Le Deal du moment :
Cartes Pokémon : la prochaine extension ...
Voir le deal

LOS ANGELES, A L'ANCIENNE :: Archive 2021 :: Archive RpsPartagez

 [Alex] If the world was ending

Aller à la page : 1, 2, 3, 4  Suivant
Zekariah M. Forbes
ouragan déchu, amours envolées
Zekariah M. Forbes
https://laal.forumactif.com/t7837-zekariah-m-forbes-o-youve-nevehttps://laal.forumactif.com/t8722-zeka-i-didn-t-feel-it-when-the-earthquake-happenedhttps://laal.forumactif.com/t8056-carte-de-zekariah-m-forbes
#  [Alex] If the world was ending EmptyLun 16 Jan - 20:36
Trois semaines. J'avais eu de la chance. Antony avait entendu au ton de ma voix, ce soir-là, que j'avais besoin de bouger. Archie avait des vacances deux semaines, et sur fond d'un apport pédagogique, j'avais réussi à dégager une semaine entière de plus. Il m'avait supplié de demander à Zane de nous accompagner ; elle avait ses restaurants à gérer, moi une foule de projets rédigés dans les moindres détails pour penser à autre chose, et finalement nous étions partis en duo. Trois semaines de voyage, à arpenter les différents états pour mieux s'imprégner de chaque parc national. La tente roulée dans le sac à dos, format pratique qu'on emporte partout avec soi. Des gourdes d'eau qui, sale habitude, s'étaient accompagnées au fur et à mesure du périple de quelques bouteilles en plastique, juste pour avoir toujours de quoi boire sans se restreindre. Ce n'était pas une aventure de l'extrême : Archibald était moins aventureux que moi, trop petit pour passer vingt jours dans la neige, dans l'herbe mouillée ou dans des zones trop arides. L'animal le plus effrayant que l'on ait croisé se résumait à un petit serpent aux belles couleurs, qui était venu onduler un soir le long de notre campement. Après ça, Archie n'avait plus voulu dormir dehors. J'avais tout essayé, le bâton et la carotte, l'éducation positive, même les promesses, obnubilé par l'idée de pouvoir sortir dans la nuit, m'éloigner, crier, seul loup à la ronde. Pas de meute, juste le bruit des ruisseaux ou l'écho des montagnes pour me répondre. La saison étant plus froide, j'avais eu l'accord administratif de faire du camping sauvage dans un nombre réduit d'endroits. Alors, on avait fini par dormir dans des campings bien fréquentés aussi, et mes courses à travers bois pour tout oublier, le matin ou la nuit, puisque j'étais passé à deux séances de jogging par jour, s'étaient faites plus longues. Mon téléphone était tombé pendant une visite du Grand Canyon, s'était écrasé dans un bruit de glace brisée sur une roche. Dix jours sans aucun téléphone autre que celui d'Archie, qui n'avait sonné pour la voix de sa mère que deux fois dans l'entièreté de notre voyage, et, chaque fois, m'avait fait lever les yeux au ciel discrètement. Des photos par dizaines, via l'antique appareil Polaroïd que je m'étais procuré, des sourires, des belles couleurs, et surtout un air bien loin de Los Angeles et de l'angoisse qu'elle m'inspirait. Pas de brouillard, pas de risque de croiser mes démons, pas une bouteille d'alcool à l'horizon ; jusqu'aux trois derniers jours. A la demande d'Archie, j'avais fini par craquer et réserver une belle chambre d'hôtel à Phoenix. L'occasion de voir brièvement ses grands-parents, une visite d'une heure, pas plus. Mes parents avaient insisté pour qu'on reste dîner, je les avais envoyé balader. Pas besoin de leurs ondes. Ils étaient coupables de trop de pensées sombres pour le moment. Alors, nous étions rentrés à l'hôtel sous le coucher de soleil. Bonds dans la piscine, jeux d'eau, et Archie qui se fait déjà des amis, m'échappe complètement. Il avait fallu trouver une activité ; et j'avais eu l'éclair de génie, le laissant auprès de la famille de ses nouveaux copains, pour m'aventurer dans la zone commerciale pas très loin. J'en étais sorti avec un nouvel iPhone, une carte SIM et des promesses de récupérer tous mes contacts et mes données. Sur le chemin du retour, j'avais voulu écouter un peu de musique, et à la fin d'une série de notes, avait aperçu la pastille rouge sur mon répondeur. Je n'avais pas regardé mes messages, bien trop habitué en quelques semaines à me passer définitivement de ce mode de communication. Volume à fond pour discerner de vieux messages, mon embauche dans la boîte d'Antony, une maîtresse d'Archie qui appelle pour m'inviter à dîner, persuadée qu'elle pourrait dégoter un nouveau rôle, et un message de Zane aussi, après le bowling, quand mon fils avait oublié sa veste. Et puis, le sang qui se glace. Six messages, une voix familière. Voix qui me hérisse les poils, fait battre mon coeur trop vite. Je n'en ai écouté que trois. Après, j'ai raccroché. Un autre jour peut-être. Mais je m'étais fait à l'idée de ne surtout pas penser à toi pendant le voyage.

Trois semaines qui s'étaient achevées avec un retour en avion, et à l'aéroport un autre appel. Les octaves enjoués, les mots qui s'enchaînent vite, et déjà il fallait reprendre du service ; ma première soirée depuis le retour au travail serait dans le petit café en bas de la rue des bureaux, pour le départ d'Alba. Au départ, j'avais refusé, tenté de me dégager ; mais elle m'avait eu par les sentiments, jouant sur combien je l'avais aidée à s'accomplir en lui confiant de nouvelles missions, à quel point elle s'était affirmée, à quel point son oeuvre avait été un succès, attirant dans ses messages privés les plus grosses boîtes de la ville. Faux sourire sur les lèvres, j'avais accepté, coupé la caméra et raccroché. Si j'avais réussi à bosser depuis chez moi pour quelques jours, cette soirée-là faisait s'écrouler toutes mes certitudes ; j'allais être obligé de te croiser, sauf si tu étais parti. Je n'avais pas pu voir dans la conversation de notre étage si la pastille portant ta photo était toujours là. Pour l'instant, je fuyais le plus possible tes iris, numérisées ou non. Et je comptais bien faire ça pour toujours. J'avais eu des oeillades avec un autre type dans un camping, au Lost Dutchman Park. J'avais failli craquer, Archie dormait déjà, me glisser dans une autre tente. Par pure ambition de t'oublier. Puis je m'étais ravisé. Je ne voulais pas te donner cette importance. Si je devais coucher avec un homme, c'était pour moi et tant que la première pensée qui se glissait dans mes synapses t'était liée, c'est que ce n'était pas le bon moment.

Jogging matinal, les vêtements imbibés de sueur, puisque j'étais monté en intensité ces dernières semaines. Douche brûlante, accompagner mon fils à l'école, son grand exposé de nos photos, assemblage de laines qui se mélangent et donnent un aperçu bref de tous les paysages qu'on a pu observer, puis rentrer. Pour la première fois complètement seul depuis des jours. Chasser le cafard avec un peu de musique, un café, une cigarette - sale habitude que j'avais du mal à canaliser ces derniers temps -, un second café. Et le travail. Ne pas regarder les effectifs. Réserver la baby-sitter pour ce soir, commander un cadeau pour Alba sur Amazon. Se remettre dans les tableaux. Hésiter, lors d'une vibration, à regarder les membres du groupe. Me raviser. Les tableaux. Le déjeuner. Les tableaux, une cigarette, un troisième café. Et déjà le soleil qui se couche. Ma main qui se perd dans les tentures, cherche une couleur classique pour me mélanger au groupe sans être sous les projecteurs. La sonnette qui tinte, et j'ouvre, torse nu. Récupère le carton, glisse un sourire au livreur, referme la porte. De nouveau le bruit des cintres qui s'entrechoquent. Ne pas regarder à gauche. Les restes de notre soirée. Souvenirs douloureux, et ta chemise qui traîne, à l'écart de toutes les miennes. Comme pour en préserver l'odeur ; ou comme pour les préserver, elles, de ses effluves meurtrières. Chemise bleue pour mes yeux, jean noir, une paire de baskets, ceinture bouclée autour de la taille, et je suis en route, le ventre sous les pieds. Fenêtre ouverte, une clope sur le trajet, grillée à un feu rouge. Et puis voir les premiers aspects de la foule, sur le trottoir. Il y a du monde, et pourtant je suis venu tôt pour esquiver les salutations, ne pas te faire face. Alba est dehors, talons noirs vertigineux, un verre dans les mains et ses cheveux rouges torturés par le vent. En me voyant, elle tend les bras. Le départ fait fuir toutes les conventions sociales apparemment, mais je la serre contre moi, lui tend le cadeau. Un livre, évidemment. Un collègue que je ne reconnais pas - elle me soufflera plus tard qu'il s'agit de Tiago, un nouveau stagiaire qui lui a promis de l'emmener au Brésil entre deux flirts et trois gloussements - siffle, me dit que c'est son bouquin préféré. Je lui souris, tend la main, et me glisse à l'intérieur du bar. Il y a moins de monde à l'intérieur, ce qui me permet de me glisser au bar, les doigts qui tapotent le comptoir alors que j'attends ma limonade et sa tranche de citron. Le regard qui n'ose pas s'aventurer sur les visages alentours.

Une main se glisse dans mon dos, et je me tends instantanément. Pas prêt à lutter. Pas prêt, surtout, à me tenir convenablement à tes côtés. Quand je me retourne, c'est à Antony que je fais face, grand sourire sur le visage. Il me demande de lui raconter tout le voyage, qu'il envisage de faire pareil avec femme et gamins, qu'il rêve de leur montrer le pays. On discute comme ça pendant près d'une demie-heure, avant qu'Alba ne nous rejoigne, et avec elle Thiago et deux trois traits familiers. Une cigarette roule entre mes doigts, Antony me la subtilise, la glisse sur ses lèvres, et me fait signe de le suivre. "Avec le départ d'Alba, il nous faut quelqu'un pour superviser toutes les relations extérieures." Je tire une latte, jette un peu de fumée qui dévale la route, le long du trottoir. "Pourquoi pas Tiago ? Il a l'air pas mauvais, il capte vite." Il secoue la tête, moue agacée sur les lèvres. "Non, il a pas les épaules, et on va déjà le passer en titulaire des relations presse. Là, c'est toute la com' externe qu'il faut gérer." Je hausse les épaules. Je ne veux pas souffler ton nom, parce que j'aurais peur de t'invoquer, au milieu de cette foule qui s'est formée dans la dernière heure. Pourtant tu serais parfait pour le poste ; et déjà, le moment m'échappe. "Je pensais plutôt à Alex. Tu en dis quoi ?" Je cache mes émotions, enfile un de ces masques peaufinés aux fins fonds des forêts les plus préservées d'Amérique. "J'en sais rien du tout. Pourquoi pas. Tu veux pas qu'on parle plutôt de ta nouvelle caisse ? Elle est absolument dingue." Jolie diversion, et puis en focalisant mes yeux sur la rue, j'évite tous les visages à l'intérieur. Ma cigarette crépite entre mes doigts alors qu'Antony me conte son achat, le choix de la couleur - pourpre brillant, audacieux -, et mes iris suivent les éclats de la Lune sur sa carrosserie, quand la main d'Antony se pose de nouveau sur mon épaule, me faisant signe qu'il rejoint le comptoir, me laissant à implorer Sélène de ne surtout pas te croiser. Dernière bouffée de tabac, je me retourne pour écraser ma cigarette, et tu es là. A dix centimètres de moi, une main tenant un verre et frôlant mon bras. Nos yeux se croisent. Pas un bruit autour de nous. Mes iris se perdent sur tes lèvres, une seconde.

