“Feel like I'm Drowning” & @Morgan Every
Je sens que l’ambiance est un peu plus détendue depuis qu’on est montés dans la chambre. Au début, y avait eu une sorte d’accrochage entre nous, finalement on était comme des cons en train de rire. Je m’y attendais pas, mais visiblement on était assez à bout de nerfs et pris dans des vies un peu trop tristes pour pouvoir se prendre la tête. Finalement, on s’était bien trouvés. Du moins c’était l’impression que j’avais. Instinctivement, je le regardais, je jetais des coups d’œil vers lui, pour détailler toutes les parties de son corps, chaque détail. L’alcool dans les veines et voilà que je me retrouvais à avoir des pensées qui allaient à cent à l’heure petit à petit. Je voulais en savoir plus sur lui, sur sa vie. Et c’était ce qu’il faisait. Il se confiait, me raconter des trucs. Des choses personnelles merde. La question classique de savoir s’il avait une copine traversait la barrière de mes lèvres. « Tu m’étonnes. » je rétorque quand il me sort que personne voudrait partager une vie aussi merdique. « J’te comprends. C’est plus simple comme ça. Pas d’attache, c’est simple, on s’prend pas la tête. » Je hausse les sourcils quand il me sort que ma chemise était dégueulasse et prend un air faussement énervé. Je lui donne un coup dans l’épaule. « Va te faire. » je lâche un rire franc avant de répondre à sa question : « Mais nan, pas d’meuf aussi. J’baise, c’est tout. Au moins, comme j’t’ai dit, pas d’attache. » et c’était un putain de mensonge. C’était juste une image que j’avais essayé de créer et de rendre crédible, surtout crédible pour moi. À force, j’en étais presque convaincu, que j’étais ce gars qui arrivait à trouver n’importe quelle meuf et à coucher avec sans chichi. C’était bien plus compliqué que ça. Et ça me faisait bien chier. Alors que je réfléchis déjà à ma connerie, je l’entends me dire qu’il serait curieux. Je pince mes lèvres et le regarde. Est-ce que j’aurais l’occasion de lui faire à bouffer un jour ? Pas sûr. Ce type, j’allais sûrement jamais le revoir de ma vie. Puis je commence à faire le gamin, j’éloigne la bouteille de lui, commençant à me sentir un peu joyeux, juste bien, détendu, après avoir vidé mon sac, loin du vacarme d’en bas. Je regarde son sourire, me surprend à le trouver beau, je me maudis intérieurement de pouvoir penser un truc comme ça pour un mec. Je me déteste, mais j’arrive pas à faire autrement. J’hausse les sourcils, voyant qu’il se redresse, qu’il a l’air de me défier. Puis je capte rien au moment où il me prend mon poignet. Je fais tomber mon gobelet, mais tiens fermement la bouteille dans mon autre main, j’ai l’impression de pas pouvoir résister et pour cause : Morgan est proche, tellement proche… « Tu fais chier… » je râle quand je vois qu’il me prend la bouteille, alors que je me suis perdu dans ses prunelles bleues le temps d’une seconde. Je ferme les yeux une seconde et pince l’arête de mon nez tout en rigolant comme un con en remarquant à quel point on a l’air de deux gamins. Et j’aime bien ça, étant du genre casse-cou et immature, même si l’ambiance est différente là. « J’gagne à chaque fois… » je souffle en reprenant un peu mon sérieux. De la main qu’il ne tient pas, j’attrape la bouteille presque vide de vodka et me tortille pour essayer de faire chavirer Morgan sur le lit. Je suis peut-être musclé, mais lui aussi. Je me calme une seconde en voyant qu’il a l’avantage. « Putain t’es du genre collant comme mec toi. Moi qui pensais que t'étais du genre solitaire vu ton air nonchalant. Tes potes doivent en avoir marre. » je me marre et bois une grosse gorgée de vodka. Je me suis sentit obligé de dire le mot pote, pour me convaincre moi-même que cette situation n'était pas du tout étrange. Elle ne l'était pas, non... C'était normal ! Pourquoi est-ce que je me prenais la tête ?! D'un coup, pris d’une énergie certaine, après avoir lâché la bouteille et qu’elle soit tombée par terre, j’arrive à retourner la situation. Il tombe sur le dos, je lui attrape les deux avant-bras, à califourchon sur lui. Un sourire sur les lèvres, je le regarde, le souffle légèrement plus fort que d’habitude. « T’as cru que t’allais m’avoir comme ça frérot ? » je dis en ricanant légèrement, avant de lâche ses poignets, trouvant cette proximité légèrement étourdissante. Putain, mais qu’est-ce qui me prend ?
 

