faut que je retienne tout ce que je veux dire pour mieux tourner mes phrases, ne pas te heurter involontairement. Ma main s’écrase de nouveau sur ton genou pour faire cesser ton balancement. Mes doigts serrent doucement ta chair par-dessus ton pantalon et mon regard retrouve le tien. J’aime pouvoir regarder mes interlocuteurs quand je leur parle, même si ça les met mal à l’aise la plupart du temps. Les vrais mots sont dans les yeux, pas sur les lèvres. C’est le premier secret que je te glisse. Prends en soin. Je me penche légèrement vers toi, comme si j’allais te murmurer le code de ta liberté.

Par contre, en échange, tu acceptes les cours d’autodéfense. En cas de besoin, il faut que tu saches te défendre.

La violence est graduelle. On commence par une bousculade, quelque chose de presque involontaire. Puis on recommence, un peu plus fort. On prend goût au pouvoir, à cette sensation de puissance qui électrise les veines. Puis c’est une tape, une gifle, un coup de poing, de pied. De plus en plus dur, de plus en plus fort. Les rougeurs deviennent des bleus puis des plaies. J’ai vu ça des centaines de fois, à l’armée et à travers mes missions. Tu vas te faire bouffer par Richard si tu n’y prends pas garde. On s’habitue à la violence et si on y prend pas garde, un jour, elle nous engloutit complètement. Ça n'arrivera pas, pas sous ma garde Keith.

Ma main relache ton genou, retrouve sa position contre ma cuisse. Un soupir traverse mes lèvres et les lumières se tamisent. Le concert va commencer. Les musiciens se mettent en place et je vois Richard sur le bord de la scène, prêt à se placer sous les projecteurs. Je repère Rayan, qui se positionne derrière lui dans une allure professionnelle qui ne laisse aucun doute sur sa fonction. Je fais reposer mes coudes sur mes jambes pour mieux voir mon système de sécurité en action. Jusque là, tout se passe à merveille. Espérons que ça continue. Je te sens bouger sur ton fauteuil mais n’esquisse pas de regard dans ta direction. Tu es en sécurité, ayant ma protection pour toi seul ce soir. Richard est la cible à abattre et je ne serais tranquille que quand tout le monde aura trouvé sa place. Une fois que les musiciens se mettront en marche, je pourrai me relaxer de nouveau.

Tu nous commandes à boire ?

Cette fois, je te lance un regard amusé. Je ne sais pas comment fonctionne ces endroits mais je suis sûr que tu peux nous obtenir du champagne d’un claquement de doigts. Ça devient une habitude d’enfreindre les règles à tes côtés. Pour le moment, nos disgressions concernent uniquement l'alcool mais je ne sais jusqu'où pourra nous porter notre duo.

@Keith Chamberlain
Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) this is the life EmptyJeu 22 Déc - 11:53
tw : agression sexuelle

Ballons de baudruche colorés, irisés, sifflant dans l’air, faisaient retentir une mélodie douloureuse, navigant difficilement, gênés par la brise et ses flocons. Puis d’un seul coup, ils éclatent, et avec eux la tempête de neige s’élève, va fondre plus près du chariot d’Hélios. Six mots seulement qui sortent de ta bouche et viennent se joindre à mes efforts désespérés pour rétablir un semblant du Nirvana de l’autre soir. Un semblant d’apaisement, un semblant de bonheur, simplement. Pour mieux supporter le spectacle incommensurable qui se prépare sur scène et qui risque de m’érafler peau et chairs malgré toute ma bonne volonté à encaisser cette nouvelle soirée hommage à mon bourreau. Mon genou n’arrête sa course sur place désespérée que lorsque ta main vient s’y agripper. A nouveau, je manque d’air, je penche la tête, les yeux froncés et qui percutent les tiens. Mais tes iris ne viennent retrouver les miens que lorsque tous mes muscles se contractent, ce que tu dois sentir de par ta simple pression sur ma jambe. Si je deviens restaurateur, tu deviendras kinésithérapeute. Sous le coup du stress, mon autre main pianote – discrètement, je ne veux pas te provoquer à nouveau – sur l’accoudoir libre, le long du verre qui l’est tout autant. Pas un bruit, c’est discret, et pourtant quand tes phalanges sont venues enlacer mon genou, j’ai failli renverser la coupe, la faire exploser au sol. Tu n’auras sans doute rien remarqué. Je sais être secret, j’ai des années d’expériences, à tout cacher ; mes partitions les plus intimes, ces symphonies qui refusent de me quitter de jour comme de nuit, elles aussi gardes du corps attachées à leur mission, fondamentalement attachées à moi ; mes projets d’évasion, ce jour divin où je déploierais mes ailes pour aller fricoter docilement avec des cieux supérieurs ; et puis toutes mes lubies passagères, de l’odeur des pâtes à la puttanesca jusqu’à l’odeur du tabac dans les salons. Je ne me suis jamais fait griller. C’est bien le dernier des supplices qu’il ne m’ait pas encore infligé, d’ailleurs, la brûlure. Tu me proposes un nouveau marché et je contiens un ronronnement satisfait. Nos colères respectives sont retombées. Tant mieux. Ça m’évitera de me jeter du balcon pour rejoindre la foule qui cancane plus bas. "Okay pour les cours d'auto-défense. J'irais dégager un peu de place dans une des salles de musique." Curieux paradoxe que les trois salles que la maison abritait. Il n’y avait en réalité qu’un seul musicien dans la maison, et il ne pouvait pas se tripler ; sinon, il l’aurait fait depuis longtemps. Un Keith pensif qui se repose, un Keith indolore qui subit pour les autres, un Keith déchaîné qui s’enferme dans ces salles au beau plancher pour mieux pouvoir y créer. Triptyque fou, qui peuplerait la maison d’une foule de notes acidulées, harmonieuses, délicates et ravageuses. Ce serait la folie ; de la musique tous les jours, à toutes les heures, seulement interrompue par les besoins vitaux du musicien, qui n’est finalement qu’un humain parmi les autres, avec juste ce petit don supplémentaire. Créateur, modeleur, personnage fantasque et haut en couleurs. La vie de rêve pour moi.