Et je te passe à côté, comme un fantôme. Comme si tu n'étais qu'un inconnu. Mon regard se trouble à l'intérieur. Je dois aller aux toilettes, m'enfermer quelques secondes, ou me retrouver face à mon reflet. Ne surtout pas laisser mes traits se décomposer. Pas ce soir, pas après ces trois semaines consacrées à t'oublier dans les recoins de rochers, sous les troncs, dans les torrents. La porte s'ouvre et je relâche toute la pression dans un soupir lourd.

@Alex Palmer Molina
Alex Palmer Molina
I see fire
I see fire
Alex Palmer Molina
https://laal.forumactif.com/t7840-alex-palmer-molina-o-even-hellhttps://laal.forumactif.com/t7874-alex-palmer-molina-love-againhttps://laal.forumactif.com/t8353-goldanthemhttps://laal.forumactif.com/t8197-carte-de-alex-palmer-molina
#  [Alex] If the world was ending EmptyLun 16 Jan - 21:53
Trois semaines. Trois semaines pendant lesquelles mon enveloppe corporelle donnait l’apparence que ma vie continuait mais mon esprit était loin, bien loin de Los Angeles. J’avais voulu incruster mon visage derrière tes paupières à grand coup de lame de rasoir mais tout ce que j’avais réussi à faire, c’était de m’enfermer moi-même dans une boucle temporelle digne des enfers. A chaque fois que j’essayais de trouver le sommeil, je revivais la même scène. Nous, au restaurant, passant de baisers fiévreux à boulets enflammés. Je tentais à tout prix de retenir les mots, de changer le cours des évènements mais je ne pouvait qu'assister, impuissant à la même scène encore et encore. Je te disais toutes ces horreurs pour la centième fois, je voyais toute la douleur que j’avais provoqué dans ton regard, je comptais les morceaux de ton cœur sol devenu écarlate. Peu importe que je le veuille si fort que je peinais à respirer, la scène se déroulait toujours de la même façon, me faisant sombrer toujours un peu plus.

A la sortie du restaurant, j’avais fait ce que je savais faire de mieux. J’étais entré dans le premier bar et j’avais enchaîné les verres. Mon cerveau s'était engourdis, ma langue aussi sous les assauts de la bière puis d’alcool plus fort. Je lisais et relisais tes messages, ces mots d’adieu odieux mais tellement mérités. J’avais merdé. Et pas d’une façon qu’on pouvait rattraper. A chaque verre, je t’envoyais un message, regardant inexorablement un message d’erreur revenir. Message non distribué. Pourtant, je continuais, impossible d’arrêter mes doigts qui avaient tant de chose à te dire. Quand ma vue était devenue trop flou pour continuer à utiliser mon clavier, j’étais passé aux appels et chaque fois, c’est ta messagerie qui s'enclenchait sans même une sonnerie pour faire résonner mon cœur. Je ne sais pas comment s'était terminée la soirée. Je me suis réveillé assis par terre, dans la rue, une odeur de cendrier dans la bouche. Des écoliers étaient passés à côté de moi en riant trop fort, faisant vibrer toute ma boîte crânienne. Ce jour-là, j’avais abdiqué. Je m’étais fait porter pâle au travail, incapable de sortir de mon lit. Puis toute la semaine, accusant une grippe saisonnière.

J’avais repris mes vieilles habitudes, ignorant les appels de mes parents et ma sœur sauf pour leur demander du fric. J’étais revenu au travail et faisait face à ton bureau vide tous les jours. On me disait que j’avais l’air fatigué, manière poli de ne pas dire que j’avais une sale gueule. Je passais mes soirées à écumer les bars et les clubs de la ville, claquant l’argent que je n’avais pas en alcool et en drogues. Tout pour oublier. Oublier ce que j’avais dit, oublier ce que tu avais dit, oublier cette soirée, oublier jusqu’à ton existence. Mais le lendemain matin, ma gueule de bois s’accompagnait toujours d’un flot de regrets qui ne passait qu’avec mes antidépresseurs que je m’étais résolu à ressortir. Des pilules qui me permettaient de tenir debout même si je n’avalai plus rien de solide depuis plusieurs semaines.

Au début, à chaque fois que mon téléphone vibrait, je bondissais pour vérifier si tu avais enfin décidé de débloquer mon numéro. Puis, je m’étais fait à l’idée que c’était une utopie et que ça n’arriverait pas. C’était fini pour de bon, tu l’avais dit et tu l’avais fait. Maintenant, mon téléphone trainait dans un coin de mon salon, aussi inutile que ces fleurs fanées que je n’arrivais pas à jeter. J’étais pathétique, l’ombre de moi-même. J’étais redevenu l’Alex londonien, celui qui donnait des cauchemars à ma pauvre mère et poussait ma soeur à me faire suivre des cures de désintox à travers le monde juste pour revoir un sourire sur mon visage.

Ce lundi, alors que je fixais mon écran d’un air absent, Alba avait débarqué en sautillant pour me rappeler que sa fête de départ avait lieu dans la soirée. J’avais sorti toutes les excuses qui me passaient par la tête. Une nouvelle grippe, un dossier urgent à finir, un parent très malade dont je devais m’occuper. Mais elle n’était pas dupe. Jamais elle ne m’avait forcé à avouer ce qui me mettait dans cet état mais ton absence couplée à ma tronche digne de The Walking Dead l’avait mise sur la piste. C’était son dernier jour et nous avions passé de bons moments. Elle m’avait juré que tu ne serais pas là et que la soirée se passerait bien.

Quand je relève ma tête pour regarder l’heure, il est déjà vingt et une heures. Je n’ai pas vu le temps passé, absorbé par le communiqué de presse que je suis en train de rédiger. Je travaille au ralenti depuis quelque temps et les heures supplémentaires pour rattraper mon retard ne sont plus une option. Passer ses nuits dehors c’est bien beau mais je ne peux pas me permettre de perdre mon boulot. Ma dette familiale s’agrandit de semaines en semaines et je compte bien la rembourser jusqu’au dernier dollar. Je n’ai pas encore décidé si j’allais à la fête d’Alba ou si j’allais juste me traîner dans un bar sur le chemin de mon appart. On dirait que la jeune femme lit dans mes pensées car je reçois un mail de sa part, faisant apparaître une pop in sur mon bureau. Elle a bien intégré que je ne prenais plus la peine d’emporter mon portable avec moi pour venir bosser.

Objet : Tu as promis !
Alex, je peux voir la lumière dans l’open space depuis le bar. Lâche ton dossier et viens boire un verre. C’est mon dernier jour et tu as promis de faire la fête avec moi. Je t’ai commandé une pinte, tu as 5min pour débarquer sinon on vient te chercher ;)


Je soupire et m'exécute. Alba serait vraiment capable de venir me chercher jusqu’ici alors autant aller à elle. Une pinte et je me casse. Ca fait trois semaines que tu as disparu et je ne sais pas pourquoi tu serais là ce soir mais mieux vaut ne pas tenter le diable. Je range mes affaires dans mon sac et prend la direction du bar, le cœur en miette et l’estomac en vrac. Quand je pousse la porte de notre repère, des acclamations m'accueillent formant le sourire factice le mieux travaillé de mon éventail. Alba me saute dans les bras et je la fais tournoyer, provoquant ses éclats de rire. Elle n’y est pour rien, je n’ai pas à la punir pour mes propres conneries. Une main se glisse dans mon dos, celle de Tiago dont le sourire n’est pas des plus subtiles, et une bière dans ma main.

J’ai envie d’une cigarette mais je me laisse porter par l’enthousiasme des autres. Un verre, puis deux, puis trois. Je bois vite pour faire naître un peu d’énergie au creux de mon ventre. Je n’ai rien avalé depuis un moment, juste un kitkat durant ma pause déjeuner et un café ce matin, l’alcool me tape dans la nuque, engourdit mes sens. Tiago me parle à l’oreille mais je suis incapable de me concentrer sur ses mots. Il doit voir que je suis à l’ouest car je sens qu’il agrippe ma main pour me tirer à l’extérieur. Ma main percute un bras et le regard que je trouve me fait désouler instantanément. Un regard si perçant que j’ai l'impression de m’ouvrir un deux. Un regard qui disparaît en une seconde. Je suis obligé de me retourner pour confirmer que je ne suis pas en train de rêver, que c’est bien toi, ici, dans ce bar et pas mon imagination qui me joue encore des tours. Cachets et alcool n’ont jamais fait bon ménage.

Tiago continue à me parler, il se rapproche de moi, glisse sa main sur ma hanche. Mais il n’existe pas. Mes yeux sont braqués sur ta silhouette à l’intérieur, mes sourcils froncés à force de me demander quelle stratégie adopter. Tu parles avec les autres, un sourire accroché au lèvre et ça me met en colère. Je bouillonne de nouveau parce que tu as l’air si… Normal. Tu es juste passé à autre chose, classant mon dossier dans tes archives personnelles. Mais ça ne peut pas finir comme ça. Je refuse. Non.

Je saisis ma chance quand tu regagne le bar pour commander un nouveau verre. J’arrive. Un mot glissé à Tiago qui affiche une moue déçue mais ne me retient pas. Je croise Alba qui me regarde intrigué avant de suivre ma trajectoire des yeux. Elle tente de me retenir par la manche de ma chemise mais sans succès. Ma vision est redevenue nette, ma langue acérée. Mes avants bras retombent contre le bar et mon regard ne lâche pas ton profil. Tu sais que je suis là, je peux le voir au coin droit de tes lèvres qui tressaute. Cinq secondes passent et tu ne prends toujours pas la peine de m’accorder un regard. Je repose bruyamment mon verre sur le bar, attirant quelques regards dans notre direction.

Tu comptes me regarder ou tu as décidé de me bloquer même dans la vraie vie ?

