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 Will & Navy / MY HEART IN A SUITCASE

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#  Will & Navy / MY HEART IN A SUITCASE - Page 9 EmptyJeu 23 Fév - 15:52
Je n'ai pas tout à fait saisi ce qu'il a pu se passer entre le moment où j'ai malencontreusement répondu à ta question, cherchant les mots parfaits, les mots qui apaiseraient toutes tes craintes d'à nouveau me voir m'enfuir ou pire encore ; d'à nouveau ne pas me voir m'enfuir. J'avais pourtant fait mon maximum, déniché chaque syllabe dans un bazar qui portait une enseigne colorée jurant que les phrases qui s'échapperaient auraient des dons presque aphrodisiaques, apportant le calme, la sérénité. Je ne voulais pas te mettre la pression, te traîner dans des recherches d'appartement ou te proposer d'adopter un chat, j'avais choisi la sobriété, la seule façon d'esquisser une toile vierge en te laissant donner le la, choisir les couleurs qui viendraient exploser sur les coins et les côtés. Pas un paysage aux traits tracés, pas un quotidien qui aurait pu t'étouffer, je t'avais laissé le champ libre, te retournant même le point d'interrogation en espérant que tu donnerais une forme plus précise à notre futur, et pas juste ce vaste et vague cercle dans lequel j'avais enfermé notre devenir dans les semaines qui allaient arriver. Je ne savais pas exactement l'impact que mes mots avaient eu sur toi, puisque j'avançais toujours à tâtons, effrayé de te blesser, effrayé de te voir franchir à nouveau la porte de la chambre, même si l'on ne s'y trouvait plus, horrifié même à l'image vicieuse qui s'insinuait dans mes synapses, celle qui te voyait t'échapper sans plus jamais revenir, sous le joug de mon envie d'une vie banale, d'une vie à deux, avec des projets communs, des envies communes. Un réveil à deux, tous les matins, un coucher à deux, tous les soirs. Mais, une pensée tenace subsistait, résistait, au centre de l'arènes de tous ces wagons d'idées qui s'amusaient à tenter de l'écharper, à tenter de me forcer à la matérialiser, à la glisser sur mes lèvres. Je ne voulais pas te faire perdre de ton temps. De tes habitudes. Il était hors de question que je devienne un poids à ta vie, je l'avais promis toutes les nuits passées à deux : j'étais prêt à me métamorphoser en une paire d'ailes si c'était pour t'attirer vers les étoiles, répandre un peu de tes étincelles rock dans le monde entier, voir le globe de plus haut en te laissant tirer quelques notes de ta guitare stellaire, mais il était fondamentalement contraire à tout ce que je pensais et voyais pour nous deux de te laisser me transformer en un boulet à tes chevilles, un type un peu lourd et collant que tu trimbalerais comme un sac à dos dans toutes tes soirées, dans tous tes moments. Tu avais besoin d'air, de ton oxygène, sans qu'il ne soit pollué par mes mauvaises ondes, de la même façon que j'avais besoin de mes escapades à l'étranger pour me distancer de Los Angeles. Et pourtant, même si j'étais sûr et certain de t'avoir apporté les bonnes réponses, celles que tu voudrais entendre, tu n'avais jamais été aussi froid. Je n'avais jamais vu cette cascade gelée se glisser devant tes cils, froisser ton reflet, m'empêchant de te regarder directement dans le blanc des yeux. Même ta réponse sentait le venin distillé dans chaque morsure syllabique, et tu t'échappais de mes pupilles en même temps que tu fermais la discussion. Bien. Je n'aurais pas plus de détails alors. Tu laisses un sourire se dessiner sur tes lèvres, et il m'apaise quelques secondes. "Hm." Pas plus, puisqu'il sent le cramé, le faux, le plastique fondu. Je déteste quand tu fais ce genre de visage, quand tu me mens effrontément devant tout le monde. Un silence s'étire, quelques secondes, et puis tu rouvres la bouche, m'adresse un nouvel uppercut du bout de la langue. Je n'aime pas non plus quand tu nous résumes à ça. Mauvais choix de mot, puisque mon dos se dresse de nouveau, muscles tendus, mais rien qui ne se répercute sur mes mains, l'une toujours suspendue à ma fourchette, l'autre qui enlace l'une des tiennes sans la serrer trop fort, pour ne rien te montrer de mon trouble. Tu veux enfiler un faux sourire, alors tu me laisseras enfiler de fausses lunettes de soleil. Les yeux sont le miroir de l'âme et je ne veux pas que tu aies accès à un reflet si je n'en ai pas non plus. Et d'un autre côté, je refuse concrètement de voir le monde s'effondrer autour de nous, cette vitre se briser en un million de paillettes venant se réfugier sur le sol, les cuisines voler, s'emplir d'un vent courroucé, les casseroles qui décollent en même temps que les sauces qu'elles contiennent, les quelques notes qui se déversaient il y a quelques instants en des notes délicieusement sucrées venant jouer les lames fatales en transperçant tout, papier peint, table, dossier de chaise, reste de vitrine, plats abandonnés, puis mon torse, mes poumons, mon cœur. Je n'aime pas cette tension-là.

