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 CORASH # a little party never killed nobody

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Corazón Delavega
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Corazón Delavega
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#  CORASH # a little party never killed nobody - Page 2 EmptyMar 7 Mar - 17:18
Tu me souffles des vapeurs d'herbes et aussi la vérité que j'attendais enfin. T'es bien un chirurgien, mi corazón. Chirurgien esthétique en plus, symbolisme alarmant entre ce que tu pourrais me dire et ce que je retarde le plus. J'aime pas l'idée d'une paire de ciseaux qui découpe l'humain, le refaçonne, refait l'oeuvre de la génétique, efface des traces de toutes les générations qui ont précédé. L'histoire de l'humain passe aussi par les traits, par les lèvres de ta mère que tu arbores sans en prendre conscience, par la même implantation capillaire que ton grand-père, le même nez que ton père. Nous ne sommes que des señores patata, assemblage curieux de tout ce qui avait fait pencher nos parents l'un vers l'autre. C'est peut-être pour ça que je me suis toujours refusé à tous les partenariats qui touchaient au physique. Comme si m'assurer de garder les traits de ma mère en mémoire et sur mon visage pouvait la ramener à la vie. Mais ça n'avait pas marché. L'alcool non plus, il m'offrait juste d'occasionnels songes, des scénarios fantaisistes qui ne duraient jamais et pendant lesquels elle me réprimandait. Comment aurait-elle pu me féliciter ? J'avais pris l'empire familial, l'avait dilapidé dans mon salon de beauté, dans mes joints, dans mes verres nombreux, trop nombreux, dans des amants occasionnels, et dans cette image publique qui me faisait rentrer dans chaque soirée du pays sans avoir à trop forcer. J'avais pillé le trésor de mes ancêtres pour le transformer en albums de rap, puis, quand j'en avais eu marre, comme un enfant capricieux, je l'avais réinvesti dans les cils, les bandes de cire, les étagères de vernis et de perruques qui s'entassaient, sans jamais prendre la poussière. Je ne pouvais pas tenir en place, le ménage n'avait jamais été un souci, au contraire, ça me défoulait, je passais plumeau et aspirateur comme un dieu, pendant des heures, pendant des jours, sans jamais me fatiguer. Toujours est-il que j'avais donné une nouvelle rampe de dépense à la fortune des Delavega, et que mon grand-père aurait hurlé en voyant ses précieux billets se dilapider dans des shorts trop courts, dans des barbes parfaitement rasées. Je n'étais pas non plus très respectueux des traditions familiales, comment aurais-je pu seulement critiquer la chirurgie esthétique ? L'ironie c'était surtout le tatouage sur ma hanche, cette espèce de tâche qui n'avait pour vocation que de me rappeler pour toujours l'amour qu'on m'avait porté sans que je réussisse à le rendre. Complexes nombreux que je cache toujours derrière le mur de lumière, derrière un château de fumées et de liqueurs, imbattable visiblement dès lors qu'il s'agissait de me donner en démonstration. "L'éternel recommencement dans une quête de perfection..." Les mots me font réfléchir, résonnent curieusement avec mes pensées. Chaque héritier avait perpétué la famille, l'avait rendue plus belle, plus forte, plus puissante. Et moi, dont le cycle perpétuel qui m'avait enfermé se résumait à des roues de corps, corps solides, corps bâtis, corps artistiques, je n'avais jamais vraiment posé mes doigts ou mes yeux, m'était contenté de prendre ce qu'il y avait à prendre, de m'infliger le plaisir comme une échappatoire, comme une sortie de secours, comme si la cambrure que prenait ma silhouette dans ce genre de moments pouvait me permettre de redorer ma vie, de lui donner un sens, enfin. Les idées trop noires, pourtant l'herbe est bonne, elle siffle sous mes lèvres sans que je puisse la faire siffler moi-même, et puis tout s'embrase dans la fumée, tout se liquéfie, tout devient transparent, et je n'ai pas de combat, pas de lutte à mener. Une discussion simple, les mots choisis spécifiquement pour en apprendre plus sur toi, le type à ma droite, le type qui avait remarqué le tremblement de mes jambes et cette foutue tendance à bouger, à me tortiller, sans jamais pouvoir réellement rester en place parce que je savais que le monde continuait de bouger et que je refusais de ne pas en faire partie. Pire encore, je savais ce qu'on dirait si on ne me voyait pas derrière les fanfares, dans tous les défilés. On penserait que j'avais enfin fondu, que je m'étais glissé dans la masse, que la vie aurait continué sans moi, on en rigolerait, parce que depuis le début c'est ce qu'elle devait faire : glisser sans moi. M'imposant aux autres, à renforts de trompettes, à renfort de ragots, tout ça pour qu'on me remarque, qu'on ne laisse pas la cavale se faire sans qu'on me glisse une pensée. Refusant d'être un objet du décor, de disparaître dans les murs, de me faire avaler le plâtre, et qu'on ne se souvienne plus de moi, qu'on glisse des insultes ou qu'on déroule le bilan de ma vie en me pensant ailleurs, me laissant seul avec les larmes, seul avec les brûlures, les bandages, les blessures par centaines, seul sans ma mère, seul sans personne, seul sans la fête, aussi, parce que j'étais le sens de la fête depuis si longtemps que je n'avais pas pu imaginer une soirée sans moi, ni rater celles desquelles j'étais la pièce maîtresse, comme une mariée sortie du gâteau.

Ton claquement de doigt me sort de mes pensées, autant que ses talons qui résonnent avec son rire. Je reprends mon sourire, un peu plus faible, tente de ne rien laisser paraître, et puisque le paraître est mon domaine, je m'en sors plutôt bien. Je connais chaque angle de mon visage, chaque muscle, chaque nerf, sait articuler les os pour en faire un langage parallèle, une seconde langue natale qui me permet de ne jamais être une vitre, un livre ouvert. Tu évoques ton contrat, qui te force à te pointer à cette soirée, et je remercie une fois de plus le ciel de ne pas m'avoir fait si doué de mes mains qu'elles auraient pu remodeler ses créations. Me pointer dans des soirées huppées en costume de représentant d'une clinique, sans pouvoir donc me laisser aller à la fiesta, sans pouvoir me laisser aller à l'alcool, sous peine de voir des mains claquer devant mes yeux le lundi suivant, langues qui glisseraient des reproches me donnant l'envie de claquer mon ordi sur leurs doigts, ma porte sur leur tête. Pas le temps de répondre, tu enchaînes, reprend mes mots, plus ou moins exactement, et la commissure de mes lèvres se soulève un peu plus. Je reste quelques secondes à réfléchir, puisque tu n'as pas absorbé la couleuvre pailletée de la fête, reptile trop évident pour pouvoir être gobé si facilement, et tu attends je pense la réponse plus profonde, cette foutue cavité qui m'a mis dans le mal il y a quelques secondes, celle qui montre que je suis infiniment plus sensible que ce que les autres pourraient bien penser. Sauvé par les talons, j'obtiens quelques secondes de répit, elle crie, elle parle fort, j'ai envie de faire pareil mais je ne veux pas te froisser, je veux profiter de cet écart de la table pour mieux comprendre qui tu es. Le premier joint s'éteint, j'hésite, rallume un de ceux qui se glissent dans mon portefeuille, herbe fraîche bien évidemment, délicieuse puisqu'elle semble jouer les sérums de vérité et de charme. Je n'avais pas vraiment regardé ton visage, m'était contenté de le survoler, n'avait pas vu ni la mèche rebelle, ni les yeux perçants. Je les avais cerné, à peine, mais suffisamment pour voir à quel point ils transperçaient chaque matière, ma peau la première. Je penchais la tête, te tendant en même temps le second joint, saveurs plus douces, moins chargé que celui de notre hôtesse en cavale. Una magdalena bien envuelta, l'amande qui reste sur les lèvres sans que je puisse vraiment m'expliquer pourquoi. J'attrape le verre de rouge, tu me donnes la vue de ton dos quelques secondes supplémentaires pour récupérer ton rouge, et puis tu te laisses tomber en face de moi, élégamment, bien trop pour que ce soit parfaitement naturel. Sourire qui s'agrandit un peu plus. Je pourrais percer ta couverture aussi. Un doigt qui frise une mèche dans mes cheveux, puis la lisse, la tire devant mes yeux, la relâche, et la boucle se reconstitue aussitôt, ressort sombre le long de mes sourcils. Je ne quitte pas tes iris, soutient leur impact sans aucun problème. "Je suis venu parce que je ne veux pas être seul chez moi." Je penche la tête. Les mots sont douloureux, petites dagues crachées qui ont laissé leur trace sur toute ma trachée. "C'est la réponse que tu attendais, Sutherland ?" Mon verre qui se termine complètement, bien à la verticale au-dessus de ma tête, une jambe qui vient sur le fauteuil pour être le plus à l'aise possible. "Parce que je cherchais un type à mettre dans mon pieu, ou alors juste suffisamment d'alcool pour me rappeler que cette vie est nulle." Je déglutis. "Pourquoi tu te traînes avec une brune insipide alors que t'es intelligent et beau gosse, doc ? Pourquoi tu te trouves pas quelqu'un qui puisse rivaliser avec toi ? Pourquoi tu montes pas ta propre clinique pour pas avoir à venir ici ? Encore une fois, rien de méchant, j'essaie juste de te comprendre parce que t'es sacrément étrange, toi aussi. Tal como yo." Je récupère le joint, inspire un peu mais contiens la fumée pour pouvoir continuer à te voir, à analyser les traits de ton visage. C'est bizarre, parce que tu me fais me sentir bien, à l'aise, alors que je te détestais y a dix secondes. Comme si t'avais déjà joué ce jeu-là avec moi et que mon esprit s'y était fait. Sourcils froncés rapidement.

@Ash Sutherland
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Drop in the ocean
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#  CORASH # a little party never killed nobody - Page 2 EmptyMer 8 Mar - 12:16
Barbie est partie s’occuper de son plat de résistance et nous revoilà seuls dans ce salon, au milieu des odeurs entêtantes entre alcool et effluves de nos parfums respectifs. Assis sur le fauteuil, jambes décroisées, bizarrement à l’aise alors que tu as crispé chacun de mes muscles pendant toute la première partie du repas, j’attrape le nouveau joint que tu as allumé. Tu fais voler toutes mes bonnes résolutions, celles de ne pas boire d’alcool ce soir, et encore moins de fumer. J’avale ma gorgée de rouge avant de tirer une première fois sur les saveurs plus douces que tu m’offres. Le retour s’annonce plus compliqué que prévu mais pas impossible. Je n’en suis pas fier mais j’ai déjà conduit dans des états bien pires. Le plus dûr sera de résister à l’envie de traverser la ville à pleine vitesse, transformant le décor urbain en simple halo de lumière, avalant le bitume toujours plus vite pour me prendre un bon shot d’adrénaline par dessus toutes les substances qui altères mon esprit ce soir. Il fallait être maître de son corps et de son esprit pour laisser son pied appuyer sur l'accélérateur jusqu’à la toute dernière seconde, braquer son volant seulement que le mur effleurait le bout de la carrosserie, se lancer dans une course folle dans les avenues de L.A. juste pour le plaisir de défier la mort. La fumée brouille mes sens, embrume mon cerveau. L’heure ne sera pas au rodéo ce soir, du moins pas dans le sens que j’aime.

J’écoute ta confession, retiens le sourire carnassier qui menace d'étirer mes lèvres. J’aime quand la vérité glisse sur la pulpe des lippes, qu’elle arrache des morceaux d’être sur son passage, qu’elle écorche la langue. Rare sont ceux qui osent dire la vérité, surtout dans ce genre d’endroit. Tout le monde vit pour le paraître, on cache la vérité sous des crèmes, du maquillage, des coups de scalpel. On la camoufle assez bien pour qu’elle ne soit plus jamais visible, même quand on se regarde attentivement dans le miroir. On devient quelqu’un d’autre, quelqu’un qui ne fait pas honte et satisfait nos plus vils désirs. On devient un gouverneur qui ne sait plus quoi faire de son fric, un riche investisseur qui signe des chèques à bout de bras, une hôtesse modèle qui prend soin de chaque invité, un influenceur coloré qui se fout de ce qu'on peut dire de lui. On ne veut surtout pas montrer notre dégoût, des autres surtout de nous-mêmes, nos failles, nos peurs. J’aime la lueur qui s’est allumée dans ton regard, cette flamme d’humanité. Le mec de tout à l’heure à table, avec son numéro d’acrobate et sa grande bouche, ne m’intéresse pas. Celui que tu me laisses apercevoir en ce moment même, beaucoup plus.

Je n’attendais que la vérité, Delavega. T’es beaucoup plus captivant maintenant que quand tu te la joue grand défenseur des blondinet perdu.

Je hausse un sourcil, test pas du tout subtile pour titiller la colère qui doit encore gronder dans ton ventre. J’ai envie de voir si tu as encore la force de rugir ou si le lion s’est définitivement posé grâce à des herbes magiques offertes par notre très chère hôtesse qui a définitivement désertée notre bulle. J’aspire encore une taffe et me promet que cette fois, ce sera la dernière. Je te rends ton bien, accroche ton regard, sourire en coin pour répondre à tes dernières confessions. Le pied du verre à vin tourne entre mes doigts, menace de faire déborder son contenu sur mon costume à tout moment mais je maîtrise encore mes gestes. Par mesure de sécurité, je fais disparaître une longue gorgée pour faire descendre le niveau de ma mer rouge personnelle et reprend mon observation du célèbre Corazon Delavega. Tu m’as offert des vérités, je suppose que je dois te rendre la pareille. Et puis, tu as su me mettre dans de bonnes conditions pour me faire avouer ce que je cache aux autres. Malin, le coup du joint. Prémédité ou pas, c’est un bon coup qui te fait remonter dans mon estime. Même si j’en suis sûr que tu n’as rien à foutre de la place que tu occupes dans mon classement personnel.

Je n’aime pas être le centre d’intérêt, attirer l’attention.

Je prends le temps de boire une nouvelle gorgée avant de poursuivre. Mes cils recouvrent un moment mes iris dilatés avant de revenir pleinement sur toi.

Quand j’arrive avec une femme, tous les rapaces se jettent sur elle. On veut savoir qui elle est, d’où elle vient, comment elle a réussi à s’accrocher à mon bras. Tous les regards sont dans sa direction et je deviens invisible. Pareil pour la clinique, je ne suis qu’un employé. Les projecteurs sont braqués sur mon associé et je peux faire ce que je veux. Sauf une fois par moi, évidemment.

Je refuse le joint que tu me tends d’un signe de la main. J’ai déjà bien trop fumé pour ce soir, je ne voudrais pas laisser sortir trop d’informations devant un homme que je connais depuis une heure. Bien que le climat qui s’est installé dans le salon donne l’impression que nous pourrions faire ça régulièrement. C’est étrange cet atmosphère. Bizarrement décontracté. Comme si nos deux mondes étaient fait pour se combiner dans un maelstrom de couleurs. Tes teintes vives contre mes teintes pastel. Tes paillettes éblouissantes contre mes reflets tranchants. Je me redresse quand tu écrases ton mégot dans le cendrier et laisse mon verre vide trôner sur la table d’appoint. Je me lève, reboutonne ma veste, souris en prenant conscience de mon geste. Mon regard se pose sur toi, encore avachis dans ton propre fauteuil. Main tendue dans ta direction pour te donner l’impulsion nécessaire pour te sortir des coussins moelleux.

On devrait y retourner où Sharon va nous faire une attaque si on loupe le poisson.

Nos doigts s’accrochent, nos paumes chaudes entrent en contact et me tire un frisson qui dévale ma colonne vertébrale. Frisson qui n’est pas si désagréable que je le pensais. Je t’offre une nouvelle fois mon dos, quitte ton regard pour te traîner à ma suite jusqu’à la porte. Les bruits des conversations résonnent derrière le bois, échanges sages et polis bien différent de ce qui doit se passer au bout des escaliers. J’esquisse un mouvement pour ouvrir la porte, me rend compte que nos mains sont toujours liées dans un froncement de sourcils. Je ne m’étais pas rendu compte que nous avions maintenu ce contact et cette proximité me fait relâcher ta main un peu trop brusquement, mettant à mal mon masque d’indifférence. Je me racle la gorge, ouvre la porte et te lance une dernière pique, mieux vaut que tu ne reste pas sur une trop bonne image de moi non plus.

Dépêche-toi de rejoindre ton petit protégé, il a l’air désespéré sans toi.

Joueur de flûtes des oubliés de ce dîner, je te laisse reprendre ta place avant de me glisser à côté de Barbie qui est finalement revenue s’asseoir à table. Je me penche à son oreille et elle m’indique une porte au bout d’un couloir. Remerciement du bout des lèvres, trop proche de son oreille qui lui tire une rougeur charmée. Je ne te regarde pas, je sais que ce serait tendre le bâton pour me faire battre. La tentation serait trop grande de reprendre ta place de rebelle au sein de cette assemblée ridicule. Je m’éloigne tranquillement vers les toilettes, referme la porte, profite du silence qui m'envahit. Mes mains agrippent le bord du lavabo, le temps de me laisser souffler, d’évacuer tout ce que je retiens depuis le début de la soirée, remarques acerbes et vérités dérangeantes en tête de liste. L’homme qui me regarde dans le miroir me semble étranger, avec ses yeux brillants qui ont pourtant perdu toute joie de vivre depuis de nombreuses années. Je me penche, asperge mes traits tirés avec de l’eau glacée pour retrouver de l’énergie et remplacer celle qui est partie en fumée dans le salon annexe. Quand je me redresse, un autre regard se perd sur moi, plus sombre, plus ombrageux.

Alors Delavega, on ne peut plus se passer de moi ?

Aucun sourire ne vient étirer mes lèvres. Plus la force, plus l’envie. J’attends d’avoir retrouvé la pleine maîtrise de mes sens et je me tire de ce dîner.


@Corazón Delavega
Corazón Delavega
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Corazón Delavega
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#  CORASH # a little party never killed nobody - Page 2 EmptyJeu 9 Mar - 14:22
Après de longues minutes de confessions, tu me laisses seul maître des mégots, seul maître des herbes, et la fumée ne dessine plus aucun fantasme, plus aucune zone d'ombre. C'est comme si tu m'avais révélé le sens de l'univers, maintenant que j'ai compris que tu n'aimais pas être au coeur de l'attention. J'imagine que les raisons profondes qui expliquent cette introversion sont nobles. J'en sais trop rien, j'essaie de ne pas trop t'analyser parce que pour la première fois de l'heure, on se trouve sur un terrain d'entente et il est bien plus agréable que ce que j'aurais pu soupçonner. Le torse en arrière pour que le dos s'enfonce dans les coussins moelleux, je vois tes doigts se dessiner dans l'air embué de quelques brouillards, je marque quelques secondes, les sourcils froncés, le sourire amusé, à me demander ce que ça signifie. Comment as-tu pu passer de la colère froide, de l'humiliation sournoise, à tes dents sorties dans le cadre de ce genre d'invitation ? J'analyse trop encore. Je saisis ta paume, l'accroche à la mienne, nos doigts qui s'emmêlent étrangement bien, me ramènent encore à ce malaise, cette sensation que tu n'es pas tout à fait inconnu. Mais je n'ai pourtant jamais vu ton visage. Je m'en souviendrais, d'autant plus que tes yeux sont deux billes froides qui foudroient et électrisent d'un seul regard ; j'en ai fait les frais pendant l'entrée, et maintenant que nos iris se frôlent, j'ai l'impression que l'orage est agréable, que la bise est douce. Je te suis dans le couloir, sans prendre la parole, tentant de retrouver dans un coin de mes synapses un songe, un indice, quoi que ce soit qui puisse expliquer cette drôle de sensation, ma peau à l'aise contre la tienne. Nos mains se délient dans un toussotement de ta part, je réprime un éclat de rire, c'est bien ce qu'il me semblait, tu avais oublié que nos phalanges s'étaient mélangées, et tu te protèges derrière un immense bouclier, m'envoie une pique qui me fait frissonner. Le docteur Sutherland aux secrets divulgués dans un coin d'herbe, aux jambes bien droites dans son fauteuil parfait du boudoir, illusion miroir qui avait voulu me donner l'envie d'en apprendre plus, tout ça venait juste de s'envoler, et pourtant, pas totalement ; tu avais fait ça surtout pour reprendre un peu de prestance, et ça montrait bien que je ne te laissais pas totalement insensible. J'avais pourtant du mal à t'imaginer au creux des bras d'un homme, toi et tes grands airs. Peut-être que tu étais de ces profils anonymes sur les sites de rencontre, de ceux qui arborent une photo vide, se contentent de rencontres avec les plus affamés, le temps de se délester de quelques désirs urgents et troublants, pour récupérer un tant soi peu de contenance. Peut-être que tu es de ceux qui étouffent leurs plaisirs les plus inavoués, les glissent dans une taie d'oreiller en les cachant du reste du monde, éhontés, dangereux. Pourtant, tu n'avais pas l'air d'un type qui pouvait avoir honte de quoi que ce soit. "Tu as raison, sucio, ce serait con qu'il se retrouve juste avec toi en face. Deux prédateurs en une soirée, quelle vie !" Je te tourne le dos, ne t'accorde pas un regard, jouant à ton jeu puisqu'il semble te mettre plus à l'aise ; et en plus, ça me fait plaisir de t'agacer un peu aussi. Dos contre le dossier, je cherche du regard le blond, il a l'air soulagé de voir quelqu'un qui semble de son âge ; j'ai sans doute dix piges de plus que toi chico, mais t'inquiètes, on est dans la même galère. Au moins, ton cauchemar à toi est parti s'égarer en dehors du grand manoir de ce cher gouverneur. Le mien est en train de murmurer quelques mots à l'oreille de l'hôtesse, qui l'écoute distraitement, joue de son sourire comme si ça pouvait remplacer des mots, puis tend le bras, le doigt, vers un couloir, une porte, je ne sais pas, j'annote juste le chemin dans ma tête. Il ne peut pas y avoir une infinité de pièces dans les sous-sols, pas vrai ? Je regarde le blond, il dévisage son poisson, je n'avais pas vu que le mien était servi, saumon au citron, visiblement, no es mi cosa favorita, mais je mangerais pour ne pas troubler davantage l'ordre public ou les conventions sociales. Fourchette et couteaux qui s'articulent distraitement, davantage concentré sur la reprise des conversations - je n'avais même pas remarqué qu'elles s'étaient tues quand nous étions arrivés. Je regarde Chanel, elle est en train de prendre en photo son assiette, nos yeux se croisent, elle m'attire vers elle d'un coup de main, nous prend en photo, duckface forcée, sourires immenses et prédateurs. Je lui glisse à l'oreille une question, à mon tour, imaginant que ce sont les mêmes mots que les tiens ; son bras se lève à nouveau, girouette parfaite qui s'habille de rouge et de paillettes, et elle m'indique le même chemin. Mes lèvres s'entrouvrent un peu, faussement choqué de la voir me pousser vers le même sentier, mais elle ne remarque rien, n'établit pas de lien, se contente de sourire dans l'appareil photo de son téléphone.

J'articule quelques pas, mes baskets qui font tâche au milieu de toutes ces chaussures de cuir, greffées d'initiales italiennes, mais je les trouve plus belles, plus colorées, terriblement plus semblables à tout ce que je représente. J'avance dans un couloir sombre, passe une toile qui est accrochée là, poussiéreuse, reflet antique de ce qu'avaient pu être les soirées auparavant à ce niveau inférieur de la maison. Peinture qui a sans aucun doute été déshonorée, pas appréciée par le chef de maison, portrait sans doute d'un ancêtre dont il n'a pas apprécié les ares. Une toile d'araignée trône dans un coin, je ne bouge pas la contourner, m'immobilise quelques instants même, la voyant s'agiter ; il y a un courant d'air dans le couloir, il doit y avoir un escalier, une issue, pas trop loin. Excellente surprise. De quoi m'échapper en toute discrétion si les choses deviennent trop chiantes. Tienes un ojo de lince, corazón mío. Je m'arrête face à une porte, entendant de l'eau couler. Te voilà donc, docteur. J'hésite à frapper. Me dis que je pourrais te trouver dans une situation nous indisposant tous les deux. J'attends une minute, deux. Pas de bruit, juste l'eau qui coule par moments, et tes soupirs. Pas une chasse d'eau, pas un bruit si ce n'est ton râle mouillé ; tu es en train de t'humidifier la tête, t'as eu trop chaud à mon contact dans le boudoir, idée qui m'amuse et me déclenche un éclat de rire qui va se perdre dans les profondeurs du manoir. Ma main se pose sur la poignée. Tu m'en voudras plus tard. L'eau arrête de couler, tu regardes le miroir, nos yeux se croisent. Je referme la porte derrière moi, appuie mes omoplates sur le bois pour te faire face, nos iris qui continuent de se frôler dans le reflet. "Non, j'ai beaucoup de mal, je ne m'attendais pas à développer une nouvelle addiction ce soir, cabrón." Sourire qui s'agrandit, se matérialise dans la glace. "Je veux que tu m'expliques qui tu es." Mon ton est un peu plus sérieux, mes dents moins visibles, mes muscles tous contractés. "Je sais qu'on s'est déjà vus quelque part, ça me rend un peu dingue de pas réussir à m'en rappeler. Tinder, Grindr, Raya ?" Je secoue la tête. Je sais d'avance que ces trois pistes-là sont fausses, et que tu m'enverras bouler sur chacune d'elle. "C'est une enquête que je veux percer à jour, Sutherland." Je reprends ton air quand tu prononces mon nom de famille, le tien qui fourche un peu sur ma langue. Un doigt en l'air qui finit sur ton torse. Tu n'as pas bougé. "Et je réussis toujours à dénicher la vérité." Je recule de quelques pas, retire mon doigt de ton diaphragme, résonnant de quelques battements de coeur. Tu en as donc un, docteur. Quelle surprise. "J'ai trouvé une sortie. Tu veux rester là à boire des coups avec tes grands copains millionnaires destructeurs de la forêt amazonienne et de la dignité humaine, ou est-ce que tu m'accompagnes ? On peut aller en haut si tu veux retrouver ta brune. Ou alors tu me ramènes à Los Angeles et je t'emmène dans un endroit sympa, top secret, carré VIP, le genre de soirées qui te plairait bien puisque c'est discret, chic... Et qu'on m'y accueille comme un empereur, Obviamente." Sourire qui s'agrandit. "Ou alors on reste aux toilettes, on tente de comprendre ce qui peut bien créer ce malaise entre nous, viejo, et je suis prêt à te désaper s'il le faut... J'ai une excellente mémoire visuelle des corps." Je hausse un sourcil, ris doucement, avance de nouveau en te fixant, de décale d'un coup d'épaule pour me laver les mains, captant juste ton visage dans le miroir quand mes yeux reviennent s'y baigner.  

@Ash Sutherland
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#  CORASH # a little party never killed nobody - Page 2 EmptyJeu 9 Mar - 16:07
Je te suis du regard, ne bouge plus un seul membre comme si la situation s'était inversée. Tu es devenu le prédateur, celui qui me chasse et m’accule contre ce lavabo en porcelaine, très basique d’ailleurs, il fait presque tâche dans ce manoir où le moindre pixel est de mauvais goût. Mais dans cette pièce cachée au fond du sous-sol, tout est blanc, décor minimaliste qui en pensait pas un jour accueillir les plus grandes fortunes de la ville dans un dîner secret. Mains accrochées solidement à la faïence, je te laisse approcher, troublé par le sourire que tu affiches. Comme si tu avais démasqué tous mes secrets, clé de l’énigme qui brouille mon reflet. Je hausse un sourcil à tes élucubrations, laisse un sourire étirer une moitié de ma bouche. Bien tenté Delavega, tu as bien failli m’avoir. Mais t’es pas plus doué au Cluedo qu’au poker. C’est le Docteur Sutherland, dans la salle de bain avec sa fourchette en argent massif ! Faux. Désolé mon beau.

On s’est jamais vu, Delavega. On ne fréquente pas les mêmes milieux, on a pas les mêmes loisirs. Et crois moi, je m’en souviendrais si on s'était déjà croisé quelque part.

Pourtant, je ne peux pas nier que quelque chose me trouble chez toi. Une certaine intimité poisse qui nous colle à la peau alors que je suis certain de ne jamais t’avoir approché. Pourtant, impossible de faire disparaître nos mains qui s'emboîtent un peu trop bien et nos épidermes qui se reconnaissent. Mais c’est impossible. Le seul coeur qui a déjà provoqué une de ces sensations en moi est noir et vibre au son de la musique. Rien à voir avec tes tissus colorés, tes piques acides et ta voix qui résonne en permanence. Mais si tu veux croire que nous sommes déjà entré en contact d’une manière ou d'une autre, va-y. Je te laisse monter ton fantasme, y ajouter toutes les pièces que ton esprit peut façonner, me livrer ce que tu imagines comme on récolte des herbes folles dans un herbier. La possibilité que mon visage s’affichent sur des applications de rencontre me fait rire intérieurement et je me prends à imaginer mon profil. Chirurgien esthétique à l’humour aussi absent que son sourire. Regard glacial contre une nuit chaude. Je baise en silence, tous les mots sont proscrits dès le seuil de ma chambre. Pas vraiment vendeur comme approche et pourtant, je n’ai jamais caché qui j’étais et mes règles sont toujours clairement énoncées avant le début de la soirée. Ça n'a jamais empêché quiconque de me suivre, même pour étreinte éphémère destiné à mourir aussitôt qu’elle a été consommée. Le tient de profil doit être fluo, bourré de citations trouvées sur Pinterest comme légende à des photos prises en soirée, des messages qui pop toutes les trois minutes sur ta messagerie. Je peux te reprocher pas mal de choses mais tu es magnétique. Tu attires tous les regards, attise la jalousie, déchaîne les passions. On t’aime, on te déteste mais tu ne laisses pas indifférent. Pas du genre à passer inaperçu ou à te fondre dans le décor, ma plus grande spécialité.

Ton doigt laisse un cercle chaud sur mon torse, mon regard qui te suis en coin quand tu disparais de mon champ de vision. Muscles qui se tendent mais refusent de te laisser voir que tu as la moindre emprise sur moi. J’attrape une serviette dans le panier qui repose sur un meuble en bois et essuie les dernières gouttes d’eau qui s’accrochent à mes paumes.

Il y a autant de chance que tu m’ai vu à poil que le blondinet à table ose un jour prononcer un mot à voix haute.

Serviette froissée entre mes mains frustrées par ce soudain pouvoir que tu as glané. Mes pas résonnent dans la pièce et j’ouvre la porte en constatant que tu n’as pas bougé. Je louche par-dessus mon épaule et capte ton regard dans le miroir.

Tu viens ?

Je refuse d’admettre à voix haute que tu as réussi à m’intriguer avec ton numéro de détective. J’ai envie de savoir vers où vont te mener les indices que tu récoltes. Je sais qu’il n’y a rien au bout du chemin mais ça m’amuse de voir tes hypothèses fondent comme neige au soleil. Dans le couloir, seules deux directions sont possibles. A gauche, on retourne vers le dîner le plus ennuyeux jamais organisé par un gouverneur, ton passage secret doit donc se trouver vers la droite. Je me retourne et nos corps se retrouvent brusquement l’un contre l’autre. Dommage pour toi, je sens très clairement tes muscles se tendre d’appréhension et ta respiration rater quelques souffles. J’ai peut-être perdu une bataille mais la guerre n’est pas terminée. Mon doigt se pose sur ta mâchoire, suit sa ligne franche pour te tirer un frisson, de dégoût ou de désir, surement un peu des deux.

Ton copain va être très déçu de ne pas te voir revenir. Tu devrais peut-être lui proposer de nous accompagner.

Nos lèvres sont proches, il suffirait que je me penche légèrement en avant pour qu’elles entrent en contact. Mais j’emprunte le chemin inverse, brise notre bulle et reprend ma route dans le couloir. Tu avais raison, une porte au fond donne sur un escalier de secours qui monte vers l’étage supérieur. Je sens que tu es sur mes talons et je lutte contre cette envie stupide d’attraper de nouveau ta main. Tu es grand et tu peux très bien me suivre sans que je te guide. Un interrupteur sur ma droite fait clignoter une ampoule qui donne à cet espace des airs de scènes de crime. Mes pas résonnent contre les marches en béton et les commissures de mes lèvres se relèvent légèrement.

J’espère que tu n’as pas peur du grand méchant loup.

Je suis la courbe des marches et les basses se font de plus en plus présentes. La fête bat son plein pendant que nous étions en train de mourir d’ennui devant notre saumon. Je serais presque jaloux, si j’avais apprécié les fêtes. Mais je suppose que rien n’est pire que d’être coincé autour d’une table avec des types uniquement là pour faire un étalage de leur compte en banque. Je pousse la porte et esquisse un mouvement de recul. Je me prends de plein fouet la musique latine qui doit résonner jusqu’à Central, les fêtards ivres, les paillettes et autres odeurs semblables à celles qui restent accrochées à nous. Tous mes sens sont agressés et il me faut une seconde pour m’habituer à cette atmosphère. Je me force à faire plusieurs pas et quand je ne pensais que rien de pire ne pourrait arriver, une boule brune me fonce littéralement dessus. Celle avec qui je suis venu se jette à mon cou dans une attitude hautement inappropriée. Sa voix est rendue mielleuse par l’alcool ou peut-être qu’elle a toujours été ainsi. Honnêtement, je n’arrive déjà pas à me souvenir de son prénom alors de là à me souvenir de sa voix… J’attrape ses hanches, la dépose par terre pour la décrocher de ma nuque et lui glisse quelques billets entre les doigts.

Pour le taxi.
Mais, on ne rentre pas ensemble ?

Voix déçue et regard rempli d’incompréhension. J’ai envie de lui répondre que j’ai trouvé une meilleure alternative à la baise fade dans ma caisse qui nous attendait mais même moi ça me semble trop cruel. Et je n’ai aucune envie qu’elle se mette à chialer sur mon costume.

Non.

Je n’ai pas à me justifier, surtout pas auprès d’elle. Je me retourne vers toi sous le regard incrédule de la brune qui ne pensait pas se trouver au plus près de son idole ce soir. Je lui fait signe de la main d’aller jouer ailleurs et de nous laisser de l’espace. Maintenant qu’elle sait que nous ne rentrerons pas ensemble, elle n’a plus aucune raison de traîner dans mes pattes. Mes lèvres se rapprochent de ton oreille pour couvrir le brouhaha de la musique.

Je te laisse dire au revoir à tes amis. Je t’attends dehors.

Mon corps fend la foule, hochement de tête de temps en temps pour saluer poliment une connaissance. Aucun signe de barbie ou du blondinet qui doivent être toujours prisonnier dans le sous-sol. C’était chacun pour soi ce soir et nous avons tous les deux décidé de jouer notre carte joker. Je trouve rapidement la sortie, apprécie l’air frais et le silence relatif qui règne sur le porche. J’allume une cigarette pendant que le voiturier part récupérer ma voiture, surpris de voir un invité déserter les lieux aussi tôt. Les quelques marches disparaissent derrière moi, des volutes blanches restant dans mon sillon. Ma Lamborghini apparaît, mon dos qui s’appuie contre la portière passager en attendant que sa majesté veuille bien me faire honneur de sa présence. La possibilité que tu préfères rester à cette fête est présente, tout comme celle qui pourrait faire apparaître ta silhouette derrière une des fenêtres. Je t’imagine parfaitement te marrer avec tes potes en me regardant poireauter, naïf d’avoir pensé que tu avais vraiment envie de m’emmener dans un secret plus discret que cette décadence. Mais mon instinct me dit que tu es trop curieux pour laisser passer ta chance de passer encore quelques heures à mes côtés. Et j’ai hâte de savoir si tu supportes mieux la vitesse que la brune qui m’a accompagnée pour venir ici. Je décide que si tu n’es pas là quand ma cigarette sera terminée alors je partirai sans toi. Je ne suis pas de ceux qui attende indéfiniment quelqu’un qui a visiblement mieux à faire ailleurs

Ma cigarette s’écrase dans un cendrier qu’on me tend en même temps que tu franchis les portes d’entrée. Le regard fier, tu donnes l’impression que le monde doit se prosterner à tes pieds, astre lumineux qui ose venir affronter celui de ta nuit. D’un signe du menton, je te fais signe de monter dans ma voiture avant de m’installer au volant.

Alors, on va où ?


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Corazón Delavega
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Corazón Delavega
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#  CORASH # a little party never killed nobody - Page 2 EmptySam 11 Mar - 20:06
Je ne saurais pas dire ce qui a fait pencher la balance de mon côté, mais d'un seul coup, tu es un peu moins agressif, tu supportes mon regard dans la glace, et mieux encore, tu m'invites à te suivre. La perspective d'une issue de secours t'a donc autant intrigué qu'elle l'a fait avec moi, lorsque la brise d'une porte ouverte était venue se déverser dans mes cheveux. Peut-être une erreur d'inattention du personnel, offrant contre leur gré une échappatoire à ceux dont le poignet s'était retrouvé encré contre leur gré, en même temps qu'ils avaient été entraînés dans les souterrains de l'immense demeure du gouverneur. Le plan avait été sans doute dévoilé à tout le staff, aux cuisinières, aux femmes de chambre, aux musiciens, puisque c'était le genre de soirée qui se prévoyait des semaines à l'avance, et il avait fallu prévenir tout le monde que l'entrée au sous-sol ne serait pas permise le temps de quelques heures. Pourtant, une question demeurait ; par où était bien passé celui qui avait importuné notre voisin blond aux airs candides ? Est-ce qu'il avait eu le culot de s'échapper par la porte principale, celle-là même qui nous avait vus entrer, pris au piège, sans intervenir ? Ou avait-il aussi pris le chemin des toilettes, avant de déployer ses ailes pour rejoindre ce drôle de courant d'air ? Une question qui resterait sans aucun doute en suspend, c'était peut-être pour le mieux, puisque je devais me dépêcher d'essuyer mes mains humides pour te suivre, toi, appuyé contre la porte, ton regard par-dessus ton épaule, m'inspirant définitivement un songe que j'avais déjà croisé, sans réussir à mettre le doigt précisément sur qui tu pouvais bien être, à part cette façade de chirurgien esthétique sans coeur ni âme. Tu la maintenais mal, cette façade, je l'avais vue s'effriter entre mes doigts lors de notre séance d'herbologie dans le boudoir de Chanel, et j'aurais pu jurer la voir s'effondrer à nouveau quand, interloqué de savoir si j'avais choisi de te suivre ou de retourner noyer mon ennui auprès du saumon dans mon assiette, tu t'étais retourné, nos nez se touchant presque, nos yeux louchant pour se voir un peu mieux. Ça avait duré quelques secondes, suffisantes pour que je puisse cerner tes battements cardiaques dans l'obscurité, suffisantes aussi pour m'arracher un grand sourire, cherchant à provoquer le tien. Tu n'étais pas très amusé de cette soudaine proximité, de prime abord, et puis finalement, tes doigts étaient venus se perdre sur mon visage. Aucune chance que j'ai pu te voir à poil, hein, viejo ? Je frissonne sous l'impulsion que me lancent tes empreintes digitales, occupées à hacher ma mâchoire en des morceaux de chair que tu dévores du regard, comme si j'étais le prochain patient à passer sur ta table. Une question me brûle les lèvres, j'ai envie de te demander ce que tu referais chez moi, quel élément serait le plus judicieux à glisser entre tes phalanges, lequel tu prendrais le plus de plaisir à massacrer pour lui redonner une forme plus conventionnelle ? Mais je ne dis rien, je me contente d'inspirer quelques notes de ton souffle, il est teinté de vin rouge, teinté aussi d'une colère sournoise que j'ai du mal à appréhender, mais je sais au moins qu'elle ne m'est pas dirigée. Tu détestes le monde entier, la façon dont il fonctionne, et pourtant tu danses sur les décombres de la civilisation de tes rêves. Curieuse ironie, mais ça ne me surprend pas. "Tu ferais mieux de marcher, sucio. Le courant d'air est si intense que je pourrais tomber malade." Sourire un peu plus grand, et je sais qu'un observateur à quelques mètres pourrait se persuader d'avoir vu mes commissures frôler les tiennes. Ça demeurera un secret bien gardé, le genre de confessions que l'on fait sur son lit de mort comme si elles pouvaient bien changer la surface du monde. Mais rien n'aura bougé, ce soir, quand on aura réussi à échapper aux serres des rapaces qui continuent de dîner en se réjouissant des apocalypses à venir. Quelques mots t'échappent quand tu grimpes les marches de cet escalier qui n'augure que ma bonne foi, la brise qui se déversait dans le couloir et oubliait jusqu'alors de nous emmener avec elles les sonorités electro qui se déversent à quelques mètres de nous. "Je n'ai jamais eu peur du loup, Sutherland." Sous-entendu tout à fait assumé, ricanement qui résonne en même temps que nos jambes gravissent les marches, nous mènent à la porte entrouverte qu'il te suffit de pousser pour nous retrouver au milieu de tous. La musique est remplie de sonorités qui me sont familières, et je te double presque pour pouvoir m'y baigner. Ces sons-là sont mon monde, ils sont mon univers, et ils peuvent me donner la force d'abattre tous les autres royaumes, à commencer par celui des costumes tristes et des mines déconfites, en bas.

La brune te fonce dessus, te fait reculer de quelques pas, tu heurtes mon épaule et ma main se pose sur ton bras, quelques secondes seulement, avant de repartir dans mes poches. Je fais semblant de ne pas écouter ce que tu lui dis, et pourtant mon sourire qui s'agrandit trahit que je me sens à l'aise maintenant que je sais avoir gagné avec ma promesse du coin le plus mystérieux de la ville. Ta conquête a l'air déçu, des larmes dans les yeux, à moins que ce ne soit un reflet d'un fard à paillettes mal ajusté, et elle s'approche doucement de moi, s'attend au moins à ce que je puisse lui apporter le réconfort d'un autographe, d'un selfie, d'une discussion. Je me recule, me place dans ton ombre, alors que tu la chasses, un sourire désolé sur les lèvres. Et puis tu te retournes, place tes lippes à quelques centimètres de mes tympans. Je te souris, une main rapidement posée sur ton torse. Je sais que je n'ai pas encore complètement dompté, je sais que tu es attisé par le mystère de savoir où je peux bien t'emmener, à peu près autant que moi par cette fichue énigme de savoir qui tu es, pourquoi ton odeur et ta voix me semblent aussi familières, pourquoi il y a dans tes yeux un éclat que je suis certain d'avoir déjà croisé. Tu baisses les yeux et la tête, franchit la foule, et moi je cherche du regard à retrouver Coco ou Nat, sans succès. Luis est sur un des grands escaliers, infiniment plus luxueux que celui de pierre que nous avons grimpé à deux, et il joue de la trompette devant un groupe d'admiratrices et d'admirateurs qui aimeraient bien le voir souffler sur un tout autre cuivre, à n'en pas douter. J'arrive à marcher pendant quelques mètres sans danser, puis le rythme reprend le contrôle sur chaque muscle, sur chaque articulation, et je frôle les silhouettes en m'agitant, arrive jusqu'à lui, l'interrompt de ma main sur le bout de la trompette, il rigole, en contrebas, ça se plaint, déçus, jusqu'à ce qu'ils me reconnaissent. A son oreille, je murmure quelques mots. "Diviértete, mi hermano, me voy a casa." Il lève des sourcils interloqués, il n'a pas l'habitude que je rentre aussi tôt, surtout pas quand la fête bat son plein, qu'il y a de l'alcool à volonté, des girafes qu'on aperçoit à travers les fenêtres, ou autant de fumées dans les airs qu'on se croirait dans un jardin à plantes hallucinatoires. "Dis aux filles de me ramener la facture du taxi ou du Uber demain, au salon. Je les rembourserais." Luis hoche la tête, tout sourire, son instrument devant ses lèvres, je le repousse, lui adresse un baiser franc sur les lèvres, on éclate de rire tous les deux et en bas des marches, ça se déchaîne, les gens crient, rugissent presque, et je redescends, sourire aux lèvres, ouvre en grand les belles portes du manoir, inspirant tout l'air que me prodigue cette échappée. Une odeur de tabac se mélange à toutes les autres effluves neutres du jardin, des fleurs sans doute, du gazon fraîchement tondu, et tu écrases une cigarette, à quelques mètres de moi. Pas un mot, tu ne parles plus qu'en signe, ça a quelque chose d'assez exaltant parce que ça t'empêchera de m'insulter ou d'essayer de me mettre en rogne. J'obéis, garçon sage pour l'instant, m'installe, ceinture bien attachée comme pour te montrer que j'arrive à supporter encore quelques unes des règles de vie imposées par la société. "Conduis jusqu'au coeur de Los Angeles, prends la direction des studios Hollywood, puis retour sur le côté est. Je te guiderais là-bas." Je secoue la tête, écarte d'un soupir toutes les potentielles remarques qui pourraient me déplaire. "T'inquiètes, ta caisse risque rien là où je t'emmène. Enfin, là où tu m'emmènes. Es lo mismo." Regard de défi, parce que t'as l'air d'attendre une réaction quand tu démarres et que tu traverses en trombe et en cercle l'immense cour de pavés blancs, avant de faufiler ta voiture sur l'allée principale. Les épicéas deviennent vite des traits à travers les fenêtres. Main rapidement posée sur la tienne, sur le levier de vitesse, rien qu'une demie seconde, suffisamment pour qu'on vibre à l'unisson pendant quelques centièmes pendant que la vitesse se pare de trois numéros. "Fais attention aux girafes quand même." Je retiens tous mes cris d'excitation, tout ce qui pourrait me faire éclater de rire, là, maintenant, parce que je ne sais pas encore si tu gères tout à fait mes effusions de joie correctement, et que t'as l'air suffisamment décidé à tout emporter pour me planter dans un tronc d'arbre à deux cent kilomètres à l'heure juste pour pouvoir dire que t'as tout gagné. "Tu sais que je vais devoir te faire boire suffisamment ce soir pour que tu oublies mon existence et l'endroit où je t'emmène ?" Remarque qui se perd en un seul cri d'extase, par les fenêtres, le vent qui fouette la peau, alors que je la referme aussitôt, le torse secoué par des tremblements d'excitation, le sourire plus grand qu'il ne l'a été depuis des années ; pourtant, à cet instant, je pourrais jurer qu'il n'y a plus une trace d'alcool, plus une trace d'herbe non plus, dans mon système. C'est de l'adrénaline pure, et ça m'a suffi pour faire résonner mon rire en criant quelque chose à toutes ces belles et grandes girafes que l'hôtesse avait fait venir pour assurer le spectacle, avant qu'elle n'aille s'égarer dans ses bois et ses jardins. C'était contraire à au moins la moitié des règles du respect animal ; mais j'étais dans la voiture d'un pilote aux yeux maquillés de tout un tas de choses muettes, en train de dévaler les routes à des vitesses indicibles qu'on n'apprenait même pas dans les écoles, alors comment aurais-je pu juger qui que ce soit ?

@Ash Sutherland
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#  CORASH # a little party never killed nobody - Page 2 EmptyDim 12 Mar - 11:07
Regard fixé sur la route qui s’étend devant nous, le bruit du moteur rugit et semble effacer pendant une seconde le bruit de la fête rugissante derrière les hautes fenêtres du manoir. Je suis surpris que tu souhaites m’emmener ailleurs, tu as plutôt l’air du genre à l’aise dans ce genre d’ambiance. J’ai remarqué tes jambes bouger au rythme des basses quand nous avons franchi l’escalier du sous-sol, pas besoin d’être un génie pour remarquer que tu aimes la foule, la fête, les excès. Roi de la nuit qui peut mettre son auditoire à ses pieds en quelques coups de bassin. Mes mains se resserrent autour de mon volant, mon pied sur l’accélérateur fait disparaître le vin et les effluves brumeuses de mon cerveau. Je ne suis jamais aussi à l’aise que derrière un volant, secret vigoureusement gardé depuis que je suis en âge de me tenir légalement aux manettes d’un bolide. Je hoche la tête à tes directives, prends un virage serré sur la gauche qui fait basculer ton corps contre le mien. Total maîtrise des traits de mon visage qui empêche un sourire de faire remonter la commissure de mes lèvres. Non pas que ça me plaise mais la situation est inattendue. Je m’étais attendu à finir cette soirée comme toutes les autres. Jeune femme sans prénom et sans visage qui aurait chevauché mon bassin le temps de me soulager. Je l’aurai ensuite déposé chez elle et effacé directement de ma mémoire. Mais la place de ma proie a été prise par un drôle d’oiseau coloré. Ton regard est fixé sur la route mais je le sens m'effleurer de temps en temps, tout comme ta main effleure la mienne. Un frisson presque douloureux remonte le long de mon bras et braque tous mes sens dans ta direction. Je ne comprends pas pourquoi mon corps est si réactif à ton contact alors qu’il est depuis toujours totalement hermétique aux autres êtres humains. C’est déstabilisant, assez pour me forcer à fixer ton profil pendant une seconde. La lune fait briller tes traits, te donnant des airs surnaturels de créature sauvage.

Le seul sourire que je m’autorise est en réponse à ta réflexion. Si tu avais la moindre idée d’où je traîne ma caisse plusieurs fois par semaine, tu saurais que ce n’est absolument pas ce qui m’inquiète. Bien que j'utilise rarement ma Lamborghini pour courir, elle est peut être rapide mais trop légère pour coller à l’asphalte. Mon garage est plein de petites merveilles qui s'adaptent à toutes les situations. Professionnelles ou moins professionnelles. La mécanique est mon seul loisir. Je n’ai pas d’autres passions que les rodéos, je ne vais jamais au cinéma, ne lis que rarement des livres et je fais beaucoup de sport uniquement pour ne pas finir complètement nécrosé. Aucun plaisir à courir sur des kilomètres entier, je ne suis pas du genre à prôner le bien être alors que mon métier pourrait suggérer le contraire. Tous mes plaisirs sont purement égoistes, comme le sexe. C’est rapide, sans fioritures. Céder à des besoins bestiaux m’a toujours semblé une faiblesse, d’où mon besoin de tout régir par des règles simples mais qui évite les complications.

Ne t’en fais pas pour ma caisse. Ce n’est pas elle qui risque quelque chose ce soir.

Ma menace manque de conviction, on le sent tous les deux et bizarrement, ton rire ne m'irrite plus autant qu’avant. J’en profite pour accélérer encore un peu. Les longues lignes droites ont toujours eu un effet grisant sur ma conduite, incapable de bien me tenir dans ce genre de situation. Je profite de cette liberté temporaire car une fois que nous aurons rejoint la ville, il ne sera plus possible de profiter de toutes les capacités du bijoux dans lequel nous sommes assis. Léger coup d'œil sur ton visage qui n’a rien perdu de ses couleurs. Bon point pour toi, tu as l’air de bien supporter ma conduite, ce qui te place directement devant la brune dans mon classement de la soirée. Pour être honnête, il n’y a plus personne devant toi. Les autres ont perdu leur rang dès que je me suis retrouvé enfermé dans un sous-sol, enchaîné à une table avec pour seule compagnie, les hommes les plus ennuyeux de toute la ville. Et toi. Je n’ai pas encore décidé si tu relevais le niveau de la soirée. Je rendrais mon verdict quand je te déposerais chez toi après avoir profité de ton endroit secret.
Je glisse un nouveau regard dans ta direction. Je t’observe crier des mots que je ne comprends pas par la fenêtre. Mes sourcils se rejoignent quand je tente de comprendre ce que tu es en train de faire avant de décider que ta folie t’appartient. Si tu as envie de saluer une dernière fois les girafes au loin alors soit. Ça colle avec ton personnage qui se fout des convenances et du jugement des autres. J’attends que tu refermes ta fenêtre pour te répondre, le sifflement du vent auraient emporté tous mes mots si je m’étais risqué à te répondre par-dessus tes rugissements.

Désolé pour toi mais je ne bois jamais quand je conduis. Aucune chance pour que j’oublie tes bouclettes ou le mystérieux endroit où tu m'emmènes.

Avant que j’arrive à retenir mon geste, ma main se pose sur ta cuisse, serre doucement ton genou avant de reprendre sa place. Je me traîte de tous les noms dans ma tête, incapable de comprendre pourquoi je me permets une telle familairité à tes côtés. Tu as l’air d’avoir un pouvoir mystérieux qui fait ressortir mes pires côtés. Une tendresse que j’ai enterré à la mort de ma mère et que je n’ai aucune envie de revoir surgir.

Il va falloir trouver une autre stratégie, Corazon.

Ton prénom roule sur ma langue, entraînant avec lui un sentiment de malaise. Je n’aime pas ce que tu provoques en moi, ces frissons sur mes avants bras, ce truc qui remue dans mon ventre à chaque fois que ton regard se pose sur mon visage, ou ailleurs. Je n’aime pas ne pas maîtriser chaque élément d’une situation et là, je ne maitrise plus grand chose même si je tente de faire croire le contraire. Dehors, les arbres ont été remplacés par les premiers immeubles de la ville. Je prends la direction de Central, réduit ma vitesse pour ne pas attirer l’attention des forces de l’ordre. L’hyper centre est criblé de caméras, c’est bien pour ça que les rodéos ont lieu du côté de Westwood où les gangs ont repris le contrôle de la surveillance il y a pas mal d'années. Mes mouvements sont fluides quand je passe d’une rue à l’autre, ralentit pour laisser passer une horde de fêtards alcoolisées.

Pas trop triste d’avoir laissé la fête de l’année derrière toi ?

Ma vitesse adaptée à la ville fait baisser le rugissement du moteur. La discussion est de nouveau possible dans l’habitacle et avant que tu laisses aller à une nouvelle salve de familiarités, je prends les devants pour t’emmener vers un sujet neutre. Ton menton me donne l’ordre de tourner à droite et je me plis à toutes tes indications. Mes doigts frôlent le côté de ta cuisse à chaque fois que je change de vitesse et je dois me forcer à ne jamais laisser mon regard dériver de ton côté.

J’espère que tu ne m'emmènes pas dans une boîte de nuit parce que, contrairement à toi, je n’aime pas passer une soirée à écouter de la musique beaucoup trop fort en côtoyant des gens dont je me fous.

Réflexion de vieux cons mais j’assume. Si tu me guides vers un club qui a fait la réputation de Los Angeles, je serais dans l’obligation de te laisser seul devant l’entrée, la lumière des néons comme seule compagnie. De ce que j’ai pu voir, tu ne serais pas seul bien longtemps, tu as ce magnétisme qui attire la sympathie instantanément. Tout le monde semble se presser autour de toi juste pour obtenir un sourire, une attention. Encore un point qui nous différencie, les autres ont tendance à fuir ma froideur à tout prix. Et je ne peux qu’approuver cette stratégie. Tu me montres du doigt une ruelle sombre dans laquelle je m'engage. Mes roues rebondissent sur des cailloux qui menacent de faire éclater mes pneus qui j’ose appuyer sur l’accélérateur. Une pierre plus grosse qu’une autre crise contre la carrosserie, me tirant une moue crispée. Je ferai un tour des dégâts demain matin. Le chemin nous mène à l’arrière de grands bâtiments qui ressemblent à des studios puis à un parking qui comporte quelques voitures rassemblées devant une entrée illuminée seulement par une ampoule qui a connu de meilleures années. L’endroit fait glauque de l’extérieur, une vieille bâtisse en pierres, volets en bois qui ne laisse rien filtrer de ce qu’il se passe à l’intérieur. J’ai déjà entendu parler de ce genre d'endroit banal de l’extérieur mais qui cache une toute autre activité en sous-sol. Être sous la surface de la terre semble être le thème de notre soirée.

Je coupe le moteur, t’interroge du regard mais tu gardes le silence. Je déplie mon corps à l’extérieur, allume une nouvelle cigarette et te rejoins devant le capot pour admirer le bâtiment qui se découpe dans l’obscurité de la nuit.

C’est ici que tu te débarrasses de moi ?

Filtre camel entre les lèvres, je tourne légèrement le visage pour te scruter. Tu es à l’aise dans toutes les situations, même sur ma banquise. C’est énervant. Fascinant aussi si je suis honnête. Intriguant dans tous les cas.

@Corazón Delavega
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#  CORASH # a little party never killed nobody - Page 2 EmptyDim 12 Mar - 14:34
Sous-entendu ou menace, je ne saisis pas bien, tout ce que je sais c'est que je me sens partout en sécurité, même à tes côtés avec ton regard qui rivaliserait avec tous les grands glaciers du continent supérieur. Tu accélérais, je sentais la route dévaler sous mes baskets, et il était impossible de ne pas me sentir bien. L'adrénaline se mêlait aux endorphines, toutes les hormones me secouaient, me donnaient envie de te dire d'aller encore plus vite, de prendre des détours pour prolonger le voyage, le sourire vissé sur le visage sans que tu ne puises même songer à le faire fondre. La vitesse a toujours eu cet effet sur moi. Bourré vite, high vite aussi, j'aimais voir le monde tourbillonner, j'aimais voir les visages tournoyer, faire comme si j'étais au centre de la scène, sous le spotlight principal, en train de donner la plus belle représentation de ma vie. J'aimais danser vite, aussi, quand les basses entraînaient le mouvement des os, l'articulation des muscles, et ça me réussissait plutôt pas mal. Pas une battle de danse improvisée perdue en près de dix ans, c'était un beau record. Au salon aussi, tout se faisait vite ; on voyait défiler des dizaines de visages en une journée, toujours surpris des bas tarifs. Mais la Bella Vida voulait toucher tout le monde, s'immiscer dans tous les coeurs. Pour la journée nationale de Puerto Rico, on donnait même des prestations gratuites. Mais même les autres jours, ça courait dans tous les sens, ça papillonnait, ça pépiait, une véritable volière remplie d'une dizaine de perroquets colorés qui ne faisaient que colporter les rumeurs, s'en intriguer toujours plus, prendre des numéros, des noms, pouvoir accumuler suffisamment d'informations pour divertir le reste de la clientèle. La majorité des gens ne venaient pas pour la qualité des ongles, même si nos manucures étaient impeccables et créatives, ni pour la douceur du massage post-lavage de cheveux. Non, ils venaient parce que la Bella Vida était un coeur battant fort dans la ville, un véritable organe de Los Angeles qui s'agitait et se délectait de voir tout ce monde venir la fréquenter. Alors, oui, ça battait vite, ça battait fort, certaines esthéticiennes sortaient de leurs journées avec une migraine de tous les diables ; mais au moins, elles quittaient le taf avec le sourire, et tous ne pouvaient pas dire ça. Derrière les vitres, le paysage défile, nous quittons le quartier bourgeois pour le petit bout de bois, pas une voiture et tu en profites pour te délecter de la puissance de ta Lamborghini, nous entraîner dans une course effrénée à travers la forêt. On la dépasse rapidement, mon dos toujours luttant pour ne pas s'affaler contre le siège, préférant me délecter de chaque détail de ce qui se passe au dehors. Pas une girafe, pas un cerf, ton pare-brise demeure immaculé, c'est sans doute pour le mieux. Ou un coup de ma bonne étoile. La dernière brise disparaît en même temps que ma fenêtre se referme, et tes mots prennent le relais du vent pour venir remplir l'habitacle. Je manque éclater de rire quand ta main se referme sur ma jambe, la caresse pendant quelques secondes, en serrant la peau et la chair. Te voilà bien entreprenant, doc. Je ne peux pas te le dire, ce serait un coup à ce que tu me poses là, sur la chaussée, loin de toute civilisation, à me retrouver forcé d'attendre un char bariolé qui passerait par là pour qu'il veuille bien m'entraîner à Los Angeles terminer la soirée. Et puis tu prononces mon prénom, les syllabes sont impeccables, comme retouchées, dans ta bouche. Tu as déjà chirurgié mon nom, Sutherland ? Tu ne perds pas de temps. Je souris, te réponds le regard fixé sur la route, me délectant de cette soudaine proximité de nos âmes sans vraiment réussir à me l'expliquer. Je te l'ai dit, il y a quelque chose qui me fait penser que nous nous sommes déjà croisés, et ça expliquerait cette aisance à communiquer, ça expliquerait que tu aies relevé mon challenge pour m'accompagner dans l'endroit le plus élitiste et sombre de tout Los Angeles. "No hay problema, je trouverais un autre truc. Tu devrais le savoir dès maintenant, je trouve toujours des solutions." Léger clin d'oeil dans ton rétroviseur, et puis mes iris se reposent sur la route, sur les premiers buildings, les blocs de béton succédant aux troncs d'arbre, les vitres soigneusement nettoyées des bâtiments commerciaux se faisait l'apanage des feuilles d'arbre qui s'étaient amusées à côtoyer la cime et les cieux. Je sens le moteur gronder moins fort, tu as ralenti, t'adaptant au paysage. Une conduite urbaine pour un décor urbain. Tu serais donc le parfait conducteur ? Il y a quelque chose que tu me caches sous cette aisance automobile, sous ton regard qui avait flirté avec la carrosserie alors que je m'étais engouffré dans l'habitacle. Tu tiens bien plus à ta voiture que tu n'as jamais tenu à aucun être humain, c'est une première certitude.

Tu freines, devant nous passent quelques étudiants qui sont déjà bien enivrés, dansent à des rythmes que je ne peux pas discerner. C'est une soirée de fête, apparemment, puisque les rues sont remplies de groupes qui songent à picoler pour mieux danser, à fumer pour mieux embrasser. On dirait presque mon anniversaire. Fin sourire sur les lèvres quand tu me poses une question, sachant pertinemment reconnaître l'ironie qui dégouline de quelques syllabes. Tu veux jouer à ce jeu là, docteur ? "Non, je suis en bien meilleure compagnie avec toi et tes grands éclats de gentillesse." Toutes les dents dehors, cette fois-ci te regardant de profil, mon regard qui caresse d'une paume chaleureuse tes joues. Tu seras mal à l'aise bien avant que je n'éprouve ne serait-ce qu'un soupçon de remord. J'ouvre la bouche pour enchaîner avec un coup fatal, mais tu me devances, et pour une fois, je ne dis rien, me contente de mordiller ma joue pour étouffer les mots, les laisser disparaître. Et puis, j'ai bien fait de me taire puisque ta remarque me tire un grand éclat de rire qui résonne, fait presque compétition au bruit de ton moteur quand tu dévalais les routes en S du bois qu'on a dépassé. "Attention à ce que tu souhaites, doc. Je vais finir par me vexer." Tu ne peux pas te foutre de moi, personne ne s'est jamais foutu de moi. Les gens m'adorent ou me haïssent, je surfe sur leurs sentiments en quelques chorégraphies hasardeuses, me déleste parfois de quelques petites piques saignantes, mais jamais personne n'est resté indifférent. Les rues deviennent plus sombres, les lampadaires se font plus rares, le ciel est un peu plus étoilé, loin de la pollution visuelle, et ta voiture s'engouffre dans une première ruelle que je te désigne du menton, puis une seconde, puis une autre, véritable dédale angelin dont je suis le seul à connaître la solution, la sortie la plus agréable, la plus festive, la plus adaptée aussi. On dépasse le boulevard d'Hollywood, ta voiture reprend une allure plus rapide, et je croise les doigts pour qu'aucune starlette ne songe à traverser la route sans regarder de gauche à droite, sans quoi tu t'en tirerais avec un beau procès et une couverture dans les magazines qui ne te ferait sûrement pas plaisir. Tu as beau être photogénique, tu n'aimerais pas cette soudaine médiatisation. Ce sont les derniers studios qui laissent finalement place à un parking qui semble abandonné, une grande maison de pierre aux volets en bois qui traîne là, comme si un film de pirate ou historique avait laissé cette partie du décor en oubliant de l'emmener à la décharge. Tu te gares, mon sourire s'agrandit un peu plus. Quelques pas sur le goudron, les bras qui partent à l'horizontale pendant que je tournoie, m'étirant pendant quelques secondes, les poumons qui se gonflent d'air et le corps qui se vide de ses dernières notes d'adrénaline. Puis je me pose sur ton capot, pas effrayé d'en froisser le métal, et tu me rejoins, de nouvelles notes de tabac au coeur de tes lèvres que je regarde un peu trop attentivement pendant quelques secondes. "Si j'avais voulu me débarrasser de toi, je t'aurais laissé avec le saumon et ta belle brune, cabrón." Je sens que tu me regardes mais je garde un profil droit, la mâchoire serrée. "Ça va commencer dans quelques secondes, attends." Rapide regard sur mon téléphone. Vingt-deux heures trois. Ils sont en retard. Puis d'un coup, des klaxons rugissent, de ces vieux sons que l'on image seulement, faisant trembler le parking entier, mes lèvres qui s'étirent un peu plus. Une fumée presque noire se dessine à une centaine de mètres, puis germe de son coeur une procession de camions colorés, multicolores, pastels et pourtant terriblement vifs. Des restes de décor sont accrochés, cargaisons fantaisistes, ici une tasse de thé géante qui pourrait se renverser et inonder le quartier entier, puis une figure de clown style cartoon, haute de dix mètres, sans doute coupée en deux puisque nous n'avons que la partie droite du corps. Un groupe de voitures de course suit, des vieux modèles répliqués ou authentiques, sans que l'on puisse savoir lequel est réel. Le bruit reprend, la cavale continue sur une trentaine de mètres, il y a une fausse tour de plumes rouges qui penche d'un côté à l'autre quand le camion percute un caillou, derrière, une camionnette pleine de ces animaux qu'on a dressé pour les faire apparaître dans un film, sans doute une scène de cirque. Ils font le tour de la maison, tous, je parviens même à obtenir un salut d'un des chauffeurs, juste derrière le rugissement d'un tigre dans une cage aux dimensions confortables, puis ils reprennent leur chemin, disparaissent de l'autre côté du parking. "C'est un rituel pour Hollywood. Ils viennent ici une fois par semaine, en vidant les studios des décors, en raccompagnant les acteurs." Je hausse les épaules. "Ça manque sans doute de charme à la dixième fois, mais ce ne sont jamais les mêmes camions. Et ce bruit est royal. Bon, t'as fumé, on peut y aller ?" Rapide regard de côté, j'attends même pas ta réponse, je m'élance, grimpe sur la boîte aux lettres en pierre de la maison, m'agrippe au faux toit de bois qui se trouve plus solide qu'on ne pourrait l'imaginer, l'enjambe, te tends une main. "Allez, monte, Sutherland. Promis, c'est pas une boîte de nuit." Tu attrapes mon bras, ton regard qui ne trahit aucune surprise, comme si c'était ta soirée classique, alors que je sais pertinemment que c'est le genre d'endroit dans lesquels tu n'as jamais mis les pieds.

A deux sur le toit, je soulève un des volets, ma main qui cherche derrière quelque chose, phalanges qui tapent dans le verre, sourire satisfait. Mes doigts fouillent à tâtons dans le bocal, en dégaine une clef. "Ils en mettent plein des comme ça, chaque soir." Je ne précise pas qui est le ils, pas non plus pourquoi c'est ouvert chaque soir, me contente de sauter du toit pour atterrir sur un buisson qui se trouve être gonflable, ancien décor que ces mêmes ils font gonfler chaque jour. Grand éclat de rire, j'attends que tu sautes aussi, lève les yeux au ciel quand tu mets un peu de temps, m'approche de la porte d'entrée, je fais tourner la clef et... Une pièce sombre, vide, silencieuse. Le parquet grince sous mes pas. "Dépêche, Sutherland. C'est un endroit top secret." Je referme la porte derrière toi en pestant, attrape ta main pour te tirer un peu plus vite - ou bien parce que c'était agréable toute à l'heure, je sais pas vraiment - puis esquisse quelques pas dans la maison. Regard qui cherche partout, pas revenu ici depuis au moins un mois, et puis je me rappelle. Trois mètres en avant, mes phalanges arrimées aux tiennes, une porte en bois, je l'ouvre, et d'un seul coup, le son vient envahir le salon abandonné. Pas de musique forte, pas non plus de cris, juste le son des conversations qui paraît immense quand on vient de passer une minute dans l'obscurité silencieuse. Je descends les marches presque en courant, croise directement le regard de la barman, elle lève les bras en l'air, crie mon prénom, je fais de même et j'explose de rire en détachant nos mains. Speakeasy aux allures rouges et noires, ambiance tamisée s'il en est une, pas d'électricité si ce n'est celle qui devrait alimenter le vieux jukebox dans un coin, des bougies partout, de la dentelle sur les fauteuils et sur les lustres, et toujours cette foutue odeur de café à la vanille qui m'a convaincue dès mon premier pas ici. Je m'approche du bar en souriant, presque en courant, elle passe par dessus le bar pour me prendre dans ses bras. Tu es derrière moi, et je me retourne grand sourire, mon bras accroché au sien. "Doc, je te présente Effy. C'est une très bonne copine, et la propriétaire de ce petit bijou top secret. Effy, je te présente doc. C'est un très bon copain." Clin d'oeil à ton égard, léger éclat de rire, et déjà je commande deux cocktails dont elle a le secret ; elle manque s'esclaffer quand je lui dis sans alcool, je rattrape le coup en disant que c'est pour toi. Ma main revient s'accrocher à ton avant-bras, les yeux qui brillent, et puis je t'attire vers une table dans un coin, éloignée des conversations, pas la plus éclairée, mais la lueur des cinq bougies de part et d'autre suffira bien pour la fin de soirée. Je m'assoie sur la banquette, te laisse le gros fauteuil de cuir, même si je les préfère d'habitude. "Alors, pas trop déçu ?"

@Ash Sutherland
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Drop in the ocean
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#  CORASH # a little party never killed nobody - Page 2 EmptyLun 13 Mar - 17:00
L’air est doux, l’ambiance plus agréable que celle qui nous entourait il y a encore une heure. Après l’horreur de ce début de soirée, j’espère que je serais dispenser de représentation public pour au moins les deux prochains mois. Hors de question que je me retrouve coincé à une table avec cette bande d’enfoirés imbu de leur personne de si tôt. Mon associé et surtout notre service communication vont entendre parler de la sauterie du gouverneur. D’ici qu’un scandale les envoie en une des magazines demain matin avec comme gros titre des menaces des associations de protection animale, ils ne pourront qu’apprécier ma discrétion pour une fois. Je pose un regard mauvais sur ton pantalon qui frotte contre la carrosserie de ma voiture. Ca va me couter une blinde de refaire la peinture mate tout ça parce que tu n’as pas pu attendre deux minutes avant de poser ton postérieur. Mais je sais faire preuve de courtoisie, malgré ce que tu peux penser et je ravale ma réflexion avec une bouffée de nicotine. J’adopte la même position que toi, mon pantalon de costume, très classique, ne risque pas de faire des dégâts. Un instant, l’idée de te faire asseoir contre moi pour ne pas créer d’autres marques sur la carrosserie m’effleure mais je la laisse s’envoler au loin. Ce pourrait porter à confusion et mettre en avant la peinture mate qui se raye facilement ne jouerait pas en ma faveur. Alors je pose mes fesses à mon tour sur le capot, et attends. Je ne sais pas ce qu’on attend mais on attend.

Ce n’est pas ma belle brune mais juste une brune. Une brune plutôt pas mal si on reste objectif mais certainement pas belle.

Brune dont je n’ai aucune idée du prénom, parce que rien chez elle ne m'intéresse. Elle a un physique plaisant et j’en suis le principal architecte. J’ai refait les fondations, bougé quelques pièces et remis la décoration au goût du jour. La brune à mon bras ne ressemble plus à la brune qui a débarqué dans mon bureau il y a un an et demi. Papa lui avait donné carte blanche pour passer sous mon bistouris. Elle voulait ressembler à je ne sais plus quelle influenceuse pour se trouver un bon mari. Je me suis bien gardé de lui dire qu’elle était très jolie, avec son nez franc, ses lèvres fines et ses pommettes hautes. Naturelle mais avec un charme qui aurait pu faire craquer n’importe quel homme si elle avait pris confiance en elle. Mais ce n’est pas mon boulot. Elle veut être une copie conforme de toutes ses copines, très bien. Maintenant, il est trop rare pour comprendre que ce n’est pas la forme du nez ou la taille de la poitrine qui rend une femme désirable. Au contraire, ça ne la rend que plus banale, plus interchangeable. Elle ou une autre, peu importe finalement. Si encore, elle avait de la conversation, des centres d'intérêt autre que les réseaux sociaux mais non. La brune, comme toutes les femmes qui défilent à mon bras, est insipide, transparente, sans intérêt. Au moins, il n’y a aucun risque que je sois pris d’affection pour l’une d’elle. Aussitôt baisé, aussitôt oublié. Parfois, ça arrive même avant de conclure, comme ce soir.

Tes yeux fixent un point à l’entrée du parking et soudain, le sol se met à vibrer. C’est léger au début, des petites vibrations qui arrivent jusque sous nos pieds comme des vagues. Puis la force des ondes augmentent jusqu’à ce qu’un premier camion apparaisse face à nous. Je ne sais pas ce que je regarde mais c’est totalement inattendu. Des morceaux de décors défilent sous nos yeux, Alice aux pays des merveilles sous LSD, Fast and Furious au milieu d’une jungle luxuriante. Il y a des voitures, des animaux, des plumes qui volent dans tous les sens jusqu’à venir se poser au milieu de la poussière, seule trace de leur passage. Rêve éveillé qui ne dure qu’une poignée de minutes mais qui laisse un sourire amusé sur mes lèvres. Le bruit de la cavalcade s’éloigne comme il est arrivé, disparaît dans une brume de sable, me laisse avec un éclat de rire qui secoue rapidement mes épaules. Mais que vient-il de se passer ? Ta voix me ramène à notre présence sur ce parking, gomme mon sourire qui a fait écho à cette vague de folie avant de disparaître à son tour. J’écrase mon mégot du bout de mes chaussures et hoche la tête.

On y va.

J’ai encore dans la tête le brouhaha des voitures quand je te suis en direction de la maison abandonnée. La surprise n’était visiblement pas seulement ce spectacle hors du commun. Tu m’aurais juste offert ce tableau ubuesque que j’aurais tout de même validé ton point. C’est ce qu’il manque au gouverneur pour faire une fête mémorable. Ta folie, tes couleurs, ta simplicité à proposer un truc extraordinaire. Tu devrais lui proposer tes services la prochaine fois, ça nous évitera un dîner glauque en sous-sol et des girafes dans le jardin. Commence alors une aventure faite de murets à grimper, de toits à escalader et de vide à dompter. Debout sur le bord du toit, je me demande pendant une seconde ce que je fous là. Je pourrais être chez moi, tranquillement installé sur mon canapé avec un bouquin ou devant un film, sans personne pour me déranger. Mais la vérité c’est que sans toi, je serais en train de manger un morceau de saumon sans goût en train d'écouter mon voisin me donner des conseils financiers bancals. Je te dois bien un saut dans la vide pour avoir trouvé une sortie de secours. Si j’avais été plus malin, et moins absorbé par notre joute verbale, j'aurais moi aussi réalisé qu’il ne pouvait y avoir qu’une seule entrée. Un cadenas a refermé la porte qui nous a menés au sous-sol pour les besoins du show mais tout le personnel avait besoin de circuler dans la maison. Rien que pour être passé à côté de ces informations, je mérite de me jeter dans le vide. Une buisson gonflable amortit ma chute et je me relève avec toute la dignité qu’il me reste. Face agacé mais à l’intérieur, je suis de plus en plus intrigué par cette soirée. De manière positive.

Tu me dois un costume, Delavega.

C’est faux, mon costume n’a rien mais si j’arrête de râler pendant plus de quinze minutes, tu risques de t’habituer. Pire, tu pourrais me trouver sympa. Je tiens à maintenir mon image de type détestable. Je te laisse lier nos doigts une nouvelle fois, je n’ai jamais autant tenu une main dans une seule soirée. Et encore moins de cette façon, mais je suis bien obligé de te suivre, alors va pour les doigts entremêlés le temps de se glisser dans un nouveau sous-sol. Je suis soulagé de ne pas être assiégé par de la musique électronique, ce que j’avais vraiment envisagé quand j’ai accepté de te suivre. Mais la musique est douce, met en relief les bruits de conversation sans totalement les masquer. Bon point. Il me faut quelques battements de cils pour m’habituer à l’obscurité. Mais pas de perroquets extravagants, l’ambiance est chouette. La pièce est tamisée par des lustres carmins, des fauteuils en cuir et d'épais rideaux en velours. Tu détaches ta main de la mienne et je prends le temps d’observer les environs pendant que tu te jettes au cou de la barmaid. Des petits groupes sont réunis autour de tables basses, verres en cristal et alcools ambrés. C’est cosy, chic et tu n’avais pas mentis, ultra sélect. Tu accumules les bons points ce soir. Je suis tes pas jusqu’au bar et salue poliment la femme que tu sembles bien connaître. Je tique sur la formule, très bon copain, que je souligne d’un mouvement de tête. Difficile de croire qu’on ne se connaît que depuis deux heures. J’ai l’impression étrange d’avoir déjà vécu cette soirée, et encore plus étrange, de l’avoir vécu avec toi. Encore des synapses qui doivent exploser dans ma tête. Tu as ce drôle d’effet sur mon organisme.

Ta main accrochée à mon bras, tu choisis notre table et je m’installe dans un fauteuil en cuir. Coup d'œil autour de nous, un demi-mur nous cache des autres tables, ce qui rend l’espace plutôt intime. Je n’ai pas encore décidé si ça me plaît ou pas. Par contre, ton visage éclairé par les bougies est une vision des plus agréable. Les flammes te donnent des airs mystiques, font briller tes prunelles et accentuent les traits de ton visage. Mais je m’égare.

Non. C’est très agréable comme endroit. Comment tu as connu ce lieu ?

Véritable interrogation même si je sais que tu ne vas pas me révéler tous tes secrets. Je n’avais jamais entendu parler de ce bar qui aurait eu sa place à l’époque de la prohibition. La barmaid de tout à l’heure nous apporte deux verres, t'adresse un clin d'œil et retourne derrière son comptoir, non sans m’avoir dévisagé curieusement ce qui m’arrache un nouveau sourire en coin.

Tu as l'habitude d’emmener tes très bons copains ici et je ne correspond pas bien au style usuel, c’est ça ?

Un de mes sourcils se relève et je porte mon verre à mes lèvres. Sans alcool, je le sens tout de suite. Délicate attention ou tu as juste envie de ne pas rentrer à pieds. Pas trop sucré, agréable, pas mal. L’endroit me donne envie de craquer pour un whisky mais je verrais plus tard selon comment se passe notre entrevue. Si on a envie de s’entretuer dans deux minutes, je serais heureux d’avoir maîtriser mes pulsions et de pouvoir rentrer rapidement. Mes doigts bougent doucement contre la parois en verre de mon cocktail et nos regards se rencontrent. De nouveau cette sensation de déjà-vu qui me tiraille. Tes yeux… Tes yeux ont quelque chose de familier sans que j’arrive à mettre le doigt sur ce qui me trouble.

Tu viens d’où Corazon ?

Si je veux réussir à percer ce mystère avant toi, mieux vaut commencer par le début. Nos fils se sont peut-être croisés il y a longtemps. Bien que tu ne sois clairement pas de Nouvelle-Zélande puisque tu situais Auckland aux Etats-Unis. Mais qui sait, un voyage scolaire il y a longtemps, un séjour linguistique ou juste des vacances avec des potes. Je ne préfère négliger aucune piste.

@Corazón Delavega
Corazón Delavega
bueno, u didn't hear this from me...
Corazón Delavega
https://laal.forumactif.com/t8625-corazon-delavega-o-i-took-a-pihttps://laal.forumactif.com/t8720-cora-el-cuerpo-caliente-infiernohttps://laal.forumactif.com/t8835-thecorazonhttps://laal.forumactif.com/t8646-carte-de-corazon-delavega
#  CORASH # a little party never killed nobody - Page 2 EmptyLun 13 Mar - 21:09
La lueur des bougies danse, ballet enflammé et salsa du diable, sur ton visage. Cinq bougies qui nous entourent, une que mon dos obstrue, une que ton profil nous cache, et de ce fait seules trois lumières qui miroitent sur ton visage. Les reflets sont orangés, lumineux, se languissent parfois le long d'un fin pan de dentelle noire, sur le troisième siège, celui qui est déserté, celui là même sur lequel ma jambe vient s'étendre, basket posé sur l'assise comme si j'étais chez moi. L'autre reste au sol, continue de le fouetter d'un rythme qui vibre en moi, bien loin des injonctions calmes que sifflotent le jukebox, bien loin des murmures, des soupirs, des chuchotements, de toutes les âmes venues s'égarer entre ces innombrables murs cachés. J'aime le jazz comme j'aime le rap, j'aime le jazz comme j'aime l'électro, j'aime tous ces sons qui émanent de pléthore d'instruments pour venir se perdre et animer mon corps, celui-là même victime du maléfice le poussant à toujours s'articuler dans des mouvements incontrôlés mais réussis dès lors qu'il y a de la musique dans les parages. Même en plein coeur du speakeasy, même au milieu de toutes ces célébrités aux visages bouffés par leur envie de discrétion, lunettes de soleil, casquettes, chapeau de soie noire, je pourrais me lever, debout sur une table ronde, sans prêter attention aux vis ou aux éclats de métal, sans prêter attention non plus à la peinture noire qui s'écaille, effets de style qui sont entièrement dus aux ravages du temps qui passe. Comme si Effy avait voulu que son établissement puisse avoir une histoire, alors même qu'il n'a ouvert qu'il y a deux ans. L'ensemble est plutôt réussi, les espaces sont feutrés, l'absence de lumière camoufle les dégâts du neuf, là où les bougies rajoutent un côté ancestral, un côté vintage. Tous les matins, elle devait appuyer sur l'interrupteur caché derrière un ris de velours pour nettoyer les parquets, avoir la luminosité maximale. Peut-être ouvrait-elle une fenêtre discrète, une issue qui serait dissimulée par toute l'obscurité des lieux. L'air rentrait alors, faisait voler quelques plumes noires perdues par un oiseau rare, ou bien faisait resplendir, sous le joug des ampoules, une empreinte de pas carmin, comme des Louboutin fondues qui aurait laissé une ombre rouge se perdre sur le sol sans y prêter attention. Peut-être que la détentrice des semelles écarlates s'était laissée aller à croiser les jambes au-dessus d'un spot lumineux, sans faire attention à la chaleur, s'était retrouvée avec des talons qui collaient au sol, mais ne s'en était pas trouvée agacée, avait continué sa route, semant derrière elle des figures qui prenaient la forme élégante de ses pieds de haute couture. Ça ferait pester Effy, l'usage de produits chimiques pour nettoyer, parce que ça laissait une odeur, ça collait pas avec l'atmosphère. Peut-être qu'elle rinçait tout au savon, peut-être qu'elle l'importait d'un autre pays. C'étaient toutes ces interrogations, toutes ces possibilités, qui me faisaient chavirer à chaque fois. Qui me donnaient la force de devenir un enfant sage, bien assis, le regard envoûté par la valse qu'effectuait les flammèches au-dessus de la cire ; pourtant, ce soir, il n'y avait pas que la mèche enflammée, il y avait aussi sa lueur dorée sur ton visage à toi, sur tes cils qui se métamorphosaient en d'épais rideaux de jais par-dessus tes yeux, sans que j'ai vraiment eu le temps de te détailler auparavant. Je sais que tu fais la même chose, tes iris scrutent chaque parcelle de mes traits, et ça m'arrache un sourire grandiose, qui se répercute en des remerciements bien moins sonores qu'à mon habitude, lorsque les verres atterrissent devant nous. Devant toi, l'alliage des dieux, de l'ambre, de l'or, du noir, des couleurs sobres qui alliaient l'élégance aux ravages lorsqu'il était alcoolisé ; mais non, elle avait bien compris, pas une effluve de liqueur qui ne s'échappe de ton verre, tu avais juste droit à son expertise en mixologie, Effy qui avait dû mélanger tout un tas de boissons douteuses et rarissimes pour cette demande excentrique glissée à son oreille. Le mien est le même que toujours, celui qui porte mon vrai prénom, dans sa carte ; mais tu ne m'entendras pas t'avouer, si tes yeux venaient à se perdre dans le choix des boissons, que le Don Miguel est inspiré de ma vie. Il est sur trois teintes, reprend le doré de ton verre à toi, l'éparpille en paillettes partout sur le contenant en lui-même, et en quelques autres qui se glissent dans une mousse rouge, mélange de sirop grenadine et de Martini rouge soufflés, juste au-dessus de la vraie scène du crime. On pourrait croire à un café latté, avec cette robe beige onctueuse, pleine de gaze, comme si c'était la mariée au fond de mon verre ; mais non, le café n'est qu'en liqueur, côtoie quelques gouttes de champagne, et de la vodka, avec quelques notes chocolatées - alcool de cacao ou sirop, je ne sais plus trop. C'est à se damner, et je l'ai déjà fait plusieurs fois.

Mon sourire s'agrandit en te voyant détailler du regard l'endroit ; ton compliment de toute à l'heure avait déjà réussi à le laisser se dessiner en gros sur mes traits, mais là, c'est presque exagéré ; mes dents doivent être encore plus semblables à des diamants, sous la lumière éblouissante de la bougie qui est à quelques centimètres de mes lèvres, quand j'hésite à souffler dessus, enfant amusé par chaque possible divertissement, même dans un bar privé, même dans un sous-sol de maison abandonnée. Je m'amuse. C'est tout ce qui compte, surtout que ça ne te fait pas fuir. "Je viens tout seul d'habitude. Je n'invite jamais personne pour un rendez-vous à deux." Je hausse d'une même traite un sourcil et les épaules, sirote à la paille, aspire la fraise et le chocolat blanc, le café et la vodka, d'une traite, et je pourrais presque jurer que mes commissures se sont encore étirées. Tu vas finir par me penser complètement ravagé, et tu aurais sans doute raison ; mais ce n'est pas la bonne impression que je veux te renvoyer, alors je m'efforce de réduire un peu mon sourire à des dimensions classiques, humaines. Ce n'est pas très révélateur, en soi. Un tour sur les réseaux t'aurait suffi pour comprendre que je n'ai eu personne dans ma vie. Des flings, ici et là, rapides partenaires d'une nuit, rarement deux. Mais jamais quelqu'un avec qui traîner. Pas forcément peur des médias, en soi, puisqu'ils m'adorent et ne manqueront pas d'adouber celui qui viendra siéger avec moi au-dessus des flamants roses et des pool parties. Mes yeux se baissent, épousent rapidement la mariée au fond de mon verre, juste en-dessous des restes de la mousse, et je lui souris rapidement, avant de relever mes yeux vers toi, de me rendre compte que mon sourire t'était en fait dirigé ; surprise infinie, mais prévisible. Ta question me fait pencher la tête. C'est vaste. Je ne sais pas quoi te répondre. La partie philosophique te chanterait les amours d'une terre très lointaine, d'une autre planète même, puisqu'il n'y avait que ça qui pouvait expliquer que je ne me sente jamais à ma place auprès des autres, que j'ai ce besoin ardent et vital de faire la fête, de me saouler et de me défoncer pour tout oublier. Mais c'est sans doute beaucoup. No quiero tentar al diablo. Alors je laisse mon sourire s'apaiser, reprend la parole, mes pupilles toujours vissées sur les tiennes, les lèvres plissées sur le côté. "Je suis né à Puerto Rico. Les Delavega sont comme des rois là-bas. Je n'ai pas de frère ou de soeur, plus de famille, ce qui veut dire que je suis l'héritier de toute la grande fortune." Rapide gorgée, mon torse qui se gonfle d'air. Je n'aime pas parler de ça. Je ne veux surtout pas évoquer ma mère. Dire qu'ils sont tous partis est une bonne explication. Pour le reste... Il suffit d'écourter, et de détourner le regard. Ne pas te laisser voir un seul de tous ces fantômes. "Je suis arrivé ici il y a un peu plus de dix ans. La suite, tu la connais ou tu peux la trouver sur Wikipédia ; j'ai fait carrière dans le rap, ça a été un succès, j'ai arrêté, ouvert un salon de beauté." Mon verre est déjà presque fini, le tien aussi. Discuter nous rend assoiffés. "Je sais que t'essaies de te souvenir aussi où on s'est croisés. Tu pourrais juste me le confirmer au lieu de me laisser me sentir complètement loco." Je secoue la tête, lève deux doigts vers Effy, qui intercepte mon regard et mon signe, me répond, je fais un signe de l'index et du majeur, comme des oreilles de lapin, pour l'inciter à t'en servir un avec quelques notes d'alcool ; je ne te ferais pas trahir ton serment, si tu ne le bois pas, ça me fera un troisième verre. "On s'est sans doute croisés à une autre soirée. Je ne vois que ça." C'est un peu évasif, à n'en pas douter, et pourtant je sais qu'il n'y a pas que ton regard qui m'est familier ; ta voix grave, la texture de tes mains - et c'était sans doute pour ça que j'aimais les attraper pour marcher dans un couloir ou pour descendre dans un sous-sol. Tête penchée toujours que je redresse pour remercier l'arrivée des verres, te sonde, un sourire aux lèvres. "C'est presque rien, tu peux boire. Sinon, file-le moi et commande toi un truc sans alcool. Je ne peux pas te laisser te dessécher..." Lèvres en coeur, léger éclat de rire qui sonne comme une touche de piano, et déjà la première gorgée.

@Ash Sutherland
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Drop in the ocean
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#  CORASH # a little party never killed nobody - Page 2 EmptyMar 14 Mar - 11:38
Mon verre se porte à mes lèvres, perles de sucre qui s’accrochent à mes lippes pendant que je te détail, quelque peu surpris par ta révélation. J’ai donc droit à un traitement de faveur. Je ne sais pas encore quoi faire de cette information, ni même si elle a vraiment une importance. Toutefois, mon esprit fabrique une image artificielle de toi, seul sur cette même banquette, à siroter des cocktails colorés. Avant que tu me souffles ce songe, je n’avais jamais eu l’idée de t’imaginer seul. Dans ma tête, tu es toujours accompagné de ta cour aux mille plumes colorées qui font battre une fête entière autour de tes oreilles. Femmes perchées sur des talons aiguilles et aux ongles affutés, trompettiste aux tissus transparents qui fait vibrer chacun de tes pas. Je ne t’imagine pas sans tout ce petit monde qui fait briller chacun de tes mouvements, que ce soit sur ton lieu de travail ou tes draps. Alors quand tu m’imposes une image d’un Corazon seul au milieu des bougies et de la dentelle, il me faut quelques secondes pour construire cette image mentale et me faire à cette idée. Mes sourcils se froncent parce que je ne comprends pas ce qui me donne le privilège d’être dans la confidence de ce speakeasy, de pouvoir siéger en face de toi. Mon bon sens me pousse à penser que c’est seulement parce que je suis un mystère que tu rêves de percer, silhouette que tu aurais déjà fréquenté lors d’une précédente soirée. Mais mon instinct me dit qu’il y a autre chose, une double lecture de tes confessions que je n’arrive pas encore à déchiffrer.

Soucieux de préserver mon égo face à une réponse qui ne serait pas celle que j’attends, je garde ma question sous ma langue, accepte de laisser ce voile pailleté sur ton être. La patience est une vertu dont je me suis doté depuis le plus jeune âge. Le surf a été une bonne école. Il m’a fallu de nombreux jours pour réussir à me mettre debout sur ma planche, de nombreux mois pour réussir à garder l’équilibre sur l'océan et des années pour dompter les vagues. Je ne me suis jamais découragé, j’ai recommencé encore et encore. Je suis tombé, je me suis relevé, je me suis blessé mais je n’ai jamais abandonné. C’est une force qui m’a aussi permis de suivre des études qui ne m'étaient pas destinées. Face aux livres de médecine, je n’ai jamais laissé le découragement l'emporter. J’ai mémorisé chaque ligne, chaque terme technique, chaque schéma. J’ai révisé jour et nuit jusqu’à l’épuisement, jamais loupé un seul jour de mon internat. La patience est ma force et ce n’est pas toi, Corazon Delavega qui va réussir à faire valser mon self control avec tes rythmes de salsa endiablés. Poker face travaillé durant des années, pas un de mes traits ne bougent, écoutant attentivement ton récit jusqu’à ta provocation. Mon jus dont le manque d’alcool commence à se faire sentir sur mes nerfs laisse échapper sa dernière goutte sur ma langue et mon verre se repose sur la table, emportant mon corps dans un mouvement de balancier maîtrisé.

Je te le répète, on ne s'est jamais croisé.

J’ai beau mettre toute mon assurance dans cette phrase, elle commence à sonner méchamment faux à mes propres oreilles. Parce que tes yeux me sont familiers, tout comme la chaleur de ta main. C’est impossible, purement impossible, croire que nous avons déjà pu partager un moment d'intimité est une hérésie. Et pourtant, l’idée commence à faire son chemin dans ma tête.

Tu n’es pas un client de la clinique, on ne s’est donc jamais croisé sur mon lieu de travail. Mes seules sorties sont dans des dîners aussi ennuyants et lugubres que celui de ce soir, ce n’est donc pas là qu’on aurait pu se rencontrer. Je ne fréquente pas les boîtes de nuit de la ville, ni les clubs, ni les soirées que tu sembles affectionner.

Je ne te parle pas de mes occupations nocturnes qui mettent ma vie en jeu dans les rues de Los Angeles, juste pour prendre quelques shots d’adrénaline. Tu ne fais pas partie de ce milieu et je ne veux pas te révéler tous mes secrets. C’est notre première soirée ensemble, possiblement la dernière alors je ne préfère pas te donner toutes les cartes du jeu Sutherland. Ma voix s’éteint un instant quand la barmaid fait de nouveau son apparition à notre table avec un nouveau set de verres aux couleurs veloutées. Soit elle arrive à lire dans nos esprits, soit vous avez un code secret pour demander un réapprovisionnement. Je louche sur mon verre et conclut que cette fois il contient de l’alcool. Je me retiens d’échanger mon cocktail aussi gris que mon costume contre un verre de whisky plus classique. Tu as envie de prendre les commandes et je te laisse faire. On est sur ton territoire après tout. Tu t’es plié à mes règles dans ma voiture alors je peux bien avaler une boisson inconnue juste pour maintenir le sourire qui ne te quitte plus depuis notre arrivée.

Je coince la paille en cuivre entre mes lèvres, sens le rhum piquer mes papilles, puis quelque chose de plus sucré adoucir le tout. Je ne saurais pas définir toutes les saveurs qui m'assaillent mais je crois reconnaître du gingembre, du gin peut-être et tout un tas de saveurs étranges qui donnent à mon verre cette unique teinte métallique. Ce n’est pas mauvais, même très bon et je m’autorise à en prendre une plus grande gorgée.

Je peux bien m’autoriser un verre ou deux si on ne rentre pas tout de suite.

Regard qui se relève dans ta direction pour sonder ta réaction. Mon idée première était de boire un verre rapide en ta compagnie, te tirer quelques secrets, passer un moment agréable à poursuivre notre joute verbale avant de regagner mon lit. Mais la soirée prend un tout autre tournant, on file vers une direction inédite qui va nécessiter quelques vapeurs psychédéliques pour ne pas me faire abandonner en cours de route. Parce que derrière ton sourire avenant, tes yeux brillants et tes gestes plein d’assurance, tu es dangereux Corazon. Je le sais et tu le sais parfaitement aussi. Je ne suis pas dupe de ton sourire amusé.

Je sens du mouvement dans mon dos, des bruits de chaises, des bougies qu’on allume. Un rapide regard par dessus mon épaule me montre une scène improvisée qu’on est en train de mettre en place dans un coin. Un homme avec une guitare entre les doigts prend place sur une chaise baroque, pendant qu’une femme à la robe sirène noire se place derrière un micro. Des notes légères s’élèvent dans le bar accompagnées par une voix envoutante. Ce concert improvisé est agréable, pas trop fort, délicat, il se fond parfaitement dans le décor de ce lieu cosy. Pas besoin d’élever la voix pour couvrir le son de la guitare, au contraire, on a envie de descendre de quelques octaves pour ne pas brouiller les morceaux venus d’un autre temps. Pour éviter un torticolis, j’attrape mon verre et m’installe à côté de toi sur la banquette pour faire face à la représentation. Le rhum me tape légèrement sur les tempes, surement à cause des restes de nos cigarettes épicées du début de soirée.

L’alcool caresse ma langue, devient plus agréable et je me laisse bercer par cette ambiance atypique que je n’aurai jamais découvert sans toi. Je me demande si j’oserai revenir ici tout seul pour prendre place à mon tour dans un fauteuil, drapé de ma solitude et d’un cocktail au nom imprononçable. Mon visage se tourne vers toi, regard qui accroche ton sourire qui illumine tout notre cocon et je t’accorde un demi-sourire qui est plus que je n’ai offert à n’importe qui.

Cet endroit est comme toi, plein de surprises.

Mon sourire s’agrandit une seconde puis je reporte mon attention sur la déesse derrière le micro. Mon cocktail disparaît bien trop vite, déjà remplacé par un autre verre que je sirote sans même me rendre compte que ma résolution de ne pas boire ce soir est en train de partir en fumée. Te voilà condamné à rentrer en taxi et moi, à dormir dans ma voiture. Il n’est pas question que je laisse ici toute seule ou que je prenne le risque de la crasher contre un poteau par manque de réflexe. Je retiens de justesse ma main qui menace de glisser sur ta cuisse, recroqueville mes doigts pour que tous mes membres reste sur mon propre corps. Tu exerce une attraction inquiétante sur moi, que je préfère mettre sur le dos de l'alcool. Bien plus facile que d'admettre qu'il pourrait effectivement que nos corps se connaissent déjà.

@Corazón Delavega
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