Ton odeur se faufile dans mes narines, fait battre plus fort mon traître de cœur. Je réalise maintenant que ton visage m’a manqué. Même si je n’ai le droit qu’à un regard assassin. Tu gardes toujours le silence et je fais de mon mieux pour maintenir mon propre masque. J’ai peut-être perdu du poids mais je n’ai rien perdu de ma verve.

J’ai besoin de te parler, Zekariah. Alors soit tu me suis dehors, soit je déballe tout ici. Je m’en fout que tout le monde soit au courant pour nous. A toi de voir.

@Zekariah M. Forbes
Zekariah M. Forbes
ouragan déchu, amours envolées
Zekariah M. Forbes
https://laal.forumactif.com/t7837-zekariah-m-forbes-o-youve-nevehttps://laal.forumactif.com/t8722-zeka-i-didn-t-feel-it-when-the-earthquake-happenedhttps://laal.forumactif.com/t8056-carte-de-zekariah-m-forbes
#  [Alex] If the world was ending EmptyLun 16 Jan - 22:30
Ma main passe sous l'eau froide. Tente de calmer mon rythme cardiaque, alors que mon visage se déforme sous toutes les mimiques possibles dans mon reflet, essayant de trouver les bonnes ficelles à tirer pour ressortir des toilettes avec un grand sourire sur les lèvres, le regard froid, comme si rien ne s'était passé, comme si je ne t'avais pas évité, toi et ton regard abattu, ces cernes sous tes yeux, les vêtements qui flottent un peu plus que d'habitude. Tu t'es décharné là où je me suis musclé. Chacun s'est tué dans des efforts pour oublier l'autre. Moi, je n'ai plus pensé qu'à mon fils et au sport. La musique dans les écouteurs pour ne pas entendre mes pensées me supplier de revenir en arrière, pour ne pas écouter la litanie de mes synapses qui m'imploraient de rentrer au plus vite à Los Angeles. Je n'avais pas cédé, en avait tiré une masse musculaire accrue, dépassant mon poids de forme ; mais ce n'était pas très grave, je ne me regardais pas trop dans le miroir, par peur de t'y voir apparaître. Toi, de ton côté, tu avais l'air d'avoir enchaîné les nuits blanches ; combien de mecs étaient venus se glisser sous tes draps, combien de verres avais-tu dégommé chaque soir ? Vieux rythme qui bat et résonne en moi, alors que je ne connais que trop bien le sentiment qui commence à gronder. Pas de la jalousie, pas maintenant. Pas quand j'ai enfin réussi à intégrer que tu n'étais rien du tout d'autre qu'un objet de mon passé. Pas alors que je continuais de me forcer à me le répéter tous les matins, tous les soirs. Tous les dix pas, je devais murmurer quelques mots pour définitivement apprendre à me convaincre de me passer de toi. Je ne parvenais pas à te manquer de respect, impossible de t'insulter, de te maudire, de dresser une poupée vaudou à tes traits dans les quartiers les plus magiques de la ville, de la torturer comme j'aurais aimé te griffer de mes propres doigts. Alors, l'autre solution, c'était les soirées en tente, les fous rires, les montagnes, les lacs, tout ce qui pouvait suffisamment me faire vibrer pour me faire oublier ton visage, même le temps d'un millième de secondes. Mais je connaissais trop bien le centre-ville, peu de choses pouvaient m'émerveiller ici. Et je n'avais jamais voulu te faire face aussi tôt ; j'avais tout misé sur les ambitions d'Antony, ses envies d'embaucher un milliard de collaborateurs parmi lesquels j'aurais pu me fondre. En vain, visiblement ; il n'y avait eu que deux nouveaux pendant mon absence, et pas un seul départ. Dernière giclée d'eau sur mon visage alors que la porte s'ouvre.

Je sors, te repère dehors en pleine discussion équivoque avec Tiago. Il te tient, et tu ne bouges pas. Tu as réussi à tourner la page très vite. Peut-être que cette nuit chez toi avait été la moins folle pour toi depuis ton arrivée. Peut-être que je n'avais été qu'un parmi d'autres, la bonne poire qui t'avait juste ramené un sac de traumatismes et tout autant d'émotions fortes. Le manège dont tu étais descendu après en avoir détruit quelques rails. Je tourne la tête pour ne pas que tu puisses me voir, rejoins un groupe de filles de l'étage du-dessus qui discute séries Netflix, je fais semblant de m'y intéresser, réagit en sourires et en rires, puis je m'éclipse quand je suis sûr que tu ne regardes plus dans ma direction. Là, je m'accoude au bar, captant l'attention du barman de nouveau. "Je peux vous prendre une limonade fraise, s'il vous plaît ?" Il hausse les épaules, me dit qu'il va se renseigner. Disparaît. Et une autre ombre se place à mes côtés, trop proche, beaucoup trop proche, alors que tous mes sens sont en alerte et que des signaux résonnent par milliers dans mon crâne. J'évite d'adresser mon regard dans ta direction, me contentant de rester silencieux, les yeux bien en face de moi, un fin sourire sur les lèvres. Masque idéal pour cette soirée. Insuffisant malgré tout puisque tu tapes ton verre sur le bois à ma gauche, le bruit me forçant à plisser les yeux. Et puis tu me parles. Pendant une dizaine de secondes, je me ferme complètement. Les bruits aux alentours, le son de ta voix, tout se tait. Je reste concentré sur mon propre monde, prêt à déboucher mes oreilles uniquement quand tu seras parti. Mais tu insistes. Parle plus fort. Quelques yeux glissent sur nous. Tu me fais revivre le même cauchemar, encore et encore, cette fois en étant entouré de collègues, d'amis, de connaissances. Alors je plante mes pupilles dans les tiennes, les iris qui brûlent sous les quelques flammes qui se rallument. Et puis ma voix qui porte aussi. Tant pis pour ce qu'ils diront. Je veux partir de cette boîte dans tous les cas, pourquoi pas de la ville même. Peut-être retourner à Phoenix. Faire découvrir l'Arizona à Archie. Envisager de renouer avec certaines branches de ma famille. J'ai assez baissé la tête pour subir tes reproches, et je refuse de t'accorder une lutte facile. Cette fois-ci, ce sera à la loyale. Quitte à ce que je te mette un coup fatal. "Qu'est-ce qu'il y a à regarder exactement ?" Mon sourire a fané en même temps que mon coeur, qui regrette déjà la douleur qu'il t'inflige. C'est la seule façon de me départir de toi. "J'ai déjà tout vu et - oh, tiens, c'est Tiago, oui salut..." Ma main qui lui fait un signe, auquel il répond, grand sourire. "Visiblement je suis pas le seul." Mes yeux reviennent poignarder les tiens.

Je me tourne, les coudes sur le bar, le dos au barman qui revient avec ma boisson. Billet jeté sur le comptoir - hors de question de laisser Alba payer l'entièreté des consommations. Je regarde devant moi. "On peut très bien en parler ici, non ? Tu aimes les foules je crois. Enfin, je sais pas vraiment. Je te connais pas." Mots qui déchirent mon torse, alors qu'à l'intérieur j'explose en rayons, novas qui s'échappent et font craquer mes organes les uns après les autres. Te faire du mal est contre-nature. Trois semaines auraient dû m'apaiser, pas me transformer en l'exacte réplique de ton rôle, l'autre soir. "Tu peux tout leur dire. L'avantage c'est que ce sera une histoire rapide, t'auras pas le temps d'ajouter des détails pour m'accabler encore plus." La lame au bout de ma langue qui continue de faire de mes cicatrices les tiennes, dessinant sur ta peau et tes joues des nouvelles plaies, alors que mon corps entier fait kaléidoscope, souffre encore plus, me prie d'arrêter, dieu vengeur et plein d'une rancoeur sinistre. Je finis ma limonade d'une traite, extirpe une cigarette de mon paquet vide, le laisse sur le comptoir et passe devant toi. Je ne veux pas engendrer de massacre, pas dévorer tes sentiments pour les ingurgiter et les recracher encore plus brûlants. Je ne veux pas te faire plus de mal. Alors, même si mes yeux ne se posent pas sur toi une seule seconde de plus, je te fais un signe de tête pour que tu me rejoignes dehors. Là, appuyé contre un mur, j'allume une cigarette, mon regard rivé sur le lampadaire derrière toi, rendant tes traits flous pour ne pas y succomber une nouvelle fois. Je connais tes envoûtements, je sais tes maléfices, j'éviterais tous tes charmes. La seule chose qui compte, c'est de conclure une bonne fois pour toutes ce chapitre de ma vie ; finie la falaise après Harvard, finies les nuits de manque trop alcoolisées, fini le couteau suisse dans mon tiroir, les livres en commun, les souvenirs de voyages, et plus récemment, les images de toi entre mes bras en train de te reposer. "Je te ramènerais ta chemise au bureau dans la semaine. Je compte pas m'éterniser dans le coin de toute façon, et ça fera toujours moins à déménager." Une grande gorgée de fumée qui m'échappe, part faire rayonner l'ampoule d'un lampadaire comme un petit soleil. J'ai un million de reproches à te faire, et derrière, en fond pointillé, quelques excuses qui survivent, veulent sortir de ma bouche après trois semaines à être ruminées et maltraitées. Pourtant, je reste silencieux, mes pupilles toujours fixées sur de nouveaux objets autour de toi mais jamais sur ton visage, sur tes yeux fatigués ou sur tes lèvres. Je sais que si je consens à te rendre ton regard, je céderais facilement, et la prochaine dispute aura ma peau et signera le retour de mes addictions. J'ai eu du mal à lutter, l'autre soir, en rentrant. Seul sur mon lit, à m'empêcher de pleurer, la bouteille à portée de main. J'ai failli craquer. Cette fois, je ne te laisserais absolument aucun terrain. Je ne me tairais pas, je ne te laisserais pas m'accabler, et s'il faut me faire violence, je le ferais. Nouveau soupir de nicotine. Que de bonnes résolutions, mais combien d'entre elles j'arriverais à tenir ?

