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LOS ANGELES, A L'ANCIENNE :: Archive 2021 :: Archive RpsPartagez

 case#001 cold, cold heart

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Alastair K. Russo
mount everest ain't got sh*t on me
Alastair K. Russo
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#  case#001 cold, cold heart - Page 2 EmptySam 1 Avr - 17:24

Archibald & Alastair
case#001 cold, cold heart


Tu te mets à pratiquer l'ironie en plus des yeux au ciel, ça fait beaucoup d'apprentissage en une seule fois. Qu'est-ce qui a bien pu t'arriver, Robinson ? Où est passé le médecin qui la mettait un peu plus en veilleuse d'habitude, qui s'était fait à mes silences ? Si la fatigue te transforme en cette bête de nerfs, tu ferais peut-être mieux d'arrêter les gardes. Non pas que je puisse te souffler ce conseil - ou plutôt, cette recommandation - puisque je n'en ai pas grand-chose à faire de la façon dont tu occupes tes nuits tant que tu es là quand j'ai besoin de tes soins. Pour le reste, tu peux être occupé à tapiner, à venir t'abreuver de ce café qui finalement n'est pas si mauvais et mériterait presque un sourire adressé à ta grande copine, à te saouler jusqu'à pas possible, à te taper même le président des Etats-Unis si ça te chante, du moment que je pouvais compter sur toi. C'était un faible lien de confiance, et pourtant j'étais presque sûr qu'en cas de grosse blessure je t'aurais appelé avant Raegan. Peut-être parce que tu savais mieux recoudre les plaies que lui. Peut-être parce que je ne voulais pas qu'il me voit vulnérable ; mais toi non plus, en soi, puisque je me retrouvais comme un crétin à gonfler les muscles et à aggraver ma voix dès que tu me soignais. C'était une des nombreuses façons signées Alastair Kenneth Russo pour garder quelqu'un dans sa vie, sans lui laisser d'échappatoire ; les gens ne pouvaient s'enfuir que quand j'en avais fini avec eux, et je me laissais relativement vite, ce qui était une chance pour pas mal d'entre eux. "Dix ans, ça fait long." Ouais, ça te permettra de lever de nouveau tes iris vers le plafond plein d'amiante. Mais n'empêche que c'est vrai, que je ne suis pas tout à fait sûr de pouvoir citer plus de cinq lieux dans lesquels je me rends depuis dix ans ou plus.

Ta remarque sur Patti et moi m'amuse. J'aurais pu la séduire, si j'avais voulu. Lui faire du charme. Lui adresser de beaux sourires. Me métamorphoser en cet autre, plus conventionnel, plus charismatique, bien plus gentil, bien plus doux. Mais c'était pas moi. Moi, j'aimais les choses nettes. J'aimais qu'on dise la vérité, et qu'on ne la fleurisse pas d'un millier de détails à la con. J'aimais aussi de façon plus globale, la brutalité, les choses crues. Pas besoin que ça mijote pendant trente cinq ans, je n'avais pas la patience d'attendre et je m'énervais sans doute un peu vite. Alors non, je n'allais pas charmer Patti. Pas même pour cinq bols de son café. J'allais te laisser finir, te raccompagner chez toi ou à la clinique, maintenant que tu avais repris du poil de la bête, noter cette adresse dans mon carnet, à la maison, pour pouvoir revenir quand j'aurais besoin de caféine et de solitude, en espérant ne jamais te croiser en franchissant la porte ; les grandes vitres sales me permettraient de voir si tu étais assis et de faire demi-tour au besoin. Et puis j'allais effacer cette journée comme toutes les autres de ma mémoire, comme je l'avais toujours fait depuis que j'avais treize ans, sans doute une mesure d'auto-protection qui contrastait bien avec les autres flagellations que je m'infligeais. "Ouais, je me demande bien aussi. Elle doit être jalouse. Tout le monde n'a d'yeux que pour toi, Robinson." Je hausse les épaules. C'est pas du tout vrai. Les rares clients nous ignorent tous, les chauffeurs avaient le regard braqué sur moi comme si ça pouvait me faire baisser le majeur. Mais ça m'amusait et tu souriais un peu, c'était pas super beau à voir, mais ça valait mieux que tes signes d'agacement. "Ils doivent me prendre pour l'élu. Se dire que j'ai une chance folle de pouvoir..." Je ne termine pas ma phrase, me contente de glisser mes doigts sur mes lèvres comme un zip, et de jeter la clef. Double serrure, à la fois braguette, à la fois porte blindée. C'était mieux pour ne pas t'imposer les scènes de l'autre soir derrière les yeux. Fin sourire qui demeure, nouvelle tasse de café, signe de tête un peu plus amical à Patti qui n'en démord pas, a décidé de faire de moi son nouvel ennemi.

