Je l’écoutais me donner son explication quant au choix du prénom de sa fille. Raven avait beaucoup de goût, le choix du prénom de sa fille était original et je trouvais le prénom vraiment joli. Au moins, la petite aurait un prénom presqu’unique car sans doute peu d’enfant porterait ce prénom, pourtant très mignon. Mais Raven avait cherché un prénom se rapprochant du sien alors Merle se prêtait très bien à cela. « Tu as très bien choisi, je pense qu’elle sera fière du prénom que tu lui a choisi. » Depuis que j’avais retrouvé Raven, ou plutôt depuis qu’elle était venue frapper à ma porte pour me demander de l’aider, je faisais de mon mieux avec elle. Je savais qu’elle m’en voulait de l’avoir abandonné, je le comprenais tout à fait et sans doute que j’agirais de la même manière à sa place. Toutefois, je la trouvais parfois très dure avec moi. Elle ne semblait pas encline à vouloir me laisser une seconde chance alors que j’étais prête à tout pour elle, pour ma petite fille. J’étais consciente que je n’aurais jamais dû abandonner mon enfant, mais je n’avais pas eu le choix et malheureusement si c’était à refaire peut-être que je serais contrainte de faire la même chose. Certes Raven n’avait pas eu une enfance et une adolescence facile mais j’essayais de me consoler en me disant qu’au moins elle n’avait pas été à la rue, ce qui aurait été le cas si je l’avais gardé auprès de moi. Alors oui elle aurait sa mère, mais qu’est-ce qui me disait qu’elle ne m’aurait pas reproché de l’avoir gardé auprès de moi pour lui offrir une vie de misère et de dormir sous un pont, en plein vent, à peine à l’abri de la pluie. Alors que je lui avoue que son père n’est pas au courant de son existence, elle me fusille du regard. Et je comprends alors que le peu de gentillesse qu’elle avait pu m’offrir partait en fumée. « Je ne crois pas que ça aurait changé quoi que ce soit Raven… » Toute sa haine pour moi se lisait sur son visage. Je voyais alors que sans doute elle ne me pardonnerait jamais mon erreur ou alors que ça prendrait des années entières, que j’aurais bien le temps de passer l’arme à gauche. J’aimerais tellement qu’elle puisse me pardonner, ce n’était même pas tant pour moi, même si rien ne pourrait me faire plus plaisir, mais c’était aussi pour elle. Je ne voulais pas qu’elle puisse avoir des remords ou des regrets d’avoir agit ainsi avec moi, de ne pas avoir voulu mettre sa rancœur de côté pour me pardonner si jamais il m’arrivait quoi que ce soit. A mon avis, il n’y avait rien de pire que de vivre avec des remords et des regrets, alors j’espérais qu’il n’en serait rien pour elle car pour le coup j’aurais totalement gâché sa vie. Les larmes me montent aux yeux quand elle me demande de m’en aller. Elle s’est approchée de moi, elle avait tant de haine en elle que j’avais presque eu peur d’elle. « Je n’en ai pas rien à faire de toi Raven, absolument pas… » Il n’était pas la peine que j’essaye de me justifier de quoi que ce soit, elle n’était absolument pas prête à m’écouter. A sa demande je quittais la chambre puis me dirigeais vers la sortie de l’hôpital. J’avais cherché un coin tranquille où j’avais pu m’adosser au mur en me laissant glisser au sol et pleurer de longues minutes. Il m’avait fallu pas mal de temps avant de retrouver mes esprits. Quand je m’étais sentie capable de le faire, j’avais rejoint ma voiture pour rentrer à mon domicile. Cette journée n’était décidément pas des meilleures. Une fois chez moi j’étais directement allée me coucher, sans manger quoi que ce soit, j’avais attendu avec impatience que le sommeil m’emporte.