Il était tard, il faisait nuit noir dehors. J’étais au lit et je venais de m’endormir. En ce moment je travaillais assez tôt le matin alors le soir j’étais épuisé et je me couchais relativement tôt. Je dormais depuis un moment déjà quand j’entendis sonner à la porte ce qui me réveilla en sursaut. Qui pouvait bien venir sonner chez moi à une heure pareille ? Je n’en savais trop rien, mais je décidais tout de même d’aller voir. Je me levais alors et enfilais un t-shirt histoire de ne pas me retrouver torse-nu à la porte, je ne savais pas sur qui je pouvais tomber, un peu de tenue n’était pas du luxe. Encore à moitié endormi, je déverrouillais la porte et ouvrais. Je fus surpris de découvrir Raven à la porte avec sa fille dans les bras. Je ne comprenais pas ce qu’elle faisait là. J’espérais que tout allait bien. Je paniquais de suite intérieurement, est-ce qu’elle avait reçu des menaces pour débarquer chez moi à une heure pareille ? Je fronçais les sourcils à sa remarque. “Salut Raven… Qu’est-ce que tu fiches ici ?” Je ne tenais même pas compte du fait que c’était Mag qui lui avait donné mon adresse. Je me demandais bien pourquoi elle avait fait ça, je le lui demanderais sans doute plus tard mais ce n’était pas le sujet pour l’instant. Puisque j’avais proposé mon aide à Raven lorsque l’on s’était revus dans le cadre de mon travail, il était évident que je ne pouvais pas refuser de l’aider ce soir. Il était simplement inconcevable pour moi de la laisser à la rue cette nuit, avec sa fille. Avant même de lui répondre, je me décalais un peu en ouvrant un peu plus grand la porte afin de lui laisser la place d’entrer. “Euh...Bien sûr, entre. Tu peux rester autant que tu veux, ce n’est pas très grand ici mais on devrait pouvoir s’arranger.” Une fois qu’elle fut entrée avec sa fille, je refermais la porte. “Je vais te préparer ma chambre, je prendrais le canapé…” Après avoir pris soin de verrouiller la porte, je filais vers ma chambre pour changer les draps de mon lit afin qu’elle puisse s’y installer tranquillement avec sa fille.

Dans un premier temps, cela ne m’avait pas trop fait plaisir de voir Raven débarquer chez moi avec sa fille aussi tard. Mais je n’étais pas ce genre de personne à laisser des personnes qui comptent pour moi à la rue pour pouvoir profiter pleinement de mon confort. J’avais un appartement plus que correct et tout à fait capable d’accueillir deux personnes supplémentaires, surtout quand l’une des deux était une petite fille qui prenait si peu de place… Je ne savais pas vraiment les raisons qui la poussait à venir ici chez moi en pleine nuit mais je ne croyais pas qu’elle avait vraiment envie d’en parler, et je ne la forcerais aucune à me parler. Tant que je pouvais l’aider et lui offrir un toit pour la nuit, et plus si elle avait besoin, c’était le principal. Si elle en ressentait le besoin, elle me parlerait d’elle-même sans que j’ai besoin de lui demander. Je haussais doucement les épaules quand elle me remerciait, je ne savais pas bien pourquoi elle le faisait. Elle me connaissait bien et elle savait parfaitement que je ne l’aurais jamais laissé dehors, pas après ce qu’on avait vécu ensemble tous les deux. “Cest normal, je n’allais pas vous laisser dehors…” J’avais vu dans son regard, alors qu’elle me regardait, qu’elle avait les larmes aux yeux. Mon envie de la prendre dans mes bras avait été forte, mais j’avais résisté, me disant que c’était probablement mal placé, mais si elle était venue dans mes bras, je l’aurais volontiers serré contre moi. “Même si c’est plus, ce n’est pas gênant. Vous restez ici autant que tu as besoin Raven, vous me tiendrez compagnie !” dis-je doucement en souriant, sans jamais quitter son regard. Evidemment, je lui avais directement proposé mon lit, elle pourrait y dormir tranquillement avec Merle, cela ne me dérangeait pas d’occuper le canapé quelques temps, de toute manière, il m’arrivait assez régulièrement de m’y endormir le soir devant la télévision. Parfois, je me réveillais en pleine nuit pour rejoindre mon lit et d’autres fois je passais carrément la nuit dessus, il n’était pas inconfortable, bien au contraire alors cela ne me gênait pas.  Je regardais Raven avec tendresse alors qu’elle rassurait Merle. Ces deux-là étaient beaucoup trop adorables, un vrai plaisir de les regarder. “Ce n’est rien, je suis là pour toi et tu le sais, tu as bien fait de venir, même si je ne m’y attendais pas, je l’avoue.” avouais-je sincèrement. Évidemment que j’étais surpris de la venue de Raven mais cela me faisait plaisir de voir qu’elle savait qu’elle pouvait toujours compter sur moi. Si nous nous étions perdus de vue quand j’avais quitté le foyer, je n’avais pas voulu ça, et je n’avais jamais cessé de l’aimer. Raven serait toujours dans mon cœur, l’amour de ma vie, et je ne refuserais jamais de lui venir en aide, c’était inconcevable pour moi. Sans que je ne comprenne ce qu’il se passait, elle fondit en larmes et cela me brisa totalement le cœur. Cette fois-ci, je ne peux pas me retenir de la prendre dans mes bras. Rapidement je m’avançais vers elle et je l’attirais contre moi en la serrant contre moi. Comme j’avais l’habitude de le faire quand on était ensemble, je glissais doucement mes doigts dans ses cheveux en caressant délicatement son crâne. “Je suis là Raven, tu n’es pas seule…” Je tentais de la rassurer comme je pouvais, mais je ne savais pas si j’avais encore cette capacité après tout ce temps.