Sucre qui se décolle des musiques de fond, me tire de mes pensées quand il se dépose sur tes lèvres en une nouvelle question. Celle-là, je vais prendre le temps avant de répondre. Et en même temps pas trop, puisque je sais que la perspective de me voir davantage réfléchir à mon dessert préféré qu'au sens de notre avenir aurait le don de te rendre encore plus colérique. Impossible de laisser une soirée débutée sous le joug des verres de vin, des sourires, des mains enlacées, des aubergines rôties à la feta et des échappées imprévues dans un des établissements pittoresques les plus paumés de la ville, s'achever en un nouveau combat comme celui de cet après-midi. Pas quand nous décollions demain. Pas quand tu avais la possibilité de me rayer de ta vie en rentrant si tu trouvais que j'avais été trop loin. Pas quand je pouvais repasser en mode coupable, basculer de nouveau dans mes nuits sans rhum, mes nuits sans saveur, mes nuits sans toi. Il fallait que je rattrape le coup. "Définitivement le Paris-Brest. Praliné, crème, légèreté, et en même temps ça te coupe l'appétit jusqu'à la fin de la semaine." Souvenir français, d'une des demeures parentales dans laquelle étaient venues danser les effluves d'une experte pâtissière, qui se trouvait en plus être ma professeure de langue sur place. Cours qui n'avaient pas suffi à me faire de grands copains en France, je m'étais plus souvent échappé seul dans les rues de Bordeaux qu'avec une bande de joyeux lurons. Pas le moment d'être nostalgique du pays à la tour Eiffel. Vraiment pas. "J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas, Will ?" La voix du bon élève, celui qui me martèle la tête avec des petits coups de marteau. Qui pose les bonnes questions, se prépare à donner les bonnes réponses, la main bien dressée au-dessus de la tête, le coude tendu, pour pouvoir être le premier à répondre, le premier à soutirer quelques étoiles dans les yeux qui me font face et qui sont ternis d'un peu trop d'acidité. Je laisse ma langue se délier, sous les à coups du vin sans doute, ou peut-être sous les attaques de la culpabilité, foutu étau qui me serre d'une côte à l'autre, cage douloureuse. Je ferme les yeux. Laisse ma respiration se muer en mots. Je déteste livrer le fond de ma pensée, tu le sais très bien, et j'espère que tu en pèseras l'effort. "Je veux pas t'imposer une vision des choses. C'était des idées en l'air parce que la réalité sait que j'en sais fichtrement rien de ce qu'il se passera quand on atterrira. Si ça ne tenait qu'à moi, on ne rentrerait jamais, tu jouerais aux cartes en buvant toutes les journées, en me faisant découvrir des adresses comme celle-là, parfois je te suivrais aussi, et puis sinon on bronzerait sous le soleil grec à l'année." Légère expiration. Le temps de récupérer un peu d'air, de digérer ce que je viens de te dire, puisque même si c'est la vérité crue, elle n'en est pas moins difficile à dégurgiter. Les paupières qui s'ouvrent de nouveau, annonciatrices du second acte du spectacle, les projecteurs braqués sur les lattes du plancher, me laissant seul comédien, pathétique, risible, au centre de la scène. "Mais je voulais surtout pas te voler ton temps. Tu es hyper occupé, moi non, je n'ai que le taxi dans ma vie. Et même lui fonctionne à mon rythme à moi. J'ai aucune occupation, pas vraiment d'amis, tout ce qui pourrait compter à Los Angeles c'est toi, et c'est un poids hyper lourd que je ne veux pas te mettre sur les épaules. Je pourrais vivre avec toi tous les jours, je voudrais même que ça se passe comme ça. Mais je veux pas être un boulet dans ta vie. Et je déteste quand tu fais des faux sourires, ça me fait monter en pression. Voilà." Une bouteille qui apparaît comme par magie sur la table, un verre servi, aussi avalé, pour faire descendre l'effort, digérer. Je te sers du rouge, me sers également, robe pourpre aux reflets rosés qui dansent sur la table, mes doigts qui serrent la nappe comme pour l'étrangler alors que mes yeux admirent le crime. "Et toi, ton dessert préféré ?" La gorge un peu serrée, une nouvelle gorgée pour la délier.

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#  Will & Navy / MY HEART IN A SUITCASE - Page 9 EmptyJeu 23 Fév - 17:43
La rancœur forme une boule dans ma gorge qui m'empêche d’apprécier le dessert qui est apparu sur notre table. Muscles tendus qui n’ont plus rien à voir avec la retenue que je m’impose depuis le début du repas pour ne pas te sauter dessus et afficher notre romance à tous les regards curieux. Je me fous bien des flash qui pourraient capturer nos baisers ou des téléphones qui pourraient envoyer des centaines de photos de notre repas à travers la toile. Mais il faut croire que j’ai bien fait de choisir une carrière de musicien et pas d’acteur car mon illusion de mec détaché qui s’en fout ne tient pas plus de quelques secondes. Je sens tes doigts se crisper dans ma main et plus aucun son ne sort de ta bouche. Nos regards se fuient, se cherchent sans se trouver ou alors la fuite est bien trop vive pour ne pas cacher une tension sous-jacente. Nous sommes reparties dans une guerre froide où nos sourires ne font plus illusion. Je tente un sauvetage de la soirée avec une question innocente mais c’est comme essayer d'empêcher un bateau de couler avec uniquement un seau en plastique. Tu fais quand même l’effort de me livrer ton dessert favori me donnant envie de tout plaquer pour nous foutre dans un avion en direction de Paris et aller déguster ce fameux Paris-Brest qui me fait saliver. Et puis, j’ai toujours trouvé ça très classe de se disputer en français. Ça a plus de punch qu’en anglais. Quoique l’italien se trouve pas loin derrière. Je dois être la seule personne au monde à avoir un classement de ses langues favorites pour se faire la guerre. Ta réponse et mes réflexions me font esquisser un sourire en coin qui n’a plus rien de factice mais qui ne suffit pas à ramener le soleil entre nos verres de vin vides.

Entre deux bouchées, tu me prends de court en affichant frontalement notre désaccord. Tu sais exactement où j’ai commencé à masquer mes sentiments et si je pensais que nous allions faire l’autruche pour sauver la soirée. Mais une fois de plus tu me surprends, tu oses crever l'abcès dès maintenant en me faisant lever des yeux écarquillés dans ta direction. Je récupère ma main qui est restée soudée à la tienne pendant tout le repas, lâche ma fourchette en laissant la crème de mon dessert s’écouler en une corolle sucrée et planque mes deux mains entre mes cuisses dans une posture défensive. Pas le temps de laisser des mots s’échapper de mes lèvres, de préparer une réponse que tu te lances dans des explications. Et c'est sûrement mieux ainsi. Réagir à chaud n’est jamais une bonne chose avec moi, je le sais. Je suis trop agressif, trop incisif et très souvent, je regrette mes mots dès l’instant où il se retrouvent à flotter dans les airs mais c’est déjà trop tard. Alors je te laisse jouer en premier, prépare tranquillement mes cartes et ose cette fois, attraper ton regard pour tenter d’y lire tes émotions. Je hoche doucement la tête, accepte tes mots, tes pensées et termine par un rire sonore à ta question. Je sors mes mains de mes cuisses et attrape de nouveau ta main parce que je veux te montrer que je ne vais pas te lâcher, au sens propre comme au figuré.

