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 (SÖREN!) this is the life

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Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) this is the life - Page 12 EmptyJeu 9 Fév - 17:37
Ciel qui se mue en une catastrophe noire, laisse apercevoir quelques volutes grises, toujours trop sombres pour que j'ose ouvrir la bouche. Bon, l'avantage de ta colère, c'est qu'elle me permet de ne penser à rien d'autre qu'à la vitesse de la voiture qui déroule sa propre route, alors que les autres usagers dévisagent la carrosserie, incapable de deviner derrière les vitres teintées quelle grande célébrité a bien pu délaisser son hélicoptère et emprunter l'une des routes les plus bouchées de la ville, même pire ; quelle célébrité a bien pu penser que son lieu de rendez-vous comptait plus que la sécurité routière ? Première pensée à me soutirer un vrai sourire, qui se noie presque aussitôt dans les flots de jais qui enlisent tout, noient même la musique qui finalement n'était pas si irritante que ça, emportent par vagues toutes les pensées, tous les mots que j'aurais aimé te dire, ne pas juste me contenter de cette révélation, l'anneau vissé pour de bon autour de mon doigt. C'était ça ou j'allais mourir à petits feux, loin de ma famille pendant que la tempête venait tous les déchirer. Et tu m'aurais répondu que ça ne comptait pas vraiment, comme marché, puisque dans tous les cas j'allais mourir à petits feux. Tu n'aurais peut-être pas eu tort. Mais troquer quatre partitions contre ma famille était le deal le plus favorable de tous. Je ne pouvais pas laisser Jacob dans son lit, plongé dans un sommeil noir, et continuer de ronfler de mon côté, en omettant de penser à lui chaque minute. Je n'ai pas l'occasion de te l'expliquer puisque, si ta cavalcade furieuse a pris fin, ce n'était que pour déboucher sur des rues désertes, bordées de roche et de sable, l'air salé qui rentre à travers les fenêtres me rappelle une autre crique, un autre parking, un autre soir, une autre colère. Les schémas se répètent encore et toujours, et pourtant tu es de plus en plus intense, et les flammes derrière tes yeux sont de plus en plus vives, de plus en plus nombreuses aussi. Tu t'extirpes le premier de la voiture, me hurle un ordre qui me fige instantanément, claque la portière en l'emportant presque avec toi, le métal que j'imagine se froisser doucement sur l'impulsion.

Tu t'assois sur le capot, te relève, enchaîne quelques pas avant de te rassoir. Incapable de rester en place, les muscles qui bougent sous les tissus alors que ta colère te consume entière, menace de provoquer une éclipse tant elle est noire. Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi faire, à part rester assis, ici, à gratter ma peau sous l'effet du stress. Je n'aurais pas dû t'en parler ou alors si ; j'aurais dû t'appeler dans quelques jours, te laisser encaisser la nouvelle, te réfugier dans la préparation de tes dispositifs de sécurité pour mettre de côté cette fichue furie qui décimait tout sur son passage. Ma main se pose sur la poignée, et j'attends quelques secondes, que ta jambe frémisse un peu moins sur le béton, signe que le calme arrive lentement. Quand je ferme la portière derrière moi, tu ne bouges pas. Tu sais pertinemment ce que je viens faire, alors tu m'interromps, me coupe les ailes en plein vol. Muet, pas trop proche, accoudé à ma portière. L'envie de te rappeler qu'il faut qu'on y aille. Ce n'est pas urgent, mais je voudrais te faire croire que si, pour que tu me déposes à l'aéroport et que je puisse me détacher de tes tornades obscures et de tous les morceaux de papier brûlé qu'elles font danser dans ma tête, bribes de pensées, de promesses, d'envies, de déceptions aussi. Et puis, dans une inspiration, je me résous à l'idée ultime. Quelques pas en avant, m'approchant de toi, brûlant déjà mes cheveux et ma peau, ta colère te faisant l'incarnation directe d'Hélios, tes rayons venus me brûler, ralentissant ma marche, me faisant un peu plus mal que prévu, encaissant toute ta colère pour l'absorber, en faire des reflets irisés qui se perdent dans mes yeux et sur les rochers alentours, tentant de jouer les éponges pour te délester de ce poids-là, mon cerveau qui se teint de rouge, rouge vif, rouge sang, rouge douleur, mais je continue d'avancer. Et puis je déplie mes bras autour de toi. Ça, tu ne t'y attendais pas. Me faire taire est simple, puisque tu savais que j'allais essayer de me justifier. Mais quand je me blottis contre toi, ça ne dure que dix secondes, la peau qui martèle sous toutes les brûlures, mon souffle qui se perd et recrache quelques flammes dans le creux de ton torse. Je me détache finalement, me laisse tomber sur le capot à côté de toi. "Ça va aller, Sören. Je te jure que ça va aller." On sait pertinemment tous les deux que c'est faux, que les poings reviendront, avec eux les humiliations publiques. Je tire une cigarette de ta poche, prêt à me brûler un peu plus au Soleil. "Je partirais quand même. J'aurais moins d'argent, une réputation horrible. Mais ça ira. Fais-moi confiance. Je n'ai besoin que de ça. Et que tu arrêtes d'hurler." Curieux échos avec les discussions d'hier, les murmures après les clapotis de la piscine, cigarette qui fume à nouveau dans ma bouche alors que le tabac de l'ancienne n'avait pas encore complètement disparu de mon haleine. Quelques minutes qui s'étirent, le silence qui résonne par-dessus les vagues lointaines venues s'écraser sur le sable, emporter des milliers de grains avec elles, les remplaçant par d'autres. "Ce bruit d'eau m'angoisse, ça me rappelle de mauvais souvenirs de baignades." Léger coup de coude que je t'adresse, quelques rapides éclats de rire, ma cigarette terminée qui s'écrase sur le béton, sous nos pieds, avant que je ne ramasse ton mégot et les mettent tous les deux à la poubelle, revenant m'asseoir en tailleur cette fois sur le capot. Le choc de l'appel est passé, l'inquiétude demeure, mais ne prend plus les rênes. L'astre m'apaise, me permet de fermer les yeux quelques instants. Ma bouche qui s'ouvre un peu sans que je le sente venir. "Le mariage ne change rien du tout à ce que je t'ai dit hier soir. Ma chambre reste ma chambre, et époux ou pas, c'est toi qu'il me faut à côté de moi." Commissures qui se soulèvent de nouveau. Déteste-moi, abîme-moi, fais ce que tu veux, Sören, dans tous les cas je n'arriverais pas à t'en vouloir assez pour me faire à l'idée de ne plus jamais passer une nuit tranquille en bordure de ton corps.