Mais la serrure se rouvre parce que t'as retrouvé la clef en farfouillant je sais pas trop où, et tu me poses des questions. C'est plutôt marrant parce que depuis toutes ces années, tu sais bien que tu n'as obtenu au maximum que des réponses floues, et ça dans le meilleur des cas. La majorité du temps, c'est un silence, ou une invitation à t'occuper de ton joli petit cul, Robinson, sur ce ton-là exactement. Mais pour une fois, je me devais de faire amende honorable. Le silence, je l'avais troublé entre nous le premier pour pas qu'on reste à se fixer comme deux seiches sur un banc de sable. Mes yeux se détachent des tiens, je pivote sur le tabouret pour regarder droit devant moi. J'hésite quand même à te répondre. Pas pour un souci de confidentialité, ça, ça fait déjà quelques années que j'en ai plus grand-chose à foutre. On avait déjà du mal à démanteler des réseaux criminels, je doutais qu'on puisse m'envoyer une escouade spéciale contrat bafoué et tout le tintouin. "FBI, ouais." Ça m'agace de craquer, ça m'agace d'être là, et en même temps c'est assez fluide entre nous. De l'extérieur, à force de chamailleries, de haussements d'épaules et de tons secs, on pourrait croire que je te déteste. Mais en vrai, c'est pas tout à fait le cas. Comme je t'ai dit, il n'y a qu'à toi que je puisse faire confiance côté médical. Et cette confiance, c'est ce qui me permet de me défouler, le soir venu, c'est ce qui me permet de pas complètement exploser en un ouragan violent qui frapperait les colonnes des lampadaires, les lattes des bancs, les faciès des types qui passeraient par là. Exutoire à violence qui fait du bien, exutoire à pas mal de choses, d'ailleurs, et je suppose que cette reconnaissance-là te vaut bien au moins quelques réponses quand je t'emmène prendre le petit-déjeuner juste après que tu m'aies soigné. Ouais. "Dans une brigade de merde qui n'intervient presque jamais sur le terrain. C'est pas pour le taf que je viens chez toi." Non, c'est pour des trucs qui nous échappent à tous les deux. Parce que j'aurais pu arrêter de venir dans ton bureau, une fois que j'étais venu en toi. J'aurais pu être gêné. Mais non. "Mais ça, on en parlera pas aujourd'hui. Pourquoi t'es médecin, Archibald ? Me raconte pas de conneries comme j'aime les gens, je veux leur faire des câlins et sauver l'univers. Je veux connaître ton déclic. Le moment où t'as su que t'étais fait pour ça." Parce que les déclics, je connais. Mon préféré, c'est celui où je me suis rendu compte que j'aimais frapper. Que ça me faisait du bien. Mais ça non plus, on en parlera pas aujourd'hui. Sans doute jamais, d'ailleurs.
AVENGEDINCHAINS
Archibald Robinson
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Archibald Robinson
#  case#001 cold, cold heart - Page 2 EmptyDim 2 Avr - 12:19

Archibald & Alastair
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Peut-être que ça faisait long, en effet. Je ne voyais pas le temps défiler tout à fait normalement. Peut-être parce que mon travail m’imposait des horaires étranges, peut-être parce que la mort d’Alyssa m’avait entraîné dans cet espèce d’entre-deux mondes qui ne me semblait ni réel ni rêvé. Dix ans, c’était à la fois long et court, ça ne représentait pas grand-chose au fond. À peine la durée de mes études de médecine. Haussement d’épaules en guise de réponse, parce que de toute façon tu n'en attends probablement pas. Qu’est-ce qu’il y aurait à redire à ça, ce n’est qu’une observation. On passe à autre chose, la conversation tourne sur un sujet un peu inattendu, et je peux pas m’empêcher de rire en entendant ta remarque. Rire bref, bien vite masqué par quelques gorgées de café avalées. Comme si qui que ce soit ici prêtait la moindre attention à autre chose que son assiette. Et puis tu continues et cette fois ça m’agace, me fait lever les yeux au ciel. De pouvoir quoi, au juste ? Rien du tout. C’était une fois, un dérapage idiot, et je refusais qu’on l’évoque à nouveau. Ma mâchoire se serre et je secoue la tête. Abruti. Si tu continuais comme ça, tu me ferais complètement passer l’envie d’être un tant soit peu agréable et de te soigner quand ça te chantait.

« Va te faire foutre. »

Ce n’était pas trop mon genre, d’envoyer bouler les gens aussi souvent, mais tu m’agaçais ce soir plus que d’habitude et je commençais à largement regretter d’avoir accepté ta proposition de m’offrir le petit-déjeuner. Une question qui m’échappe, alors que la dernière chose que je voulais c’était qu’on reste ici plus longtemps. Mais tu y réponds, bon gré mal gré, aussi loquace qu’à ton habitude. Je n’avais aucune idée de ce qui m’empêchait de te haïr, ce qui me poussait à accepter tes visites nocturnes sans broncher, ta mauvaise humeur et tes silences. Certainement le même chose qui me faisait rester là, alors que j’avais envie de partir, quitte à rentrer à pieds. Ta réponse ne me surprend pas, ce qui suit non plus. Je n’étais pas complètement idiot, je savais différencier des blessures de terrain et des blessures plus ou moins intentionnelles liées à une rixe. Tes jointures rougies ne laissaient jamais le moindre doute.

« Hm, je vois. »

Pas vraiment d’autre question à te poser, parce que tu ne répondrais pas, de toute façon, et parce que ça ne m’intéressait au fond pas plus que ça. Ce que tu faisais en dehors de mon hôpital, ce n’étaient pas mes affaires. Tant que tu n’agressais personne entre les murs blancs, je m’en fichais pas mal. Mon regard trouve le tiens alors qu’une nouvelle question émerge, me surprend. Depuis quand tu t’intéressais à autre chose qu’à toi ? Le monde tournait définitivement étrangement ce soir. Comme une horloge tellement déréglée qu’elle allait dans le mauvais sens. Le genre de vieillerie que l’on aurait pu trouver au détour d’un antiquaire peu regardant sur la capacité à fonctionner des objets achetés et revendus. Soupir, tête penchée en arrière le temps de réfléchir. Qu’est-ce qui m’avait poussé à devenir médecin ? Aucune idée. Ma main qui passe sur mes traits fatigués, puis me yeux se posent à nouveau sur ton visage.

« J’en sais rien. Je crois que je fais partie des gens qui ont pas eu de déclic. J’ai juste commencé la médecine, j’ai aimé ça, j’ai continué. »

Peut-être qu’à un moment, il y avait eu l’espoir de soigner ma mère, mais ça n’avait pas duré bien longtemps. Yeux plissés, tête penchée sur le côté, je cherche à répondre le plus sincèrement possible, comme si ça avait la moindre importance. Pourquoi est-ce que je voulais être honnête, tout à coup ? Encore une fois, ce n’était absolument pas dans nos habitudes, alors qu’est-ce qui était en train de se passer, au juste ? Tout ça n’avait pas le moindre sens.

