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 (SÖREN!) this is the life

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Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) this is the life - Page 2 EmptyMar 3 Jan - 20:45
Drôles de remous que ceux qui viennent faire bouillir mon sang, mon crâne, ma chair, créer d'étranges idées, bulles de feu qui viennent éclater à la surface, faisant s'agiter jambes et poignets sans que je ne puisse récupérer le contrôle sur cette chorégraphie angoissée. Mes épaules s'affaissent quand mes phalanges reviennent jouer leur mélodie sur l'accoudoir entre nous. Mon regard te fuit, instinctivement, par peur de trouver dans le tien une colère sourde, de la pitié sauvage ou tout autre sentiment aiguisé qui viendrait se coincer dans ma veste pour mieux me déchirer la peau. Mes derniers mots viennent épouser le rivage de ton visage en une dernière écume. Ils s'échouent et je ne décroche rien, pas un sourire, pas un soupçon de réaction sur tes joues. Juste la froideur extrême, cette glace mordante qui me pique et me force à me ravitailler en alcool. Comme si les vapes liquorées constituaient le seul et unique remède capable de faire fondre ces foutues banquises. Et comme toujours, je fais un pas, tu recules de deux. La suite logique serait que tu me pousses dans le vide avant de me rattraper de justesse, comme tu l'as fait à chaque fois depuis que tu es entré dans ma - nôtre ? - vie. Drôle de kermesse que tous ces manèges sur lesquels tu m'entraînes - et si je suis entièrement honnête, je sais que je te tourmentes aussi, les cernes sous tes yeux trahissent ta fatigue liée à l'autre nuit. Quand tu aurais pu me laisser me vider de mon sang dans l'entrée, quand tu aurais pu me laisser me vider de mon chagrin dans l'alcool, quand tu aurais pu me laisser me vider la tête dans la cuisine. Mais non, par trois fois tu t'es mis entre moi et les potentiels dangers ; et même si ta mâchoire tressaute dès que j'ose une remarque ou une question un peu plus intime, je sais que tu le referais une quatrième fois.

Pourtant, il y a cette distance entre nous, ces cent milles kilomètres que je dévale avant de rebrousser chemin, perdu dans le dédale de tes iris. Chaque contact physique me fait avancer d'un hectare, mais chaque remarque acidulée me fait revenir au point de départ. Et puis, je ne sais même pas ce qu'il y a au bout de la route. Pas pire que ce qu'il y a derrière, en tout cas. Un long rouleau de bitume vaut mieux que tous les déserts du monde ; là, au moins, le sable ne me couvre pas de bleus, le vent ne vient pas me brûler la peau à coups de dents, et les dunes ne sont pas le mirage d'un million de prisons. J'imagine tes yeux farfouillant en même temps que moi la foule, volant au passage quelques bouts de tissus, noeuds papillons bordeaux, vestes noires, dentelle rouge. Pas assez pour m'en faire une tenue, pas assez non plus pour décorer le bouclier que j'ai projeté tout autour de moi pour laisser s'échapper mes mots en protégeant enveloppe et organes de toutes les attaques extérieures. Comme si je courais déjà sur le béton, mon genou continue de marteler ce rythme incessant. Poum, poum, poum. Poum. En boucle. Mon stress ne fait qu'augmenter à chaque mouvement, là où mes années sur la scène de la Juilliard m'avait appris à mettre de côté les émotions en les envoyant valser dans les airs, sortes de halos magnétiques et électriques qui viendraient faire court-circuiter les tentatives du monde entier de me mettre K.O. sous le poids du trac. Ça avait toujours marché. J'avais toujours fait valdinguer de nano-sentiments. Orages, cyclones, tempêtes, avaient secoué les rideaux des scènes, les touches des pianos, les cordes des bois. Mais à l'époque je n'étais qu'une alerte jaune. Aujourd'hui, les bronzages bleutés de ma peau trahissaient que j'étais passé au rouge depuis pas mal de temps. Et l'arrivée de Don compliquait encore tout. Comment faire semblant que tout va bien quand on sait qu'il y a au moins deux prédateurs qui rôdent autour de moi, jour et nuit, nuit et jour ? Je tente de contrôler mon palpitant, de reprendre le contrôle sur ma respiration, mais j'abandonne vite face aux pulsations qui font trembler mon torse. Alors, entre deux expirations, je pioche savamment dans ma bouteille, jusqu'à la vider complètement. Je manque tourner la tête vers toi, yeux de chats suppliants, pour te dérober le fruit alcoolisé, pêché vital s'il en était un, de cette soirée pleine de surprises. Mais tu me devances, après un silence lourd, pesant.

En un mouvement brusque, tu agrippes à nouveau ma jambe, qui refuse de se laisser faire dans les premières secondes, entamant un rodéo avec tes phalanges crispées. Puis tu abats ta carte, remporte la partie ; ta seconde main vient encercler mon visage, l'approchant plus que de raison du tien, alors que dans un souffle je m'attends à ce que tu me brûles, à ce que tu m'immoles. Rien de tout ça, pourtant. Mais au moins tu as réussi ; je suis tellement figé que tous mes muscles ont cessé de fonctionner. Calme, Keith, calme. Impossible. Pas avec cette proximité, pas quand tu as mon visage contre ta paume. Pas quand tu peux en un seul soupir me pulvériser ou me donner grâce. C'est trop proche, trop dangereux, trop... Mes yeux cherchent une échappatoire, fouillent les rideaux, les colonnes grecques, tout le marbre du monde, toutes les couleurs du plafond. Puis tu ouvres la bouche et ils se verrouillent dans les tiens, alors que mon épaule meurt d'envie de se dégager pour me jeter au milieu de la foule, prendre mon élan et m'enfuir. Ta voix est plus basse, et tu me confies quelques mots qui font dysfonctionner mon système entier. Un silence, alors que je demeure fixe, transformé en pierre par une armée de Méduses. Pas besoin de leurs radeaux, tu m'offrais une bouée qui calmait tout, une seule phrase qui, caresse suprême, bouclier cognitif, armure dévastatrice, me fit l'effet d'un défibrillateur. J'aurais aimé crier au diable la peur, l'envoyer danser dans les sept cercles de l'Enfer. Mais je demeurais toujours incapable de balbutier la moindre lettre de l'alphabet, affable, explosé. Tes phrases suivantes glissent le long de ma tête sans vraiment rentrer dans mes tympans. J'entends chaque syllabe, devine les trésors d'efforts que tu déploies pour juste m'accorder ces reliques précieuses. Ma main se contracte sous la tienne, griffe rapidement l'accoudoir, peut-être un peu ta peau aussi ; hypersensibilité exacerbée, je ne sais plus ce qui est épiderme de ce qui est tissu, je ne sais plus ce qui est vrai dans ce que tu dis, et surtout je me persuade que plus jamais une émotion ne me fera cet effet-là. Comme si c'était un sortilège, une locution latine attendue depuis des millénaires, brisant les sceaux et les chaînes. De la pure magie. Mon visage se décrispe, mes cils manquent frapper les tiens. Tes doigts glissent dans mon cou, me font redresser la tête. Définitivement pas le moment de pleurer, c'est un coup à ce que tu fasses rentrer les larmes d'où elles viennent du bout des doigts. Faible sourire à cette pensée.

Quand tu nous détaches, mes yeux peinent à se refaire au monde, eux qui se sont dévoués à ton visage et à ta bouche pendant près d'une minute. La minute la plus longue de l'histoire. Celle qui m'a vu faire près de trois cent malaises à l'intérieur, et subir tout autant de bugs systèmes. Nos iris se décrochent les derniers, petites ampoules dans l'obscurité ambiante. Et l'univers se recrée, comme si rien ne s'était passé. Morceau après morceau, teinte après teinte, je redécouvre le décor pendant que tu t'extirpes du balcon dans un chuchotement rauque. Je reste assis, toujours plus penché vers ton siège que vers le mur voisin. Qu'est-ce qui vient de se passer exactement ? Pas un instrument qui ne râle sur scène ; pas un musicien dont les doigts viennent livrer à l'univers les secrets mélodiques d'une partition. Juste moi, seul, sur le balcon, ta bouteille trop pleine et la mienne trop vide. Et ce bouillon d'émotions. Ces bulles qui éclatent. La chaleur. L'impression d'avoir mis la main sur les flammes, alors que mon coeur reprend son rythme hippique. Plein galop quand mon bras se délie, attrape ta bouteille. Je n'essuie même pas le goulot, trop affamé du tournis dans ma tête ; et en quelques secondes seulement ta bouteille rejoint la mienne sur le sol. Je me relève difficilement, mes jambes toujours sous le choc. Pas un chariot dans le couloir, et des bruits lointains tout autour. Rien de concret. Je ferme les yeux une seconde. Trébuche sur le tapis. Le silence, brusque. Mon coeur rate un battement. Je me rattrape à la rampe, manquant la chute dans la fosse, plus bas. Je secoue la tête. Pas le moment, Kiss, pas le moment. Ma marche est plus affirmée quand je descends le long escalier tapissé. Arrivé dans le hall, c'est le brouhaha, les groupes qui hurlent leurs pensées, ces dernières résonnant dans mon crâne. Je dois m'enfuir, vite, quitter l'orchestre de voix qui chantent une mélodie funèbre entre deux fous rires mondains. Je cherche une issue autour de moi. Pas un corps que je ne reconnaisse ; puis mon regard se pose. Bref échange d'iris. Et il s'approche. Don. Sans trop réfléchir, je recule, brise notre eye contact en même temps qu'une posture à deux, renversant humain sculpté après humain sculpté, argile après pâte à sel. Je ne ralentis que lorsque je suis dehors. Une grande bouffée d'air frais. Et un virage sur la gauche, puis un sur la droite. A l'abri d'un bâtiment et de son ombre. Indétectable. Une volute de fumée dans la nuit. Je ne me souviens même pas avoir allumé une cigarette, et pourtant je fume. Les yeux fermés, à nouveau, paupières trop lourdes pour supporter de nouvelles lumières, oreilles bouchées pour échapper aux sons qui retentissent, mélange de bruits urbains et de plaintes luxueuses. Le tabac me brûle les lèvres et avant que je ne m'en rende compte j'ai fini par brûler le filtre. Je laisse mon dos s'écrouler contre le mur de briques, derrière moi. Bien debout, je reste là quelques instants, sans doute trop longtemps, à essayer de vider ma tête de tout ce farfouillis d'hypersensibilité. A essayer de calmer mon coeur, décidément bien malmené ces derniers temps. Et mon torse gonfle, puis se vide de son air, au fur et à mesure que mon sourire se redessine. Depuis combien d'années personne n'avait réussi à toucher mon âme, exactement ?

@Sören Lindberg
Sören Lindberg
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Sören Lindberg
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#  (SÖREN!) this is the life - Page 2 EmptyMer 4 Jan - 10:55
La porte de la loge se referme derrière moi et mon dos vient s’appuyer contre le bois sculpté. Tout respire le luxe ici, les boiseries travaillées à la main, les tentures lourdes en velours, les éclats dorés qui s’étalent sur les murs. Tout me crie que ce monde n’est pas le mien, que je n’ai rien à faire là. Et le bruit d’une bouteille qui tombe sur l’épaisse moquette derrière moi confirme ce sentiment. Je suis en train de perdre le contrôle. Ça ne m’est jamais arrivé. Je n’en ai jamais sentie le besoin. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris, pourquoi j’ai senti ce besoin de protection monter en moi. Je devrais te détester pour ta faiblesse, repousser ton regard presque suppliant par moment, redouter ces instants où tu fais tomber tes barrières pour me laisser accéder à cette vérité qui me terrifie. Il aurait été plus simple que notre relation reste cordiale, professionnelle. Qu’on ne se supporte pas, que je suis juste une plante verte dans un coin de votre salon. Mais il a fallu qu’on dépasse toutes les limites dès le premier soir et voilà où nous en sommes maintenant. Je ne veux pas prendre le risque que tu me vois dans le couloir, cela pourrait te révéler des informations que je tiens à garder secrètes. Mes mains sur toi étaient un geste complètement déplacé. Ça ne se reproduira pas. Je ne veux pas que tu penses le contraire, j’ai mis mon humanité en sourdine il y a bien longtemps pour pouvoir survivre dans ce monde. Débrancher mon cerveau, obéir aux ordres, utiliser mon corps comme une arme, voilà ce que je sais faire, ce qui convient à quelqu’un comme moi. Si je laisse d’autres choses entrer en ligne de compte, c’est la catastrophe. J’en ai fait les frais durant mon adolescence avant que l’armée ne me remette dans le droit chemin.