@Sören Lindberg
Sören Lindberg
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Sören Lindberg
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#  (SÖREN!) this is the life - Page 12 EmptyVen 10 Fév - 14:27
Je te laisse m’enlacer, absorber mes volutes obscures pour les mélanger aux ondes éblouissantes qui continuent de se dégager de ta poitrine, malgré la tristesse, malgré l’angoisse, malgré ce maelstrom de nuages gris que j’ai fait naître au-dessus de notre tête. Je te laisse m’enlacer et soulager mes muscles d’un fardeau jusque là inconnu. Je hoche la tête doucement à tes fausses promesses et garde le regard fixé sur l’horizon. Je t’en veux de me balancer des conneries juste pour apaiser la situation, je t’en veux pour tellement de trucs qu’il vaut mieux que je reste muet. Je ne suis pas en position de te dire ce que je pense réellement, on a déjà essayé et c’est contre productif. Je ne fais que te blesser et tes larmes ont déjà bien assez coulées pour aujourd’hui. Alors j’enfonce une cigarette entre mes lèvres pour m’occuper et éviter de laisser échapper des mots qui feront disparaître ton sourire timide.

Ok.

Arrêter de hurler, ça je peux le faire. Ce n’est pas mon style en plus. Sauf avec toi, apparemment. Je suis plutôt du genre reptile que comète, j'étouffe en silence, sang froid ne pouvant se réchauffer qu’en de rare occasion. Tes pas te conduisent jusqu’au capot de la voiture dont je t’aurais délogé rapidement si on s'était trouvé sur ma caisse. Richard ne s'apercevra même pas des griffures sur la carrosserie, trop occupé à admirer son nombril. Juste pour le plaisir d’apporter ma marque au tableau en train de se former sur le capot, je m’installe à tes côtés, laisse le silence se fondre entre nous, épouser nos formes. Léger coup d'œil dans ta direction quand ton coude percute mes cotes mais je n’ai pas envie de rire Keith. Peut-être que tu as accepté ton sort mais ce n’est pas mon cas. Je pensais avoir réussi à réveiller ton instinct de survie, t’avoir donné envie d’autres choses que de servir de sac de frappe à un connard qui te vole la moindre goutte de magie. Je me suis trompé. L’émulsion est retombée et je n’ai aucune envie de me lancer dans un nouveau combat perdu d’avance. Retour à la case départ.

J’éteins ma cigarette du bout du pied et scelle mes lèvres. Mon sourire n’est plus, ne reste qu’une fine ligne, dernier barrage contre un flot d’acide qui menace de s’écouler à tout moment. Je n’ai plus la force de te regarder, ni de faire l’effort de mesurer mes propos. J’ai envie qu’on retourne dans cette foutue voiture, de te larguer à l’aéroport et de rompre mon contrat avec Richard. Il sera content de se débarrasser de moi et moi, je serais content de retourner à ma vie sans musique, sans feu d’artifices multicolores, sans vagues irisées, sans tout ce putain de bordel dans mon crane. Je me lève brusquement, reste dos à toi, prêt à rejoindre ma place de conducteur.

Je suis pas un putain de gigolos que tu siffles quand t’en a envie, Keith. Maintenant, monte. On y va.

Je n’ajoute pas qu’on risque d’arriver en retard parce que ce n’est pas vrai. Ton vol est dans plusieurs heures et même si je décidais de passer par toutes les ruelles de la ville, on arriverait quand même à l’heure pour que tu puisses rejoindre ta famille. Retour à nos postes initiaux, moi figé derrière le volant, toi planqué derrière mon siège. Le ronronnement du moteur empli l’espace laissé par nos microclimats personnels et nous repartons en route. Cette fois, je ne me laisse pas surprendre par les embouteillages et choisis un itinéraire secondaire, plus long mais moins encombré. Je garde le silence, déjà parce que je ne sais pas quoi te dire après tout ça et ensuite parce que je n’ai aucune envie que tu relances une discussion autours de sentiments que je ne comprends pas.

Tu vas te marier en revenant, très bien. Tu choisis de t’enchaîner à Richard par un contrat qui n’a aucune clause en ta faveur, parfait. Je ne t'empêcherais pas de vendre ton âme au diable mais ne compte pas sur moi pour te servir de distraction. Je suis sûr que Richard a déjà fait ajouter la mariage à mes ordres de mission et qu'il va se faire un plaisir de tout me détailler pendant ton absence, le déroulement de la journée, la cérémonie, les invités, les plans de table, usant toujours un peu plus mes nerfs pour savoir jusqu'où je peux tenir avant de lui refaire le visage. Il aura autant de plaisir à me foutre une plainte au fesse que moi à faire sauter ses dents une par une.

@Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) this is the life - Page 12 EmptyVen 10 Fév - 15:19
J'ai eu le sentiment pendant quelques secondes, la joue lovée contre ton torse, mes bras autour de tes côtes, que j'avais réussi à absorber ce qui n'allait pas, réussi aussi à instaurer de nouveau une courte période de paix entre nous ; c'était de faux espoirs, bien évidemment, sorte de grande toile peinte de verte sur laquelle tu étais bien décidé à faire figurer un vortex noir également, aspirateur des bonnes énergies, créateur de nuages gris menaçant d'exploser au-dessus de nos têtes. Ma troisième cigarette en bouche, appuyé sur la carrosserie qui ne se froisse même pas sous l'impulsion de mon corps, je t'observe, et tes traits se ferment en même temps que la discussion, tu te figes, et je sens bien que je n'ai plus aucune accroche, que comme Icare, je suis venu me brûler les ailes un peu trop près du Soleil et ça, pour pas grand-chose. Tu continues de fulminer, tu ne lâches pas un mot, et après quelques minutes, j'arrête de me concentrer sur ta mâchoire si serrée qu'elle est prête à exploser, à laisser ton visage entier se disloquer en lamelles qu'il me faudrait sans doute recoller ; mais pas tout de suite, pour l'instant tu es encore trop bouillant de colère, trop en ébullition d'une seule confession qui devrait bien plus m'affecter que te torturer. Incapable de voir autre chose danser derrière tes yeux qu'une rage infinie qui consume tout, à commencer par ton sourire, à commencer par la proximité de nos corps, à commencer par le souvenir doux de la veille. Ta cigarette s'écrase sous tes semelles alors que tu contiens de nouveaux rugissements, et je reste assis quelques instants, fixant les vagues sans dire un mot, par peur que tu en profites pour venir m'écharper la langue ou la carotide. Je déteste quand tu fais ça. Je contiens cette pensée-là pour moi, me rappelle que je ne suis pas non plus un professionnel de la gestion des émotions, et que ta colère en est une que j'aurais du mal à manipuler si elle venait m'envahir. A vrai dire, je garde même toutes mes pensées pour moi, même quand tu me balances une nouvelle infamie au visage, que je déglutis difficilement, sachant qu'en quelques minutes, quelque chose s'est cassé sans que je ne puisse vraiment mettre le doigt dessus. Et ça provoque quelque chose de très étrange, l'avénement de non pas un, mais bien mille sentiments différents, harpies qui viennent tournoyer autour de moi, succubes qui rampent le long de ma chair, sirènes qui chantent leurs foutues mélodies entêtantes alors que j'ai envie de leur crier de dégager, de me laisser tranquille avec mes migraines et ma douleur. Mais non, tout le bestiaire se maintient bien accroché à moi, et au-dessus du monceau d'écailles, de plumes, de chair, un trône, dans lequel tu es assis toi, à m'envoyer promener comme si de rien n'était, comme si c'était toi qui subissais toutes les punitions. "D'accord." Hors de question de te laisser porter cette couronne-là ; pourtant, pour l'instant, je mâche mes feulements entre mes dents, obtempère en venant m'asseoir derrière toi, te laisse de nouveau étrangler le violent et poignarder les freins, alors que la route qui se dessine ne m'est pas tout à fait familière. Ce n'est pas très grave, après tout j'ai quelques heures avant le vol ; mais tu ne me donnes pas du tout l'envie de les passer avec toi. Finalement, c'est une bonne chose que tu ne viennes pas à Southampton. J'aurais regretté d'infliger toutes nos tempêtes à ma famille alors qu'elle en traversait déjà une bien plus intense, bien plus aride, bien plus importante.

Tu restes mutique, moi aussi, chacun de son côté en train de mâcher de l'acide. Je concentre mon regard sur la rue, tente de ne surtout pas diverger sur tes yeux dans le rétroviseur qui dans tous les cas me fuient, trop occupés à étouffer la route entière. Et puis je soupire, une première fois. Comme pour abdiquer, me jeter au milieu des armées en soulevant un drapeau blanc. Puis une seconde fois, et j'attire ta pupille contre la mienne dans le reflet. Moment de courte durée, puisque tu manques griller un feu rouge, t'immobilise avec fracas. Et puis ça recommence : le silence lourd, poisseux, les yeux qui cherchent absolument les tiens, en vain, car cette fois ta mâchoire est trop serrée, les mots ont été trop incisifs dans ton crâne pour laisser couler la situation. Mes dents viennent mordre mes doigts, diffuser un peu de noir dans la chair, et cette fois-ci j'abandonne. Tant pis si tu te vexes, tant pis si tu t'énerves, dans tous les cas dans quelques heures je serais trop loin de toi pour m'infliger ton regard de travers ou les vagues brûlantes de colère. Trop loin pour venir enserrer Hélios, tenter de le débarrasser d'un maximum de magma empoisonné. Alors ma bouche s'ouvre, mécanique que je ne contrôle pas. "Tu sais, si le but c'est de te convaincre que tu me détestes, tu ferais mieux de me laisser sur le bas-côté, me laisser me démerder pour avoir un taxi et prendre mon avion, pour... quoi déjà ? Ah, oui, c'est vrai, aller voir mon frère qui est en train de mourir." Je secoue la tête. Morsure plus intense sur l'index, le sang qui pointe et qui est prêt à s'échapper de la peau, effusion douloureuse sans doute mais qui me fera le plus grand bien. "En tout cas, je suis content de voir que tu as progressé, maintenant tu sais choisir pile les bons mots pour bien trancher, bien faire mal." Je suis à pas grand chose d'aboyer, de me mettre à grogner, avant de dépecer ton siège et le peu de ta nuque qui m'est exposée. "Je ne sais pas pourquoi tu t'amuses à faire ça, à feindre les émotions, à faire comme si ça t'atteignait vraiment. Ce mariage, t'en as absolument rien à foutre, Sören, le seul truc qui t'emmerde peut-être dans ta vie bien organisée c'est le système de sécurité qu'il faudra mettre en place." Ma main qui suit mes mouvements, voltige dans les airs, acrobate qui passe de venin sifflé à douleur exprimée, glissant, galopant, avant de venir se poser sur ma cuisse quand ma voix se fait plus calme. "Toi et moi, on n'a pas les mêmes priorités. Ce qui me fait mal, c'est de savoir que je vais me marier avec un mec que je n'aime pas, en en ayant un autre dans la tête, et de me retrouver enchaîné pendant des mois et des mois." Une confidence qui m'échappe, me fait pincer les lèvres, tordre la tête vers la vitre, le torse qui se soulève sous l'intensité de ma respiration et de mes battements cardiaques, suivant curieusement la façon dont mes mots s'amusent à se dessiner dans les airs, nuages blancs qui viennent nuancer l'orage, encore et toujours. Mais d'habitude, ils étouffent les tempêtes, amènent finalement les foudres à se calmer ; là, non, des éclairs bleus viennent strier le ciel, déchirer les astres. "Et j'arrive pas à savoir ce que t'attends exactement de moi, j'arrive pas à piger ce que tu veux que je dise ou que je fasse, parce que tu t'attends toujours à ce que je réagisse comme toi tu le ferais, mais non, c'est pas possible, et j'aimerais bien que tu le comprennes une fois pour toutes, parce que tu commences vraiment à prendre une place qui te laisse me faire beaucoup de mal." La phrase débitée sans interruption, pour ne pas te laisser en placer une, parce que j'ai besoin de vider mon sac, besoin de me décharger aussi de quelques étincelles, et qu'apparemment, tu les supportes mieux que moi. Sans m'arrêter aussi parce que je sais que les larmes aiment venir me jouer des tours, ponctuer mes représentations de leurs foutus spotlights lancinants, et que j'ai pas du tout envie de me mettre à pleurer devant toi, pourtant je sens que ça monte, alors j'ai pas d'autre choix que de recommencer à parler, trop vite, trop fort, en te disant sans doute des choses que je ferais mieux de garder pour moi. "Tu te rends pas vraiment compte de ce que tu dis, ou alors si et c'est encore pire parce que ça veut dire que tu me détestes et que t'aimes me voir souffrir." Une inspiration, comme au championnat du monde d'apnée, mes yeux qui se plantent sur toi, puis sur tes épaules. "Je ne t'ai jamais considéré comme un putain de gigolo, sinon je n'aurais pas essayé de te ramener avec moi en Angleterre, sinon je ne t'aurais pas dit autant de choses sur moi, sur Richard, et j'aurais sans doute mieux fait de la fermer, peut-être que comme ça tu te réjouirais de me voir en marié dans quelques semaines au lieu d'être là, à me hurler dessus des ordres, à réduire au néant ce que je pensais de la nuit dernière, à me faire regretter de même putain d'exister !" Voix qui se brise, cette fois j'ai plus de mal à contrôler les larmes, alors je me terre dans mon siège, enfile de nouveau les verres teintés, les yeux rivés vers l'extérieur, seules les lèvres tremblantes qui crient mon désarroi et en chantent les louanges assassines.