« Mais j’imagine que ça me fait me sentir un peu puissant, au moins en contrôle, de réussir à sauver des vies. Avoir un cœur arrêté entre ses mains nues et réussir à le faire repartir, c’est une sensation incroyable. »

Quelque chose de grisant, qui continuait de me fasciner même après de longues années de pratique et plusieurs centaines d’opérations. Est-ce qu’on pouvait parler de déclic ? Léger rire tandis que mes yeux quittent les tiens, trouvent la noirceur du fond de café qui se trouve encore au fond de ma tasse.

« Je crois que ma première opération a peut-être été un déclic à proprement parler. Appendicectomie, toute ma promo qui me regardait dans la galerie. Ils pensaient que j’allais tout rater, tuer le gamin, mais j’ai réussi. »

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Alastair K. Russo
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#  case#001 cold, cold heart - Page 2 EmptyDim 2 Avr - 14:48

Archibald & Alastair
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Le café me brûle les lèvres, toi tu ne grimaces pas, j'en déduis que Patti n'a pas encore tout à fait terminé sa vendetta contre moi et mes sourires charmeurs - non. Au moins, le café est frais, il vient juste d'être fait ; ou est-ce que cette diablesse l'aurait mis au micro-ondes juste pour me voir tordre la bouche ? Non, elle n'a pas l'air assez futé pour tout ça. Toi, en revanche... Tu l'aurais mis au micro-ondes de longues minutes, aurait glissé des capsules de somnifères, n'importe quoi qui puisse me faire taire, parce que tu continues de faire la moue à chaque fois que je consens à te parler. Même quand c'est pour répondre à tes questions, tu tires la gueule. Et ça m'énerve un peu, parce que je ne comprends pas. J'ai pas les bonnes bases sociales, c'est précisément pour ça que j'ai jamais voulu me mélanger aux autres, que j'ai jamais voulu me faire de supers amis, vivre de belles histoires d'amour ; parce que c'était incohérent, ça allait pas avec le monde tel qu'il défilait sous mes yeux. Les buildings prenaient des traits noirs épais, le ciel était souvent gris, les passants étaient sans visage, du moins je ne les regardais pas, ils étaient dans le flou ; tout ce qui ne m'intéressait pas était dans le flou, et autant dire que ma vision de la vie n'était pas en 4K full haute définition. Non. Il n'y avait que de rares détails qui étaient clairs, colorés, intéressants. Curieusement, tu en faisais partie. Je mettais ça sur le compte d'un fait assez simple : tu étais une de mes plus anciennes connaissances, les autres partaient généralement au bout de quelques mois. Mais j'avais conservé le lien avec toi, et tu ne m'avais jamais complètement repoussé. Non, tu t'amusais à me faire danser au bord d'un précipice, et quand bien même j'avais toutes les capacités de te mettre à ma place, de te faire chuter dans les fosses aux lions, je préférais continuer cette petite valse ridicule sans comprendre pourquoi. Et ça aussi, ça m'énervait.

Tu t'étais mis à rigoler doucement, comme si parler de coeurs dénudés était le truc le plus marrant du monde, et j'avais à peine froncé les sourcils, trouvant sympa que tu puisses enfin aligner quelques phrases sans m'envoyer bouler ou même mieux ; sans que moi, j'ai envie de t'envoyer bouler. "Appendicectomie, alors. Curieux déclic." Je hausse les épaules. J'ai jamais trop mis d'étiquette sur les zones de mon corps. Je sais que les poumons font respirer, que le cerveau organise tout le fatras, que si le coeur arrête de battre, sauf miracle, on clamse. Mais pour le reste... L'appendice, je peux pas le placer. Je sais que c'est une boule de chair dégueulasse. Mais toi, t'avais l'air d'aimer tout ça ; le sang, les organes, la recomposition des silhouettes comme si ce n'était que des mannequins remplis de plumes. "Les parents du gamin devaient être contents. S'ils étaient vivants." Ouais, toujours une note de noir, sinon c'est moins drôle de conclure mes phrases. Et puis, pour ce que j'en savais, t'avais forcément déjà dû annoncer des décès à des familles qui attendaient des réponses. Peut-être même que c'était dans ton quotidien, même si quelque chose me disait que t'avais de l'or dans les mains, que t'arriverais à soigner n'importe quelle connerie inventée par la nature pour rouiller le mécanisme. "T'as jamais songé à changer de métier, Robinson ?" Parce que normalement, la question se posait pour tout le monde, au moins une fois. Parce que même moi, avec mon cerveau étriqué et mes passions qui se comptaient sur les doigts d'une phalange, j'avais déjà pensé à me barrer, à tout plaquer. Mais que j'avais jamais été au bout. Je me tourne un peu sur la chaise haute du diner, dévisage Patti, elle comprend le message, me ramène une autre assiette, un peu plus de sirop sur les gaufres cette fois, et je lui adresse même un sourire. "Commande ce que tu veux. Je suppose que tu dois avoir faim après quarante-huit heures de jeûne forcé..." Une gorgée de café, presque recrachée parce que je sais déjà que tu vas contre-argumenter et que ça va m'agacer, gâcher cette légère harmonie sifflante entre nous. "Les barres énergétiques, les boissons sucrées, tous ces trucs qu'on a dans des distributeurs, ça compte pas comme de la nourriture." Léger sourire. Parce que je trouve ça marrant de pouvoir prédire à l'avance tes réponses aussi. Parce que ça ne le fait qu'avec toi, sûrement à cause de toutes les soirées passées à me rafistoler.
AVENGEDINCHAINS
Archibald Robinson
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#  case#001 cold, cold heart - Page 2 EmptyDim 2 Avr - 15:07

Archibald & Alastair
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Tu tires une drôle de tête en goûtant ton café et ça me ferait presque rire. Je savais qu’il était aussi brûlant que le mien, mais c’était une chose qui ne me dérangeait plus depuis bien longtemps. Le froid, le chaud, c’était une chose un peu abstraite. Parce que je vivais dans un monde d’urgence, mais aussi d’imprévu. Avaler une assiette en moins de deux minutes entre deux opérations, terminer un café bouillant parce que les urgences viennent de nous bipper pour un trauma, c’était le genre de chose qu’on apprenait dès l’internat, parce qu’on nous apprenait que chaque minute était comptée. C’était comme ça, d’être dans la médecine. Certains étaient mieux lotis que d’autres, en fonction de la spécialité, ou bien en exerçant dans le privé, par exemple. Moi, j’allais au charbon tous les jours, ne me posait pas de question, aimais travailler dans l’urgence et le chaos. Tu critiques mon déclic, ça me fait sourire et j’hausse les épaules.