@Alex Palmer Molina
Alex Palmer Molina
I see fire
I see fire
Alex Palmer Molina
https://laal.forumactif.com/t7840-alex-palmer-molina-o-even-hellhttps://laal.forumactif.com/t7874-alex-palmer-molina-love-againhttps://laal.forumactif.com/t8353-goldanthemhttps://laal.forumactif.com/t8197-carte-de-alex-palmer-molina
#  [Alex] If the world was ending EmptyLun 16 Jan - 23:19
Je ne sais pas ce que je cherche à te parlant de la sorte. Une nouvelle dispute, des nouveaux éclats ensanglantés dans l’air, une réaction. Je te provoque juste pour grappiller un regard, voilà à quoi j’en suis réduit. Tu m’étonnes que tu ne veuilles pas me regarder, je ne suis bon qu’à danser sur nos tombes. Mon regard fixe tes lèvres, qui crachent leur venin, me brûlent les yeux. Je tourne paresseusement la tête, maudit Tiago d’agir comme si j’allais revenir vers lui. Je maudit cette putain de soirée. Je te maudis toi d’exister et d’avoir autant de pouvoir sur moi. Mais au fond, je sais que je mérite ton dédain. Alors, je serre ma mâchoire à m’en faire sauter une molaire et je ferme ma bouche. Je ne dis rien, aucune réplique cinglante, aucun reproche acéré. Rien. Je m’accroche au bar comme à une bouée de sauvetage et je pris pour que le courant ne m'emporte pas au loin. Je relève le menton et absorbe les chocs. Les mots fusent autour de moi, m’écorchent les jours, font briller mes yeux mais je tiens bon et je ne réplique rien, restant parfaitement silencieux. Je hoche la tête pour approuver tes mots qui ne sont que justice. Je t’ai exposé aux regards des autres au restaurant et tu me rends la monnaie de ma pièce. Je peux entendre les messes basses de nos collègues, le brouhaha de rumeurs qui est en train d’enfler et qui se déversera autour de mugs de café demain matin.

Ton corps bouge et je me rends compte qu’un goût de fer à envahir ma bouche. J’ai mordu ma joue tellement fort qu’un filet de sang s’en échappe. Je me rassure en me disant qu’au moins c’est le mien qui coule. J’inspire profondément et te suis jusqu’à l’extérieur, là où je pourrais te débiter les dizaines de discours que j’ai mis au point durant ton absence. Mes pas sont lourds comme si je me rendais à la potence. Je peux presque entendre la foule hurler son impatience de me voir me balancer au bout d’une corde. J’essaye d'insuffler à mon visage un air blasé mais je sais que tu ne seras pas dupe, tu connais mes traits et tu ne te feras pas avoir par une illusion aussi cheap. Aidé par les cachets, je respire calmement pour empêcher la colère de monter trop haut et provoquer une nouvelle catastrophe. Je me perds quelques secondes dans les étoiles qui illuminent le ciel ce soir. Peu importe nos éclats, peu importe nos déchirements, les étoiles continuent de briller coûte que coûte. J’allume une cigarette et fait disparaître la voie lactée derrière une épaisse fumée blanche. Je me poste en face de toi mais je n’arrive pas à maintenir ton regard. J’ai l’impression d’être une coquille vide, qui se laisse trimballer par les flôts, incapable de regagner la berge.

Ok.

Je suis incapable de dire plus que ce simple mot. Adieu grand discours et belle éloquence. Ma poitrine se déchire face à ton aveu. Tu vas partir. Tu vas m’abandonner de nouveau. Il n’y aura plus de matin où ton corps nu dans mon lit sera ma première vision. Ton odeur ne flottera plus dans mon salon. Ma salle de bain ne se transformera plus jamais en pièce organisée jusqu’au bout des gels douche comme par magie après ton passage. J’aspire de la nicotine jusqu’à être incapable de respirer et je me lance. Je n’aurai pas d’autre chance de vider mon sac et si tu décides tout de même de partir alors j’aurai tout tenté pour te retenir.

Zek, je… Je sais que tu ne veux plus entendre parler de moi et je respecte ton choix. Je veux juste te présenter mes excuses même si tu n’en a surement rien à foutre. Alors voilà, je suis désolé pour mon comportement, encore. Je suis désolé pour tout ce que j’ai dis, pour tout ce que j’ai fais. Il n’y a pas une putain de minute où je ne regrette pas ce qu’il s’est passé. Tout est de ma faute, j’en ai conscience et rien ne pourra rattraper cette soirée là. Et je n’ai même pas la prétention de vouloir essayer. Je vais me tenir loin de toi, c’est promis. Je voulais juste te dire que je regrette, Zek. Je…

J’ai tout débité d’une seule traite. Ça n'a surement aucun sens mais j’avais tellement peur de m’effondrer que j’ai préféré te livrer toutes mes pensées. Il n’y a pas d’ordre, pas de logique, c’est tout ce dont je suis capable. J’avais pourtant répété des phrases bien organisées, percutantes, pleines de logique avec des pointes d’humour. Mais tout me semble déplacé maintenant que je suis face à toi et à ta froideur. Une boule d’angoisse m’obstrue la gorge et je suis sur le point de vomir sur nos sneakers, rien à voir avec l’alcool pour une fois. Je reprends ma respiration et essuie mes lèvres pourtant plus sèche que le Sahara d’une main.

Ne pars pas. Antony compte sur toi, cette société ne tiendra pas un mois si tu n’es pas derrière pour piloter en secret.

Aucune flatterie dans ma demande, ce ne sont que des faits. Tu es l’âme de la société, celui qui la propulse vers un bel avenir. Moi je suis remplaçable. Des chargés de communication, il y en a des centaines à Los Angeles. Des bien plus doués que moi, j’en suis sûr.

Et puis, Archie à son école, ses amis. Tu peux garder ta vie, c’est moi qui part. C’était une erreur de venir ici. Je retourne à Londres, ou peut-être ailleurs. Donne-moi quelques semaines pour m’organiser et je disparais de ta vie.

J’ai mes amis à Londres. Enfin, je ne sais pas si on peut appeler ça des amis mais au moins, je ne serais pas seul à arpenter les pubs. Rome m’a toujours fait de l'œil, pourquoi pas tenter de recommencer dans un pays que je ne connais pas. Je pourrais aller rejoindre ma famille en Espagne ou ma sœur, où qu’elle soit en ce moment. J’ai juste besoin d’un peu de temps pour réunir de l’argent et m’organiser. Mon poing se serre pour ne pas commettre l’erreur d’avancer ma main vers ton bras. Je ne supporterai pas ton rejet, c’est déjà assez dur. J’essaye de me montrer mature et fort mais à l'intérieur, je ne suis qu’un torrent de larmes prêt à rendre les armes.

Je te laisse profiter de la soirée, je vais rentrer. Aurevoir, Zekariah.

Je n’ajoute rien de plus, parce que je sens que je suis sur le point de foutre en l’air toutes mes bonnes résolutions. Je remords dans ma joue, m’arrachant un gémissement de douleur, le sang recommençant à recouvrir ma langue. Je laisse l’obscurité reprendre sa place et me traîner dans le bar pour trouver Alba. Mon sac sur le dos, je la serre rapidement dans mes bras.

A bientôt, ma belle. On garde contact et on déjeune vite ensemble pour que tu me parles de ta nouvelle vie.

Elle me dit quelque chose que je ne comprends pas, le regard fixé sur la porte de sortie. Il faut que je parte d’ici. Et pour la première fois, je n’ai pas envie d’aller me réfugier dans un bar. Je veux juste m’effondrer dans le secret de ma chambre, regarder des vieux films toute la nuit et faire semblant d’aller bien demain matin. Je dépose un baiser sur la joue d’Alba, esquive Tiago qui me fait des signes et sort dans la rue en pleine effervescence. Comment tous ces gens peuvent-ils faire la fête alors que j’ai l’impression qu’on vient de me poignarder ? Ils ne voient pas le sang qui recouvre ma chemise ? Ils ne voient pas combien je souffre ? Je divague ce qui n’est pas bon signe. Mieux vaut que j’aille trouver refuge dans ma grotte, à l'abri des regards de pitié et des bons conseils non désirés. Je crache une gerbe de sang et me mets en route, ma carcasse lourde martelant les trottoirs de la ville.

@Zekariah M. Forbes
Zekariah M. Forbes
ouragan déchu, amours envolées
Zekariah M. Forbes
https://laal.forumactif.com/t7837-zekariah-m-forbes-o-youve-nevehttps://laal.forumactif.com/t8722-zeka-i-didn-t-feel-it-when-the-earthquake-happenedhttps://laal.forumactif.com/t8056-carte-de-zekariah-m-forbes
#  [Alex] If the world was ending EmptyLun 16 Jan - 23:58
Ma fumée remplace les nuages, obstrue la Lune, alors que je bouillis, à la fois tyrannisé par la douleur de te voir souffrir, les quelques éclats de tes yeux me parvenant par leurs reflets même si je fais tout en oeuvre pour les éviter. Galerie des glaces sur mon visage, les miroirs lointains, la froideur d'une lumière blanche, alors que je te laisse balbutier tes excuses maladroites, et que mon coeur se serre pour la dernière fois, ayant atteint la plus petite forme possible. J'écoute tes mots et ne porte plus la cigarette à ma bouche, perdu dans leur sens, puisqu'ils se mélangent avec tous les messages, vocaux ou textuels, que tu as laissé sur mon téléphone. Je n'ai toujours pas eu le courage de tous les écouter, mais tu m'en donnes une savante bande-annonce alors que je perds le contrôle de l'ensemble de mes muscles, m'appuyant un peu plus sur le mur pour ne pas complètement m'effondrer face à toi. Je comprends mieux les traces noires, je comprends mieux les vêtements qui serrent moins ta peau que d'habitude. Je lutte mais mon regard retrouve le tien. Y voit un monde entier d'émotions. Le désarroi absolu qui vient en blizzard pour renverser toutes les cartes, tous les acquis. Ma colère gèle, et je ne parviens à ressentir rien d'autre que l'immensité de notre malheur, amants qui se courent après à l'infini sans jamais trouver le bon terrain, jamais trouver les bons mots. J'ai envie de tout ravager pour que tu arrêtes de pleurer. Envie de détruire le bloc entier, véhicules, bâtiments, personnes. Envie d'aller souffler dans toutes les foules mes excuses pour qu'elles viennent te les chanter. Envie ultime, impossible à réaliser, d'enrouler mes bras autour de toi, de t'attirer contre mon torse pour qu'on puisse pleurer à deux, faire le deuil de ce qui a disparu. Je ne sais pas ce qu'on peut construire. Je sais juste, pour les avoir fréquenté de trop près, les ruines de tout ce qui avait été bâti. Je n'écoute pas le reste, le regard perdu sur ton visage, le cerveau consacré aux ouragans qui ravagent mes pensées. Trop d'idées à contre-courant, trop de fluctuation dans mes envies. Je te détestais il y a une seconde. Je crois ? Et maintenant, c'est l'angoisse de te perdre pour toujours qui prend le dessus. J'ai envie de pleurer, de me frapper, de me faire du mal. Comment puis-je être de nouveau tombé dans les mailles de tout ce qui avait fait notre succès il y a quinze ans ? Ma gorge est douloureuse. J'entends que tu veux partir. Me rendant la monnaie de ma pièce, oeil pour oeil dent pour dent involontaire qui soulève complètement mon coeur, alors que ma cigarette tombe et que je manque d'air. Tes phalanges se contractent, mes iris passant de tes mains à tes cils trop régulièrement pour que j'en ai la trace. J'essaie de te retenir, mais tu es déjà parti dire au revoir, ta joue s'accrochant, ton regard dans le vide. Qu'est-ce que j'ai fait ? Est-ce que c'est moi qui t'ai tué, Alex ? Est-ce que je suis coupable de tout ce que je vois sur ton visage, la fatigue, les soirées difficiles ? Je déglutis difficilement. C'est le genre de choses que je ne me pardonnerais jamais. Mes doigts grattent frénétiquement mes joues alors que mon anxiété fait un vrai bond. Le voyage m'a laissé pour habitude une barbe plus longue, qui irrite un peu plus la peau de ma main quand je me laisse aller à ce genre de tics. Tu passes devant moi sans un bruit, t'enfuyant à nouveau dans la nuit. J'expire douloureusement. C'est une image que je ne connais que trop bien. Tu as fait la même chose il y a trois semaines, après m'avoir ravagé. Et à mon tour, je t'avais dévasté. Ta démarche n'avait plus ce charme qui me faisait te suivre des yeux pendant des journées entières. Tu étais à bout, alien à Los Angeles, de trop dans un monde qui t'éprouvait en permanence.