Ta main quitte mon corps uniquement pour retrouver le tien, à nouveau, et ma respiration reprend en un long soupir. Les lumières commencent à s’éteindre, comme si elles étaient alimentées par le soleil couchant, qui a fini par disparaître derrière les épaisses montagnes, pour laisser place à Nyx et sa cour. Les bruits de la foule se taisent, deviennent eux aussi plus intimes, alors que les longues conversations mondaines ne deviennent que des murmures et des chuchotements d’impatience. J’ai du mal à rester calme alors que le rideau s’ouvre, à la fois trahi par mon sourire d’excitation – trahison ou pas, entendre mes symphonies se déverser dans toutes ces oreilles a un effet très caféiné – et par la légère fossette qui trahit mon agacement, ma colère sourde. Richard est le dernier à arriver sur scène, et a droit aux applaudissements. Il est adulé par ce petit peuple, en est l’empereur narcissique et terrifiant, tyran leur donnant l’illusion d’une liberté par un mirage musical et des soirées d’after party dans lesquels l’alcool coule à flot, courtoisie de la maison et de notre compte en banque qui perd quelques pétales à la fin de chacun de ses spectacles. Il navigue sur la scène, circule au milieu des hauts-bois, des violoncelles, des contrebasses, requin parmi les bancs de poissons. Petite révérence au public ; ça porte malheur avant un concert, mais il en a toujours fait à sa tête. Sa main se lève, et avec elle, le premier chant des instruments. Résonnances métalliques, créatures boisées qui se dessinent dans un paradis qui ne m’est que trop familier, propriété unique du maître de mes enfers personnels. Encore un paradoxe ; je souris. Tu te penches vers moi, trouble la partition parfaite de quelques mots, et j’éclate de rire. Tu as pris goût à déroger aux règles. Qu’à cela ne tienne. "Je reviens." Je me lève, m’appuyant brièvement sur ton épaule pour quitter mon siège, et j’interpelle dans le couloir la première personne qui passe avec un chariot. L’avantage des balcons, c’est qu’ils sont mieux desservis pour la consommation. Comme si toutes les époux avachis dans leurs fauteuils, toutes les épouses désabusées, prenaient un malin plaisir à payer le triple de leur billet pour être vus en train de s’alcooliser sans complexe, au-dessus du petit peuple qui se contentait d’une simple coupe ou d’une bouteille d’eau.