Dis moi ça la prochaine fois, Navy au lieu de me sortir un planning de notre futur vie en tant que couple. Ou alors dis moi juste que tu n’as pas envie de me répondre, c’est ok. Mais me reléguer à seulement une nuit par semaine, c’est ça qui me fait monter en pression.

Je serre un peu plus fort tes doigts pour te forcer à te concentrer sur mes mots et rien que mes mots.

Je ne vais pas nier que ma vie est compliquée à Los Angeles. Faire partie des Nerd c’est un boulot à temps plein entre le studio, les évènements, les concerts, les repet’. Mais on va trouver une manière de fonctionner pour que tu aies ta place dans cette vie. Je veux passer un max de temps avec toi parce que ça me rend heureux. Je ne veux pas d’un seul soir par semaine ou de deux rendez-vous par semaine. Je veux t’emmener avec moi en studio, me glisser dans ton taxi pour te voler un baiser entre deux interviews, me réveiller dans tes bras le matin. Et quand tu seras prêt, tu m’accompagneras aux soirées en tant que conjoint, pas en tant que boulet ou je ne sais pas quoi.

J’avale mon verre de vin pour hydrater ma gorge avant de reprendre, te laissant le moins de temps possible de me couper.

Ça va être dur, je le sais et je sais que tu le sais aussi mais il faut qu’on soit honnête l’un envers l’autre et qu’on communique et ça va le faire, ok ? Je crois en nous et je crois en toi. T’es la plus belle chose qui me soit arrivée.

J’attire ta main jusqu’à mes lèvres pour y déposer un baiser et laisse enfin s’échapper mon souffle. J’ai l’impression d’avoir retenu ma respiration depuis ta respiration de peur de laisser s'échapper le mot de trop, celui qui aurait transformé ce joli restaurant en champ de ruines.

Plus de faux sourire, c’est promis. Et mon dessert préféré c’est la tarte au citron meringuée. Mais sans trop de meringue pour ne pas que ça soit trop sucré et avec une crème un peu acide. Je suis très exigeant sur ces critères et je dois t’avouer que je traverse toute la ville chaque semaine pour aller me chercher une part dans la seule pâtisserie de L.A. qui la fait à la perfection.

Cette fois, mon sourire est en or. Il pourrait illuminer toute la place si la lune ne me faisait pas concurrence. Ma poitrine se libère d’un poids et je sais que la soirée se terminera à la perfection. Pas de tempête de sable au menu ce soir. Juste toi, les étoiles qui scintillent de mille feux et ce nouveau vin délicieux qui a déjà bien diminué dans sa bouteille.

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#  Will & Navy / MY HEART IN A SUITCASE - Page 9 EmptyVen 24 Fév - 0:50
J'ai bien fait de réfléchir, bien fait de reprendre du vin, bien fait aussi de laisser mes mots m'échapper. Je me rassure comme je peux. Tente de digérer l'emprise que tu as sur moi. D'habitude, je ne craque pas. Il n'y a que mes verres teintées, mes vitres teintées, ma vie teintée. Tout est fumé, tout est noir. Personne ne déniche un secret, personne ne devine une confidence, personne ne me questionne et c'est tant mieux car je ne donne aucune réponse, aucun indice. Ce qui se passe dans ma tête doit rester dans ma tête, ne surtout pas devenir un gros titre coloré sur un magazine aux images chocs et aux journalistes qui se revendiquent bonne plume en étant finalement rien d'autre que des culs de poule. Et je ne parle pas des saladiers. Tes mains sont sur ta cuisse, je les imagine en train de jouer des cordes invisibles, répandant quelques symphonies enragées ; et pourtant tu me prends de court aussi, esquisse doigts et paumes sur la nappe, et de nouveau le nœud se forme. Enfin, les nœuds. Celui de nos mains mêlées, celui de mes poumons quand nos peaux se frôlent avant de s'accrocher, celui de mon cœur quand je reprend un peu d'air. Je n'ai curieusement plus du tout les idées dirigées vers la rue, vers les regards luisants qui pourraient se dessiner dans les buissons grecs, vers les flashs encore plus luisants qui pourraient se dérober aux lampadaires. Ils peuvent nous voir ensemble. Au moins ici. A Los Angeles, ce sera différent. C'est un point que j'ai évité d'aborder dans ma réponse, dans mes interrogations. Je ne peux pas te garantir qu'on marchera dès demain main dans la main sur les grands boulevards. Je ne peux pas te promettre ce que je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que je me sens bien à tes côtés. Que les nuits sont douces, que les jours sont beaux, que les cieux à travers les hublots resplendissent d'un millier de nouvelles couleurs. Tout ce qui pourrait compter pour moi, tu me le donnes du bout des lèvres. Tu me promets que je ne serais pas un boulet. Qu'une nuit par semaine, ou deux même, ce n'est pas assez. Qu'il nous faut plus. Que ce ne sera probablement jamais assez. Mais tu échaudes mes craintes d'un grand seau d'eau rosée en même temps que je noie de nouveau nos verres de nouvelles vagues bordeaux. Le mot fatidique sort de ta bouche, achève mon rythme cardiaque. Comme conjoint. Avant toi, je trouvais ça ringard. Banal. Commun. Poussiéreux, des syllabes qui traîneraient au fond des dictionnaires sans que jamais de nouveaux yeux viennent se perdre sur la définition. Et pourtant, en te regardant parler, sans vraiment plus être concentré sur tes mots, j'en vois une nouvelle se dessiner, lettre par lettre, émaner de ta peau en consonnes brûlantes, voyelles incandescentes, venir se porter à mes cils. Le conjoint n'est plus un statut, il n'est plus un rôle. C'est une offrande. Je quitte mon rôle païen, abandonne mes convictions théoriques, toutes mes certitudes quand à la religion. Je me voue entièrement à ton culte, je deviens le conjoint, prêtre qui certifie tes réussites, chante tes succès, s'en enchante tout autant. Je te dédie toutes les messes possibles, écrirais un milliard de livres te concernant, sur chaque détail, du vert de tes yeux qui virent au noir, jungle sombre et indéchiffrable, quand ton visage se pare de ces fameux faux sourires que je hais plus que mon âme damnée elle-même, jusqu'aux traits que dessinent les fameux sourires, falsifiés ou honnêtes, sur tes deux joues, fossettes que j'aimerais dérober, glisser dans ma poche pour pouvoir les repositionner sur ta peau à tout instant. Et puis tu m'achèves un peu plus, me fait même directement maître de cérémonie, puisque tu me confies un secret du bout des lèvres sans même te rendre compte de l'impact de balle qu'il dessine à travers mon torse. La plus belle chose qui te soit arrivée. Tu as le sens de la formule, et le sens de l'équilibre sans aucun doute aussi, puisque si je m'étais risqué à te dire ça, j'aurais chuté au sol presque directement, n'osant pas affronter davantage tes iris. C'était à fleur de peau. Magnifique. De quoi me faire glisser le pouce sur le revers de ta main en t'adressant le regard le plus énamouré de tous. Foutu pingouin ou canard que je devenais. "Je ne croyais pas à l'amour avant toi. Maintenant, je suis persuadé qu'il n'existe qu'entre nous deux." Au diable les couples qui chantonnaient, qui riaient, qui dansaient. Ils ne pouvaient pas avoir ce qu'on avait. Ils ne pouvaient pas avoir le monde aussi à l'envers que le nôtre. Les immeubles devenaient des cerfs-volants, les lampadaires des lucioles, et puis les chemins se multipliaient. J'étais dans une aventure perpétuelle jusque dans Athènes, cette ville que j'avais écumée de part et d'autre, en vélo ou en moto, en voiture ou à pied. Chaque carrefour me réservait une surprise, et aucune ne t'arrivait à la cheville. Mais c'était trop de secrets à te confier. Trop de pouvoir sur mon âme. Tu étais déjà bien assez rayonnant comme empereur sans que je ne t'offre une autre couronne. Alors je me contentais de ça, d'un baiser sur ta main, puis de t'écouter à nouveau, le menton vissé dans mon autre paume libre, ne parvenant plus à détacher mes yeux des tiens.