Ma langue roule sous ma joue. Mes yeux sont ouverts en grand, inquiets, cherchant les dernières traces de ta silhouette dans la nuit. Je ne sais pas quoi faire. J'ai envie de mettre un terme à toutes nos douleurs, tous nos chagrins, clôturer définitivement une histoire qui nous écharpe. Mais il y a les bons moments. Le réconfort de nos corps. Ton odeur. Tous les rendez-vous secrets, toutes les petites pièces volées au destin, moments improvisés, légers rayons de bonheur dans une galaxie qui me paraissait infiniment vide avant que tu ne reviennes dans ma vie. Le soleil est très brûlant, mais est-ce que c'est une raison pour tout laisser disparaître ? Je me redresse. Non. Pas ce soir. Hors de question. Je ne peux pas t'accorder le luxe de tout détruire une nouvelle fois. C'est moi, le destructeur. Moi, le type qui te laisse la planche en bois pour survivre après le naufrage le long des icebergs. Moi, le moins équilibré de nous deux, celui qui supporte le mieux les vagues, celui qui peut encaisser les moindres coups. C'est comme ça depuis toujours. Je ne peux pas laisser mon château s'effondrer. Je ne peux pas revenir un mois en arrière, dans le quotidien planplan, dans les rêves étouffés, la vie absorbée par ma carrière. Mon verre tombe au sol, fâcheuse nouvelle habitude de laisser la vaisselle éclater avant de me lancer dans un sprint contre mon coeur. J'essaie de te retrouver à la lueur des étoiles et aux lampadaires faiblement éclairés. Les rues sont pleines, les gens dansent, boivent, fument, chantent et parlent fort, insubordonnés et insoumis aux vagues que je rejette pour essayer de retrouver ta trace. Je fais tout à l'instinct, passant de gauche à droite selon ce que l'on me souffle dans l'oreille. Les néons prennent place sur une avenue, les trottoirs sont pleins, les couleurs jaunes, roses, bleues, tout ce qui est irisé se répercute sur les cheveux des passants. La musique est forte, medley de tous les bars, de tous les clubs, et des voitures qui passent, tempos forts et fenêtres grandes ouvertes. Et puis je reconnais ta silhouette. Je franchis la foule, accélérant pour te rattraper, effrayé du vol de chaque seconde qui nous sépare. Coups d'épaules, mains qui poussent les badauds, personnages non joueurs dans cette histoire. Et puis ma main agrippe la tienne. Mes cils frôlent les tiens. Je reste immobile. J'ai envie de t'embrasser. Envie de t'attirer chez moi. De te suivre chez toi. N'importe où, juste pour m'assurer qu'il ne t'arrive rien. Pour essayer de discuter calmement. Challenge impossible, mais je crois en nous, malgré les augures.

Et puis mes bras viennent t'attirer contre moi. Ma tête par-dessus ton épaule, je prends le maximum de ton odeur. J'ai l'impression de passer par tous les âges ; par le Zeka encore vaguement enfant qui se découvre un ami fidèle ; par le Zeka adolescent qui expérimente ses premiers baisers, ses premières pulsions ; par le Zeka jeune adulte qui a perdu l'amour de sa vie et tangue au dessus du vide ; par le Zeka affirmé, les traits durs, qui alternent entre l'adoration et la souffrance. Mon souffle est lourd, il pèse dans ton cou, soulève le col de ta veste, alors que mes lèvres se déchargent, arrachant des baisers dans ton cou, refusant de faire face tout de suite à ta veste. Une voiture passe, un klaxon retentit, et je l'ignore, complètement hermétique, dans une cage opaque avec toi. Ma voix est étouffée contre ta peau, alors que je te rapproche encore de moi, pour ne pas que tu puisses fuguer dans le dédale des ruelles. "Plus jamais ça, plus jamais ça, Alex." Mes dents joignent mes lèvres pour appuyer mes baisers, m'imprégner encore plus de ta peau, êtres humains qui deviennent un seul en plein milieu de la rue, être enflammé, véritable météorite en suspension au-dessus du sol, le noyau de deux coeurs plus brûlant que le centre même de la Terre. Je trahis mes colères autant que toutes mes bonnes résolutions, j'envoie valser les trois dernières semaines, mes nouvelles addictions, toutes les pensées que j'avais chassées reviennent d'un seul et même galop, me piétinent. Je ferme les yeux contre toi, ma main se glissant sous ta veste pour caresser ta peau, prendre la mesure des dernières semaines, sentant de trop près les os. Qu'est-ce que je t'ai fait, Alex ? Je contiens mon désarroi, l'empêche de m'envahir. Pas maintenant. J'ai besoin de mes masques. Même avec toi. J'aurais tout le temps de m'effondrer plus tard, quand je serais seul. Pour l'instant, je dois garantir ta survie. Au nom du bon vieux temps, au nom de tout ce que tu me fais ressentir, au nom de toutes les émotions qui s'exacerbent dès que ton nom se glisse entre mes lèvres. "Viens chez moi, ce soir. On repart en terrain neutre. Pas de colère, pas de tristesse. On jette tout ça à l'entrée avec nos fringues et on passe la nuit ensemble. Comme si c'était la fin du monde demain." Sourire contre ton cou, alors que je sens ton sang pulser le long de ma mâchoire. Mes mains encerclent ton visage, nos nez se touchent, mon regard est plongé dans le tien. "Et au petit-déjeuner on décidera de la suite. S'il te plaît." Mon ton est implorant. Je sais que tu n'aimes pas les ultimatums, et qu'ils ne m'ont pas réussi jusqu'à présent. Mais j'ai besoin de certitudes. De savoir où je vais avec toi. Je ne peux plus me contenter de ta colère et de rapides sommeils. Les derniers lambeaux de ma colère s'en vont, recouverts par mon inquiétude et la foule de mes peurs, anxieuses, terribles.

@Alex Palmer Molina
Alex Palmer Molina
I see fire
I see fire
Alex Palmer Molina
https://laal.forumactif.com/t7840-alex-palmer-molina-o-even-hellhttps://laal.forumactif.com/t7874-alex-palmer-molina-love-againhttps://laal.forumactif.com/t8353-goldanthemhttps://laal.forumactif.com/t8197-carte-de-alex-palmer-molina
#  [Alex] If the world was ending EmptyMar 17 Jan - 10:56
Mes pieds perforent la nuit, mon regard perdu dans le vague. J’avance comme un automate, un coup à gauche, un coup à droite. Je finirais sûrement par retrouver mon quartier mais pour le moment j’ai besoin d’air. Il faut que je décharge tous ces sentiments destructeurs qui s’accumulent au creux de mon ventre ou je serais capable de tout détruire dans mon appartement. Je peux déjà entendre le bruit du verre brisé, des cadres qui se disloquent, des photos qui se déchirent. Les cachets que j’ai avalé régule bien mon humeur mais ils ne sont pas assez forts pour arrêter le tsunami que tu fais naître dans ma tête. Ton regard glacial va hanter mes prochaines nuits. Tu ne m’a accordé qu’un seul regard pendant mes excuses et il était aussi froid que la mort. Jamais tu ne m'as regardé comme ça. Jamais. Même après mes crises, même après nos plus mémorables disputes. Quelque chose s’est brisé entre nous, un morceau de notre histoire gît sur le sol de ce restaurant en morceaux tellement petits qu’il serait impossible de les recoller, même pour un homme aussi minutieux que toi.

Les membres tremblant encore de notre face à face, je m’élance sur la route quand une main me stoppe dans mon mouvement. Mon cœur se prend à espérer que c’est toi qui a finalement décidé de me courir après, de me rattraper pour… Pour j’en sais rien. Mais je sais que la déception qui va me frapper va être terrible quand je vais découvrir le visage de Tiago ou de n’importe quel autre mec derrière moi. Un de ceux qui ne voient que mon sourire factice, qui ne font pas attention à mes addictions, pour qui je suis seulement un corps désirable et qui détourne le regard de mon âme amoché le temps d'une nuit. Pourtant, quand je fais volte face, c’est bien ton regard azur que je trouve. Mon cœur s’emballe, mes yeux cherchent des réponses dans ton regard. Comment est-ce que tu arrives à passer de la haine à cette douceur en si peu de temps ? Il m’a fallu des jours pour me remettre de mon excès de colère. Tu as toujours été le plus stable de nous deux, le plus intelligent face à la gestion des sentiments.

Je reste interdit face à toi, ne sachant pas quoi faire de mon cœur comme de mes bras. Ton visage plonge dans mon cou, embrasant le peu de sentiment que j’arrive encore à ressentir. Je laisse mon front retomber contre ton épaule, à bout de souffle, laissant une unique larme couler le long de ma joue. La seule que j’accepte de verser, le seule que je suis capable de laisser s’échapper sans m'effondrer au milieu de cette route où les automobilistes nous contournent dans un concert de klaxon et d’insultes dans des langues inconnues. Je respire fort, par la bouche, pour ne pas sombrer. Je m’accroche à toi, mes poings refermés sur les pans de ta veste.

Je suis tellement désolé, Zek.

Je ne peux pas te promettre que ça n’arrivera plus jamais. Je voudrais pouvoir le faire mais je sais que mon combat contre moi-même est loin d’être terminé et que je serais capable de tout embrasé une nouvelle fois, de donner des coups de masse sur ces ruines sous nos pieds. Je suis un irresponsable, de ceux qui n’ont pas de limite, qui sont capables de boire un verre dans une pièce en feu. Mes mains se resserrent encore, comme si j’avais peur que tu reprennes conscience et que tu me laisses. J’inspire ton odeur, me saoul avec les effluves de cigarettes et de cèdre qui s’échappe de toi. Unique odeur capable de me calmer. Mais aussi unique odeur pour laquelle je serais capable de tout détruire, amis comme ennemis. Ce n’est pas sain d’être aussi dépendant de quelqu’un, de ressentir aussi fortement. Tu es le seul à me mettre dans ces états, le seul qui fait ressortir le pire comme le meilleur en moi.

