On tique toujours lorsque l'on entend son nom : Kane. On ne connaît pas forcément son visage, mais tout le monde a, à un moment où à un autre, entendu parler de la famille Kane. Immense fortune installée depuis trois générations à Los Angeles, la famille Kane a fondé et est toujours propriétaire de la multinationale qui porte son nom. Présente dans de nombreux domaines - affaires, mode, transports, médias, construction, aéronavale - l'entreprise possède des filiales et des usines dans le monde entier. Et au milieu de cela, lui : Christopher, riche héritier qui profite de la fortune familiale qu'il dilapide dans une vie oisive et sans intérêt.

Ou, du moins, il aime que les gens le pensent. Qu'il n'a pas les rennes en main, qu'il ne décide de rien. Qu'il laisse tout au PDG, aux actionnaires et aux têtes pensantes. C'est toujours plus simple de laisser croire que l'on n'y entend rien, de laisser croire qu'on laisse agir. Mais Christopher sait aussi quand taper du poing sur la table et surveille de prêt chaque décision, chaque résultat de l'entreprise fondé par ses ancêtres.

Il n'a jamais vraiment voulu endosser ce rôle, pourtant. Ou, en tout cas, pas si jeune. Rien ne l'avait préparer au décès de ses parents, qu'il a l'impression d'avoir perdu coup sur coup. Et c'est presque le cas, même si dix ans séparent leurs dates de décès... Sa mère est partie d'abord, d'un cancer dont on n'a pas su la guérir. Il avait dix ans, quand la maladie s'est déclarée. Il a fêté ses onze ans le jour de son décès ; et s'est rendu compte, ce jour là, que l'argent de sa famille ne pouvait malheureusement pas tout. Et il a perdu son père, le même jour. Car celui-ci ne s'est jamais remis de la mort de l'amour de sa vie, et même la présence de son fils n'a su palier à cela.

Il s'est perdu dans l'alcool, et son fils n'a jamais réussi à l'en détourner. Il a sombré, et son fils l'a regardé se détruire, sans pouvoir rien n'y faire. Et Thomas Kane en est mort, de cette nouvelle addiction, mais bien moins que de chagrin, l'année de la majorité de Christopher.

Tout juste majeur, héritier d'une des plus grandes fortunes, Christopher aurait tout aussi bien pu très mal tourné. Il a faillit, d'ailleurs, plusieurs fois, plongeant à son tour dans des addictions qui aurait tout aussi bien pu avoir raison de lui, se perdant dans des soirées de débauches, dans des jours d'excès qui ont mis à rude épreuve sa santé et son corps.

Et puis il a fini par s'en sortir, à force de volonté de son oncle. Le frère de sa mère, d'origine anglaise, toujours très discret, qui a toujours refusé, lui, de se détourner du jeune homme qu'il était. Il s'est toujours refusé de prendre Christopher à parti. Il s'est toujours refusé de le rabrouer, surtout publiquement. Il s'est toujours efforcé de simplement être là, et de lui montrer qu'il le serait toujours, quand Christopher se déciderait enfin à regagner le monde des vivants.

Et Christopher a fini par reprendre sa vie en main. A limiter ses travers pour ne pas retomber dedans. Il joue désormais de son image, s'amusant à passer pour un jetsetteur un peu puérile, pour mieux pouvoir passer la méfiance des gens. Il occupe son temps entre l'entreprise, les soirées mondaines et la fondation Kane, où il s'investit énormément en faveur des populations défavorisées. Il s'investit d'autant plus depuis le tremblement de terre, désireux d'aider ceux qui ont tout perdu. Cependant, il ne le fait que rarement à le faire à visage découvert, car il n'aime pas se mettre en avant pour ce type d'action.

En dehors de sa vie publique, Christopher aime sortir en étant anonyme, pour se fondre dans la foule. Loin des photos de la presse, il aime parfois ne pas être reconnu et vivre simplement quelques moments de vie tranquille, loin de sa réputation quelque peu sulfureuse.