Réviser, c'était l'objectif de ma journée, c'était d'ailleurs pour ça que Merle était censé passer une soirée avec une copine. Mais voilà que mon téléphone vibrait et une conversation s'engagea. Avec Kellie, comme toujours avec elle, les choses montaient vite et bientôt ne me restait qu'une vive douleur. C'est dans ces moments là habituellement que j'allais serrer ma fille contre moi. Car Merle était mon remède miracle, ma dose d'amour. Elle était tout ce dont je rêvais petite, ce que Kellie était incapable de me donner. Elle ne me comprenait pas, ne voyait pas plus loin que cette armure dont je me protégeais. Au fond de moi il y avait toujours cette petite fille qui avait tant besoin d'amour. Cette échange me fit réaliser que jamais elle ne serait capable de me la donner. Je sanglotais, sans m'en rendre compte j'avais craqué. Et mon reflexe fut aussitôt de contacter Maël la seule autre personne avec Raven capable de me donner cet amour. Je fus rassuré quand il me proposa de précipiter son retour et pour la première fois depuis son départ du foyer, je lui avouais mes sentiments. L'attente fu longue, oubliant mes révisions, je m'étais blottie dans son canapé. Quand enfin la porte s'ouvrit, je me levais. Lui laissant à peine finir sa phrase, je le rejoignit, et je l'embrassais plus férocement que jamais. J'avais besoin de lui, de toute mon âme.

Le contact des lèvres de Maël me fit du bien et un petit peu de ma tristesse s'envole. Je sens les bras de mon petit ami s'enrouler autour de moi et je me colle instinctivement encore plus contre lui. C'est toujours comme ça avec Maël, il sait m'apaiser malgré mes plus grandes colères. ON se comprend, il a toujours su lire en moi même si nous n'avons pas le même vécut. Lui aussi est un enfant perdu, il sait comprendre ma douleur, contrairement à elle. Quand nos lèvres se séparent il me questionne. Je sais qu'avec lui je peux me confier. Je reste contre lui avant de répondre doucement « Elle m'a envoyé des messages ... » Je n'ai même pas la force de parler du contenu, car c'est vraiment trop douloureux. Je ne peux plus supporter cette guerre entre elle et moi. Je sais bien que je suis la plus responsable des deux, mais quand même, elle est incapable de voir par dessus ma colère. Je pose ma tête sur l'épaule d'Ismaël. Je laisse mes larmes couler de nouveau, car je sais bien qu'il ne me jugeras pas. Devant lui je peux craquer et me montrer faible, je ne fais ça devant personne d'autre. Je murmure doucement « Je te jure, je n'aurais jamais du la rencontrer, c'est encore pire qu'avant. On ne s'apprécieras jamais »

Maël avait toujours su m'apaiser par sa simple présence. Alors blottie contre lui, je me sentais déjà un peu mieux, comme si le simple contact de sa peau contre la mienne m'entourait de calme. Je me presse un peu plus contre lui, profitant de cette odeur que j'aime tant, celle qui me fait dire que jamais je ne veux le perdre, jamais plus. Je ne sais même pas comment j'ai fait toutes ces années sans lui, mais je ne veux pas y penser maintenant, je sert son t-shirt dans mes mains et continue de sangloter. Je lui dévoile la raison de mon état, il comprends sans que je prononce le prénom qu'il s'agit de ma mère. Il ne commente pas vraiment, se contentant simplement de me câliner encore un peu plus. J'apprécie ça chez Maël, il ne me force pas à tout dévoiler d'un coup, c'était déjà ainsi à l'époque. Il ne m'as jamais brusqué pour que je lui raconte ma vie, il ne sait d'ailleurs toujours pas tout, certaine chose qui se sont passé dans de vieilles familles d'accueil sont trop douloureuses, je n'ai pas eu la force de faire remonter les souvenirs pour lui raconter. Mais il sait le principal, car il m'a laissé le temps de lui dévoiler petit à petit. Ismaël a été ma bouée de sauvetage au foyer, sans lui, je ne sais pas ce que je serais aujourd'hui, peut être même que je ne serais plus de ce monde. Mais je suis là, dans ses bras. Je me confie un peu plus, déclarant que rien ne seras jamais possible entre Kellie et moi. Quand il me demande pourquoi, je reviens l'embrasser, j'ai besoin de courage. Puis je lui réponds « Nous sommes trop différentes, il y a trop de non dit entre nous. Elle attends une personne que je ne suis pas et moi je ne suis plus la petite Raven qui attendait que sa maman vienne la chercher quand j'étais malheureuse dans mes familles d'accueil, j'ai du grandir et je n'ai plus de place pour elle dans ma vie. A une époque, elle aurait eu la place de celle qui sait me calmer et me réconforter... mais plus maintenant » Mon regard se fixe dans celui de Maël alors que je rajoute « C'est toi qui a cette place maintenant, et je ne veux pas perdre ce lien avec toi Maël. Tu es la première personne qui m'a aimé, que j'ai aimé. C'était sa place il y a un temps mais à présent c'est toi et jamais je ne changerais ça. Tu es toute ma vie Maël, toi et Merle » Je n'étais pas des plus doué pour exprimer mes sentiments, à l'époque je n'avais jamais dit à Maël que je l'aimais, je lui avait montré et dit de façon détourné. Mais je n'avais jamais prononcé ces fameux mots, en même temps, je ne savais pas précisément ce que ça signifiait, moi qui n'avait pas vraiment connu ça. A présent je le savais, avoir perdu Maël puis le retrouver m'avait fait comprendre combien je tenais à lui. Alors je murmurais doucement « Je t'aime Ismaël » Je tremblais un peu, appréhendant sa réponse. Il pouvait toujours m'en vouloir, ce serait légitime quand bien même nous avions longuement discuté de tout ça il y a peu. Il n'y avait eu que quelques baisers entre nous, rien de plus. Et si pour lui rien n'était plus possible entre nous? Mon regard se fait inquiet alors que j'attends sa réaction.