La symphonie percute les murs, résonne dans les oreilles, et je m’y reprends à deux fois pour pouvoir me faire entendre. Ma commande en main, je reviens vers toi. Deux bouteilles vertes, papier doré qui crépite quand je te tends la tienne. Quitte à subir ce spectacle douloureux, autant que je le fasse en étant un peu plus grammé. "C'est une édition limitée. Un très bon cru. J'ai mis les bouteilles sur le compte de Richard." Mains croisées par-dessus la bouteille, regard dressé vers la peinture au plafond, entre deux moulures dorées, comme pour remercier mon fiancé de son cadeau. "Ils n’avaient pas de verre à l'unité." Fausse moue désolée, alors que ma voix n’est finalement qu’un chuchotement parmi la cohorte des instruments qui se déchaînent plus bas, entamant déjà la course folle de la partition enflammée. Le premier acte, je l’ai rédigé un soir de pleine Lune. Je n’arrivais pas à dormir, Richard non plus, et à l’époque je l’aimais encore un peu. Alors j’avais eu envie de lui dédier ce morceau, presque dix minutes de flammes brûlantes, de flammes qui léchaient les murs et les peaux comme si elles étaient affamées. Par la suite, des années après, j’avais été obligé de continuer cette symphonie, de la prolonger, pour qu’elle atteigne les vingt-cinq minutes. Pas une de moins. Richard avait un chrono dans la tête en plus d’un couteau dans la main. Alors il avait eu son premier acte, son plus gros succès à ce jour. Ambulare inter Ignes, la Ballade parmi les Feux. Et dieu sait qu’elle faisait tomber des cendres sur ses publics. Je descends un quart de bouteille en moins de temps qu’il me faut pour le remarquer, n’arrêtant cette épique épopée dorée que pour reprendre mon souffle. Mes yeux sont braqués sur la scène, ont délaissé les tiens, et même si tu me l’as demandé par deux fois, je ne contrôle pas mes articulations, qui viennent danser, dessiner la partition que je connais par cœur sur ma jambe.

Mon regard se perd sur le public, leurs visages dressés vers la scène, les artères dans leur cou en suspens, attendant comme un nouveau signal pour de nouveau faire circuler le sang. La musique les fait tous chavirer, ou alors ce sont d’excellents acteurs et des maîtres dans l’art du mensonge, de la représentation. Comme moi. Et puis, à l’arrière, vers les derniers fauteuils délaissés, les assises rouges dressées vers le plafond sculptural, je vois des ombres s’agiter. Je plisse un peu les yeux, et la tête penchée, je reconnais. Figé, j’ai terriblement froid d’un coup. Qu’est-ce qu’il fait là ? Ma main sur l’accoudoir cherche la tienne, l’agrippe rapidement, juste pour attirer ton attention – je ne sais même plus si tu me regardes encore ou si tu as abdiqué face aux sirènes mélodieuses. "C'est Don." Je déglutis, te le pointant du doigt. "Don Monroe. Le frère de Richard. Il était en taule encore le mois dernier, Richard le déteste. Ils font semblant de s'adorer pour leur mère. Mais qu'est-ce qu'il fout là ?" Don semble monter un peu en pression, son visage dessinant des grimaces furieuses, avant qu'un des agents de sécurité que tu as missionné finissent par abdiquer. Il marche, l'air fier, le torse bombé, son frère lui tournant le dos, avant de prendre place dans un des rares fauteuils vides, adressant un sourire de convenance à sa voisine de soirée. "C’est le gamin préféré de leur père. Un ancien sportif de haut niveau, il jouait pour les 49ers. C'est un gros, gros con." Et surtout le plus obscène de la fratrie, Don étant tombé de son piédestal argenté pour d'obscures affaires de trafic d'argent, sur lesquelles avaient renchéri quelques-unes de ses ex, dévoilant dans des entretiens poignants le quotidien lubrique et tordu qu’elles avaient subi. Le verdict était tombé ; coupable, en prison pour une dizaine d'années. C’était il y a huit ans. Qu’est-ce qu’il venait faire là ? Aucune idée. La logique voulait qu’il soit venu faire une surprise à mon cher et tendre ; pourtant, Don avait toujours cette aura sombre, ce côté manipulateur jusque dans le moindre recoin de son sourire. Le voir de nouveau dans la nature m’arrachait des partitions, me faisait vibrer de quelques frissons.

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#  (SÖREN!) this is the life EmptyVen 23 Déc - 11:27
L’obscurité s’empare de la salle et mes muscles se tendent. Je n’oublie pas pourquoi je suis ici et le but de cette soirée. Il serait facile d’oublier Richard qui joue au dieu de l’Olympe depuis la scène et de se perdre dans le champagne et ton rire. Bulles effervescentes qui remontent dans un tintement à la surface jusqu’à faire disparaître la triste réalité qui se joue autours de nous. La vraie mélodie se trouve sur ta langue, et nul besoin de centaines d’instruments pour la faire vibrer. Mais je suis en mission et j’ai un homme à maintenir en vie. Enfin deux mais tu es tellement proche de moi qu’il ne peut rien t’arriver. A moins qu’une hôtesse décide de t'assommer avec une bouteille d’alcool hors de prix mais il est peu probable qu’on se risque à une telle imprudence avec un homme armé enfermé dans la même loge. Je tente de me rassurer en me disant que les hommes de confiance que j’ai placés dans la salle sont parmi les plus compétents de l’agence pour prendre soin de ta moitié mais la vérité est que je devrais me trouver dans les coulisses. Un de mes hommes devrait se trouver avec toi pendant que je surveille celui qui est visé par des menaces et qui a signé mon contrat. Pourtant, je suis là, simplement parce que tu me l’a demandé. Je suis les nuages orageux que tu dissémines sur ton passage depuis deux jours, me fiant aux bruits du tonnerre pour savoir dans quelle pièce tu te trouves. Je n’ai pas la prétention de penser que je peux faire disparaître les pensées qui te trouble mais tu sembles t’apaiser à mes côtés alors j’ai voulu tenter le tout. Le son mélodieux que tu laisses échapper à ma demande me confirme que j’ai pris la bonne décision. Tu disparais dans le couloir et je me penche par-dessus le balcon pour admirer les spectateurs. Tous les regards sont braqués sur Richard et même si je le trouve méprisable, je dois reconnaître qu’il a de la prestance. Son regard hautain juge la foule comme si elle était insignifiante face à son génie. Le menton haut, le nez fier, il agite les bras pour donner la vie aux instruments qui l'entourent. Je reprends ma position et envoie un message pour demander à tout le monde de rester sur ces gardes. La demi-obscurité qui règne pourrait favoriser les initiatives de notre corbeau.

La porte s’ouvre de nouveau et je te suis du regard jusqu’à ce que tu reprennes ta place avec ton butin sous le bras. Je laisse une lueur amusée éclairer mon regard le temps d’une seconde et attrape une des deux bouteilles. L’étiquette ne me dit rien, je suis fidèle au whisky, le champagne n’a débarqué dans ma vie que depuis que j’ai rejoint cette maison. C’est un vice que je suis presque sûr d’embarquer dans mes bagages lorsque je partirais en direction d’une autre mission. Ou d’un autre pays, je n’ai pas encore décidé de quoi sera fait l’avenir. Je crois que la protection rapprochée ne me procure plus assez d’adrénaline. Surtout quand elle concerne un musicien mégalo incapable d’écrire soit même la moindre note.

Il nous doit bien ça !

A ta santé Richard, ça t’apprendra à traiter tout ton personnel comme de la merde. Tu reprends ton poste d’observation pendant que je m’occupe de libérer les bulles de notre bouteille. Un ploc sonore résonne dans la loge, heureusement couvert par l’envolée des violons. Le liquide doré emplit les verres en cristal qui reposent entre nos deux sièges. Voilà de quoi alléger nos humeurs et la soirée. Mes doigts s’enroulent autour de la coupe mais ta vient vient stopper ma course vers mon ébriété. Je relève la tête vers toi, fronce les sourcils en découvrant ta moue inquiète et tente de capter ton regard à travers le peu de rayons de lumière que les projecteurs veulent bien envoyer dans notre direction. Ma tête se tourne dans la direction que tu indiques et je me lève pour avoir une meilleure vue sur la scène qui se déroule à nos pieds. Les mains appuyés contre la rambarde, j’observe les échanges entre les hommes qui forment un cercle sous nos pieds. Les visages deviennent durs, les bras se lèvent, les corps se rapprochent. Puis le cercle se dissipe et l’homme qui est l’objet de toutes les attentions, Don part s’asseoir au milieu de la salle.

Il est sorti il y a une semaine pour bonne conduite. Enfin, c’est la raison officielle. Il a surtout un très bon avocat.

Ton regard surpris capte le mien et je me contente de hausser les épaules.

Je fais toujours une enquête avant de commencer une mission. Je me renseigne sur mon client et toutes les personnes qui l'entourent. C’est plus facile pour moi ensuite, sur le terrain.

Mon regard revient sur la salle et j’attrape mon téléphone pour joindre Noah qui était face à Don il y a un instant et qui est repartie se poster dans le fond de la salle. Je le vois sortir son téléphone de sa poche, regarder mon nom s’afficher et lever la tête dans ma direction avant de répondre.

Ne quitte pas Don des yeux. Essaye de te rapprocher de lui, tout en restant discret. Soit prêt à intervenir.


Je le vois hocher la tête puis raccrocher. Mieux vaut qu’il ne parle pas pour ne pas attirer l’attention sur lui. Il traverse quelques rangées et s'assoit sur un siège libre au bout d’un rang, près de notre nouvelle cible. Je prend encore quelques minutes pour évaluer la situation mais Don semble calme, ses hommes aussi. J’envoi un message sur le groupe pour demander à tout le monde de rester concentrer et de toujours garder Don dans leur champ de vision. Mieux vaut prévenir que guérir. Quand le calme revient, je m’enfonce de nouveau dans mon fauteuil et avale le contenu de ma coupe. Le champagne n’est sûrement pas une bonne idée mais quelques bulles ne devraient pas impacter mes capacités. Je te montre la salle du menton et accroche ton regard.

Tu l’as déjà rencontré ?

Inutile de te préciser de qui je parle. Après l’entrée en fanfare du frère de Richard, il est difficile de passer à un autre sujet. Je vois bien que tu es nerveux et que ton regard s’est durci. Je dois savoir si lui aussi s’en est déjà pris à toi même si je prends soin de ne pas le formuler directement. J’ai promis d’être plus gentil et on ne pourra pas me reprocher de ne pas faire d’effort. Pour le moment.

@Keith Chamberlain
Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) this is the life EmptyLun 26 Déc - 16:21
Libéré pour bonne conduite. Les ondes provoquées par le choc de voir Don arriver dans la salle, comme s'il était en terrain conquis, empereur tyrannique venant prendre la relève d'un général désavoué, m'empêchent de t'accorder un rictus amusé. S'il y avait bien deux mots que je n'aurais jamais pensé à concéder à Don, c'étaient ceux-là. Il avait toujours été comme son frère ; un petit prince qui assouvissait ses désirs et ses plaisirs sur le dos d'une myriade d'êtres qui oscillaient autour d'eux. Ils étaient les lustres, et tous ceux qui venaient peupler leur vie n'étaient que des ampoules ; et il fallait reconnaître que le courant, trop puissant, trop lourd, trop violent, faisait claquer la lumière très régulièrement. Pourtant, quand mon regard croise le tien, tu ne dois pas y voir l'acidité qui me ronge les tripes et me force à faire de même avec mes ongles ; non, j'ai les yeux et le crâne remplis de questions, de points d'interrogation qui gravitent tout autour de nous sans jamais trouver de réponse, la faute à ce mur de blizzard qui vient se dresser entre nous de temps à autre. Tu ne te confies que très rarement, alors que je t'ouvre un milliard de portes sur les différentes facettes de ton âme ; avec un autre, je me serais vite lassé de ces discours, de l'instabilité des émotions qui coloriaient notre décor. Avec toi, c'était... différent. Il y avait une sorte de système de récompenses, mon corps se gonflant d'hormones à chaque fois que tu me concédais une confidence, du bout des lèvres. Et tes yeux glaciaux ne faisaient que renforcer cet effet ; je n'y voyais passer aucun sentiment, aucun ressenti. Un désert abyssal, le fond des océans et le Sahara côte à côté, dans tes pupilles. Pourtant, je continuais de les guetter, refusant de m'en décrocher, cherchant toujours la première once d'un feeling, le premier quart d'une étincelle qui trahirait que ton coeur battait bien aussi. Que tu n'étais pas juste une statue d'argile, un totem imposant, un colosse, un golem, pas juste cette terrible tempête de neige. Et, pour être honnête, même si j'avais failli perdre espoir à plusieurs reprises, j'avais persisté, persuadé que j'allais bien finir par toucher au but, que j'allais bien finir par déceler d'autres couleurs que ce bleu froid. Ce n'était finalement qu'un échange de bons procédés ; tu m'avais toi-même avoué plusieurs fois avoir constitué un dossier entier sur chacun des habitants de la villa. Ma vie pouvait bien avoir des relents d'amertume, je demeurais néanmoins l'un des principaux personnages de ce roman-là, bras droit du chef de maison, décorateur expert et futur fiancé. Celui qu'on accuse dans les romans d'enquête, ou celui dont on trouve le corps et qui déclenche toute l'intrigue. Et avec l'arrivée de Don, l'enquêteur amateur avait dégoté le parfait second suspect. "Son avocat est aussi le père de son garde du corps. C'est un copain des parents Monroe. Il s'appelle Dominic et..." Je ne termine même pas ma phrase, puisque tu es déjà reparti dans une conversation qui m'échappe avec d'autres statues de cire, plus bas. Une silhouette se dessine dans la fosse aux lions, et, féline, trace son chemin à travers les tapis, les moulures, les costumes hors-de-prix, pour venir prendre place au bout d'une allée.