Profonde inspiration, mes poumons s’emplissent d’air et pourtant, j’ai toujours l’impression d’étouffer. Il faut que je bouge, que je fasse quelque chose pour distraire mon cerveau, l'empêcher de se focaliser sur la main que j’ai posée sur ta jambe, sur celle qui a serti ton visage. Mes jambes m’entraînent au rez -de -chaussée, je suis sur pilote automatique. L’entracte a donné le top départ pour la ruée vers le bar. J’aperçois du coin de l'œil le fameux barman qui aurait pu me soulager de la pression accumulée, il est bien occupé à remplir des coupes de bonheur doré. Dommage. Je fais le point avec mes hommes, ajuste la stratégie en fonction de notre nouveau joueur. Mais ils sont expérimentés et savent très bien gérer ce genre de situation. Je les ai choisi pour ça, ils font partie des meilleurs éléments de l’agence. Le brief est rapide et bien trop vite, je me retrouve de nouveau au pied du grand escalier. Les discussions et les rires créent un brouhaha assourdissant. Je me suis battu un nombre incalculable de fois dans ma vie et pourtant, je n’ai jamais redouté autant un combat que celui que je m'apprête à mener. Je dois mettre les choses au clair avec toi, tant pis pour ma promesse de mettre les formes. Je n’ai pas envie de te blesser, ni de provoquer une nouvelle fois le reflet humide dans tes yeux qui me donnent envie de tout envoyer balader. Mais je ne peux pas laisser la situation déraper, j’ai encore quelques semaines de mission et un malaise entre nous pourrait tous nous mettre en danger.

Je remonte l’escalier en supervisant la salle du regard. Les sorties de secours sont accessibles, les fenêtres repérées en cas de besoin et mes hommes collent leur colis au plus près. Je suis presque étonné que la soirée se passe aussi bien, j’aurai imaginé des coups d’éclat pour donner du peps à tous ces faux semblants. Je longe les longs couloirs qui desservent les loges en répétant les points que je veux aborder avec toi dans ma tête, salue d’un geste de tête les serveurs que je croisent sur mon passage. Je suis de nouveau concentré et n’hésite pas une seule seconde avant d’ouvrir la porte dans un élan de courage.

Keith, je…

Mais je suis stoppé dans ma déclaration en constatant que ton siège n’est plus occupé. Regard circulaire, mâchoire qui se contracte, pupilles qui se voilent de rouge. Tu n’es plus là. Soit tu as décidé d’aller faire un tour alors que tu sais très bien que c’est formellement interdit, soit on t’as tiré de ta loge et tu es potentiellement en danger. Dans les deux cas, tu aurais dû m’attendre ou au moins me signaler ton mouvement. Je n’ai pas besoin de vérifier mon téléphone pour savoir qu’aucun message de ta part ne m’attends.

Putain !

Mon éclat de voix attire quelques regards curieux mais mon regard de tueur les dissuade de s’attarder. J’espère pour toi que tu es en danger parce que si ce n’est pas le cas, je risque de te mettre moi-même dans une situation compliquée. Je sors mon téléphone de ma poche, lancer une application dont le logo est un simple carré noir et cherche un point vert sur la carte. Le rond clignote dans l'arrière-cour de l’opéra. Lors de ta première fuite dans les jardins, j’ai installé une application espion sur ton téléphone pour pouvoir te suivre. Je savais qu’elle me serait utile un jour ou l’autre, que ton besoin de bafouer mes règles serait plus fort que la crainte que je t’inspire. Je range rageusement mon mobile dans la poche de mon pantalon et part te récupérer. Les tapis écarlates défilent sous mes chaussures et c’est un sourire carnassier qui éclot sur mon visage. Je vais te passer l’envie de me défier et tant pis si ça me vaut des jours entiers de silence. Au lieu d’arriver frontalement sur toi, je fais un détour par les cuisines et utilise une porte dérobée destinée aux livraisons. Le mur de brique que je longe cache ma présence et me permet de me rapprocher de ta silhouette sans émettre le moindre son. Des années d’entraînement à me transformer en chasseur et ce soir, c’est toi ma proie.

J’attends que ton mégot s’écrase sur le sol puis profite de ton léger mouvement vers la gauche pour fondre sur toi. Tu me tournes légèrement le dos mais ça me suffit pour t’enserrer d’un de mes bras et plaquer mon autre main sur ta bouche. Je te maîtrise, ne permet plus à ton corps d’esquisser le moindre mouvement. Tu n’as pas eu le temps d’apercevoir mon visage, je pourrais être n’importe qui. Richard, Don, l’auteur des lettres ou juste un détraqué qui passait dans le coin. Je te tire en arrière sans ménagement pour utiliser le mur pour dissimuler notre présence aux employés qui pourraient venir fumer à leur tour. Je garde le silence pour laisser ton imagination faire le plus gros du travail. Je veux que tu te souviennes de cette sensation de terreur, qu’elle s’imprime dans ta chair pour t'empêcher de commettre une nouvelle fois cette connerie. Tu te débats sous mes muscles mais tu n’es pas assez fort, ni assez entraîné pour me faire lâcher prise. J’aurais pu pousser le jeu plus loin et plaquer une lame sur la peau fine de ta gorge mais les gémissements qui glissent entre mes doigts font reculer ma colère. Ma bouche s’approche de ton oreille pour pouvoir murmurer des mots qui vont pourtant résonner comme un hurlement dans ton crâne.

Il me faudrait moins de cinq secondes pour te tuer. Je pourrais être n’importe qui, cette soirée aurait pu être la dernière. Ne me désobéis plus, Keith. Plus jamais.

Maintenant que tu sais qui est ton bourreau, je relache ton visage puis ton corps et recule rapidement, anticipant le fait que tu vas te débattre comme un diable. Cette leçon est sûrement cruelle mais nécessaire. Je ne supporte pas que tu te mettes en danger, que tu traites mes ordres comme des blagues. La situation est grave et je veux que tu en prennes conscience. Je peux être ton allié autant que ton pire ennemi, Keith. Ce genre de jeu de pouvoir se joue à deux.

@Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) this is the life - Page 2 EmptyMer 4 Jan - 12:25
Paysage de briques et d’obscurité, les bruits sont forts et mon cœur bat à tout rompre. Cavalcade d’étalons incontrôlables, alors que ma main tient en tremblant les vestiges de la cigarette, tandis que la petite flaque d’eau à mes pieds accueille en un bruit de fumée écrasée les quelques brins incandescents de tabac qui viennent s’y jeter, portés par le vent et le cliquetis ininterrompu de mes phalanges sur le filtre. Même le grésillement des lampadaires se répercute dans ma tête, en des vagues d’ondes sonores, m’arrachant quelques grimaces. A cinq mètres, un couple passe sur le trottoir, j’entends ses talons à elle et ses compliments à lui. Partis pendant l’entracte, l’ayant peut être confondu avec le tirer de rideau final. Pourtant ce ne sont pas des lourds rubans de tissus qui viennent se jeter devant moi, mais bien des petites tâches de lumière, alors que j’entends mon palpitant jusque dans le creux de mes oreilles, percussions infimes qui deviennent échos terrifiants, angoissants. Pas le moment, Keith, je me le répète encore une fois. Tu as beaucoup trop bu ce soir. La bouteille de Sören était la lame finale. Celle qui me lacère le cerveau, qui fait se jouer cet orchestre de mes cinq sens exorbités, le goût âpre dans la bouche, le bout des doigts sensible comme jamais, l’odorat qui révèle le gasoil et l’humidité, quand la vue est celle qui souffre le plus, combinée à l’ouïe, zébrures lancinantes de sons et de visions. Ma main libre se porte à mon front, m’évitant les effluves de tabac froid. Rapide massage des tempes. Je n’ai pas d’issue positive à cette soirée ; je pourrais bien attendre la fin, m’en réjouir d’avance en tentant de contrôler le tempo de mes jambes pour échapper à un nouveau contact physique avec toi. Mais dès que la voiture serait en route vers la maison, de nouvelles horreurs se manifesteraient. Déjà, le bonheur de Richard, sur sa soirée réussie, son passe-partout en forme de mélodies savamment élaborées pour lui et lui seul. Le voir sourire m’était devenu insupportable, comme si la vie m’imposait toujours ce cruel miroir, lui et sa joie exacerbée quand je me complaisais dans cette prison qu’il m’imposait. Et puis il y avait Don. Les nuits difficiles à venir, à vérifier trois fois la serrure de la porte, à y laisser giser la belle clef ronde. Pour m’assurer qu’il ne viendrait pas me dérober des bras de Morphée, comme il l’avait tenté il y a des années, comme il l’avait fait avec d’autres, plus battantes, sans doute plus courageuses aussi. Les cauchemars à venir, enfin. Toutes les images fantasques que mon cerveau allait élaborer, comme si j’étais sous pilules colorées, toutes ces nouvelles scènes déchirantes qui allaient troubler mon sommeil et étirer un peu plus la cape bleutée sous mes cils.

Je reste perdu dans mes pensées, appuyé le long des briques, sans vraiment faire attention au monde qui m’entoure, et un soupir m’échappe. En évitant les éclipses urbaines, je me distancie des musiques de la ville, les klaxons, les pas sur la route, les lampadaires, les portes qui claquent et les volets qui se ferment. Je ferme les yeux, et j’inspire. L’entracte devrait prendre fin dans quelques minutes. Retour sur mon siège, à écouter mes propres sonorités. En elles, au moins, je retrouvais un semblant d’apaisement. Le noir enveloppe mes yeux quelques secondes, me berce et chasse au loin ma tête qui tourne. J’expire. Mon rythme cardiaque peine à revenir à la normale, mais au moins mon crâne me semble moins lourd. J’ai toujours été le pantin de mes émotions, elles qui prennent le pas sur chaque phrase, chaque geste. Mais l’alcool est un peu trop présent ces derniers temps, et loin de les repousser, il les attire toujours plus près et toujours plus fort. Je n’ai pas le temps de rouvrir les yeux ni de lancer un nouveau cycle de respiration, puisqu’un souffle dans mon cou me glace le sang. Pas le temps de me retourner non plus ; une main se braque sur mon torse, affole mon myocarde, et une seconde main vient bloquer mes cris surpris. Je me débats, avant que la charge sur mon corps ne redouble, ne me braque complètement contre l’inconnu. Mes coudes sont les premiers à tenter de se dégager, tapant dans le torse derrière moi ; sans effet, malgré les impulsions et la puissance des mouvements. J’essaie de sortir les dents, de mordre la peau, de quoi me donner une seconde pour m’échapper, chopper un taxi ou disparaître dans la foule, fantôme perdu parmi les monstres de la ville. A nouveau, c’est un échec ; mes cris se transforment en appels à l’aide, alors que je me surprends à faire rouler ton prénom sur mes lèvres, persuadé que tu es la seule échappatoire possible pour me distancer de l’agresseur. Je n’ai même pas le temps de me questionner sur son identité, juste une succession de prénom qui dansent devant mes yeux ; ça ne peut pas être Richard, il est toujours à l’intérieur, à pavaner devant les beaux instruments. Don ? Un tel coup d’éclat lui ressemblerait bien. Mais si tôt ? Sinon qui ? Le mec aux lettres, ce corbeau au bec aiguisé ? Il s’est trompé de musicien. Le souffle s’intensifie dans mes tympans. Et mes yeux s’agrandissent.