code by solosands

“Feel like I'm Drowning” & @Morgan Every
Pas d’attache ouais, c’était une connerie les attaches. Les seules fois où j’en avais eu, ça s’était retourné contre moi, mon père avait bien fait en sorte de me couper toutes les attaches qu’il n’avait pas décidées pour moi. Alors valait mieux faire cavalier seul dans ce bas monde. Je savais que je pouvais compter sur mon frère et mes sœurs. Mais les autres ? Pour le moment personne n’avait été digne d’avoir ma confiance, si ce n’était que très partiellement. « Ah ouais ? » je demande, tout à coup curieux. Pas concluant ? Bizarre. Il a pas une sale gueule, loin de là, il est même plutôt… Enfin, c’est un mec quoi. Comme moi. Il a son truc à lui, comme j’ai mon truc à moi. Le charme des yeux bleus devait pourtant y faire pour beaucoup ? Comme son métier de cuistot. En tout cas, pour moi, ça aurait fait pencher la balance. S’il était une meuf bien sûr ! Et voilà qu’on se met à se battre comme des gamins, comme quand j’étais gosse avec Élio, ou avec mes potes à l’adolescence, on se battait et on se faisait mal pour se faire mal, comme des petits cons au final. Et moi, j’avais toujours adoré ça, la bagarre, faire le con, grimper un peu partout, aller dans des endroits interdits aussi, bref, sortir des sentiers battus et faire ce qui bon me semblait. J’avais l’impression de retrouver cette innocence le temps de quelques minutes, avec de l’alcool en plus. Puis y a ce genre de moment, où on s’arrête tous les deux, où le temps semble être suspendu, suspendu à nos regards, à nos respirations, à nos battements de cœur. Le mien tambourine dans ma poitrine à chaque fois que nous bougeons comme ça l’un contre l’autre. Et j’ai l’impression de ne pas vraiment capter sur le moment, trop pris par mes rires et le fait que je puisse vider mon esprit le temps d’une soirée. « Ouais, à chaque fois. » je lui dis avec un air tout fier. Mais il résiste le con, putain. En même temps, je suis pas vraiment dans une position où il m’est possible de prendre l’avantage. Est-ce qu’on est vraiment pote ? Il vient de dire ça et je me pose la question, alors que d’habitude ça m’aurait semblé être une information futile, pas intéressante. Après tout, on n’allait sûrement jamais se revoir, nan ? Donc qu’est-ce que ça pouvait me foutre qu’on soit pote ou pas. « Ouais bah ça se voit que t’as pas le contact facile… Tu m’fais penser à un ours mec. » je lâche un petit rire puis pince mes lèvres, assez fier de ma comparaison. Puis je prends l’avantage grâce à la bouteille, comme quoi l’alcool aide. J’arrive à monter sur lui, mes muscles se tendent alors que je le retiens, il est sous moi, son entre-jambe contre la mienne, je me laisse juste porter par nos gamineries, mais au fond de moi j’ai l’impression que je fais une connerie, je m’aventure sur un terrain dangereux, un terrain que j’essaye d’éviter depuis des années. Sauf que l’alcool me rend joyeux, alors je calcule pas trop. Morgan, lui, a l’air bien plus sérieux, alors mon sourire s’efface, sans comprendre. Puis il inverse encore la situation. Mais l’ambiance est bien différente maintenant. C’est étrange. Mes pupilles se posent sur ses lèvres. Pourquoi ? Putain, ma voix intérieure me hurle que ça ne va pas, que je fais une connerie, mais mon corps, lui, ne bouge pas d’un pouce. « Sinon quoi ? » je souffle simplement alors que je sens son souffle s’écraser sur mon visage. Je déglutis difficilement en le regardant. Mon rythme cardiaque s’est accéléré d’un coup.
 