Tes mots terminent de faire fuir les dernières volutes de colère qui s'accrochaient encore à mon dos. Tes dents m'arrachent un gémissement, je ne maîtrise plus mon propre corps. J’ai tellement imaginé tes lèvres sur moi, ton souffle contre ma peau, ton odeur sur mes vêtements ces trois dernières semaines que tout me paraît irréaliste. Je sais que je serais capable d’imaginer cette scène, qu’il est possible que je sois seul au milieu de la rue, homme ayant perdu la tête après un chagrin d’amour.

Je sais que je dois te répondre que c’est une mauvaise idée, une très mauvaise idée. Que je devrais refuser et m’en tenir à mon plan de départ à savoir rejoindre mon lit et dépérir jusqu’à demain matin. Te laisser la nuit pour réfléchir et être sûr que tu peux de nouveau supporter ma vue et mon contact. Et pourtant, les mots qui glissent sur mes lèvres n’ont rien à voir avec ceux que je répète dans ma tête pour leur donner un ton assuré.

D’accord. On fait comme tu veux.

Je ne suis plus en droit de décider pour nous, de t’imposer quoi que ce soit après mon comportement. Si tu as envie de m'emmener sur ton terrain alors je viendrais, déposant mes armes à l’entrée, me tenant fier et droit face à toi en attendant que tu fasses ce que tu voudras de moi. Je te suivrais au bout du monde pour obtenir ton pardon. Je ne te demande pas ton amitié et encore moins ton amour. Juste ton pardon. Je ne mérite rien d'autre mais j’ai besoin que tu reposes ton regard sur moi, de ne plus être qu’un spectre fantomatique qui évolue autours de toi. Je ne le supporte pas. J’ai l’impression qu’on m’arrache le cœur à chaque fois que ton regard me traverse, ignorant mes iris suppliants.

Mon visage se relève, ma joue frottant contre ta nouvelle barbe. Je ne peux empêcher mes doigts de se mêler à ta nouvelle pilosité, plus habitué à un visage fraîchement rasé qu’à ces traces de congés.

J’aime bien.

Incapable de sortir autre chose que quelques mots. Ma gorge est sèche, je me sens épuisé. Je n’ai plus l’énergie de me lancer dans des traits d’humour ou une quelconque argumentation. J’ai tout donné pour te présenter mes excuses, je t’ai offert mes dernières forces, les dernières bribes d’une énergie autrefois accumulée. Je te laisse accrocher ma main, entrelacer nos doigts et me conduire vers ta voiture. Mes lèvres sont scellées, je suis terrifié à l’idée de prononcer un mot de travers et de te perdre une nouvelle fois. Tête basse, dos courbé, je te suis docilement jusqu’à ton véhicule où je prends la place du mort. Doux euphémisme. Le bruit du moteur emplit l'habitacle, ne parvenant pas à briser cette ambiance lourde qui s’est installée.

Mon regard observe ton profil, sérieux, beau à se damner. J’avale une salive presque inexistante, serrant mon sac entre mes jambes avant d’enfin me décider à prononcer quelques mots. Je me racle la gorge avant de les laisser sortir, vaine tentative d’éclaircir ma voix.

Tu étais où ?

Aucune agressivité dans ma question, pour une fois. Je ressemble plus à un enfant qui se fait tout petit après une bêtise plutôt qu’à un homme fougueux qui brûle la vie par tous les bouts possibles. Ma tête retombe contre le siège, refusant de quitter ton visage une seule seconde. Je l’ai cherché dans la foule pendant des semaines, dans chaque homme que je croisais en boîte, dans chaque lèvre qui tentaient de capturer les miennes. Maintenant que je t’ai retrouvé, je peux accumuler le maximum de toi avant que tu t'envoies à nouveau.


@Zekariah M. Forbes
Zekariah M. Forbes
ouragan déchu, amours envolées
Zekariah M. Forbes
https://laal.forumactif.com/t7837-zekariah-m-forbes-o-youve-nevehttps://laal.forumactif.com/t8722-zeka-i-didn-t-feel-it-when-the-earthquake-happenedhttps://laal.forumactif.com/t8056-carte-de-zekariah-m-forbes
#  [Alex] If the world was ending EmptyJeu 19 Jan - 13:55
Capharnaüm infernal jusque dans mon crâne, puisque je ne sais plus où donner de la tête depuis que tu as quitté mes bras, caressant ma joue et cette barbe naissante qui, comme moi auprès de toi, n'est le fruit que d'intenses réflexions. La colère continue de bouillir, mais pas tant contre toi que contre moi. Je m'étais promis de ne pas retomber. Si j'avais tenu, sur une ligne fragile certes, pour ma fugue de tous les alcools, comment était-ce possible que je revienne systématiquement à toi ? C'était bien plus que des souvenirs de lycée, bien plus que le rappel des premières hormones. J'aurais pu jouer les grands romantiques, les affabulateurs qui racontent des histoires avec mille mots pour perdre le spectateur dans des affres de surplus, des décors ahurissants pour noyer le vide tout autour. Mais ça, c'était ton rôle. Tu avais comblé tout le vide en moi. C'était peut-être ça, la clef. Quinze ans d'ennui, et tu arrivais. Quinze ans d'enfer, et tu revenais. Curieux hasard que ce jeu de chiffres. Toujours est-il que tu étais resté bien silencieux depuis que je m'étais jeté à l'abordage pour te rattraper, en plein milieu de cette rue aux voitures sifflantes et aux rires trop élevés. Alba allait peut-être nous en vouloir, puisqu'on avait mis les voiles relativement tôt quand même. Mais ton regard et le mien marchaient souvent de pair, empereurs mettant le monde à leur pied, puisque dans tous les cas personne ne pouvait résister à cette savante combinaison d'explosions et de caresses. La pilule bleue et la pilule rouge. Gardiens du passé et du futur, et bien souvent notre fonction nous dépassait, puisque nos sceptres venaient faire basculer le monde entier, entre deux larmes et trois sourires. T'attirer contre moi, m'imbiber de toute ta chaleur, même si elle était parsemée des chagrins des dernières semaines ; tout ça avait un goût et une emprise sur moi qui dépassait toutes les addictions les plus déraisonnables. Nous étions, avions toujours été, le coeur même de l'amour. Pulsations infinies, vibrations explosives, tout avait toujours été terriblement intense, même nos temps de calme. J'avais ce besoin viscéral de ta peau, de tes mots, même s'ils me faisaient mal. Et trois semaines dans les parcs nationaux les plus beaux ne suffisaient pas à me faire oublier qu'il y avait dans mes veines toujours l'envie de toi.

Tu acceptes ma proposition, courbant le dos et les yeux, alors que je manque m'enflammer, t'attirer dans une ruelle adjacente, à l'abri de tous les regards, pour me saisir de nouveau de tes lèvres. Trois semaines, seulement trois semaines, et j'avais cru pouvoir oublier cette dépendance qui me rongeait autant qu'elle m'enflammait. C'était là la cruelle morale des allumettes ; elles s'effilaient au fur et à mesure que la flamme qui les animait venait à mourir. Avec toi, j'avais la certitude que jamais les étincelles ne cesseraient. Pas de quotidien niais, pas de fin des surprises, pas de rideau sur les émotions. Quinze ans plus tard, je t'avais retrouvé forgé du même acier, agrémenté de quelques pierres précieuses que j'aurais voulu pouvoir caresser, sculpture qui me hantait et m'obsédait, puisque tu venais à apparaître dans chaque sommeil, dans chaque pensée. Mes doigts s'accrochent aux tiens, pour nous faire fuir la place publique et retrouver un terrain apaisé ; j'espère que tu n'auras pas de nouveaux spasmes douloureux à la vue des photos d'Archie un peu partout, mais j'ai l'espoir infime que tu me fasses confiance, ce soir, et que tu n'allumes pas de nouvelle mèche. Nous rejoignons ma voiture en silence, ton pas un peu plus dynamique m'arrachant des sourires, alors que mes yeux peinent toujours à suivre l'idée de nos phalanges et à se baigner dans les tiens. C'est un problème qui trouve vite sa solution, puisque à peine le moteur démarré, tu fixes les lignes de mon visage, me faisant sentir la chaleur de tes iris sur ma peau et son nouveau manteau de barbe blonde, et je profite d'un feu rouge pour attirer ta main sur ma cuisse, entrelaçant nos doigts de nouveau alors que je te décoche un rapide clin d'oeil. Le soleil est mort depuis quelques heures déjà, et pourtant tu as toujours son éclat sur le visage. Bercé par un coucher de soleil déjà lointain, et fantasme de toutes les étoiles. Je t'observe en silence, alors que ta bouche articule quelques mots. Mes doigts serrent un peu plus fort ta main. Tu vas te faire du mal, à recommencer ce jeu de questions, et pourtant ton intonation est plus calme.

Est-ce que je risque tout, te répondant du tac au tac sans choisir les mots les plus courbés ? Ou est-ce que je m'adapte à tes émotions, au risque de quand même te voir rugir ? Dilemme cruel ; le feu passe au vert, et nous redémarrons, le ronron du moteur seule réponse à ta question pour le moment. Et puis, je prends un pari. Je t'ai peu ménagé en début de soirée, n'ai eu en retour aucun cri, aucune colère, juste de la tristesse. Tes chagrins sont plus faciles à étouffer que le braséro de ta rage. Alors, je me lance, sans aucun filtre, t'accordant juste le privilège de me voir sans masque, l'argile étant venu fondre pour qu'on soit en terrain neutre. "Je suis parti avec Archie faire le tour des parcs nationaux. On a campé, c'était sympa. Il y a vraiment des beaux coins pas trop loin." Je me retiens de te promettre de t'y emmener. Les aspirations aux voyages à deux sont bien loin pour l'instant, dissimulées sous les fantasques monceaux d'émotions qu'on a du mal à contrôler. "J'ai cassé mon téléphone au Grand Canyon. C'est à la fois plutôt classe et en même temps assez chiant." Je freine, nouveau feu rouge. Les voitures s'engagent autour de nous, rayons de lumière blancs et jaunes dans la nuit et son manteau sombre. "J'ai écouté tes messages en m'en achetant un nouveau, juste avant de rentrer." Je préfère chasser ce doute-là de ton esprit. Mais je ne te révèle pas que je n'ai pas eu la force de retenir chaque syllabe, nombre d'entre elles étant en plus assez incompréhensibles, déformées par l'alcool que j'imaginais à flot ce soir-là pour toi. Je n'ai pas plus le courage de te retourner la question. J'ai toujours ces successions d'images en tête, toi offert à d'autres hommes, toi souriant et dansant dans les clubs, toi te creusant les traits à grands renforts de caféine pour éponger la fatigue, la mettre de côté et ne jamais me retrouver dans nos rêves. Morphée t'avait délaissé autant qu'il m'avait poussé à le quitter tôt. Peut-être que tous nos jeux de chat et de souris, nos éclats de voix sulfureux, ces déflagrations aux quatre coins de Los Angeles, avaient fini par les lasser ? Peut-être qu'ils nous avaient tourné le dos ? Je t'accorde un coup d'oeil, mes pupilles se dilatant complètement quand elles se posent sur toi. De ta mâchoire à ton nez, de tes fossettes à ces nouveaux dessins d'encre dont je peine à tenir le compte mais qui me fascinent, rien n'est anodin chez toi. C'est peut-être pour ça que je continue à revenir, que tu continues à laisser ton empreinte sur toutes mes pensées. Peut-être pour ça que c'est le bazar le plus immense et coloré dans mon esprit, partagé entre l'envie d'ouvrir ma portière pour en sauter et mettre fin à tout ça, l'envie de t'attirer dans mes bras sitôt chez moi, et celles, plus nombreuses, d'essayer de panser tes plaies, d'essayer de comprendre ce qu'il s'était passé.