Quand tu me relâches, je fulmine et une parade entière de mots défile sur mes lèvres en silence. Des insultes, principalement, comme si elles pouvaient me libérer de l’incessant bruit de mon cœur dans mes oreilles, sous mes tempes, à l’arrière de mon crâne, partout. Pourtant, quand je lève les yeux vers toi, je ne parviens pas à accrocher tes iris. Je reste en dessous, sur tes joues, n’osant pas te regarder frontalement, à la fois blessé et sous le choc. Je contiens de nouvelles larmes ; le seul point positif que je te reconnaîtrais est que tu m’as sevré de l’alcool en un quart de seconde. "Tu n'aurais pas dû te retenir, si tu en crèves autant d'envie." J’ai des flammes qui dansent devant les yeux, embrasent mon visage et menacent de venir te calciner. Je ne fais peut-être pas le poids physiquement, mais je sais où taper pour que ça fasse mal, du bout des lèvres. Tu pourras te murer derrière une infinité de boucliers, jouer les durs, je sais pertinemment que je pourrais te blesser si je le voulais, Sören. Mon corps se gonfle d’air, et quand je l’expire, s’en vont avec lui quelques braises et le flot des émotions que, curieusement, je parviens à contrôler pendant quelques secondes. "Je ne suis pas ton toutou. Si je veux fumer, je fume. Et comme on n'a plus le droit de fumer en intérieur..." Je me retiens d’ajouter que je n’ai pas une seule seconde songé que cela pourrait t’éprouver jusqu’à te pousser à me terroriser de la sorte. J’ai l’impression d’être revenu quelques soirées en arrière, quand déjà j’avais envie de te répondre et d’imposer un peu plus ma voix. A ceci près que cette fois-ci, tu ne t’es pas contenté de me porter dans le salon à bout de bras ; tu as choisi quelque chose de plus spectaculaire et de définitivement beaucoup plus violent. Ma colère s’apaise assez rapidement, pour la première fois. J’espère que le soleil du matin n’amènera pas avec lui des rancœurs assassines. Je fais quelques pas en avant, je me penche pour ramasser le mégot qui est tombé quand tu t'es jeté sur moi. Je le dépose dans une poubelle voisine, puis je reprends ma route, sans vérifier si tu me suis.

Sur la route du retour, jusque sur les marches de l'opéra, je reste silencieux, mutique. Je ne comprends pas vraiment les sentiments qui m'étreignent. D'un côté, je reste sous le choc, ce qui explique mon silence. Je n'ai pas envie de te parler pour l'instant. Et les carrosses enflammés de ma fureur se sont évaporés sous la pression des troubles à répétition que tu m'as imposés. Je n'arrive pas à te détester, malgré tous tes efforts. Dans le hall, et contre toute raison, je franchis les quelques spectateurs qui vident leurs coupes, et commande une unique bouteille de champagne. Billets échangés contre bulles dorées, je rejoins le balcon, posant ma veste sur le siège du milieu pour prendre un peu de distance avec toi. Si je dois être en colère ce soir, autant que je ne sois pas à portée de tes mains. S'il y a bien une chose à tirer de tout ça, c'est que tu t'en fiches pas mal des souffrances que tu fais endurer aux autres. Le portrait reste le même, et pourtant je ne parviens plus à le regarder en face. Complètement fermé, mes yeux se figent sur la scène, en bas, et la bouteille revient réchauffer ma peau à chaque gorgée alcoolisée. En silence, toujours. Et même si je t'en veux de t'être joué de moi, même si mon corps entier reste tremblant, même si l'alcool n'est pas une bonne idée, je laisse échapper un seul murmure liquoré. "Je crois que ça reprend." Les bois reprennent leur litanie alors que je vide la bouteille en un temps record. Je n’ose même pas pencher la tête pour vérifier si ton corps est affalé vers le mien, pour voir les ballets qui pourraient se dessiner sur ton visage, sur chacun de ces détails qui s’empourprent derrière mes pupilles alors même que j’essaie de les oublier. Même les flammes que le champagne attise en moi ne parviennent pas à ébranler la froideur de mon regard, ou à faire cesser les vibrations de mes os et de ma peau. J'ai terriblement froid et je me sens mal. Finalement, la meilleure solution reste le retour à la maison. A nouveau, tu as saccagé les bribes enjolivées de la soirée. Celles qui constituaient la fondation de mon sourire, qui m'empêchaient de craquer. A nouveau je sombre en mer, navire perdu entre des vagues d'alcool et d'émotions, et à nouveau je ferme les yeux, le temps de calmer mon cœur, qui ne demande lui aussi qu'à s'échapper. Derrière mes paupières, je lutte quelques instants, tourmenté entre l’envie de faire taire les tempêtes dans mes entrailles et dans mon psyché en t’imposant des phrases incisives, un combat sans doute perdu d’avance puisque mon cerveau chante une mélodie suave me poussant à rester silencieux. Alors je tranche ; plutôt que de te blesser à mon tour, je préfère me terrer dans le fond de mon siège, le manteau récupéré au vestiaire contre mon menton, mes yeux étant les seuls à émerger de ce typhon, vaguement humides, concentrés sur tout ce qui pourrait me faire oublier l’épée douloureuse, humiliante, qui me renvoie cette plaie de trahison, alors même que mes doigts peinent à rester immobiles, rêvent de pouvoir jongler sur ma peau pour pouvoir évacuer quelques étincelles terrifiées. La musique en fond ne devient que la bande son d’une nouvelle séance de Keith abattu, de Keith endommagé, de Keith endolori qui ne rêve que de retrouver son lit.

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#  (SÖREN!) this is the life - Page 2 EmptyMer 4 Jan - 16:27
J’ai abusé, j’ai été trop loin, j’ai pris les quelques grains de confiance que tu avais placé au creux de ma main et j’ai soufflé dessus pour les disperser dans cette ruelle obscure. Je le sais. Non pas que j’éprouve le moindre remords ou que quelque chose me vrille assez le ventre pour me faire comprendre que j’ai déconné - c’est comme ça que ça marche chez les humains, non ? Mais je peux sentir la colère pulser de tout ton corps et me frapper à intervalle régulier. Tu n’oses plus lever le regard vers moi, croiser nos pupilles même le temps d’un éclair. Tu t'enfermes dans une bulle d’acier où je n’ai même plus un droit de regard. La muraille est de retour entre nous, retour à la case départ. Pas le temps de passer par la banque et de récolter le jackpot, tes jambes se remettent en mouvement et file à travers les lieux. Je voudrais t’arrêter, agripper ton bras et t’expliquer que si je t’ai fait peur c’est pour te faire comprendre que j’ai été embauché pour une bonne raison. Quand j’ai ouvert la porte de la loge et qu’elle était vide, j’ai imaginé les pires scénarios. Non pas parce que je suis quelqu’un d’anxieux ou parano mais parce que j’ai vécu ces scénarios. J’ai vu plus de morts dans ma vie que tu n’en verras sur un écran de cinéma. Je sais qu’il suffit d’une seconde d'inattention pour faire basculer une vie et bordel, tu es le champion pour te mettre dans des situations dangereuses sans même t’en rendre compte. Tu brandis le drapeau de la liberté à la moindre occasion, piétine toutes mes règles, m’envoie à la gueule mes mises en garde. C’est moche ce que j’ai fais, j’ai pu lire la terreur sur tes traits mais c’était nécessaire. Je dois te protéger. C’est mon rôle. Tu… C’est de ta faute tout ça ! Tu mets le bordel dans ma tête. Tu es un client, je suis ton garde du corps. Point. Il faut que je me reprenne. Stop les soirées comme si j’étais autre chose qu’un professionnel, stop les confessions, les taquineries et surtout, stop les bouteilles partagées. Ça doit cesser. Et ça doit cesser maintenant.

Je te laisse un peu d’avance et suis tes pas dans le hall qui se vide déjà des spectateurs. Tu attires les regards et je me crispe malgré moi. Je suis prêt à intervenir aux moindres signes suspects. Je balaye la salle du regard, suis ton rythme même si tu ne m’offres que ton dos. Pas un regard en arrière, ni quand tu grimpes les escaliers, ni quand tu reprends ta place dans la loge. Je n’ai le droit qu’à un silence pesant. Ta veste occupe le siège qui m’était réservé il y a encore une demi heure et je lève les yeux au ciel face au message peu subtile que tu m'envoies. Je ne suis plus admis dans ton espace personnel, message reçu. De toute façon, c’est ce que je voulais, non ? Retrouver nos statuts, ne plus dépasser les limites, ne pas complètement foirer ma mission parce que j’aurais accordé un peu trop d’importance à une seule personne. Je serre les dents pour retenir la remarque acerbe qui me brûle la langue. Ma mâchoire est tellement contractée que je pourrais presque sentir l'émail de mes dents s’effriter. Je referme la porte et décide d’adopter la position que j’aurais dû tenir depuis le début. Debout à côté de la porte, les bras croisés dans le dos. Une allure de professionnelle, prêt à intervenir. Je te jette des coups d’oeil discret de temps en temps et fronce les sourcils en te voyant vider une nouvelle bouteille de champagne. Mais encore une fois, je retiens mon commentaire. Je n’ai pas à me mêler de ta vie, je ne suis pas un ami ou un proche. J’assure ta sécurité, c’est tout. Même ta remarque ne m’arrache pas de son. Je me contente de hocher la tête et d’écouter l’orchestre se remettre en marche. Sans tes explications, ce n’est que des instruments qui jouent ensemble. Je n’ai plus le décodeur pour me faire suivre la symphonie, j’attrape des notes au vent sans pour autant parvenir à les assembler. J’écoute de loin mais mon esprit est ailleurs. Tu es agaçant quand tu te laisses porter par des envolées lyriques, quand tes doigts s’élèvent dans des gestes incohérents, quand ta jambe bat le tempo aussi violemment que les percussions. Mais ton silence est encore pire je crois. Il me crispe. Mais je suis têtu, je ne regrette pas ma mise en scène de tout à l’heure. C’était nécessaire, tant pis si j’ai heurté ta sensibilité. Tu es en vie et c’est le principal. Tu peux bien me détester, ce n’est pas mon problème.

La deuxième partie du spectacle se déroule dans un silence qui contraste avec le bruit assourdissant qui s’élève de la scène. Je ne bouge pas de mon poste, et tu ne quittes pas ta position. Ton regard est braqué sur la scène, tout comme le mien, même si je surveille plus les mouvements de la foule que ceux des musiciens. Un coup discret est frappé contre la porte, me faisant tourner la tête. Mon regard croise enfin le tien puisque tu as toi aussi entendu le signal. D’un doigt, je te fais signe de ne pas bouger et te défi du regard de me désobéir une nouvelle fois. Tu sais maintenant de quoi je suis capable et je n’hésiterai pas à te bousculer une nouvelle fois pour te faire comprendre que ton comportement n’est pas acceptable. Je sors mon arme de mon gilet planqué sous ma veste et ouvre la porte de l’autre main. Une jeune femme dont la tête m’arrive seulement à la poitrine lève les yeux vers moi. Son sourire enjôleur tente de me faire flancher en me montrant un chariot rempli de bouteilles portant des étiquettes de grand cru. Je me redresse légèrement et son sourire disparaît en avisant mon arme. Des excuses sortent de sa bouche, enfin des mots qui une fois assemblés et remis dans le bon sens doivent être des excuses. Sans me laisser le temps de décliner son offre, elle disparaît du couloir et va très probablement passer la consigne de ne surtout plus frapper à notre loge. Tu as bien assez bu pour la soirée de toute façon, je n’ai aucune envie de devoir te porter jusqu’à la voiture. Je referme la porte, replace mon arme dans son étui et reprend ma position.

Tu as toi aussi repris ta position, statut de sel face à la scène. Les projecteurs viennent parfois créer des ombres sur ton visage, leur donnant une illusion de mouvement mais tu ne m'accordes toujours pas le moindre regard. Je ne vais pas te servir tes fausses excuses juste pour briser la glace. Je ne dis jamais rien que je ne pense pas et je ne compte pas commencer aujourd’hui. Dans un soupir, je décide de jouer le tout pour le tout. D’un mouvement, je regagne mon siège, dégage ta veste et reprend place à tes côtés. Cette comédie a assez duré. Nous ne sommes plus des enfants dans une cour de récré. J’ai envie de te forcer à me regarder mais un nouveau contact physique pourrait te faire dégoupiller alors je me contente de me tourner dans ta direction.