Tes mots sonnent comme des enchantements, des sorts magiques qui m'hérissent le poil, rendent sexy même la tarte au citron meringuée. Je me lève brusquement, détache nos mains. "Attends, je reviens." Le ton un peu dur malgré moi, mais tu sais que je débute dans tout ça. La chaise racle le sol, je m'écarte sans t'accorder un regard, me glisse derrière un rideau bleu. Pas de nappe blanche, pas de plancher, pas de vue sur la rue non plus. Mais le Graal devant moi. Je me glisse à son cou, une main le long d'un comptoir carrelé du même blanc que les plis de notre nappe, du même blanc que le tapis sur lequel je t'ai fait l'amour cette nuit. Pensée aphrodisiaque qui a le même goût qu'un chewing-gum à la mangue et à la menthe, me rafraîchit en me faisant miroiter un océan d'îles. Je t'emmènerais sur toutes, promis. Mots chuchotés à l'oreille de Judas, un grand éclat de rire, une poignée de main avec la sculpture grecque et je me soutire à son regard, revient vers toi le poing devant la bouche, toussant faiblement. "Excuse-moi. On en était où déjà ?" Je te laisse m'assaillir de reproches, te laisse m'assaillir de sourires, de caresses, ma jambe sous la table glissée pas loin de la tienne pour laisser un peu d'électricité s'enflammer entre nos mollets et nos chevilles, me contente d'un sourire satisfait et de gorgées de vins, nectar finalement divin. Un tour en France s'impose, si ce n'est pas pour les gâteaux, ce sera pour les vignobles. Le rideau se froisse derrière moi, la musique reprend plus forte. Mon sourire s'agrandit quand une assiette se pose devant toi, pendant que je glisse une belle liasse de billets dans la poche de la maîtresse de maison, qui rigole, m'en rend quelques-uns, m'empêche d'insister en repartant dans les cuisines roucouler avec son propre mari. Assiette blanche, comme notre nappe. Je l'attire entre nous, manque renverser ton verre, manque renverser le mien, maladroit qui mord ses lèvres pour ne pas jurer en anglais, en grec ou dans la langue de l'amour que je découvre à peine. "Tu voulais de la tarte au citron meringuée, ils en avaient au frigo. Curieux hasard." Léger éclat de rire, ma fourchette qui découpe un bout, le porte à ta bouche en me penchant, délaisse le manche pour m'approcher un peu plus et subtiliser sur tes lèvres les dernières notes de citron. "Tu as raison. C'est peut-être en train de devenir mon dessert préféré aussi." Mon souffle se perd dans la pâte, la meringue, le citron, dans le baiser que je dépose sur tes lippes aussi, me laissant tomber en arrière. J'adore te voir manger. C'est comme si tu dessinais les auspices d'un second repas. Il n'y avait rien de plus doux, délicat, excitant aussi. Tu m'avais mis les hormones en feu comme un adolescent. Comme un joueur de foot dans le placard. Comme un mec paumé qui passe trois semaines à se persuader qu'il vient juste de louper l'amour de sa vie. "Je peux en faire livrer une entière dans notre chambre. Je suis sûr que je peux la couper en huit, ça devrait nous tenir toute la nuit." Sourire en coin. Personne ne nous entend, et ma jambe est plus proche de la tienne, soulève un pan de tissu en même temps que le mien, peau contre peau. Nos mains se sont détachées le temps du sucre, mais hors de question de séparer nos corps pour de bon.

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#  Will & Navy / MY HEART IN A SUITCASE - Page 9 EmptyJeu 30 Mar - 14:19
Tu t’éclipses de la table, me laisse en tête à tête avec mon verre de vin et mon cœur qui bat la chamade. Parce que tu as cet effet là sur moi, tu peux affoler mon palpitant d’un simple battement de cils. Un jour, tu te rendras compte du pouvoir que tu as sur moi et de la force que tu détiens entre tes mains. Mais chaque chose en son temps. Pour le moment, je veux juste savourer notre dernière soirée et rentrer à Los Angeles en t’ayant à mes côtés. C’est le plus important. Le reste peut attendre. Mon verre qui se lève place un filtre de verre devant mes yeux, courbe les lignes du décor folklorique du restaurant. Si je ne t’avais pas vu disparaître dans le restaurant, j'aurais pu, pendant quelques instants, croire que tu avais pris tes jambes à ton cou. Depuis ta première fuite, j’ai toujours peur d’en faire trop, de t’accabler avec mes sentiments et de te voir disparaître une nouvelle fois. Je ne sais pas si cette peur qui me tiraille le ventre disparaîtra un jour. J’ai toujours eu du mal avec l’abandon et tu as fait renaître toutes mes plus grandes peurs après notre première nuit ensemble. Je chasse le goût amer de ma langue en faisant glisser les dernières gouttes de vin sur mes papilles.