J'ai sans doute un très mauvais timing, mais les syllabes me brûlent lèvres et synapses, alors que ma paume se serre contre la tienne, la ramène à ma bouche pour déposer un baiser sur la peau fine du dos de ta main. "J'ai parlé de toi à Archie, aussi." Ce qui avait joué en ton avantage, réduit ma colère en miettes quand je lui avais tout expliqué, c'était surtout qu'il n'était qu'un enfant et que je ne pouvais pas t'accorder les noms d'oiseaux les plus farfelus sans qu'il puisse les répéter. Alors j'avais dressé un autre portrait. "Il voyait bien que ça n'allait pas, j'ai voulu chasser l'éléphant de la boutique de porcelaine dès le début." Un temps. "Ce n'est pas toi, l'éléphant, je précise. C'est tout ce que je ressens." Des vagues en continu, rivalisant bien avec tous les océans du monde, abritant des coraux trop colorés, trop aiguisés, des poissons qui nageaient en troupeaux rapides, et d'autres créatures que je peinais encore à reconnaître. Tu étais le seul à bouleverser entièrement ce microcosme. "Il dormira déjà quand on arrivera. Sa chambre est en haut de l'appartement, donc on pourra parler tranquillement." Ma main dessine quelques cercles sur la tienne, tentant d'apaiser les peurs qui pourraient naître. Je sais que tu ne voulais pas le voir. Je sais que tu pourrais croire qu'il s'agit d'un désir égoïste de voir vos univers fusionner. Mais c'est juste un oubli de ma part, pas un piège. Le seul égoïsme que je concéderais, est celui qui me pousse à croire que si tu ne viens pas avec moi, tout s'effondrera. J'ai besoin de toi ce soir. Pour établir si j'aurais aussi besoin de toi pour tous les autres. "Tu ne le verras même pas, t'inquiètes. Je l'emmènerais à l'école demain et je reviendrais déjeuner avec toi." Je cherche dans le rétroviseur des mimiques, un indice sur ce qu'il se passe dans ta tête, terrifié de voir ma berline s'envoler sous un nouveau séisme.

@Alex Palmer Molina
Alex Palmer Molina
I see fire
I see fire
Alex Palmer Molina
https://laal.forumactif.com/t7840-alex-palmer-molina-o-even-hellhttps://laal.forumactif.com/t7874-alex-palmer-molina-love-againhttps://laal.forumactif.com/t8353-goldanthemhttps://laal.forumactif.com/t8197-carte-de-alex-palmer-molina
#  [Alex] If the world was ending EmptyJeu 19 Jan - 16:44
Je suis dans ta voiture mais je n’y suis pas. Ta main qui a capturé la mienne me force à rester connecté avec le présent mais tout me paraît étrange, artificiel comme si j’avais été téléporté dans le mauvais film. Les lumières qui défilent par la fenêtre me font mal aux yeux, mes paupières se plissent pour limiter les agressions, cils qui papillonnent dans une vaine tentative de rendre les contours de cette soirée moins flous. Même ma voix résonne étrangement à mes oreilles. Je vis ce huis clos comme un spectateur qui regarderait une drame, l’heure de la romance étant bien loin. Mon regard fixe nos mains, quand est-ce que tu as pris la mienne ? Je les regarde parce que je sais que ça sera le moyen de ne pas quitter notre scène, il n’est pas encore l’heure de fermer le rideau. Je tente une question et écoute la réponse, sans vraiment réussir à exister à travers elle. Je ne ressens pas de joie en pensant à tous ses parcs nationaux et aux merveilles que tu as dû découvrir là-bas, pas de soulagement quand tu m’expliques la chute mortelle de ton téléphone, pas de colère face à tous ces appels que tu ne m’as pas retourné.

Oh. Ok.

Je hoche doucement la tête tout en la laissant retomber contre l’appuie-tête. Coquille vide qui traverse Los Angeles à toute allure, dans ce train d’enfer que j’ai accepté de lâcher. Je n’ai plus aucune maîtrise sur notre destination, sur notre histoire. Je te laisse seul aux manettes, on a bien vu que je nous menait droit dans le mur. Si toi tu m’as évité, Jo, elle n’a pas lâché l’affaire. Rôle inversé, recto d’une carte dont les traits du roi de pique ont coulés pour former une moue monstrueuse. Elle m’a appelé toutes les heures, sans relâche, pendant des jours jusqu’à ce que j’accepte de lui répondre. Si j’ai cédé c’est uniquement parce que dans son cinquantième mail, elle menaçait de débarquer en personne quitte à démissionner de son boulot. J’ai fais bien assez de dégâts sur les personnes que j’aime, il était temps de stopper l'hémorragie. Je lui ai tout raconté, nos retrouvailles, mon comportement, ce que j’ai fait, fait. Mon attitude détestable et les nombreux coups bas que je t’avais porté dans l’unique but de te blesser. Elle m’a écouté patiemment durant des heures. J’ai hurlé jusqu’à en avoir la gorge irritée, crié jusqu’à ne plus avoir de voix, pleurer jusqu’à ne plus avoir une seule goutte d’eau dans mon corps. Elle a fait l’effort de ne pas me juger, de ne pas t’accabler sous peine de relancer la machine pour un nouveau tour. Je n’aurai pas accepté un seul reproche te concernant, je suis le seul et unique responsable de ce désastre.

Pour apaiser ma sœur et mon cerveau meurtri, j’ai accepté de reprendre mon traitement contre la dépression. Une petite pilule matin et soir pour m'empêcher de me faire du mal et faire du mal aux autres. Je me croyais loin de tout ça, de ces démons dont les griffes enserraient mes chevilles mais j’ai crié victoire trop vite. Le soleil de Los Angeles n’aura pas été suffisant pour garder les ombres loin de mon esprit. J’avais juré de ne plus jamais les avaler, de ne plus être cet être sans émotions fortes. Je vivais pour ressentir, pour exalter de joie, pour dépérir de désespoir. Je détestais cet Alex à l’humeur lissé. Ni trop content, ni trop triste. Juste là. Et encore. Mais c’est apparemment le comportement d’un individu normal. Si être moi n’est pas la bonne solution, je suis prêt à devenir un autre si ça me permet de te garder près de moi. Les pilules m’ont conduit jusque dans ta voiture, c'est déjà une belle victoire pour le côté obscur de la force.

Mon cou effectue une rotation, déliant mes muscles endoloris par ces heures penchées au-dessous de mon ordinateur et des dossiers de presse dont je connais chaque mot par cœur. Mon visage se tourne de nouveau vers toi, serpent à sonnette attiré par le son grave de ta voix. Archie. Je guette la moindre réaction de mon corps. Mon rythme cardiaque reste régulier, mes entrailles ne se retournent pas, aucun poignard ne vient traverser ma poitrine. Nada. Un sourire en coin vient étirer mes lèvres pendant une fraction de seconde. Automate qui a remplacé l’être fait de glace et de feu, mais c’est pour mon bien à ce qu’il paraît. Je le fais surtout pour toi, tu n’as plus à subir mes foudres et mes tempêtes. Je suis prêt à tout pour donner à la cité des anges le climat idéal, celui qui te fera rester à mes côtés. En tant qu’amant, en tant qu’amis, en tant que collègue, peu importe. Je m’adapterais à tes désirs mais maintenant que je t’ai retrouvé, je ne serais plus capable de te laisser partir. Avant il était facile de me dire que tu avais rejoint les enfers -ou le paradis selon mon humeur-, que tu ne comptais plus parmi les âmes en activité. Maintenant, je sais. Et je sais que je serais capable de fouiller le monde entier pour te retrouver.

Je me contente de hocher la tête face à tes révélations. Est-ce que tu as dit à ton fils de ne surtout pas m’approcher ? Que je détruisais tout ce qui me passait sous les doigts ? Que j’avais fait de notre amour un avion en papier avant de l’enflammer dans les airs, les cendres se mêlant à mes larmes de regrets ? Je garde ma question pour plus tard. Je n’ai pas envie de savoir ce que tu lui as dit en étant dans ta voiture. Je vais avoir besoin de bouger pour accepter tes mots, pour les assimiler et les digérer. Même si je suis chimiquement incapable de me mettre en colère, enfin plus comme avant, je préfère garder la possibilité de m’éloigner de toi si je sens que je dérape. Le Alex d’il y a trois semaines aurait complètement paniqué à l’idée de croiser ton fils. Il aurait sûrement tout foutu en l’air juste pour pouvoir s’échapper et retourner dans la sécurité de son appartement. Le Alex d’aujourd’hui accepte la situation et les efforts que tu produis pour me rassurer. Le Alex d’avant n’aurait même pas vu ces efforts, trop centré sur son nombril.

Je peux partir avant qu’il se lève si tu veux. Ça ne me dérange pas.

Pas de séisme à l’horizon, je vois ton regard soupçonneux dans le rétroviseur. Pas de tic nerveux dans la joue, pas un mot plus haut que l’autre. Je suis capable d’avoir une conversation sans exploser, c’est beau les prodiges de la médecine hein Zekariah. Mes doigts se resserrent autours de ta main, signe le plus affectueux dont je suis capable à ce moment précis et mon visage retourne scruter les détails de la route. Je me prélasse dans ce silence que je ne compte pas briser pour le moment. Bandes blanches, entrées d’immeubles, terrains de jeux, immeubles, maisons, épicerie, maisons. Esprit occupé jusqu’à ce que tout s’arrête. J’inspire profondément, lâche ta main, détache ma ceinture. Nos regards se percutent et j’esquisse un sourire timide.