J’ai… J'étais inquiet. Enfin, je crois. Je pense que c’était de l'inquiétude. Quand je ne t’ai pas trouvé dans la loge. Tu aurais dû m’envoyer un message pour me prévenir ou attendre mon retour. Je suis payé pour assurer ta sécurité, Keith. Don aurait pu te tomber dessus dehors ou n’importe qui.

Ma bouche s’ouvre pour te dire d’autres mots mais je la referme de peur de dépasser une nouvelle fois les bornes. Face à ton silence, je préfère ne pas me ridiculiser davantage et me relever pour reprendre ma position près de la porte. Tu me rends dingue. Quoique tu fasses, tu me rends dingue.

@Keith Chamberlain
Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) this is the life - Page 2 EmptyMer 4 Jan - 17:28
Ainsi drapé d’un silence poisseux, je reste complètement immobile, les iris rivés sur le parquet, les dents serrées, et les doigts métamorphosés en un poing qui ne peut s’empêcher de venir taper à intervalles mélodiques contre ma cuisse. Je ne comprendrais vraiment jamais ce qu’il se passe dans ta tête ; la mienne me semblait déjà être un mystère affûté, pépinière à émotions sanguinolentes et chambre d’incubation de tout un tas de cyclones qui fouettent mon visage et mon cœur en les emportant dans d’autres tambours. Partition qui m’échappe, fugue, la première peut-être de toutes ; si j’arrive encore à dessiner les lignes de mon psyché, les tiennes m’échappent complètement, capharnaüm de notes sordides, de sonorités loufoques, de ré langoureuses et de mi gelés. Le froid est revenu sur le balcon, faisant givrer les bords de la rambarde, sur laquelle j’appuie mes genoux pour me donner une position confortable, comme si une simple inclinaison de mes jambes me donnait la prestance et la confiance nécessaire pour laisser couler ces vagues sentimentales qui me compriment les poumons. Un froissement de tissus derrière me laisse comprendre que tu as compris mon signal, et que tu as obtempéré silencieusement, te plaçant vers la porte et non pas à mes côtés. Ta petite farce – si c’en était seulement une -, allait avoir du mal à passer pendant encore quelques temps. Le combo savant de la terreur et de l’envie de me raccrocher à toi, seul rocher qui ne m’ait jamais effrité la peau, vont rendre la digestion de mes émotions difficile pendant encore quelques temps. On frappe à la porte, et surpris, je décroche mon regard des rideaux de velours rouges pour les poser sur l’intruse ; mais je bloque en plein chemin et trahit déjà mes bonnes résolutions, mes iris se perdant sur les tiens pendant quelques secondes. Quelques secondes et un frisson qui secoue mon corps entier ; je me recouvre d’un peu plus de veste pour me désintéresser à nouveau de ce qu’il se passe derrière.

Le deuxième acte est plus calme, raconte une histoire où se mêlent tristesse et plaisir futile, agonie et renaissance. Une mélodie longue d’une trentaine de minutes, et je perds rapidement le fil du sablier, me focalisant sur les vibrations des instruments pour ne pas laisser mes canaux lacrymogènes prendre le dessus une nouvelle fois. C’est vraiment une drôle d’ébullition que celles qui me fait encore frémir. Si mes mains ont repris un peu de rigidité, les phalanges ayant cessé d’être balayées par un vent imaginaire qui ferait se dresser tous les chapeaux, ma jambe a du mal à freiner sa course. Pourtant, dans ma tête, hormis le gribouillis acariâtre de sentiments aussi noirs que le siège à ma gauche, il n’y a pas de désir de fuite. Je suis captif, j’ai toujours été captif. Prisonnier à la fois de cette sensibilité extraordinaire, que mes parents avaient cultivé, en promouvant la force créative, la force sentimentale, cet entrain pour les belles choses et les belles histoires ; à la fois, encore et toujours, de Richard et sa maudite famille, ces peaux de myrtilles sur ma peau, et puis les baisers mordants qui avaient perdu de leur saveur ; et à la fois, d’une autre prison que je découvrais à peine, dont les barreaux m’émerveillaient, synonymes d’oiseaux volants au loin, libres comme j’aspirais à l’être, et me repoussaient, par griffures spectrales et terriblement froides. Je n’avais pas eu la force de lutter depuis des années, et toi, tu avais débarqué et m’avait donné ce regain de vitamines, cette nouvelle puissance. Je n’aimais pas ce qu’elle signifiait ; à moitié que je pouvais commencer à me jouer des autres, à hurler sur les domestiques ou à te faire le dos rond ; à moitié que j’étais toujours moins inspiré que toi en ce qui était des luttes charnelles ou des combats de piquants. Je n’avais jamais eu vocation à blesser qui que ce soit, et même mon plan pour éliminer Richard de la piste n’avait jamais été jusqu’à ce que je rêve d’entendre ses cris de douleur. Je n’aimais pas ces augures, ces drôles de fil mauves sur lesquels les Maures avaient commencé à tisser de curieux drapeaux, des bannières d’un destin dont je ne comprenais définitivement plus rien, embroglio de grosses peurs, de petites colères, d’immenses joies. La porte derrière se referme. J’entends un soupir qui vient faire fondre quelques-uns des flocons qui dansaient encore au-dessus de nos têtes, le long des peintures anciennes qui gisent sur le plafond de l’opéra et ses balcons.

Ma veste vient rejoindre mon manteau sur le curieux tableau de tissus qui se posent sur mes genoux, alors que tu t’assois lourdement dans le siège d’à côté. Ton regard me brûle la joue, viseur que j’imagine colérique. La mélodie reprend, orchestre symphonique déchaîné, et au bout de vingt secondes, seul le violon reste à parler au public ; les autres se sont tus. Ta voix attire mes yeux quand tu prends un ton de confession, et je tourne la tête, happé par quelques mots. Mes cils ne parviennent pas encore à s’élever au même niveau que les tiens, mais il y a déjà une belle avancée. Quand tu arrêtes de parler, je reste immobile quelques instants, puis je capte tes yeux, t’adresse une simple moue, un haussement d’épaules, incarnation funeste et brûlante des gisements de colère qui brûlent mes entrailles. Quelques secondes. Puis je repousse mon manteau, reprend un peu d’air pour m’élancer dans une seule tirade, mais déjà tu te relèves, me forçant à hausser à peine la voix. "Je comprends que tu aies été inquiet, Sören. Je sais que ta mission est importante, que le contrat pèse lourd. Mais ne me fais plus jamais, jamais, un coup pareil. Je n'ai jamais eu la prétention de te donner des ordres, mais celui-là en est un. Tu m'as fait croire que j'allais mourir." Je reprends mon souffle, les émotions revenant en troupeaux féroces, prêts à déchirer mes lèvres pour s’en extirper et réduire en poussière les efforts que tu viens de déployer. "Il y a une demie-heure je te disais que j'étais terrifié, que les nuits allaient être horribles. Tu as choisi la pire réaction d'un panel déjà bien affreux. J'ai eu mal, et peur, et mal. Depuis, c'est la tempête là-dedans." Mon index vient marteler mes tempes. Je serre les dents, ouvre à sang la peau fine de mes lippes, que je balaye d’un coup de main. "J'ai même pas envie de t'en vouloir parce que..." Les mots se noient sous un tonnerre de premiers applaudissements, quelques costumes queues-de-pie se redressent et sur leurs coudes s’affalent autant d’autres beaux tissus teintés, de perle et d’or, selon les parures en tendance. Tant mieux. La fin de ma confession restera muette, un secret enfoui sous les émotions de la soirée. Ça t’évitera de paniquer en entendant mes derniers mots, perdus dans un soupir. Et ça m’évitera surtout de les regretter lors de la prochaine partie de bras de fer que tu voudras entamer avec mon cœur abîmé.

Je reprends le contrôle sur mon corps, peu à peu, les spasmes se font moins réguliers et mes mollets cessent leur course. En même temps, le spectacle instrumental reprend et les notes reviennent souffler, tornades amères, dans la salle de l’opéra. Si je ne t’avais pas rencontré près du mur de briques, je serais ressorti fumer une nouvelle cigarette ; mais je crois que la leçon est acquise, et tu fais un bon cancérologue. Je me retourne, t’arrache un regard, t’adresse un rapide sourire, et trahis que je n’ai pas tant que ça mis de côté ta passe d’armes avec la vendeuse il y a quelques minutes. "Tu peux rappeler le chariot ? J'ai envie… non, besoin, de vin blanc." Ma main vient caresser mon menton comme la tienne l’avait fait bien avant les derniers événements, quand la peur était tout autre et les pensées plus tièdes. Nos didascalies, ce soir, ont suivi le rythme imposé par la scène ; tantôt en douceur, tantôt en brutalité. Tu m’as poussé dans un lit de roses, rassurant, enveloppant, me donnant l’impression d’être un oiseau rare, d’avoir un ciel azur à explorer, avant de venir m’ensevelir sous un tas de ronces encore plus piquantes, encore plus bruyantes que toutes celles qui avaient jonché mon chemin et fait saigner la chair de mes pieds auparavant. Pourtant, je demeure dans l’incapacité la plus totale de rester trop longtemps en colère contre toi ; je crois avoir compris en quelques jours que tu fonctionnais différemment, que tu avais ta propre appréhension des sentiments. Et je suis une bombe émotionnelle ; tu avais tiré le mauvais contrat. La peur allait continuer à me hanter pendant quelques temps, la scène s’arrêtant encore et toujours dans ma tête avant que je ne prenne conscience qu’au bout des bras inquisiteurs et des jambes me bloquant, il y avait quelqu’un que je connaissais. Cette image-là allait rester, poignante, secouante, et viendrait sans doute t’exploser un soir au coin du nez, quand je me contrôlerais moins. Pour l’instant, je surfais sur les ouragans. "Et reviens t'asseoir, ça aussi c'est un ordre." Mon sourire, fatigué mais sincère, se répercute sur mes mots, les illumine à peine, et trahit l’ironie. J’ai besoin de me sentir en sécurité, pendant encore quelques minutes, avant qu’il ne faille descendre, rejoindre les bourreaux et leur cour d’adeptes des faux-semblants. T’avoir dans mon champ de vision avant que tu ne redeviennes conquis par Richard m’était essentiel. Le concert se terminait dans une vingtaine de minutes, et je devais tirer de celles-ci une foule de bouées pour me préparer aux prochaines marées, noires, collantes, douloureuses. Et tant pis si cette même bouée me rejetait contre un récif encore plus sauvage dans quelques temps ; au bout de quelques années, ce qui avait commencé à compter, c’était les quelques minutes sauvées de l’indicible et des tourments.

@Sören Lindberg
Sören Lindberg
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#  (SÖREN!) this is the life - Page 2 EmptyJeu 5 Jan - 11:45
Mon dos retrouve le mur à côté de la porte. Mes bras reprennent leur position professionnelle, croisés sur mon torse. Je viens de faire un truc complètement inédit, parler de ce truc qui se passe dans ma tête. Tu n’as pas l’air de mesurer l’effort que ça m’a demandé, combien j’ai dû lutter contre mes instincts pour venir te rejoindre et te dire ce qui se passe sous mon crâne. J’ai même avoué à demi-mot le mal qui me ronge mais je ne pense pas que tu ai relevé mon sous entendu. Comment le pourrais-tu ? Tu dois juste me prendre pour une machine froide qui exécute seulement les ordres. Je n’ai rien fait pour te faire penser le contraire, j’en suis conscient. Nous sommes tellement différents, les deux côtés d'une pièce portant le sceau de l'univers. C’est naturel pour toi de parler, de ressentir, de t’exprimer mais pour moi, c’est un monde inconnu dans lequel je me lance à l’aveugle. Les yeux bandés, j’avance en ligne droite sans m’arrêter en espérant que tu m’arrêtes avant que mon corps ne s’élance dans le vide. Mon pied repose sur un coussin d’air, je m’apprête à basculer mais les mots sortent enfin de tes lèvres. Mes sourcils se froncent, donnant à mon visage un air grave. Plus je tente de te comprendre et moins j’y arrive. Mon regard suit ton doigt qui percute tes tempes. J’imagine ton esprit comme un imbroglio de volutes multicolores qui fusent dans tous les sens, avec des étincelles qui s’élèvent parfois, des notes qui percent la brume et des tornades de sentiments qui prennent le contrôle de ce monde intérieur. Si on ouvrait mon crâne, aucun doute qu’il n’y aurait rien d’extraordinaire à voir. Des rangées immenses de casiers verrouillés. Tout est à sa place, classé dans un ordre logique. Rien ne dépasse, rien ne fuse. Tout est gris, ni bon, ni mauvais. Un entre-deux ternes dans lequel je suis obligé de m’enfermer pour réprimer mes instincts.