Mon verre retrouve la stabilité de la table pendant que tu refais ton apparition devant moi, sourire collé aux lèvres et tarte au citron meringuée dans une assiette. J’éclate de rire en te voyant déposer ton butin entre nous. La crème est acide comme il faut, tes lèvres aussi sucrées que la meringue.

T’es un grand romantique, en fait.


J’ai mal aux joues à force de sourire mais je ne peux pas faire autrement face à la perfection de ce moment. Pendant un instant, je me plais à penser que si je t’avais confié que la lune glacée était mon dessert préféré, tu aurais trouvé une échelle assez grande pour aller me la décrocher. Parce que tu es comme ça, prêt à tout pour les autres. Et moi, je suis prêt à prendre soin de toi si tu te décides à me laisser m’approcher. Mon pouce glisse sur tes lippes, récolte un reste de meringue que je dépose sur ma langue.

Si tu me laisses la déguster sur ta peau alors j’approuve ton idée.

Sourire complice quand je récupère la fourchette pour chiper un nouveau morceau de tarte. Tes yeux n’ont jamais été aussi brillant, je ne sais pas si c’est moi ou le vin qui les fait resplendir mais je te trouve plus beau que jamais. J’ouvre les lèvres pour te glisser un nouveau compliment quand le propriétaire des lieux arrive à notre table pour déposer deux verres minuscules et une bouteille que je reconnais pour avoir bu pas mal de son contenu dans l’après-midi. Eau de vie aromatisée à l’anis, conservée dans un congélateur pour garantir l’effet coup de froid et amortir la brûlure de l’alcool. L’homme sert les deux premiers verres, glisse une phrase en grecque que je ne comprends toujours pas puis repars prendre sa femme dans ses bras dans un rire mélodieux.

Je ne comprends pas cet homme mais je suis totalement fan de lui !

Mon rire se joint au reste de joie qui flotte dans l’air. Je fais glisser un verre devant toi et lève le mien dans les airs.

A nous, Navy. Et nos premières vacances et à tout ce qui nous attend.

Nos verres s’entrechoquent et j’avale le Raki dans une grimace qui déclenche ton hilarité.

Toujours aussi fort !

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#  Will & Navy / MY HEART IN A SUITCASE - Page 9 EmptyJeu 30 Mar - 14:38
Tarte au citron meringuée dressée entre nous, le citron sur tes lippes, la meringue sur les miennes, comme si ce dessert avait été créé spécialement pour nous, bâti sur deux étages spécifiquement afin que je puisse en démolir un, que tu puisses te délecter du second, et qu'on puisse s'amuser à retrouver les saveurs inconnues sur la bouche de l'autre. Tu as raison, je le répète, mais c'est peut-être finalement un de mes desserts favoris ; mais j'ai le sentiment narquois que chaque sucrerie, jusqu'au pudding le plus infâme et le plus sombre du fin fond de la plus petite épicerie au monde, pourrait devenir mon dessert préféré si tant est que je pouvais en trouver les dernières empreintes le long de ta langue. Je secoue la tête, la bouche occupée à mâcher le nuage sucré. Je ne suis pas un romantique. Je n'ai jamais été romantique. Même ton kidnapping n'avait rien de romantique. Je t'avais juste forcé à monter à l'arrière de mon véhicule pour t'emmener à l'autre bout du monde, en espérant que tu me pardonnerais. Ce n'était romantique que puisqu'il s'agissait de toi et moi ; j'aurais pu le faire avec un enfant, me retrouver affublé d'un tas de noms d'oiseaux et d'une cellule, le faire avec mon frère imaginaire, et mes parents se seraient émerveillés de nous voir aussi proches, le faire avec ma mère, et ça aurait été un règlement de compte en bonne et due forme. Les actes ne changeaient pas beaucoup, les acteurs oui, et c'était là toute la subtilité de chacun des gestes que l'on avait initiés l'un pour l'autre depuis que l'avion avait déployé ses ailes sur le tarmac angelin. "Okay, on passe en acheter plusieurs colis avant de rentrer alors." Ça pouvait bien coller mes poils, tâcher les draps, nous enliser sur le matelas pour la nuit restante ; la perspective de te voir manger à même ma peau avait quelque chose de suffisamment satisfaisant pour prendre ces risques.

Pas le temps de te demander la suite de cette liste de courses improvisée, puisque ton ami revient en chantant fort, en parlant fort, et très vite. Comprendre le grec quand il s'énonce correctement est une chose, mais suivre le rythme de sa langue en est une autre ; je comprend qu'il nous trouve beaux, qu'il aime bien les homosexuels - ça me fait frissonner d'entendre le mot, toujours pas habitué à ce qu'il se dégaine positivement -, que son cousin l'est aussi, qu'on devrait le rencontrer, mais d'abord on va boire un bon coup à leur santé à tous, la bouteille est offerte par la maison. Je le remercie, et il repart déjà presque en trottant pour rejoindre sa dulcinée, nous laissant à trinquer, l'anis qui parfume les narines et me rappelle que je n'aime pas ça ; mais même là, je prends le pari que dans ta bouche à toi, la saveur s'avère meilleure. "A nous, alors." Pas besoin d'évoquer la suite du programme, tu l'as déjà très bien fait en évoquant les futurs voyages et tout ce qui nous attend ; je ne veux pas y penser, je préfère me concentrer sur ce restaurant isolé, sur les verres qu'on agite pour trinquer à chaque fois, dans des rires plus forts chaque gorgée, et la tête qui tourne toujours un peu plus. "On rentre à pied en se proma... promenant ou on prend un taxi ?" Pas complètement persuadé que je peux marcher droit, mais pas décidé à t'abandonner dans tous les cas si tu préférais rejoindre notre hôtel en marchant. C'est la dernière soirée en Grèce, elle parfume sur son sillage tous ces derniers trucs qui me pincent un peu le coeur, me donnent pas envie de rire même si tout est beau à tes côtés ; les derniers sourires de ton pote restaurateur, les derniers rayons de la Lune qui se pâment face aux ultimes lueurs d'un Soleil déjà lointain, les derniers shots de cet alcool au nom imprononçable quand on l'a bu... Je n'aime pas les au revoir, mais ta main dans la mienne, j'arrive à rester souriant.

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#  Will & Navy / MY HEART IN A SUITCASE - Page 9 EmptyJeu 30 Mar - 14:57
Toute ma bouche est anesthésiée par l’alcool qui ravage tout sur son passage. Tu as dû mal à parler toi aussi et je crois qu’on a beaucoup trop bu pour pouvoir rentrer à pied jusqu’à l’hôtel. Je ne sais pas combien de vin et autres boissons alcoolisées nous avons bu ce soir, mais ils ont eu raison de ma volonté de prolonger notre escapade jusqu'au bout de la nuit. Les verres se soulèvent, parfument nos lèvres et j’ai de plus en plus envie de goûter tes lèvres qui doivent être un curieux mélange de citron et d’anis, recouvert d’une bonne dose de sucre. Tes lippes sont en passe de devenir mon nouveau dessert préféré. Je glisse ma jambe entre les tiennes quand une nouvelle idée vient illuminer ce qu’il me reste de conscience.

On marche jusqu’à la plage ? J’ai envie de m’asseoir sur le sable. Et on prendra un taxi pour rentrer jusqu’à l’hôtel, aucun de nous n’est en état pour une promenade aussi longue.

Et me revoilà à sourire de toutes mes dents, comme si tu étais l’être le plus parfait de l’univers. En fait, tu l’es. Même si tu m'as brisé le cœur en mille morceaux, tu as réussi à recoller tous les morceaux en seulement quelques jours. Et il bat plus fort que jamais depuis que tu en prends soin de nouveau. Je remplis une dernière fois nos verres et lève la main pour avoir la note. Je remercie chaleureusement notre hôte qui se penche pour se serrer dans ses bras. Je lui jure solennellement de revenir le voir bientôt et récupère l’addition pour aller payer auprès de sa femme. Je vous laisse en grande conversation dans cette langue que je ne maîtrise pas et observe de loin ton visage rayonnant se parer du plus beau des sourires. Mes pas sont mal assurés jusqu’au comptoire en bois qui occupe une grande partie de la salle intérieure.

Je paye la note qui me paraît bien peu élevée pour tout ce qu’on a consommé. Mais la femme a un caractère aussi fort que son mari et refuse toutes mes tentatives de pourboire. Elle me demande juste de prendre une photo avec elle pour envoyer à son fils qui est apparemment fan du groupe. Impossible de refuser après l’accueil royal qu’on nous a réservé. Je dois avoir les yeux rouges et le sourire agard mais cette simple photo la rend tellement heureuse que je lui donne ma bénédiction pour l'envoyer à la terre entière si elle le souhaite. Elle m’offre une accolade et me laisse te rejoindre.

On y va ?

Derniers aurevoirs et on laisse la table de notre repas derrière nous pour s’engager dans une petite ruelle. Nos deux corps évoluent l’un à côté de l’autre et un malaise m'envahit, remonte le long de ma colonne pour se poser sur mes épaules. Je sais que tu as du mal avec les démonstrations affectives en public et ça contrarie pas mal le grand démonstratif en moi. Alors je te glisse un regard en coin avant de te demander timidement :

Je peux te prendre la main ?

Retour vingt ans en arrière. Même appréhension, même sensation bizarre qui fait picoter le bout de mes doigts.

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#  Will & Navy / MY HEART IN A SUITCASE - Page 9 EmptyJeu 30 Mar - 15:55
Note que tu demandes d'un lever de main pendant que je vois danser derrière tes iris les dunes de sable. Je me lève, me préparant à régler avant que tu ne puisses dégainer ta carte, vilaine habitude de toujours offrir, mais tu me dépasses, règle, rigole avec la femme de ton ami, et puis il arrive aussi, te parle sans que tu comprennes ; mais tu maîtrises les bases, celles de ses mains qui s'agitent quand il parle, alors il y a un minimum de fluidité entre vous et la conversation se fait presque naturellement. Tu t'éloignes quelques secondes, tentant de convaincre madame d'accepter tes pourboires, je reste avec l'ancien, celui qui n'a pas quitté son sourire de la soirée, comme un costume bien accommodant. Il me murmure quelques mots à voix basse. Non, à vrai dire, c'est plus que quelques mots : il me chante nos louanges, surtout les tiennes, s'amuse de toute cette soirée, de la façon dont tu t'es fait plumer aux cartes, et puis il baisse encore le ton, ce vieux filou, me demande dans un grec plus articulé quels sont nos projets, quand est-ce que je compte t'épouser. Alors, pendant que tu t'agites et que la femme en face de toi ne faiblit pas, je lui raconte la nuit sous les étoiles, mon boulot de chauffeur, ton boulot de rock star (et il écarquille les yeux, ne pensait sans doute pas avoir une célébrité dans sa salle ce soir, promet en m'interrompant d'aller écouter les Nerp Flid, avec un accent anglais douteux qui nous fait rire tous les deux, me vaut une tape dans le dos). Je lui parle du rhum, des collections que j'entretiens, tente de ne pas trop m'épancher, parce qu'à tout moment tu peux revenir, t'accrocher à mon bras en me jetant sur le siège du premier bus vers la plage - puisqu'on ne va pas vraiment y aller à pied, pas vrai ? Et puis le restaurateur en rajoute, me reparle de ses cartes, certains mots m'échappent mais l'essentiel, je le comprends. Il reparle de mariage, me dit qu'on a deux têtes de stars, enfin toi surtout (je crois qu'il t'aime, et je crois que je suis jaloux). Et puis tu reviens, et dans un dernier éclat de rire, je clôture cette scène aux draps bleus et aux nappes blanches en refermant la porte derrière nous.

Petite ruelle pavée, nos pas curieusement désynchronisés, puisque même en marchant tes semelles tapent le rock, tandis que les miennes sont plus discrètes, étant bien plus habitué à me fondre dans la masse pour échapper aux inquisitions. Ta question me fait sourire. Je ne regarde même pas s'il y a quelqu'un autour de nous. Et je ne te réponds pas. Je me contente d'enserrer tes doigts dans les miens, de me mettre au pas de tes pieds sur le sol pour nous donner une allure un tant soit peu sobre. Mais nos silhouettes sont floues, on longe quelques murs, et ça nous fait rire, sans même parler. "Tu penses que les plages sont loin ?" Comme si tu étais devenu en quelques jours guide touristique, ou mieux encore, citoyen d'Athènes. Mais tu secoues la tête. Optimiste. "J'ai mal aux pieds. Ça se fait, ici, de marcher sans chaussures ?" Tu ne t'es toujours pas transformé en une bible sur les us et coutumes locaux, mais ça ne m'arrête pas, sourire aux lèvres qui ne me quitte définitivement plus. Je me penche pour enlever les lacets de mes tennis, noeuds qui s'écroulent en même temps que mon visage vers le sol, mais je ne chute pas, je me relève victorieux, une main dans la tienne, l'autre occupée par l'armure de mes pieds enfin libérés, dans un soupir d'extase. Tant pis si c'est sale, tant pis si c'est bizarre ; les vagues chasseront la suie et la nuit s'épanchera de mes loufoqueries.

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#  Will & Navy / MY HEART IN A SUITCASE - Page 9 EmptyJeu 30 Mar - 16:10
Mon coeur se bat à battre plus vite, plus fort quand tu acceptes de me tenir la main. Mais ce qui pourrait presque me tirer des larmes de joie, c’est qu’à aucun moment tu n’as fait la girouette pour débusquer des regards curieux ou un paparazzi planqué derrière un pot de fleurs. Je n’ai pas encore gagné la guerre mais je chéri chaque victoire de bataille comme un précieux trésor. Je lève le nez en direction du bout de la rue comme si cela allait me permettre de voir par-dessus les toits blancs. Mais tout ce que j'aperçois, ce sont les pavés de la rue qui semblent s’étirer à l’infini devant nous.

Hum, je sais pas trop… Cet après-midi, un ami du restaurateur m’a parlé du crique secrète pas très loin d’ici. C’était à un quart d’heure de marche selon lui, mais si je prends en compte mon sens de l’orientation catastrophique et notre état d’ébriété, je dirai qu’on en a pour une demi heure de marche.

Je tire sur ta main comme un enfant surexcité. La nuit est douce, encore plus depuis que tu m'autorises à m’approcher de toi en extérieur. J’aurai bien le temps de me confondre en excuse si un cliché de notre promenade nocturne venait à fuiter sur internet, habitant voulant se faire un peu d’argent en revendant une image de nos visages à des journaux à scandale. Mais pour le moment, je ne veux pas briser la quiétude qui s’est installée entre nous, ni insuffler de l'inquiétude dans ton regard. Tu lâches ma main et te lance dans la mission périlleuse de faire disparaître tes chaussures. Tu bascule vers l’avant mais te rattrape avant que ton nez embrasse le sol et moi, je rigole tellement que je n’ai pas d’autre choix que de m’asseoir par terre.

On s’en fiche de savoir si ça se fait ou pas !

Mes doigts se battent avec les lacets de mes converses et je mets plusieurs minutes à réussir à démêler les nœuds des cordons en coton. Chaussures dans une main, ta paume dans l’autre, je t’entraîne de nouveau dans notre marche, les pavés frais sous la plante de mes pieds. Je m’arrête soudainement à un croisement et reconnais une fresque montrant une sirène sur un rocher. Je me souviens de ce détail expliqué dans un anglais très approximatif l’après-midi même et te fait bifurquer sur la gauche.

C’est plus prêt que je ne le pensais ! Au bout de cette rue, on prend une dernière fois à droite, on descend les escaliers et on est arrivé !

Le restaurant doit se trouver plus prêt de la crique que le bar qui a abrité notre partie de cartes alcoolisée. Tant mieux parce que j’ai soudainement très envie de m’asseoir pour t’embrasser. Le raki a anesthésié tout mon cerveau et je n’aurai pas été capable de marcher pendant encore une demi-heure.

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#  Will & Navy / MY HEART IN A SUITCASE - Page 9 EmptyJeu 30 Mar - 16:27
C'est une drôle de sensation que cette sorte de fierté injustifiée qui vient étreindre mes côtes pour tout un tas de raisons, me donnant l'air sûr de lui de ceux qui n'ont jamais vraiment douté. Il y a nos mains enlacées, le fait que tu veuilles à tout prix les voir se relier, même si je le savais déjà, puisque ça avait été le sujet de quelques non-dits douloureux entre nous. Il y a tes chaussures qui disparaissent, fondent elle aussi sur les pavés, nous rendant tous les deux pieds nus - ou en chaussettes, j'ai la vision trouble, et la Lune ne m'est pas d'un grand secours, sa lueur étrangement obscure ce soir. On marche en ricanant doucement, en murmurant parfois quelques incantations alcoolisées qui se métamorphoseront en souffles dans les brises qui viennent parfois soulever une mèche de cheveux ou électriser nos mains, les inondant d'un rapide courant d'air quand nos doigts tournoient les uns autours des autres ; et puis tu presses le pas, t'arrêtes devant des formes abstraites et des couleurs qui m'échappent dans la nuit. Ce doit être une sirène sur un rocher, ou bien Scylla qui dévore un navire, je ne sais pas, j'ai l'impression que les traits et les nuances s'agitent sous mes iris, comme si l'alcool qui nous avait été servi en quantité généreuse avait le don d'animer les esquisses les plus immobiles, les plus figées, les plus marbrées. Je te suis sans dire un mot, admire ta silhouette qui se détache parfois devant la voûte au loin, sous un lampadaire ou lorsque Sélène nous balance un rayon argenté. Je te trouve beau, de dos, de profil, de face, et tout ce qui fait ton corps me charme, me séduit impérativement, me transforme en ces types énamourés dont je me moquais, à l'époque, dans les vestiaires, ces collègues qui ne venaient plus autant en soirée, ces collègues qui chérissaient un précieux trésor trouvé au creux d'une vague, ces collègues qu'on trouvait un peu naïfs, un peu stupides, un peu ridicules parfois. Mais nous étions une bande de vieux aigris ; certains étaient en plus homophobes, me fuyant après les gros titres et les photos volées. Aujourd'hui, je ne me trouvais ni naïf, ni stupide, ni ridicule. J'étais simplement chanceux, richissime, heureux. Joie serpentant tout autour de mon col, alors que je te suis dans des rues vaguement familières, terriblement inconnues, reconnaissant au loin la houle qui vient frapper les littoraux, signe que tu es sur le bon chemin, signe que je vais bientôt pouvoir recouvrir ton torse de mon torse, nous ensabler tous les deux pour disparaître entre les grains, faire rougir les crabes et s'enfuir les couteaux.

Une légère pente, dessinée par quelques pierres plates incrustées dans le sol qui font tourner les chevilles, chatouillent la plante des pieds, et puis on avance à tâtons, avant de brusquement accélérer. On se laisse tomber en arrière sans même avoir à le demander l'un à l'autre, et nos paumes se vissent dans les textures ensablées, alors que nos soupirs se croisent avant de se mêler dans un nouveau baiser, plus long, plus doux aussi, ma main contre tes tempes pour t'attirer au plus près de moi, ballets de langues en plusieurs actes qui s'enchaînent, pour seule bande son celle des vagues qui viennent mourir sur les rubans mordorées qui semblent d'ivoire la nuit venue. On se détache dans un sourire, mon dos rejoint le sol, a l'impression comme à chaque fois qu'il s'agit de toi et moi enlacés, que c'est la planète entière qui bat sous mes os. "J'ai hâte qu'on reparte en voyage." Je n'ai eu de cesse de le répéter, je n'ai eu de cesse non plus d'arpenter dans ma mémoire tous les paysages vus ou imaginés, pour essayer de trouver le plus adéquat à nos corps fusionnés. J'avais envie de toi à peu près partout dans le monde. Même en haut des cascades, même en bas des falaises ; même sur la cime des arbres, même dans le plus profond des tunnels boueux. Alors je n'avais pas réussi à me décider, mais l'éclair viendrait sans doute tôt ou tard. "Et je ne pense pas pouvoir me relever tout de suite. C'est grave si on dort sur la plage, tu penses ?" Je ne savais même pas ce qu'il en était des marées, de toutes les houles qui pourraient venir nous emporter dans un train d'écume. Mais déjà ma main est repartie sous tes tissus, caresse jambes et torses, cuisses et bras, rejointe par sa jumelle pour toujours plus d'exploration, même sur les chairs arides qui se hissent et pulsent au contact de mes paumes. Je me sens vibrer en même temps que toi, et ça me donne un peu plus de vigueur quand mes lèvres se saisissent de ton cou, le marquent d'un triple suçon, tour magnifique de Babylone.

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#  Will & Navy / MY HEART IN A SUITCASE - Page 9 EmptyJeu 30 Mar - 16:45
Nos corps s'effondrent dans le sable, pas d’autre mot pour décrire notre chute commune après avoir arpenté les rues ensommeillées de la ville, ma voix chantonnant toutes les musiques qui pouvaient passer dans mon esprit, la tienne me racontant mille anecdotes sur tous les détails qui flottaient autours de nous. J’aime ta voix grave, elle résonne dans mon torse et met mon cœur au diapason. Mes doigts s'enfoncent dans le sable fin, projettent des grains de poussière partout autour de nous. J’ai bien fait d’écouter les conseils de mes partenaires de jeux car l’endroit est magnifique. Sable blanc qui reflette chaque rayon de lune, eau bleue nuit qui s’étend à perte de vue, roulis des vagues apasants qui apporte de la fraicheur sur nos orteils. J’inspire profondément, me rempli de cette odeur de sel et d’algues que je ne veux jamais oublier.

J’ai hâte de passer chaque jour à tes côtés.

Confession lâchée les paupières closes, le nez offert aux saveurs portées par la brise. Je te jure que j’essaye d’y aller doucement avec toi mais l’alcool fait céder toutes mes barrières peu à peu. L’alcool et la myriade de sentiments que tu me fais ressentir. C’est incroyable tout ce qu’un battement de cils peut provoquer, tremblement de terre intérieur à chaque fois que tu poses ton regard sur moi. Je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter que tu poses ton regard sur toi, ce qui t'as fait abandonner tes lunettes de soleil ce jour-là mais je remercie chaque divinité qui s’est penché sur notre histoire. Même si ça fait mal, ça vaut le coup. Tu vaux le coup, Navy.

Mon dos retrouve le sable dur mais plus rien n’a d’importance quand tes lèvres se retrouvent à marquer mon coup de traces de désir écarlates. Je t’attire à moi, fais glisser mes mains sur tous les morceaux de peau que je peux atteindre. Tu me laisses t’embrasser sur une plage publique, tu prends des risques pour moi et je peux affirmer sans l’ombre d’un doute que ce soir, je suis le plus heureux des hommes. Je ris en enfouissant mon visage dans tes mèches brunes.

Pour avoir déjà dormi sur une plage, je ne te recommande pas l’expérience. On va se faire manger par les puces de sable et on sera humides dès que les premiers rayons du soleil apparaîtront à l’horizon.

Mes mains recouvrent tes joues pour que je puisse reprendre notre valse de baisers, déjà en manque de ton goût. Mes jambes passent entre les tiennes, ou peut-être que ce sont les tiennes qui font le tour de mes molets.Je m’accroche à toi comme si je voulais te retenir un maximum sur cette plage. Mes lèvres remuent contre les tiennes, sans jamais trop s’éloigner même pour répondre à ta question.

Mais on peut rester là le temps de dessaouler assez pour prendre un taxi. On a le temps. Rien ne presse.

Mes lèvres retrouvent les tiennes dans un baiser fiévreux. J’ai tellement envie de toi, tout le temps, partout que ça en devient dangereux pour ma santé mentale. Un bruit au-dessus de nous te fait relever la tête vers le chemin que nous avons emprunté et je bascule la mienne arrière, aperçue renversée du décor.

Sûrement un chat, j’en ai vu pas mal sur le chemin.

@Navy St-Louis
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