Il n’avait jamais été question pour moi de laisser Raven dehors, et encore moins avec la petite. Puis, je n’étais pas de ce genre à ne pas accepter de venir en aide aux gens, surtout aux personnes qui me sont chères. Et Raven est une personne qui a beaucoup compté pour moi, et qui compte encore beaucoup pour moi aujourd’hui. Elle est mon premier amour, celle qui a fait battre mon cœur comme il n’avait jamais battu pour personne. Notre séparation n’était pas de ma volonté, mais c’était ainsi, elle n’avait jamais répondu à cette lettre que je lui avais laissée, alors j’avais pensé qu’elle ne voulait plus de moi. J’avais été totalement bouleversé par ça, mais je ne lui en avais pas voulu, sans doute avais-je compris qu’elle ne voulait pas d’une relation à distance puisque j’avais quitté le foyer. “Tu ne t’imposes pas Raven, puisque je te propose de rester. Et ça me fait vraiment plaisir." lui dis-je d’un ton rassurant en passant délicatement ma main sur sa joue puis me rendant compte que c’était peut-être un peu déplacé, je retirais rapidement ma main, pour ne pas la gêner ou la mettre mal à l’aise, ce n’était absolument pas mon but, je voulais qu’elle se sente bien ici, surtout qu’elle semblait déjà suffisamment mal comme ça vu qu’elle venait de quitter le logement de sa mère, je ne comptais pas en rajouter. Un peu après, quand elle était blottie contre moi à la recherche de réconfort, je la serrais contre moi. J’aimais la sentir contre moi de la sorte, ça m’avait tellement manqué, elle m’avait tant manqué, elle et sa chevelure blonde, son visage angélique mais son caractère explosif, mais c’était tout ce que j’aimais chez elle, surtout qu’avec moi elle avait toujours été douce et délicate. Je l’aimais tellement… Et même si je lui en voulais de m’avoir caché l’existence de Merle, je savais très bien que je ne saurais pas lui en vouloir longtemps, parce que je ne savais pas en vouloir à Raven, j’avais tellement envie de l’embrasser, de la câliner, mais je devais me contenir, parce que nous n’étions plus ensemble, pour le moment en tous les cas. “Personne ne te prendra Merle, je t’en fais la promesse Raven. Je vais la reconnaitre, même si les procédures sont compliquées, c’est notre fille et je veux assumer mon rôle de père auprès d’elle, si tu es d’accord bien sûr…” Je n’étais pas du genre à fuir mes responsabilités, et si je n’avais pas été présent pour Merle depuis sa naissance, c’était uniquement parce que je n’étais pas au courant de son existence, mais il était évident que je voulais que ça change. Il n’était pas question pour moi que de laisser Raven s’occuper d’elle seule, si elle voulait bien de moi comme père pour sa fille. Je souris à ce qu’elle me dit ensuite, parce que ça me faisait plaisir de savoir que j’étais toujours le seul à savoir l’apaiser, c’était ainsi depuis notre rencontre et ça me touchait profondément. “J’aimerais rester le seul capable de t’apaiser Raven…” Tout comme elle le faisait, je tournais aussi la tête vers la petite fille, si calme. Je haussais doucement les épaules à ce qu’elle dit ensuite. Après tout, c’était fait, on ne pourrait pas changer les choses. Puis elle se détacha de moi. “C’était mal me connaître que de penser que j’aurais pu te prendre Merle… Mais c’est du passé, et je n’ai pas envie de t’en vouloir éternellement, je veux avancer, et penser au futur, et devenir un père pour Merle, il n’est jamais trop tard, n’est-ce pas ?” demandais-je sérieusement en plongeant mon regard dans le sien. Je prenais doucement la main de Raven. “Je ne veux plus jamais te perdre non plus Raven, tu n’imagines pas combien je tiens à toi… Je suis tellement désolé de tout ce qui a pu arriver, c’est un peu de ma faute… N’ayant pas de réponse de ta part à ma lettre, j’aurais dû revenir vers toi, mais je ne voulais pas avoir l’air d’un lourd… Pourtant, ça aurait évité tout ça. Mais je pense qu’on est assez fort pour surmonter ça, ensemble. Pour nous, pour Merle…” Je sentais les larmes me monter aux yeux en tenant ces propos, parce que j’étais sincère et que je me rendais compte que j’aurais pu passer à côté de mon bonheur si je n’avais pas revu Raven en train de dealer lors d’un contrôle de police, puis à la sortie de l’école en allant récupérer ma nièce. Ma vie était auprès de Raven, j’en avais conscience, mais j’espérais que l’on pourrait surmonter tout ça, j’en avais envie en tous les cas.