On s’apprête tous les deux à parler en même temps mais nos effusions sont stoppées par des applaudissements qui résonnent sous nos pieds. J’aurai aimé que tu finisses ta phrase, il me manque encore des pièces du puzzle pour reconstituer ton visage. Je n’ai pas la prétention de croire que je pourrais te comprendre un jour, tu es trop imprévisible pour ça mais j'ai envie de mettre la main sur ton mode d’emploi. Si nous arrivions juste à communiquer sans se heurter ce serait déjà un grand pas vers… Vers j’en sais rien. Je n’ai pas vraiment d’amis, pas de connexion émotionnelle avec quelqu’un d'autre. Je ne suis pas sûr que j’en sois capable.

Pour la première fois de la soirée, mes lèvres s’étirent dans un sourire et je m'autorise même un petit rire. J’ai envie de te dire que tu as assez bu pour la soirée, à moitié pour t'embêter, à moitié parce que c’est vrai. Mais encore une fois, ce n’est pas ma place. Je ne suis pas Richard, je n’ai pas à surveiller tes moindres faits et gestes pour te conformer à mes attentes. Tu es un être libre, capable de prendre ses propres décisions même si de mon point de vue, ce n’est pas toujours les meilleurs pour ton bien-être. Je me penche légèrement en avant dans une révérence foireuse dont moi seul à le secret.

Bien, Monsieur.

Techniquement, ton nom est sur mon contrat. Tu as donc tout à fait le droit de me donner des ordres, tout comme Richard. Je ne sais pas si tu es au courant de ce détail, que ton nom est inscrit sur le papier qui lit l’agence à ton futur mari. J’ai fait rectifier mon ordre de mission après mon premier jour dans le manoir maudit, faisant croire à Richard que si je dois te protéger aussi alors ton nom doit figurer en bas du document. C’est faux bien évidemment. Mais cette petite modification te donne le droit de m’avoir à tes côtés, tout comme celui qui s’agit sur la scène en face de nous. Un détail qui me rassure si jamais la situation devait tourner au vinaigre. J’ai une espèce d’instinct qui me fait sentir les situations merdiques à trois kilomètres. Ton futur mariage avec Richard, l'arrivée de Don et toute cette tension sous-jacente prête à exploser n’indique rien de bon pour le futur.

Je ne suis pas sûr que la serveuse ait apprécié son petit tête à tête avec mon arme tout à l’heure. Je vais voir ce que je peux te trouver.

Je me glisse dans le couloir désert. Je fais quelques pas avant de trouver la jeune femme de tout à l’heure en grande discussion avec un homme qui aurait l’âge d’être son grand père. Lui a le nez plongé dans son décolleté et elle sur les billets verts qui sortent en liasses de son portefeuille. La dynamique classique dans ce genre d’endroit, je suppose. J’attends patiemment mon tour et retiens un sourire quand le regard de la serveuse se pose sur moi. On pourrait croire qu’elle vient de croiser un fantôme tant son teint devient livide. Désolé Princesse mais si tu attends des excuses de ma part, tu vas pouvoir attendre longtemps. Elle ressemble à une biche prise dans le phare d’une voiture, n’osant plus bouger un seul membre de peur que je lui bondisse dessus. Elle ne risque rien, elle n’est pas mon genre. Je m’approche lentement, appréciant sa façon dont tous ses muscles se tendent. Son regard est braqué sur moi, ses mains serrées autour de son chariot. Je ne devrais pas me délecter de sa peur mais je ne suis pas un homme bon, je n’ai jamais prétendu l’être. Je mets fin à son supplice en prenant deux bouteilles de vin blanc. Tu n’a pas précisé si tu étais plutôt sec ou moelleux alors dans le doute, je prends une bouteille de chaque. Je mets les bouteilles sur le compte de Richard et retourne dans la loge, non sans adresser un clin d'œil à ma nouvelle biche préférée. Son soupir de soulagement quand je lui tourne le dos fait renaître mon sourire qui reste présent jusqu’à ce que je me réinstalle à tes côtés.

Je dépose mon butin sur la table à tes côtés, me penchant par-dessus toi pour me délester des bouteilles.

Alors qu’est ce que j’ai manqué ?

Mon sourire percute ton regard qui n’ose toujours pas se planter dans mes prunelles. L’ambiance change aussi vite que les vents durant un orage. Tantôt aussi légère qu’une brise, parfois tempétueuse faisant voler les débris de nos âmes dans tous les sens. Je prends soin de me placer de manière à ne plus te toucher, je ne sais pas à quel stade est la tempête dans ta tête. Je fais des efforts pour te comprendre et respecter des limites, ce n’est pas naturel chez moi mais tu me donnes envie de faire des efforts.

@Keith Chamberlain
Keith Chamberlain
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Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) this is the life - Page 2 EmptyJeu 5 Jan - 13:25
Chaque visage est une esquisse différente, faite de traits fins, bouts de plumes encrées, et parfois de plus grands dessins, comme un sourire que l’on étire, faisant scintiller les dents et étinceler les yeux, ou d’une larme grossière qui coule, vient humidifier la peau sur son passage, jusqu’à finir par se perdre dans l’air. Mais de toutes ces formes, il n’y en avait que deux qui fascinaient inconditionnellement les âmes ; les yeux, leurs portes ; la bouche, leur fenêtre. Je n’avais plus trop détaillé le visage de Richard, ces dernières années. Les étoiles étaient parties, et avec elles tout ce qui faisait l’attrait de celui que j’avais aimé comme un fou il y a longtemps. De manière générale, je ne m’étais plus trop attardé sur le physique de ceux qui venaient et partaient de ma vie ; la moitié d’entre eux étaient complices de mon emprisonnement, l’autre moitié était spectatrice, inactive, sans la moindre volonté de m’adresser la parole pour autre chose que pour les besoins primaires de leurs fonctions. Alors je devais reconnaître que faire face à ton visage, ne trahissant que quelques rares réactions, était un exercice des plus difficiles. Il fallait à la fois que je compose – ça, je savais le faire – avec mes propres préjugés, ce que les sentiments venaient colorier sur un corps, mais aussi avec cette froideur extrême dans le moindre de tes traits. Tu t’étais laissé aller à quelques rares sourires, et chacun d’eux m’avait semblé plus franc que le précédent. Mais je n’avais pas vu d’autres palettes, ne m’était pas exposé à d’autres visions ; ta colère, tes blessures, avaient toutes la même teinte, gravées au pilon dans ce monde glacé que j’avais du mal à faire fondre. Ce n’était que partie remise : tenter de deviner ce qui se cachait derrière les nuages, au fond de tes pupilles, avait au moins le mérite de mettre un peu de distance entre moi et les problèmes qui faisaient couler mes yeux d’une encre cristalline, inutile à la rédaction, inutile à la satisfaction.

Quand tu as quitté le balcon, je me suis concentré de nouveau sur la scène, ses lattes et la pléthore d’instruments qui retentissaient, chœur immuable, faisant vrombir le public. Tous semblaient captivés, il n’y avait pas un murmure, exceptionnellement, pas un chuchotement. J’aurais pu me gonfler de fierté, comme un paon déplier mes teintes gorgées d’un égo disparu. Mais j’étais resté immobile, à savourer l’instant. Depuis combien de temps, exactement, je n’avais pas pu profiter quelques secondes sans me torpiller l’esprit d’un milliard de corbeaux noirs, croassant au-dessus de mes neurones pour me rappeler les menaces et les dangers ? Il y avait bien entendu toujours un fond d’horreur en moi, la scène du mur de briques étant restée bien imbriquée dans un coin de mon crâne et visiblement de mes entrailles. Mais cette peur-là me semblait bien diluée à côté de toutes les frayeurs que Richard imposait à mon quotidien, bien diluée aussi à côté du rollercoaster qu’avaient pris chacun de mes organes en voyant Don se faufiler un chemin bruyant dans la foule assise plus bas. Alors pour l’instant, tant qu’ils étaient en-dessous de nous, l’un occupé à faire régner l’ordre symphonique, l’autre à l’observer en fomentant sans doute un futur plan machiavélique, je préférais me concentrer sur les bonnes émotions, ces dizaines de petits soleils qui réchauffaient ma chair. Tu allais vite revenir, toi et tes lourdes bottes enneigées, et là encore, quelques-uns d’entre eux allaient s’éteindre ou se perdre dans d’autres constellations. Pendant encore quelques minutes, c’était moi et la musique, à deux, amants qui ne se connaissaient que trop bien, qui avaient fricoté par le passé et même mis au monde quelques partitions gorgées de plaisir.

Tu reviens en silence et je tente de casser un peu de mon sourire, ne souhaitant pas t’ouvrir une nouvelle brèche pour mieux me blesser. Tu as promis de faire des efforts, mais je ne compte pas te rendre la critique facile pour autant. Les bouteilles trouvent leur siège devant moi ; deux, et je reconnais à leur forme les vins sec et moelleux. Un de ces soirs, je te ferais visiter la cave de Richard. On en profitera pour goûter quelques bouteilles ensemble, il ne s’y rend jamais et seul John pourrait trahir notre escapade. Pour l’instant, je tourne au moelleux. Coupe vidée de son champagne que je fais tournoyer entre mes mains, avant de laisser quelques gouttes s’échapper sur ma veste. Ca collera, ce sera poisseux, mais au moins je n’aurais pas mélangé les liqueurs.

Le vin coule et je sens ton regard poser sur moi. Je reste concentré sur ma tâche, tentant par tous les moyens de ne me focaliser que sur le liquide presque transparent qui s’écoule, plutôt que sur le grand sourire que tu me lances. Je reste de marbre, incapable de te le rendre ; tu m’as quand même fait un sale coup il y a moins de quinze minutes, Sören, tu ne peux pas t’attendre à ce que je m’assouvisse à nouveau en grands étirements de lèvres. Je contrôle chacun de mes membres pour éviter le tempo qui t’est insupportable, c’est déjà un bel effort. Mon verre servi, je le fais louvoyer quelques secondes, perdant à nouveau mes yeux dans la robe dorée, halo faible qui se répercute sous les tirs d’un projecteur en quelques tâches lumineuses sur l’une des colonnes à ta droite. Une simple gorgée, fin sourire. "Tiens, goûte." Je te tends le verre et m’écharpe de nouveau contre tes iris. Je préfère évidemment l’accalmie entre nous aux ouragans que tu allumes sans trop le vouloir et dans lesquels je me perds trop facilement. J’ai un million de costumes qui dansent sur le fil de tes cils ; celui du danger masqué me paraît le plus proéminent, mais c’est sans doute un reste de mes tremblements ; il y a celui du professeur d’auto défense, ce rôle que tu tiens apparemment impérativement à jouer ; celui du garde du corps de Richard, la caricature aux lunettes de soleil et aux muscles bandés, à mille lieues de toi ; et puis il y a une autre silhouette, plus lumineuse, plus douce, sans que je ne parvienne complètement à la démasquer. Tu es un enchevêtrement de caractères forts, comme un jardin dans lequel ont poussé rhododendrons et camélias à côté les unes des autres, recouvertes de pousses de tulipes et de quelques épines de roses. C’est déstabilisant de ne jamais être sûr de moi quand je te réponds, et je devine que ce n’est pas beaucoup plus facile pour toi ; tu as cette flegme glaciale quand j’ai le cœur enflammé, et cette cohabitation est plutôt synonyme d’explosion. Enfin, quitte à être soufflé, autant que ce soit par cette déflagration-là… "Tu aimes ?" Ma question est purement logistique, puisque je prépare déjà dans ma tête la fameuse balade au milieu des bouteilles d’uve écrasé.