« Tu as voulu savoir, je te réponds. »

Et puis tu mentionnes les parents, ça ne fait qu’agrandir mon sourire, me tire presque un rire. Je ne relève même pas la mention morbide, parce que ça fait de toute façon partie de mon quotidien, la mort.

« Sa mère est tellement contente qu’en général je paie pas mon petit-déjeuner. D’où le fait qu’elle compte pas ma part dans tout le fric que tu lui as donné. »

Petit mouvement de menton vers le bocal à pourboires, où se trouve la plus grosse partie de ta liasse de billets. Et voilà que tu continues, me pose une question qui me retire le sourire. Changer de métier, non. Parce que je n’avais aucune piste derrière. Mais arrêter, oui. Ça n’avait pas duré longtemps, mais ça m’avait traversé l’esprit, entre deux bouteilles. Parce que ça n’avait plus aucun sens, d’essayer de sauver des vies, alors que la sienne s’était arrêtée. C’était idiot, sans but. Mais je m’étais vite ressaisi, m’étais dit que je pouvais faire la différence, être celui qui ne laisserait pas d’autres familles endeuillées.

« Si, une fois. Toi ? »

Je ne t’en dirais pas plus, n’étais pas prêt à partager ce pan si privé de ma vie avec toi. Et puis ce n’était pas comme si ça t’importait vraiment. Cependant, tu me montre que j’ai peut-être tort, que je n’ai pas tout saisi, pour l’instant. Parce que si j’imaginais ton esprit dans le même état que le mien, à vouloir partir d’ici au plus vite, je m’étais apparemment trompé. Tu fais signe à Patti, qui t’apporte une nouvelle assiette, et ça m’intrigue. Envie de prolonger le moment, ou beaucoup d’appétit après avoir cassé la gueule à quelqu’un ? Tu me demandes de commander ce que je veux, j’hésite. Mais finis par secouer la tête, après t’avoir laissé terminer.

« Tu oublies les chips. Quand on est interne, c’est la base de notre alimentation. On a une cafétéria, aussi, je devrais prendre le temps d’y aller, de temps en temps. Mais en général, oui, on m’enlève mon masque et on me nourrit de barres chocolatées quand les opérations se prolongent. Je préfère quand même la vraie nourriture, ne va pas croire que je considère que ça en est. »

Bras posé sur le dossier de la banquette, main sur le ventre.

« Mais je suis repu, merci. Gaufres, œufs et bacon, le meilleur petit-déjeuner qui soit. »

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#  case#001 cold, cold heart - Page 2 EmptyDim 2 Avr - 15:33

Archibald & Alastair
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Toujours dans l'analyse, je plisse à peine les yeux au-dessus de mon café bouillant. Nos assises sont assez représentatives de la lutte silencieuse des pouvoirs qui se joue entre nous. J'ai la chaise haute, idéale pour que je puisse me casser en quelques enjambées et une seule impulsion si tes questions devenaient trop précises, trop personnelles, et puis tu as la banquette, parce que tu sais pertinemment que j'aboie mais que je n'oserais pas te mordre, pas toi après les longues années à panser mes plaies, à me dispenser le service médical en étant le plus efficace et le plus discret de tous les médecins de la ville. Et pourtant, tu me confies que tu as déjà songé à changer de vie, toi aussi. "Ouais. Moi aussi." Pas besoin de rentrer dans le détail, ce n'est pas notre spécialité. Je pourrais t'évoquer cette foutue envie de rejoindre une escouade qui serait active sur le terrain, une équipe qui me ferait vraiment vibrer et pas juste d'ennui, assis à mon bureau toute la journée. Mais ça serait rappeler à mon souvenir et t'informer de mes nombreuses séances chez la psy, évoquer le mec fracassé sur le sol quand j'avais eu un peu de mal, une fois, à me contenir, et je ne suis pas tout à fait sûr d'être capable pour le moment d'en parler sans pouvoir sourire. Ce ne serait sûrement pas bon signe de te montrer que je n'avais pas eu le moindre remords, sans doute aucun regret si ce n'est celui que ça m'avait éloigné des opérations terrains pendant quelques temps, et que ça jouerait sur mon dossier quand je postulerais pour changer de service. Et puis tu me sors de mes pensées en évoquant le combo boisson sucrée / chips salées / barres énergétiques. Comment est-ce qu'il est possible de prendre soin de la santé des autres quand son régime alimentaire est celui d'un ado en pleine lutte contre l'autorité parentale, qui vole du fric pour pouvoir grignoter tout seul dans sa chambre sans assister aux repas de famille ? Curieuse allégorie, parce que je n'avais jamais supporté ces réunions non plus. Parce que quand il y avait du monde de dehors, notre père était souriant, il rigolait, il semblait fantastique, un peu dur, un peu sec, mais pas aussi violent. Et puis quand la porte se fermait sur le dernier invité, il se métamorphosait. Je ne voulais pas que Rae puisse en prendre plein la gueule, alors je prenais sur moi. Je le laissais s'échapper, surtout, qu'il ne me voie pas déguster. Et je ne parlais pas de chips, ou de barre chocolatée cette fois.