@Sören Lindberg
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#  (SÖREN!) this is the life - Page 12 EmptyVen 10 Fév - 16:40
Je ne sais pas à quoi je m’attendais après cet éclat mais le silence qui règne dans la voiture me convient bien. Pas de mot tranchant qui vole dans l’habitacle, pas de voix qui blesse, rien que le silence, le bruit du moteur et les apparitions furtives des voitures autour de nous. Je me vautre dans ce silence aussi inconfortable soit-il mais au moins je peux le gérer. Je me concentre sur la circulation et avale le plus de kilomètres possible avant que tu ne nous plonge dans un nouveau cyclone. Je vois tes regards dans le rétroviseur, je sens tes jambes bouger sur un rythme irrégulier et j'attends chacun de tes soupirs que tu ne fais même pas semblant de planquer. Je sais que ça va tomber à un moment, je vois les mots s’accumuler derrière tes lèvres et j’attends la sentence comme un condamné à mort. J’ai été trop loin, je t’ai blessé et je sais que tu vas faire tout ton possible pour me pousser dans mes retranchements. Par une fois, je manque de nous envoyer dans le décor, le regard planté dans le tien alors que le feu rouge n’entre dans mon champ de vision qu’au tout dernier moment. J’ai envie de te crier de crache ce que tu as à dire plutôt que de jouer avec mes nerfs mais tu m’as demandé de ne plus hurler. Alors je mâchouille ma lèvre inférieure, lui fait libérer un filet de sang pour ne pas me laisser emporter par une nouvelle vague de colère. Le calme est revenu sous mon crâne, le gris a de nouveau pris possession de chacune de mes cellules. Je me sens encore légèrement agacé mais la tempête est passée. Cela fait plusieurs années que je n’avais pas laissé la rage prendre autant de place, je n’aime pas ce que tu provoques chez moi Keith. C’est trop incontrôlable pour moi car rare pour que je puisse dompter ces nouveaux flashs.

Fin du silence, nouvelle scène qui débute dans ce huis clos motorisé. J’encaisse chaque coup que tu envoies, j’essuie chaque jet de lave qui me brûle la peau. Je sens le gris si pâle sous mes paupières se teinter de nouveau en une nuance plus sombre, roche banale qui prend des reliefs obsidiennes. Mes dents relâchent ma lèvres et je parle en même temps que toi, mots qui se mêlent et s'entremêlent dans un brouhaha indistinct.

Tu as raison, Keith. Je ne ressens rien. Rien du tout. Ton mariage c’est ton problème. Moi je ne suis là que pour vous maintenir en vie, toi et ton putain de futur mari ! C’est toi qui est en train de fermer les chaînes autour de tes pieds alors ne me rend pas responsable de ce bordel !

Nos éclats font trembler la carrosserie, éclairs qui se déchaînent dans tous les sens, brûlent la pointe de nos cheveux, lacèrent nos cœurs sans la moindre once de pitié. Combat des dieux invincible pour les simples mortels qui continuent de se balader tranquillement sous le soleil californien alors que nous brûlons tout sur notre passage. Goût de cendre sur la langue quand le silence revient. Ton regard se perd par la fenêtre, le mien retrouve la route. La berline s’immobile à un nouveau feu et c’est le moment que tu choisis pour planter ton glaive en plein dans ma poitrine. Si le vent se calme de mon côté, il ne fait que s’attiser à l’arrière de la voiture. Je n’arrive plus à encaisser tes coups, à faire comme si j’étais totalement détaché de la situation.

