Ce chalet était tout simplement parfait pour moi. Grand, en bon état, accueillant, il attirait un grand nombre de touriste et ça m'arrange. Il y a une dizaine d'année, un groupe d'adolescents un peu stupides avaient fait la grave erreur de commencer des rituels pour le fun. Ils n'ont eut aucune chance. À peine suis-je arrivé qu'ils furent éclaté en milles miettes. Me repêtre de leur âme fut un délice et le salon repeint en rouge sang et en organes donnait un look particulier qui me plaisait bien.

J'ai dormi trop longtemps aux plus profonds des enfers et depuis ce jour il y a 10 ans, je savoure tout ce qui m'est offert. J'aime manipuler les humains, prendre possession d'eux ou les poussant à faire le pire parfois. Le seul que je n'attaque pas est le propriétaire, puisqu'il m'apporte ma nourriture... Bon, je le pousse souvent à de fortes débauches mais rien de mortel pour lui.

Je les sens s'approcher... le proprio m'a parlé des nouveaux vacanciers, un groupe de jeunes désireux d'isolement, de plaisirs et de fête. Je compte bien m'amuser. Ils ne savent tellement pas ce qui les attends. Je connais tout de ce chalet, dans les moindre détails, malgré que mon repère personnel se trouve en fait dans le grenier. Loin d'absolument tout, personne ne pourra les sauver. Je suis un démon bien joueur... et j'ai faim !

C’était le soir de l’Halloween et il faisait sombre…mais genre vraiment beaucoup. Un long frisson chatouilla désagréablement ma nuque alors que mon regard angoissé tente de percer les ténèbres. Je déteste avoir peur, j’exècre les films d’horreurs et les soirées basées sur les trucs terrifiants me donne envie de gerber. Pourquoi ai-je accepté de venir me perdre dans cette forêt si épaisse qu’aucune lumière ne semblait capable d’atteindre l’obscurité pour participer à une fête où je ne connaîtrais personne. Je devais avouer que j’aimais me bourrer la gueule, mais me retrouvé seul ici, sans personne que je connaissais, beaucoup moins. Ce soir, j’avais décidé de mettre une petite tenue affriolante et typiquement féminine puisque c'était le look qui m'allait le mieux, mais vu le chalet macabre…je regrettais d’avoir aussi peu de vêtement sur moi. Il y avait vraiment quelque chose de malsain ici et le fait que ça soit Halloween ce soir, ça ne faisait qu’augmenter ma paranoïa personnelle.


« On pourrait…je ne sais pas…partir, non? » tentais-je de convaincre les autres alors qu’on s’installait dans le chalet. On devait dormir ici cette nuit, mais personnellement, je savais que je ne dormirais pas…j’étais mort de trouille. En plus, je ne connaissais personne ici -enfin, je crois- je ne savais même pas pourquoi j’avais accepté de me joindre à ce groupe juste pour les beaux yeux d’un mec hétéro et en couple. « Quel idiot, il est peut-être encore temps de partir » Murmurais-je en plaçant mes vêtements dans la commode, me demandant qui allait partager ma chambre. Je ne me faisais pas de faux espoir, je n’avais pas de voiture et je ne savais pas conduire. J’étais coincé ici pour deux jours. Soupoudrant un peu de paillette dorée sur mes cheveux noirs de jais juste pour le simple plaisir d'être brillant, j’hésite, mais je fini par sortir de la chambre. Enfin…j’essaie, mais je percute de plein fouet un roux que je ne reconnais ni d'Adam, ni d'Êve. « Oh mon dieu! » Je couine terrifier, de plus en plus sur les nerfs. J'avais des sueurs froides, je voulais quitter cet enfer...j'avais un très mauvais pressentiment.

« Pardon! Pardon! » Je murmure, un peu anxieux, un peu étourdis par cette masse que j’ai percutée. Je devais me calmer un peu, sinon j’allais faire une crise cardiaque avant la fin de ce périple. Assommé, je frotte mon crâne et je cligne des yeux. Le corps que j’ai percuté parle. De toute évidence, c’était un humain bien vivant qui me faisait face puisqu’il parla. Les morts ne pouvaient pas parler, n’est-ce pas? Je tente de calmer les tambourinements de mon cœur et de reprendre mon souffle alors qu’il s’excuse. Pourquoi il s’excuse, c’est moi qui lui ai carrément rentré dans le lard? « Mais…tu n’as rien fait, ne t’excuse pas » Ne trouvais-je qu’à répondre d’une voix hésitante tout en cherchant la porte de sortie du regard. Avec un peu de chance, je pourrais peut-être faire de l’auto-stop pour retourner chez moi…sauf qu’il faisait si noir cette nuit que je n’étais pas sûr de pouvoir me retrouver et mourir en pleine forêt…ce n’était pas très glamour.


Il me fait remarquer qu’on s’est déjà vu. Je le regarde. Oui, c’est bien possible. Ses cheveux ont un éclat qu’on oublie difficilement et un visage très séduisant. « Ça se peut…je me balade un peu partout » Dis-je en restant évasif. Le fait était que j’étais presque sans-abris, mais ça, il n’avait pas besoin de le savoir. Ce début de conversation me fait sourire un peu plus sincèrement, mais la peur est encore là. « Pardon, je ne regardais pas où j’allais…je…je dois avouer que je me tape crise d’angoisse par-dessus crise d’angoisse depuis que je suis arrivé. Je regrette d’être venu…c’est vraiment malsain comme endroit » Dis-je en me demandant pourquoi je ne lui confiais ce genre de truc. En discutant, je marchais en direction du salon, là où était caché l’alcool et j’attrape immédiatement une bouteille de Tequila ambré. Pas un shoot…pas un verre…directement la bouteille. « Ça doit juste être Halloween qui me monte en tête » Rajoutais-je en tentant de me convaincre moi-même.

Je cherche ma première proie. Les jeunes se sont tous réunis au salon. Darius est en train de boire, pour se calmer dit-il. Pour ma part, je pense juste que ça le rendra plus facile à manipuler. J'écoute tranquillement la conversation entre les convives.

- Mais non, ne t'en fait pas. Si ça te fait peur comme endroit, c'es juste que ça te renvooi à une situation ou des éléments qui t'ont fait peur par le passé. Tu n'as pas à avoir honte, la peur c'est humain. Moi c'est Clematis, et toi ?

Clematis s'est prit juste un petit verre, comparativement à Darius qui vide la bouteille directement au goulot. Après quelques minutes, Clematis se lève.

- Pardon, je dois vraiment faire un petit pipi, je reviens.

Il rigole joyeusement puis va s'isoler aux toilettes. Je ne lui laisse pas le temps de faire quoi que se soit. C'est lui que je veux ! À la seconde que la porte des toilettes est fermée, je prends possession de lui et dévore son âme de l'intérieur. Une première victime, un premier mort. Il n'a pas eut le temps d'avoir peur ou de souffrir, ce qui est dommage, mais j'avais besoin d'un véhicule de toute urgence. On fera mieux pour les prochaines fois.

Je reste assez longtemps aux toilettes pour faire croire au pipi de feu Clematis, puis je sort en sifflotant, retournant auprès de Darius.

- Il y a un truc à manger ? J'ai tellement faim moi !

Je souris joyeusement en reprenant une petit gorgée de mon verre doucement.

Boire va m’aider à me calmer, c’est d’une évidence limpide. C’est pour ça que plutôt que de prendre un simple verre, je prends carrément la bouteille la plus proche et malgré le fait qu’un joli petit roux me tape la causette, je ne parviens pas à calmer les tambourinements de mon cœur. Il me dit que j’ai le droit d’avoir peur et je me retiens de rouler les yeux vers le ciel. Bordel, je suis beaucoup trop anxieux et pas assez ivre pour avoir des conversations philosophiques. Les larmes aux yeux, je le regarde alors qu’il me dit son nom. Clémentine? Ce n’est pas un genre de bébé orange qui jaunis les doigts quand on essaie de l’éplucher? Je tente de paraitre sympathique, mais j’ai de la difficulté à feindre lorsque je suis mort de trouille. « Darius…mon nom c’est Darius » Dis-je lentement en essuyant les larmes de panique. Le mec m’annonce qu’il s’en va pisser et j’hausse les épaules. Qu’est-ce que je pouvais bien dire d’autres? « Bon pipi, soulage-toi bien » Marmonnais-je en fixant ma bouteille, souhaitant presque m’y noyer.


Les minutes passent et la bouteille que je tiens se vide de plus en plus vite. J’ai encore un peu peur, mais mon être et mon esprit sont tellement engourdie que je n’ai plus l’impression que je vais crever d’une crise cardiaque. En fait, j’ai même un peu chaud malgré la mince dentelle que je porte. Je sursaute légèrement lorsque Clémentine revient et qu’il me demande s’il y a quelque chose à bouffer dans les environs. J’hésite un peu. « Je crois que j’ai vu de la pizza dans la cuisine, quand on est arrivé. Comme je n’avais pas faim, je ne me suis pas attardé, mais il doit en rester » Dis-je d’une voix légèrement plus enjouée, grâce aux biens fait de l’alcool. « Tu veux que je vienne avec toi? » Offris-je en me disant que tant que je restais avec quelqu’un, il ne m’arriverait rien, non? Sans plus de cérémonie et conservant ma bouteille contre mon cœur, je le dépasse et je m’en vais en direction de la cuisine, ne me rendant pas compte qu’on s’isolait un peu des autres. Dehors, un loup hurla désespérément.

Je souris et accepte son offre. Nous partons tous les deux vers la cuisine. Je me prend une part de pizza... mais ce n'est pas de ça que j'ai faim. Mon estomac gargouille un peu.

Toutes les lumières s'éteignent d'un coup, nous plongeant dans le noir. À la vitesse de l'éclair, je fonds sur une demoiselle qui se trouvait à l'étage juste au-dessus de nous, avale vite-fait-bien-fait son âme... une âme succulente, je dois l'admettre, puis repasse a travers le plafond et venir me blottir contre Darius, calmant aussi sa peur un peu.

Les lumières s'allument à nouveau. J'étais toujours contre Darius. Je rougis, sentant un petit truc. Est-ce que... une possibilité de lien était possible ? En tout cas, sa câlin me laissait perplexe, un truc était spécial. Je me recule un peu.

- Désolé... j'aime pas être tout seul dans le noir... je... ne voulais pas t'envahir comme ça... pardon...

Je me prends un petit verre d'eau, faisant mine d'être totalement gêné, ce qui est absolument faux, il ne faut pas se mentir.

- Tu... es tout chaud...

Cuisine. Oui, c’était très bien comme endroit lorsqu’on avait la dalle. C’est bien pour cette raison que j’ai choisi d’y conduire Clematis après son petit passage au pipi-room. Je le regarde prendre une pointe de pizza, mais je ne l’imite pas. Mon estomac était totalement en vrac, si je bouffais, je savais que je vomirais et ce n’était pas très glamour. En plus, le vomis, ça tâchait de façon indélébile la dentelle et ce petit body m’avait coûté un mois de salaire, je ne voulais pas l’abîmer. Toutes les lumières s’éteignirent d’un coup, me faisant sursauter et crier de peur, tellement que j’en fis tomber ma bouteille de tequila au sol. « Oh mon dieu…on va tous mourir…on va tous mouriiiiiiiir » Murmurais-je d’une voix paniquée en tentant de scruter l’obscurité à la recherche d’une menace, d’une arme ou même de Clematis.


Sauf que je ne voyais rien…et que j’entendais des cris de peurs et des rires un peu partout autour de moi. Qui s’amusait à nous faire peur? Je tremblais foutrement. J’avais peur. Je voulais partir. Cet endroit était vraiment malsain, bien que je ne sais pas trop pourquoi. « AAAAAAAAAAAH » Hurlais-je de terreur en sentant soudainement quelque chose se plaquer contre moi. Par chance, je reconnais bien vite le parfum du petit roux qui était avec moi. De toute évidence, il avait eu peur et m’avait trouvé dans l’obscurité. Il devait avoir de sacrés yeux de chat, celui-là! « Oh mon dieu, tu m’as fait peur! » Soufflais-je dans un murmure en le serrant par automatisme contre moi. J’aime bien les câlins de toute façon.


Les lumières ouvrent à nouveau et je commence à mieux respirer. Enfin….enfin je préfère quand tout est illuminé… Clematis recule légèrement et je le regarde alors qu’il s’excuse de son audace. J’ai un petit rire incertain et maladroit alors que je tente de calmer les tambourinements de mon cœur. « Ce…ce n’est pas grave…je…j’aurais fait pareil je crois…je déteste l’obscurité… » Couinais-je en finissant par me calmer. Enfin, je recommençais à respirer adéquatement. L’angoisse était toujours un sujet sensible chez moi. Je rougis à sa remarque sur ma chaleur. Heu…oui, c’était possible. « Oui…j’ai une sorte de fournaise interne…j’ai…je sais pas…merci… » Bafouillais-je timidement en le regardant. Il paraissait étrangement décoiffé. « Tu as fais quoi de ta pizza? » Demandais-je. Il ne l’avait tout de même pas bouffé dans l’obscurité, si?

Je fis une petite moue triste.

- À cause de cette panne, je l'ai échappée par terre... J'ai gâché mon repas...

Et ce n'était même pas un mensonge en plus. Probablement qu'en m'envolant pour traverser le plafond, j'avais frôlé l'assiette et ma pointe de pizza c'était échouée au sol. Je faisais semblant d'être déçu, parce qu'en vrai j'avais très bien mangé.

Je me tourne vers la fenêtre doucement, regardant à l'extérieur.

- C'est... un orage ? Une tempête ? Il me semble qu'il n'y avait pas de mauvaise météo prévue pour ce soir, non ?

Je m'approche de la fenêtre. Dehors le vent sifflait et la pluie tombait de plus en plus fortement. Je sors le téléphone de Clématis et regarde la météo

- Ouais, la météo n'annoncait pas de tempête pour ce soir... c'est moche pour le soir d'Halloween, pauvres enfants qui devront rentrer plus tôt... Ah merde, j'ai plus de réseau.

Et comme tous les jeunes que j'avais vu, je leva le téléphone dans les airs en recherche de réseau que je ne trouva pas, ayant coupé personnellement le chalet de toute communication extérieure.

Je regarde le sol lorsqu’il parla et je me rends compte qu’effectivement, il y a une pointe de pizza écrasé au sol. Sa tristesse pour son repas me rend perplexe. Normalement, quand j’ai aussi mal à l’âme lorsque j’échappe quelque chose de comestible, c’est parce que je n’ai pas mangé depuis des jours. Pourtant, il ne semble pas être un gamin de la rue. Je me gratte la tête et je lui pointe les boites encore pleines. « Ne t’en fait pas, il y en a plein d’autres, sers-toi. De toute évidence, l’idiot qui a commandé les pizzas en a pris pour le nombre d’invité qu’il avait…comme si on était tous capable de se bouffer une large sans aide » Pouffais-je de rire en me disant mentalement que je devrais m’en cacher quelques pointes pour plus tard. Ce n’était pas parce que là je n’avais plus faim que ça serait encore le cas plus tard.


Le roux regarde dehors et demande s’il y a une tempête ou un orage. Je grimace quand il mentionne que selon lui, rien de tout ça n’était pourtant annoncé. Cette soirée était étrange de A à Z, ça ne m’étonnait même pas qu’un phénomène météorologique étrange s’invite. « Je ne sais pas…je n’ai pas la télé là où je vis, ni de téléphone » Dis-je lentement, d’une voix hésitante, détestant parler du fait que j’étais à la limite entre la pauvreté la grande misère. En fait…non, je n’étais pas à la limite, j’étais un sans-abri qui avait les mains agiles pour dérober quelques vêtements luxueux dans des maisons de gens friqués.


Le roux s’éloigna de moi et se rapprocha de la fenêtre en sortant son téléphone de sa poche. Pourquoi regarder un écran de téléphone pour regarder la météo alors qu’il était en face d’une fenêtre? Je ne comprenais pas cette obsession pour l’écran. « Ce n’est pas la première fois que la météo se trompe, ça arrive toujours » Fis-je remarqué, mais déjà, il ne m’écoutait plus. Comme tout ceux que je voyais dans le couloir et dans le salon, Clematis leva son téléphone en mentionnant ne plus avoir de réseau. « On va tous crever ici » Soufflais-je avec angoisse en reculant vers le comptoir, légèrement terrifié. Bon, j’avoue…complètement terrifié. Tous les films d’horreur avaient ce genre de contexte et en plus, nous étions le jour de l’Halloween. Il y avait beaucoup trop de coïncidences pour que ça ne soit que ça, des coïncidences. « Je m’en moque, je m’en vais…je vais pas crever ici » Dis-je en paniquant en me dirigeant vers la porte, décidé malgré la tempête qu’il avait mentionné quelques secondes plus tôt.