Je sais pas quoi te répondre quand tu me remercies, parce que c'est plutôt rare qu'on le fasse, généralement parce que je fais pas grand-chose pour que les gens aient l'occasion de le faire. Alors je me contente de hocher la tête. "Je te nourris juste pour pouvoir revenir demain quand j'aurais besoin de tes services." Ce n'est en plus pas tout à fait éloigné de la réalité. Mais pour l'instant, je décortique mes deux gaufres, les mangent avec une envie à peu près similaire à celle de me tirer de mon appartement pour aller bosser. Les journées n'auraient aucun sens, aucune rime, s'il n'y avait pas ces entrevues de mes poings dans des tempes, la nuit venue. Heureusement que j'avais trouvé ce hobby pour pouvoir rythmer mon quotidien. La vie aurait été sacrément chiante sinon. "Tu veux que je te dépose à la clinique ou chez toi ?" C'était pas tant pour avoir ton adresse que pour calculer mentalement, légère obsession pour les chiffres, combien de cigarettes j'allais pouvoir fumer, et s'il fallait que j'en rachète ou pas. La fatigue et l'envie de nicotine me mettaient des images bizarres dans la tête, suffisamment loufoques pour que je puisse les évoquer sans avoir à être gêné. "Ou alors tu veux qu'on aille se balader main dans la main le long d'un canal, caresser des cygnes en rêvant de nos futurs enfants ?" Sourcil arqué, l'air amusé même si ma voix trahit une fois de plus tout mon cynisme. Après le petit-déjeuner partagé ensemble, ce serait la moindre des choses que de te soutirer des baisers mielleux en évoquant le mariage à venir ; et ça, c'était une raison de rire dans mon café, d'asperger le comptoir de quelques gouttes noires. Parce que ça collait pas avec moi, ça collait pas avec toi, ça collait pas avec nous, et que j'avais bientôt fini mes gaufres, sans quoi elles auraient été arrosées d'un mélange de caféine et de sirop d'érable pas franchement fameux.
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Archibald Robinson
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#  case#001 cold, cold heart - Page 2 EmptyDim 2 Avr - 15:52

Archibald & Alastair
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Ta réponse ne m’étonne pas. Qui n’avait pas, au moins une fois dans sa vie, songé à faire quelque chose d’autre. Certains cherchaient plus de sens, d’autres plus d’actions, d’autres encore plus de calme. Chacun s’imaginait trouver ce qui rendrait sa vie parfaite, n’envisageait pas une seule seconde le fait que la perfection n’existait absolument pas. Il m’avait fallu du temps pour le comprendre, mais je le savais à présent. Il y avait toujours une chose qui venait faire tressauter un peu la machine, sans pour autant l’arrêter. Une tristesse passagère, ou plus longue durée. Il y avait toujours une raison, quelque chose. On ne pouvait pas être parfaitement heureux indéfiniment, ça n’existait pas dans la réalité. Sourcil haussé et rire léger en entendant la raison derrière tout ça, même si je sais qu’elle n’est pas tout à fait véridique. Tu ne le dis pas, mais c’est ta façon de me remercier, j’imagine. De te traiter gratuitement, sans poser de question, sans remplir le moindre papier. Heureusement d’ailleurs que je m’entendais plus que bien avec les personnels administratifs et les infirmières de l’hôpital. J’aurais probablement pu dire adieu à ma licence à force de visites plus ou moins secrètes.

« Déjà demain ? C’est plus régulier, en ce moment. Je te manque donc tant que ça ? »

Façon détournée, au fond, de te demander si ça va. Je crois que ça m’inquiète un peu. Doigts qui tapotent sur la table.

« Demain ça va. Après-demain je fais pas de nuit, tu trouveras probablement que des internes. Marrant, quand même. Que tu fasses confiance au seul chirurgien qui s’emmerde à faire des gardes aussi longues. »

Une fois la résidence terminée, la plupart de mes confrères adaptaient leur emploi du temps. Ça allait probablement avec le fait de fonder une famille, ou bien de se sentir suffisamment haut placé pour pouvoir refiler tous les petits trucs aux internes et résidents déjà débordés. Ce n’était pas mon genre. J’enseignais aussi, avais toute une batterie d’étudiants qui me suivaient partout et voulaient répondre au moindre de mes désirs – oui, le moindre de mes désirs, j’avais déjà eu des propositions bien peu plaisantes – mais préférais enseigner sans surcharger, me disant qu’un petit répit ne leur ferait pas de mal. Et puis j’aimais suivre moi-même mes patients, même si ça voulait parfois dire faire des tâches considérées comme trop basses pour quelqu’un de ma trempe. Tasse de café terminée, je te regarde manger tes gaufres, secoue la tête en entendant la question suivante.

« À l’hôpital. Ma voiture est là-bas, je pourrai pas y retourner sinon. Pas trop ton truc la logique, hm ? »

Petite pique, sourcil haussé et sourire au coin de la bouche. Bien évidemment, c’est pour répondre à la tienne, à ton ton idiot. Mais il y a quelque chose qui me dérange quand même dans ce que tu dis, me met mal à l’aise, fait gronder la colère dans mon esprit. Les enfants, c’était un sujet un peu sensible. Je n’en avais jamais vraiment voulu, savais pertinemment que mon choix de carrière ne pourrait pas coïncider avec une vie de famille épanouie. Et puis Tim n’en voulait pas non plus, on était d’accord sur le sujet. J’avais Alyssa, que je considérais parfois comme ma fille, dont la mort m’avait à nouveau assuré dans l’idée de ne pas engendrer quoi que ce soit qui pourrait mener à un deuil aussi difficile. Perdre la chair de sa chair, c’était une épreuve horrible, insoutenable. Je ne voulais plus jamais vivre ça. Et puis, il y avait Oswald, aussi. Lui et son mari s’étaient déchiré autour de l’idée d’avoir un enfant, ça avait tellement mal fini que je m’étais demandé si au fond, notre fratrie n’était pas maudite. Alors non, rêver d’enfants non existants n’était pas quelque chose qui me faisait sourire, même si ça n’avait rien de sérieux, que tu essayais simplement de te foutre de moi. Il y avait certains sujets qui ne me faisaient pas rire.

