Lincoln & Zayn

J'ai besoin de ton aide

Encore un entretien d’embauche qui s’était mal terminé. Pas parce que l’employeur ne voulait pas de moi, mais parce que je savais que moi, je ne voudrais pas de cet employeur. Je ne savais pas expliquer pourquoi. Être au service de quelqu’un ne me faisait pas envie du tout. Et pourtant, il faudrait que je m’y fasse. Rares étaient les personnes prêtes à embaucher un policier déchu qui venait de sortir d’une clinique de désintoxication. J’étais conscient que je devais faire ma part, mais ça ne me parlait pas, pas du tout. Et j’avais aussi peur. Peur qu’un échec professionnel mène à un échec dans mon parcours vers la sobriété, puisque même si je n’étais plus en clinique de désintoxication, celui-ci était bien loin d’être terminé. Mais que pouvais-je faire ? Je n’en savais rien. J’étais découragé. Ne me voyant pas vraiment rentrer bredouille chez Kellie, broyer du noir sans savoir vraiment comment le faire, je décidai de regarder mon téléphone, pour me rappeler le message que Lincoln, ma belle-soeur - que je considérais toujours comme tel malgré le fait que mon frère était décédé et qu’elle était passée à autre chose - m’avait écrit plus tôt, me demandant de passer chez elle. Espérant que je n’allais pas déranger, je décidai d’y aller à l’instant, plutôt que d’attendre et finalement le regretter. Avant de me rendre chez elle toutefois, je décidai de faire un petit arrêt dans une pâtisserie afin d’acheter une boîte de beignets. C’était devenu mon nouveau pêché mignon. Je savais très bien que j’avais probablement pris quelques kilos depuis ma sortie de la clinique, mais c’était - j’avais envie de croire - moins pire que de retomber dans la drogue ou l’alcool. Évidemment, j’allais partager avec Lincoln, sauf si elle n’en voulait pas, alors j’allais repartir avec ma boîte. J’étais persuadé qu’elle allait se terminer rapidement une fois chez Kellie - par moi, pas par Raven. Au pire, ça ne lui ferait qu’une autre excuse pour me faire la gueule - dans le pire des cas. Ma boîte en main, j’arrivai finalement chez Lincoln, et je frappai à la porte, attendant une réponse de sa part, en espérant que je n’allais pas regretter le fait de ne pas avoir annoncé mon arrivée au préalable.

Lincoln & Zayn

J'ai besoin de ton aide

Est-ce que Lincoln serait encore chez elle ? Serait-il trop tard pour passer la voir ? Évidemment que je me posai la question tandis que j’attendais une réponse, un peu nerveux d’avoir mal fait et ne pas avoir répondu à sa demande dès que possible. Après, c’était pour des causes hors de mon contrôle - que je regrettais maintenant pour tout dire - mais je n’avais pas envie de la laisser tomber non plus. Je l’avais toujours appréciée, malgré mes relations tumultueuses avec ma famille, et le fait qu’elle me prenne toujours en considération et me veuille bien dans sa vie malgré le décès de mon frère, son mari, malgré ma désintoxication et tout ce qui venait avec, cela représentait beaucoup pour moi. Au bout du compte, elle vint à ouvrir, d’un air enthousiaste, me rassurant aussitôt. Pour m’excuser, je répondis à son propos:  « Je serais venu avant pour tout te dire mais… J’ai été retenu. » Je ne voyais pas pourquoi je cacherais à Lincoln le fait que j’avais eu un entretien d’embauche, que je tentais de me trouver un emploi et que chaque fois, j’étais dans une impasse, mais là, tout de suite, dans l’embrasure de la porte, je me disais que ce n’était pas nécessairement approprié. M’en tenant à ce propos, j’entrai dans la demeure une fois invité à le faire. J’eus un sourire amusé lorsque Lincoln remarqua tout de suite la boîte de beignets que je tenais à la main, et je répondis:  « Oui, si tu en veux, évidemment. Moi je meurs de faim pour tout te dire. » Sur ces mots, j’ouvris la boîte, comme pour lui présenter ce que j’avais apporté, osant espérer qu’elle allait trouver son bonheur dans les choix que j’avais sélectionné. Puis, je déposai la boîte sur la table non loin, décidé à la faire choisir en premier, parce que personnellement, n’importe lequel allait me plaire, alors autant faire preuve de retenue pour quelques minutes.  « Un café, si ça ne te dérange pas, merci. » Beignet et café, le cliché parfait du policier. Combien de fois on me l’avait mis dans le visage ? Et pourtant, je combinais peu souvent les deux sur une base régulière… Jusqu’à il y a peu de temps de cela.  « Comment tu vas ? Tout se passe bien ? » Je n’allais pas le nier, lorsque j’avais vu son message demandant de passer chez elle, je me doutais bien que ce n’était pas que pour parler de la pluie et du beau temps. Pas que je me sentais utilisé, mais quelque chose me disait que ce n’était pas une invitation aléatoire sans idée derrière la tête. Quoiqu’il en soit, si elle avait besoin de parler, m’annoncer quelque chose, j’étais là, à l’écoute, et c’était ce que je tentais, en quelques sortes, de lui prouver par mon propos.

