Se mêler à la foule. Il n’en avait pas tellement envie le Luka. Pas qu’il n’était pas sociable, au contraire… juste… pas ce soir. Zane était tellement jolie, tellement pimpante, et elle détestait tellement ce genre de soirées qu’il ne comprenait même pas qu’elle veuille se mêler aux autres. Enfin si, concrètement, c’était son job. Elle devait se faire voir, faire remarquer ses tenues, leurs tenues puisqu’elle avait également travaillé sur son costume. Elle était douée pour jouer un rôle, pour avoir le souris aux lèvres tant bien même elle avait envie d’en égorger un ou deux ici ou là. Et donc, comme un fidèle petit soldat, il suivit sa belle à la rencontre des gens. Acteurs, réalisateurs, d’autres couturiers, parfois des connaissances qu’ils avaient en commun. Lui il ne connaissait pas grand-monde… pas grand-monde non, mais quelqu’un qu’il n’aurait pas pensé croisé ce soir était bien présent. Gabriel Davis. Ancien pote de lycée qu’il aurait été ravi de revoir dans d’autres circonstances mais qui, depuis l’histoire avec Travis toute récente, devait avoir une dent contre lui. Il ne savait pas si Travis avait plaidé sa cause, il ne savait pas ce qu’il s’en était dit par la suite, mais là maintenant il n’avait pas trop envie de savoir. Alors qu’ils approchaient de lui petit à petit sans que Zane n’y fasse attention, il lui toucha le bras pour l’avertir. « Je reviens, sois sage. » Et il tenta de s’éclipser discrètement. Discrètement. Après avoir bousculé un serveur qui portait plusieurs coupes de champagnes. Ah bah là on allait le voir son costume hein… bravo Luka. Bravo.

Ça fait bizarre d’être là, avec Charlie, de révéler au monde entier qu’on est ensemble, mais dans le bon sens du terme. J’imagine que me cacher pendant des années de m’a rien apporté du tout, alors maintenant j’ai envie d’être le plus honnête possible, ne serait-ce qu’avec moi-même. Je souris largement en entendant les paroles de Charlie et presse un peu plus sa main dans la mienne.

« J’suis content d’être là. Au moins maintenant on pourra sortir un peu de l’appart sans flipper d’être vus ensemble. »

Je ris doucement et secoue la tête, avant de le suivre jusqu’au buffet, où nous trinquons. Alors que je commence à siroter ma coupe de champagne, un grand fracas retentit et je tourne les yeux vers la source du bruit. Aussitôt, ma mâchoire se serre et je dépose mon verre à moitié bu sur le buffet.

« Je reviens. »

Je pars sans un mot de plus et sans un regard vers mon petit-ami. Ce n’est pas très poli, j’en ai conscience, mais je lui présenterai mes excuses plus tard, tant pis. Parce que le débile qui vient de faire chier un serveur et renverser un plateau de verres, c’est le même connard que celui qui a rendu mon meilleur ami malheureux et ça, ça me plaît pas. Démarche rapide, sèche, j’arrive devant Romano et attrape son poignet, le serrant juste assez pour que personne ne remarque que je lui fais mal. Étonnamment, je suis assez doué dans le domaine, merci papa comme on dit.

« Faut qu’on parle, toi et moi. »

Je l’entraîne à l’écart, faut sourire plaqué sur les lèvres, comme si j’avais retrouvé un ami de longue date, pour tenter de ne pas attirer l’attention. Heureusement pour moi, j’arrive à dégoter un genre de couloir, dans lequel personne ne nous verra ni ne viendra nous emmerder. Je me retiens de toutes mes forces de ne pas l’encastrer dans le mur, me contentant de me tenir droit devant lui, bras croisés sur la poitrine.

« T’attends quoi de Travis ? »