Percussions sur scène qui donnent un ton apocalyptique. Ma partie préférée, sans doute. Celle où le violon se tait et surgit de l’ombre, sans jamais qu’on puisse prévoir le prochain coup d’archet. Comme une énigme, avec des rebondissements inattendus, de ceux qui vous font bondir et remettre en question votre perspective entière. Le violon sursaute, fracasse les contrebasses, heurte les hautbois, vient même couper l’air aux flûtes. Quelques étincelles qu’on imagine crépiter au passage du bois sur les cordes. L’orchestre tout entier pourrait imploser, emporter dans des effluves fumées les robes de soirées, les maris déchaînés, et même nous, depuis notre balcon. J’aurais préféré rester de pierre, figé, observer le spectacle, les flammes qui emportent tout sauf nous. Te libèrent, assez ironiquement, de ton contrat, et moi du mien. La même signature qui m’emprisonne est celle qui te garantit un bon bonus dès que les menaces auront cessées. Tu admettras, Sören, que planifier toi-même le jeter d’ombres sur Richard pourrait te faire gagner du temps, à défaut de te couvrir d’argent.

"Ce morceau-là raconte l'envol d'un oiseau et son voyage. Il passe au-dessus de trois maisons. La première est faite de pailles, on y mange uniquement de la soupe les bons jours. L'oiseau reprend sa route une larme à l'oeil, symbolisée par un jet de violons... Et je te reprends ça avant que tu le finisses, merci." Ma main saisit mon verre, mes yeux saisissent les tiens, et le frôlement de nos mains déclenche un nouveau frisson, peau happée par peau. Pas le temps pour une nouvelle effusion, je reprends. "Il passe ensuite au-dessus d'une maison abandonnée, dont le sol est en train de brûler. C'est ce qu'on entend tout de suite, si tu écoutes bien, tu pourras deviner les crépitements." Fin sourire, une gorgée. Je vais encore avoir la tête qui tourne. "Et il passe au-dessus d'une belle maison, sur le toit de laquelle il s'arrête, épuisé. Au matin, il se fait chasser par une main couverte de bagues, et retrouve des allumettes, comprend que c'est le type de la troisième baraque qui a brûlé la seconde. " L'Oiseau Magistral avait été mon premier spectacle, dans une kermesse, agrémentée de la narration que ma voix chantonnait. Richard avait enlevé la voix principale, la remplaçant de temps à autre par une diva aux notes aigües pour le souffle du vent sur les ailes, et graves quand la seconde bâtisse s'enflammait. "Alors l'oiseau est vengeur, il met le feu au type, qui n'avait, je te l'accorde, pas un très bon garde du corps, puis il vole les clefs et retourne voir la première famille. La suite, je ne te l'explique pas, plus personne ne la connaît. " Ma main gauche tient le verre, m’hydrate de temps à autre, tandis que celle de droite balaie l'air alors que dans un murmure j'énumère les possibilités ; oiseau chassé, oiseau remercié, oiseau brûlé, oiseau mangé. D'innombrables scénarios qui au départ n'en était qu'un. Mais même ça, Richard l'avait dérobé. Mon regard passe de la scène à ton visage, tentant de voir si ça t’intéresse vraiment ou si je m’enflamme pour rien. Et puis, sans transition, sans réel contrôle, ma langue m'échappe, dérape, et te livre une confidence qui me serre les tripes.

"Tout ça, ça s'appelle l'Oiseau Magistral. C'était une de mes symphonies préférées, je la faisais jouer pour les enfants, c'était chouette. Richard a déchiré la fin de la partition parce qu'elle ne lui plaisait pas. C'est pour ça qu'il n'y a pas de fin." Je reprends mon souffle et quelques gouttes de vin blanc. "Il m'a trompé sur la partie enflammée plusieurs fois, je rentrais et j’entendais la musique dans une des chambres. Les violons qui crient, ça l'excite. Pas moi. Et encore moins quand c'est en le trouvant au milieu d'un monceau de corps nus." Rapide frisson. Vision d'horreur, cauchemar qui m’a hanté, avant que j’apprenne à me détacher de toutes ces romances sulfureuses. Je n’ose pas lever les pupilles vers toi, les yeux rivés sur le bas de ton visage. Ce n’était qu’une humiliation de plus, en soi. Pas de quoi te marquer, toi qui déteste quand je m’apitoie. Alors je prends un seul soupir pour me redresser, chasser au loin les images, et, dans un sourire, changer de sujet. Mon esprit brumeux sort la première remarque qui passe par là, sous forme de longs cheveux, de bel uniforme et de chariot qui roule, emportant au loin l’instrument de ma disgrâce occasionnelle. "Elle était jolie, la vendeuse, pas vrai ?" Je hausse les épaules, plonge définitivement mes pupilles dans les tiennes, saut incontrôlé, esprit perturbé, par les liqueurs et par un million de détails qui ne comptaient plus trop. "Pas mon type, je préfère définitivement les hommes, question de goût. Les muscles, les traits dessinés, la peau ferme et de la fougue. Mais elle… Vraiment pas mal, avec un beau visage." Un autre croquis, ensemble de traits et de formes, mais le sien avait les lèvres pulpeuses, une mèche rebelle et un regard convaincu. Le visualiser m'empêchait de pousser trop loin mon analyse du tien, et c'était mieux pour tout le monde.

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#  (SÖREN!) this is the life - Page 2 EmptyJeu 5 Jan - 15:44
Depuis que je te fréquente, j’ai l’impression de vivre dans une boucle temporelle devenue folle. On passe du rire aux larmes, des cris ou éclats en un instant. A peine le temps de cligner des paupières que la température a drastiquement changé autour de nous. Les stalactites glacées fondent sous le soleil ardent de ton aura, avant de reprendre leur robe de givre sous mon regard. Cette soirée n’échappe pas à la règle. Nous avons commencé nos échanges sous les meilleurs auspices, avant de laisser éclater un orage bourdonnant d’électricité. Des décharges d'adrénaline ont épuisé nos corps avant que le calme revienne. Parfois, je peux sentir une brise caresser ma joue quand tu tournes le visage vers moi. C’est doux mais suffisant pour me faire savoir que tu m’en veux encore et que nos échanges ne vont pas redevenir fluide si facilement. Si j’aime les grands éclats, la violence et le bruit de la peau qui claque, j’aime aussi pouvoir profiter de cette accalmie. Nous arrivons de nouveau à être assis l’un à côté de l’autre sans avoir envie de se faire du mal. Beau progrès en peu de temps. On dirait que notre danse commence à ressembler à autre chose que des mouvements désarticulés mis bout à bout. Si nos regards sont braqués sur le spectacle qui s’offre à nous, mon esprit est ailleurs. Je recalcule mon plan d’attaque si toutefois Richard venait à inviter son frère à résider au manoir. Avoir des personnes supplémentaires à surveiller va me rajouter une charge et je me garde le doigts de demander un renfort. Surtout si je dois maintenir une vigilance accrue sur la porte de la chambre et la défendre contre des attaques de loups la nuit. Richard aboie beaucoup en ma présence mais il n’a jamais rien tenté. Il a suffit que je le recale une fois pour qu’il reste bien sagement dans son coin quand nous nous trouvons dans le même lieu. Par contre, son frère va être une autre histoire à gérer. Il a la fougue de celui qui veut profiter de chaque moment de la vie après un passage à l’ombre. Instable, impulsif, son dossier ne comporte que des warning en rouge. S’il doit partager la même demeure que toi, enfin que vous, je vais lui coller un de mes agents au cul. J’ai déjà assez à faire avec les divas de la maisonnée. Dont une qui me donne plus de fil à retordre que prévu puisque nullement impressionné par mes muscles. Je glisse un regard amusé dans ta direction.

Un verre se retrouve entre mes doigts et je bois une gorgée du vin blanc que j’ai été dérober quelques instants plus tôt. Mes bonnes résolutions sont déjà oubliées, l’alcool semble être le liant de notre relation. Tout comme notre drapeau blanc favoris. J’esquisse une grimace et accroche ton regard juste une seconde. Tu as besoin de te remettre de mon attaque surprise, je l’ai bien compris. Pas de contact physique, peu de contact visuel. Je te laisse l’espace nécessaire pour te remettre de ta frayeur. Au moins, tu n’as plus sollicité de pause cigarette ou disparu de la loge pendant une de mes absences. On avance. Mes manières ne sont pas les plus duplomatiques mais elles ont le mérite d’être efficaces.

Je préfère le sec. Celui-ci est trop sucré.

Pas à mon goût mais j’en reprend quand même une gorgée pour faire descendre la boule qui obstrue encore ma gorge. Ma respiration a repris un rythme calme et contrôlé. Le pied fin du verre à champagne tourne entre mes doigts qui ont l’air immense à côté du cristal sculpté. Ce verre est raffiné, fin, comme toi. Entre mes mains, il a l’air grotesque. Je ne suis pas fait pour mettre en valeur les objets délicats. Les notes de musique se font plus fortes à mes oreilles, attirant mon regard pour la première fois sur la scène. Je regarde vraiment les instruments qui prennent une autre signification avec tes explications. Le verre m’échappe mais la symphonie s’éclaire. Je suis captivé par tes mots, par les instruments qui suivent l’histoire qui prend vie entre tes lèvres. C’est fascinant. Terriblement fascinant. J’ai l’impression d’être un enfant a qui ont révèle que le père noël existe réellement. Je n’ai pas été initié à cette magie, préférant les concerts dans les bars miteux aux opéras dans des endroits bien trop chics pour mon visage abîmé par les coups. Et encore, je me faisais très souvent sortir du bar bien avant la fin du concert. Vols, vols à main armée, banditisme, violences, agressions, port d’armes, recels, possession de drogues, mon casier judiciaire a de quoi faire rougir la plupart des organisations criminelles des états-unis. J’ai tout de même pu m’installer à Los Angeles grâce à l’armée et je dois me tenir tranquille même si mon agence me couvre très bien en cas de débordement. Si je suis le meilleur ce n’est pas pour rien et tu n’es pas le seul à ne pas apprécier mes méthodes. Je tourne le visage vers toi et arrive enfin à agripper ton regard plus de trois secondes. Le conte de fée que tu me décris change de ton. La magie perd sa blancheur virginale et se teinte de pois obscures qui grignote les parties les plus étincelantes de ton récit. Richard. Toujours lui. Qui gâche l’histoire magnifique que tu étais en train de me révéler, qui bafoue ton art et ton corps. Mes poings sont serrés sur mes cuisses. Tu sais ce que je pense de ton histoire avec Richard, de son comportement et de ce que tu devrais faire. C’est à mon tour de te fuir et de regarder à nouveau ces violons qui me donnent la nausée. Je ne vais pas te répéter de te casser de ce manoir maudit avec ces fantômes qui regardent la vie te quitter sans intervenir. Ça ne servirait à rien, je ne peux pas te forcer à réagir. Mais bordel, j’ai envie de te secouer et de te jeter dans mon coffre pour t’emmener loin de cette vie merdique dans laquelle tu t’embourbe. Mais tu n’apprécierais pas que je te fasses voyager dans mon coffre. Si je n’avais pas été si en colère, j’aurais esquissé un nouveau sourire en t’imaginant ligoté dans mon coffre prêt à me bondir dessus comme un tigre enragé.

Raconte-moi la fin que tu avais imaginée.