Lincoln & Zayn

J'ai besoin de ton aide

 « Rien de bien important, t’inquiète. » fut ce que je répondis à Lincoln quand elle me demanda ce qui m’avait retenu. J’espérais juste qu’elle n’allait pas le prendre personnel de quelconque façon et que ma réponse allait provoquer un malaise. Cela ne me gênait pas de lui en parler, pas à elle. Depuis qu’elle m’avait rassurée que le décès de mon frère - donc son mari - ne changeait pas notre complicité, elle faisait partie des rares personnes à qui je pouvais parler de tout. Par contre, ici et maintenant, ce n’était pas un sujet que j’avais vraiment envie d’aborder. Je ne voulais pas exposer ainsi, comme ça, un autre échec par rapport à ce que je pourrais faire de ma vie. Ça me paraissait trop délicat, trop complexe dans l’immédiat. De plus, je sentais que je n’étais pas là que pour le plaisir, et que Lincoln m’avait demandé de venir pour une raison précise. Par conséquent, je ne me voyais pas monopoliser la conversation avec quelque chose qui était, dans ma tête en tout cas, complètement stupide. Donc une fois que la question des beignets et du café fut réglée, je ne tardai pas à demander à ma belle-soeur - puisque je continuais de la considérer comme tel - comment elle allait. Je ne regrettai pas de lui avoir posé la question et en avoir fait une priorité dans la discussion, puisque très vite, son visage changea, laissant présager quelque chose d’inquiétant. Sans même savoir de quoi il s’agissait, je fronçai les sourcils, un peu nerveux de savoir ce qu’elle allait me dire, ou m’annoncer. Laissant passer son préambule sans rien dire, je lui laissai la parole pour qu’elle puisse me dire ce qui se passait, en espérant que ça n’allait pas durer éternellement, cette attente que j’aimais encore moins supporter puisque j’étais sobre, à défaut d’avoir la même patience qu’auparavant. Lorsqu’elle vint à me dire ce qui se passait, j’écarquillai les yeux, ne m’attendant clairement pas à ça. Mon premier réflexe fut de me demander si cet enfant ne serait pas de mon frère, puis je compris que ce n’était pas logique. Heureusement d’ailleurs, parce que j’aurais eu l’air bien idiot… Puis, me répétant son propos dans ma tête, je compris qu’elle m’avait dit « peut-être », signifiant qu’elle n’était pas certaine… C’est après cette réalisation que je dis:  « Tu peux pas faire un truc où tu pisses sur un bâton et ça te dit si tu es enceinte ou pas ? » Moi ? Connaisseur ? Pas le moins du monde. Mais je n’étais pas complètement stupide non plus. Enfin, pas autant que je pouvais en avoir l’air par moments, comme à cet instant précis. Décidant de ne pas m’enfoncer davantage, je m’en tins à cette question, attendant de voir ce que Lincoln allait me dire par la suite.