code by solosands

“Feel like I'm Drowning” & @Morgan Every
Visiblement il n’avait pas envie de répondre et je pouvais pas lui en vouloir, j’avais fait la même un peu plus tôt, avant de me confier vraiment sur pourquoi ma journée -et même ces dernières semaines- étaient complètement merdiques. On se bat, voilà que je le traite d’ours, c’est un peu le premier truc qui est venu en le voyant. Et maintenant que j’y repense, quand il était adossé à ce muret pour fumer sa clope, il ressemblait vraiment à ce genre de personne complètement inaccessible, enfoncé dans son monde solitaire, nonchalant et froid, à l’abri de tout. Alors ouais, si je devais lui donner un animal totem, ce serait clairement l’ours. Et quand il me dit que c’est le plus beau compliment qu’on lui ait fait, je me mets à rire aussi, je ris aux éclats comme lui. Là, comme ça, j’ai l’impression qu’on se connaît depuis dix ans, qu’on partage une amitié profonde. J’ai l’impression que cette pièce nous enveloppe dans une atmosphère qui est la nôtre, où l’on peut se confier, se regarder, boire et rigoler comme des gamins. Pourtant, quelqu’un pourrait rentrer à tout instant, mais ça ne m’effleure pas l’esprit une seule seconde, la seule chose que je vois ce sont ses deux yeux bleus, son corps contre le mien, ses muscles qui se tendent pour qu’il reprenne l’avantage face à moi. Et je me sens putain de vulnérable, comme si ce qui était en train d’arriver était inévitable, logique, plaisant. Mais il y aussi une part d’ombre qui me détruit de l’intérieur. Sauf que je me laisse faire, parce que ouais, j’en ai envie aussi et que là, avec l’alcool dans le sang, j’ai l’impression d’en avoir rien à foutre qu’il soit aussi proche, que je puisse sentir son souffle chaud contre le mien. Il ne répond pas à ma question et il s’approche. Son haleine sens la vodka qu’on vient de boire, sûrement comme la mienne. Et tout ce que j’ai tenté de retenir au plus profond de mon être vole en éclat quand ses lèvres ses posent sur les miennes. Mes yeux se ferment, je savoure, ma langue se fraye un chemin jusqu’à la sienne. Puis le baiser devant plus dur, plus charnel au moment où ma main vient attraper les cheveux bruns de Morgan. Mes doigts s’enroulent dans les mèches de ses cheveux, je frissonne. Puis mes muscles se mettent à trembler. J’ouvre les yeux. Puis je réalise ce qui se passe. « Cazzo di merda ! » je m’écris avant de pousser Morgan avec force. Je m’écarte de lui en passant mes mains dans mes cheveux. Je sens que mes mains tremblent, je sens que je suis à bout de souffle. « Putain, putain, putain… » je souffle en sortant du lit, en commençant à faire les cent pas. Je shoot dans la bouteille de vodka au sol qui vient se loger sous le lit. Je l’entends se briser, mais c’est le dernier de mes problèmes. Je sens que mon corps a apprécié ce qui vient de se passer c’est probablement le pire truc au monde. Mes sourcils se froncent, je pose mon regard sombre sur lui, serre les poings. « Pourquoi t’as fait ça connard ?! » je lui jette à la gueule en m’approchant de lui à toute vitesse. Mais je m’arrête à quelques centimètres du lit.
 

code by solosands

“Feel like I'm Drowning” & @Morgan Every
Je m’étais laissé aller. Et lui aussi. Et putain, ça avait été le plus beau baiser de toute ma vie sans doute. Jamais je n’avais ressenti ça, même si ça m’arrachait les tripes de le penser. Mais merde, j’avais eu l’impression de revivre. Ses lèvres sur les miennes m’avaient d’abord fait louper un battement de cœur, avant que je ne plonge un peu plus, que je sente sa langue contre la mienne, me provoquant des frissons. Mais c’était bien trop beau pour être vrai. Peut-être que si ça avait été une meuf, ça m’aurait juste facilité la tâche. Sauf que ce genre de baiser, j’aurais jamais pu le ressentir avec une fille et je le savais pertinemment au plus profond de moi. Et peut-être même que je n’aurais jamais pu le ressentir avec une autre personne. Alors voilà que je réalise, que je me lève, que les nerfs montent. C’est lui qui m’a foncé dessus, c’est lui qui m’a fait ressentir ça. Il a fait remonter tous les souvenirs, tous les problèmes, alors que tout ce que je voulais c’était oublier l’espace d’une soirée. Et comme d’habitude, la réalité revenait me faire chier. Il avait tout gâché ce connard. Je le pointe d’un doigt accusateur une seconde tout en l’insultant, l’envie de lui sauter dessus se faisant de plus en plus pressante. Mais putain, qu’est-ce que j’aurais aimé que cette sensation de chaleur que j’avais ressentie et qui s’était propagé continue encore et encore. C’est contradictoire dans ma tête, entre la liberté que m’a offerte ce geste et la haine et les remords qu’il a fait remonter. Je le vois remettre ses chaussures, mais hors de question qu’il se casse comme ça. En le voyant se diriger vers la sortie, alors qu’il sort une excuse à la con, je me précipite et pose ma main contre la porte pour empêcher qu’il l’ouvre. Je le regarde dans les yeux, puis c’est plus fort que moi, je le pousse. Et je repointe mon doigt sur lui alors que la colère doit probablement déformer mon visage. « T’es un putain de gay c’est ça hein ?! » je lui hurle presque dessus. J’en ai absolument rien à foutre que quelqu’un puisse m’entendre. « C’était quoi ton plan à la con ? Tu voulais m’pécho ? Tu croyais que j’étais comme toi sale con ?! » je le repousse une nouvelle fois, plus fort. Puis je le regarde, le souffle coupé. Ses yeux, c’est ses putains de yeux qui m’ont eu. Et qui vont encore m’avoir. Je m’approche de lui rapidement. Je m’apprête à le frapper au visage, je sais qu’il ne va pas se laisser faire. Je regarde ses lèvres. Ma tête est vide d’un coup, je ne sais plus quoi penser et ça doit se voir. Il n’y a que le bruit de nos respirations. Puis je plaque violemment ma bouche contre la sienne une nouvelle fois.
 

code by solosands

“Feel like I'm Drowning” & @Morgan Every
C’est violent, mais je n’arrive pas à faire autrement, partagé entre envie et haine. Il me pousse, je le pousse aussi, il ne fait que faire grandir tout ce qui se bat en moi. Toutes mes émotions se mélangent, sans parler de l’alcool. Je sais pas ce qui se passe dans cette chambre, mais c’est parti en vrille beaucoup trop vite. Et j’en redemande, sans savoir pourquoi, alors que je ne voulais qu’une chose : le faire payer d’avoir tout ruiné comme ça. Sauf qu’il me fait perdre la tête, mes yeux se perdent dans les siens, son corps semble presque m’appeler malgré son envie grandissante de partir et la colère qui me ronge de l’intérieur. Alors je l’embrasse à pleine bouche, sans calculer, en me rendant compte que mes pensées sont en vrilles et que j’ai brisé toutes ces années d’abstinence, toutes ces années de guérison, celles où je pensais être enfin passé à autre chose. Tout gâché en une soirée, à cause d’une personne. Tandis qu’il attrape mon t-shirt, je l’imite pour m’accrocher au col de son haut, puis il me pousse contre le mur. Le geste n’est pas tendre, tout comme son baiser. Je lâche son t-shirt pour attraper ses mèches de cheveux avec poigne. Et je soupire en sentant ses lèvres s’écraser sur les miennes, j’essaye de reprendre mon souffle, mais fond de nouveau sur lui en entremêlant ma langue avec la sienne. Ma main vient glisser sous son t-shirt et entre en contact avec sa peau chaude. Ce contact me procure une vague de frisson dans tout mon corps. Je ne sais pas ce qui me prend, mais j’ai l’impression de ne plus réfléchir, sachant que si je reviens à la réalité, elle sera trop dure à accepter. Alors je multiplie mes caresses et mes baisers, je tire légèrement ses cheveux, ma bouche descend jusque dans son cou pour venir la mordiller alors que je sens son souffle chaud contre mon visage. J’ai l’impression de me redécouvrir, mais j’ai aussi peur de ce qui se passera une fois que j’aurais compris que je suis allé bien trop loin. La soirée pourrait particulièrement mal finir. Je ne me laisse pas le temps de réfléchir, je coupe court à notre baiser et attrape ses poignets, puis inverse notre position pour qu’il se retrouve lui plaquer contre le mur derrière. Mes pulsions me font agir et contrôlent chacun de mes gestes incertains et brutaux. Mes doigts effleurent la boucle de sa ceinture. Je sens que je me perds complètement, je sens que je pars en vrille. Et je me hais. Je sais que les choses vont devoir brusquement s’arrêter à un moment donné, parce que je ne suis pas fait pour être avec un homme. Mais pour le moment, rien d’autre que cette chaleur que me procure Morgan au creux de mon ventre, rien d’autre que mon cœur tambourinant, rien d’autre que nos baisers ardents. Au fond, je me hais. Je me hais comme je ne me suis jamais haï. Je ne suis qu’une pauvre merde. Et Morgan l’est tout autant que moi pour avoir déclenché tout ça. Pourtant, on semble être attiré l’un par l’autre malgré notre réticence. Alors ouais, lui aussi je le hais, et je lui fais comprendre par mes baisers, en mordant sa lèvre inférieure. Parce que malgré tout ça, le sentir contre moi, c’est juste divin.
 

code by solosands