Tout va bien se passer.

Je ne sais pas si ces mots sont pour toi ou pour moi mais ils sont lâchés. J’ouvre la portière et plonge dans l’air frais qui réveille quelque peu mes instincts. Je t’emboite le pas et me laisse guider vers ton appartement. A mon tour de te suivre sur ton territoire.

@Zekariah M. Forbes
Zekariah M. Forbes
ouragan déchu, amours envolées
Zekariah M. Forbes
https://laal.forumactif.com/t7837-zekariah-m-forbes-o-youve-nevehttps://laal.forumactif.com/t8722-zeka-i-didn-t-feel-it-when-the-earthquake-happenedhttps://laal.forumactif.com/t8056-carte-de-zekariah-m-forbes
#  [Alex] If the world was ending EmptyJeu 19 Jan - 17:12
Notre carrosse cesse sa course dans les rues plus vite que je ne l'avais prévu. Nous sommes aux portes d'une étape décisive, dans ma rue déserte, et seul un chat se risque à longer les trottoirs. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, et tous mes sens sont en alerte. Est-ce que c'est un rêve ou un cauchemar ? Pourquoi tu ne réagis à rien ? Pourquoi ton corps est aussi amorphe, encaissant chaque syllabe en silence ? C'est mon rôle, ça, Alex. C'est moi qui prend les tsunamis de face, moi qui dompte les typhons, bouclier humain, dos courbé prêt à casser si c'est pour te protéger. Je sens mon myocarde être déchiré par une lame qui ne m'avait pas touché depuis des semaines. De la culpabilité. Est-ce que j'y ai été trop fort dans ce bar, devant l'enseigne ? Est-ce que ma fumée s'est mélangée avec de l'acide, est venue ronger jusqu'au moindre de tes nerfs ? Ce n'est pas normal, c'est inquiétant même, et mon coeur bat bien plus vite que lorsque tu te jetais sur moi, toutes griffes dehors. Au moins, je savais comment réagir. J'étais déstabilisé, tombé de mon socle. Ta ceinture est la première à se défaire, alors que mes yeux suivent ta trajectoire. Tu essaies de me rassurer d'une nouvelle gerbe de mots mais mes muscles se contractent un peu plus. Je n'ai pas le temps de t'attirer dans l'habitacle de nouveau, de te questionner pour essayer de comprendre ; la nuit a déjà remis son manteau sur tes épaules, et je te suis dans la rue, te devançant finalement pour m'arrêter devant la porte du hall. La Sirius Avenue lâche ses derniers cortèges d'étoiles dans ton dos, et tu ne les remarque même pas, les yeux vissés sur tes chaussures et sur mon visage, passant de l'un à l'autre dans un rythme qui voudrait ne rien laisser transparaître de tes pensées. Mais manque de bol pour toi, je sais comment tu es. Je sais qui tu es. J'ai connu tes émergences, j'ai connu tes premiers désirs, tes vraies premières déceptions. Je reprends sur les épaules une charge familière, sans même une grimace, ouvre la porte. Ma main quitte la poignée pour bloquer le cadre, te laisser entrer dans le hall désert le premier, puis rejoint ton dos, tandis que l'autre vient se saisir d'une main. "Alex, qu'est-ce qui ne va pas ?" Je n'attends même pas de réponse, même pas d'explications, puisque je t'attire contre moi, coeur contre coeur, me permettant de prendre la pleine mesure de ton rythme cardiaque. Il y a un million de raisons différentes d'être dans cet état, et je crains les pires, tellement anxieux que je délaisse tous les masques juste pour pouvoir te faire face, comme dénudé. J'inspire ton odeur, t'attire encore un peu plus, alors que ma main se serre dans ton dos. J'ai toutes tes idées en tête, tous les sentiments possibles, foutu paon qui déplie toutes les plumes et les couleurs du monde, m'induit dans toutes les erreurs, m'attire sur des sentiers que je ne comprends pas. Je nous détache au bout d'une minute seulement pour laisser mes mains agripper tes joues, ancrer nos regards. Je n'ai jamais voulu te faire de mal, jamais. "Tu peux tout me dire. On peut partir d'ici, trouver un hôtel, rentrer chez toi. Je peux te laisser tranquille ce soir." Mes mains s'écartent pour laisser mes lèvres se poser sur tes joues. "Je déteste te voir comme ça. Ça fait encore plus mal." J'ai envie de te faire promettre que je n'ai pas tout détruit, qu'il reste encore quelques bons souvenirs, que je peux encore t'aider à te métamorphoser en cet être de chaleur, de paradoxes et d'émotions qui m'avait fait tomber raide dingue il y a quinze ans et il y a un mois. Les boîtes aux lettres accueillent mes mots comme s'il s'agissait d'une myriade d'enveloppes irisées, alors que je ne veux les verser que dans tes oreilles. "J'ai besoin de toi depuis toujours. Si tu veux qu'on dorme ici, tu restes avec moi toute la journée. J'appellerais Antony, et s'il m'envoie bouler, on se casse. J'ai juste besoin de toi. Ici ou n'importe où ailleurs." Léger tremblement dans mes mains qui me surprend, avant que je ne le bloque. Ma tension est à son comble, mais je ne me préoccupe pas des signaux de mon corps, prêt à le jeter au sol, à ce que tu le piétines tout entier si ça te permet de sourire à nouveau.

@Alex Palmer Molina
Alex Palmer Molina
I see fire
I see fire
Alex Palmer Molina
https://laal.forumactif.com/t7840-alex-palmer-molina-o-even-hellhttps://laal.forumactif.com/t7874-alex-palmer-molina-love-againhttps://laal.forumactif.com/t8353-goldanthemhttps://laal.forumactif.com/t8197-carte-de-alex-palmer-molina
#  [Alex] If the world was ending EmptyVen 20 Jan - 12:25
Moi qui pensais pouvoir faire illusion, j’avais oublié que j’avais face à moi le magicien qui hante mes nuits depuis de nombreuses lunes. Tu me connais mieux que moi-même et si la plupart du temps, cette obsession joue en ma faveur, ce soir je suis clairement le perdant de notre partie d'échec. J’ai poussé mon fou trop loin, envoyé valser mon roi. Pourtant ma chute à un goût sucré, qui me fait totalement oublier que je suis en train de m’écrouler. Tes bras sont autour de moi, ta voix grave dans mon oreille met en suspend tous mes neurones. Comme il serait facile de croire à une toute autre histoire en nous voyant enlacé dans ton hall d’immeuble. Amants qui rentrent d’une soirée et qui ne peuvent pas attendre l’intimité de leur appartement pour reprendre possession de l’autre. Couple d’hier encore obsédé par l’odeur de l’autre, addict des caresses volées. On pourrait être toutes ces histoires. Mais elles ne seraient pas assez dramatiques pour nous. Rien n’a jamais été simple dans nos pages, même quand notre naïveté adolescente couvrait nos mots de roses, nous savions tous les deux qu’une épée de Damoclès vibrait au-dessus de notre tête. Puis, elle est tombée, a tranché nos liens et nous voilà maintenant. Dans les bras l’un de l’autre, à chercher comment recoller les morceaux brisés au sol.

Mon visage se cache dans ton cou, coin chaud dans lequel j’aime m’enfouir, faire comme si la réalité n’existait pas. Mes mains plaquées dans ton dos comme pour te supplier de ne pas me laisser. Je me laisse aller à ce moment d’intimité que je peux maintenant supporter sans être assailli de tout un panel d’émotions et de sentiments venues tout droit du passé dans un chariot de l’enfer enflammé. Tout est beaucoup plus simple grâce à mon traitement. Je me sens apaisé, incomplet mais apaisé. La solution depuis le début était de débrancher mon cerveau, de laisser l’Alex du passé dans son coin pour donner naissance à un nouveau corps sans armure en acier. Mon épiderme est moins brillant mais elle a le mérite de me faire tenir debout. Et finalement, c’est tout ce qui compte, non ?

Il faut croire que les paillettes que je projetais en onde autour de moi te manque. Sans cet artifice, tu peux voir ce qui se cache sous la surface. Ce n’est pas très beau mais tu t’en doutais. Tu as toujours su que mon côté sombre prenait plus de place que ma lumière. Tes mains enserrent mes joues qui deviennent instantanément plus chaudes, me forçant à plonger mon regard dans le tien et à te livrer une nouvelle vérité. Je n’ai pas la force de lui associer des mots, une voix mais tu sais déjà ce que cache cette nouvelle stabilité. Alors je ferme les yeux, cédant à la facilité. Je profite de tes lèvres sur mes joues, un sourire accroché aux lèvres. Je ne réponds pas à tes envolées, ce serait inutile. Je me replie derrière ces voiles chimiques de bien-être, te laisse le temps de l’accepter tout comme moi, j’ai dû faire mon chemin.

Mes mains se posent sur les tiennes qui n’ont pas quitté mon visage. Mes paupières se lèvent paresseusement et je hoche doucement la tête.

Je dors avec toi, Zek. Et demain… Et demain, on peut passer la journée ensemble si tu en a envie. J’ai besoin de toi aussi mais tu le savais déjà. J’ai toujours eu besoin de toi.

Je me recule d’un pas pour laisser tes bras retomber le long de ton corps. Une impulsion brise la brume de mon esprit et me donne la force de glisser un dernier mot à ton oreille avant d’attraper ta main pour te faire traverser le hall.

C’est pour toi que je l’ai fait.

Comme si ces mots n’avaient jamais existé, je tire sur ta main pour te mettre en mouvement. Aucune vérité n'est bonne à dire avec des boîtes aux lettres comme spectatrices. Je sens de la réticence dans tes gestes, tu traîne des pieds, ralenti le rythme comme si tu t’attendais à ce que j’ajoute quelque chose. Mais ce n’est pas encore le moment. Je te tire doucement, un nouveau sourire qui écarte les coins de ma bouche, jusqu’à ce que mon doigt puisse appuyer sur le bouton d’appel de l'ascenseur.

Allez viens, je commence à avoir froid. On discutera chez toi.


@Zekariah M. Forbes
Contenu sponsorisé
#  [Alex] If the world was ending Empty

 [Alex] If the world was ending


Aller à la page : 1, 2, 3, 4  Suivant
 Sujets similaires
-
» Hugo Landry • The world may not change if you adopt a child, but for that child their world will change
» (alex) i don’t want to be alone. I want to be alone with you.
» alex & kj
» ALEX & VENI
» Alex & Loryana

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
LOS ANGELES, A L'ANCIENNE :: Archive 2021 :: Archive Rps-
Sauter vers: