Aujourd’hui, nous étions le 15 avril, et c’était le jour de l’anniversaire de Magdalena. Clairement, quoi qu’il puisse réellement advenir de mon couple, jamais je ne pourrais oublier cette date. Magdalena était la femme de ma vie et avoir dû lui mentir, lui faire croire que je l’avais trompé, dans le simple but de la protéger, n’était pas facile à vivre tous les jours. Elle me détestait, et elle avait raison vu ce qu’elle pensait que je lui avais fait. Et pire que de l’avoir simplement trompée, je lui avais fait un enfant dans le dos. Evidemment, tout cela n’était pas vrai, je ne l’avais pas trompé, mais elle n’en savait encore rien et je ne croyais pas qu’elle serait prête à m’écouter lui avouer un jour. C’était le premier anniversaire de Mag depuis que j’étais sortie de prison, et même si j’avais conscience qu’elle n’aurait certainement pas envie de me voir et que je ne serais pas bien accueillie en allant frapper à sa porte, mais j’en avais besoin, je voulais lui prouver que je l’aimais toujours. Et cet amour que je lui portais, jamais il ne changerait ou ne disparaîtrait. Même si elle avait toute cette haine et cette colère envers moi, je ne m’avouais pas vaincue et je me battrais pour retrouver l’amour de ma vie. En plus, l’idée que l’on ne reste pas en bon terme ne me convenait pas, déjà parce que je n’arrivais pas à accepter d’être en froid avec Mag, mais aussi par rapport à Aliénor. Magda s’en était occupée depuis quasiment sa naissance alors que j’étais partie en prison. Et elle l’avait élevée pendant trois ans. Clairement, Magda était plus la mère d’Ali que je ne l’étais moi-même et il n’était pas question pour moi de les priver l’une de l’autre, elles étaient si proches… et j’aimais la relation qu’elles avaient construites toutes les deux, même si je devais bien avouer que j’étais un peu jalouse parce que j’avais l’intime conviction que je ne serais jamais capable d’avoir cette relation avec ma fille biologique et ça me brisait le coeur tout de même. Bien que je risquais fortement de me faire claquer la porte au nez, si elle était chez elle, et si elle m’ouvrait la porte, je ne comptais pas lui rendre visite les mains vides. Je n’avais pas beaucoup de moyens mais je saurais me priver s’il le fallait si je pouvais lui faire plaisir. Pour l’occasion, j’avais choisi un bouquet de roses rouges pour lui prouver tout mon amour, mais également un bijou. J’avais eu un véritable coup de cœur pour un petit bracelet avec une petite gourmette sur laquelle j’avais fait graver le prénom d’Aliénor ainsi que sa date de naissance, j’avais bon espoir que ce cadeau lui fasse vraiment plaisir. Sur le trajet, j’avais à plusieurs reprises songé à faire demi-tour, mais je ne pouvais pas me dégonfler maintenant, il fallait que j’y aille. Puis je m’étais finalement retrouvée devant sa porte à laquelle j’avais frappé plusieurs fois. L’attente m’avait semblé interminable quand soudain la porte s’ouvrit enfin. J’esquissais un petit sourire qui fut de courte durée vu l’amabilité de Magda. Je soupirais doucement. Je savais que ça se passerait probablement de la sorte, mais j’avais toujours ce petit espoir que ça puisse s’arranger, un peu comme par magie. “Je sais… Je ne suis pas là pour ça. Je voulais juste…” Je cessais un moment de parler, je me sentais horriblement mal et je me disais clairement que je n’aurais pas dû venir. J’inspirais un grand coup pour me redonner un peu de courage pour continuer à parler. “Te souhaiter un joyeux anniversaire…” parvins-je à articuler en lui tendant le bouquet de roses ainsi que le petit sac contenant le bijou que j’avais choisi. Je restais alors statique face à elle, attendant de voir si elle prendrait mes cadeaux ou si elle allait me les jeter à la figure. J’optais plutôt pour la deuxième option, j’espérais vraiment me tromper.

Je savais pertinemment que Magdalena ne serait pas ravie de me voir débarquer chez elle pour lui souhaiter son anniversaire. Mais je tenais à le faire, à croire que j’aimais me faire jeter comme une vieille chaussette. Comme je l’avais présagé, Magdalena n’était pas contente de me voir. D’ailleurs elle mentionna même le fait que j’aurais pu lui envoyer un simple message ou pire, que j’aurais pu ne pas lui souhaiter son anniversaire du tout. Ce sur quoi elle appuya et qui me fit très mal, c’est quand elle mentionna le fait que la seule raison pour laquelle nous étions encore en contact, c’était parce qu’il y avait Alienor. Je soupirais doucement aux mots de Magdalena, parce que je ne savais pas quoi lui répondre, et sans doute n’y avait-il absolument rien à répondre. Elle prenait un malin plaisir à me blesser avec ce qu’elle disait, et je ne pouvais rien y faire. Je fis les gros yeux quand elle évoqua le fait que je pouvais penser qu’elle était naïve. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi elle disait cela, mais jamais au grand jamais je n’avais pensé une telle chose à son sujet. « Je dois être vraiment stupide... En tout cas, je n’ai jamais pensé du mal de toi Mag’... » lui dis-je en baissant les yeux, parce que je me sentais terriblement mal à cause de toutes les piques qu’elle me lançait sans cesse. Je n’eus pas le temps de lui répondre quand elle me dit que je devrais garder mon argent pour Alienor car la petite fille débarqua aussitôt. J’avais l’impression que les deux étaient contre moi car les propos d’Alienor, que je pouvais totalement comprendre, me firent la sensation d’un coup de couteau en plein cœur. Visiblement je n’étais pas la bienvenue ici, autant pour Magdalena que pour Alienor. Je me sentais vraiment nulle et minable. Je n’avais pas envie de m’en aller, mais je croyais bien que je n’allais pas avoir le choix. J’avais espéré que cela se passe mieux aujourd’hui, je m’étais dit que peut-être pour son anniversaire Magdalena pourrait s’adoucir, mais je devais croire au Père Noël. Je haussais doucement les épaules puis regardais Magdalena et Alienor à tour de rôle, elles semblaient si bien l’une avec l’autre. « Ok, je vais vous laisser alors... » dis-je en sentant ma gorge se serrer et les larmes me monter aux yeux. Je faisais mon maximum pour ne pas craquer mais c’était trop dur, si bien qu’une larme roula sur ma joue et je m’empressais de l’essuyer aussitôt.