« Coupable ! » Je souris, parce que je le savais. Cela ne m’empêche pas de m’installer sur ses genoux, parce que j’en ai aussi envie. Nous sommes de plus en plus proches, on ne peut pas le nier. Sa proximité m’apaise de plus en plus, même si parfois justement sa présence accélère mon myocarde. Installée sur ses jambes, je lui demande si ça va, par précaution. « Même si je sentais mes jambes, ce n’est pas ton poids plume qui va me faire du mal, Ollie »« On sait jamais. Mon poids plume est composé de burger et de pizza, je te rappelle » Je le taquine, mais je ne suis pas certaine que même si je ne pèse pas beaucoup, mon poids soit vraiment adaptée à sa condition. Et si ce n’était justement pas recommander ? Et si ça finissait par empirer ? Dans cette optique, je me dépêche donc de prendre une première photo. Puis une seconde. A la troisième, ça m’échappe totalement. Je me perds dans cette envie de l’embrasser depuis quelques jours et franchit cette infime distance. Au début quelque peu stressé ne le voyant pas réagir, il met un peu de temps à finit par me rendre mon baiser, accélérant le mouvement. Sa langue est douce, attentionnée. Ses lèvres sont légèrement sucrées, aux arômes de café. Je profite de ce moment avant de me rendre compte que j’ai besoin d’air. Plus que jamais « Oliana, je suis... Est-ce que ça va ? »« Oui…c’était juste… » J’ai aucun mot pour qualifier ce qu’il vient de se passer. Trop bon. Trop jouissif. Trop stressant. Trop naturel. C’était indescriptible alors que je peine à retrouver mon calme. Ses mains remontent pour saisir mon visage et m’ordonne d’ouvrir les yeux. « Je vais bien » dis-je en lisant son inquiétude à travers son regard. Mon cœur, cela fait des années que je ne le contrôle pas. Je m’étais simplement pas imaginer qu’un jour, en embrassant Cameron, il finirait par tourner aussi vite. « Ça me plait que ton cœur batte autant pour moi et si tu voulais me faire encore plus aimé Noël par ce baiser c’est réussi, mais, j’aimerais mieux éviter de déclencher une crise quand on s’embrassera. » Je ris légèrement en imaginant ce cap franchi. Les possibilités viennent de s’ouvrir par millier. Noël marque encore une nouvelle fois une étape dans notre relation. Il dépose à nouveau ses lèvres sur les miennes, alors que je frisonne tout entière avant de me prendre dans ses bras. Ma tête vient se caler dans son cou. Je respire son odeur pour m’en imprégner. Que c’est bon putain ! C’est bon d’être dans ses bras, d’avoir brisé cette barrière qui nous limitait, qui nous gênait. « C’est l’adrénaline et le stresse… » Je souffle à son oreille. « J’en avais envie depuis des jours, mais j’arrivais pas à me lancer. » Parce que je sais que cette fois-ci, ce sera à moi de faire toute les premiers pas. Il ne les fera pas de lui-même de peur de tout gâcher, d’aller trop vite et de me faire fuir. J’ai encore beaucoup de chemin à faire, je le sais mais….chaque petit pas en son temps. Lorsque je relève la tête, je ne peux m’empêcher de venir caresser la bordure de son front et d’ajouter : « Merci d’être patient. » Parce que s’il ne l’était pas, s’il me poussait trop à bout, ou me mettait des ultimatums, je n’aurai jamais eu la force de surmonter tout ça.
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Je l’admets, il y a plus cocooning que s’installer sur mes jambes mais c’était le moyen parfait pour l’avoir près de moi et prendre ce fameux selfie. Pourquoi ne pas joindre l’agréable à l’utile après tout ? De cette façon je peux aussi m’imprégner de son parfum, ressentir le même apaisement qu’à l’époque où je n’avais qu’à demander pour la prendre dans mes bras, mon nez dans ses cheveux. Il n’y a jamais eu meilleur endroit sur terre. C’est une petite victoire personnelle que de la voir accepter de s’installer là même si elle a très bien compris mon petit jeu. « On sait jamais. Mon poids plume est composé de burger et de pizza, je te rappelle » Je me mets à rire et me penche pour observer un peu plus son corps pourtant parfait. « C’est vrai que tu es un petit glouton, très mignon cela dit, et je t’assure que malgré les burgers et les pizzas, tu es légère. » Non seulement je ne suis pas stupide au point de courir le risque de dire à une femme qu’elle fait son poids, mais en plus de ça Oliana est vraiment légère. J’ignore où elle met tout ce qu’elle mange. Si je ne faisais pas un de sport, manger gras et lourd me ferait prendre un poids pas possible, je pourrais même faire de la concurrence au père noël ! Ça irait bien avec le côté féerie de noël cela dit … Ce à quoi je ne pense plus rapidement. En fait, je ne pense plus à rien hormis les lèvres d’Oliana sur les miennes, nos langues qui se retrouvent après de longs mois et tout ce que ce baiser éveille en moi. Je suis tellement pris aux tripes que je ne pense pas au fait que respirer ne serait pas une mauvaise idée, surtout pour elle et son cœur déjà fragile. Alors quand je l’entends peiner à respirer et que je la vois essayer de se calmer, je m’en veux et m’inquiète aussi tôt. « Oui… c’était juste… » Trop intense ? Oui, pas besoin de mot pour être parfaitement d’accord avec elle là-dessus. C’était plus que ce que je demandais, plus fort que ce à quoi je m’attendais. « Je vais bien » En silence je tente de m’assurer qu’elle dit vrai. Cela dit, ça a l’air d’aller ce qui diminue un peu mon inquiétude. Je pense même à plaisanter en disant qu’elle aurait pu choisir de suivre la tradition et m’embrasser sous du gui mais je n’en fais rien. Je préfère plaisanter sur autre chose et essayer de chasser la peur qu’elle vient de me faire. Entendre son rire finit de me détendre et je souris en guise de preuve. « C’est l’adrénaline et le stresse… J’en avais envie depuis des jours, mais j’arrivais pas à me lancer. » Retirant un de mes gants, je vais caresser sa joue et passe ses cheveux