En même temps, la musique redouble d'intensité, les violons cèdent leur place aux contrebasses, et la ballade prend enfin tout son sens, promenade désespérée au milieu des incendies d'un amoureux transi qui se découvre. Je te quitte des yeux pour les concentrer sur la scène, incapable néanmoins de dresser mes pupilles pour leur empêcher de dévier encore et toujours vers Don et son sourire satisfait. S'il y avait bien un invité surprise inattendu, c'était lui. Richard allait hoqueter, fulminer, puis lui accorder un faux sourire immense. Puis fulminer de nouveau, dans la confidence du foyer, ou, s'il ne parvenait pas à se canaliser avant, directement dans l'habitacle de la berline. Quelques bassons qui viennent rejoindre la mélodie, emportant dans la symphonie langoureuse le rythme cardiaque. Petit clin d'oeil aux premières amours, celles qui agitent les myocardes. La partition entière est une romance, un voyage expérimental jusque dans les coeurs agitées des tourtereaux. C'était une déclaration d'amour entière à Richard, comme j'aurais pu lui adresser un champ de fleurs rosies par le soleil, ou un manuscrit entier rempli de lettres parfumées. J'avais fait le point avec mes sentiments pour les lui offrir dans le plus beau des emballages, celui que je maîtrisais le mieux : la musique. Drôle d'ironie que de constater combien mes sentiments avaient mal vieilli. Aujourd'hui, s'il eut fallu que je lui écrive une nouvelle déclaration, ç'aurait été de guerre, rempli de percussions explosives, de flûtes assassines, parées à la bouche des musiciens comme on apportait un fusil. Une vraie scène de chasse, avec des envolées lyriques rappelant la course effrénée d'une proie et de son prédateur. Et la fin restait encore à rédiger. Il y avait plusieurs possibilités. L'explosion finale, dans un jeu de cordes et de bois. Ou une symphonie fascinante, lancinante, terrible, les regrets qui pleuvent en même temps que les désillusions. Dans toute cette fanfare, je n'avais même pas pensé à l'instrument qui jouerait ton rôle. Impossible de le déterminer pour le moment, puisque tu avais un peu de toutes les sonorités. Je ne connaissais pas une seule note qui puisse parfaitement transposer tes attaques ravageuses et le regret qui venait étreindre tes mains serrées sur tes jambes. Pas non plus une seule ligne musicale qui puisse donner le ton ou la cadence que prenait mon coeur quand ta peau venait enserrer la mienne. Personne n'avait vraiment osé me toucher ces dernières années ; les domestiques glissaient, coulissaient, se tordaient, tout pour éviter mon corps qu'ils savaient dédiés au tortionnaire qui les payait ; les amis, peut-être ceux qui me frôlaient le plus, à renforts de bises ou de poignées de mains, d'éclats de rire et de souvenirs frétillants ; et puis Richard, le seul qui finalement posait ses phalanges sur mon corps, mais jamais à bon escient, jamais dans le but de m'apaiser comme tu l'avais fait. Non, vraiment, tu étais une mélodie à part, curieusement en dissonance avec toutes les autres sans que ça ne me gêne vraiment.

Tu ne me sors de mes pensées que pour me poser une question, ayant sans doute remarqué que j'avais de plus en plus de mal à ne pas laisser mes membres s'agiter dans des tremblements stressés, ou peut-être est-ce plutôt afin que j'arrête de mordiller mes doigts et leurs coques de kératine avant qu'ils ne viennent à nouveau te donner un aperçu de l'obscurité de mes fluides écarlates. Rapide raclement de gorge, tic dont je ne me défaisais décidément pas. Par où commencer... J'avais presque un album photos entier de souvenirs pris avec Don. Il avait eu la même technicité que son frère ; m'attirant dans les mailles de son filet tranchant à grands renforts de sourires, de fausse complicité ; puis, comme Richard, il s'était séparé de toutes les plumes, de toute la douceur du monde, et était devenu plus direct, plus agressif. "Don était un bon pote quand on vivait à New York. On sortait souvent tous les trois, et même à deux quand Richard était occupé. C'est un type intelligent, charismatique et, je suis obligé de le reconnaître, un excellent sportif." Mes mains se joignent, se tordent entre mes jambes, canalisant leur électricité pour éviter qu'elle ne vienne créer de nouveaux orages et faire des victimes collatérales. "Puis il y a eu toutes les accusations. Il est venu s'installer chez nous, pendant le procès." Dans ta chambre d'ailleurs. La bleue était toujours réservée aux invités de marque, symbole de renouveau, d'immensité, de paix. Richard s'en foutait pas mal ; à l'époque, j'étais contraint de dormir avec lui et il me voulait le plus loin possible de son frère. "Don buvait pas mal, se droguait aussi. Richard est parti pour un spectacle, pendant quelques jours. La moitié du personnel avait été congédié, vacances bonus. On était deux la plupart du temps." Ma main frémit rapidement dans l'air, mes phalanges dessinant des mouvements incertains, indéfinis, juste pour expulser quelques étincelles. Je déglutis, ne sachant pas comment achever cette nouvelle confession sans me remplir d'une infinité d'éclairs. "Il pleurait beaucoup. Je l'aimais bien alors j'ai passé pas mal de temps à le conseiller, à essayer de lui changer les idées. Et un soir pendant lequel il avait pas mal bu, il a commencé à me draguer. J'ai vite cassé son jeu, je suis monté me coucher, et il a passé près d'une heure à secouer la poignée, à essayer de casser la porte." Ma langue passe furtivement sur mes lèvres, chassant dans l'air les mauvais souvenirs et les émotions pesantes. "Il s'excusait, pleurait, puis m'insultait, avant de retenter les excuses, les compliments, le flirt. Au bout d'un moment, j'ai appelé la police. Une des plaignantes de son procès m'a demandé de témoigner pour son comportement et j'ai accepté, j'ai tout raconté." Je te quitte des yeux quelques secondes, pour me concentrer sur les dernières notes et la sortie des musiciens, accompagnée par de nombreux applaudissements, dont les miens. La bouteille vient à ma bouche, déverse quelques bulles dorées qui brillent dans les éclats de lumière de la salle. Quelques gorgées, juste de quoi relancer la machine. J'ai déjà la tête qui commence à tourner, mais ce n'est sans doute pas tant l'alcool que le choc de revoir Don. Ma main se pose sur l'accoudoir, l'agrippe, se tordant au passage. Je soupire. "Il va nous emmerder, je le sais d'avance. Si Don est à la maison, tu peux dire adieu aux soirées tranquilles." Et moi avec. "Richard va être insupportable, ça va être une cérémonie de faux-semblants, un festival de reproches sifflés." A demi-mots et dans un énième souffle, je t'adresse une dernière confession, sans doute la plus troublante. "Et je vais avoir du mal à dormir en sachant qu'il sera dans la maison." Je n'observe pas tes réactions, ma jambe reprenant contre mon gré sa course électrique, tandis que j'essuie mes mains moites dans mon pantalon, puis sur mes cuisses, les doigts serrés. Je t'adresse un fin sourire uniquement, comme pour détourner ton attention de mes peurs. Ce n'est pas à toi de les porter sur tes épaules. "Je veux dire que je vais être encore plus chiant. J'espère que tu es prêt à supporter ça." Il ne manquerait plus que les parents Monroe se ramènent, le père alcoolique notoire, agressif et violent, et la mère et tous ses jeux de passif-agressif, tous les bras qu'elle déploie pour enlacer son petit chéri, son chaton. Le pied, de vraies vacances. Nouvelles gorgées, alors que les instruments reviennent sur scène pour le second acte. Ce n'est pourtant pas eux que je regarde, cherchant une miette de tes pensées à travers tes iris. Impossible de les dépecer, impossible d'en tirer la moindre conclusion. Alors je t'adresse un nouveau sourire, comme pour chasser les cauchemars poisseux des prochains jours, me concentrant sur d'autres idées plus positives. Le temps passe vite quand on s'amuse, pas vrai Sören ?