Lincoln & Zayn

J'ai besoin de ton aide

Si j’avais été avec une femme, même pour une nuit, je ne l’aurais pas caché à Lincoln. Au contraire, je ne me serais probablement pas gêné pour lui dire, peut-être avec une pointe de fierté, peut-être pas. Mais tristement, ce n’était pas ça. C’était une raison peut-être un peu plus honorable, et moi, pourtant, je pensais encore que c’était honteux. Était-ce moi qui avait un problème et qu’en fait, je m’entêtais à ne pas lui dire pour des raisons qui ne faisaient aucun sens ? Soudainement, je me trouvai à hésiter, ne sachant pas quoi dire. Et finalement, avant que je puisse prendre une décision, Lincoln me fit comprendre qu’elle ne comptait pas insister. Soulagé pour le moment, il n’en demeurait pas moins que l’éventualité de lui en parler restait dans un coin de ma tête. Mais clairement, ce ne serait pas pour tout de suite. Écoutant attentivement Lincoln qui, visiblement, avait besoin de parler, ce fut de façon maladroite que je lui parlai de faire un test, ce genre de truc que je ne connaissais pas du tout. Mon ex-belle-soeur me fit comprendre qu’elle avait peur de le faire. Je trouvais que c’était… étrange. Ce n’était pas comme si elle pouvait complètement vivre dans le déni si elle était bel et bien enceinte… Enfin, je ne pensais pas que ça ferait disparaître un quelconque bébé. Mais qui étais-je pour lui faire la morale ? Certainement la dernière personne bien placée pour le faire. Lincoln devait le savoir, et pourtant, elle me demanda si elle devait faire le test maintenant ou pas. Haussant les épaules, je lui dis:  « C’est toi qui vois. » Voilà une réponse bien ridicule, mais qui m’était propre, me ressemblait très bien. J’aurais pu me dire qu’elle l’avait cherché en me posant la question à moi, mais je me sentais un peu mal de lui tenir que ce propos, sans plus. Je tentai donc d’ajouter:  « C’est clair que si tu attends, ça ne viendra pas régler quoi que ce soit. » Après tout, ce n’était pas comme si elle avait besoin d’attendre un rendez-vous, des examens approfondis. Enfin, pas pour se donner une idée immédiate. À moins que je sois tellement nul en matière de test de grossesse que je ne savais pas que ça pouvait prendre un bon moment ? Ça restait que des suppositions pour moi.  « Tu lui en as parlé à… Lui ? » Le « lui » désignait l’homme avec qui elle partageait sa vie désormais, qui n’était pas son mari, mon défunt frère. Je ne l’avais pas identifié ainsi parce que je ne voulais pas le connaître, mais à moins que son prénom m’avait juste échappé, je ne le connaissais pas. C’était un peu honteux de ma part, de ne pas m’être informé de ce qui était un détail, ou de ne pas l’avoir retenu. Je ne savais pas ce qui était le pire dans le cas présent.

Lincoln & Zayn

J'ai besoin de ton aide

Qui étais-je pour la conseiller par rapport à un sujet si délicat, si personnel, pour lequel je n’avais aucune expérience ? Je ne le savais pas. La seule chose que je savais, c’était que parce que c’était Lincoln, je ne saurais pas lui tourner le dos et faire comme si elle ne m’avait rien demandé, comme si je ne pouvais rien faire pour l’aider. Le sentiment d’impuissance ne disparaissait pas pour autant devant elle, mais j’avais envie de croire que peut-être en étant là, que peut-être la simple et nulle personne que j’étais serait peut-être suffisant pour elle. C’était peut-être utopique, mais Lincoln avait ce don de me faire sentir un peu mieux, un peu meilleur que le moins que rien que je pensais être depuis un bon moment maintenant et ce, même si nos conversations ne tournaient pas toujours autour de ma personne. Donc pour elle, je voulais faire un effort. Pour elle, je tentai de lui donner une réponse un peu plus élaborée, sans toutefois m’empêcher de lui demander si elle en avait parlé à celui qui était potentiellement - certainement en fait - le père du bébé. Par sa réponse, elle me rappela ce qui s’était passé récemment. Je n’avais pas tant de détails, mais je savais qu’il avait eu un accident de travail, faisant en sorte qu’il était à l’hôpital. C’était donc compréhensible qu’elle ne lui en ait pas parlé. Ça venait mettre ce que je sentais comme étant une responsabilité sur mes épaules, mais je refusai de me mettre une pression horrible, sachant que ce n’était pas cela dont elle avait besoin. Je me contentai donc d’acquiescer, parfaitement conscient que ce n’était pas moi qui était en mesure de lui dire si c’était une bonne chose ou non de lui en parler. Et puis, si ce n’était qu’un pressentiment et que le test était négatif, est-ce que ça servait de lui dire ? Je ne savais pas, et je ne pensais pas que cela serve à quelque chose que je me mette à y réfléchir. De toute façon, je n’en aurais pas eu l’occasion, puisque Lincoln reprit la parole, me demandant… de rester chez elle pendant qu’elle allait chercher un test, pour que je sois là quand elle verrait le résultat. L’imbécile que j’étais ne trouva pas mieux que de dire dans un premier temps :  « Je ne reste pas dans la salle de bains pendant que tu pisses par contre. » Avant et après, ça ne me dérangeait pas, mais il y avait des limites que, visiblement, j’étais pressé à tracer, tellement que ça en était gênant. Me raclant la gorge, je dis ensuite:  « Mais non ça ne me dérange pas, t’inquiète. » J’appréhendais quelque peu ce à quoi elle s’attendrait de moi pour la suite, si c’était positif, négatif. Me projeter ainsi, ce n’était pas bon, je le savais. Et si je devais rester ici en attendant qu’elle revienne d’acheter le test… Ce ne serait pas mieux.  « Je peux venir à la pharmacie avec toi. » Refusant toutefois d’avoir l’air de m’imposer, j’ajoutai:  « Enfin… Si tu veux. », espérant que ma maladresse ne l’aie pas rendue trop inconfortable.