Le bras qui s’enroule autour de l’appuie-tête, je me retourne pour te faire face. Du moins, autant que ma ceinture de sécurité ne me permette de le faire. Je suis prêt à ce nouveau corps à corps, prêt à te rendre tes coups s’il te faut, à te marquer de bandes bleutées juste avant de t’obliger à monter dans ton avion. Mais mon regard trouve le tien et ce que j’y lis éteint toutes les braises qui continuaient de fumer sur ma langue. Tes pupilles sont mouillées, au bord de rendre les armes alors que tes traits se donnent tant de mal pour garder le masque que tu as fabriqué durant notre duel silencieux.

Ma voix n’est pas si dure que je l’aurai voulu, ni aussi forte. Je secoue la tête et ne te laisse aucune possibilité de fuir mon regard. Je me fous les klaxons autour de nous qui nous hurlent d’avancer. Je vais rester là pendant une heure s’il le faut et aucun angelin n’arrivera à me faire bouger avant que je ne l’ai décidé.

Je ne te déteste pas, Keith. Et je sais que c’est difficile à croire en ce moment mais je ne prends aucun plaisir à te blesser. C’est juste que…

C’est le moment de réfléchir aux mots à utiliser. Mon cerveau pédale dans la semoule, n’arrive pas à associer deux mots cohérents, à dire tout ce qui se passe dans ma tête. En vrai, je ne sais pas ce que je fais, pourquoi je suis là, pourquoi j’ai soudoyé John pour me laisser te conduire à l’aéroport. Je n’en sais rien et je ne peux pas expliquer quelque chose que je ne comprends pas. Mais il y a une chose dont je suis sûr.

Ça me rend dingue que Richard arrive à ses fins et ça me rend dingue que tu l’acceptes. Je sais qu’on est pas pareil tous les deux et je ne peux pas exiger de toi que tu agisses comme je voudrais que tu le fasses mais ça me met en colère. Et ça fait des années que je n’ai pas été aussi en colère et je n’arrive pas à gérer parce que je ne sais pas comment faire. Mon cerveau n’est pas programmé pour ressentir ça.

Eclat de voix, presque de colère de laisser sortir ces maux intimes. Mais ce n’est pas comme si j’avais le choix. J’ai le pressentiment que si on se quitte en froid, je risque de ne jamais te revoir. Je laisse ma main se frayer un chemin jusqu’à ton genou, connexion rétablie entre nos corps comme si ça allait te permettre d'accéder à mon système et de tout comprendre comme par magie.

Je voulais pas te blesser. Je ne sais pas ce qui m’a pris.

Nouveau soupir et dernier acte de franchise.

Je ne peux pas te laisser regretter d’exister Keith, parce que tu as tellement à offrir au monde. Ta musique est un don, tu crée des histoires magnifiques même moi j’arrive à m’en rendre compte. J’espère qu’un jour tu prendra conscience de tout ça, que tu arrivera à te voir comme moi je te vois malgré mon cerveau déviant et mon trouble à la con.

Sourire en coin, c’est les meilleures excuses dont je suis capable. J’espère que tu arriveras à le comprendre. J’espère vraiment.

@Keith Chamberlain
Keith Chamberlain
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Keith Chamberlain
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#  (SÖREN!) this is the life - Page 12 EmptyVen 10 Fév - 17:17
Je crois que c'est la première fois que je pleure pour toi, à cause de toi. Richard m'a soutiré bien des larmes, le coup de fil de ma mère ce matin aussi, parce que j'ai le coeur qui palpite d'inquiétude dès que ça touche à ma famille, dès que je sais qu'un de mes proches est en danger. Et pourtant, malgré la crise du matin, l'air qui me manquait pendant que mes poumons étaient prêts à exploser pour de bon, rien ne m'avait préparé à la douleur que je pouvais ressentir si toi, Sören, tu t'emparais d'un glaive, le plantant dans mon torse à deux mains, t'assurant de bien transpercer le coeur, les poumons, absolument tout ce qui me faisait réaliser que j'étais en vie quand je partais dans l'une de ces phases colorées dont je revenais toujours amoché. J'avais eu le sentiment cette nuit, pour la première fois depuis des siècles, que le sommeil apporté allait suffire pour lutter contre mes démons, allait suffire pour me dresser contre Richard, l'envoyer valdinguer je ne sais où, me tirer, une valise à la main, l'autre accrochée à ton bras, retrouver cette foutue chambre de motel sans miroir, au papier peint effrité par tes poings. Curieusement, même si mes phalanges étaient restées rougies par le choc, cette nuit-là avait été l'une des meilleures de ma vie, puisque je m'étais réveillé blotti contre toi, tes bras dessinant un costume autour de ma peau, et surtout, un autre indice dont j'aurais dû me douter ; mes paupières s'étaient ouvertes sur un sourire, le premier depuis des années, matin apaisé, prêt pour affronter toutes les journées.