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#  (SÖREN!) this is the life EmptyMar 3 Jan - 16:59
Mon regard traîne sur la scène qui se joue sous nos pieds. J’ai l’impression de me retrouver au milieu d’une partie de Cluedo. Nous avons les personnages hauts en couleurs avec un nouvel invité surprise sur le plateau, les décors de film entre le manoir pittoresque et l’opéra et tout un éventail d’armes probables que nous pouvons étaler devant nous sous forme de bout de plastiques colorés. Ne manque plus que la victime. Que sera retrouvé baignant dans son sang au milieu de la bibliothèque avec une bouteille de Merlot fracassée à ses pieds ? Le compositeur incapable d’écrire une seule note tout seul ? Le futur mari enfermé dans une cage dorée ? Le frère rebelle venu régler ses comptes ? Tant de possibilités, tant de cartes à jouer, tant de scénarios possibles. Mais mon rôle n’est pas de jouer au détective en herbe, mon rôle est de maintenir les protagonistes de cette histoire en vie. Enfin, seulement les deux noms qui sont inscrits sur mon contrat. Le reste… Je ne suis pas responsable des dommages collatéraux. Richard est toujours concentré sur l’orchestre, Don se tient tranquille, ne reste que toi à gérer. Tu peux faire semblant d’écouter les notes que tu as imaginé mais je vois bien que l'arrivée du frère de ton bourreau te perturbe. Ta jambe est repartie dans son propre concerto et si tu continues à ronger ton ongle, il va bientôt falloir t'amputer d’une phalange.

Je regagne mon siège et verse une nouvelle rasade de champagne dans nos verres. Je retiens tout nouveau contact physique, j’ai bien senti tes muscles se contracter sous mes doigts tout à l’heure. Tu te crispe sous mon contact et une partie de moi ne peut s'empêcher d’être vexé de cette réaction. Je prends une seconde pour te sonder, mon regard azuréen glisse sur ton visage, interprétant chaque plie sur ta peau, chaque tressaillement de tes lèvres, chaque mouvement involontaire de tes pupilles. Est-ce que tu as peur de moi ? J’ai l’habitude de mettre les autres mal à l’aise, de provoquer des sentiments négatifs mais après le temps passé ensemble, je pensais que tu avais commencé à me cerner. Pas au point de deviner mon secret mais assez pour savoir qu’il ne fallait pas toujours se fier à la couleur de mes iris. A moins que le problème ne soit Richard, qu’à force d’associer chaque geste de tendresse à une punition, il ait réussi à te programmer pour redouter tous les contacts physiques. Peut-être que c’est un mélange des deux et que le fait que je poste un holster n’aide pas à te mettre en confiance. Je quitte ton visage et retient difficilement un sourire en coin en entendant un soupir s’échapper de tes lèvres. Si tu me crains, ça évitera que des scènes comme celle dans la cuisine ne se reproduisent. Je dois rester concentrer sur ma mission. Tu n’es pas un proche mais un client. Même si parfois les limites se tordent sous nos impulsions, il faut que je le garde en tête.

