Il est toujours tard quand je sors prendre mon petit déjeuner, je pourrais sortir comme excuse que je fais la grasse matinée car je termine le travail tard. Mais comme je ne dors presque pas, ce n'est pas crédible. Et je crois que même si je n'en parle pas, Kellie le sait, alors elle ne me croirait pas. Mais en réalité je le fait exprès. Car je ne veux pas croiser Kellie justement, en tout cas pas dès le matin. J'ai besoin d'un peu de calme au moins pour le premier repas de la journée. Car entre nous deux c'est toujours compliqué et comment dire, explosif. D'ailleurs je plain le coloc de Kellie qui subit nos querelles incessantes. Enfin il faut dire la vérité, c'est moi la seule coupable puisque je passe mon temps à lancer des piques à cette femme. C'est plus fort que moi, je lui en veut, plus que tout. Je n'arrive pas à passer au dessus. Cette femme est celle qui m'a abandonné. En plus de ça, elle n'a même pas dit à mon père que j'existais, elle n'a même pas essayé de me donner une chance. Je n'arrive pas à ignorer ce fait. Je me dit que peut être, lui aurait voulu de moi, peut être que je n'aurais pas vécu cette vie merdique. Je ne fais que des supposition mais elles sont douloureuses. Je sors donc de ma chambre pour prendre mon petit déjeuner dans la cuisine, pas de Kellie en vue, il me semble qu'elle travaille, ça m'arrange. Je prend donc un léger petit déjeuner tout en trainant sur mon portable. Je lève la tête en entendant quelqu'un entrer dans la pièce mais je suis soulagée en découvrant que ce n'est pas elle. Je souris donc, chose que je ne fait que rarement en présence de Kellie, si ce n'est jamais même. « Bonjour Zayn. Bien dormit ? »

Cela faisait quelque temps que je m’étais installé chez mon amie Kellie, après être sorti du centre de désintoxication. Faute de savoir où aller, faute d’être capable de rester seul dans un logement, faute de savoir quoi faire de ma vie. Et puis, ç’avait arrangé mon amie que je sois avec elle, donc c’était parfait. Seule chose ? Je devais composer avec une vie en colocation, ce que je n’avais pas fait depuis une éternité et surtout, je devais composer avec la présence de la fille de Kellie, Raven. Quand Kellie était là, je ne la voyais pas vraiment. En fait, je ne la voyais pas très souvent, tout court. On ne se connaissait pas plus que ça, mais on ne se prenait pas la tête… C’était bon signe, n’est-ce pas ? Ce matin, j’avais un peu traîné dans ma chambre, raison étant que sans m’en rendre compte, j’avais passé un bon moment à chercher des emplois sur Internet sur mon téléphone, sans rien trouver d’intéressant. Rien ne m’attirait. En fait, l’idée de travailler avec un employeur ne me plaisait pas. Mais je ne me posais pas de questions, je ne faisais que supposer que je n’étais pas prêt, même si j’étais parfaitement conscient que je ne pouvais pas devenir un squatteur professionnel - je serais excellent, mais ce n’était pas un métier - et qu’à un moment ou un autre il me faudrait trouver quoi faire. Peut-être devrais-je en parler à ma prochaine réunion ? Peut-être devrais-je y aller le lendemain ? Ce ne serait pas une mauvaise idée. Mais au final, lorsque je me réveillai, il était juste trop tard. Même si je tentais de me dépêcher, c’était trop tard pour la première réunion du matin. Soupirant, je me résignai à me rendre à celle de l’après-midi. Me levant, je sortis de ma chambre, portant seulement mon caleçon et un t-shirt, ne voyant pas l’intérêt de m’habiller davantage. Déjà, c’était décent comme ça mais aussi, j’étais persuadé que j’allais être seul. Ce n’était pas le cas. Encore endormi, je sursautai un peu lorsque j’entendis une voix me saluer. Regardant, c’est là que je vis Raven. Fronçant les sourcils, je répondis:  « Ouais… » Est-ce que lui rendre la question était… approprié ? Normal ? À la place, je décidai de dire:  « Ça fait un moment dis donc. » ou bien je n’y avais pas nécessairement porté attention ? Je ne savais pas trop, j’étais encore un peu confus. J’avais vraiment besoin d’un café. Et un bon petit-déjeuner. Depuis que j’étais sobre et clean, j’avais un appétit monstre le matin, sans vraiment m’expliquer pourquoi.