Je me fous de la version de Richard, je veux savoir ce que toi tu as fait de cet oiseau. S’il a pu se libérer et maudire à son tour l’homme de la troisième maison. J’espère qu’il lui a mangé les yeux. C’est une fin que je devrais te suggérer. Mais avant que je puisse oser te révéler les méandres de mon imagination, tu renverses notre plateau d'échecs pour aborder un sujet complètement inattendu. Je te regarde, surpris, les sourcils froncés. Je n’ai jamais autant froncé mes traits qu’avec toi, si bien que je redoute de rester coincé avec cette mimique. Mon âge m’a déjà offert mes premières traces du temps sur le visage mais je risque de repartir avec des rides supplémentaires de cette mission. Je prends le temps de réfléchir à ma réponse. Curiosité, simple réflexion ou provocation ? Je ne te laisse pas m’échapper cette fois, emprisonnant tes pupilles dorées dans la glace.

Pas mon style. Les princesses apeurées par la moindre goutte de sang ne m'excitent pas.

Je penche légèrement la tête sur le côté, c’est la première fois qu’on aborde un sujet si intime tous les deux. Le sexe est une distraction que j’assume. Elle ne demande pas de sentiments, pas d’investissement particulier. On se rencontre, on s'unit et on se sépare sans jamais se revoir. Ça me va bien comme fonctionnement. Je ne sais pas aimé, serait incapable de m’investir dans une quelconque relation, fouratit tout en l’air à la première occasion sans même m’en rendre compte. Les plans cul dans des toilettes ou les couloirs d’un opéra sont plus dans mon domaine. Pas de quoi en écrire une symphonie mais ça me convient.

Par contre, le barman du bar VIP est plus dans mes critères.

Regards francs, déterminé, il m’a abordé sans aucun complexe pour me proposer un tour rapide avec lui. Il n’a pas rougis à sa proposition et je sais qu’il n’attendra rien de plus. Pour ne rien gâcher, son style méditerranée me plaît. Ses yeux noirs bordés par de longs cils sont sûrement des armes bien plus redoutables que ce que je cache sous ma veste. Ma main se glisse dans ma poche où le papier renfermant son numéro de téléphone traîne encore. Je n’ai pas encore décidé si j’allais l’utiliser mais il est une option tentante. Cela dépendra de la suite de la soirée et des humeurs des protagonistes de notre prochaine scène.

@Keith Chamberlain
Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) this is the life - Page 2 EmptyJeu 5 Jan - 16:41
L’Oiseau Magistral s’envole, se laisse porter par le zéphyr jusqu’à un bord de mer, alors que les effluves salées de l’eau se mélangent au goût sucré du vin blanc. Je ferme les yeux quelques secondes, cils rabattus sur mes joues, me laisse envoûter à mon tour par les vents. Hermès emporte les notes, mes pensées, les flammes, bien plus loin, dans une autre contrée, un autre pays bien moins radical. S’il pouvait porter avec lui la symphonie entière, faire s’étouffer les instruments sur scène, faire s’envoler l’orchestre entier, alors je serais comblé. Malheureusement, ma rapide prière olympienne n’aboutit à rien, l’incendie n’a pris fin que pour laisser place à la troisième maison, le coup de bagues en or sur les ailes du rapace blessé, la nuit qui tombe en même temps que je rajoute tes goûts en terme de vins au dossier mental qui t’est consacré. Il n’y a plus que quelques sonorités sur scène, un cuivre, deux bois. Une scène intimiste, l’Oiseau qui s’unit à la Lune, se promet vengeance quand il croise la clef, quand il croise la boîte d’allumettes. Puis les percussions reprennent, rapides, sans relâche, sous les cris d’agonie du propriétaire des lieux. La chanteuse en fond a des airs d’alarme incendie, et m’arrache une grimace. Richard, tu as toujours mieux choisi tes cantatrices… Celle-là devait avoir une belle peau, une bouche à damner, ou peut-être juste les mêmes envies que lui. Diva sombre qui obéit aux ordres d’un chef encore plus obscur. La scène pourrait se couvrir d’ombres qu’ils seraient toujours visible, tâches d’un noir infini, incontrôlable, irrévocable, par-dessus de simples teintes nocturnes. Je termine mon verre d’une traite, m’en ressers un autre, et déjà la bouteille semble curieusement plus légère. Quelques gorgées et je souris à ta question. J’ai vu tes yeux s’adresser à la scène, et tu m’as rassuré. Je ne parlais pas complètement dans le vide ce soir. Légère impression du tournoiement de l’univers autour de mes yeux, m’empêchant de complètement me fixer sur un œil. Triangle maudit, œil droit, lèvres, œil gauche. Mon regard passe de l’un à l’autre, entrecoupé de quelques battements de cils, mes yeux réclamant une hydratation aqueuse un peu moins édulcorée d’alcool. "Je ne sais plus. J'ai oublié. Mais c'est pas important." Voix qui se casse légèrement. Un verre y passe à nouveau ; quitte à m’empoisonner, autant que ce soit au champagne et au vin blanc.

Sur scène, la musique reprend, plus rythmée, et je lâche une salve d’applaudissements en même temps que nos congénères plus bas. Mes mains résonnent d’une drôle de manière, me faisant froncer les sourcils, alors que tu me réponds ; je n’arrive pas à correctement entendre le début de ta réponse, les bruits continuant de résonner dans l’enceinte de l’opéra. Pourquoi les applaudissements n’étaient-ils pas aussi forts il y a vingt minutes ? Je ferme les yeux, inspire. Je sens mon cœur battre, ta voix venir se perdre le long de mon épaule, poussée par un soupir alors même que tu restes à distance, ayant bien compris que la soirée n’était plus propice à d’autres rapprochements physiques. Je souris à la fin de ta réponse, syllabes abyssines qui tracent finalement leur chemin dans le ciel, frôlant de près l’oiseau et ses plumes gondolées, alors même que quelques corps commencent à se lever plus bas. Je n’aurais jamais deviné que tu aimais les hommes. Sans doute perturbé par un peu trop de mes préjugés. Bordel, si le plafond peint n’arrête pas de louvoyer autour de mes yeux, je vais finir par me sentir super mal.

Sous les projecteurs, Richard explose, dynamite de faux sourires, se courbant en trop de révérences pour que je ne me sente pas complètement nauséeux. L’orchestre se retire le premier bien sûr, et les applaudissements redoublent. Je ne sais pas si c’est le sentiment qu’ils devraient m’être dirigés ou bien le bruit qui tape, tape, tape dans mon crâne, mais j’ai besoin d’air. Mon regard se tourne vers toi, le décor se fait vaguement flou. Tu m’as donné une idée, un plan. "Je... J'ai besoin d'air." Il faut croire que toute cette soirée ne m’a pas servie de leçon puisque je fraye mon chemin sans même t’attendre, fendant les sièges du balcon, ouvrant la porte. Je manque bousculer le chariot de la fameuse hôtesse, qui m’adresse un sourire inquiet accompagné d’un sourcil dressé. Je me confonds en excuses rapides, les tempes qui recommencent à secouer alors que j’ai l’impression de devenir liquide tant mon front transpire. J’ai un peu trop bu – beaucoup trop même. Les alcools et les émotions ne font jamais bon ménage ; elles créent ce tourment qui de nouveau vient me secouer entier, me rendant les mains tremblantes. La pire affliction des pianistes, ou des chirurgiens mélomanes. Ceux qui tirent d’une feuille de papier quelques lignes et un nombre inconsidéré de notes qui, visuellement, se ressemblent, mais se transforment dès qu’on les incarne, du bout des doigts, du bout du bois, du bout des lèvres. Je continue ma course, dévalant l’escalier. J’ai oublié mon manteau ; je me tourne pour faire demi-tour, manque rater une marche, puis me ravise. Il ne fait pas si froid. Et je meurs de chaud.

Dans le hall, je traverse le carrelage, alors que j’entends une partie du public se rapprocher des grandes portes de la salle, prêts à venir dégommer les magnums de champagne une nouvelle fois, en critiquant ce qu’ils ont tant aimé de ma musique, et aussi ce qu’ils ont tant détesté de son interprétation. Tu divagues, Kiss. Dehors, il y a déjà des fumeurs, peut-être des spectateurs lassés ou trop addicts qui se sont enfuis de leur siège pour venir se réfugier dans leur brume maison. Je recule. Pas dehors, alors. Déjà, c’est un coup à ce que tu viennes de nouveau m’étriper. Et je ne veux pas fumer. Je veux juste un endroit où m’asseoir, silencieux. Et être en sécurité, tant qu’à faire, si ça peut te rassurer. Eclair de génie. Les coulisses. Je passe derrière le comptoir, croisant le regard du barman que tu évoquais – pas mal, tu avais raison. Ils me reconnaissent sans trop de peine ; nos éclats de voix avec Richard ne sont pas perçus inaperçus avant le spectacle. Je pousse la porte battante, et instantanément, la pression redescend. Il fait plus sombre. La construction architecturale de l’opéra fait que les coulisses sont à l’écart de tout. Obscures, silencieuses, un peu humides, mais rien de trop grave si on ne s’y attarde pas trop. La porte battante entame son dernier aller-retour dans mon dos, alors que j’avance. Mes maux de tête commencent à peine à s’estomper, et ma mission me revient. Me glisser dans la cabine de Richard. Récupérer mon dû. Il y a trop de monde ce soir, jamais il ne devinera que je suis à l’origine du larcin. Alors j’avance, évitant dans l’ombre les quelques accessoires qui traînent ici et là ; les portants débordants de vêtements loufoques, danseuse ballet et magicien d’Oz, costume de Lion et fausses branches d’arbres ; je croise un seul ouvrier, me contente de baisser la tête, de cacher mon visage, profitant du noir tout autour de nous. Leurs ampoules sont soit trop tamisées, soit à remplacer.

Je manque me prendre les pieds dans un tas de tapis posés au sol. Le faible grésillement d’une lampe me montre une série de motifs qui m’entraînent quelques secondes dans un trip psychédélique ; de l’azur, du magenta, du violet, du rouge, du jaune, toutes les couleurs qui dansent faiblement, fils de laines qui se croisent et se déchirent, alors que je fais un peu plus attention à chacun de mes pas. Je lève la tête, seul. Les lampes brillent plus ici. Deux portes rouges, en face l’une de l’autre. C’est le moment de croire au destin, d’espérer que Richard est redescendu de scène ranger son matériel dans sa loge, d’espérer qu’il n’en a qu’un seul exemplaire. Je n’ai en tout cas pas mémoire d’en avoir signé un autre. J’hésite quelques secondes. La porte de droite. Mon poing se lève, mes mains déplient les doigts uniquement pour en faire tapoter trois sur la surface peinte. Une seconde. Deux secondes. J’entends des pas qui se rapprochent. Quinze mètres. Pas de réponse. Ma main se pose sur la poignée, appuie. Miracle. La porte s’ouvre, et je m’engouffre dans le noir, la repoussant avec la plus grande précaution, m’assurant qu’elle ne touche pas complètement son cadre, pour ne pas faire de bruit. Je n’en ai pas pour très longtemps. Trois de mes doigts cherchent un interrupteur ; en vain. Je devrais profiter du seul rayon de lumière du couloir pour pouvoir trouver le trésor tant mérité. Sur un perroquet, je reconnais, accroché, le manteau noir de Richard, et sa veste. Il s’est changé ici, je sens son parfum, son déodorant, tout. Quelques LEDs au-dessus d’un miroir peinent à me donner un peu plus de lumière. Je m’approche, repousse le maquillage, le fond de teint, tout ce qui a donné une allure humaine à mon geôlier ce soir sur scène. Frénétiquement, je farfouille, reconnais au passage quelques partitions froissées, soit des essais ratés pour lui, soit d’autres orphelins de moi. Je ne m’attarde pas dessus. Je n’en cherche que deux. Deux dont je reconnaîtrais chaque note, chaque trait. Sourcils qui se dressent et immense sourire quand j’en reconnais une. L’Oiseau Magistral termine sa course entre mes mains tremblantes, s’ébrouent, chassent de ses plumes quelques gouttes de rosée, alors que je le plie, le glisse dans mes poches. Je n’aurais qu’à lui redonner vie à la maison, à renfort d’encre et de papier.