Ma voix s’élève de nouveau entre nous pour te faire parler de Don. J’ai trouvé pas mal d’informations sur internet mais rien ne vaut les détails vécus par les personnages principaux. Et au moins, ça te fera sortir ton pouce de ta bouche avant que je ne doive m’en occuper moi-même. Mes doigts se crispent sur ma cuisse, je sais que je ne vais pas entendre ce que tu vas me révéler mais c’est moi qui t’ai demandé de me raconter une histoire alors pas moyen de revenir en arrière. Je fais passer tes révélations avec de l’alcool et me tiens le plus tranquille possible pour ne pas te perturber. Statue de cire au regard sérieux, je note mentallement tous les détails qui pourront m’être utiles plus tard. Comme prévu, j’ai envie de descendre pour éclater la tête de Don Monroe. Et ta présence aux côtés de Richard continue d’être un mystère qui s'épaissit de jour en jour. Pourtant, je ne laisse rien paraître. Mon masque est bien en place, pas un muscle de mon visage ne tressaute. Je hoche doucement la tête et tourne la tête vers toi seulement quand ta tentative d’humour vient s’échouer sur l’accoudoir entre nous.
La retenue. On me l’a apprise à l’armée, je l’ai perfectionné toute ma vie. Mais toi, avec tes percussions bruyantes et tes vibratos qui s'insinuent jusqu’au plus profond de mes entrailles, tu me donnes envie de tout envoyer balader et de revenir le Sören adolescent qui se foutait de tout et surtout de tout le monde. Peu importe les conséquences, peu importe le… Et merde ! Je me tourne vers toi, plaque ma main gauche sur ton putain de genoux pour lui faire arrêter sa course avant de me rendre complètement fou et attrape ton visage de ma main droite. Mon regard trouve le tien, nos visages sont tellement proches que nos nez pourraient presque se toucher.

Tu me rends dingue Keith, arrête de bouger.

J’ai baissé la voix pour ne pas attirer l’attention des spectateurs, précaution inutiles car tous les regards sont braqués sur Richard qui se pavane sur le devant de la scène. J’expire doucement, faisant redescendre ma fréquence cardiaque mais je ne change pas de position. Il faut que tu te concentres sur ce que je vais te dire parce que ça me coûte de le faire alors je ne me répéterai pas.

Tu ne risques rien. Tant que je suis là, tu ne risques rien.

Je prends le temps de choisir mes prochains mots. C’est notre nouveau deal, je dois faire attention à mes formulations. Alors je prends quelques secondes pour réfléchir à comment formuler mes idées sans passer pour un connard prétentieux.

Tu sais ce que je pense de ta présence dans cette maison, on ne va pas revenir dessus. Je peux t’exfiltrer vers un hôtel pour des raisons de sécurité mais si tu veux rester alors il va falloir te contrôler mieux que ça. Si ça dérape, on a un nom de code, tu te souviens ? Tu as mon numéro de téléphone et je peux surveiller tes arrières pendant la nuit.

Je déplace légèrement ma main droite pour la placer sous ton menton et relever ton visage.

T’es plus seul, Keith.

Je romps notre contact visuel et relâche les parties de ton corps qui était en contact avec le mien. Une tension s’est installée dans la petite loge, le genre de malaise qui me fait détester les êtres humains. Nos regards s’évitent et je me lève pour échapper à ces non-dits qui planent comme des spectres translucides autour de nous. Je me racle la gorge, réajuste mon armes et me dirige vers la sortie.

Je vais aller vérifier que tout est ok. Ne vide pas les bouteilles sans moi.

Je n’ai reçu aucune alerte sur mon téléphone alors je sais déjà que tout va bien. Don n’a pas quitté sa place, les hommes semblent se presser jusqu’à lui pour glisser un mot à l’objet de toutes les attentions. Quant à Richard, il doit être dans sa loge derrière la scène. Je fais quand même une ronde de sûreté. Et si sur mon chemin, je tombe sur le barman de tout à l’heure, il n’est pas impossible que je me serve de lui pour me faire retomber la tension avant que les lumières ne s'éteignent de nouveau.


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