Quand j'entends du bruit, je lève la tête pour trouver l'ami de Lincoln. Enfin l'ami, je ne sais d'ailleurs pas trop ce qu'ils sont. Je n'ai pas demandé, je m'en moque un peu je dois avouer. Tout ce qui concerne Kellie m'indiffère totalement. Car je suis toujours en colère contre elle et je pense pas que ça changeras avant un moment. Et pour ce qui est de Zayn et bien je dois dire que je ne le connais pas assez pour vraiment m'intéresser à lui. En tout cas je ne m'attendais pas à le voir dans cette tenue. Mais ça ne me choquait pas vraiment, j'avais l'habitude de vivre en foyer ou en famille d'accueil, où l'intimité et le savoir vivre était des notions plus que lointaine. Aussi je ne fit aucune remarque sur sa tenue. Et je préférais lui demander comment il allait. Car une discussion même banale serait moins gênante que deux personnes en train de manger en silence. Même si c'était le cas quand je mangeais en présence de Kellie, mais ça n'avait rien a voir. Mon silence dans ce genre de cas était plus de la colère. Il me répond d'un air peu convaincant. Mais je n'approfondis pas trop la question. Je dors mal, je déteste en parler. Alors je ne vais pas l'embêter si c'est aussi son cas. Je continue donc de piocher dans mon bol de céréale, même si je sens que mon estomac est déjà presque rempli, je ne mange jamais le matin et je crois que mon corps s'est habitué a avoir peu de nourriture. Je ne sais pas trop quoi ajouter, mais il finit par reprendre la parole. En effet, ça fait un moment qu'on ne s'est pas croisé. J'ai évité les repas ces derniers temps. « Oui je mangeais dans ma chambre, je ne voulais pas la voir » Je ne précise pas qui, je pense qu'en habitant ici, même depuis peu, il a compris combien les choses étaient tendues entre Kellie et moi. C'était peut être ridicule, on dirait une ado en pleine crise, mais je ne voyais que ce moyen pour lui faire comprendre ce que je ressentais. Je ne lui pardonnerais jamais de m'avoir laissé, encore moins de ne même pas avoir informé mon père de mon existence. Elle avait gâchée toute mes chances. Je me redressais un peu, repoussant mon bol « J'ai fait du café si tu veux, mais je ne garantit pas qu'il soit fabuleux » Et je me dirigeais vers la cafetière pour m'en servir une tasse, il me faudrait bien ça pour tenir au boulot cet aprem.

Raven avait le droit d’avoir sa vie et je n’avais pas vraiment de mot à dire sur celle-ci. Je ne voulais pas avoir mon mot à dire non plus. J’avais déjà ma propre vie à gérer et en ce moment, même si je ne faisais pas grand-chose aux yeux des autres, c’était déjà suffisant. Mon commentaire était aléatoire, mais aussi vrai. En effet, nous ne nous étions pas croisés souvent dernièrement. Mais la raison pour laquelle c’était ainsi que les choses s’étaient déroulées ces derniers jours ? Je n’avais pas besoin de le savoir, d’où le fait que je ne lui avais pas demandé. Mais elle décida de me l’expliquer quand même. C’était peut-être le fait que je n’étais pas totalement réveillé, mais son propos vint me frustrer, pour Kellie. Kellie, elle avait eu l’amabilité de m’accueillir et me laisser vivre chez elle, sans me demander quand j’avais l’intention de partir. Et elle l’avait fait en étant consciente de ma situation, et je lui en étais reconnaissant. Et de ce que je comprenais, elle avait fait de même avec Raven, mais voilà qu’elle jouait l’enfant pourrie gâtée. Peut-être elle avait ses raisons, mais là, tout de suite, trop tôt le matin pour que je puisse réfléchir pleinement, je trouvais ça ridicule. Et pourtant, je n’étais pas le plus mature des individus. Ce fut plus fort que moi, je lui dis:  « Je faisais ça quand je savais que mon père avait trop