Le rayon de lumière s’agrandit. Sans doute la chance liée au miroir. Je continue de chercher l’objet du premier acte. Ma tête qui tourne manque me faire crier quand la lumière redevient muette, me plongeant dans un noir presque total, seulement guidé par les quelques ampoules au-dessus du miroir. Mais il y autre chose. Je sens une ombre. Les fantômes de l’opéra qui tournoient, tornades sinistres, me balaient les cheveux d’un air nouveau qui me glace l’échine. Et l’avantage de la terreur que tu m’as imposée, le long du mur de briques, c’est que tu as mis tous mes instincts aux affûts. Pas le temps de réagir que deux bras viennent encercler mes hanches, mains posées sur les côtes, lèvres que je sens dans mon cou. Déposent un baiser, me donnent la chair de poule. Ce n’est pas toi. Pas aussi proche. Et c’est peut-être encore pire. Je me débats, quelques secondes, mais il me maintient contre son corps et la table, doigts promeneurs et souffle poisseux qui se perd contre ma peau. J’essaie de crier, mais deux doigts viennent se perdre sur ma bouche, m’empêchent de respirer et d’hurler. Ce n’est pas ta technique. L’autre est moins habile que toi, moins doué pour me contenir, et la lumière qui revient quand quelqu’un ouvre la porte – Richard ? – me sauve. Un grand coup de coude en arrière, et la nuque qui se tord pour m’aider à me détacher. Je me retourne, le visage tordu par la peur et le dégoût. Je ne prends même pas le temps de regarder le visage ; je le couvre déjà de mon poing, du plus fort que je peux, faisant chuter la silhouette le long d’une table sur laquelle il échoue, brièvement. Son regard passe de moi au second arrivant que je n’ai pas eu le temps d’identifier, à bout de souffle, et une étincelle me fait comprendre. Don. Ce sale enfoiré. Il vocifère une menace et deux insultes, mais je n’entends rien, appuyé sur la console, les bras en arrière, les yeux prêts à relâcher le stress de la soirée. Les bruits m’échappent, couverts par les premiers ingénieurs qui sortent de scène pour venir ranger. Je n’ai pas le temps de bouger qu’il se faufile entre la porte et la deuxième silhouette  - est-ce que c’est toi Sören ?. Il a pris la fuite, et j’ai toujours, chiffonnée, contre ma jambe, la première partie de mon cambriolage. Pas le moment d’être vu ici. J’aurais le temps de me mordre la peau et de me fustiger de mes idées plus tard ; il ne faut surtout pas que je laisse de la place aux sentiments, sinon je vais craquer et m’effondrer. Alors je sors, bousculant de l’épaule le second inconnu qui m’interpelle - il n’avait qu’à intervenir avant ce pantin figé -, et reprend ma course dans les longs couloirs, ma mission à moitié réussie, aventurier de pacotille qui veut s’enfuir dehors, bien près des lampadaires, quitte à ce que la lumière me meurtrisse les pupilles, si tant est que je puisse me sentir en sécurité. Dans le hall, tu n’es nulle part, je vois Richard et sa cour, Don est absent. Je pousse les grandes portes de l’opéra, et l’air vient remplir mes poumons alors que je lâche complètement, le visage tordu par toutes les émotions que même mes paumes plaquées sur la peau ne parviennent plus à cacher.

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#  (SÖREN!) this is the life - Page 2 EmptyVen 6 Jan - 11:42
L’ambiance de la loge virevolte, faisant naître des nuances inédites. On se balade entre l’intimité rosée, la froideur bleue lagon et les rayons de soleil brûlants dans des teintes dorées qui semblent défier Hélios en personne. J’ose même reprendre un verre de vin, récupérant ma coupe qui traîne encore sur le rebord du balcon. J’ai besoin d’un remontant après les mille feux que tu as allumés dans mon crâne. Tu fais naître des émotions du bout des doigts, jouant avec comme un enfant avec des bulles pendant que je te regarde de loin, complètement perdu. J’ai fuis toute forme de sentiment toute ma vie et je suis coincé avec leur créateur pour plusieurs semaines. Cette mission s'annonçait simple tant que tu ne faisais pas partie de l’équation, tant que je ne devais pas venir te récupérer sous la lumière blafarde de la lune, tant que nous n'avions pas piétiné mes premières barrières portée par des douces odeurs de cuisine italienne. Alcool vite avalée, déluge dans ma gorge, les perturbations dans ma tête temporairement noyée sous une nouvelle salve de pousse-au-crime. Le calme revient dans notre sphère alors que la foule se déchaîne en bas. C’est alors que vont se produit trois événements qui vont me conduire à des erreurs dignes d’un débutant. Je peux bien tenter de mettre mon incompétence sous le coup de l’alcool mais c’est surtout des prunelles qui tirent sur le gris ce soir qui sont la raison du désastre à venir.

La foule se lève comme un seul homme, vague humaine qui déferle dans les allées. Certains forment des conciliabules pour débriefer du spectacle qui s’est déroulé sur scène, d’autres tentent d’interpeller Richard qui se contente de sourire comme un automate sur le bord des planches, et un dernier groupe se presse en direction des portes pour aller investir le bar. Je me lève, les mains en appuie sur le balcon pour tenter de visualiser mes hommes. Les mouvements de foule sont ma hantise. De mon point de vue, tout n’est que point noir et rouge. Les hommes dans leur costume Armani et les femmes dans les tentures de soie. Je fronce les yeux et repère facilement Richard. J’enfonce une oreillette dans le creux de mon oreille pour être en contact avec les autres membres de mon équipe qui heureusement, ont le même réflexe que moi. Une crise de nerf évitée. Marc m’informe que Richard regagne sa loge pour se changer avant de rejoindre ses admirateurs. Plus aucune trace de Don en bas et Jay m’indique qu’il a filé vers les toilettes. La situation semble sous contrôle mais c’est le moment critique, celui où on peut facilement se laisser dépasser par l’euphorie de la fin de soirée.

Ma première erreur a été de me positionner en hauteur et non dans la salle pour satisfaire une envie égoïste. Ma deuxième erreur a été de ne pas anticiper l'arrivée de Don et de ce fait, la mobilisation d’un agent à temps plein sur lui. La troisième a été de te perdre de vue car quand je me retourne, ton siège est vide. La bouteille de vin se déverse sur la moquette, sûrement renversée dans un mouvement brusque et la porte de la loge est restée entrouverte.  

Putain ! Mais c'est pas vrai ! Din jävla förbannade Ungjävel !

Mon éclat de colère fait réagir mes collègues qui me demandent de clarifier en anglais ce que je viens de dire. D’un coup d'œil, je peux voir la serveuse qui me fixe depuis le couloir, regard fixe par l’interstice de la porte. La terreur passe sur son visage. Dans d’autres circonstances…. Mais pour le moment, j’ai autre chose à faire.

Keith a disparu. Je le cherche, ne quittez pas vos cibles des yeux. Don est toujours aux toilettes ?
Affirmatif.
T’es sûr de toi, Jay ?
Je vais vérifier.

Putain, il s’est barré.


Tout s'accélère ensuite et j’ai l’impression d’avoir enclenché le mode cauchemar. Je m’élance dans le couloir, dévale le couloir, puis les escaliers. Je te cherche frénétiquement parmi la foule, fouille le bar du regard. Tu n’es pas aux toilettes sinon Jay t’aurai aperçu, Marc ne t’a pas vu non plus aux abords de Richard. Le coin fumeur est ma prochaine option, tu as dû avoir une envie de nicotine et je me jure de te faire bouffer ton paquet entier si je te retrouve derrière ce foutu mur en briques. Appartement, ma petite leçon ne t’a pas fait assez peur. Sache que je prends ça comme un défi et que je vais te faire passer l’envie de me fausser compagnie. Je me faufile entre les groupes qui s’extasie sur le génie de Richard, me faisant lever les yeux au ciel si haut que je crains de rester bloqué. Ma main se referme sur la porte qui mène à l’extérieur quand des voix éclatent dans mon oreillette. Je tente de suivre ce qu’il se passe mais c’est confus. Des bruits de coups, des meubles qui bougent, des grognements. Rien n’est cohérent et je sens une goutte de sueur glacée dévaler ma colonne vertébrale. Puis la voix de Jay retentit avec un seul mot d’ordre.

Les coulisses, Sören !

Je me fous des onomatopées qui s’élèvent dans les airs à mon passage. Je cours dans la foule pour rejoindre les coulisses au plus vite, bousculant tous les corps qui se mettent entre moi et ma cible. Le bruit de verre cassé ne m’arrête pas, ni les insultes dans toutes les teintes de l’arc-en-ciel. Quand j’arrive enfin, la loge est sans dessus-dessous. Don est au col le nez en sang et Jay le pointe avec son arme.

Il s’en est pris à Keith.
Je voulais juste lui dire bonjour, vous êtes complètement cinglé ! Je vous foutre mon avocat au cul !
Keith n’a rien je crois, il est parti en direction du hall.
Ok, appel la police pour celui-là. Marc, maintient Richard à l’écart de tout ce bordel et raccompagne le au manoir avec ta voiture. Je m’occupe de Keith.

Tout le monde confirme mes ordres. Au moins, je n’aurais pas à surveiller ce connard de Don cette nuit car même si je doute qu’il reste plus d’une heure au poste, il sera trop tard à sa sortie pour qu’il vienne frapper à la porte de son frère. Mes pupilles sont voilées du voile rouge de la colère, mon coeur bat dans mes tempes et j’ai autant envie de te retrouver que de ne plus jamais voir ton putain de sourire qui soulève juste la comissure droite de tes lèvres. Je me concentre sur ma respiration, reprend un air humain -du moins, ce qui ressemble le plus à un humain selon moi- et me repointe dans le hall. Tu n’es toujours pas visible parmi les badaux qui traînent encore dans le coin, une coupe à la main. Mon regard est attiré par le bar où mon crush de début de soirée me fait des grands gestes. Mon attention captée, il me montre la porte qui donne sur la rue. Il a dû te voir de propulser à l’extérieur et sait que je te cours après. Je le remercie d’un signe de tête et pousse la porte tellement fort, que pendant un instant j’ai l’impression qu’elle va s’envoler dans les airs jusqu’à s'échouer sur la route encombrée de voiture. Tu es là, au milieu du trottoir, le regard dans le vide. Je m’immobilise une seconde et pendant ce très court laps de temps, je suis pétrifié par ton regard. Et si ce qu’il vient de se passer était trop pour toi ? Si tu avais choisi d’abandonner ? Non, non, non. Impossible, je ne te laisserai pas faire. Je rebranche mon cerveau et la colère déborde de nouveau par tous mes pores. J'agrippe fermement ton bras et t’entraîne à ma suite. Je me fous de savoir si tu peux suivre mon rythme, si tu es toujours en état de choc ou si je contrarie une autre de tes idées stupides. Je presse le pas car tout ce que je veux maintenant, c’est te mettre en sécurité. Je te traîne jusqu’au parking où j’ai garé la voiture de Richard, en marmonnant des phrases incohérentes en suédois. Elles sont principalement composées de jurons dans ma langue natale, que je n’avais pas utilisé depuis plusieurs années.

J’ouvre la porte passager, te jette à l’intérieur avant de m’installer derrière le volant. Les pneus crissent sur le sol plastifié du parking avant de débouler dans le trafic dense de Los Angeles. Mes poings sont si crispés autour du volant que mes phalanges sont blanchies. La fureur pulse autour de moi comme des volutes blanches au-dessus d’une boisson chaude.

Putain mais qu’est ce qu’il ta pris ? C’est quoi ton putain de problème Keith ?

Je frappe violemment le tableau de bord de mon poing avant de te fixer, une lueur de folie ayant pris possession de mes prunelles.

Non, ferme là ! Je ne veux pas t’entendre ! J’ai besoin d’un moment pour me calmer et après tu m’expliquera pourquoi tu t’obstine avec ton putain de comportement de sale gosse.


@Keith Chamberlain
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