Souvenir lointain face à la scène qui se déroule dans l'habitacle, nous voit rugir l'un sur l'autre, fauves affamés de savoir qui emportera ce combat-là, tu ne m'écoutes pas et je décide d'en faire autant, de t'asséner un maximum de dagues et de bien appuyer pour être sûr de laisser ma marque. Explosions qui durent quelques minutes, tu accélères sur les boulevards sans même que je m'en rende compte, et tes dents sont sorties, ravagent tes lèvres, crachent des mots qui me donnent encore plus envie de t'ébouillanter, là tout de suite. Les vitres frissonnent, les sièges se tassent, le monde entier se soumet à une nouvelle gravité alors que les bombes tombent les unes après les autres, que tu me blesses, que je te blesse, et puis, haletant, à bout de souffle, j'arrête, te laisse dérouler quelques dernières phrases agressives. Tu t'interromps rapidement, et, curieusement, ça me donne encore plus envie de te faire du mal. Au moins, quand tu parles, tu dis les choses telles qu'elles sont au lieu de les marmonner dans le coin de tes lèvres, de me fustiger d'un million de reproches lancés sans même que je puisse réellement les discerner. Le silence revient en même temps que les larmes sur mes joues, mes yeux humides que j'espère bien cachés derrière les lunettes de soleil, qui n'ont jamais aussi bien portées leur nom puisque j'ai face à moi un astre entier qui brûle, me consume et j'aime tellement ça que je reste attaché, les mains vissées sur mes jambes qui viennent parfois s'élever pour chasser les restes lacrymaux. Je t'écoute me délivrer des mots qui sonnent comme s'ils étaient joués par les harpes d'une horde de petits anges, et mes larmes devraient s'arrêter de couler, pourtant  elles continuent de dévaler ma peau, de s'échouer sur mes mains, puis sur la tienne, venue s'emparer de mon genou. Je n'arrive pas encore à lever les yeux vers toi, trop effrayé malgré la douceur de ta voix, de faire face à un rideau enflammé, ou à la fin du monde directement, lissée et esquissée derrière tes pupilles. Mon coeur se soulève à chaque mot, me laisse persuadé que tu ne sais pas l'impact qu'ils peuvent avoir sur moi, et me font regretter le venin lancé à ta figure, destiné à te métamorphoser en une bestiole fondue sous mes sentiments. Je mobilise chaque os, chaque nerf, parvient finalement à relever le cou, mes yeux t'observant d'abord à travers les verres teintés de ma lassitude, de ma fatigue de me battre, toujours, encore, et de cette blessure béante que tu as tracé sur mon torse, en me laissant croire que tu pouvais bien ne rien en avoir à faire de moi, pendant que mes nuits et mes jours se consacraient uniquement à me faire prendre conscience de l'importance fondamentale que tu étais venu exercer dans ma vie.

Tu soupires et puis dessine une nouvelle symphonie, une qui joue de belles mélopées à mes oreilles, m'aide à faire cesser les larmes, m'aide à faire cesser les cors de chasse que j'avais mobilisé pour venir me déchaîner sur toi, te piétiner pour de bon, laissant la rage m'envahir comme elle était venue te saisir, pour mieux le regretter après. Tu complimentes mon art, glisse quelques sous entendus pour me faire rougir à peine, honoré d'être sous le joug de ces nouveaux fusils qui ne tiraient que des graines de roses. Ma main se glisse sur la tienne, la serre sans doute un peu trop fort, juste ce qu'il faut pour me rappeler de ta chaleur et de la façon dont nos peaux se complètent. Image obscène de la piscine, hier, des syphons, de tous les mouvements et de cette sensation diluée par la nuit mais toujours aussi fameuse de te sentir contre moi puis définitivement en moi, fusion unique s'il y en avait bien une. Ma voix est encore un peu tremblante dans les premières syllabes, mes lèvres infiniment trop sèches qui dépose un rapide baiser sur ta main avant de la laisser s'échapper de ma jambe, reprendre le contrôle du volant pour nous faire avancer et faire taire la fanfare qui nous poursuit, automobilistes peu enclins à voir que le chariot des enfers vient enfin de se calmer, que les roues ne laisseront pas de traces enflammées et que le pot d'échappement va pouvoir arrêter de cracher des orages orangés. "Je ne sais pas comment je vais faire sans toi les prochaines semaines, Sören. Je vais avoir du mal à dormir, et du mal à ne pas pouvoir te parler ou t'hurler dessus tous les jours." Légère moue sur mes lèvres, chassant le sillage de la dernière larme qui est venue passer par là, a laissé une trainée scintillante le long des plis de ma joue ou sur les quelques poils de ma barbe naissante, peu entretenue ces derniers jours malgré tous les regards dans tous les miroirs, m'assurant d'être toujours au point pour me confronter à tous les yeux, à toutes les mains.

Mes lèvres redeviennent douces, mon ton aussi, je me redresse dans le siège, laisse mon front s'appuyer sur ton siège, à quelques centimètres de ton visage. Une confession me glisse entre les lèvres. "J'ai continué à écrire la symphonie de l'autre soir, sur la planche à découper. J'ai trouvé son nom." Main qui se perd sur ton épaule, l'enserre rapidement, laissant comme un bracelet autour de l'os, puis les doigts qui se reposent sur ta clavicule, mon nez enfoui contre le cuir. "Flamma griseo Deus. Le dieu aux flammes grises. Ça m'a fait penser à toi, je te vois derrière chaque violon, derrière chaque flûte." Loin de te révéler que la scène des eaux tourmentées fait partie de mes préférées, qu'elle me hante depuis la veille sans que j'ai pu venir la coucher sur du papier annoté. La voiture continue son grondement, mais il est apaisé, maintenant que tu as su trouver les mots nécessaires pour me calmer, pour me rassurer. Ces explosions ont évidemment amené de nouvelles questions, qui restent sans réponse pour le moment. Incapable de correctement définir ce besoin d'être toujours à proximité de toi, incapable de correctement trouver les mots pour te poser directement cette énigme, t'en demander la solution, même si tes lèvres qui débitent sans vraiment analyser pourraient m'assommer de nouveaux coups. "Tu pourras passer la nuit de noces avec moi ?" Léger sourire qui se dessine dans le creux du siège. Peut-être pas le sujet idéal à aborder maintenant, mais si je peux déjà enlever une question de la liste qui m'étreint le cerveau, c'est un début. "Sans parler de coucher ou quoi. Juste pour m'assurer que Richard ne revient pas, que Don ne vient pas non plus. Et aussi parce que je risque d'un peu pleurer, et que ça me ferait du bien que ce soit toi avec moi." Mes yeux qui se soulèvent, cherchent une étincelle dans ton regard. "Et il faut que je m'achète un téléphone, là-bas. Pour que je puisse t'appeler, tu sais... En cas d'attaque, de kidnapping, ou un truc du genre. Tu serais le seul à payer la rançon donc bon."

@Sören Lindberg
Sören Lindberg
I see fire
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Sören Lindberg
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#  (SÖREN!) this is the life - Page 12 EmptyVen 10 Fév - 17:57
Le calme revient dans l’habitacle et avec lui une pluie de questions. Pas du genre de celles qui se transforment en dagues aiguisées, plutôt de celles qui déposent un voile soyeux sur le visage. On sait qu’il est là mais sa présence n’est pas dérangeante et n’altère en rien la réalité. Les cris cessent, les feux de l’enfer retournent se planquer derrière leur grille. Nos souffles se font plus réguliers et résonnent à l’unisson entre les vitres teintées de notre carrosse. Je suis à bout de souffle comme si je venais de courir un marathon alors que je n’ai fait que mettre des mots sur les volutes qui étreignent mon cerveau. Des volutes qui étaient grises autrefois et qui aujourd’hui ont des pointes qui se colorent dans d’étranges nuances. Gris bleuté ou rosé, aux allures moins épineuses qu’autrefois. C’est l’effet que tu as sur moi, tu apportes de la couleur à mon quotidien monochrome, tu repousses le gris pour faire un peu de place à tes paillettes pastelles.

Ton souffle s’insinue dans mon cou pendant que je tente de reprendre le contrôle de notre véhicule. Mes pensées partent dans tous les sens, poussant à la surface des images de nous, unis dans la piscine, jouant du piano dans ce kiosque abandonné ou mangeant des pâtes au milieu de la nuit. Je ne crois pas avoir déjà passé autant de temps avec quelqu’un, avoir laissé une autre personne enjamber mes barrières même le temps d’une soirée. Je ne sais pas si c’est agréable mais je sais que je commence à m’habituer à ton contact. Ta main sur mon épaule qui glisse sur mon torse ne me provoque aucun mouvement de recul et c’est plutôt une bonne chose, non ? C’est comme ça que fonctionnent les contacts humains ? A tes côtés, j’ai l’impression d’être plus homme qu’alien et c’est une sensation inédite. Pas désagréable non plus. Mon sourire est de retour, en réponse au tien que je devine à travers le cuir.

Je suis sûr que tu vas réussir à trouver quelqu’un sur qui hurler. Et sinon…

Ma main droite quitte le volant pour se plonger dans la poche intérieure de ma veste. Un papier cartonné me pique le bout du doigt alors que je l’attrape entre l’index et le majeur pour te rendre dans ta direction. Ma carte de visite. Enfin, ce n'est pas vraiment une invitation pour me contacter mais l’agence m’oblige à en avoir sur moi. Apparemment, il est impératif que mes clients puissent me joindre à tout moment. Dans la réalité, je donne mes coordonnées que si nécessaire. Pour les missions rapprochées, je suis constamment avec mes clients alors ils n’ont pas besoin en plus de pouvoir me harceler par téléphone. Pouvoir nous partager nos playlists était donc un besoin nécessaire pour avoir mon numéro. J’esquisse un sourire, tu m’as vraiment eu dès le premier jour. Je ne me suis rendu compte de rien mais j’ai baissé les armes avec toi dès que des épines de rosier ont éraflé ta peau. Je pensais maîtriser la situation du haut de mon air confiant alors que depuis le début, c’est toi qui mène la danse et que je me contente de suivre tes pas comme je peux, avec mon niveau zéro d’humanité.

Ma main se repose quelques secondes sur la tienne, remerciement pour ce que tu viens de m’avouer. Un truc chaud se réveille dans ma poitrine et un nouveau sourire apparaît sur mes lèvres. Je passe des rires à la colère en un claquement de doigt avec toi, transformant la voiture en chariot tout droit sortie des enfers avant de le couvrir de fleurs de paradis. Ça n'a aucun sens, notre relation n’a aucun sens. Pourtant…

Dieu aux flammes grises, ça me plaît.

Ma joue se penche une seconde sur ta main avant que mon visage ne reprenne ses traits habituels. Je suis… Touché ? Je crois. J’en sais rien. C’est la première fois qu’on écrit un truc sur moi ou pour moi. Je baisse les yeux un instant pour évacuer cette chaleur bizarre et laisser la glace reprendre ses droits. Seulement après, je peux de nouveau affronter ton regard dans le rétroviseur sans te laisser penser qu’un trouble ait pu perturber mon regard.

Ça ferait un bon nom de compte instagram, non ?

Je veux te faire rire, je veux que l’espace restreint de la berline soit rempli de tes éclats et non de tes larmes. J’aime la lueur amusée que je détecte dans tes yeux, bien loin du lancé d’éclairs que tu m’as réservé il y a à peine quelques minutes. Mes muscles se contractent de nouveau lorsque tu évoques le mariage mais aucun signe d’un raz-de-marrée de colérique cette fois. Tout reste calme, bien arrimé à ta main contre mon torse. Je cherche ton regard dans le miroir central, attends que tu sois prêt à le relever pour t’asséner une toute nouvelle couleur qui vient de faire son apparition au creux de mon ventre.

Quel intérêt de passer la nuit de noces avec toi si je ne peux pas te faire gémir de plaisir ? Ce n'est pas le but de cette soirée ?

Ton visage repart se cacher derrière l’appuie tête et c’est un rire sonore qui m’échappe à la vision de tes joues rosies. Te faire rougir va devenir ma nouvelle activité préférée, après faire enrager Richard. Non, avant en fait. Je te cherche de nouveau, désireux de savoir si j’ai pu faire naître un éclat de luxure au milieu des centaines d’émotions qui semblent te tirailler. Sourire satisfait quand tu acceptes afin mon contact visuel. Je prends la sortie de l’aéroport, plus que quelques minutes avant de te laisser devant les portes vitrées du terminal.

Tu peux m’appeler quand tu veux, Keith. Même si tu n’es pas en danger.

Ton nom est bien le seul qui a le pouvoir de me faire décrocher. Je ne cherche plus à savoir pourquoi, c’est comme ça c’est tout. Je lâche ta main pour récupérer le contrôle total du volant et me garer sur une place réservée aux taxis. La contravention sera mon petit cadeau personnel à Richard.

On est arrivé, Monsieur Chamberlain.

Je sors de la berline et ouvre ta portière, parfait chauffeur dont j’ai endossé le costume aujourd’hui. Le temps des aurevoirs est arrivé, j’ouvre le coffre pour récupérer ta valise et la poser sur le béton brûlant. Mal à l’aise, j’enfonce mes mains dans mes poches et cherche dans mes souvenirs ce que les gens disent dans ces moments-là.

Fais attention à toi et hum… Te fait pas kidnapper, ok ?

@Keith Chamberlain
Keith Chamberlain
orchestre lascif, cordes sensibles
Keith Chamberlain
https://laal.forumactif.com/t8251-keith-chamberlain-o-love-don-thttps://laal.forumactif.com/t8548-keith-x-comin-alive-in-the-nighttimehttps://laal.forumactif.com/t8486-kissmaydayhttps://laal.forumactif.com/t8326-carte-de-keith-chamberlain
#  (SÖREN!) this is the life - Page 12 EmptyVen 10 Fév - 18:55
Visage qui se teinte de toutes les couleurs rouges possibles et imaginables, Paul Cézanne qui toise mes joues et y dessine de longues formes, qui me brûlent un peu la peau, sans vraiment que je sache d'où vient le pinceau embrasé qui glisse sur l'épiderme. Le tien se dépose sur ma main tendue, les doigts qui caressent rapidement ton torse, comme pour apprivoiser les futurs ouragans. M'assurer qu'on pourra terminer le trajet sans que j'aie à éclater en sanglot, préférant dix mille fois la volubilité de ces soies qui serpentent entre nous, foulards de peaux qui s'entremêlent, à travers l'inconfort de la situation, positions pas forcément des plus confortables, toi au volant, moi derrière ton appuie-tête, nez qui dessine un trou pour m'y fondre quand tu teintes mes iris de quelques lueurs de luxure. Songes d'une nuit d'été qui viennent se jouer dans le coin de mes tympans, râles qui succèdent aux hautbois, contrebasses qui sont malmenées par les secousses des ondées du bassin, gémissements qui remplacent les divas et les cantatrices. Pas besoin de sept octaves quand tu me fais voir autant de cieux ; aussitôt pensé, aussitôt regretté, le brasier sous les yeux qui me fait comprendre que ce n'est pas tout à fait le genre d'idées qu'on devrait avoir avant que tu m'abandonnes sur un quai de taxis. Ta carte glisse devant mes yeux, me permet de lentement venir accrocher les tiens dans le rétroviseur central, nos sourires qui se rencontrent sans vraiment le faire, siège entre nous et règles de sécurité routière empêchant bien des jeux de lèvres ou de langues. "Tu n'aurais pas dû dire ça, je vais t'appeler tous les jours pour savoir ce qu'il se passe au manoir." Bougies presque sur les dents tant elles scintillent, emportant mon sourire le long des nuages, soleil qui éblouit l'entièreté de l'habitacle. "Je peux t'envoyer des photos par message, aussi ? De l'Angleterre, je veux dire." Joues de braise à nouveau. Je n'ai jamais pris de photos de nu, alors je ne sais même pas pourquoi l'idée est venue me traverser la tête un instant ; ni pourquoi j'aurais eu l'envie de t'adresser entre trois ragots, quelques flammes d'envies que s'adressent les amants occasionnels ou ceux qui sont plus réguliers. Est-ce que c'est comme ça que j'aurais envie de te qualifier ? Légère moue, alors que tu te déportes pour te garer. Non. Pas vraiment. Je trouverais le bon mot, je finis toujours par les trouver.

Tu me tires de mes pensées par l'usage de mon nom de famille, m'extirpant au passage un nouveau sourire. Ils sont loin, les kilomètres passés à t'arracher le coeur et à le piétiner tout en le noyant dans mes sanglots incontrôlés. Suffisamment loin pour que, ma valise dehors, toi les mains dans les poches, je m'approche, n'ayant pas bien retenu la morale d'Icare, blotti quelques secondes contre ton torse. Rien qu'un peu de temps, rien que ce qu'il faut pour m'imbiber de ta respiration et de quelques battements de coeur, te soutirer un peu de cette épice sur la peau qui me fait me sentir à la maison, en sécurité face à tous les dangers du monde entier. Charybde et Scylla éloignés, je me décolle à regret de toi, mes mains qui quittent tes omoplates en même temps qu'un sourire s'échappe de mes lèvres. "Toi, prends soin de toi." Léger coup de poing dans ton épaule, le sourire qui se diffuse un peu plus, prenant conscience que je rejoins ma famille pour la première fois depuis dix ans, mais que d'un autre côté je te laisse ici, soumis à Richard et ses rixes incessantes. La main sur la valise, qui tire et qui tire, les pas qui s'articulent, roulettes qui s'actionnent parce qu'il faut partir, ne surtout pas s'attarder sinon le départ en sera un peu plus dur, et je risquerais de te demander à nouveau de bien vouloir m'accompagner, quitte à faire naître encore quelques tempêtes. "Le premier qui m'approche, je lui souffle ton nom. On verra en combien de temps il déguerpit !" La main qui se lève derrière la porte automatique, le soupir au bout du coeur, et le regard qui s'oriente vers l'escalator, décidé à ne surtout pas me retourner. Southampton, j'arrive. Antwan, attends-moi, tout ira bien. Et Sören... Je ne sais pas, pas encore. Je me contente de laisser ton nom rouler entre mes lèvres, sur ma langue, allumer quelques incendies ici et là, et on verra bien finalement ce qu'il se passera.
A plus tard, mon capitaine.

@Sören Lindberg
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