bu et risquait de me frapper. À ce que je sache, ta vie n’est pas en danger ici. » C’était rare que je m’ouvrais comme ça sur ma vie d’avant, sur ma vie de famille, mais il fallait croire que je trouvais ça ridicule à ce point. Mais ne voulant pas m’énerver - je voyais bien ce qu’elle pouvait faire quand elle était en colère, et j’avais déjà assez à endurer avec ses histoires avec sa mère, je n’avais pas besoin des miennes aussi - j’ajoutai, un peu plus calme:  « Je me doute bien que vous avez vos problèmes, mais t’as pas douze ans. » J’allais en vouloir à mon père toute ma vie, peut-être que je n’étais pas le mieux placé pour parler pour ça, mais au moins, j’étais capable de lui parler en face. Quand je le croisais, ce qui n’était pas très souvent en fait, et c’était tant mieux. Mais si elle était si frustrée, pourquoi ne partait-elle pas ? Je n’allai pas jusqu’à lui poser la question. Soupirant, je finis par dire:  « Enfin, ça ne me regarde pas. » Je ne m’excusai pas de mon commentaire, parce que j’assumais ce que j’avais dit, mais je n’ajoutai pas quoi que ce soit, me contentant d’aller me verser un café, réalisant que j’en avais bien besoin, en n’ayant pas encore réfléchi à ce que j’allais faire par après. Avais-je vraiment envie de continuer cette discussion ? Je commençais un peu à le regretter. Pas tant pour moi, mais parce que je n’avais pas envie d’annoncer à Kellie que je m’étais pris la tête avec sa fille.

Je vois que ma réponse agace l'homme qui me fait face. Mais je m'en moque en fait. J'ai dit ce que je pensais, je n'avais pas envie de voir Kellie, j'étais encore trop en colère contre elle. Mais de toute évidence il ne comprends pas et me parle de son enfance. Nous avons un point commun, moi aussi j'ai été battue enfant, pas tout le temps mais dans quelques famille. Mais lui c'était son père. Moi des inconnus censé prendre soin de moi, car elle m'a laissé. Alors il n'as pas totalement raison. Non je ne suis pas physiquement en danger. Mais psychologiquement c'est une autre histoire. Je sert les dents alors qu'il me fait une remarque sur mon âge. Et je soupire, c'est stupide. Comme si de par mes vingt deux ans, je n'avais pas le droit de lui en vouloir. Non j'avais toute la liberté de la détester et encore plus car je n'avais pas pu le faire avant. Je me crispe un peu plus sur ma tasse, regardant mes phalanges devenir blanche sous ma force de poigne. Et puis il s'éloigne en ajoutant que ça ne le regarde pas. Je l'observe se servir du café. Hésitante. Mais je sais que je vais ruminer toute la journée alors je lâche. « Elle ne me frappe peut être pas, mais elle m'a fait souffrir quand même. Et quand je la vois je ne peux pas l'oublier. » Elle n'avait jamais levé la main sur moi, ça ne devait pas être l'idée qui devait lui manquer vu comme je me comportais face a elle par moment. Mais c'était tout comme. « Elle m'a abandonné, m'a livré au système. Et j'ai subit beaucoup de chose dans ces familles qui devaient prendre soin de moi. Ce n'est pas elle qui frappait mais c'est tout comme. Car elle m'a laissé » Oui elle m'avait abandonné et j'avait grandit avec ce sentiment que personne n'avait jamais voulu de moi. Et ça je n'arrivais pas à le combler. Même si à présent elle m'aidait. « Et puis elle n'as même pas laissé la possibilité à mon père de savoir que j'existais. Elle ne veut pas me dire qu'il est » C'était peut être encore plus dur à vivre. Si seulement elle lui avait dit, peut être que ma vie aurait été bien différente. Je finis par prendre une gorgée de mon café avant de soupirer « Mais peut être que ressentir ça fait de moi une gamine » Je hausse les épaules. J'ai vidé mon sac et ça m'a fait du bien.