derrière son oreille. Mes lèvres posées sur son front, je ne pensais pas que quelque chose de pourtant si simple me ferait autant de bien. « Merci d’être patient. » J’attrape sa main et noue nos doigts que j’embrasse ensemble. « Tu sais, je pourrais déplacer des montagnes pour toi, être patient c’est bien moins difficile que ce que je pensais. Enfin, je ne dis pas que ça me travaille pas mais j’ai découvert que je peux l’être pour toi. » Pour une autre j’aurais jeté l’éponge depuis bien longtemps maintenant. A vrai dire, je l’ai déjà fait. Je n’aime pas qu’on me mette la pression pas plus que je n’aime devoir attendre des lustres pour obtenir quelque chose ce qui, je le sais, est un peu contradictoire. En revanche, Oliana pourrait m’imposer les deux que je ne broncherais pas, j’ai trop besoin d’elle dans ma vie. « Tu veux rester là pour voir la suite des illuminations ? Il reste plus grand-chose à voir et je t’avoue que je commence à avoir faim. »
« C’est vrai que tu es un petit glouton…. » « Eeeeh ! » Je lui frappe l’épaule alors qu’il continue : « Très mignon cela dit, je t’assure que malgré les burgers et les pizzas, tu es légère. » Je fais la moue, mais je n’ajoute rien, contente de savoir que je reste légère pour ses jambes. J’en viens presque à oublier parfois sa chaise roulante, mais c’est dans ce genre de moment que je deviens un peu trop protectrice. Parce qu’il a se pouvoir de faire oublier le monde entier, et tous nos problèmes. Je me concentre que sur lui, comme ce soir. J’oublie les passants, la rue et le bruit autour de nous. J’oublie les illuminations, ce que nous étions venus faire, et ce qu’il était en train d’accomplir. Il ne restait que lui et ses lèvres hypnotiques. Lui, et son baiser ardant et passionné. Lui et son inquiétude pour moi. Si je finis contre lui, ma tête enfouie dans son cou, j’ai encore le cœur qui bat à vive allure alors que ma respiration arrive à redescendre. C’est fou, non ? Comment diable arrive-t-il à me faire ressentir autant de chose en un simple baiser ? J’en ai eu des copains, mais je n’avais jamais ressenti quelque chose d’aussi fort à ce moment précis. D’aussi vrai. D’aussi droit. Les étoiles étaient alignées ; je savais que j’étais faite pour être à ce moment précis avec lui. Tout ce que je peux faire c’est de le remercier d’être aussi patient et compréhensible pour nous donner de meilleures chances. Parce que beaucoup n’auraient pas toléré ou supporter ces moments de nous…sans le nous au complet. Les caresses, les baisers, le sexe…Mon dieu, je n’ose même pas imaginer combien il doit n’en plus pouvoir de ce côté-là. « Tu sais… » Nos doigts s’entremêlent alors qu’il les porte à ses lèvres. Ce contact me fait frissonner encore un peu plus. « … Je pourrais déplacer des montagnes pour toi… » Je relève la tête, face cette déclaration. Il pourrait déplacer des montagnes pour moi. Ça me réchauffe tellement le cœur d’apercevoir l’immensité de son amour pour moi, alors que rien ne lui garantissait qu’il retrouve ce qu’il avait entièrement perdu. Est-ce ça l’amour ? Le vrai, je veux dire ? Se donner corps et âmes pour quelqu’un, sans savoir si nos souhaits seront réalisés et comblés ? « … être patient c’est beaucoup moins difficile que ce que je pensais. Enfin, je ne dis pas que ça me travaille pas mais j’ai découvert que je peux l’être pour toi. » Mon regard s’impose dans le sien une seconde pour m’y perdre. J’ai la gorge nouée légèrement, les paupières qui tentent de chasser le voile de larmes superflu. Je laisse échapper à voix haute une de mes pensées : « Qu’est-ce que j’ai fait pour te mériter ? » Je me pose encore la question. Je n’ai pas été la fille parfaite depuis ma naissance. Mais avoir un pilier aussi important dans ma vie que Cameron c’est presque trop irréel. Je reste en suspens une seconde avant que les rires d’un groupe me parvient et me fait cligner des yeux une seconde : « Tu veux rester là pour voir la suite des illuminations ? Il ne reste pas grand-chose à voir et je t’avoue que je commence à avoir faim. » Je souris tendrement avant de le taquiner : « Qui est le glouton ce soir ? » Je récupère mon téléphone, tomber sur ses cuisses que je frôle doucement avant de prendre soin de me lever sans lui faire mal. « Allons manger ! » Les micros pensées négatives repartant à coup de sabot, on se remet en marche, alors qu’il appelle Luis pour nous rejoindre un peu plus loin. Moi, je m’arrête face à cette mère et son enfant. « Va y, il ne va pas de manger. »« Non, non… » Je vois bien que ce gamin est terrorisé mais regarde Cameron avec des étoiles dans les yeux. Alors je m’approche : « Bonsoir ! » Je souris à sa mère et au petit garçon. « Il n’était pas certain que ce soit Cameron Macleod, c’est son plus grand fan. » Je souris en me penchant vers le petit garçon et ajoute : « Tu veux le rencontrer ? » Il ne doit pas être plus haut que 6 ou 7 ans, et pourtant ce gamin au pull de voiture de course regarde son idole avec anxiété. La période de Noël, c’est aussi là pour faire des bonnes actions. Qui serais-je pour ne pas donner l’un des plus beaux cadeaux à ce petit ? « Tu t’appelles comment ? » « Mark… » « Enchantée Mark, moi c’est Oliana, et il se trouve que Cameron est un très bon ami à moi. Tu veux toujours pas venir lui dire bonsoir ?» Je ne doute pas que Cameron nous regarde mais se tient un peu au loin. Je tends la main au petit, tout en regardant sa mère qui acquiesce en guise d’approbation. Il la saisit fébrile, alors que je me retourne pour l’amener jusqu’à Cameron. En espérant que cette intervention ne le ferme pas totalement comme une huitre. Même s'il a surmonté l'apparition en public, il n'a peut-être pas envie d'être accosté ou de discuter avec des gens. Mais, je ne peux me résoudre à ignorer les demandes silencieuses d'un gamin qui a simplement besoin de rêves.
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« Eeeeh ! » Le coup qu'elle me donne me fait l'effet d'une caresse et je ris de la voir s'offusquer aussi vite. Je ne fais que dire la vérité, elle mange pour quinze, est-ce que c'est de ma faute ? Je n'ai jamais dit que ça ne me plaisait pas. J'aime son appétit d'ogre, je ne m'en suis jamais caché. Jamais. Je me rattrape habilement avec ma réponse suivante ce qui semble lui plaire. Elle pourrait être énorme que je la trouverais quand même magnifique. Parce qu'elle a ce petit quelque chose qui fait que je suis irrémédiablement attiré par elle. Une sorte de lien que nous avons toujours eu mais que nous avons mis du temps à comprendre. Ce même lien qui fait que malgré son amnésie nous parvenons à nous retrouver. Ce lien auquel je m'accroche comme un désespéré. Ce même lien qui me semble s'intensifier lors de notre baiser et qui reste là même une fois nos lèvres séparées. Sa respiration finit par se calmer ce qui m'apaise aussi. Je n'aurais pas imaginé pire scénario que celui nous conduisant aux urgences en cette soirée de veille de Noël parce que notre baiser lui a littéralement coupé le souffle. « Qu’est-ce que j’ai fait pour te mériter ? » Sa question me fait sourire. Oliana me connait bien assez pour savoir que la patience n'est pas forcément l'une de mes qualités. J'ai tendance à être trop impulsif pour ça, mais pour elle … Je suis vraiment prêt à tout. « Généralement c'est moi qui me pose cette question. » Je me la suis posé si souvent que je me demandais même quand la chance allait tourner. Impossible que je le sois autant, qu'elle soit capable de me supporter alors que je ne la méritais pas. Et pourtant elle allait m'épouser ce qui me fait toujours l'effet d'une claque. « Mais je vais oser m'avancer et dire que tu as le droit d'être heureuse et aimer. Je m'estime très chanceux d'être celui qui peut t'offrir les deux. » Je caresse une nouvelle fois son visage en lui offrant un énième petit sourire. Notre seconde chance, je n'ai pas envie de la gâcher, alors s'il me faut dire tout ce que je pense, ne plus rien lui cacher, je le fais sans la moindre hésitation. Y compris quand il s'agit d'admettre que j'ai faim. « Qui est le glouton ce soir ? Allons manger ! », « On pourra en débattre une fois que j'aurais vu ce que tu auras dans ton assiette. » Alors qu'elle se relève et quitte mes jambes, je sens déjà le froid s'insinuer dans mon corps. Son absence se ressent alors qu'elle est encore tout près mais pas assez selon moi et mon corps en manque du sien. Téléphone sorti de mon manteau, j'appelle Luis tandis qu'Oliana reprend sa route et s'arrête près d'une mère et son fils. Je ne peux pas m'empêcher de regarder la scène en gardant de la distance. Elle qui se met à la hauteur de l'enfant qui me fixe. Elle qui lui tend la main, confiante, et que le garçon prend avec l'accord de sa mère. J'ai rêvé plus d'une fois de la voir dans ce rôle, de la voir porter et aimer nos enfants mais sa maladie m'a souvent rappelé à l'ordre comme ce soir. Je tente néanmoins de cacher la tristesse qui me gagne et laisse la surprise prendre le dessus lorsqu'elle arrive devant moi avec l'enfant. « Salut. » Je vois immédiatement ses petites joues rosir, lui donnant encore plus un air innocent. « B...bonsoir. » Bafouille-t-il sans oser me regarder. je tends une main vers lui et ajoute : « Je m'appelle Cameron et toi ? » Ses yeux voyagent entre ma main tendue et le visage d'Oliana avant de se poser enfin sur moi, brillants d'excitation. « Mark ! », « Enchanté, Mark. Ça te dirait qu'on fasse une photo toi et moi ? J'en serais très honoré. » L'espace d'un instant je m'attends à ce qu'il tourne de l'œil mais il secoue vivement la tête. Tapotant mes jambes inertes, il s'approche assez pour que je puisse le porter sur mes genoux alors que sa mère approche pour la photo. « Ollie, tu veux bien en prendre une pour moi aussi, s'il te plaît ? » Je tends mon propre téléphone sous le regard ébahi du garçon qui ne devait pas s'attendre à ce que je garde moi aussi un souvenir de notre rencontre. Mais c'est ma façon de lui faire plaisir et de me souvenir que la foule n'est pas forcément néfaste et malintentionnée.
« Généralement, c’est moi qui me pose cette question. » J’aurai envie de lui demander pourquoi, mais je ne le fais pas. Il mérite d’être heureux et d’avoir ce qu’il désire le plus au monde. Etrangement, la vie nous a mis sur le même chemin, et continue de nous tester. Ça n’a pas été facile d’accepter nos sentiments pour l’autre, ni visiblement de les faire accepter aux autres. Et même si encore aujourd’hui, nous sommes obligé de repasser par là une seconde fois, je sais quelque part que nos vies étaient destinées pour être liées. Je ne vois pas comment expliquer, sinon, ce que nous pouvons ressentir l’un pour l’autre. C’est si puissant, si vrai et si différent. Je viens peut-être de découvrir ce tourbillon d’amour et de sentiment, pour la seconde fois, je sais qu’il a toujours été là. « Mais je vais oser m’avancer et dire que tu as le droit d’être heureuse et aimer. J’estime très chanceux d’être celui qui peut t’offrir les deux. » Sa caresses remplie d’amour et ses yeux me confirment ses paroles. Des paroles que je chérie plus qu’il ne pourrait le croire, avant que je n’ajoute : « Et tu mérites d’être aimé en retour » Même si ça prend un peu plus de temps que prévu. Mais on finit par mettre fin à cette conversation trop romantique pour parler de choses plus sérieuses encore : la bouffe. « On pourra en débattre une fois que j’aurais vu ce que tu auras dans ton assiette. » « Tout dépend de où tu nous emmènes » Je lui fais un clin d’œil alors qu’il me sourit et sort son téléphone. L’air est plus frais depuis que je me suis écartée de lui, mais je n’ai pas le temps de m’y accoutumer que mon regard se porte sur ce petit garçon et sa mère. M’approchant et l’invitant à rencontrer Cameron, je suis légèrement anxieuse lorsqu’on s’approche de lui. A mesure qu’ils s’échangent quelques mots, je sais que mes yeux pétillent face à cette vision. Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, et j’espère un jour pouvoir voir Cameron être père, mais tant que mon cœur n’est pas changé, je serai incapable de lui offrir tout ça. Est-ce qu’on en avait autrefois parlé ? Est-ce qu’on avait quand même pris le risque ? Avant, je me protégeais toujours lors d’un rapport. Lorsque j’ai eu l’âge d’avoir mon premier copain, ma mère avait préféré m’emmener voir le médecin plutôt que de me le dire elle-même, parce qu’elle savait qu’à l’époque, je ne l’aurai pas écouté. Etre enceinte pourrait me tuer. Porte la vie en moi finirait par prendre la mienne, simplement parce que je n’étais pas assez forte. Si au début, j’ai eu beaucoup de mal à l’accepter, j’ai finis par m’y faire, me protégeant quoi qu’il arrive avec mes copains. Mais qu’en était-il avec Cameron ? Trois ans de relation…Je ne crois pas un instant qu’en trois ans, on n’avait pas succombé à l’envie d’être chair contre chair. Je chasse cependant cette idée lorsque Cameron m’interpelle : « Ollie, tu veux bien en prendre une pour moi aussi, s’il te plait ? »« Heu…oui oui. » Je cligne des yeux et récupère son téléphone pour le prendre en photo avec ce petit bonheur. Quelques minutes plus tard, il redescend, alors que sa mère n’arrête pas de remercier Cameron. « Joyeux Noël à vous aussi »dis-je lorsqu’ils finirent par reprendre leur chemin, nous laissant de nouveau seul. Je regarde Cameron en silence, le regard admiratif et un léger sourire aux lèvres. Lorsqu’il le remarque, il me demande des explications :« C’est juste que… t’as toujours fait passé le bonheur des autres avant le tien. C’est remarquable. Tu lui a sans doute donné le meilleur cadeau de Noël qu’il puisse avoir cette année. » C’est à ce moment précis que Luis arrive en voiture et qu’on prend la direction pour remonter à l’intérieur. Cameron bien installé, je me colle au siège à côté de lui, avant de mettre à nouveau ma ceinture. Une sécurité, une nécessité. Je sais qu’il ne dira rien mais ça ne m’empêche pas de poser ma tête contre son épaule, alors que le regard de Luis curieux finit par sourire dans le rétroviseur. Cette balade nous a changés, il le sait. « Tu nous emmènes ou alors ? » Je sais qu’il pense qu’une simple pizzéria pourrait me suffire, mais pour notre première sortie ensemble, je sais qu’il a sans doute voulu mettre le paquet. Pas pour étaler son argent, non. Simplement pour faire de ce soir quelque chose de féérique, de romantique. Il va me dire que c’est ce que je mérite, mais il aura tort parce que tout ce que je mérite c’est d’être simplement avec lui. Avec cet homme qui m’a peut-être brisé, mais qui sera le seul à me recoller entièrement. J’en profite pour finalement lui avouer : « J’aurai une surprise pour toi. » Son regard m’interpelle, comme s’il pensait que je n’allais rien lui offrir. « Me fais pas ces yeux, tu sais très bien que Noël sans un cadeau, c’est pas vraiment Noël » Mes manies de cette période ressortent forcément – une chose qui ne changera jamais. « J’ai simplement pas pu l’emmener avec moi, alors il va te falloir venir jusqu’à chez moi pour la découvrir » Au fond, c’est un joli prétexte pour prolonger cette nuit si parfaite.
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« Et tu mérites d’être aimé en retour » Est-ce vraiment le cas ? Mérité-je cet amour malgré les erreurs commises et les mensonges ? Mérité-je d’être pardonné aussi facilement que je l’ai été alors que leur père subit encore leur rancœur ? En quoi ai-je été différent de lui ? J’ai accepté qu’on lui mente, je partage les torts et malgré ça j’ai retrouvé mes sœurs et je retrouve doucement Oliana. Qu’est-ce qui justifie que j’ai cette chance ? Mon passé ? La souffrance que j’ai connu gamin après la perte des membres de ma famille ? Pourquoi mériter cet amour alors que je suis probablement aussi mauvais que son père ? Même si mauvais est un mot fort. Malgré la colère que j’éprouve à son égard, je sais qu’il voulait seulement protéger sa fille comme je voulais protéger celle que j’aime. Il n’a pas su y faire et reste persuadé que c’était la bonne solution. De toute manière il n’a jamais cautionné notre relation et c’est ce qui fait que je lui en veux toujours autant. Mais est-ce que je mérite réellement d’être autant aimé par elle ? Je l’ignore et je ne réponds pas préférant passer à un autre sujet, gardant toutefois en mémoire les mots qu’elle a prononcé. « Tout dépend d’où tu nous emmènes » Je hausse les épaules pour maintenir un peu le mystère et sors mon portable. Luis appelé, il m’informe être sur place dans moins de dix minutes ce qui devrait nous laisser assez de temps pour finir notre tour. Ce qui nous laisse aussi le temps de faire plaisir à un petit garçon que ma présence semble le rendre particulièrement timide. Il n’est pas le premier à ne pas oser venir vers moi et je continue de trouver ça touchant malgré la sensation de déjà-vu. Et puis, il me suffit de voir ses yeux s’agrandir et son sourire illuminer son visage pour ne pas regretter une seule minute de lui proposer de grimper sur mes genoux. Ça attire le regard de certains mais même ma peur du jugement n’est pas assez forte pour aller contre mon désir de faire plaisir à ce gamin et de demander à Ollie de prendre aussi la photo « Heu… oui, oui. » Elle est troublée, sort de pensées qui m’échappent puis attrape mon téléphone pour la photo. La mère du petit Mark ne cesse de nous remercier une fois le petit de nouveau debout même si je lui assure que ce n’est rien en saluant le petit garçon qui s’éloigne en dégageant une joie de vivre qui me fait regretter mon innocence. Mais ce qui m’interpelle le plus c’est le regard qu’Oliana pose sur moi et que je ne parviens pas à décrypter. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Demandé-je, amusé de la voir aussi troublée. « C’est juste que … t’as toujours fait passer le bonheur des autres avant le tien. C’est remarquable. Tu lui as sans doute donné le meilleur cadeau de Noël qu’il puisse avoir cette année. »
« Ce n’est pas grand-chose pourtant mais je sais que ça suffit largement des fois. Même si j’ai connu des moments difficiles, je sais qu’il y a tout un tas de gamins qui n’ont rien et qui méritent ce petit bonheur que je peux offrir. » Pour moi c’est même naturel de le faire. J’ai de l’argent à ne plus savoir quoi en faire, je fais des dons aussi souvent que possible, mais ça reste moins que d’offrir une petite dose de bonheur à des enfants lorsque je le peux. Luis choisit ce moment pour se garer non loin et m’aider à m’installer dans la voiture. Il nous observe, je le vois, alors qu’Oliana pose sa tête contre mon épaule et que ma joue va à sa rencontre. « Tu nous emmènes ou alors ? », « Un petit restaurant italien dont on m’a parlé. Il parait que hormis leurs pizzas, les pâtes y sont excellentes comme leurs glaces. Je me suis dit que ça serait pas mal qu’on essaye tous les deux. » Une découverte seulement tous les deux. De nouveaux souvenirs que nous nous créons. Un restaurant ça parait ne pas être grand-chose comme ça, mais ça compte tout de même. Qui nous dit que nous n’allons pas adorer et faire de cet endroit le nôtre ? Celui où nous pourrions aimer nous retrouver en tête-à-tête ? Je veux essayer de nouvelles choses et je veux le faire avec elle, prouver à Oliana que j’ai envie de la retrouver. Pleinement. Nos petits pas, encore et toujours. « J’aurai une surprise pour toi. » Curieux et surpris qu’elle m’offre un cadeau – même si j’y ai aussi pensé – je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche qu’elle reprend : « Me fais pas ces yeux, tu sais très bien que Noël sans un cadeau, c’est pas vraiment Noël. J’ai simplement pas pu l’emmener avec moi, alors il va te falloir venir jusqu’à chez moi pour la découvrir » Mes sourcils se froncent un peu plus. « Qu’est-ce que tu peux bien vouloir m’offrir qui doit attendre qu’on aille chez toi ? » Je pose vraiment la question mais je sais qu’elle n’y répondra pas. Je continue de me le demander même au restaurant et ce malgré le bon moment que nous passons. Comme je l’espérais, les plats sont divins, que des produits frais que nous dévorons et qui me laissent à peine la place pour une bonne glace. Comblé, heureux, je finis tout de même par me souvenir de ce que je trimbale sur moi et le sors de ma poche avant que nos glaces n’arrivent. « Je n’avais pas oublié non plus. » Dis-je en voyant le regard surpris d’Oliana se poser sur moi puis sur la petite boîte emballée que j’ai fait glisser jusqu’à elle. « Je t’avoue que je ne savais pas si ça pourrait te plaire et que j’ai encore un peu peur que ça ne soit pas le cas mais le voyant j’ai su qu’il serait parfait pour toi. » Il ne me reste plus qu’à prier pour que je ne me sois pas trompé et que ça ne soit pas un trop au stade où en est notre relation.
Ça fait du bien de le retrouver pleinement. De ne pas avoir peur de dire les choses sans réfléchir à deux fois avant, comme avant. Ca fait du bien d’être proche et plus tactile sans avoir à réfléchir sur le sens de nos actions, comme avant. De ne pas avoir peur des jugements des autres face à notre relation, comme avant. Nous sommes que nous, et c’est le plus important. Je sais que ce soir, je viens de franchir un nouveau cap, un cap qui ne me fait aucunement peur, parce que je sais que nous sommes tous les deux dans le même panier. Je sais que cette fois, il est prêt à ne plus me lâcher, à ne plus me faire du mal. « Ce n’est pas grand-chose pourtant mais je sais que ça suffit des fois. Même si j’ai connu des moments difficiles, je sais qu’il y a tout un tas de gamins qui n’ont rien et qui mérite ce petit bonheur que je peux offrir » Je sais qu’il a beau le masquer parfois, j’ai toujours su qu’il avait un grand cœur. Un cœur qui fera toujours passer les gens avant le sien, quitte à se mettre en retrait. J’ai compris bien après qu’il avait fait de même avec moi. Après notre accident. Mais j’ai du d’abord encaisser ses mensonges et les blessures qu’il avait laissé pendant des mois avant de réellement comprendre. Je souris, en acquiesçant, ne sachant pas quoi répondre à ça. Il a entièrement raison, et l’estime que j’ai pour cet homme se gonfle encore un peu plus. Dans la voiture, enfin installés l’un près de l’autre, j’ose demander où il nous emmène. « Un petit restaurant italien dont on m’a parlé. Il parfait que hormis leurs pizzas, les pâtes y sont excellentes comme leurs glaces. Je me suis dit que ça serait pas mal qu’on essaye tous les deux. » « Je commencerai peut-être par mon dessert alors » Je souris, la tête toujours son épaule qu’il ne me voit pas. A la place, je viens saisir sa main et joue avec ses doigts, puis avec les lignes de sa paume que je trace une dizaine de fois. Je finis par lui confier que j’ai une surprise pour lui avant de relever la tête qui me dévisage. « Qu’est-ce que tu peux bien vouloir m’offrir qui doit attendre qu’on aille chez toi ? » J’hausse les épaules, sans émettre une once d’indices. Bon sang que j’ai hâte de voir sa tête ! Je suis anxieuse rien qu’à l’idée de lui montrer ; Les filles m’ont assuré qu’il en rêvait encore mais…était-ce vraiment encore le cas ? « Faut y aller pour le découvrir »
C’est avec de la taquinerie, un regard profond et un sourire presque trop joviale que je passe la soirée. On parle de beaucoup de chose, mais surtout de rien. On se taquine, on se cherche, on rit, alors que nos regards ne cessent de dévoiler ce que nos cœurs continuent de crier, en silence. Repas mangés sans regrets, c’est avec envie que j’attends maintenant les glaces pour clôturer ce merveilleux repas. « Je n’avais pas oublié non plus » Je fronce des sourcils en voyant qu’il sort de sa veste une boite. Je saisis la boite qu’il a fait glissé jusqu’à moi, les mains tremblantes. Je n’avais pas spécialement pensé qu’il m’avait acheté quelque chose, parce que…je n’en demandais rien. Mais ma devise me revient : Noël sans cadeau, ce n’est pas Noël. « Je t’avoue que je ne savais pas si ça pourrait te plaire et que j’ai encore un peu peur que ça soit pas le cas mais le voyant j’ai su qu’il serait parfait pour toi. » Intriguée, je le regarde une seconde avant de me concentrer sur la petite boite. « Tu m’intrigues » je murmures plus à moi-même qu’à lui, alors que j’entreprends de l’ouvrir. J’y découvrir un joli collier, originale et traditionnelle à la fois. Je le regarde émerveillée avant de reporter mon attention… « C’est…une topaze bleu ? » Je relève la tête vers lui alors qu’il me sourit et acquiesce. Ma pierre de naissance. Décidément, Décembre signifie bien plus pour nous deux qu’il signifie pour moi toute seule. « Je l’adore ! » dis-je alors qu’en souriant je finis par le sortir de la boite et commence à l’enfiler. Je n’attends pas à ce qu’il m’aide, avec sa chaise, on risque de passer pour des abrutis qu’autre chose, mais lorsque je finis par y arriver, je relâche mes cheveux bloqués pour le porter correctement. Je passe la main dessus alors qu’un collier avec ma bague de fiançailles est toujours porté. « Merci… » Je me lève totalement, alors qu’il recule légèrement comme comprenant mon intention. Je me rassois cette fois-ci sur ses jambes sans invitation, sans peur et vient délicatement poser mes lèvres sur les siennes. Mes mains glissent sur ses épaules. Je me fou des gens extérieurs, de ce que ça pourra impliquer. Je veux juste pouvoir l’embrasser, et comme la première fois tout mon corps est en alerte et en plaisir intense. Lorsque je le quitte, il me dévisage de peur que je sois à boute de souffle : « Tout va bien… » J’ajoute en souriant. « Merveilleusement bien, même. C’est parfait. » C’est à ce moment précis que la serveuse arrive avec nos glaces, le regard enjoué de me retrouver sur les genoux et gênée de nous interrompre. « Aaah, enfin ! » Je m’extirpe de Cameron, sa chaleur me quittant déjà, avant de me rasseoir. Je goûte la mienne sans plus attendre et fond d’extase : « Moi qui pensait que ça pouvait pas être plus parfait ! »
I don't want a lot for Christmas There is just one thing I need I don't care about the presents Underneath the Christmas tree I just want you for my own More than you could ever know.
Ce restaurant se passe nettement mieux que notre second premier rendez-vous chez moi. Le temps y est pour beaucoup. Avoir pu discuter, nous rapprocher doucement, c’était ce dont nous avions besoin pour prendre un peu plus confiance en nous. Être dehors joue aussi. Ce n’est pas la même chose, pas la même sensation. C’est une étape importante, une preuve que nous sommes prêts à aller de l’avant. Elle me l’a prouvé par ce baiser inattendu qu’elle m’a offert. Ce baiser qui a réanimé des parties encore mortes de mon cœur et de ma tête. Je ne dirais pas que je suis parfaitement serein quant à notre avenir, avec notre passé je préfère être prévoyant, mais il est nettement plus brillant et plus beau qu’il y a quelques mois. Quand on y pense, cette période de l’année a toujours été particulière pour nous. Son amour pour Noël est ce qui m’a permis de choisir la date idéale pour la demander en mariage alors que nous étions en vacances en France. C’est aussi très proche de son anniversaire. Tout est fait pour que ce mois soit l’un des meilleurs. Il est presque logique que notre véritablement rencard – le meilleur – se déroule par-là. A croire que c’était écrit quelque part même si je ne suis pas du genre à croire à ces conneries. Si le destin existe autant dire que le mien était bien merdique jusqu’à présent. La seule lueur étant la femme que j’ai failli perdre. Mais nous sommes là à présent, heureux et rayonnants. L’unique raison de mon angoisse repose désormais sur sa réaction face à son cadeau. Je tenais à marquer le coup, à lui offrir quelque chose de significatif. Je voulais un présent à la fois fort et discret. En voyant ce collier dans la vitrine, j’ai su qu’il serait parfait. Etant née au mois de décembre, la topaze bleue est sa pierre. C’est l’élément central du bijou avec des pierres plus petites et plus discrètes ailleurs. Mais n’est-ce pas trop ? Un bijou dans une relation comme la nôtre est peut-être trop important … Avec mon habitude pour me poser mille questions quand il s’agit d’Oliana, la peur ne me quitte pas lorsqu’elle l’ouvre. « C’est … une topaze bleue ? » Pourvu que mon sourire ressemble bien à ça et pas à une espèce de grimace quand je lui confirme sans un mot. « Je l’adore ! » Soulagé, je respire enfin. Oliana s’empresse de le sortir de sa boîte pour le porter. J’aurais aimé l’y aider, en profiter un peu, mais avec mon fauteuil et les tables alentour, ça aurait été une galère et ça aurait trop attiré l’attention. Celle aux illuminations était suffisante pour ce soir.
Le collier retombe parfaitement sur sa peau et est aussi discret que je le souhaitais. En d’autres termes, il lui va à ravir. « Merci … », « Ce n’est pas grand-chose ! » Rétorqué-je, la brune se levant déjà pour me rejoindre. Finalement, nous allons tout de même attirer l’attention mais si c’est pour l’avoir contre moi, le reste du monde peut bien aller se faire voir. Il me suffit de sentir son souffle sur mes lèvres pour céder complètement, emporté dans un autre monde rien qu’à nous. Tout naturellement, je vais caresser sa joue, comme une façon de la garder près de moi aussi longtemps que possible. Jusqu’à me rappeler son besoin de respirer que nous oublions à chaque fois que nos bouches se trouvent. Après ce qui est arrivé plus tôt dans la soirée, je la dévisage avec inquiétude sans me préoccuper de la lui cacher. « Tout va bien … Merveilleusement bien, même. C’est parfait. » Je me détends et sens la tension dans mes épaules s’évanouir. Mes lèvres s’entrouvrent, prêt à répliquer, quand la serveuse revient avec notre dessert. Réalisant que nous ne pouvons pas les manger ainsi et pour éviter que la jeune femme se sente plus mal à l’aise de nous interrompre qu’elle ne l’est déjà, Oliana se relève. « Aaah, enfin ! » Le froid provoqué par son absence me fait frissonner mais je continue de sourire, à la fois pour le cacher mais aussi très heureux de la tournure que prend cette soirée. « Moi qui pensais que ça pouvait pas être plus parfait ! » Son extase en mangeant sa glace me fait un effet que je peine à contenir. J’essaye de ne pas m’agiter sur mon fauteuil, mon regard rivé sur son visage détendu et heureux. Plusieurs mois sans sexe, ça devient frustrant et la moindre petite chose suffit à me donner envie. Je fais disparaitre ça avec une cuillère de glace et m’assure ainsi de ne pas avoir la voix enrouée. « Je ne suis pas très doué quand il s’agit de mes sentiments et j’ignore si je suis aussi démonstrateur que tu le voudrais. » Je m’interromps pour reprendre une cuillère. « Je voulais que tu saches que tout ça, notre relation, l’avancée que nous faisons, ça compte pour moi et que j’y fais attention. » De ma main libre, j’attrape la sienne. « Tu compteras toujours plus que je ne saurais jamais le dire. » Ça sonne sans doute un peu trop mielleux, un peu trop romantique, surtout pour moi, c’est seulement la preuve qu’elle sait faire de moi un homme meilleur. « Maintenant je suis encore plus impatient de finir cette glace et d’aller chez toi découvrir mon cadeau. » Un vrai gamin. Tout aussi impatient.
Cette soirée me surprend de plus en plus. Mais en bien. Elle n’a rien à voir avec notre tout premier rendez-vous qui date de quelques semaines. Nous étions sans doute trop fragiles, encore. Même si nous avions passé la soirée ensemble, nous étions peu à l’aise. Heureusement, le temps a fait sa magie. On parle plus, on s’appelle tous les soirs. Progressivement, la confiance revient. Envers l’autre, mais surtout envers nous-même. Et c’est ce qui nous manquait à tous les deux : d’être assez confiant en nous pour pouvoir pleinement passer une bonne soirée. Aujourd’hui, c’est différent. Je suis nettement plus moi-même, mieux dans mes baskets, mieux avec lui. Je lui parle beaucoup plus, à cœur ouvert. Avoir franchi la barrière du premier baiser a fini par nous lier un peu plus. Maintenant, j’ai l’impression d’être pleinement moi-même. D’agir comme bon me semble, sans avoir à être gênée ou penser qu’il le sera. Profitant de ma glace, je suis cependant intriguée lorsqu’il reprend : « Je ne suis pas très doué quand il s’agit de mes sentiments et j’ignore si je suis aussi démonstrateur que tu le voudrais…Je voulais que tu saches que tout ça, notre relation, l’avancée que nous faisons, ça compte pour moi et que j’y fais attention. Tu comptes toujours plus que je ne saurais jamais le dire. » Sa main s’avance, attrape la mienne et la caresse. Mes yeux eux sont capturés par les siens sans que je ne sache quoi dire. Je sais que c’est sa manière à lui de me dire qu’il tient à moi, que quelque part son amour n’a rien changé et qu’il est là. Je sais qu’il aimerait me dire qu’il m’aime mais c’est trop tôt, et il en a conscience. Alors, il le formule différemment, assez pour me rassurer et me réchauffer le cœur. Comme je sais qu’un jour, je sais que j’arriverai à lui dire les quelques mots qu’il souhaite entendre, mais pour le moment, la patience est de rigueur. Je réponds, cependant : « ça compte pour moi, aussi. Plus que tout » Parce que s’il y a bien une chose dont je suis sûr aujourd’hui dans ma vie, c’est lui. Pas de ma carrière. Pas de ma famille, surtout avec les parents. Pas de ma santé, ni de sa longévité. Je suis juste certaine que je veux être avec lui. « Maintenant, je suis encore plus impatient de finir cette glace et d’aller chez toi découvrir mon cadeau. » Je souris en continuant de manger ma glace. « Hm…je pense qu’il va te plaire » J’en rajoute, parce qu’au fond, je l’espère vraiment.
J’ai beaucoup trop mangé. Dans la voiture, encore proche de Cameron, je vois défiler les lumières de la rue sous mes yeux, alors que le silence est retombée. Seule la main de Cameron qui trace des cercles imaginaires sur ma cuisse me fait garder un pied dans cette réalité. Cette soirée a été magique, si bien que je n’ai clairement pas envie qu’elle ne se termine de suite. Je finis par relever la tête, ce qui fait un peu sursauter Cameron. « Luis ? » Je croise son regard dans le rétroviseur. « Oui, mademoiselle Lennox ? » « Oliana ! » dis-je encore une fois mais visiblement, il n’a pas l’air de vouloir m’appeler par mon prénom. « Je pense que vous pouvez rentrer chez vous, après nous avoir déposé. » Il me regarde, et tente de regarder Cameron en guise d’approbation. Mais je ne lui laisse pas le choix, j’ai envie de passer la nuit avec lui, comme avant. A discuter de rien, jusqu’à s’effondrer d’épuisement. Je quitte le rétroviseur pour regarder Cameron qui me dévisage et, je n’ajoute qu’un : « Comme avant… » Ce qui finit par le convaincre et confirme à Luis qu’il pourra rentrer ensuite.
« Attends-là ! » Je sais que nous sommes seuls dans l’appartement. Luisa est chez sa famille, même si elle m’a assuré qu’elle n’était pas certaine de dormir chez son père. Mais le silence de mon appart’ est un peu pesant en sachant que je suis sur le point de lui révéler son cadeau. J’ai seulement besoin d’abord de m’assurer qu’il n’a pas bougé et pas fait des bêtises. J’ouvre la porte de ma chambre, en faisant bien attention avant de m’y glisser. Le petit chiot n’est pas en vue, mais je sais exactement où il est. Emmitoufler entre ma couette et mon oreiller, il prend cette place comme un panier depuis que je l’ai récupéré. Je le caresse ce qui le réveille légèrement. « Il est temps de te montrer à ton propriétaire » je chuchote alors qu’il baille grandement. Je sors de ma table de chevet un petit ruban que je lui place autour de son ventre et le prends dans mes bras. Il est déjà en train de me lécher le visage lorsque je me relève. Je souris, mais au fond, je commençais à m’y habituer à cette petite boule de poil. Devant la porte, je soupire à moi-même : « allez, soyons fort ! » Il continue de me lécher tout en couinant légèrement. Ma main sur la poignée tremble un peu mais je la tourne pour finalement retrouver Cameron impatient dont le regard intense me dévisage. « Joyeux Noël, Cameron » Figée, j’attends qu’il réagisse. J’ai le cœur serré, l’estomac noué en plus de tout ce que j’ai mangé, parce que j’ai simplement peur qu’il le rejette.
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« Ça compte pour moi, aussi. Plus que tout » C’est tout ce que j’ai besoin d’entendre. Pas qu’elle m’aime, seulement que ça compte pour elle. Je ne dis pas qu’entendre ces mots que nous avions pris l’habitude de nous dire ne me manquent pas, mais étant donné l’évolution de notre relation savoir qu’avancer comme nous le faisons compte pour elle … eh bien ça vaut presque le "je t’aime" que j’aimais l’entendre me dire. Il me faut cette constante dans ma vie pour ne pas sombrer. Je l’ai réalisé à la minute où j’ai vu dans son regard une certaine incompréhension quant à la raison de ma présence dans sa chambre d’hôpital. J’ai alors perdu le seul repère dont j’avais réellement besoin pour avancer et les jours suivants – les mois même – ont été catastrophiques. Redevenu l’enfoiré et don juan que j’étais avant elle, avant de réaliser mes sentiments pour elle, je me suis un peu plus enfoncé, me laissant couler vers le fond plutôt que de me battre pour garder la tête hors de l’eau. Quelque part c’était plus simple de faire ainsi. J’étais trop fatigué pour faire preuve de courage. Et puis un miracle s’est produit. Après de nouvelles douleurs, j’ai commencé à voir la lumière au bout du tunnel. C’est elle ma lumière et même si le penser m’est aisé, le dire clairement me demande beaucoup plus de travail. Je n’ai jamais été doué pour exprimer verbalement mes sentiments. Ça se passe généralement par des gestes, des attentions, un peu comme ce soir avec ce collier. Forcément, savoir que ça lui fait plaisir, que ça compte, ça vaut tous les cadeaux du monde. « Hm … je pense qu’il va te plaire » Curieux d’en savoir plus, de découvrir mon cadeau, je termine ma glace et nous retrouvons quelques minutes plus tard le confort de la voiture. Ventre plein, en pleine digestion et pleine réflexion, je laisse seulement mon index dessiner des formes au hasard sur la cuisse d’Oliana près de moi. Seule la radio vient briser le silence dans l’habitacle, du moins jusqu’à ce que la jeune femme se redresse et me sorte de mes pensées dans un petit sursaut. J’assiste ensuite rapidement au combat de la brune pour se faire appeler par son prénom et souris en sachant que Luis ne cédera jamais, trop professionnel pour ça. « Je pense que vous pouvez rentrer chez vous, après nous avoir déposé. » Étonné de cette assurance et de cette information, Luis et moi échangeons un regard avant que je ne détourne mon attention vers elle. Elle veut réellement que je passe la nuit chez elle ?
Est-ce une bonne idée ? Et alors que je réfléchis trop, elle termine de me convaincre en ajoutant : « Comme avant … » Léger mais visible, un sourire étire alors mes lèvres. « Ça ira pour moi, Luis. » Confirmai-je alors que mon chauffeur agite la tête pour me faire comprendre silence qu’il a compris. Quelques minutes plus tard, la voiture est déjà très loin tandis qu’Oliana et moi nous trouvons déjà dans son appartement. Rares sont les fois où je suis venu ici mais c’est nettement plus cosy et agréable que chez moi. « Attends-là ! », « D’accord … » J’ignore totalement à quoi m’attendre alors que je patiente sagement dans son salon en tournant la tête pour observer le décor ici et là. Je devrais penser à mettre plus de photos et de babioles chez moi, ça donnerait plus d’âme à mon appartement. Je suis encore en train de réfléchir à ce que je pourrais améliorer chez moi quand la porte de la chambre d’Oliana s’ouvre et qu’elle en sort … accompagnée d’un chiot. « Joyeux Noël, Cameron » Bouche bée, mon regard voyage du chiot à la jeune femme, puis inversement. « Tu … » Sans terminer ma phrase, je continue de fixer le chiot et son ruban autour du ventre. Elle m’offre un chiot pour Noël. Suis-je en train d’halluciner ? De rêver complètement cette soirée ? Je me pince et grogne en sentant la douleur qui me prouve que je suis réveillé. Et puis je réalise que ma réaction doit la faire encore plus paniquer qu’elle ne l’est déjà alors je souris. « Je ne pensais pas que tu t’en souvenais ! Enfin j’en parlais souvent gamin mais … ça remonte et la dernière fois qu’on en a parlé … Disons que tu ne t’en souviens pas. » Je rêve d’avoir un chien depuis aussi loin que remonte ma mémoire mais je n’ai jamais osé sauter le pas. Et voilà que cette femme merveilleuse réalise un rêve aussi naturellement que si elle m’avait offert un livre. « Est-ce que … Je peux le prendre ? » Mon sourire s’élargit à l’idée d’avoir cette petite boule de poils toute adorable sur mes genoux. Merde, je suis comme un gamin qui viendrait de recevoir le plus beau cadeau au monde. Le chien passant des bras d’Oliana aux miens, j’ai immédiatement le droit à un coup de langue qui me fait rire. « Oui, moi aussi je suis content de te connaître. » Dis-je en caressant affectueusement la tête du chiot qui s’agite d’autant plus. « Cette adorable petite bête a un prénom ? » Finis-je par demander en posant mon regard heureux et brillant sur Oliana qui nous observe avec une tendresse indéniable. « Merci … » Soufflé-je enfin. « C’est juste … c’est parfait ! »
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Lun 16 Déc - 10:17