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Archibald & Alastair
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Je hausse une nouvelle fois les épaules - jamais eu la clavicule aussi bien dessinée que depuis la multiplication de mes visites dans ton bureau. "Je sais pas, je me suis dit que t'étais suffisamment grand pour accepter de prendre le bus quand t'y retournerais et que tu rentrerais avec ta voiture à ce moment-là." Mais à vrai dire, je m'en fous pas mal. Pour tout ce que j'en sais, ta caisse pourrait bien rester sur le parking ad vitam aeternam que ça changerait pas la face du monde en règle générale, et encore moins la face de mon monde. T'avoir offert gaufres, oeufs, bacon et café ne signifiait pas que tu avais le moindre intérêt à mes yeux autre que celui de me soigner. Tu étais un peu plus supportable que les autres, un peu plus sympathique aussi, mais ce que tu faisais de ta voiture, de ton cul, de ta bouffe, de tes seringues, tant que ça ne me concernait pas (à savoir, dans l'ordre : tant que tu n'essayais pas de conduire, tant que tu n'essayais pas de te glisser devant mes côtes pour me sentir en toi, tant que tu ne me crachais pas ta nourriture en parlant tout en mâchant, tant que tu n'essayais pas de me droguer à mon insu pour me faire pioncer dans un lit d'hôpital et me fournir de vrais soins sans doute nécessaires), je m'en moquais complètement. Pourtant, d'un seul coup, tu as un air sinistre, du genre plongé dans des pensées que j'aurais provoqué sans faire exprès, pas forcément le pro du tact, pas forcément le pro du tournage de langue dans ma propre bouche non plus. Je sais pas si je m'en veux, je pense pas, parce que la culpabilité c'est un truc de fragile et que j'en ai jamais ressenti, sauf quand mon père tapait sur mon frère sans que j'ai pu le défendre.

Mais là, on est bien loin de ce sentiment poisseux et crasseux qui m'aurait fait mal aux poumons, comme quand j'étais gamin. Non, là, ça m'emmerdait parce que j'avais l'impression d'être reparti à la case départ, que tu allais sans doute me fusiller du regard encore de longues minutes comme si je t'avais demandé très sympathiquement d'aller te faire foutre. Pour une fois, j'étais resté cordial presque tout au long de notre entrevue, et t'avais bien épuisé mes batteries de tolérance aux autres êtres humains ; alors, quand je m'étais relevé, veste sur le dos secoué pour ne pas qu'il puisse y avoir un seul faux pli, et que je t'avais regardé, puis parlé, mon ton avait pas été tout à fait aussi cool que ce que j'aurais aimé. "Dépêche, on y va." Je retrouve tes yeux quelques secondes, t'as l'air triste, en colère, sacrément triste, sans doute même un peu plus qu'en colère, mais j'ai pas envie d'être mal à l'aise ou de te sentir toi l'être, alors je pose pas de questions, je marmonne quelques secondes, et puis je lâche quelques syllabes sur un ton un peu plus dur. "J'ai pas que ça à foutre, Robinson." Ouais, pas vraiment mon truc d'être sympa, j'y arriverais sans doute jamais d'ailleurs ; mais je pousse la porte en saluant ta copine, accorde un dernier regard aux auréoles de café sur la table, me sens comme l'héroïne d'un film romantique à la con, un truc pour les gamins qui n'ont pas encore couché, et ça m'agace, alors j'allume une clope entre mes mains pendant que la porte se referme derrière moi. T'es pas encore sorti, t'adresses sûrement tes dernières salutations respectueuses, bien cordialement, à ta super pote, et ça me permet de fumer rapidement, pour en rallumer une autre dans deux minutes, sans que tu puisses jouer les cancérologues et m'inviter à arrêter ces conneries. Je sais pas si j'aurais pris en compte ton avis : sûrement pas, non. "Tu dois récupérer un truc, des courses, un colis, je sais pas trop quelle connerie, ou est-ce qu'on va directement à la clinique ?" Ouais, je me contredis souvent, mais je veux au moins qu'à l'issue de la matinée, le soleil maintenant bien haut dans le ciel, tu puisses penser que je suis un peu moins con que quand t'avais commencé ta garde, il y a cent quatre-vingt quatre heures environ, selon l'état de tes cernes.
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Archibald Robinson
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Archibald Robinson
#  case#001 cold, cold heart - Page 2 EmptyDim 2 Avr - 16:38

Archibald & Alastair
case#001 cold, cold heart


Pensées sombres qui se jouaient dans mon esprit, film au synopsis un peu effrayant de réalité, cette réalité que beaucoup de gens vivaient sans qu’on en parle réellement. On parlait souvent des familles très nombreuses, de ces parents qui n’arrivaient pas à s’arrêter de procréer. On parlait moins de ceux qui n’arrivaient pas à le faire, ou perdaient la prunelle de leurs yeux au détour d’une rue, ou en l’envoyant tout simplement à l’école. C’était tellement plus facile de perdre un enfant que de lui donner la vie, et c’était absolument terrifiant, d’y penser. Pourtant c’était la réalité, je la vivais tous les jours. Très peu de chirurgies pédiatriques, mais parfois les cœurs que je réparais n'étaient pas ceux d’adultes. J’étais incapable de refuser, même si chaque cas impliquant un enfant me mettait le poids du monde tout entier sur les épaules. Je m’impliquais toujours plus dans ce genre de cas, allais jusqu’à doubler mon temps d’opération, rien que pour m’assurer que chaque découpe, chaque suture, chaque geste était le bon, réalisé à la perfection. Je ne voulais aucun problème, certes, comme tout médecin. Je ne voulais surtout pas imposer les sentiments qui maltraitaient ma famille à une autre. Avoir ce poids sur la conscience serait bien trop. Alors oui, parfois, le résultat n’était pas celui attendu. Mais je n’avais jamais rien à me reprocher, d’un point de vue médical ou technique. Ça n’allégeait pas la douleur des parents, ça allégeait un tout petit peu ma conscience. Soudain, tu me presses, me fais comprendre qu’on a trop traîné. Je ne sais pas ce qui a changé aussi rapidement, mais j’obtempère. Café terminé, je lève les yeux au ciel en t’entendant râler alors qu’il n’y a aucune raison, puisque je suis déjà debout moi aussi. Petit arrêt pour saluer Patti, la remercier, récupérer le petit carton dans lequel se trouvent deux parts de tarte aux cerises, subir son éternel tirage de joue. Me voilà dehors, avec toi et tes clopes. Ça ne me gêne pas particulièrement, je déteste mes confrères qui jugent tout et tout le monde juste avant de s’envoyer leur vingtième café en trois heures. Je secoue la tête en entendant ta question.