Je ne savais pas tous les détails, c’était vrai. Et en toute honnêteté, je ne savais pas pourquoi j’avais pris la peine de me prononcer sur le sujet. Peut-être parce que j’observais la situation depuis un bon moment maintenant, et que ça me dérangeait de la voir agir comme une gamine alors que Kellie l’avait accueillie sous son toit. Mais de là à m’en mêler ? Non, ça ne me regardait pas et pourtant… Ou peut-être je voulais essayer de provoquer un rapprochement ? Dans le cas présent, j’avais plutôt le sentiment de faire l’effet contraire. Pinçant les lèvres, je laissai Raven me dire ce qu’elle avait à me dire. Elle se plaignait de sa mère, des erreurs faites, de la rancune qu’elle ressentait. Je ne dis pas un mot. Je ne cherchai pas à réagir. Je n’allais pas commencer à jouer la carte du « Mon histoire est pire que la tienne ». Déjà que je lui avais révélé quelque chose de personnel, sans probablement vraiment le vouloir, je n’allais pas recommencer une nouvelle fois, pas comme ça. Inspirant, je la laissai terminer, haussai les épaules, et je dis:  « Tu fais comme tu veux. Si tu es à l’aise avec cette situation, tant mieux pour toi. » Étais-je en train de trahir que moi, je n’étais pas à l’aise avec cette situation ? C’était possible, je ne savais pas trop l’expliquer. Pourtant, ça ne me concernait pas, mais vivre dans un tel froid, alors que je pensais au fond de moi que si elle n’était pas contente, Raven avait juste à prendre ses affaires, son enfant et se débrouiller toute seule, apparemment, ça me dérangeait quelque peu. Soupirant, je finis par dire:  « Tu sais quoi ? Excuse-moi. Fais comme si je n’avais rien dit. » Ça faisait lâche, j’en étais bien conscient, mais au bout du compte, à voir comment Raven semblait déterminée à jouer l’adolescente boudeuse, j’étais mieux de ne pas mener de combat de ce côté. Après tout, c’était quelque peu égoïste de ma part, quand on y pensait. Et pourtant, alors que j’aurais pu terminer la conversation sur ces mots, je dis, sans trop penser:  « Tu préfères que j’aille boire mon café dans ma chambre ? » en sachant bien rapidement que j’allais potentiellement, vraiment le regretter.

Parler de Kellie me tend. Je n'aime pas le faire et encore moins en ce moment. Car Zayn est un ami de cette femme et que je sens bien de quel côté il se trouve. Je lui en veut. Mais je m'exprime tout de même, je vide mon sac car j'en ai besoin. Je ne le fait pas devant elle, car je préfere ne pas lui parler, c'est plus simple pour moi. Sa réponse me fait lever les yeux au ciel. Comme si j'appréciais cette situation. Je n'avais pas le choix. Evidemment il ne savait pas tout. Mais j'était obligé de rester, je n'avais plus d'appartement et avec les soins d'hôpitaux, les frais que ça engendrais, je n'avais pas les moyens pour le moment de sortir une caution. Je pourrais peut être trouver un appartement miteux dans un quartier pourris. Mais je ne peux pas me le permettre pour ma fille. Je vais lui répondre, mais il ne m'en laisse pas le temps. Il me dit d'oublier, de faire comme s'il ne m'avait rien dit. Je soupire de plus belle et vide ma tasse. Je ne le comprends pas. Il me provoque et puis il laisse tomber. Je me dit qu'il n'est pas ami avec Kellie pour rien, ils se valent bien tout les deux. Et ce qu'il me dit ne fait que confirmer ce que je viens de penser. Je soupire. Avant de répondre « Très drôle vraiment ... » Je pose ma tasse dans l'évier avant de répondre. « Mais ce n'est pas la peine, je vais filer à l'hôpital voir Merle et puis j'irais bosser. » Me tuer à la tache pour ce boulot de merde, pour avoir de quoi soigner ma fille et mettre le reste de côté pour partir d'ici au plus vite. Mais je repense a ce qu'il vient de dire. Et non je ne peux pas oublier car ça m'agace ce qu'il m'a dit. Alors je me retourne et réplique « Mais non cette situation ne me vas pas. Je n'ai qu'une seule envie, c'est partir d'ici. Ce n'est juste pas aussi facile que tu ne sembles le croire » Je ne savais pas ce qu'il en était de lui. Mais moi je n'avais jamais eu quoi que ce soit de simple dans ma vie. « Je devrais surement lui être redevable, c'est que tu penses. Mais je n'ai rien demandé. En fait je ne voulais même pas la retrouver » Je l'avais tellement détesté pendant mon enfance que j'avais juré de construire ma vie loin d'elle. Mais j'avais eu ma fille, elle était devenu toute ma vie et elle était tombé malade. Alors je n'avais pas eu le choix, mon amour pour ma fille dépassait la haine de ma génitrice, je devais tout tenter pour la sauver.