« Non, directement à l’hôpital. Moi non plus j’ai pas que ça à foutre, même si t’as l’air de croire le contraire. »

Impossible d’enlever la légère amertume qui a envahi ma voix, qui n’a pourtant rien à voir avec toi. C’est toi qui as apporté le sujet sur le tapis, mais tu n’es responsable de rien d’autre. Je marche jusqu’à ta voiture, attends que tu ouvres la porte. Le soleil a commencé à se lever, j’ai envie de faire une remarque sur le côté romantique d’une promenade en voiture au soleil levant, mais finalement non. Je veux rentrer chez moi, enfouir mon visage dans la fourrure de mon chien et arrêter de penser au monde l’espace d’une heure, avant de retourner au travail. Les portes se déverrouillent et j’entre, reprends ma place de tout à l’heure, pas aussi somnolent, maintenant que le sucre fait son effet. Tu entres aussi et je me retourne pour poser la boîte en carton sur le siège arrière.

« Elle a mis une part de plus que d’habitude, j’imagine que c’est pour toi. J’aurai pas le temps de manger, je te les laisse. Tu pourras te faire un shot de sucre avant d’aller casser des mâchoires, ce soir. »

Ça devrait être drôle, mais je n’ai pas tout à fait le cœur à sourire, tout de suite. Coude posé sur le rebord de la vitre, main qui soutient ma tête, j’attends que tu démarres, regard fixé vers l’avant.

« Merci pour le petit-déjeuner. Et mets de la glace sur tes mains, si tu comptes les réutiliser dès ce soir. »

Agacé, mais toujours poli. Règle d’or.

AVENGEDINCHAINS
Alastair K. Russo
mount everest ain't got sh*t on me
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#  case#001 cold, cold heart - Page 2 EmptyDim 2 Avr - 17:04

Archibald & Alastair
case#001 cold, cold heart


Première clope que j'écrase dans des volutes presque grises, le blanc qui s'évapore dans le ciel encore un peu orangé du lever de soleil. Tu marches le premier, un carton à la main, sans que je sache ce que c'est ; tu me l'expliques dès que je suis rentré dans l'habitacle, une seconde clope entre les lèvres, pas encore allumée, attendant les premiers signes du trafic matinal pour occuper ma bouche d'une cigarette qui m'empêchera d'être trop vulgaire envers ceux de nos concitoyens à la conduite aussi dangereuse qu'hasardeuse. Ta boîte échoue sur mes sièges arrières et je me tends rapidement. Je n'aime pas que tu puisses être aussi à l'aise dans ma caisse. C'est pas contre toi foncièrement, je n'apprécie juste pas qu'on puisse s'inscrire suffisamment dans mon quotidien pour faire ce genre de trucs complètement anodins. Je grimace un peu, ouvre en grand les fenêtres de la voiture pour pouvoir aérer, et allume ma cigarette plutôt que prévu, veillant néanmoins à bien cracher ma fumée dehors. "C'est gentil, mais je les mangerais sûrement pas." Pas que j'avais détesté le menu proposé par ta charmante copine au sourire aussi fréquent qu'un aileron de requins fendant les flots d'une rivière en Arctique, mais aussi parce que j'étais pas du genre à m'asseoir le long de ma petite table confortable, dans mon petit fauteuil confortable, avec ma petite cuillère confortable, pour manger de petits confortables morceaux de gâteaux. "Je les filerais à mes voisins du bas, ils sont en coloc." Léger sourire sur le côté. "Ils sont trois, ça leur fera une raison de s'engueuler. Et de baisser la musique." Pas que ça me dérangeait forcément, les bruits de voisinage, parce qu'écouter le jazz du type d'en haut ou même les claquements de talons de la nana de l'autre côté des murs, sur le même étage, ne me faisait pas grand-chose, ça rajoutait juste un peu au côté sinistre des petites cages d'escalier. J'avais pas voulu me casser de ce minuscule appartement, même quand j'avais eu du fric. Pas une question d'affection, s'il avait brûlé ça m'aurait juste emmerdé de perdre un bon vinyle, mais pour le reste, les murs pouvaient partir en cendres, les sols pouvaient s'effondrer, ça m'aurait à peine contrarié. Il aurait fallu retrouver un autre antre aussi sombre, aussi perdu, aussi discret, une sorte de planque qui puisse me permettre d'être à la fois pas trop loin d'un bon parking pour le côté pro, pouvoir rejoindre les locaux en pas trop de temps, et en même pas trop loin d'un autre parking beaucoup moins bien sur lequel, pour reprendre tes mots, je cassais des mâchoires.