Définitivement, je regrettais d’avoir eu cette réaction. Pas que je ne pensais pas à ce que je disais, au contraire, pour ça, j’étais content d’avoir pu prendre ne serait-ce qu’un peu la défense de mon amie, mais l’exécution était pauvre, il fallait l’admettre. Au final, j’aurais juste dû me taire, tout simplement. À ce point, j’aurais bien voulu qu’elle finisse son propos en me disant qu’elle allait partir et voilà tout, mais évidemment, ce ne fut pas ce qui arriva. Elle vint me répéter qu’elle voulait partir. Naturellement, l’envie qui me prit fut de lui demander pourquoi elle ne le faisait pas. Après tout, ce n’était pas comme si elle était une jeune adolescente qui ne connaissait pas la vie. Kellie lui rendait service en la laissant vivre chez elle après tout… Mais je me tus, je ne voulais pas lancer le débat, encore. Pinçant les lèvres, signe que je faisais preuve d’une certaine retenue, je la laissai continuer son discours, sachant très bien que la chose la plus intelligente à faire serait de me taire, mais je ne le fis pas. À la place, je dis:  « Je ne t’ai pas dit d’être redevable, mais déjà, que tu ne fasses pas la gueule, ce serait plus agréable pour tout le monde. » Égoïste dans mon propos ? Oui, peut-être l’avais-je été un peu pour le coup. Parce qu’après tout, j’avais à vivre avec ça moi aussi. Ou peut-être qu’en fait, moi j’étais de trop pour le coup ? Non. Il me semblait que Kellie voulait que je sois là après tout. Commençant à être nerveux, je me sentis trembler, si bien que je déposai mon café sur le plan de travail, essayant de passer outre ce stress moi-même, bien que je n’en avais plus vraiment l’habitude pour le coup. Pour ça, la sobriété, c’était un terrible désavantage…

Je me doute de ce qu'il pense. Il doit se demander pourquoi je ne pars pas si j'en ai envie. Comme si j'avais le choix franchement. Ce type m'agace, il est en train de me juger alors qu'il ne sait rien de ce que je traverse. Je ne prétend pas avoir l'exclusivité de la vie de merde. Mais je pense que je peux avoir une petite part du gateau tout de même. Et je ne suis pas stupide, je sais très bien que si je pars d'ici, je serais encore bien plus dans la merde. Je serais à la rue, je n'ai pas les moyens de me payer quoi que ce soit de décent. On me prendrais Merle et c'est hors de question. Alors je n'ai franchement pas la choix, je dois rester ici même si je ne supporte plus cette femme. Je soupire en l'entendant me dire d'arrêter de faire la gueule. Ce serait plus agréable selon lui. J'ai envie d'éclater de rire qu'est ce qu'il croit lui, que j'ai envie d'être agréable. Mais je répond simplement « Si ça se trouve je n'ai pas envie de lui être agréable » Non je n'ai pas envie d'être une gentille petite fille qui remercie sa maman d'amour. Je lui en veut, tellement qu'il n'as pas idée de combien je la déteste. Je reprend une tasse de café avant de répondre « On perds notre temps, vous êtes de son côté et je ne vous ferais pas changer d'avis. » Je m'en fous en réalité, ce type n'est personne pour moi, tout comme Kellie d'ailleurs. Là elle est simplement un avantage, j'ai un toit sur la tête. Je repose la tasse a moitié entamée dans l'évier avant de déclarer « Bonne journée »