"Merci pour le conseil." Ouais, j'étais presque sûr que tu me l'avais déjà dit au moins une quinzaine de fois, et c'était un des rares trucs que j'avais consenti à ajouter à ma routine. Pas pour penser à toi en m'émerveillant par-dessus les glaçons qui fondaient dans leur poche au-dessus de mes phalanges qui avaient bien rôties sous les coups des dernières années. Non, juste parce que ça m'avait appris que je pouvais enchaîner plusieurs soirées brutales sans avoir à le regretter, et que je pouvais quand même taper sur mon clavier le lendemain, au travail. Les alcooliques buvaient du café ou reprenaient de l'alcool, les toxicos fumaient de gros joints et tournaient aux cachets, moi j'avais une addiction à ces violences urbaines, et ma façon de le cacher, c'était les glaçons, les gants de cuir, et de ne jamais, au grand jamais, serrer la main d'un autre type, ganté ou pas ganté. "Tu sais, Doc..." On avait déjà dévalé quelques kilomètres, ma cigarette était partie s'écraser sous les pneus d'un immense SUV derrière nous. "T'es pas un connard. Pas comme les autres. T'es différent, t'es mieux." Je sais pas d'où c'est sorti, sûrement de ces teintes mauves dans le ciel, au loin, les nuages qui se transforment en pétales de violette, ou de la circulation qui m'apaise parce que ça roule bien, parce que je vais pouvoir bientôt rentrer chez moi et pioncer, pour arriver au taf en retard dans quelques heures. "Je dis ça parce que je veux pas que tu te mettes en tête que je te déteste. Manger un petit-déj avec quelqu'un, ça m'était sans doute jamais arrivé depuis les couches." Mes phalanges serrent un peu plus le volant, blanchissent au passage. Joues qui se parent de rouge, pas l'habitude de m'épancher comme ça. "Enfin, voilà. Ne prends quand même pas la grosse tête, t'es juste à peine mieux que le commun des bouffons autour." Nouvelle cigarette coincée entre les dents, la flamme qui crépite, et je tourne la tête, me contente de te surveiller dans les rétroviseurs. J'aurais mieux fait de fermer ma gueule. Pas le master du tournage de langue dans ma bouche, que je t'ai dit.
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#  case#001 cold, cold heart - Page 2 EmptyDim 2 Avr - 17:43

Archibald & Alastair
case#001 cold, cold heart


J’aurais dû m’en douter, que tu rejeterais en bloc l’idée de manger ces deux bouts de tarte. Parce que tu étais un abruti incapable de reconnaître un geste gentil, apparemment. J’avais envie de te dire que tu serais bien malpoli de ne pas les manger, que Patti te détesterait encore plus en l’apprenant – et elle apprenait toujours tout – mais j’avais aussi envie de laisser le silence s’étirer, de faire ce trajet dans le calme, de ne pas t’entendre me prendre la tête. Tu m’indiques que tu les donneras à tes voisins, je réponds d’un ‘hmhm’ pas franchement passionné. Je te les ai offertes, mais tu en feras bien ce que tu voudras. J’avais l’impression de me transformer en toi, depuis quelques minutes. Pas envie de parler, grognements et soupirs pour seules réponses, comme tu savais si bien le faire. C’était un peu effrayant. Peut-être que tu déteignais, à force. Je te prodigue les mêmes conseils que d’habitude, parce que je ne sais pas quoi te dire d’autre, et pour une fois tu me remercies. Ça me fait froncer les sourcils, mais ne me tire pas vraiment de réaction plus vive. J’ai admis l’idée que ces dernières heures n’étaient qu’un rêve fiévreux même pas des plus agréables, que ça n’était jamais arrivé, et que tout ce que tu disais n’avait donc aucune existence réelle. Tu te mets à fumer, je continue à regarder la route. Silence, c’est reposant. Jusqu’à ce que tu viennes le briser à nouveau, bien entendu. Pourtant tu aimais ça, d’habitude. Aujourd’hui, tu étais apparemment décidé à parler plus que moi. Inversion des rôles un peu étrange, qui me fait m’interroger. Est-ce qu’au final, on ne déteindrait pas carrément l’un sur l’autre. Pendentif en forme de croix saisi machinalement, les doigts qui frottent l’or, pourtant aucune prière en tête. J’attends simplement la prochaine salve de pique, la prochaine remarque... Qui me fait plisser les yeux. Pourquoi est-ce que tu me dis ça maintenant ? Je te laisse continuer, finis par tourner la tête vers toi, yeux écarquillés en entendant ce que tu es en train de me dire. Et là... C’est le drame. Parce que tu es en train de rougir, et que ça me fait encore plus écarquiller les yeux. Je n’aurais jamais cru pouvoir lire autre chose sur tes traits que l’agacement ou une attitude blasée et morne. Ça me fait un peu rire, ça m’échappe, et je suis surpris de voir que quelques mots échappés d’entre tes lèvres d’habitude fermées à clé m’ont fait complètement changer d’émotions. Je croise tes yeux une seconde, puis repose les miens sur l’asphalte qui défile.

« D’accord. Promis, pas de grosse tête. »

Je n’arrive cette fois pas à enlever le sourire amusé qui étire mes lèvres. Amusé, ou autre chose, peut-être. Flatté, un peu. Heureux, surtout, je crois.

« Et merci pour l’honneur que tu m’as fait, alors. »

Une envie étrange qui me traverse, d’attraper ta main et de la serrer doucement, mais hors de question que j’y cède. Parce qu’il n’y a pas de ça entre nous, parce que ce n’est pas ça, ce qui nous lie.

« T’es pas un connard non plus, tu sais ? Si t’étais un connard, je t’aurais claqué la porte au nez depuis longtemps. »

Tu n’étais pas le plus loquace, pas non plus le plus agréable des patients, mais il y avait quelque chose en toi, dans ton regard, dans ta façon d’être, d’agir... Je n’avais jamais su mettre le doigt dessus, mais peut-être que tu venais de m’en donner un aperçu. Derrière les mots, derrières le rouge qui s’était emparé de tes joues, il y avait un humain. Un vrai, qui ressentait des choses, contrairement au robot que tu me présentais en règle générale. Et cet humain, j’avais envie de le rencontrer, de lui parler, de le découvrir. C’était peut-être ça, la réponse à tout. Mais je ne voulais pas le forcer à sortir, préférais te laisser m’autoriser à l’entrevoir, comme tu venais de le faire. Croix relâchée, alors que l’on arrive sur le parking de l’hôpital. À côté de ma voiture, une silhouette, je perds mon sourire, soupire. Merde...

« Je peux attendre un peu ici ? C’est... Mon ex. Et aussi mon meilleur ami, je crois. Et... Il va se demander pourquoi ma voiture est là et pas moi, me poser plein de questions... Avant de me proposer un rencard avec à peu près n’importe qui pour essayer de me caser par tous les moyens. Il devrait pas mettre longtemps à se décourager. Je sais, c’est pas ton problème, mais... S’il te plaît ? »

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